IV - ESPAGNE ET PORTUGAL

La grande cité maya et ses pyramides à degrés dans « Apocalypto » de Mel Gibson (2006).
7. L’ÂGE DES CONQUISTADORS (XVe-XVIe s.)
Le TRAITÉ DE TORDESILLAS, établi le 7 juin 1494 à Tordesillas en Castille, partage le Nouveau Monde, considéré comme terra nullus (territoire sans maître), entre les deux puissances coloniales émergentes d’Europe, l’Espagne et le Portugal. Le texte est conçu sous l’égide du pape d’origine espagnole Alexandre VI Borgia (ancien sujet du roi d’Aragon), bien sûr en échange d’avantages substantiels. Il définit comme ligne de partage le méridien situé à 46o 37’, à l’ouest des îles du Cap-Vert. Ratifié par les Rois Catholiques et João II de Portugal, le traité place le Brésil, découvert peu de temps après, sous souveraineté portugaise et attribue le reste des Amériques à l’Espagne. D’après ce traité, le royaume de Castille (l’Espagne) ainsi que les îles Canaries sont acquis à la couronne castillane, tandis que Madère, Porto Santo, les Açores et les îles du Cap-Vert, ainsi que le droit de conquête du royaume du Maroc (royaume de Fès) et le droit de navigation au sud du parallèle des Canaries sont acquis au royaume du Portugal. Les autres puissances maritimes européennes se voient refuser tout droit sur ces nouvelles terres et doivent (avant le rejet de l’autorité pontificale par les protestants) recourir à la piraterie et à la contrebande pour profiter des richesses du Nouveau Monde. Ainsi, sous prétexte d’évangélisation, les conquêtes, le pillage et la colonisation hispano-portugaise des Amériques peuvent commencer, entrainant la naîssance de l’exploitation capitaliste moderne. C’est le premier acte de la globalisation.
Au XVIe-XVIIe siècle, 500'000 Espagnols vont se lancer dans l’aventure transatlantique poussés par trois passions, dans l’ordre d’importance : la prédation des richesses, le goût des armes, l’aspiration au salut. Entre 1500 et 1650, l’or des Amériques augmentera le volume du trésor européen d’au-moins cent quatre-vingts à deux cents tonnes. Le Nouveau Monde perdra environ neuf-dixième de sa population originelle après la conquête. Selon Bartolomé de Las Casas, il y avait 1’100'000 d’autochtones en 1492 et il en reste 16'000 en 1516.
Ce constat, aussi accablant soit-il, ne doit pas pour autant pousser à une idéalisation aveugle de la période précolombienne, en particulier des civilisations indo-américaines aztèques ou incas. Lorsque les Espagnols débarquent au début du XVIe siècle, certains empires locaux ont atteint un stade de dégénérescence avancé: l'état de guerre y est constant, bien des peuples de la région sont soumis à un travail servile et à un tribut. Au Mexique au particulier, la capture des esclaves a eu semble-t-il pour principale destination le sacrifice humain, ce qui explique pourquoi diverses tribus se sont imprudemment alliées aux envahisseurs blancs pour vaincre leurs oppresseurs, facilitant ainsi considérablement le travail d'un Cortès ou d'un Pizarre.
NOTA BENE :
Contrairement à certaines idées reçues assez tenaces, le fait que la Terre soit ronde était bien connu durant tout le Moyen Âge occidental. Au IIIe siècle av. J.-C. déjà, le Grec Ératosthène en avait mesuré la circonférence avec une exactitude remarquable et ses mesures furent abondement diffusées dans les siècles suivants, entre autres par Platon, Aristote, Ptolémée, Origène, saint Grégoire de Nysse, le fondateur de l’encyclopédisme médiéval Isidore de Séville (VIIe s.), Johannes de Sacrobosco (Traité de la sphère, 1224), Albert le Grand et son disciple saint Thomas d’Aquin (XIIIe s.), le cardinal Pierre d’Ailly (XVe s.), etc. ; leurs écrits furent divulgués dans tous les cercles savants sans que l’Église, qui en faisait partie (étant au cœur de l’université), y trouvât à redire. Le premier globe terrestre connu, c’est-à-dire le plus ancien conservé, est celui réalisé à Nuremberg par Martin Behaim en 1492 – soit l’année même où Colomb fit sa première traversée. Le projet de ce dernier comme celui de Magellan en 1519 n’était donc absolument pas de démontrer la sphéricité de la Terre – comme l’affirment une légion d’ignares - mais de vérifier la faisabilité du parcours. En réalité, la soi-disant « Terre plate » du Moyen Âge est une légende pérenne de l’obscurantisme post-Renaissance, une fake news propagée notamment par Voltaire, Washington Irving, les milieux progressistes et l’anticléricalisme qui ont accompagné la laïcisation des sociétés européennes à partir du XIXe siècle.
Au XVIe-XVIIe siècle, 500'000 Espagnols vont se lancer dans l’aventure transatlantique poussés par trois passions, dans l’ordre d’importance : la prédation des richesses, le goût des armes, l’aspiration au salut. Entre 1500 et 1650, l’or des Amériques augmentera le volume du trésor européen d’au-moins cent quatre-vingts à deux cents tonnes. Le Nouveau Monde perdra environ neuf-dixième de sa population originelle après la conquête. Selon Bartolomé de Las Casas, il y avait 1’100'000 d’autochtones en 1492 et il en reste 16'000 en 1516.
Ce constat, aussi accablant soit-il, ne doit pas pour autant pousser à une idéalisation aveugle de la période précolombienne, en particulier des civilisations indo-américaines aztèques ou incas. Lorsque les Espagnols débarquent au début du XVIe siècle, certains empires locaux ont atteint un stade de dégénérescence avancé: l'état de guerre y est constant, bien des peuples de la région sont soumis à un travail servile et à un tribut. Au Mexique au particulier, la capture des esclaves a eu semble-t-il pour principale destination le sacrifice humain, ce qui explique pourquoi diverses tribus se sont imprudemment alliées aux envahisseurs blancs pour vaincre leurs oppresseurs, facilitant ainsi considérablement le travail d'un Cortès ou d'un Pizarre.
NOTA BENE :
Contrairement à certaines idées reçues assez tenaces, le fait que la Terre soit ronde était bien connu durant tout le Moyen Âge occidental. Au IIIe siècle av. J.-C. déjà, le Grec Ératosthène en avait mesuré la circonférence avec une exactitude remarquable et ses mesures furent abondement diffusées dans les siècles suivants, entre autres par Platon, Aristote, Ptolémée, Origène, saint Grégoire de Nysse, le fondateur de l’encyclopédisme médiéval Isidore de Séville (VIIe s.), Johannes de Sacrobosco (Traité de la sphère, 1224), Albert le Grand et son disciple saint Thomas d’Aquin (XIIIe s.), le cardinal Pierre d’Ailly (XVe s.), etc. ; leurs écrits furent divulgués dans tous les cercles savants sans que l’Église, qui en faisait partie (étant au cœur de l’université), y trouvât à redire. Le premier globe terrestre connu, c’est-à-dire le plus ancien conservé, est celui réalisé à Nuremberg par Martin Behaim en 1492 – soit l’année même où Colomb fit sa première traversée. Le projet de ce dernier comme celui de Magellan en 1519 n’était donc absolument pas de démontrer la sphéricité de la Terre – comme l’affirment une légion d’ignares - mais de vérifier la faisabilité du parcours. En réalité, la soi-disant « Terre plate » du Moyen Âge est une légende pérenne de l’obscurantisme post-Renaissance, une fake news propagée notamment par Voltaire, Washington Irving, les milieux progressistes et l’anticléricalisme qui ont accompagné la laïcisation des sociétés européennes à partir du XIXe siècle.