VI - L’ALLEMAGNE
8. FRIEDRICH II. DER GROSSE / FRÉDÉRIC LE GRAND (1740 à 1786)

de Heinz Paul (1932)

de Herbert Selpin (1940)
8.2. Les deux barons de Trenck
Le baron FRAN(T)Z FREIHERR VON DER TRENCK (Trenck l’ancien, 1711-1749), colonel de pandours à Vienne durant la Guerre de succession d’Autriche (1741/46). – Son cousin, le baron FRIEDRICH VON DER TRENCK (Trenck le jeune, 1726-1794), lieutenant au régiment de la Garde de Frédéric II. Devenu l’amant de la princesse Amalie (1723-1787), la sœur favorite du roi, il tombe en disgrâce, déserte à la cour de Vienne, est emprisonné en Prusse, exilé puis grâcié par Friedrich Wilhelm II. Soupçonné d’espionnage, il sera guillotiné en France sous la Terreur. – cf. « Trenck, der Roman eines Günstlings », roman de Bruno Frank (1926). Le portrait romantique – et partiellement apocryphe – des Trenck par l’écrivain fait oublier qu’ils furent tous deux des chefs de guerre passablement brutaux et que leurs pandours ont laissé un souvenir cuisant dans les régions qu’ils ont pillées et dévastées. Quant à l’autobiographie de Friedrich von der Trenck en trois volumes (1787), elle fourmille d’inexactitudes, d’oublis et d’exploits inventés.
1914 | ® Frederick the Great (US) de Walter Edwin. - av. Ben F. Wilson (Friedrich von der Trenck), Mary Fuller (la princesse Amalie de Prusse). |
1929 | Der Günstling von Schönbrunn (Der Ring der Kaiserin) / Trenck, der Pandur / AT : Maria Theresia / v.ang. : The Second Kiss / The King of the Empress / v. fr. : La Bague impériale (DE) d’Erich Waschneck, Max Reichmann (version sonore) ; Greenbaum-Film GmbH (Berlin), 2721 m. – vers. angl. : Gainsborough Prod., 6260 ft. – av. Ivan Petrovich (Franz von der Trenck), Lil Dagover (l’impératrice Marie-Thérèse), Henry Stuart (François Ier d’Autriche, son époux), Vera Malinowskaja (comtesse Nostitz), Kurt Vespermann. – En Hongrie, assisté de son régiment de pandours, Trenck sauve une inconnue menacée par des brigands bohémiens. Après une soirée bien arrosée, au son de la musique czardas, ils tombent amoureux. La belle se fait passer pour l’épouse d’un joailler viennois et lui fait cadeau d’une bague. À la cour à Schönbrunn, Trenck, nommé colonel, la reconnaît sous les traits de l’impératrice Marie-Thérèse ! Celle-ci le revoit dans le palais de la comtesse Nostitz juste avant son départ pour combattre les Turcs. L’empereur François I erd’Autriche, qui courtise la comtesse, reconnaît la bague au doigt de Trenck et charge un officier de la récupérer par l’épée. Ayant survécu au duel, Trenck est incarcéré, mais l’impératrice arrange son évasion et son mariage avec la comtesse Nostitz qui l’aime depuis toujours. – Film muet avec scènes sonores – dialogues et chansons – ajoutées, tourné dans les studios Efa et Tobis à Lankwitz, ainsi qu’aux ateliers Muto à Berlin (son) en mai-juin 1929, d'après un scénario de Ladislaus Vajda. |
1932 | Trenck – Der Roman einer grossen Liebe / Der Günstling des Königs [Trenck, le roman d’un grand amour] (DE) de Heinz Paul, Ernst Neubach ; Phoebus Tonfilm-Produktions GmbH Berlin, 100 min. – av. Hans Stüwe (Friedrich von der Trenck), Dorothea Wieck (princesse Amalie de Prusse, sœur de Friedrich II), Theodor Loos (Frédéric le Grand), Olga Tschechowa (Elisabeth I de Russie), Anton Pointner (Franz von der Trenck le pandour), Paul Hörbiger (Löwenwalde), Walter Steinbeck (Frédéric Guillaume II de Prusse), Carl Mahncke (tsar Pierre III), Nico Turoff (prince Potemkin), Grete Schubert (princesse Ulrike), Cordy Milowitsch (l’impératrice Marie-Thérèse), Carl Meinhard (Voltaire), Alfred Gerasch (gén. Friedrich Wilhelm von Seydlitz), Bruno Ziener (comte Johann von Alvensleben). – Trenck le jeune, favori de la cour, s’éprend d’Amalie, la sœur de Frédéric le Grand et subit les foudres d’un roi vindicatif, injuste et despote qui le condamne à dix-sept ans d’incarcération inhumaine, dans l’isolation la plus totale. Une destinée tragique dont l’adaptation sous la férule de Heinz Paul (membre virulent du parti nazi) trahit néanmoins un certain militarisme et une admiration pour l’autocratie nationaliste. Après trente ans d’exil, Trenck revoit Amalie, devenue abbesse de Quedlinburg, reconnaît le génie de son roi (« Frédéric l’Unique, l’histoire de ma vie ») et lui dédie ses mémoires. Comme le déclare le Voltaire du film, « les bons souverains sont préférables aux bonnes lois »… Fait exceptionnel, celui-ci n’est pas interprété par Otto Gebühr. Théâtral et sentimental, tourné aux ateliers Jofa à Berlin-Johannisthal, d’après le roman – dûment trahi – de Leonard Frank (« Trenck, der Roman eines Günstlings », 1926). |
1940 | *Trenck der Pandur (Trenck le téméraire) (DE) de Herbert Selpin ; Henrich Jonen/Tobis-Filmkunst GmbH (Berlin), 95 min. – av. Hans Albers (le baron Franz von der Trenck, son père Johann Heinrich et son cousin de Prusse, Friedrich), Käthe Dorsch (l’impératrice Marie-Thérèse), Sybille Schmitz (la princesse Theresia Deinartstein), Hilde Weissner (comtesse Béatrice St. Croix), Elisabeth Flickenschildt (Natalie Alexandrowna), Hans Nielsen (cpt. Laudon), Oskar Sima (Harun Bashi), Jaspar von Oertzen (ltn. Todt), Peter Voss (prince Khevenhüller), Herbert Hübner (prince Solojew), Karl Fochter (col. Prokob), Hubert von Meyerinck (baron von Sazenthal), Theodor Tony (maréchal François de Franquetot de Coigny). – Coureur de jupons invétéré, le major Trenck (l’ancien) doit fuir la Russie pour avoir séduit une aristocrate russe et se réfugie chez son père en Hongrie où les deux organisent à leurs frais un redoutable corps de pandours (milice irrégulière) qu’ils mettent au service de la jeune impératrice Marie-Thérèse lors de la Guerre de la succession d’Autriche (1740/48). Il se débat avec la comtesse St. Croix, espionne française et sœur du maréchal de Coigny, feint de passer à l’ennemi et collecte des renseignements qui accélèrent la fin du conflit. L’impératrice lui accorde la main de la princesse Deinartstein. L’action, sans grand rapport avec la réalité historique, est tirée d’une comédie en trois actes d’Otto Emmerich Groh (1935). Un des grands rôles de Hans Albers (qui joue carrément trois personnages, Trenck père, fils et cousin), écrit sur mesure pour lui : enjoué, charmeur, aventureux, gaillard, la réplique insolente. L’acteur qui sut garder ses distances avec le nazisme (Goebbels le haïssait) mais que son immense popularité protégeait, joue une fois de plus sous la direction de Selpin (ils ont fait cinq succès ensemble), ce même Selpin qui sera « suicidé » en juillet 1942 pour avoir insulté l’armée allemande. Tout en étant un divertissement habilement ficelé, le film – tourné de janvier à avril 1940 aux ateliers Tobis à Berlin-Johannisthal et à Ufastadt, Babelsberg ainsi qu’à Potsdam – ne peut s’empêcher de véhiculer une image alerte du vaillant officier prussien et des joyeusetés de la vie militaire, ainsi que diverses pointes antifrançaises (c’est encore la « drôle de guerre »). Décrété « de valeur folklorique et éducative pour la jeunesse » (« volkstümlich wertvoll, jugendwert »). Interdit par les Alliés en 1945, ressorti amputé de 12 minutes en 1953. |
1952 | ® Die schöne Tölzerin / AT : Die Edelweissbraut (DE) de Richard Häussler. – av. Richard Häussler (Franz von der Trenck, colonel des Pandours), cf. (2). |
1973 | (tv) *Die merkwürdige Lebensgeschichte des Friedrich Freiherrn von der Trenck / Les Aventures extraordinaires du baron von Trenck (DE/AT/FR/IT) de Fritz Umgelter ; Helmut Pigge/Bavaria-ZDF-ORTF-RAI (ZDF 1.1.-4.2.73 / TF1 10.9.-22.10.73), TF1 : 7 x 56 min./411 min. – av. Matthias Habich (Friedrich von der Trenck), Rolf Becker (Frédéric le Grand), Nicoletta Machiavelli (princesse Amalie de Prusse, sa sœur), Elfriede Ramhapp (l’impératrice Marie-Thérèse), Theresa Ricci (Henriette), François Jaubert (Von Rochow), Daniela Giordano (la baronne Lazar), Jean-Henri Chambois (général Lieven), Candice Patou (Carola von Abramson), Claudio Honorato (Franz von der Trenck, le pandour), Eric Hauer (gén. von Neipperg), Yvonne Sanson (Catherine II de Russie). – Le destin mouvementé de Trenck le jeune, de la cour royale de Potsdam à la guillotine à Paris, en passant par Vienne et Moscou (scénario de Leopold Ahlsen). Frédéric le Grand n’en sort pas grandi : ambigu, incestueux, homosexuel latent, capricieux, trahi par les deux personnes qu’il chérit le plus, sa sœur et son ami Trenck. Une accusation amère de l’Absolutisme, son arbitraire, son inhumanité, et de ses enfants jacobins. Tourné en couleurs aux studios Bavaria à Munich-Geiselgasteig, à Potsdam et à Vienne. Episodes : 1. « König und Kadett » – 2. « Auf der Flucht » – 3. « Der Pandur (In fremden Diensten) » – 4. « Russisches Roulette » – 5. « In der Falle » – 6. « Die Gruft » (remonté en 5 épisodes en 2007, diffusé en 7 épisodes en France). |
1980 | ® (tv) Maria Theresia (AT/DE) de Kurt Junek. – av. Erich Padalewski (Franz von der Trenck), cf. Autriche (5). |
2002 | (tv) Friedrich Freiherr von der Trenck / Trenck. Zwei Herzen gegen die Krone (Trenck l’insoumis. Un amour en Prusse) (DE) de Gernot Roll ; Bavaria-Axis Media-ZDF (Arte 25.12.02), 2 x 90 min. – av. Ben Becker (Friedrich von der Trenck), Alexandra Maria Lara (Amélie de Prusse), August Zirner (Frédéric le Grand, son frère), Hannes Jaenicke (comte von Jaschinsky), Henriette Richter-Roehl (l’impératrice Marie-Thérèse), Matthias Habich (gén. von Habich), Rüdiger Klink. – Les amours malheureuses de Trenck le jeune et de la princesse Amélie de Prusse. Le film le plus cher de la télévision allemande (6,85 millions d’euros), tourné en Tchéquie (Prague, Moravie, Bohème), à Dresde, en Thuringe et à Alia (Sicile) avec quelque mille figurants et quatre cents chevaux. Un bel effort au niveau des paysages, des costumes, de la photo, mais un Trenck peu crédible. |