II - LE ROYAUME D’ANGLETERRE

9. GEORGE III (1760 à 1810)

9.5. La mutinerie du "H.M.S. Bounty"

Partie en 1787 sous la direction du capitaine William Bligh (1754-1817) pour une mission scientifique de quatre mois à Tahiti (transport de plants d’arbres à pain), la frégate « H.M.S. Bounty » est reprise par le premier officier Fletcher Christian (1764-1793) sur le chemin du retour, après la mutinerie de l’équipage, révolté par la cruauté de leur commandant (28 avril 1789). Celui-ci est abandonné sur une chaloupe minuscule avec dix-huit hommes et réussit à atteindre Timor en 41 jours. Pour échapper à la Royal Navy, les mutins se réfugient à Tubuai, puis sur l’île de Pitcairn, à 2000 kilomètres au sud-est de Tahiti, île mal répertoriée sur les cartes maritimes de l’époque, où le « Bounty » est incendié et coulé. Bligh les recherchera en vain de 1791 à 1801. L’amirauté envoie le « Pandora » à Tahiti pour récupérer le restant des marins qui n’ont pas suivi Christian. Quatre d’entre eux périssent lors du naufrage du « Pandora », dix parviennent jusqu’en Angleterre où ils sont jugés. Quatre sont acquittés, trois condamnés à des peines de prison, puis grâciés, et trois sont pendus. Quant aux mutins installés à Pitcairn, après le décès de Christian, ils finissent par s’entretuer avec les Tahitiens embarqués de force, en conflit pour le partage des terres et des femmes. En 1814, lorsque l’île est découverte par le « Topaz » du capitaine Mathew Folger, un seul homme est encore en vie, entouré des compagnes et des enfants des marins décédés. – Sources : « Mutiny on the Bounty » (1932), « Men Against the Sea » (1933) et « Pitcairn’s Island » (1934) de Charles Nordhoff et James Norman Hall ; « Captain Bligh and Mr. Christian : The Men and the Mutiny » de Richard Hough (1972), etc.
1916The Mutiny of the Bounty (AU) de Raymond Longford 
Crick & Jones-J. D. Williams, 5000 ft./1620 m. (env. 90 min.). – av. George Cross (cpt. William Bligh), Charles Villiers (Fletcher Christian), John Storm (le roi George III), D. L. Dalziell (Sir Joseph Banks), Harry Beaumont (Samuels), Reginald Collins (Heywood), Meta Taupopoki (Otoo), Ernesto Crosetto (Hallett), Charles Villiers (Burkett), Gwil Adams (Elizabeth Bligh), Ada Guilford (Mrs. Heywood), Lottie Lyell (Nessy Heywood), Mere Amohau (Mere).
Une tentative honnête de raconter le drame, supervisée par divers historiens et qui utilise entre autres le journal de bord de Bligh. Le portrait de ce dernier est nuancé, les cinéastes contrebalançant les scènes de tyrannie à bord du navire avec d’autres montrant le capitaine en époux et père affecteux. Suivent le séjour à Tahiti, les conflits de jalousie pour les femmes indigènes, la mutinerie, enfin la fuite à Pitcairn où les mutins s’entredéchirent. Tourné à Rotorua (en Nouvelle-Zélande), sur l’île australienne de Norfolk et à Sydney, le film est bien accueilli sur place et sera distribué en Grande-Bretagne.
1933In the Wake of the Bounty (AU) de Charles Chauvel 
Expeditionary Films, 66 min. – av. Mayne Lynton (cpt. William Bligh), Errol Flynn (Fletcher Christian), Victor Gouriet (Michael Byrne), John Warwick (Edward Young).
Un docu-fiction sur Pitcairn Island qui comprend dans sa première partie la reconstitution de la fameuse mutinerie et le sort des mutins. Pionnier du cinéma australien, Chauvel confie le rôle de Christian Fletcher à un inconnu originaire de Tasmanie, rencontré sur une plage de Sydney : Errol Flynn, 21 ans. Par un curieux jeu de circonstances, celui-ci est (par sa mère) le descendant direct d’un mutiné du Bounty, Edward Young. Ce tout premier film du futur capitaine Blood et Robin des Bois (il y est encore bien maladroit mais déjà photogénique) est tourné à Pitcairn, à Tahiti et dans les studios Cinesound à Bondi . Des images sous-marines montrent les restes du Bounty. En 1935, la MGM rachètera le film et en exploitera la partie documentaire dans deux courts métrages promotionnels (« Pitcairn Island Today », 1935, et « Primitive Pitcairn », 1936) destinés à sa propre version du drame (cf. infra).
« Mutiny on the Bounty » (1935) de Frank Lloyd.
1935*Mutiny on the Bounty (Les Révoltés du Bounty) (US) de Frank Lloyd [et Albert Lewin] 
Irving Thalberg, Albert Lewin/Metro-Goldwyn-Mayer, 132 min. – av. Charles Laughton (cpt. William Bligh), Clark Gable (Fletcher Christian), Franchot Tone (Roger Byam), Herbert Mundin (Smith), Eddie Quillan (Thomas Ellison), Dudley Digges (Bacchus), Donald Crisp (Thomas Burkitt), Henry Stephenson (Sir Joseph Banks), Movita Castaneda (Tehani), Robert Livingston (Edward Young), Charles Irvin (Michael Byrne), David Torrence (amiral Lord Hood), Francis Lister (cpt. Horatio Nelson), Spring Byington (Mrs. Byam), William Bambridge (Hitihiti), David Niven et James Cagney (des marins).
Charles Laughton dans un des rôles les plus marquants de sa carrière en capitaine pervers, fourbe, au bord de la folie, serti dans une mise en scène à la fois lyrique et épique. Avec le recul des ans, la prestation de Laughton et les affrontements dramatiques conservent tout leur impact ; en revanche, les inserts comiques (le cuisinier idiot, le médecin ivre) apparaissent comme des concessions inutiles, de même qu’une certaine sentimentalité (le jeune papa enrôlé de force) au diapason de la volonté générale du studio de relativiser la tragédie. Les dirigeants timorés et réactionnaires de la MGM semblent épouvantés par le brûlot insurrectionnel qu’ils pourraient implicitement diffuser et multiplient les avertissements, les précautions et les formules de politesse pour s’en excuser : l’affaire du « Bounty » est bien sûr une exception, elle a servi de leçon (aujourd’hui tout est parfait), la Royal Navy reste une des meilleures flottes du monde (« Rule Britannia »). Le point de vue du film rejoint celui de l’amirauté, de l’ordre établi : c’est la traversée stupéfiante de Bligh dans sa barque, la recherche des mutinés, le procès à Portsmouth qui intéressent, non le sort de Christian et de ses compagnons d’infortune. Et si l’on finit par pendre les trois pauvres marins retrouvés à Tahiti, on grâcie au moins l’officier (Byam) qui, haut les cœurs, tout sourire, peut réintégrer la marine pour de nouvelles, et, cela va sans dire, glorieuses aventures… Plan final : le Union Jack flottant au vent, tandis que résonne « Rule Britannia ».
Si le comportement de l’authentique Bligh (1754-1817) reste sujet à controverse parmi les historiens, le Bligh du film aurait mérité au moins une réprimande ; l’amiral Lord Hood se contente de ne pas lui serrer la main. Contrairement à ce qu’affirme le film, qui se veut rassurant et pas trop dénigrant face à la Grande-Bretagne, l’affaire du Bounty n’a pas eu de conséquences majeures sur le traitement des équipages, et il faudra attendre la rébellion de seize navires de guerre au large de Spithead en 1797 pour que l’amirauté se décide enfin à introduire quelques timides réformes. Bligh n’a pas eu a souffrir de l’épisode non plus : en 1792, il retournera à Tahiti pour ramener des plants d’arbres à pain, servira sous Nelson (qui le félicitera) devant Copenhague, sera nommé vice-amiral et, en 1805 gouverneur de la Nouvelle-Galles du Sud, en Australie où, ironie du sort, il devra faire face à une seconde mutinerie suscitée par les militaires qui désapprouvent sa sévérité (1808). Les mutins seront à nouveau punis, Bligh sera innocenté. Il est enterré au Lambeth Palace à Londres.
Clark Gable – qui déteste les films à costumes et a d’abord refusé le rôle de Christian – doit se défaire de sa légendaire moustache car le règlement de la marine britannique interdisait le port de la moustache ! Louis B. Mayer est opposé à ce film « sans femmes », confié au réalisateur britannique Frank Lloyd, un passionné des exploits maritimes qui le premier a acheté les droits d’adaptation du livre de Nordhoff et Hall : il en cède les droits en échange de son affectation au film. Envisagé pour jouer Bligh, Wallace Beery est finalement jugé trop « américain » (Robert Montgomery devait jouer Christian). Le tournage - compliqué en raison de l'antipathie existant entre Laughton et Gable - se déroule de mai à septembre 1935 à Culver City (MGM Studios), à Catalina Island, au port de Monterey (sud de San Francisco), à San Miguel Island (Calif.) et à Gloucester (Mass.) ; diverses vues sans acteurs sont filmées à Tahiti. Le film coûte la somme alors extravagante de 1,9 millions de dollars et en rapporte près du triple aux USA : c’est le plus grand succès MGM de la décennie. Il décroche l’Oscar 1935 du meilleur film et sept nominations (Gable, Laughton, Tone, Lloyd, montage, musique, scénario), ainsi que le New York Film Critics Circle Award (pour Laughton). Film interdit au Japon et en Espagne franquiste; toutes les références à l'Angleterre (drapeau, musique) sont éliminées en Irlande.
En mai 1940, Frank Lloyd annonce une suite prévue sous le titre de "Captain Bligh in Australia / Captain Bligh's Return", à nouveau avec Charles Laughton dans le rôle du vilain, à présent gouverneur d'une colonie pénitentiaire en Australie, et avec Spencer Tracy qui lui tient tête (Universal Prod.). Un projet inabouti.
Le procès de l’aspirant naval Byam (Franchot Tone) suite à la mutinerie du « H. M. S. Bounty » (F. Lloyd, 1935).
1955(tv) The Bounty Court Martial (US)
« General Electric Theatre » (CBS 9.10.55). – av. Raymond Massey (amiral Lord Hood), Francis L. Sullivan (cpt. William Bligh), Ronald Reagan (James Morrison).
1956(tv) Mr. Christian Seizes the “Bounty” (April 28, 1789) (US) de William D. Russell 
série « You Are There » no. 138, James Fonda/CBS Broadcasting Inc. (CBS 7.10.56), 25 min. – av. Jacques Aubuchon (cpt. William Bligh), Russell Johnson (Christian Fletcher), Paul Collins (Peter Heywood), Don Parks (William Purcell), John Alderson (Thomas Burkitt), John Colicos (Alexander Smith), James Logan (John Fryer), Lester Matthews (Sir Joseph Banks), Noel Drayton (le juge Heywood), Ben Wright (William Brown), Walter Cronkite (narration).
Un reportage « pris sur le vif » de la fameuse mutinerie, écrit par Jack Bennett: divers reporters du présent suivent l'affaire, interviewent les protagonistes.
1956The Women of Pitcairn Island (US) de Jean Yarbrough 
J. Yarbrough, Aubrey Wisberg/Regal Films-20th Century-Fox, 72 min./68 min. – av. Lynn Bari (la reine Maimiti Christian), John Smith (Thursday October Christian), Sue England (Nana’i Young), Arleen Whelan (Hutia), John Stevens (Charles Quintal), James Craig (cpt. Jeb Page), Harry Lauter (Ben Fish).
Dix-huit ans après l’arrivée des mutinés sur sur l’île de Pitcairn, leurs veuves et leurs enfants affrontent un groupe de marins naufragés, avides de femmes et de perles. Les marins s’entretuent pour les perles noires et les insulaires sous le commandement de Maimiti, la veuve de Fletcher Christian, achèvent les survivants en leur tendant divers pièges. Petit film fauché tourné en RegalScope noir et blanc à Portuguese Bend, Calif., et aux studios Paramount à Melrose Avenue, d’après un roman du coproducteur Aubrey Wisberg.
Fletcher Christian (Marlon Brando) destitue Bligh (Trevor Howard), le capitaine sadique du « Bounty » (1962).
1962***Mutiny on the Bounty (Les Révoltés du Bounty) (US) de Lewis Milestone [et Carol Reed, Marlon Brando, Andrew Marton, George Seaton, Fred Zinnemann, Richard Thorpe, Billy Wilder] 
Aaron Rosenberg/Arcola Pictures-Metro-Goldwyn-Mayer, 185 min. – av. Marlon Brando (Fletcher Christian), Trevor Howard (cpt. William Bligh), Richard Harris (John Mills), Hugh Griffith (Alexander Smith), Tarita Teriipaia (Maimiti), Chips Rafferty (Michael Byrne), Tim Seely (Edward 'Ned' Young), Tim Seeley (Ned Young), Richard Haydn (le botaniste William Brown), Percy Herbert (Matthew Quintal), Duncan Lamont (John Williams), Gordon Jackson (Edward Birkett), Noel Purcell (McCoy), Eddie Byrne (John Fryer), Frank Silvera (Minarii), Henry Daniell (le juge), Torin Thatcher (Staines), Matahiarii Tami (le chef Hitihiti).
Remake en Technicolor et Ultra Panavision 70 mm (photo: Robert Surtees) du film de 1935, plus l’épisode final des mutinés à Pitcairn, où Mills met le feu au navire « maudit » pour que personne ne puisse quitter l’île et Christian, qui songeait à affronter ses juges en Grande-Bretagne, périt dans l’incendie : Brando a exigé l’ajout de ces dernières 30 minutes comme condition sine qua non de sa participation. Cela donne un spectacle impressionnant, aux paysages naturels envoûtants (limite carte postale), aux scènes maritimes saisissantes (la vaine tentative de traverser le Cap Horn sous les tempêtes de neige). Mais aussi une fresque qui faillit plusieurs fois basculer dans la catastrophe, en raison d’un tournage excessivement turbulent et onéreux à Tahiti (où Brando épouse sa partenaire Tarita, qui lui donnera deux enfants), Bora-Bora, Hawaii (Honnolulu), Moorea et aux studios MGM de Culver City. La MGM a débloqué 750’000 $ pour construire ex nihilo une réplique exacte du Bounty (et non, comme cela se fait d’habitude, transformer un navire préexistant). L’authentique frégate mesurait 26 mètres de long, celle de cinéma fait 41 mètres pour permettre d’amples mouvements de caméra et transporter du matériel technique. Fabriqué sur le chantier naval de Lunenberg, Nova Scotia, le vaisseau voyage 1600 km en passant par le canal de Panama et atteint Tahiti en 33 jours, où on l’attend avec impatience. Les pluies sont incessantes, le scénario initial d’Eric Ambler est à moitié terminé et bancal.
Le film est commencé par l’Anglais Carol Reed (« The Third Man »), qui se fâche avec le producteur Rosenberg au sujet du personnage de Bligh ; il est remplacé par Milestone (« A l’Ouest rien de nouveau »), qui tente de survivre entre les éclats opposant Brando (acteur instinctif avec lequel il ne s’entend guère), Trevor Howard et la direction du studio. Capricieux, difficile, lunatique, Brando prend son rôle de révolté très à cœur et étoffe son personnage de dandy riche et dédaigneux (aux antipodes du Christian de Clark Gable), progressivement saisi par la nécessité de s’opposer au sadisme de son supérieur ; après le passage à l’acte, le mutin devient dépressif, solitaire, dérouté par l’anarchie qui s’installe parmi ses compagnons et sa nouvelle condition d’exclu de la société.
Le capitaine Bligh joué par Trevor Howard est nettement plus subtil, moins caricatural que celui de Laughton : marin certes exceptionnel, parti de rien, c’est un « petit chef » humilié par la vie (ses origines sociales, sa démarche gauche et légèrement claudicante, son physique ingrat), infirme émotionnel, prude, dur, profiteur, de mauvaise foi mais surtout soucieux de ne pas déplaire à ses commanditaires à Londres. Le chef Hitihiti exigeant que Christian honore sa fille Maimiti en échange des cargaisons d’arbres à pain, Bligh est forcé de laisser son second convoler avec « la putain » s’il veut remplir sa mission (l’hymne de « Rule Britannia » sert ici comme fond musical ironique !). La traversée de Bligh sur sa chaloupe est à peine esquissée, le procès des marins ramenés de Tahiti escamoté. Si l’amirauté est contrainte d’acquitter le capitaine, elle reconnaît avoir commis une erreur en confiant le commandement d’un navire à un individu qui n’est pas de leur caste.
Contrairement au film de 1935, ce remake met l’accent sur l’illusoire quête de bonheur et de liberté des mutins, face à une administration navale indifférente au sort de la « racaille » qui grouille dans le ventre de ses navires, mais aussi face à une population polynésienne et à des mœurs qui lui restent foncièrement étrangères. Le constat final est amer (plusieurs scènes à Pitcairn ont été réalisées par Brando lui-même, dont la mort de Christian). Un prologue relatant la découverte de Pitcairn par un navire britannique, le Topaz, en février 1814 et de l’unique survivant des mutins, le botaniste William Brown (narrateur du film) – les autres se sont entretués – ainsi qu’un épilogue comportant des propos rassurants sur la révision du code de la mer sont tournés, puis heureusement coupés (il seront utilisés lors d’un passage télévisé sur la chaîne américaine ABC en 1967, public familial oblige).
Un film intelligent, qui prend son temps pour dire les choses et les dit avec une certaine finesse, mais qui reste aujourd’hui encore largement sous-estimé. Sa production mouvementée contribue à la ruine de la MGM (partie d’un budget initial de 8,5 millions de $, la firme aurait investi 28,5 millions et en récolte moins de la moitié) ; il marque le début de la rupture idéologique de Brando avec Hollywood. Sept nominations à l’Oscar (dont meilleur film, décors, photo, musique), mais un gros échec commercial. N.B. : la réplique du « H.M.S. Bounty » sera ancrée pendant de longues années comme attraction estivale dans le port de St. Petersburg, en Floride, jusqu’à son rachat par Ted Turner en 1986 (le navire coulera en 2012).
1964(tv) Acquit or Hang (GB) de Cyril Coke 
« ITV Play of the Week » (ITV 6.1.64). – av. Michael Beint, Derek Francis, Peter Howell, John Hurt, Roy Patrick, John Slater. – Drame de Stanley Miller : le jugement de deux mutins du Bounty capturés dans les îles Tonga.
1967(tv) Acquit or Hang (US) « N.E.T. Playhouse » no. 32 (PBS 12.5.67). – Le jugement de deux mutins du Bounty trouvés dans les îles Tonga (d’après le drame de Stanley Miller).
1973Noa Noa (Rivages sanglants) (IT/HT) d’Ugo Liberatore 
Gerico Sound-Filmica La Trinitaria, 105 min. – av. Hiram Keller (Fletcher Christian), Gianfranco De Grassi, Carlo Puri, Paolo Malco, Neil Hansen. – Les mutins du Bounty s’entredéchirent avec les indigènes de l’île de Pitcairn.
1973(tv) Prozess : Die Meuterei auf der Bounty (DE) d’Imo Moszkowicz
(ZDF 25.5.73), 85 min. – av. Heinz Baumann (Fletcher Christian), Wolfgang Wahl (cpt. William Bligh), Gustl Meyer-Fürst (Heywood), Günter Mack, Ernst Fritz Fürbringer, Friedrich Joloff, Krikor Melikyan. – Historique du procès.
1980® (tv) Timeless Land (AU) de Michael Carson, Rob Stewart. – av. Ray Barrett (le gouverneur William Bligh), cf. XIXe s., Empire britannique : Australie (10).
1983/84*The Bounty (Le Bounty) (US/CA) de Roger Donaldson 
Bounty-Orion Pictures-Dino De Laurentiis-EMI Group-Universal, 132 min. – av. Mel Gibson (Fletcher Christian), Anthony Hopkins (cpt. William Bligh), Laurence Olivier (amiral Lord Samuel Hood), Daniel Day-Lewis (John Fryer), Edward Fox (cpt. Greetham), Tevaité Vernette (Mauatua), Liam Neeson (Charles Churchill), Phillip Davis (Edward Young), Sharon Bower (Mrs. Elizabeth Bligh), Bernard Hill (Cole), Simon Adams (Heywood), Wi Kuki Kaa (roi Tynah), Philip Martin Brown (Adams).
Un récit qui éclaire en priorité la personnalité ambiguë du capitaine Bligh (au détriment de l’action), inspiré par l’ouvrage « Captain Bligh and Mr. Christian : The Men and the Mutiny » de Richard Hough (1972). Au départ, il s’agit d’un projet gigantesque de Sir David Lean qui, entre juin 1977 et 1980, a développé pour la Warner Bros. et avec son vieux compère Robert Bolt (« Lawrence of Arabia », « Doctor Zhivago ») un scénario pour deux longs métrages intitulés respectivement « The Lawbreakers » et « The Long Arm », censés raconter toute la saga, de la mutinerie à l’exil à Pitcairn. Installés à Bora-Bora, puis à Papeete, Lean et Bolt rédigent un texte révisionniste, quoique historiquement rigoureux : Bligh n’était pas la brute au fouet immortalisée à l’écran (le capitaine Cook fit fouetter ses hommes bien plus souvent et plus durement), et à son retour à Londres, il fut fêté comme un héros et même reçu par le roi, Georges III. Marin exceptionnel, Bligh était un chef hors pair en situation de crise, mais perdait toute autorité une fois le calme revenu. Son équipage, en revanche, était devenu indolent et indiscipliné après la trop longue escale tahitienne. Le véritable sadique de l’histoire fut le capitaine Edward Edwards, du Pandora, qui récupéra les marins non mutinés à Tahiti et fit mettre ces innocents accourus avec des cris de joie aux fers et maltraiter sans même les écouter. Lors du procès des mutins, Bligh était absent, reparti pour les mers du sud. Aux yeux de Lean et Bolt, Bligh et Christian ont tous deux raison, à leur manière.
David Lean supervise le casting du projet et la construction de la réplique du Bounty à Wangerai, en Nouvelle-Zélande, pour quatre millions de dollars ; parallèlement, il fait transformer une frégate locale pour le « rôle » du Pandora (frégate qui servira en 2003 dans « Master and Commander » de Peter Weir). On envisage Oliver Reed ou Anthony Hopkins pour joue Bligh. Puis tout se grippe : Bolt fait une crise cardiaque et la Warner se retire, effrayée par le budget annoncé (40 millions de $). Sam Spiegel, United Artists, Universal s’en mêlent. Le scénario est condensé et achevé par le romancier Melvyn Bragg en vue d’un seul long métrage ; en désespoir de cause, Lean songe à une série télévisée en 13 épisodes. Lorsque le nabab italien Dino De Laurentiis – spécialisé dans les remakes ampoulés (il vient de produire celui de « King Kong ») – prend le contrôle du film et tente d’escroquer le cinéaste, celui-ci abandonne, dégoûté.
Pour sauver l’entreprise, Mel Gibson suggère in extremis à De Laurentiis de remplacer Lean par un ami, le jeune réalisateur néo-zélandais Roger Donaldson. Son film donne du temps au procès des mutins (présidé par le vieil amiral Hood de Laurence Olivier) et montre un Christian Fletcher juvénile, colérique et amoureux, autant sinon plus préoccupé par Mauatua, sa princesse polynésienne enceinte, que par le bien-être de ses hommes. Quant au Bligh d’Anthony Hopkins, il n’a ni l’arrogance ni l’inhumaine inflexibilité de ses prédécesseurs à l’écran : c’est un homme complexe, têtu, malchanceux, confronté à une situation et à une tâche qui le dépassent ; sa décision d’affronter les périls mortels du Cap Horn pour retourner en Angleterre (fait inexact) provoque l’insurrection de ses hommes encore étourdis par leur escale paradisiaque en Polynésie et la générosité de leurs hôtesses. Au départ, Christian et Bligh sont amis, ils ont effectué plusieurs traversées ensemble (ce qui est exact) ; Bligh a fait monter Christian en grade et le cinéaste est prioritairement intéressé par la dégradation de leur vieille complicité. L’équipage, lui, est plutôt fruste et brutal, toujours prêt à exploiter et à tromper les indigènes : ce n’est pas la liberté, mais le sexe, « l’amour libre », qui le pousse à l’insubordination.
Mel Gibson regrettera par la suite que le film n’ait pas eu le courage d’aller jusqu’au bout de l’éclairage choisi par Lean et Bolt : selon lui, Christian n’était qu’un arriviste et un opportuniste immature. Hélas, trop de cuisiniers ont gâché le plat. Tel quel, le produit final est de la bonne confection, soutenue par des interprètes de qualité et une musique entraînante de Vangelis, mais à laquelle il manque le souffle, la force dramatique et la conviction des versions précédentes. Donaldson boucle son tournage pour moins de 25 millions de $, en transportant ses caméras en Nouvelle-Zélande (à Gisborne pour Pitcairn Island), en Polynésie à Tahiti, Moorea (baies d'Opunohu et d'Atiha), à Twickenham (Montpellier Row), Londres, Greenwich (Royal Naval College), Pall Mall (Reform Club) et Wilton House. Le film est présenté en clôture du festival de Cannes 1984 et fait une carrière honorable, sans plus.
1987® (tv) Captain James Cook (GB/DE/ES) de Lawrence Gordon Clark. – av. David Whitney (ltn. William Bligh), cf. (9.4).
1987(tv+ciné) L’Île (FR/CA) de François Leterrier
(TF1 21.12.87), 4 x 90 min. – av. Bruno Cremer (ltn. Mason [=Fletcher Christian]), Gerard Darrieu (Boswell), Martin Lamotte, Serge Dupiré, Jean-Pierre Castaldi. – D’après le roman de Robert Merle, inspiré de l’affaire du Bounty (1962).
1992® (tv) Bligh (AU) de Ted Emery, etc. – av. Michael Veitch (William Bligh). – 1807, Bligh est gouverneur de New South Wales (Australie), cf. XIXe s. Empire britannique : Australie (10).
2003(tv) L’Utopie du Bounty (FR) d’Alain Tixier 
Beta Productions-FR3-TV5. – Docu-fiction.
2011(tv) Mutiny on the Bounty (JP)
Fuji Television Network (Fuji TV : 28.7.11), 60 min. – av. Mark Chinnery (cpt. William Bligh), Steve Ryan (Fletcher Christian), Ivan Solntsev (Adams).