IX - LES ROYAUMES DE POLOGNE ET DE BOHÈME

2. JAN II KAZIMIERZ (1648 à 1668)

JEAN CASIMIR WASA (CASIMIR V), né en 1609, frère de Ladislas IV Wasa. Reine : Marie-Louise de Gonzague-Nevers (veuve de son frère). En Ukraine polonaise, il est confronté à la rébellion de 80’000 Cosaques dirigés par l’hetman Bogdan Chmielnicki/Khmelnytsky et assistés des Tartares de Crimée, qui créent sur place un territoire libre, la Sitch (1648 à 1657). L’engagement polonais pour la Contre-Réforme mène à la Première guerre du Nord (appelée « le Déluge »), c’est-à-dire à l’invasion par la Suède protestante, la Russie et le Brandebourg, de 1655 à 1660. L’avancée suédoise est stoppée à Czestochowa en 1655, devant le sanctuaire marial de Jasna Góra. En conflit avec la noblesse, le roi abdique et meurt en France en 1672. Son successeur :
MICHAL WISNIOWIECKI
1669 / 1673
Né en 1640. Sous son règne, la Pologne-Lituanie est décentralisée et le pouvoir central, ruiné, tombe aux mains des seigneurs locaux. Son ennemi politique Jean Sobieski, nommé Grand Hetman (commandant en chef des armées), remporte de nombreux succès contre les Turcs, notamment à la bataille de Khotine en 1673, ce qui lui permettra de monter sur le trône l’année suivante.
1914® Mazepa (RU) de Petr Chardynin, Edward Puchalski. – av. Arsenii Bibikov (le roi Jan II Casimir). – Le chef cosaque Mazeppa est écrasé en 1667 par l’hetman Jan Sobieski, futur roi de Pologne (cf. Russie, 3.1).
1912[inachevé] Potop (Le Déluge) (PL) d’Edward Puchalski 
Sokól, 1000 m. – av. Maria Dulembianka, Aleksander Zelwerowicz, Bronislaw Oranowski, Lucjan Wisniewski, Kasimierz Wojciechowski, Sefan Jaracz.
Première guerre du Nord : l’invasion de la Suède protestante en 1655, dit « le déluge suédois ». Première adaptation du roman nationaliste de Henryk Sienkiewicz (1886).
1914/15Potop (Le Déluge) (PL/RU) d’Edward Puchalski et Petr Tchardynin ; Khanjonkov, 1800 m. – av. Ivan Mosjoukine, Nadia Nelskaïa, Arkady Viroubov, Anatoli Bibikov, Piotr Starkovski. – Deuxième adaptation de Sienkiewicz, avec réutilisation du matériel tourné en Pologne par Puchalski en 1912 (cf. films de 1961 et 1999).
1919® Mazeppa, Volksheld der Ukraine (DE) de Martin Berger. – av. Aenderly Lebious (le roi Jan II Casimir), cf. Russie (3.1).
1923Obrona Czestochowy (PL) d’Edward Puchalski 
Kinofilm, 1650 m. – La défense de Czestochowa contre l’envahisseur suédois de Charles X Gustave en 1655. Un épisode de « Potop (Le Déluge) » de Sienkiewicz (cf. films de 1961 et 1999).
1934Przeor Kordecki – obronca Czestochowy [Le Prieur Kordecki, défenseur de Czestochowa] (PL) d’Edward Puchalski 
78 min. – av. Karol Adwentowicz (ée prieur Augustyn Kordecki), Wladyslaw Walter (Pawel), Józef Sliwicki (Jan II Casimir), Stanlislaw Hryniewicz, Liliana Zielinska.
En 1655, trois mille Suédois sont repoussés devant Czestochowa, dont le monastère est défendu par les 260 hommes du prieur Augustyn Kordecki, grâce à l’intervention miraculeuse d’une icône de la Vierge. Cette victoire marque l’arrêt de l’avancée suédoise en Pologne.
1940/41® Bogdan Khmelnitski (SU) d’Igor Savtchenko. – av. Nikolaj Mordvinov (Bogdan Khmelnitski, hetman des cosaques de Zaporogues). – 1648 : l’Ukraine se libère du joug polonais sous le commandement de Stephan Potocki. – cf. Russie (2).
1955Podhale w ogniu [Podhale en feu] (PL) de Jan Batory 
S. Zylewicz-WFF Lodz, 109 min. – av. Janusz Bylczynski (Kostka Napierski), Stanislaw Milski, Teresa Szmigiel, Jerzy Pichelski, Kazimierz Wilamowski (évêque Gembick).
Insurrection montagnarde de Kostka Napierski contre la noblesse polonaise, inspirée par le soulèvement de Bogdan Khmelnitski en Ukraine.
1956® 300 let tomu… / Trista rokiv tomu / 300 v God (Il y a 300 ans) (SU) de Vladimir Petrov. – av. Vadim Dobrovolsky (hetman Bogdan Khmelnitski), A.Rebane (hetman Jan Potocki). – Ukraine 1648-1654 : les Ukrainiens de Bogdan Khmelnitski chassent le hetman polonais Potockim, cf. Russie (2).
1961Col ferro e col fuoco / Par le fer et par le feu (IT/FR/YU) de Fernando Cerchio et Stojan Cjulibrk
FilmEuropa-CFFP-Avala Film, 112 min. – av. Jeanne Crain (Helena Kurcewiczówna), Pierre Brice (col. Jan Ketusky [=Skrzetuski]), Elena Zareschi (la princesse Kurcewickzówna, tante de Helena), Akim Tamiroff (Mielski [Jan Onufry] Zagloba), John Drew Barrymore (Yuri/Ivan Bogoun), Gordon Mitchell (Ulfich), Raoul Grassilli (Basilio), Bruno Nessi (Longin), Eleonora Vargas (Horpyna), Gabriella Andreini (Anussia), Neiro Bernardi (Jérémie).
1647/49 : la Pologne lutte contre le soulèvement des cosaques ukrainiens de Bogdan Khmelnytski alliés aux Tartares qui dévastent le pays. Le colonel Jan Ketusky est chargé par Varsovie de défendre le fort de Kudak. En cours de route, il fait la connaissance d’Helena et de son fiancé Bogoun, un Ukrainien sanguinaire. Jaloux de l’idylle qui naît entre les deux, Bogoun enlève Helena et rallie les insurgés cosaco-tartares. Le fort de Kudak tombe, Jan est capturé. Il parvient à s’évader avec Helena et à se réfugier dans la forteresse de Cegrin, bientôt assiégée à son tour. Au dernier instant, l’armée polonaise les délivre et Bogoun périt.
Une illustration de pure routine, tournée en Euroscope et Eastmancolor à Cinecittà et en extérieurs en Yougoslavie (studios Kosutnjak), d’après le roman « Potop (Le Déluge) », première partie de la grande trilogie nationaliste de Henryk Sienkiewicz (1884) dont c’est l’unique adaptation en dehors de la Pologne (cf. films de 1912, 1915, 1923 et 1999). Lauréat du Charybdis d’Or pour Fernando Cerchio au festival de Taormina 1962.
1961Ursus e la ragazza tartara / La Fille des Tartares (IT/FR) de Remigio Del Grosso 
ExplorerFilms-CFFP, 82 min. – av. Joe Robinson (Ursus), Yoko Tani (princesse Ila), Ettore Manni (prince Stefan Karsky), Akim Tamiroff (khan des Tartares), Roland Lesaffre (Ivan), Maria Grazia Spina (Amia), Tom Felleghy (Suleiman), Andrea Aureli (Ibrahim), Ivano Staccioli (prince Ahmed).
En 1648, aidé par ce brave Ursus, grand lanceur de rochers, le prince polonais Stefan Karsky repousse l’invasion des Tartares de Crimée dans sa patrie et épouse la fille du khan après l’avoir convertie au christianisme et envoyé son papa dans les plaines éternelles. Produit fauché, bâclé en Totalscope et Eastmancolor aux studios IN.CI.R.-De Paolis à Rome et en Yougoslavie. Les scènes de bataille sont empruntées à "I Mongoli" de Riccardo Freda et André De Toth (1961).
1969(tv) Przygody pana Michala / Pan Wolodyjowski [Les Aventures de Messire Michel / BE : Le Petit Chevalier Michel] (PL) de Pawel Komorowski 
Kamera-Telewizja Polska, 13 x 25 min. – av. Tadeusz Lomnicki (colonel Jerzy Michal Wolodyjowski), Magdalena Zawadzka (Basia Jeziorkowska), Daniel Olbrychski (Asia Tuhaj-Bejowicz/Tukhay-Bey, prince tartare), Andrzej Lapicki (Ketling-Hassling d’Elgin), Bogusz Bilewski (Muszalski), Tadeusz Schmidt (Snitko), Mieczyslaw Pawlikowski (Jan Onufry Zagloba), Mariusz Dmochowski (Jan III Sobieski), Joanna Jedryka (Anna Borzobohatga-Krasienska), Józef Nowak (Bogusz), Marek Perepczko (Adam Nowowiejski), Ludwik Benoit (Zydor Lusnia), Barbara Brylska (Krystyna Drohojowska), Wladyslaw Krasnowiecki (cardinal), Wlodzimierz Skoczylas (Juryca), Andrzej Szalawski (gén. Mikolaj Potocki).
Un mégafeuilleton de la télévision polonaise tiré du roman de Henryk Sienkiewicz, et dont une demi-douzaine d’acteurs (Lomnicki, Zawadzka, Pawlikowski, Olbrychski, Dmochowski, Brylska) figureront également dans la fresque de cinéma de Jerzy Hoffman, fabriquée à plus grande échelle cette même année (cf. infra).
La cavalerie de Wolodyjowski se prépare à affronter les Turcs (« Pan Wolodyjowski » de Jerzy Hoffman, 1970).
1969/70* Pan Wolodyjowski (Colonel Wolodyjowski) (PL/SU) de Jerzy Hoffman [et Jerzy Lipman] 
Wilhelm Hollender, Edward Burba/Film Polski-Zespol Realizatorów Filmowych « Kamera »-Mosfilm, 160 min. – av. Tadeusz Lomnicki (colonel Jerzy Michal Wolodyjowski), Magdalena Zawadzka (Basia Jeziorkowska), Mieczyslaw Pawlikowski (Jan Onufry Zagloba), Daniel Olbrychski (Asia Tuhaj-Bejowicz/Tukhay-Bey, prince tartare), Jan Novicki (Ketling Hassling d’Elgin), Wladyslaw Hancza (Adam Nowowiejski), Mariusz Dmochowski (hetman Jan III Sobieski), Wiktor Grotowicz (gén. Mikolaj Potocki), Hanka Bielicka (Mme Makowiecka), Barbara Brylska (Krzysia Drohojowska), Irena Karel (Ewa Nowowiejska), Gustaw Lutkiewicz (Zydor Lusnia), Tadeusz Schmidt (Snitko), Andrzej Szczepkowksi (l’évêque Lantskoronski), Leonard Andrzejewski (Halim).
Après l’abdication de Jan II Casimir, plusieurs princes étrangers songent à monter sur le trône. La diète choisit un Polonais, Michal Wisniowiecki, un souverain incompétent dont le royaume est déchiré par les luttes intestines et la frontière orientale mal gardée. Sa femme étant décédée, le colonel Wolodyjowski s’est retiré dans un monastère, mais ses compagnons lui font changer d’avis et épouser Basia, une sauvageonne qui manie les armes comme un soldat. Basia est enlevée par Asia, le commandant des Tartares lituaniens alliés aux Turcs. Elle leur échappe et, après une errance éprouvante à travers la steppe, rejoint son mari Wolodyjowski à la forteresse de Kamenyets à la frontière turque, dont le prince Potocki lui a confié le commandement. Entre-temps, le sultan ottoman Hussein Pacha a levé une armée considérable pour conquérir la Pologne. Kamenyets est assiégée par une force vingt fois supérieure et résiste héroïquement. Lorsque la noblesse polonaise se résigne à négocier la reddition de la place-forte, Wolodyjowski renvoie ses hommes et, resté seul, met le feu à la poudrière... Une année plus tard, les forces de la République écraseront les « païens » ottomans à Khotine (1673).
La première et la moins aboutie des trois superproductions de Hoffman tirées de la trilogie de Henryk Sienkiewicz : « Pan Wolodyjowski » (1888) en est le dernier volume, mais le premier à être porté à l’écran. Hoffman reprend divers acteurs de la série télévisuelle éponyme (cf. supra), avec, en vedette, le prestigieux tandem Tadeusz Lomnicki et Daniel Olbrychski (vu dans dix films d’Andrzej Wajda). Comme dans les deux films suivants – « Potop » (1974) et « Ogniem i mieczem » (1999) – , l’accent est mis sur les extérieurs, les sites patrimoniaux, la figuration importante, avec un excellent travail sur le plan purement spectaculaire : le siège de Kamenyets avec ses milliers de janissaires en blanc qui envahissent l’horizon, ne manque pas de panache, mais la mise en scène comme la peinture des conflits psychologiques et la photo restent par ailleurs assez conventionnels, dans la lignée de ce qui se fabrique à Cinecittà, à Moscou ou à Hollywood. Tournage en Ukraine (Bakhchisarai, Crimée, studios Mosfilm) et en Pologne (Bialy Bór, Checiny, Chmiuel, Klek, Varsovie, vieille ville de Sródmiescie, château de Pieskowa Skala à Suloszowa, église de Chmiel, monastère de Cracovie, montagnes de Bieszczady et studios de Lodz). Médaille d’or pour Tadeusz Lomnicki et nomination pour Jerzy Hoffman au festival international du film de Moscou 1969.
Une immense armée ottomane assiège la forteresse de Kamenyets (« Pan Wolodyjowski », 1970).
1972(tv) Czarne chmury [Sombres nuages] (PL) d’Andrzej Konic 
Telewizja Polska (TVP 23.12.73), 10 x 50 min. – av. Leonard Pietraszek (col. Christoph Dowgird alias Kalkstein), Mariusz Dmochowski (Jan III Sobieski), Edmund Fetting (Karl von Ansbach), Marian Glinka (Szpieg), Zygmunt Kestociwz (Niemirycz), Irena Kownas (Mlynarzowa), Elzbieta Starostecka (Anna Ostrowska), Janusz Zakrzenskki (Erick von Hollstein), Ryszard Pietruski (Kacper Pilch), Anna Seniuk, Stanislaw Niwinski.
1660 : affrontements entre les Polonais qui gouvernent la Prusse ducale et le duc Albrecht de Hohenzollern.
« Le déluge suédois » ou l’invasion des armées protestantes en Pologne en 1655 (« Potop » de Jerzy Hoffman, 1974).
1974(tv+ciné) **Potop (Le Déluge / Plus fort que la tempête) (PL/SU) de Jerzy Hoffman 
Wilhelm Hollender/PRF Zespoly Filmowe-Telewizja Polski-Bielorusfilm Minsk-AP Dovzhenko Filmstudio Kiev (2 parties cinéma et feuill. tv, 300 min.), 157 min. + 138 min. – av. Daniel Olbrychski (Andrzej Kmicik), Malgorzata Braunek (Olenka Billewiczówna), Tadeusz Lomnicki (col. Michal Wolodyjowski), Wladyslaw Hancza (hetman-vovoïde Janusz Radziwill), Leszek Teleszynski (son frère Boguslaw Radziwill), Piotr Pawlowski (Jan II Casimir, roi de Pologne), Andrzej Lapicki (Ketling), Leon Niemczyk (Karl X Gustav, roi de Suède), Julius Kalinowski (Axel Gustafsson, comte Oxenstierna), Wieslaw Golas (Stefan Czarniecki), Stanislaw Kowalewski (le père Augustyn Kordecki), Kazimierz Wichniarz (Jan Onufry Zagloba), Ryszard Filipski (Soroka), Wieslawa Mazurkiewicz (tante Kulwiecówna), Franciszek Pieczka (Kiemlicz), Leslaw Janicki (Damian Kiemlicz), Waclaw Janicki (Kosma Kiemlicz), Bruno O’Ya (Józwa Butrym).
La République des Deux Nations qui unit le royaume de Pologne et le Grand-duché de Lituanie en un seul État est déchirée par les disputes sanglantes de factions, et les rivalités de tout ordre. Le prince Radzivill, grand hetman de Lituanie, est censé épouser la belle Olenka Billewicz, que Kmitic, héros de guerre fruste, fougueux et brutal, enlève avec ses cosaques, car c’est lui qu’elle aime malgré ses manières de soudard et le fait qu’il se soit fâché avec le clan Billewicz. Le colonel Volodyovski, également amoureux d’Olenka, assiège la forteresse de Kmitic. Tout bascule lorsque éclate le « déluge », la Première Guerre du Nord, en juillet 1655. Les Suédois luthériens envahissent et ravagent la Pologne. Radzivill se rallie aux Scandinaves qui s’emparent de Cracovie. Le roi Jean II Casimir Vasa s’enfuit en Autriche La noblesse polonaise se résigne, courbe la tête et reconnaît Charles X Gustave comme leur roi. Sous l’influence d’Olenka, Kmitic s’est métamorphosé et se rachète au combat. Ayant appris que le monastère sacré de Jasna Góra à Czestochowa allait être pillé par les armées protestantes du Nord, il en organise la défense avec une poignée d’hommes, de la dynamite et d’excellents artilleurs. Le siège, une bataille qui semblait perdue d’avance, dure de novembre 1655 à janvier 1656 ; lorsque Kmitic parvient à faire sauter le canon géant des Suédois, ceux-ci abandonnent. Des milices paysannes s’organisent, la confédération de Tyszowce est formée et Jean II Casimir revient d’exil. En avril, la bataille de Zanosc est une victoire décisive, Charles X Gustave doit abandonner tout son matériel et son artillerie. Blessé, Kmicic récupère dans les bras d’Olenka.
Après « Pan Wolodyjowski » (1969, cf. infra), Jerzy Hoffman s’attaque avec bonheur au second volume de la trilogie de Henryk Sienkiewicz, paru en 1886. Il bénéficie pour cette immense entreprise de moyens peu ordinaires en Pologne (400 acteurs, 23’000 costumes) et d’une durée de tournage (en couleurs et Panavision 70 mm) qui s’étend sur presque cinq ans, notamment à Dolina Chocholowska dans les montagnes de Tatra, à Jasna Góra, à Wola Justowska près de Varsovie, dans les studios de Lodz et en Ukraine. La fresque de Hoffman est dans son genre un modèle de chronique historique, tant sur le plan de la reconstitution d’une constante justesse, des tableaux (le canon géant dans la boue et la neige, tiré par des centaines de soldats qui chantent des cantiques luthériens sous la direction de leurs pasteurs), que du réalisme et des costumes extrêmement riches et variés, le tout porté par ce tempérament polonais si éloigné des lourdeurs académiques des superproductions soviétiques. Seule sa durée peut constituer un handicap pour des spectateurs ignorants de l’histoire polonaise. L’œuvre fait non seulement un malheur au box-office dans les pays de l’Est – nomination au Lion d’or et grand prix du public à Jerzy Hoffman, prix pour Daniel Olbrychski au festival du cinéma polonais de Gdynia 1974 – mais récolte même une nomination à l’Oscar en 1975 comme meilleur film étranger.
1975® Mazepa (PL) de Gustaw Holoubek. – av. Zbigniew Zapasiewicz (le roi Jan II Casimir). – cf. Russie (3.1).
1982Oko Proroka [L’Oeil du Prophète] (PL/BG) de Pawel Komorowski 
Silesia-Bojana-WFD, 110 min. – av. Lubomir Czetkow (Hanusz Bystry), Edward Lubaszenko, Elzbieta Karkoszka, Zbigniew Borek, Djoko Rosic.
Péripéties d’un garçon polono-ukrainien à travers la Bulgarie où s’affrontent cosaques zaporogues et Turcs, sous Jan Casimir.
1984Przeklete oko Proroka [L’Oeil maudit du Prophète] (PL/BG) de Pawel Komorowski 
Oko-Bojana, 110 min. – av. Lubomir Cwetkow (Hanusz Bysstry), Zbigniew Borek, Andrzej Kozak, Aleksander Goczew, Nikolaj Chadzyminew, Dzoko Rosic.
Suite du précédent : la révolte des cosaques zaporogues à Sicz contre les Turcs, leur tentative de racheter les Polonais aux Ottomans.
1991Szwedzi w Warszawie [Les Suédois à Varsovie] (PL) de Wlodzimierz Golaszewski 
Profil. – av. Bogdan Ferenc, Marian Klein, Dominik Los, Ryszard Pietruski, Anna Seniuk, Bozena Dykiel. – Le général hetman Czarniecki chasse les Suédois qui occupent Varsovie en 1656.
Les princes polonais face à l’insurrection des cosaques ukrainiens (« Ogniem i mieczem » de Jerzy Hoffman, 1999).
1999(tv+ciné) **Ogniem i mieczem (Par le fer et par le feu) (PL) de Jerzy Hoffman 
Jerzy R. Michaluk, J. Hofmann/Zodiak-Poltel-Telewizja Polska-Agencja Produkcji Filmowej-Kredyt Banku BPI-Okocimskie Zaklady Piwowarskie, 4 x 56 min./183 min. – av. Izabella Scorupco (Helena Kurcewiczówna), Michal Zebrowski (ltn. Jan Skrzetuski), Aleksander Domogarov (Jurko Bohun), Krzysztof Kowalewski (Jan Onufry Zagloba), Andrzej Seweryn (prince Jeremi Wiszniowiecki), Daniel Olbrychski (Tukhai Bey), Zbigniew Zamachowski (Michal Wolodyjowski), Bogdan S. Stupka (Bogdan Khmelnitski), Marck Kondrat (le roi Jan II Casimir), Ewa Wisniewska (la princesse Kurcewiczówna, tante d’Helena), Adam Ferency (Islam III Giray, khan tatare), Wiktor Zborowski (Longinus Podbipieta), Wojciech Malajkat (Rzedzian), Rusiana Pysanka (Horpyna), Gustaw Holoubek (Adam Kisiel), Andrzej Kopiczynski (Zacwilichowski), Adam Ferency (khan), Dmitiri Mirgorodsky (ataman Koszowey).
Durant le grand soulèvement cosaque de Khmelnytski en Ukraine polonaise, le lieutenant polonais Jan Skrzetuski (de l’armée du prince Wisniowiecki) qui revient d’une mission secrète auprès des Tartares en Crimée et l’hetman cosaque Bohun s’éprennent de la même femme, Helena Kurcewiczówna. Bohun a promis à la famille d’Helena qu’elle serait protégée quand éclaterait l’insurrection cosaque. L’action suit les péripéties décrites plus haut (cf. le film italo-français de 1961) en les étoffant fortement en fonction de l’intrigue complexe et ultra-romanesque du pavé de Henryk Sienkiewicz. Des critiques chatouilleux à Varsovie ont reproché au film de favoriser les Cosaques aux dépens des Polonais. Hoffman s’en défend, parvenant à maintenir une certaine équanimité dans la peinture des partis adverses : Sienkiewicz critiquait, affirme-t-il, autant l’arrogance de la noblesse polonaise que la brutalité des cosaques zaporogues d’Ukraine. Le romancier achève son récit en disant que « la haine empoisonna les cœurs de deux nations frères. » Cette susceptibilité nationaliste entre États du bloc soviétique pourrait expliquer pourquoi ce roman (qui est en fait le premier de la trilogie) a été porté à l’écran en dernier, soit 30 ans après « Pan Wolodyjowski » (1969). Hoffman réussit en tout cas une fresque épique flamboyante (budget : 8 millions de $), aux batailles impressionnantes et à l’interprétation marquante (notamment Daniel Olbrychski et la superbe Izabella Scorupco qui enthousiasme tous les lecteurs du roman). Le tournage (en couleurs et écran panoramique) se fait entièrement en Pologne, en décors naturels à la forteresse Wladimir à Stródmiescie, aux châteaux de Lublin et de Pieskowa Skala à Suloszowa, à Biedrusko, Biskupin, Klimkówka, Cracovie, Mlociny, Ojców, Sierpc, Szumon, Varsovie, Wilanów, Zielonka et Zubrzyca Góma. Le film, le meilleur de son réalisateur, obtient l’Aigle du cinéma polonais 2000 pour Ewa Wisnewska, la production et les décors, Prix du festival du film polonais 1999 (montage, décors, prix du jury pour Jerzy Hoffman).