XII - LES ÉTATS-UNIS AU XIXe SIÈCLE

8b. LE CRÉPUSCULE DE LA NATION ROUGE - 1862/1892

8b.2. Les CHEYENNES (Tsistsitas) et les ARAPAHOS (Inuna-Ina)

DULL KNIFE (=Tahmelapashme, ca. 1828-1879), allié des Sioux Oglala de Crazy Horse, vainqueur à Little Big Horn, survit à la « grande marche » des Cheyennes vers le Dakota en 1878/79.
BLACK KETTLE (=Motavato, 1813-1868), puissant chef des Cheyennes du Sud, survit miraculeusement au massacre de SAND CREEK (camp pacifique de 400 Cheyennes et Arapahos) organisé par le colonel John Chivington, un révérend presbytérien, le 29 novembre 1864. Les corps sont scalpés et odieusement mutilés par la soldatesque. Chivington est forcé de démissionner, mais le massacre de Sand Creek brise définitivement, dans les Plaines, tous liens entre Blancs et Rouges. Black Kettle assiège et incendie la ville de Julesburg (Ohio) avec les Sioux en 1865 pour venger les morts de Sand Creek. Il périt à Washita River (Oklahoma) où son campement, qui arborait un drapeau blanc, est annihilé par Custer le 27 novembre 1868.
YELLOW HAND, tué en combat singulier par William « Buffalo Bill » Cody à la bataille de War Bonnet Creek (Nebraska) en 1876.
LITTLE WOLF (=Ohcumgache), survit au massacre de Powder River (1876), participe à la « grande marche » des Cheyennes en 1878/79 et dépérit à Fort Keogh.
TALL BULL (=Tonka-Haska, ca. 1825-1869), chef des « Dog Soldiers » cheyennes tué avec les siens dans le campement de Summit Springs (Nebraska) en 1869 par le gén. Eugene Carr (guide : William Cody).
TWO MOONS (=Ish-hayu-nishus), repousse victorieusement l’attaque du capitaine J. J. Reynolds contre son campement à Powder River en mars 1876, participe à Rosebud et à Little Big Horn. Se rend au gén. Miles en 1877, peu après la bataille de Wolf Mountain. Plusieurs séjours à Washington.
1909*The Red Man’s View (US) de David Wark Griffith 
Biograph, 11 min. – av. Owen Moore (Silver Eagle), James Kirkwood (son père), Lottie Pickford (Minewanna), Kate Bruce, Charles Craig, Frank Evans, Edith Haldeman.
Des Blancs forcent un village indien de quitter ses terres ancestrales, mais retiennent une jeune Indienne qui doit ainsi se séparer de son fiancé et de son père malade. Vanté par diverses associations tribales lors de sa sortie, c’est un des tout premiers films à se pencher sur la tragédie des Amérindiens en optant leurs point de vue (filmé à Mount Beacon, New York).
1911The Cheyenne Bride (US) de James Young Deer
J. Young Deer/Pathé-American Kinema (Los Angeles), 640 ft./9 min. - av. Red Wing [=Lillian St. Cyr] (Rosa d'Argento), James Young Deer (Coeur de Tigre).
Une romance pastorale entre le fils d'un chef Cheyenne et la fille d'un chef Sioux qu'il sauve d'une mort certaine (à laquelle l'a condamnée son père pour la punir d'aimer un ennemi) grâce à son agilité équestre. Production tournée, produite et interprétée par le premier réalisateur Amerindien, James Young Deer (de sang Delawarem Lenape et Nanticoke), fondateur des studios californiens Pathé, avec son épouse Red Wing (une Winnebago).
1912 [sortie : 1914]The Massacre (US) de David Wark Griffith 
Biograph Co., 2097 ft./2 bob./20 min. – av. Wilfred Lucas (Stephen), Blanche Sweet, Charles H. West, Alfred Paget (le chef indien), Edward Dillon (John Randolph), Harry Hyde.
Après le massacre d’un village indien par un officier fanatique (renvoi manifeste aux boucheries de Sand Creek et de Washita River perpétrées par la cavalerie de Custer en 1864 et 1868), les Indiens se vengent sur d’innocents colons, parmi lesquels le héros, qui avait participé impuissant à l’expédition néfaste, et sa petite famille. Si Griffith explique les raisons de l’attaque indienne, son insistance sur l’idylle des jeunes mariés et les gros plans sur leur bébé lui permettent de manipuler la sympathie du spectateur en faveur des Blancs, devenus à leur tour victimes émouvantes de la « sauvagerie rouge ». Tentative de Griffith de concurrencer Ince sur son propre terrain.Tourné à Fort Lee (New Jersey).
1926*War Paint / GB : Rider of the Plains (Œil-de-faucon / Guerre rouge) (US) de Woody S. Van Dyke 
David O. Selznick/Metro-Goldwyn-Mayer, 5034 ft./6 bob. – av. Tim McCoy, Pauline Starke, Charles French, Chief Yowlache (Iron Eyes), Chief Whitehorse (White Hawk), Karl Dane.
Vers 1880, Iron Eyes, un « medicine man » des Arapahos cherche à convaincre les jeunes de la tribu de quitter la réserve. Arrêté par l’agent fédéral, il s’échappe et l’armée menace d’anéantir les siens s’il ne se rend pas dans les 24 heures. – Premier western de Van Dyke et le colonel McCoy alias White Eagle (agent dans les réserves indiennes), tourné en décors naturels avec une importante figuration arapaho et shoshone, des rituels et le language en signes authentiques. Filmé à Fort Washakie avec un grand respect pour la culture peaux-rouge.
1928Wyoming (US) de Woody S. Van Dyke 
David O’Selznick/Metro-Goldwyn-Mayer, 4435 ft./5 bob. – av. Tim McCoy, Dorothy Sebastian, Charles Bell (Chief Big Cloud), William Fairbanks (Buffalo Bill Cody), Chief Big Tree, Goes in the Lodge (Chief Chapulti).
En 1887, le fils d’un chef Arapaho cherche l’affrontement, tandis que son père, ami d’enfance d’un officier blanc, tente vainement de le raisonner. [fiction] Van Dyke et McCoy présentent un épisode imaginaire de la guerre de Powder River en 1865 en opposant, vingt ans avant « Fort Apache » de Ford, un officier idéaliste à son supérieur farouchement anti-indien.
1944® Buffalo Bill (US) de William A. Wellman. – av. Joel McCrea (Buffalo Bill), Anthony Quinn (Yellow Hand), Chief Many Treaties (Tall Bull). – Episode : la bataille de War Bonnet Creek (juillet 1876), où le colonel Wesley Merritt piège 800 Cheyennes et Buffalo Bill tue Yellow Hand pour venger la défaite de Little Big Horn (cf. 9a.2).
1952® Wagons West (US) de Ford Beebe. – av. John Parrish (Black Kettle).
1953® Pony Express (Le Triomphe de Buffalo Bill) (US) de Jerry Hopper. – av. Pat Hogan (Yellow Hand).
1954® Broken Lance (La Lance brisée) (US) d’Edward Dmytryk. – av. Eduard Franz (Two Moons).
L’armée américaine somme les Cheyennes de quitter leurs terres (« White Feather » de Robert D. Webb, 1955)
1955White Feather (Plume blanche / BE : Le Dernier Cheyenne) (US) de Robert D. Webb 
Robert L. Jacks/Panoramic Productions-20th Century-Fox, 102 min. – av. Robert Wagner (Josh Tanner), John Lund (col. Lindsay), Debra Paget (Appearing Day), Jeffrey Hunter (Little Dog), Eduard Franz (Broken Hand), Hugh O’Brian (American Horse), Iron Eyes Cody (chef indien).
En 1877 vers Fort Laramie, Wyoming, les Cheyennes sont sommés de quitter leurs terres, puis déportés pacifiquement en Oklahoma après qu’une bataille ait été évitée de justesse. Un agent gouvernemental chargé de l’embarrassante mission s’éprend de la fille du chef. [fiction] Western pro-indien à grande figuration et en CinemaScope et Technicolor dont les intentions pacifistes et humanistes (scénario de Delmer Daves) sont sous-exploitées par la mise en scène. La suite, moins glorieuse et moins lénifiante, sera contée en 1964 par John Ford dans « Cheyenne Autumn » (cf. infra). Filmé à Durango, au Mexique.
1955® Chief Crazy Horse (US) de George Sherman. – av. Pag Hogan (Dull Knife).
1955® Ghost Town (US) d’Allen H. Miner. – av. Edmund Hashim (Dull Knife).
1955/56(tv) Brave Eagle, Chief of the Cheyennes (Aigle Noir) (US) de Paul Landres 
Jack Lacey-Frontier Prod.-Indian Prod.-Roy Rogers (CBS 28.9.55-21.3.56), 26 x 25 min. – av. Keith Larsen (Brave Eagle), Keena Nomkeena (Keena, son fils), Kim Winona (Morning Star), Bert Wheeler (Smokey Joe, son père), Pat Hogan (Black Cloud), Pete Mamakos (Wolf Head), Dehl Berti (At-Ta-Tu), Rick Vallin (Black Raven), Lee Van Cleef (Big Bear).
1870, un chef Cheyenne et son fils adoptif assistent à la déprédation de leurs terres par les Blancs, auxquels ils donnent plus d’une fois des leçons de générosité et de noblesse. [fiction] Première télésérie américaine à adopter le point de vue des Amérindiens (tout en ménageant l’armée U.S.), production influencée par le succès de « Broken Arrow » de Delmer Daves (dont l’héroïne porte d’ailleurs le même nom, « Morning Star »). Plutôt sympathique.
1956(tv) Massacre at Sand Creek (US) d’Arthur Hiller
[d’apr. William Sackheim) ; Columbia « Playhouse 90 » no. 13 (CBS 27.12.56), 74 min. – av. Everett Sloane (col. John Templeton [=col. John Chivington]), John Derek (ltn. Norman Tucker [=ltn. Cramer]), Gene Evans (Sgt. Maddox), H. M. Wynant, Ken Mayer, William Schallert, Roy Roberts, Rick Vallin, William Bryant, Anthony Lawrence.
300 Cheyennes pacifiques sont massacrés à Sand Creek par le colonel Chivington en 1864, malgré les tentatives d’un jeune soldat d’éviter le bain de sang. Les Indiens Cheyenne sont absents, femmes, enfants et vieillards sont tués avec une rare sauvagerie (scalpés et mutilés) et le film tourne autour du procès du jeune lieutenant Tucker alias Cramer qui a refusé de tirer sur des gens sans défense. Soule qui témoigne contre son colonel sera assassiné par ses hommes, Chivington sera frappé d'infamie publique et forcé de démissionner de la milice du Colorado, contraint à se retirer de la vie politique, mais jamais puni. Filmé à Corriganville, Simi Valley (Calif.)
1957The Guns of Fort Petticoat (Le Fort de la dernière chance) (US) de George Marshall
Harry Joe Brown/Columbia Pictures, 82 min. - av. Audie Murphy (ltn. Frank Hewitt), Kathryn Grant, Hope Emerson, Jeff Donnell, Ainslie Pryor (col. John M. Chivington), Charles Horvath (Yellow Horse), Chief Geronimo Kuth Le (Broken Foot).
Novembre 1864. Horrifié par la brutalité de son colonel envers les Cheyennes, John M. Chivington, le lieutenant Hewitt déserte. Il est témoin du massacre de Sand Creek et sauve une mission abandonnée, défendue avec vaillance par un groupe de femmes du Texas, que les Indiens attaquent en représailles. Les femmes survivantes l'innocentent avec fougue devant le tribunal militaire, tandis que Chivington est condamné. Un western "féministe" filmé à Iverson Ranch, Chatsworth (Calif.) et à Old Tuscon, en Arizona.
1957® (tv) Dull Knife Strikes for Freedom (US) de Paul Landres ; série « Wyatt Earp » (ABC 7.5.57), 25 min. – av. Ian McDonald (Dull Knife), Steve Pendleton (major Frederick W. Benteen), Hugh O’Brian (Wyatt Earp), Bill Cassady, George Baxter.
1957Ride Out for Revenge (US) de Bernard Girard 
Bryna Prod., 73 min. – av. Rory Calhoun, Gloria Grahame, Lloyd Bridges, Frank De Kowa (Yellow Wolf), Vince Edwards (Little Wolf, son fils). – Episode du soulèvement de Red Cloud et des Cheyennes en 1868, Little Wolf venge l’assassinat de son père Yellow Wolf.
1960® (tv) Gold, Glory and Custer (US) de George Waggner. – av. Frank De Kowa (Dull Knife). – cf. Sioux.
1960® Flaming Star (Les Rôdeurs de la plaine) (US) de Don Siegel. – av. Perry Lopez (Two Moons).
La tragédie de l’exode des Cheyennes : John Ford paie sa dette envers les Amérindiens (« Cheyenne Autumn », 1964)
1964* Cheyenne Autumn (Les Cheyennes) (US) de John Ford [et Ray Kellogg] 
Bernard Smith/Warner Bros., 159 min. – Richard Widmark (cpt. Thomas Archer), Carroll Baker (Deborah Wright), Karl Malden (cpt. Oskar [=Henry W.] Wessels), James Stewart (Wyatt Earp), Arthur Kennedy (Doc Holliday), Edward G. Robinson (Carl Schurz, secrétaire d’État à l’Intérieur), Dolores Del Rio (l'Espagnole, épouse de Dull Knife), Ricardo Montalban (Little Wolf), Gilbert Roland (Dull Knife), Victor Jory (Tall Tree), George O’Brien (major Braden), Ken Curtis (Joe Homer), Elizabeth Allen (Miss Guinevere Plantagenet).
Parqués dans une réserve stérile de l’Oklahoma, les 297 Cheyennes malades et affamés de Dull Knife et Little Wolf - survivants d'une tribu de 972 Indiens déportés - s’échappent pour gagner leurs terres ancestrales du Dakota en septembre 1878 (un périple de 1800 milles, soit 2900 km). Ils sont harcelés et décimés par une armée de dix mille hommes. Leur résistance héroïque force le respect d'une minorité d'officiers et aiguise le sadisme raciste d’autres. Seuls à prendre leur parti, une institutrice quaker, un capitaine non conformiste et, au tout dernier moment, Carl Schurz, le secrétaire d’État à l’Intérieur qui risque ainsi sa carrière politique. La population blanche dans les villes voisines, butée, grossière et vulgaire, réagit hystériquement à la nouvelle de l’exode cheyenne (l’épisode comico-débonnaire à Dodge City avec Wyatt Earp, d’un goût plus que douteux dans le contexte) ; la presse amplifiant les incidents (9 morts deviennent plus d'une centaine dans les journaux), on assassine des Indiens désarmés et affamés. Les Cheyennes sont enfermés à Fort Robinson, enneigés, privé de chauffage, de nourriture et d’eau. Leur évasion aboutit à un bain de sang et Schurz accorde aux survivants de Dull Knife le droit de rester au Dakota.

On sait que pour le plus célèbre borgne d'Hollywood, c'est la légende qui prime (cf. la conclusion éloquente de "The Man Who Shot Liberty Valance"). En vérité, Carl Schurz ne s’est jamais investi dans la question cheyenne et encore moins déplacé dans les Black Hills (il s’est contenté de combattre la corruption du Bureau des affaires indiennes depuis Washington), et le massacre à Fort Robinson fut bien pire que ce que montre Ford. Les Cheyennes survivants furent temporairement placés à Fort Keogh, dans le Montana et durent attendre la fin du XIXe siècle avant de pouvoir s'établir dans une réserve située sur leurs anciens territoires. Le scénario repose sur les romans Cheyenne Autumn de Mari Sandoz (1953) et The Last Frontier de Howard Fast (1941). Solennel, grandiose et parfois pompeux, cet « Automne des Cheyennes » est par moments un somptueux poème visuel dans lequel le vieux Ford (dont c’est le dernier western) paie sa lourde dette envers les milliers d’Indiens qu’il a laissé allégrement massacrer - "plus que Custer", avoue-t-il - au cours de sa filmographie : « À partir du moment où (Ford) prend le parti des Cheyennes, et non celui de la cavalerie, le film devient une tragédie insoutenable » (Patrick Brion). Les images du campement abandonné des Cheyennes et les séquences dans le camp de Fort Robinson évoquent intentionnellement les camps de concentration nazis (Karl Malden en tortionnaire à l'accent et d'origine allemande, ce qui est historiquement faux). Mais – était-ce bien nécessaire en 1964 ? – tous les Cheyennes de premier plan sont interprétés par des acteurs blancs (à l'opposé des intentions initiales du cinéaste). Enfin l’impressionnant Monument Valley ne ressemble guère à l’Oklahoma historique. A la décharge du grand cinéaste qui voulait confier l'interprétation des Amérindiens à ses amis Navajos, vieux complices depuis "Stagecoach", les producteurs ont catégoriquement refusé une pareille idée, au risque de mettre tout le projet en péril. Victor Jory en faux patriarche indien surjoue à souhait.
Malade et vraisemblablement sous l'emprise de l'alcool, Ford, 69 ans, ne maîtrise pas toujours son sujet, s'égarant dans d'inutiles et peu comiques digressions dans les bars de l'Oklahoma ou, comme si souvent, s'attendrit sur le folklore militaire, les soudards alcooliques, le sentimentalisme des vétérans, l'appel du clairon et la bannière étoilée à laquelle il faut obéir coûte que coûte; il laisse même à son assistant Ray Kellog le soin de terminer ce film sans doute bien intentionné mais terriblement inégal. Si Ford sait d'instinct où placer sa caméra, son scénario est gravement bancal (le burlesque à Dodge City, la bluette aussi déplacée que superflue entre une institutrice quaker et un officier de la cavalerie). Dans la figuration, les Navajos remplacent les Cheyennes, devenus rares : leur agonie n’était pas du cinéma ! Filmé en Technicolor et Panavision 70 à partir de fin octobre 1963 au Colorado (Noab Valley, Gunnison Canyon, Monument Valley) pour 7,4 millions de $. Les recettes américaines sont très décevantes, le public yankee refuse ce qu'il voit à l'écran, mais le film est bien accueilli ailleurs. Jugé trop long, le film est raccourci contre l’avis de Ford, notamment plusieurs minutes du massacre des Cheyennes à Fort Robinson qui sont supprimées. Nomination à l’Oscar de la meilleure photo (William Clothier). Ford montrera plus de courage dans son ultime film, "Seven Women (Frontière chinoise)" en 1966, où il dénoncera la bigoterie et l'hypocrisie pseudo-religieuse de ses compatriotes, mais il est vrai aussi que sa bien-aimée armée n'y est pas mise en cause.
Les Cheyennes affamés et désarmés sont abattus à Fort Robinson (« Cheyenne Autumn » de John Ford, 1964)
1966® The Plainsman (US) de David Lowell Rich. – av. Simon Oakland (Black Kettle). – cf. Wild Bill Hickok.
1967® Custer of the West (US) de Robert Siodmak. – av. Kieron Moore (Dull Knife).
1970® (tv) The Forge of Hate (US) de Don Richardson ; série « The High Chapparal » (NBC 13.11.70), 60 min. – av. Ted De Corsia (Dull Knife).
 
1970**Soldier Blue (Soldat bleu) (US) de Ralph Nelson 
Gabriel Katzka-Harold Loeb/Metro-Goldwyn-Mayer, 125 min. – av. Candice Bergen (Cresta Marybelle Lee), John Anderson (col. Iverson [=col. John M. Chivington, 1821-1894]), Peter Strauss (Honus Gent), Donald Pleasence (Isaac Q. Cumber), Dana Elcar (cpt. Battles), , Jorge Rivero (Spotted Wolf), Jorge Russek (Running Fox).
Le massacre de Sand Creek en novembre 1864, lorsqu’un détachement de 700 hommes commandé par Chivington (dans le film : Iverson) annihile par surprise un campement pacifique de 300 Cheyennes placés sous la protection de Washington. Attachée aux Indiens, Cresta Marybelle Lee, une femme blanche émancipée, est le témoin horrifié et impuissant de cette boucherie où périssent aussi femmes et enfants. Le soldat Honus Gent, dont le père mourut avec Custer et qui a tenté d’arrêter le massacre, est inculpé de « trahison ». Le sinistre colonel Iverson alias Chivington félicite ses hommes pour ce « beau fait d’armes », tandis que Cresta reste seule au milieu des cadavres…
Bien décidé à corriger la légende mensongère de la « conquête » de l’Ouest et à frapper les esprits par des images chocs d’une violence alors jamais vue à l’écran (et rarement depuis !), Nelson veut également établir un parallèle avec le massacre de My Lai au Vietnam en 1968 (où une centaine de civils désarmés furent tués par des GI), fut-ce en s’égarant plus d’une fois dans l’étalage un peu racoleur d’atrocités (vieillards démembrés, enfants empalés ou décapités, femmes enceintes violées puis éventrées, etc.). L’armée américaine est ici composée de « sauvages » plus sanguinaires encore que toutes les illustrations de Peaux-Rouges par le passé. Les intentions sont bonnes, la dénonciation efficace, mais l’excès caricatural de ce brûlot mémoriel affaiblit quelque peu la portée allégorique du message. Nelson est contraint d’engager des Mexicains pour jouer les Cheyennes, Arthur Penn ayant mobilisé presque tous les Amérindiens disponibles pour « Little Big Man ». Filmé en Technicolor et CinemaScope au Mexique.
Dustin Hoffman, adopté par les Cheyennes, et le patriarche Chief Dan George (« Little Big Man » d’Arthur Penn, 1970)
1970***Little Big Man (Les Extravagantes Aventures d’un Visage Pâle) (US) d’Arthur Penn
[d’apr. Thomas Berger] ; Stuart Millar/Cinema Center-Stockbridge-Hiller Prod., 147 min. – av. Dustin Hoffman (Jack Crabb), Chief Dan George (Old Lodge Skins), Faye Dunaway (Mrs. Pendrake), Martin Balsam (Merryweather), Richard Mulligan (col. George Armstrong Custer), Robert Little Star (Little Horse), Cal Bellini (Younger Bear), Jeff Corey (Wild Bill Hickok). – Âgé de 121 ans, Jack Crabb raconte sa vie à un journaliste éberlué afin de corriger quelques idées fausses sur l’Ouest : en 1859, jeune enfant, Jack est recueilli avec sa sœur, par les Cheyennes qui l’adoptent et le surnomment « Little Big Man ». Vivant plus tard tantôt chez les Blancs, tantôt chez les Cheyennes, ce Candide du Nouveau-Monde est témoin du génocide indien. Evocation du massacre de Washita River en 1868 par Custer, attaquant par surprise le campement cheyenne de Black Kettle et tuant 103 Peaux-Rouges pendant leur sommeil (des Cheyennes en vérité pas si pacifiques que cela...). Une vision picaresque et totalement irrespectueuse de l’Ouest (Custer en paranoïaque syphilitique, figure de l'impérialisme des États-Unis), sur laquelle plane l'ombre de la guerre du Vietnam, amère, nostalgique et comique à la fois. Les Cheyennes, pour la première dépeints avec chaleur et humour, mais sans idéalisation rousseauiste, y sont les seuls « êtres humains » dignes de ce nom, tandis que la civilisation blanche n’est qu’hypocrisie et soif de tuer… Adapté du best-seller de Thomas Berger (« Mémoires d’un visage pâle », 1964) que Marlon Brando a, pendant des années, vainement tenté de porter à l’écran. Un festival Dustin Hoffman, dans les accoutrements et les maquillages les plus truculents. Tourné au Montana (Virginia City, Billings, Lame Deer, Crow Indian Reservation, Hardin, Little Big Horn River, Nevada City), au Canada (Alberta, Calgari, Morley) et en Californie (Agoura Hills, Thousand Oaks) pour 15 millions de $ (le film en rapportera le double). Nomination à l’Oscar, New York Film Critics Award et Golden Laurel Award pour Chief Dan George, prix FIPRESCI au festival de Moscou 1971.
1976(tv) The Quest / The Longest Drive (US) de Lee H. Katzin 
Columbia TV-David Gerber (NBC 13.5.76), 93 min. – Kurt Russell, Tim Matheson, Brian Keith, Keenan Wynn, Cameron Mitchell, Iron Eyes Cody.
Deux frères, dont l’un a grandi avec les Cheyennes et l’autre est un citadin ignare, partent à la quête de leur sœur enlevée enfant et qui vit parmi les Indiens. Variante de « The Searchers » de John Ford qui illustre la rencontre de deux cultures. [fiction] – Pilote d’une série de 15 x 52 min. (22.9.76), réalisée par Barry Shear, Earl Bellamy, Corey Allen, Bernard McEveety, Alf Kjellin, Jerry London, Michael O’Herlihy, Barry Crane et Irving J. Moore.
1978(tv) Grayeagle (US) de Charles B. Pierce 
American International Pictures (20.4.78), 104 min. – av. Alex Cord (Grayeagle), Ben Johnson, Lana Wood, Iron Eyes Cody (Standing Bear), Jack Elam, Paul Fix (Running Wolf).
La vie d’un guerrier cheyenne qui récupère une femme de sa nation enlevée jadis par les Blancs et heureuse de retrouver les siens. [fiction]
1978(tv) The Massacre (US) de Paul Krasny
série « Centennial » no. 5 (NBC 11.11.78), 75 min. – av. Richard Chamberlain, Barbara Carrera, Richard Crenna (col. Frank Skimmerhorn [=col. John M. Chivington]), Nick Ramus (Lost Eagle [=Black Kettle]), Ivan Naranjo. – Le massacre d’un paisible campement cheyenne à Sand Creek en 1864 par le colonel Chivington (d'après James Michener).
1993-98(tv) Dr. Quinn, Medicine Woman (Docteur Quinn, femme médecin) (US) de Jeremy Paul Kagan (pilote), Chuck Bowman, James Keach, Jerry London, etc.
(CBS 1.1.93-16.5.98), 148 x 55 min. – av. Jane Seymour (Dr. Michaela ‘Mike’ Quinn), Joe Lando (Byron Sully), Guy Boyd, Erika Flores, Nick Ramus (Black Kettle), Larry Sellers (Black Hawk / Cloud Dancing), Taylor Nicholas / Darren Dalton / Jason Leland Adams (col. George Armstrong Custer), Adrian Sparks (col. John M. Chivington), Dennis Lipscomb (président Ulysses S. Grant).
Colorado Springs 1868, une femme médecin de Boston combat une épidémie de typhus chez les Cheyennes, défend leur cause auprès de la communauté blanche (et à Washington) et s’oppose à Chivington (massacre de Sand Creek en 1864) comme à Custer. – Dans l’épisode « Washita » (29.4.95, réal. : James Keach), le Dr. Quinn s’occupe des survivants du massacre perpetré par Custer en 1868. Filmé à Hollywood (studios Universal, Warner, Paramount Ranch à Agoura), et dans les Santa Monica Mountains (Calif.).
1994(tv) Cheyenne Warrior (US) de Mark Griffiths 
Roger Corman/Libra Pictures, 90 min. – av. Pato Hoffmann (Hawk), Kelly Preston, Bo Hopkins, Dan Haggerty, Clint Howard, Nik Winterhawk (Tall Elk), Patricia Van Ingen (Crow Woman), Frankie Avina (Crazy Buffalo), Joseph Wolves Kill (Running Wolf), Mark S. Brien (Spotted Face). – Amour interracial entre une jeune veuve blanche et un chef cheyenne. [fiction]
1995[*Last of the Dogmen (Le Dernier Cheyenne) (US) de Tab Murphy ; Last of the Dogmen Film (Joel B. Michaels)-Chargeurs-Savoy Pictures-Carolco Pictures, 118 min. – av. Tom Berenger (Lewis Gates), Barbara Hershey (prof. Lillian Diane Sloan), Steve Reevis (Yellow Wolf), Helen Calahasen (sa swaw), Eugene Black Bear (Spotted Elk). – En 1995, un chasseur de primes et une anthropologue découvrent dans une vallée cachée de l’Oxbow au Montana, région peu accessible, les descendants de Lone Wolf et de sa vingtaine de Cheyennes ayant survécu au massacre de Sand Creek en 1864. Pour préserver le plus longtemps possible la tribu des « bienfaits » menaçants de la civilisation moderne et du sort des autres Indiens dans les réserves d’aujourd’hui, le couple dynamite l’accès au monde extérieur (un passage caché sous une cascade) et adopte le mode de vie immémorial des Cheyennes. Une fiction originale et attachante, filmée avec d’authentiques Cheyennes au Canada – au Banff National Park et à Canmore (Alberta), au Yoho National Park (British Columbia) et à Cuernavaca, au Mexique. ]
2016***Hostiles (US) de Scott Cooper
Scott Cooper, Ken Kao, John Lesher/Le Grisbi Productions-Waypoint Entertainment, 134 min. - av. Christian Bale (cpt. Joseph J. Blocker), Rosamund Pike (Rosalie Quaid), Wes Studi (le chef Yellow Hawk), Jesse Plemons (ltn. Rudy Kidder), Adam Beach (Black Hawk), Rory Cochrane (sgt. Thomas Metz), Jonathan Majors (cpr. Henry Woodson), Peter Mullan (col. Ross McCowan), Paul Anderson (cpr. Tommy Thomas), Scott Shepherd (Wesley Quaid), Rosamund Pike (Rosalee Quaid), David Midthunder (Buffalo Man), Stephen Lang (col. Abraham Briggs), Xavier Horsechief (Little Bear), Q'orianka Kilcher (Elk Woman).
En 1892, à peine un an après avoir participé au bain de sang à Wounded Knee, traumatisé par deux décennies de combats contre Cheyennes, Apaches et Comanches, le capitaine Blocker est un vétéran amer et austère, animé d'une haine tenace des Amérindiens. Il reçoit pourtant l'ordre de reconduire au Montana le chef cheyenne Yellow Hawk qui, rongé par un cancer, a demandé après sept ans de captivité, à retourner avec sa famille sur la terre de ses ancêtres. Au bord de la retraite, menacé de la cour martiale et risquant de perdre tout droit à une pension, il accepte de mauvaise grâce cette mission qui offense sa dignité de civilisateur armé sur l'ordre signé par le président Harrison. Accompagné de vétérans des guerres indiennes et d'une femme, Rosalie Quaid, dont la famille fut massacrée par des renégats comanches, il entame un long périple qui va, au gré des rencontres et drames, le transformer, jusqu'à prendre la défense de ses prisonniers contre des colons blancs racistes et finalement gagner Chicago aux côtés de Rosalie et de Little Bear, le petit-fils de Yellow Hawk. - La quête de l'étincelle d'humanité subsistant dans le cœur ténébreux des chiens de guerre, le récit bouleversant d'une lente métamorphose à travers la haine et la mort: un film lent, exigeant et violent comme peut l'être la vie, sur la réconciliation, une œuvre qui parle de la victoire possible sur les traumatismes et la peur de l'autre. Tourné dans l'ordre chronologique au Nouveau-Mexique, en Arizona et au Colorado - paysages fabuleusement photographiés - avec un casting haute classe: Christian Bale, étonnement nuancé dans ses contradictions et conflits intimes, l'Anglaise Rosamund Pike en veuve bouleversée et bouleversante, enfin les Amérindiens Wes Studi ("Dances with Wolves" de Kevin Costner) et Q'orianka Kilcher (Pocahontas dans "The New World" de Terrence Malick). Admirable.