Résultat pour: "Charles Quint"
1911 | Raison d’État. Après la bataille de Pavie (1525) (FR) Paul Gavault/Le Film d’Art (Paris), 318 m. – av. Claude Garry (François Ier), Dorival/Monteaux (Charles Quint), Suzanne Revonne (Béatrix). – Synopsis : En 1525, François Ier est blessé alors qu’il combat les troupes de Charles Quint à Pavie. Recueilli par un châtelain du voisinage, il s’éprend de Béatrix, la fille de son hôte. Alors qu’il se constitue prisonnier à Madrid, le roi ne parvient pas à oublier celle qu’il aime et la fait venir à ses côtés. Mais pour sauver l’honneur de la France, il est contraint d’épouser la sœur de Charles Quint. Béatrix se sacrifie à la raison d’État et se suicide dans un bassin. |
1911 | Raison d'État. Après la bataille de Pavie (1525) (FR) Paul Gavault/Le Film d'Art (Paris), 318 m. - av. Claude Garry (François Ier), Dorival/Monteaux (Charles Quint), Suzanne Revonne (Béatrix). - En 1525, François Ier est blessé tandis qu'il combat les troupes de Charles Quint à Pavie. Recueilli par un châtelain du voisinage, il s'éprend de Béatrix, la fille de son hôte. Alors qu'il se constitue prisonnier à Madrid, le roi ne parvient pas à oublier celle qu'il aime et la fait venir à ses côtés. Mais pour sauver l'honneur de la France, il est contraint d'épouser la sœur de Charles Quint. Béatrix se sacrifie à la raison d'État et se suicide dans un bassin. |
1963 | ® Il magnifico avventuriero / Le avventure di Benvenuto Cellini / El magnifico aventurero / L'Aigle de Florence (IT/ES/FR) de Riccardo Freda. - av. Brett Halsey (Benvenuto Cellini), Diego Michelotti (Charles Quint), Bernard Blier (le pape Clément VII), José Nieto (Charles III, Connétable de Bourbon). - Le sculpteur Cellini organise la défense du château Saint-Ange, assiégé par les troupes de Charles Quint, mais ne peut empêcher le sac terrible de la ville. Il arquebuse le Connétable de Bourbon qui a pillé, incendié et volé à l'insu de l'empereur, puis, chargé par Clément VII d'une offre de paix, il parvient à la transmettre à Charles Quint sous un déguisement de moine tout en trucidant les traîtres qui ont livré la Ville Sainte à l'ennemi. - Cf. chap. 8.5 |
1978 | (tv) Le Connétable de Bourbon (FR) de Jean-Pierre Decourt série « Les grandes conjurations », FR3-Télécip (FR3 23.9.78), 1h30 min. – av. Nicolas Silberg (Charles III, duc de Bourbon), Jacques Frantz (François Ier), Judith Magre (Louise de Savoie, mère du roi), Daniel Colas (Charles Quint), Bernard Lavalette (Saint-Vallier), Yolande Folliot (Diane de Poitiers), Laurence de Monaghan (Claude de France), Lise Delamare (Anne de France [Anne de Beaujeu]), Daniel Grimm (Pierre Terrail, seigneur de Bayard), Jean Leuvrais (le vice-roi de Lannoy), Robert Party (M. de Beaurain), Thierry Dewavrin (Matignon), Patrick Laval (Pomperant), Robert Benoît (Philibert de Châlon), Henri Villerouge (le médecin), Henri Marteau (Monseigneur Le Veneur), Jean-Pierre Bernard (Bonnivet), Lionel Vitrant. Synopsis : Premier épisode d’une série de six téléfilms conçue par Philippe Erlanger et retraçant les complots ou alliances ayant failli changer l’histoire. Celui-ci, écrit par Jean-François Chiappe, est consacré à Charles III de Bourbon (1490-1527), le dernier des grands féodaux français pouvant s’opposer au roi lui-même, son cousin. Dépourvu d’héritier et ses possessions bourbonnaises et auvergnates ayant été confisquées scandaleusement par la Couronne, Charles III engage des négociations avec Charles Quint (1523) et doit s’enfuir, accusé de trahison. Il est nommé lieutenant général de l’Empereur en Italie, combat les Français, remporte la bataille de la Sesia (où meurt Bayard), envahit la Provence, assiège Marseille, enfin bat et fait prisonnier François Ier à la bataille de Pavie. Abandonné par Charles Quint qui ne veut pas satisfaire ses ambitions, il met le siège devant Rome et meurt pendant l’assaut. – Une évocation somptueuse, un peu lourde mais d’une rigoureuse exactitude historique, illustrant la naissance d’une ère où la raison d’État prime sur la foi jurée : le connétable, homme du serment au suzerain, n’obéit que si ce dernier respecte cette foi. |
2021 | (tv) Marie de Bourgogne : seule contre tous (FR) de Benjamin Lehrer (fict.), Juliette Guérin (doc.) Série "Secrets d'Histoire" présentée par Stéphane Bern (saison 15, épis. 7), Jean-Louis Remilleux/Société Européenne de Production-France Télévisions (FR3 26.3.21), 103 min. - av. Marie Beaujeux (Marie de Bourgogne), Anthony Audoux (Maximilien), Juliette Barry (Marguerite), Louis Bernard (Hugonnet), Hervé Dandrieux (Charles le Téméraire), Clara Huet (Isabelle). - Docu-fiction: Lorsque son père, Charles le Téméraire, meurt tragiquement au combat, Marie, 20 ans, prend les rênes d'une principauté presque aussi puissante que le royaume de France et qui se déploie bien au-delà de la Bourgogne proprement dite, incluant le nord de la France, la Hollande, le Luxembourg et les riches contrées de Flandres. Elle passe ses années au pouvoir à défendre ses droits d'héritage, disputés par le roi de France, Louis XI. Courageuse, intelligente et diplomate, Marie choisit d'épouser Maximilien d'Autriche, un mariage de raison qui se transforme bientôt en une histoire d'amour. Elle donne naissance à Marguerite d'Autriche et à Philippe le Beau, père de Charles Quint, puis décède en pleine fleur de l'âge, en 1482, écrasée par son cheval lors d'une partie de chasse. Elle a néanmoins le temps de confier la régence à son mari et sauver ainsi ses possessions. |
1962 | La Salamandre d'or / Il paladino della corte di Francia (FR/IT) de Maurice Regamey Georges Mathiot/Donjon Film, Paris-Da.Ma. Cinematografica, Rome, 1h37 min. – av. Jean-Claude Pascal (Antoine de Lettes-Desprez de Montpezat), Valérie Lagrange (Anne de Pisseleu d’Heilly, duchesse d’Etampes [Anne de Guise]), Claude Titre (François Ier), John Justin (M. de Vandoeuvre), Madeleine Robinson (Louise de Savoie, la Régente), Scilla Gabel (Béatrice), Antoine Balpêtré (l’évêque), Rellys (Clotaire, le valet), Michel Galabru (l’alchimiste Cornelius), Jacqueline Riche (Perrine), René Génin (le père Cavanac), Albert Dagnant (Pablo), Jacky Blanchot (Darcan), Georges Lycan (Walter), Robert Le Béal, François Florent, Pierre Stéphen, Jacques Degor, Jo Davray. Synopsis : En 1525, François Ier est fait prisonnier par les troupes de Charles Quint en Italie et incarcéré à Madrid. Le chevalier Antoine de Montpezat, compagnon d’armes de François Ier à Pavie, est chargé par Louise de Savoie, la Régente, de remettre à l’empereur Charles Quint le montant de la rançon royale. Accompagné d’Anne d’Heilly, la favorite du roi, il gagne Madrid. Soutenant le connétable Charles III de Bourbon qui brigue le trône vacant de France, le gouverneur du Languedoc, Vandoeuvre, réussit à s’emparer de la rançon avec laquelle il compte financer une armée qui s’opposera aux partisans du roi commandés par Montpezat. La fiancée de Vandoeuvre, Béatrice, qui a aimé Montpezat, lui révèle la cachette de l’argent. Poursuivi par le conspirateur, Montpezat atteint enfin les Pyrénées où, dans une tempête de neige, les deux hommes se livrent à un combat à mort. Vainqueur, Montpezat tue le félon et assure la libération de François Ier en versant la rançon à l’empereur. Maurice Regamey, acteur, scénariste et réalisateur occasionnel (il est coupable d’une poignée de nanars avec Fernandel, Louis de Funès et Eddie Constantine, dont l’immortel « Cigarettes, whisky et petites pépées », 1959) se recycle passagèrement dans le film de cape et épée à la française, en marchant sur les traces du tandem en vogue Jean Marais-André Hunebelle. Avec toutefois un apport incongru au générique : la partition musicale est signée Joseph Kosma et Charles Aznavour ! Cette production au demeurant fort banale, en Dyaliscope et Eastmancolor, est tournée à Toulouse, à Bruges (Belgique) et sur le plateau de Lannemezan (Hautes—Pyrénées). La presse corporative l’a annoncée d’abord sous le titre de « François Ier », Jean-Claude Pascal étant prévu pour interpréter le monarque français, ce qui laisse subodorer quelques sérieux remaniements du scénario. On sait qu’après une carrière ultra-commerciale en séducteur romantique, le comédien, ancien héros de guerre, a su se reconvertir avec succès dans la chanson, puis s’orienter vers la rédaction d’ouvrages historiques (La Reine maudite, sur Marie Stuart, ou L’amant du roi, sur Louis XIII et le duc de Luynes). Son intérêt marqué pour l’Histoire pourrait expliquer la présence, dans un film aux libertés scénaristiques usuelles, de divers personnages ayant réellement existé. Ainsi, l’authentique Antoine de Lettes-Desprez, seigneur de Montpezat en Quercy (1490-1544), Chevalier de l’Ordre du Roi, fut nommé gouverneur du Languedoc en 1541 et Maréchal de France en 1543. Fait prisonnier à la bataille de Pavie en février 1925, Montpezat se proposa comme valet de chambre à François Ier, captif comme lui. Le roi, qui paya sa rançon, se servit de lui pour donner des nouvelles à la reine régente et lui faire parvenir ses ordres secrets. Il le dépêcha ainsi plusieurs fois auprès de Charles Quint et le fit capitaine de 50 hommes d’armes de ses ordonnances. Quant à Anne de Pisseleu d’Heilly (1508- ?), elle ne fut la maîtresse de François Ier qu’au retour de la captivité madrilène. Il la maria au duc d’Étampes et lui fit construire un château à Angervilliers. Elle devint la favorite en titre du roi jusqu’à la mort du souverain, en 1547. Elle tomba alors en disgrâce et fut poursuivie par le ressentiment de Diane de Poitiers qui avait souffert de ses années de pouvoir ; elle dut restituer les bijoux que le roi lui avait offerts et subit même un procès en haute trahison pour ses relations avec Charles Quint avant d’être bannie de la cour. – ES : La corona encadenada. |
1978 | (tv) Le Connétable de Bourbon (FR) de Jean-Pierre Decourt Série " Les Grandes Conjurations ", FR3-Télécip (FR3 23.9.78), 1h30 min. - av. Nicolas Silberg (Charles III, duc de Bourbon), Jacques Frantz (François Ier), Judith Magre (Louise de Savoie, mère du roi), Daniel Colas (Charles Quint), Bernard Lavalette (Saint-Vallier), Yolande Folliot (Diane de Poitiers), Laurence de Monaghan (Claude de France), Lise Delamare (Anne de France [Anne de Beaujeu]), Daniel Grimm (Pierre Terrail, seigneur de Bayard), Jean Leuvrais (le vice-roi de Lannoy), Robert Party (M. de Beaurain), Thierry Dewavrin (Matignon), Patrick Laval (Pomperant), Robert Benoît (Philibert de Châlon). Premier épisode d'une série de six téléfilms retraçant les complots ou alliances ayant marqué l'histoire. Celui-ci, écrit par Jean-François Chiappe, est consacré à Charles III de Bourbon (1490-1527), le dernier des grands féodaux français pouvant s'opposer au roi lui-même, son cousin. Dépourvu d'héritier et ses possessions bourbonnaises et auvergnates ayant été confisquées scandaleusement par la Couronne, Bourbon engage des négociations avec Charles Quint (1523) et doit s'enfuir, accusé de trahison. Il est nommé lieutenant général de l'Empereur en Italie, combat les Français, remporte la bataille de la Sesia (où meurt Bayard), envahit la Provence, assiège Marseille, enfin bat et fait prisonnier François Ier à la bataille de Pavie. Abandonné par Charles Quint qui ne veut pas satisfaire ses ambitions, il met le siège devant Rome et meurt pendant l'assaut. - Une évocation somptueuse, un peu lourde mais d'une rigoureuse exactitude historique, illustrant la naissance d'une ère où la raison d'État prime sur la foi jurée : le connétable, homme du serment au suzerain, n'obéit que si ce dernier respecte cette foi. - Filmé aux studios des Buttes-Chaumont. |
2019 | (tv-df) Anne de France ou l'honneur des Bourbons (FR) de Benjamin Lehrer (fict.) et David Jankowski Série "Secrets d'histoire" présentée par Stéphane Bern (saison 13, épis.8), Jean-Louis Rémilleux, Laurent Menec/Société Européenne de Production-France Télévisions (FR3 2.12.19), 90 min. - av. Laure Millet (Anne de France), Bruno Rochette (Pierre de Beaujeu, son époux), Nicolas Berthery (Charles de Bourbon), Jade Pradin (Anne de Bretagne), Eric Plaza-Cochet (Charles Quint), Quentin Santarelli (Louis d'Orléans), Pierre Scot (François Ier), Svitana Smirnova (Charlotte de Savoie), Marius Tuzelet (Charles VIII), Sophie Goliety (Susanne de France), Mathes Capelli. Docu-fiction avec reconstitutions sur la fille de Louis XI, régente du royaume à la mort de son père et son frère Charles VIII étant encore trop jeune pour régner. Grâce à son époux (troisième fils du duc de Bourbon), elle se retrouve à la tête du duché de Bourbon et va provoquer le rattachement de la Bretagne au royaume. |
Moyen Âge et Renaissance > ESPAGNE ET PORTUGAL > CHARLES QUINT, ROI D’ESPAGNE ET EMPEREUR GERMANIQUE
Drame en 5 actes (1830), transformé en opéra en 1844 par Giuseppe Verdi sous le titre de « Ernani » (livret de Francesco Maria Piava) ; la musique de Verdi fait oublier l’emphase et les maladresses du jeune Hugo. La pièce, créée à la Comédie-Française, déclencha une farouche bataille littéraire entre les classiques et les romantiques. - En 1519 à Saragosse. Hernani, 20 ans, est un rebelle maudit d’origine noble, à présent chef des bohémiens qui combattent la Couronne. C’est un grand d’Espagne qui vit en proscrit depuis des années dans les montagnes et veut rétablir l’honneur de son nom en vengeant son géniteur condamné à l’échafaud par Philippe le Beau, le père de l’actuel monarque. Hernani aime et est aimé par Doña Sol de Silva, la nièce du vieux Don Ruy Gomez da Silva, le duc de Pastrania qui complote contre le jeune roi et qu’elle est forcée d’épouser par décision royale. Ils songent à s’enfuir. Mais le nouveau roi d’Espagne, Don Carlos Ier (Charles Quint), sur le point d’être couronné empereur, aime lui aussi Doña Sol. Hernani et Don Carlos se découvrent rivaux. Hernani rejoint la belle à la veille de son mariage forcé au château de son oncle, mais Charles Quint et ses soldats sont à ses trousses. Les lois de l’hospitalité empêchent le duc de livrer Hernani au roi, qui, lui, prend Doña Sol en otage. À Aix-la-Chapelle, Hernani dévoile sa véritable identité – Juan, duc d’Aragon - à Charles Quint ; celui-ci lui accorde son pardon et lui donne en mariage Doña Sol, au désarroi du vieux duc. Hernani alias Juan d’Aragon épouse donc Doña Sol, mais l’oncle intervient violemment et le trio finit par se suicider dans un simulacre de nuit de noces fatale.
Les Dix-Sept Provinces des Pays-Bas sont à l’origine des principautés féodales relevant soit du royaume de France (comté de Flandre, etc.), soit du Saint Empire (duché de Brabant, comté de Hainaut, Hollande, Zélande, etc.). Devenues des possessions de la maison de Bourgogne en 1406, notamment de Charles le Téméraire, elles sont échues par le jeu des alliances matrimoniales à la maison de Habsbourg, suite à l’union à Gand en 1477 de Marie de Bourgogne (fille du Téméraire) avec l’empereur Maximilien Ier. Le petit-fils de ce dernier, Charles Quint, à la fois empereur allemand et roi d’Espagne en 1519, est à son tour également duc de Brabant et comte de Flandre. Prudent, il préserve une certaine autonomie aux dix-sept provinces des Pays-Bas et favorise Anvers, qui devient la cinquième ville d’Europe après Paris, Londres, Venise et Naples. Mais sous son fils Philippe II d’Espagne (né à Valladolid, de formation rigoureusement catholique et hispanique), la situation bascule avec le déclenchement de la guerre de Quatre-Vingts Ans, révolte armée d’une partie des Pays-Bas contre la tyrannie religieuse espagnole menée de 1568 à 1648, conflit qui aboutit à la division des Néerlandais et à la sécession des provinces protestantes du Nord, désormais réunies en République des Provinces-Unies et soutenues par l’Angleterre et les huguenots français.
1963 | * Il magnifico avventuriero / Le avventure di Benvenuto Cellini / El magnifico aventurero / L'Aigle de Florence (IT/ES/FR) de Riccardo Freda Ermanno Donati, Luigi Carpentieri/Panda Società per l'Industria Cinematografica Sp.A. (Roma)-Hispamer Film (Madrid)-Les Films du Centaure (Paris), 93 min. - av. Brett Halsey (Benvenuto Cellini), Françoise Fabian (la comtesse Lucrezia Frangipani), Claudia Mori (Piera), Giampiero Littera (Francesco Cellini), Rossella Como (Angela), Jacinto San Emeterio (François Ier), Diego Michelotti (Charles Quint), Andrea Bosic (Michelangelo), Bernard Blier (le pape Clément VII), José Nieto (Charles III, Connétable de Bourbon), Elio Pandolfi (un comédien), Felix Defauce (le comte Frangipani), Umberto D'Orsi (Cosimo de' Medici, grand-duc de Toscane). Synopsis : Le jeune Cellini veut réaliser une œuvre qui lui permettrait de gagner le concours organisé par Cosme de Médicis. Pour cela, aidé de son frère Francesco, il vole de l'or et des bijoux dans la boutique de l'orfèvre Bandinelli. Le vol est découvert, mais grâce à l'appui de Michel-Ange, Cellini gagne tout de même le prix. Oubliant sa promesse de mariage à sa fiancée Angela, il crée un atelier pour y sculpter une statue de Persée en honneur du grand-duc. Bandinelli et ses amis incendient l'atelier, Benvenuto et son frère fuient la Toscane. Remarqué par François Ier, le sculpteur est engagé pour escorter à Rome le comte et historien Frangipani. En cours de route, il séduit la belle Lucrezia, l'épouse du comte, et s'attache le service de sa camériste, Piera. Le pape Clément VII le charge de battre monnaie, mais Cellini mélange un peu trop le plomb et l'or et prend quelques libertés avec le trésor papal. Il échappe à la pendaison grâce au siège de Rome par les réitres de Charles Quint que commande le fourbe connétable de Bourbon ; Cellini organise la défense du château de Saint-Ange en 1527, mais ne peut empêcher le sac terrible de la ville. Cellini arquebuse le connétable qui a pillé, incendié et volé à l'insu de l'empereur, puis, chargé par le pape d'une offre de paix, il parvient à le transmettre à Charles Quint sous un déguisement de moine tout en trucidant les traîtres qui ont livré la Ville Sainte à l'ennemi. Grâcié, Cellini retourne à Florence aux côtés de Piera, qu'il épouse, et il y parachève son œuvre maîtresse : Persée tenant la tête coupée de la Méduse. Un récit à la Alexandre Dumas, aux surprises et rebondissements constants, puis qui s'emballe à partir du siège de Rome dans une cascade de scènes aux coloris remarquablement choisis et de fort beaux mouvements de grue pour recréer les horreurs du saccage de la ville par les mercenaires luthériens. Cellini a effectivement affirmé avoir tué le connétable Charles III, duc de Bourbon, et blessé Philibert de Châlon, prince d'Orange. La dernière séquence, où " l'homme aux mille vies " travaille d'arrache-pied à la fonte de son Persée et jette au feu tout ce qui peut brûler, ne manque pas de panache. Dans le régistre satirique, on n'est pas près d'oublier le défi inqualifiable que lance le duc de Florence à ses médecins et prélats bouleversés en inaugurant avec audace une baignoire (il garde ses pantalons) et en prophétisant qu'à l'avenir, ses compatriotes l'imiteront au moins une fois par an ! Freda tourne en Cinemascope et Technicolor avec un budget serré en mars-avril 1963 aux studios romains d'IN.CI.R-De Paolis, en extérieurs à Florence (Palazzo Vecchio, Loggia dei Lanzi), à Rome (château Saint-Ange, Castello e Borgo d'Ostia Antica), à Bracciano (château Odescalchi, Tenuta Vita Grande) et en Espagne (monastère royal de Santa María d'El Paular à Rascafría). L'attachant Cellini campé par l'Américain Brett Halsey, qui fut Don César de Bazan dans Le sette spade del vendicatore / Sept épées pour le roi de Freda en 1962, est à la fois un artiste et un spadassin fougeux (mais sans longue barbe), et Françoise Fabian, veuve du cinéaste Jacques Becker, resplendissante en comtesse délaissée, se laisse séduire avec élégance. Un somptueux album d'images plein de malice et de clins d'œil, très représentatif du talent particulier de Freda et de ses sympathies pour des aventuriers anarchistes à la limite de la légalité. - US : The Burning of Rome, DE : Mit Faust und Degen. |
Moyen Âge et Renaissance > ESPAGNE ET PORTUGAL > CHARLES QUINT, ROI D’ESPAGNE ET EMPEREUR GERMANIQUE
1957 | ® Il corsaro della Mezzaluna / La Belle et le Corsaire (IT/FR) de Giuseppe Maria Scotese. - av. Gianna Maria Canale (Doña Catarina, infante d'Espagne), Paul Müller (Charles Quint). – En 1529, un corsaire barbaresque d’origine française et allié à François Ier s'empare de la sœur de Charles Quint au moment où celui-ci envahit l’Italie avec son armée. Cf. Italie chap. 6.1 : guerres d’Italie. |
2021 | (tv-df) Marie de Bourgogne : seule contre tous (FR) de Benjamin Lehrer (fict.), Dominique Leeb Série « Secrets d’histoire » présentée par Stéphane Bern, Jean-Louis Remilleux/Société Européenne de Production-France Télévisions (FR3 26.4.21), 102 min. – av. Anthony Audoux (Maximilien de Habsbourg), Marie Beaujeux (Marie de Bourgogne), Juliette Barry (Marguerite), Louis Bernard (le chancelier Guillaume Hugonet), Hervé Dandrieux (Charles le Téméraire), Clara Huet (Isabelle), Eva Arnaud, Eric Bijon, Junon Bouteille, Bruno Desplanche, Adrien Philippon, Mathieu Theoleyre, Clément Vullion. Grand-mère de Charles Quint et épouse de Maximilien de Habsbourg, futur empereur du Saint-Empire romain germanique, Marie de Bourgogne passe l’essentiel de ses années au pouvoir dans son duché à défendre ses droits d’héritage, disputés par Louis XI. |
Jeanne Ière de Castille dite Jeanne la Folle (Juana la Loca) (1479-1555), reine de Castille et d’Aragon. Elle est le troisième enfant des Rois Catholiques et la mère de Charles Quint (Carlos I), futur roi d’Espagne et empereur tout-puissant du Saint-Empire. En 1496, à 18 ans, elle épouse Philippe de Habsbourg dit Philippe le Beau (Felipe el Hermoso), fils de l’empereur Maximilien Ier et de la duchesse Marie de Bourgogne. Juana monte sur le trône à la mort de sa mère en 1504. Le couple a six enfants, mais la reine supporte de moins en moins les constantes infidélités de son époux qu’elle adore, passion excessive qui lui fait oublier ses devoirs dynastiques et la rend imprévisible. Après la mort subite de Philippe le Beau en 1506 (qui a fait destituer son épouse cette même année), elle présente un déséquilibre mental progressif. Son père Ferdinand d’Aragon la fait enfermer au couvent de Santa Clara à Tordesillas, mais elle refuse d’abdiquer et reste nominalement reine d’Espagne jusqu’à sa mort en 1555, à l’âge de 76 ans (dont 46 en réclusion). Son père, puis son fils Carlos Ier et le vieux cardinal Francisco Jiménez de Cisneros assument la régence.
Le drame de la fille d’Isabelle la Catholique a inspiré plusieurs dramaturges, dont Manuel Tamayo y Baus (La Locura de Amor, 1855), Alexandre Parodi (La Reine Juana, 1869), François Aman-Jean (Jeanne la Folle, 1949), Emmanuel Roblès (Un château en novembre, 1984). La reine apparaît aussi dans la pièce Le Cardinal d’Espagne d’Henry de Montherlant (1960).
Le drame de la fille d’Isabelle la Catholique a inspiré plusieurs dramaturges, dont Manuel Tamayo y Baus (La Locura de Amor, 1855), Alexandre Parodi (La Reine Juana, 1869), François Aman-Jean (Jeanne la Folle, 1949), Emmanuel Roblès (Un château en novembre, 1984). La reine apparaît aussi dans la pièce Le Cardinal d’Espagne d’Henry de Montherlant (1960).
Au sortir de la guerre de Cent Ans, la France s’enivre des vestiges de l’Antiquité classique. Tandis que l’Espagne et le Portugal envoient leurs navigateurs découvrir (et asservir) le monde, les derniers Valois, se prévalant d’héritages lointains, embarquent leur royaume dans soixante-cinq ans de sanglants et ruineux rêves transalpins, croyant que la Péninsule italienne, morcelée en petits États disparates, serait facile à conquérir. Prise entre Venise, la papauté, les Habsbourg de Vienne à Madrid, l’Angleterre et le jeu aléatoire des alliances locales, la France se heurte à une résistance dont elle ne viendra pas à bout. La véritable conquête se fait en sens inverse, et sans armes : à travers les idées et les arts de la Renaissance.
CHARLES VIII dit « l’Affable » 1483 / 1498
Né en 1470, fils de Louis XI et de Charlotte de Savoie. Reine: Anne de Bretagne en 1491 (1477-1514). Il devient roi à treize ans (sous la régence intelligente de sa sœur, Anne de Beaujeu, dite Anne de France). Prince romanesque nourri des récits de chevalerie, il rêve d’Italie. Son père ayant hérité le titre de roi de Naples, il consacre énergie et fortune à la reconquête de ce trône virtuel. La première campagne d’Italie avec Bayard (1494/1497) se solde par un échec. Il meurt accidentellement à 28 ans, sans enfants, après 15 ans de règne.
LOUIS XII dit « le Père du Peuple » 1498 / 1515
Né en 1462 (Louis d’Orléans), gendre de Louis XI et beau-frère de Charles VIII. Reines : Jeanne de Valois, fille de Louis XI (1464-1505) ; Anne de Bretagne en 1499 (1477-1514) ; Marie Tudor/Mary of York en 1514 (?-1533), sœur d’Henry VIII. Héritier du duché de Milan par sa grand-mère, une Visconti, il lève une armée pour en chasser le duc, Ludovic Sforza le More, monte jusqu’à Naples et reperd le tout après quatorze ans de guerre (quatre campagnes d’Italie, 1499/1500, 1500/1504 et 1508/1513). Ces expéditions militaires éloignent toutefois la noblesse turbulente du territoire national et ramènent le calme dans le royaume.
FRANÇOIS Ier
1515 / 1547
Né en 1494, cousin et gendre de Louis XII, décédé à 53 ans. Épouses : Claude de France (1499-1524) ; Éléonore d’Autriche (1498-1558), sœur de Charles Quint. Raffiné, dépensier et homme de goût, il fait venir en France les meilleurs artistes transalpins (Léonard de Vinci, Benvenuto Cellini), achète des œuvres de Michel-Ange, de Raphaël, du Titien, fait bâtir ou rénover divers châteaux de la Loire (Blois, Chambord, Fontainebleau), crée un protocole de la cour et pose les bases de la monarchie absolue : on passe de la suzeraineté à la souveraineté, le royaume devient la propriété du roi. En 1530, il fonde le Collège de France et remplace le latin et les langues régionales par le français dans les textes officiels dès 1539: le français devient la langue unique du royaume. Sur le plan extérieur, il aime le fracas des armes, mais se révèle un stratège déplorable pendant les quarante ans de guerre qui l’opposent aux armées de Charles Quint, empereur germanique, héritier des maisons d’Autriche, de Bourgogne, de Castille et d’Aragon : au total, six campagnes en Italie, avec des victoires éphémères à Milan, Naples, Marignan (1515), puis une défaite écrasante à Pavie (1525). Fait prisonnier, François Ier passe une année en captivité à Madrid, puis, libéré, renie ses engagements forcés et s’allie avec les princes protestants allemands (1531) et même avec le « Grand Turc », Soliman le Magnifique (1536), toujours dans le vain espoir de terrasser Charles Quint et les cités italiennes. Il contracte en 1543 l’alliance du croissant et du lys avec les armées du corsaire Barberousse (dont la marine ottomane est basée à Alger) qui s’installent à Toulon. La France est alors la seule nation d’Occident à faire alliance avec l’empire ottoman … tout en dénonçant les « Sarrasins » qui sont aux portes de Vienne !
HENRI II
1547 / 1559
Né en 1519, fils de François Ier et de Claude de France. Épouse : Catherine de Médicis (1519-1589). Favorite : Diane de Poitiers (1499-1566). Après l’échec d’une onzième et dernière campagne en Italie, il abandonne les prétentions territoriales de ses prédécesseurs pour se concentrer sur les finances exsangues du pays et signe la paix du Cateau-Cambrésis avec les Habsbourg en 1559. Il décède à 40 ans des suites d’un accident de tournoi, au moment critique où le pays a besoin d’un pouvoir fort pour résister à la famille de Guise (qui dirige la puissante Sainte Ligue catholique et fait de l’ombre à la couronne) ainsi qu’à la poussée menaçante des huguenots.
CHARLES VIII dit « l’Affable » 1483 / 1498
Né en 1470, fils de Louis XI et de Charlotte de Savoie. Reine: Anne de Bretagne en 1491 (1477-1514). Il devient roi à treize ans (sous la régence intelligente de sa sœur, Anne de Beaujeu, dite Anne de France). Prince romanesque nourri des récits de chevalerie, il rêve d’Italie. Son père ayant hérité le titre de roi de Naples, il consacre énergie et fortune à la reconquête de ce trône virtuel. La première campagne d’Italie avec Bayard (1494/1497) se solde par un échec. Il meurt accidentellement à 28 ans, sans enfants, après 15 ans de règne.
LOUIS XII dit « le Père du Peuple » 1498 / 1515
Né en 1462 (Louis d’Orléans), gendre de Louis XI et beau-frère de Charles VIII. Reines : Jeanne de Valois, fille de Louis XI (1464-1505) ; Anne de Bretagne en 1499 (1477-1514) ; Marie Tudor/Mary of York en 1514 (?-1533), sœur d’Henry VIII. Héritier du duché de Milan par sa grand-mère, une Visconti, il lève une armée pour en chasser le duc, Ludovic Sforza le More, monte jusqu’à Naples et reperd le tout après quatorze ans de guerre (quatre campagnes d’Italie, 1499/1500, 1500/1504 et 1508/1513). Ces expéditions militaires éloignent toutefois la noblesse turbulente du territoire national et ramènent le calme dans le royaume.
FRANÇOIS Ier
1515 / 1547
Né en 1494, cousin et gendre de Louis XII, décédé à 53 ans. Épouses : Claude de France (1499-1524) ; Éléonore d’Autriche (1498-1558), sœur de Charles Quint. Raffiné, dépensier et homme de goût, il fait venir en France les meilleurs artistes transalpins (Léonard de Vinci, Benvenuto Cellini), achète des œuvres de Michel-Ange, de Raphaël, du Titien, fait bâtir ou rénover divers châteaux de la Loire (Blois, Chambord, Fontainebleau), crée un protocole de la cour et pose les bases de la monarchie absolue : on passe de la suzeraineté à la souveraineté, le royaume devient la propriété du roi. En 1530, il fonde le Collège de France et remplace le latin et les langues régionales par le français dans les textes officiels dès 1539: le français devient la langue unique du royaume. Sur le plan extérieur, il aime le fracas des armes, mais se révèle un stratège déplorable pendant les quarante ans de guerre qui l’opposent aux armées de Charles Quint, empereur germanique, héritier des maisons d’Autriche, de Bourgogne, de Castille et d’Aragon : au total, six campagnes en Italie, avec des victoires éphémères à Milan, Naples, Marignan (1515), puis une défaite écrasante à Pavie (1525). Fait prisonnier, François Ier passe une année en captivité à Madrid, puis, libéré, renie ses engagements forcés et s’allie avec les princes protestants allemands (1531) et même avec le « Grand Turc », Soliman le Magnifique (1536), toujours dans le vain espoir de terrasser Charles Quint et les cités italiennes. Il contracte en 1543 l’alliance du croissant et du lys avec les armées du corsaire Barberousse (dont la marine ottomane est basée à Alger) qui s’installent à Toulon. La France est alors la seule nation d’Occident à faire alliance avec l’empire ottoman … tout en dénonçant les « Sarrasins » qui sont aux portes de Vienne !
HENRI II
1547 / 1559
Né en 1519, fils de François Ier et de Claude de France. Épouse : Catherine de Médicis (1519-1589). Favorite : Diane de Poitiers (1499-1566). Après l’échec d’une onzième et dernière campagne en Italie, il abandonne les prétentions territoriales de ses prédécesseurs pour se concentrer sur les finances exsangues du pays et signe la paix du Cateau-Cambrésis avec les Habsbourg en 1559. Il décède à 40 ans des suites d’un accident de tournoi, au moment critique où le pays a besoin d’un pouvoir fort pour résister à la famille de Guise (qui dirige la puissante Sainte Ligue catholique et fait de l’ombre à la couronne) ainsi qu’à la poussée menaçante des huguenots.
1989 | *(tv) Catherine de Médicis (FR) d’Yves-André Hubert Parties : 1. Le Tocsin de la Saint-Barthélemy : 1568-1572 – 2. Le Rendez-vous de Blois : 1584-1588 Antenne 2 (A2 18+19.4.89), 2 x 1h30 min. – av. Alice Sapritch (Catherine de Médicis), Aurélien Recoing (Henri, duc de Guise), Simon Eine (Gaspard II, amiral de Coligny), Vincent Gauthier (Charles IX), Jean Dalric (le duc d’Anjou/Henri III), Isabelle Gélinas (Marguerite de Valois, dite la reine Margot), Vincent Garanger (Henri de Navarre, futur Henri IV), Emmanuelle Riva (Jeanne d’Albret, sa mère, reine de Navarre), Dominique Ollivier (François d’Alençon), Jean Bollery (Henri de Bourbon, prince de Condé), Roland Lacoste (M. de Bezons), André Thorent (Gaspard de Saulx, seigneur de Tavannes), Philippe Desboeuf (Michel de l’Hospital), Jean Alric (Louis de Guise, cardinal de Lorraine), Toni Cecchinato (Albert de Gondi), Hélène Roussel (la duchesse de Nemours), Emmanuelle Grange (Marie Touchent), Christian Cloarec (Louis de Bérenger, seigneur de Guast), Jean-Pierre Moreux (l’ambassadeur d’Espagne), Serge Hureau (l’astronome Cosimo Ruggieri), François Montagut (M. de Lignerolles), Didier Raymond (François de Clèves, duc de Nevers), Edouard Hastings (Blaise de Montesquiou). Synopsis : Nièce du pape Clément VII, fille de banquiers florentins, Catherine de Médicis, dite « l’étrangère », a épousé la France à l’âge de quatorze ans. Ayant du accepter beaucoup d’humiliations sous un masque impassible, elle est à présent veuve de son bien-aimé Henri II et inconsolable de la grandeur perdue de feu son beau-père, François Ier. Son fils Charles IX est sur le trône, faible et colérique. Le frère de ce dernier, l’éclatant duc d’Anjou (futur Henri III) batifole entre sa sœur Margot et ses mignons. Mais au Louvre, c’est Catherine qui règne. Les chefs protestants Condé et Coligny résistent, assiégés à La Rochelle. Anjou exécute froidement Condé après sa victoire à Jarnac. Aux yeux des catholiques comme des protestants, la tolérance de l’autre est un « péché ». Pour amadouer les huguenots et sceller la paix, Catherine donne sa fille Marguerite à Henri de Navarre, propose son fils Anjou en mariage à Élisabeth d’Angleterre et rappelle Coligny à la cour, mais la Saint-Barthélemy annihile tous les projets de réconciliation. Nostradamus ayant prédit qu’un protestant, Henri de Navarre, hériterait de la couronne, les ultras catholiques menés par les Guise arment la Sainte Ligue avec l’appui de l’Espagne. A soixante-cinq ans, Catherine, malade, légèrement à l’écart du pouvoir, reprend du service pour négocier une paix avec les Guise, qui acceptent à condition que le roi déclare la guerre à son cousin Henri de Navarre. L’armée d’Henri de Guise s’installe à Paris, et face aux atermoiements royaux, la population voit en lui le seul rempart solide contre les hérétiques. Catherine finit par laisser programmer l’assassinat de Guise pour sauver son fils. Une seule religion : le pouvoir Hubert et son scénariste Paul Savatier adaptent pour le petit écran, en couleurs, la remarquable biographie éponyme de Jean Orieux (Flammarion, 1986), illustrant la dégénérescence des Valois, la rouerie des alliances de part et d’autre, et le peu de religion qu’on trouvait dans ces guerres de pouvoir. Leur téléfilm a le mérite d’éviter l’écueil complaisant des turpitudes qui ont fait le succès et le scandale de séries historiques comme « I, Claudius », « Les Rois maudits » ou, plus tard, « The Tudors », au risque de frustrer les spectateurs qui ne connaîtraient pas tous les rouages politiques du XVIe siècle, car il eût fallu, pour éclairer cette période si agitée, une durée d’antenne beaucoup plus importante. On ne peut cependant que saluer cette tentative de réhabiliter la redoutable Italienne qui gouvernait la France dans l’ombre de sa progéniture (qu’elle avait la faiblesse de trop aimer), de corriger les clichés, d’expliquer sa psychologie. La cour la craignait et la méprisait (« une fille de marchand », selon Marie Stuart). Machiavélique et sans scrupules, sans doute, gouvernant par la dissimulation et la ruse, mais véritable chef d’État, soucieuse en priorité de préserver la couronne des Valois, la régente a durant toute sa vie préféré une paix plus ou moins bien négociée (des « édits de tolérance ») à la perpétuation de massacres – elle qui vécut horrifiée le sac de Rome par les reîtres de Charles Quint. Sa seule religion était le pouvoir. Débordée par la violence des haines religieuses, elle laissa faire plutôt qu’elle n’inspira la Saint-Barthélemy, dont le point de départ, justement, est explicité ici en détail : à la cour à Paris, le protestant Coligny a pris un dangereux ascendant sur Charles IX, qu’il presse de déclarer les hostilités au très catholique et intransigeant Philippe II d’Espagne. Puis, comme il prépare un coup de force, Catherine se résout à le faire assassiner. Coligny en réchappe, blessé, sur quoi la reine-mère parvient à convaincre son fils du complot protestant. La fureur de Charles IX, cyclothymique notoire, éclate dans un cri : « Tuez-les tous ! », et alors qu’il s’agissait d’occire sans mollir une dizaine de chefs, l’opération dérape en un pogrom généralisé ... (1). En revanche, les historiens récusent toute implication de Catherine, vieille, gravement malade et tenue à l’écart par Henri III, dans le meurtre des Guise en 1588. Alice Sapritch, dont c’est le dernier rôle à l’écran (elle décédera en mars 1990), domine la distribution par sa silhouette et son jeu maîtrisé, sans jamais sombrer dans la caricature ; dommage qu’elle ait renoncé à l’accent italien qu’exécrait tant la cour. Elle avait déjà campé la « reine veuve » (elle porta le deuil de son époux jusqu’à la mort) dans « La Reine Margot » (tv 1961, cf. infra). (1) – Selon l’historiographie moderne, les responsables de l’attentat et du massacre qui s’ensuivit seraient les Guise, les agents espagnols de Philippe II, la population exarcerbée de Paris et, peut-être le duc d’Anjou (futur Henri III), qui aurait pu chercher par ce crime d’État à s’imposer dans le gouvernement. Le lendemain du déclenchement de la boucherie, Catherine de Médicis fait condamner ces crimes par une déclaration de Charles IX et menace les Guise de la justice royale. Mais l’implication du duc d’Anjou, son propre fils, lui lie les mains. |
Moyen Âge et Renaissance > ESPAGNE ET PORTUGAL > CHARLES QUINT, ROI D’ESPAGNE ET EMPEREUR GERMANIQUE
2020 | (tv-df) Kaiser Karl V. – Wunsch und Wirklichkeit (Charles Quint, le dernier chevalier) (DE/AT) de Wilfried Hauke Nikolaus et Ingrid Klingohr, Stephan Hönigmann/Interspot Film Wien-ZDF-ORF-Arte (ORF 29.12.20 / Arte 2.1.21), 57 min. – av. Alvaro Cervantes (Charles Quint), Blanca Suárez (Isabelle de Portugal, son épouse), Mingo Ràfols (Martin Luther), Mercedes Escherer (narration). L’échec du souverain du plus grand empire au monde, un homme amer, déçu dans tous ses rêves d’établir une monarchie universelle catholique et qui, fatigué après 36 ans de règne et de combats perpétuels, finit par abdiquer en faveur de son fils. Seule sa famille connaissait son véritable profil : sa tante Marguerite d’Autriche qui l’a éduqué, son frère Ferdinand qui a hérité du titre d’empereur, sa sœur Marie, reine consort de Hongrie et de Bohème qui partageait ses idées, enfin et surtout son épouse adorée Isabelle de Portugal, morte en couches à 36 ans. Le docu-fiction cerne fort bien tout ce qui séparait chez lui « le souhait et la réalité » (sous-titre du film). |
Cette comédie facétieuse, légèrement parodique – tournée à Cinecittà par un des chantres du cinéma mussolinien (« Scipione l’Africano », 1935) et inédite en France – est une adaptation des Contes de la reine de Navarre, ou la revanche de Pavie, une pièce en cinq actes d’Eugène Scribe et Ernest Legouvé (1861). Outre Gino Cervi, futur Peppone, on y découvre Clara Calamai, qui sera l’année suivante la femme fatale d’ « Ossessione (Les Amants diaboliques) » de Visconti, et la stupéfiante Valentina Cortese (l’épave alcoolique de « La Nuit américaine » de Truffaut). C’est du vaudeville en costumes (titre de tournage : « L’allegre regina »), statique, bavard, mais aussi l’unique film consacré à Marguerite de Navarre/Valois-Angoulême ou d’Orléans (1492-1549), sœur de François Ier, grand-mère d’Henri IV et l’une des rares femmes de lettres de son temps (L’Heptaméron, Marguerites de la Marguerite des princesses, etc.). Elle devint le centre de la cour où elle jouit d’un ascendant très supérieur à celui des épouses successives du roi. Son premier mari, Charles d’Alençon, rescapé de Pavie, décéda peu avant son départ pour Madrid, où elle fut effectivement envoyée pour négocier la libération de son frère. Mais Charles Quint ne voulut pas entendre parler de rançon et exigea la rétrocession de la Bourgogne dont il était théoriquement héritier par sa grand-mère. Sur ce point, la mission de Marguerite fut un échec, mais elle permit d’apporter à François Ier un sérieux réconfort et elle en tira prestige et popularité. Peut-être le traitement de cette matière, quinze mois après la défaite française de mai 1940, n’est-il pas innocent : faut-il y lire une invitation à collaborer dans la bonne humeur avec le vainqueur du moment ? – GB : Queen of Navarra. |
Le grand rôle féminin est confié à l'Anglaise Glynis Johns, qui fut une capricieuse mais craquante sirène dans la fantaisie Miranda d'Annakin en 1948. À en croire les témoins et les peintres de l'époque, Mary Tudor fut effectivement une beauté, courtisée en vain par tous les célibataires couronnés d'Europe, y compris le futur empereur Charles Quint. Éconduit, François Ier, encore comte d'Angoulême, aurait fait surveiller étroitement la « reine blanche » (couleur du deuil à l'époque), car toute grossesse de la reine-veuve pouvait l'écarter du trône, ce qui était le souhait secret de son oncle Louis XII. Selon certains, la reine, appelée Marie d'Angleterre, voulait un fils pour garder son titre et ne pas être renvoyée à Londres après la mort de son époux. Lorsque François Ier la surprit à Cluny avec Charles Brandon, de douze ans son aîné, déjà duc de Suffolk et un ami d'enfance d'Henry VIII, il les obligea à se marier la nuit même, puis les expédia tous deux le lendemain en Angleterre ! Le mariage se fit sans l'autorisation d'Henry VIII. Mary, à présent duchesse de Suffolk, lui donna trois enfants. Ses relations avec son frère se tendirent plus tard, lorsqu'elle s'opposa à la demande d'annulation du mariage de son frère avec Catherine d'Aragon, n'appréciant guère Anne Boleyn qui avait été une de ses dames d'honneur à la cour de France. Sur ce point, le film d'Annakin-Disney est certes historiquement des plus fantaisistes, et le remarquable Henry VIII de James Robertson Justice, 110 kilos, truculent et colérique comme le veut la légende, est loin de la réalité : en 1515, le monarque n'arborait que vingt-trois ans, un jeune homme svelte et athlétique qui n'avait pas encore la corpulence que le film lui attribue. Quant au rôle néfaste du duc de Buckingham, en réalité dûment marié et père de sept enfants, c'est une invention du romancier. Disney surveille et commente les moindres détails du storyboard depuis ses bureaux californiens à Burbank, puis laisse à Annakin une grande liberté pour le reste, dialogues compris. Les membres de la cour de France sont tous interprétés par des acteurs français, Gérard Oury, Jean Mercure, Fernand Fabre et Robert Le Beal. On filme de juillet à novembre 1952 aux studios de Pinewood avec quelques extérieurs dans le domaine de Wilton Park (Wiston House) à Beaconsfield (Buckinghamshire), qui tient lieu de Windsor Castle, et dans la crique de Chapmans Pool sur l’île de Purbeck (Dorset). Les magnifiques « glass paintings » de Peter Ellenshaw qui complètent les prises de vues réelles (62 peintures) sont un apport majeur dans la recréation scrupuleuse du siècle des Tudor (Ellenshaw gagnera Hollywood par la suite, où il créera pour Disney les visuels de Vingt-mille lieues sous les mers). Autres collaborations notables que celles de Carmen Dillon, qui conçut les décors oscarisés du Hamlet de Laurence Olivier quatre ans plus tôt, et de Geoffrey Unsworth, qui deviendra avec Jack Cardiff un des meilleurs directeurs de la photographie en couleurs du Royaume-Uni (2001 : A Space Odyssey de Stanley Kubrick, 1968). Ces talents font de The Sword and the Rose un livre d'images assez plaisant, à la narration bien rythmée et dont le charme très « fifties » reste intact. Mais Disney s'est un peu trompé de cible : en dépit de grands et bons sentiments, les dialogues assez enlevés, souvent empreints d'humour et d'ironie, les enjeux politiques de la cour et les complications scénaristiques ne sont pas toujours à la portée d'un jeune public. Disney n'engrange qu'une recette honorable de 2,5 millions de $. Son film sera repris par la chaîne de « Disneyland » sur ABC Television et diffusé en deux parties sous le titre de When Knighthood Was in Flower (4+11.1.1956). DE: Eine Prinzessin verliebt sich, AT: Schwert und Rose, ES: La espada y la rosa, IT: La spada e la rosa. |
Moyen Âge et Renaissance > ESPAGNE ET PORTUGAL > CHARLES QUINT, ROI D’ESPAGNE ET EMPEREUR GERMANIQUE
1943 | * Le Brigand gentilhomme (FR) d’Émile Couzinet Émile Couzinet/Burgus Films (Royan), 98 min. - av. Robert Favart (Don Fernando de Torillas, dit El Salteador), Katia Lova (la bohémienne Ginesta, demi-sœur de Charles Quint), Michel Vitold (l’empereur Charles Quint, le roi Don Carlos Ier), Jean Périer (Don Iñigo Velazquez de Haro, Grand Justicier d’Andalousie, 1465-1524), Michèle Lahaye (Doña Flora, sa fille), Jean Weber (Don Ramiro d’Avila, son amoureux), Romuald Joubé (Don Ruiz de Torillas, père de Don Fernando), Catherine Fonteney (Doña Mercédes de Mendi, son épouse), Gaston Modot (Terriblo), Albert Rieux (Vicente), Louis Florencie (le moine), Georges Péclet (Don Alvaro), Léon Bary (le capitaine des alguazils), Raymond Narlay (le grand chambellan), René Bourbon (Calabasas), Jacques Meyran (Camacho), Sarlande (le capitaine des gardes), Serge Dupeux (le bourreau) et les Ballets espagnols « Palacios ». Synopsis : En juin 1519 à Burgos, Don Fernando de Torillas, fils d’un grand d’Espagne et gentilhomme de la cour royale de Don Carlos Ier (Charles Quint), tue en duel un ami, frère de sa bien-aimée. Les duels étant interdits, il fuit la police (les alguazils) et trouve refuge auprès de brigands – les saltéadores – dans la Sierra Nevada dont il devient le chef, puis transforme la bande en redresseurs de torts afin de punir les riches et protéger les pauvres. Une bohémienne, Ginesta, s’éprend de lui. Don Fernando délivre Don Iñigo Velazquez et sa fille Doña Flor, capturés sans son accord, et les reconduit à Grenade. Nommé Grand Justicier, Don Iñigo Velazquez (un ancien compagnon de Christophe Colomb) est chargé de mettre fin aux agissements des brigands. Traqués, ceux-ci sont sauvés par Ginesta, qui se trouve être la demi-sœur de Charles Quint, fille naturelle du très volage Philippe le Beau. Elle se fait reconnaître et obtient la grâce de Don Fernando. Ce dernier gagne le château paternel où sont hébergés Don Iñigo Velazquez et sa fille dont il est amoureux, mais Doña Flor étant courtisée par Don Ramiro, il tire l’épée et croise le fer avec son rival. Furieux, l’empereur-roi est contraint d’ordonner son exécution. Don Iñigo Velazquez révèle alors au malheureux qu’il est son vrai père par la suite d’une liaison avec sa mère, Doña Mercédes, qu’il n’avait pu épouser, et qu’une union avec sa demi-sœur est donc exclue. Venant d’être élu à la tête du Saint-Empire romain germanique, Charles Quint se montre clément, fait exécuter un autre brigand sous le nom et à la place de Don Fernando et expédie ce dernier au Mexique avec Ginesta, anoblie par la Couronne. L’intrigue est abracadabrante à souhait, mais provient d’un roman peu connu d’Alexandre Dumas, El Saltéador ou Le Gentilhomme de la Montagne (1854) dans lequel le prolifique écrivain s’inspire – sans le dire - du soulèvement des Comuneros castillans contre Charles Quint (cf. infra, La Leona di Castilla, 1951). Quant au film relativement modeste qu’on en tire en France occupée, il est signé Émile Couzinet, le fameux « roi du nanar franchouillard », producteur-réalisateur auvergnat responsable des hilarants navets que sont Le Club des Fadas, Trois vieilles filles en folie, Quand te tues-tu ? ou La Famille Cucuroux... Couzinet, plutôt spécialisé dans la gaudriole de bas étage, co-signe prudemment l’adaptation du roman avec Albert Dieudonné, l’inoubliable Bonaparte du Napoléon d’Abel Gance, et se fait assister pour les scènes d’action par le vétéran réalisateur Joë Hamman, connu jadis pour avoir interprété Arizona Bill dans plusieurs dizaines de westerns français filmés en Camargue vers 1910-14. Couzinet tourne – dans la bonne humeur (« On y rit, on ira ! ») - en septembre-octobre 1942 dans ses Studios de la Côte de Beauté à Royan, au château de la Roche Courbon (Charente Maritime) et dans les environs d’Avignon. Malgré une presse sarcastique (« un massacre », écrit Jacques Siclier), le film fait 20 semaines d’exclusivité à Paris, et il s’est bonifié au fil des décennies. Dans son Dictionnaire amoureux du cinéma (Plon, 2009), Jean Tulard écrit : « Pour les cinéphiles de ma génération qui découvrirent le cinéma sous l’Occupation, Le Brigand gentilhomme reste un grand moment de cinéma. D’emblée, l’affrontement au poignard opposant deux hors-la-loi dans un impressionnent décor de rochers, pour savoir qui commanderait la bande, suscitait l’enthousiasme d’un public juvénile ! » (p. 168). Enfin, dans son Encinéclopédie iconoclaste (Montreuil, 2020), Paul Vecchiali lui donne carrément trois étoiles, vantant « un film parfaitement mis en scène, découpé et monté comme un vrai western. Couzinet s’illustre là dans un genre où personne ne l’attendait » (p. 361). - Cf. aussi version télévisée du roman en 1956. |
Composé de l'ancienne République de Florence (ou République florentine) et de la République de Sienne (annexée en 1555), le Grand-duché de Toscane est fondé en 1569. Il est offert par Charles Quint à son allié le duc de la république, Cosme Ier de Medici, et à Alessandro, son gendre. Les Médicis/Medici, des banquiers devenus patriciens, sont une des plus puissantes familles d'Europe durant la Renaissance. Ils gouvernent la Toscane de 1429 à 1737 et ont donné trois papes, Léon X, Clément VII et Léon XI, et deux reines de France, Catherine de Médicis (1519-1589), épouse d'Henri II, et Marie de Médicis (1575-1642), épouse d'Henri IV.
COSIMO I DE' MEDICI dit " il Vecchio " / Cosme Ier l'Ancien (de 1434 à 1464), fondateur de la puissance de la famille, banquier des papes et des rois, il est à un moment donné probablement l'homme le plus riche d'Europe. Tout en maintenant les apparences républicaines des institutions, il assure son contrôle sur la vie politique de la cité, investit dans l'architecture, la peinture et la sculpture, la collection de pierres précieuses et d'objets d'orfèvrerie et ouvre la bibliothèque laurentienne, première bibliothèque publique du continent.
LORENZO DE' MEDICI dit " il Magnifico " / Laurent le Magnifique (de 1469 à 1492), mécène avisé, poète à ses heures, stratège politique, il transforme la cité en foyer intellectuel et artistique de premier plan (mécène de Botticelli, Léonard de Vinci, Michel-Ange). En 1478, le pape Sixte IV, qui veut élargir l'État pontifical notamment en Toscane, organise en sous-main le complot des Pazzi, rivaux bancaires des Médicis, pour éliminer Lorenzo et son frère cadet Giuliano. La conjuration des Pazzi se solde par l'assassinat de Giuliano, tandis que Lorenzo, blessé, s'adonne à une répression sanglante entraînant deux ans d'hostilités entre la " ville des fleurs " et le Saint-Siège (ainsi que son allié, le royaume de Naples).
En 1494, les troupes du roi de France Charles VIII s'emparent de la cité et les Florentins chassent la famille de Médicis. Florence traverse alors une période agitée, marquée entre autres par la théocratie mystique du frère dominicain Girolamo Savonarola/Jérôme Savonarole, brûlé sur ordre du pape en 1498. Le retour des Médicis en 1512 avec le soutien de l'armée espagnole et du pape Jules II, ennemis des Français, marque la fin de la république, dont Giovanni/Jean de Médicis, futur pape Léon X, devient le seigneur jusqu'en 1516. Giulio dit Giuliano de' Medici/Jules de Médicis lui succède à Rome sous le nom de Clément VII ; les deux papes, peu diplomates ou aveuglés, sont à l'origine de ruptures fatales dans l'Église catholique romaine, l'un avec Martin Luther (réforme protestante), l'autre avec Henry VIII d'Angleterre (schisme anglican).
ALESSANDRO DE' MEDICI / Alexandre de Médicis (de 1531 à 1537), gendre de Charles Quint (et probablement fils illégitime du pape Clément VII), est nommé duc de Florence par les Espagnols, mais n'est pas apprécié des Florentins qui lui reprochent sa tyrannie et une vie de débauche suscitant l'indignation populaire. En 1537, il est assassiné pour des raisons obscures par son lointain cousin Lorenzino de' Medici, dit Lorenzaccio (1514-1548), psychologiquement labile. Marguerite de Navarre, George Sand (l'essai Une conspiration en 1537, 1831), Alfred de Musset (le drame romantique Lorenzaccio, 1834) et Alexandre Dumas (le drame Lorenzino, 1842) relateront chacun à leur manière l'assassinat d'Alessandro par son cousin, lequel sera assassiné à son tour onze ans plus tard à Venise.
Par la volonté de son allié Charles Quint, le duc COSIMO I DI TOSCANA / COSME Ier (de 1537 à 1574), fils du fameux condottiere Giovanni dalle Bande Nere / Jean des Bandes Noires de Médicis (cf. infra, 6.2), devient maître du Grand-duché de Florence fondé en 1569 et qui est composé de l'ancienne République de Florence (ou République florentine) et de la République de Sienne annexée en 1555. Ce premier grand-duc de Toscane est responsable de la marine florentine qui va jouer un rôle essentiel lors de la victoire navale de Lépante contre l'Empire ottoman.
COSIMO I DE' MEDICI dit " il Vecchio " / Cosme Ier l'Ancien (de 1434 à 1464), fondateur de la puissance de la famille, banquier des papes et des rois, il est à un moment donné probablement l'homme le plus riche d'Europe. Tout en maintenant les apparences républicaines des institutions, il assure son contrôle sur la vie politique de la cité, investit dans l'architecture, la peinture et la sculpture, la collection de pierres précieuses et d'objets d'orfèvrerie et ouvre la bibliothèque laurentienne, première bibliothèque publique du continent.
LORENZO DE' MEDICI dit " il Magnifico " / Laurent le Magnifique (de 1469 à 1492), mécène avisé, poète à ses heures, stratège politique, il transforme la cité en foyer intellectuel et artistique de premier plan (mécène de Botticelli, Léonard de Vinci, Michel-Ange). En 1478, le pape Sixte IV, qui veut élargir l'État pontifical notamment en Toscane, organise en sous-main le complot des Pazzi, rivaux bancaires des Médicis, pour éliminer Lorenzo et son frère cadet Giuliano. La conjuration des Pazzi se solde par l'assassinat de Giuliano, tandis que Lorenzo, blessé, s'adonne à une répression sanglante entraînant deux ans d'hostilités entre la " ville des fleurs " et le Saint-Siège (ainsi que son allié, le royaume de Naples).
En 1494, les troupes du roi de France Charles VIII s'emparent de la cité et les Florentins chassent la famille de Médicis. Florence traverse alors une période agitée, marquée entre autres par la théocratie mystique du frère dominicain Girolamo Savonarola/Jérôme Savonarole, brûlé sur ordre du pape en 1498. Le retour des Médicis en 1512 avec le soutien de l'armée espagnole et du pape Jules II, ennemis des Français, marque la fin de la république, dont Giovanni/Jean de Médicis, futur pape Léon X, devient le seigneur jusqu'en 1516. Giulio dit Giuliano de' Medici/Jules de Médicis lui succède à Rome sous le nom de Clément VII ; les deux papes, peu diplomates ou aveuglés, sont à l'origine de ruptures fatales dans l'Église catholique romaine, l'un avec Martin Luther (réforme protestante), l'autre avec Henry VIII d'Angleterre (schisme anglican).
ALESSANDRO DE' MEDICI / Alexandre de Médicis (de 1531 à 1537), gendre de Charles Quint (et probablement fils illégitime du pape Clément VII), est nommé duc de Florence par les Espagnols, mais n'est pas apprécié des Florentins qui lui reprochent sa tyrannie et une vie de débauche suscitant l'indignation populaire. En 1537, il est assassiné pour des raisons obscures par son lointain cousin Lorenzino de' Medici, dit Lorenzaccio (1514-1548), psychologiquement labile. Marguerite de Navarre, George Sand (l'essai Une conspiration en 1537, 1831), Alfred de Musset (le drame romantique Lorenzaccio, 1834) et Alexandre Dumas (le drame Lorenzino, 1842) relateront chacun à leur manière l'assassinat d'Alessandro par son cousin, lequel sera assassiné à son tour onze ans plus tard à Venise.
Par la volonté de son allié Charles Quint, le duc COSIMO I DI TOSCANA / COSME Ier (de 1537 à 1574), fils du fameux condottiere Giovanni dalle Bande Nere / Jean des Bandes Noires de Médicis (cf. infra, 6.2), devient maître du Grand-duché de Florence fondé en 1569 et qui est composé de l'ancienne République de Florence (ou République florentine) et de la République de Sienne annexée en 1555. Ce premier grand-duc de Toscane est responsable de la marine florentine qui va jouer un rôle essentiel lors de la victoire navale de Lépante contre l'Empire ottoman.
Moyen Âge et Renaissance > ESPAGNE ET PORTUGAL > CHARLES QUINT, ROI D’ESPAGNE ET EMPEREUR GERMANIQUE
1912 | Le Fils de Charles Quint (FR) de Charles-Adrien Caillard Série d’Art Pathé Frères (SAPF)-Société Cinématographique des Auteurs et Gens de Lettres (SCAGL), 605 m., 2 bob. - av. Léon Bernard, Paul Capellani, Claude Garry, Jean Kemm, Marie Ventura (Doña Lucinda). En 1555, Charles Quint abdique en faveur de son fils Philippe II. Avant de se retirer dans le monastère de Yuste, il rend visite à Don Juan/Jean d’Autriche dit Jeromín, son fils naturel qu’un vieux religieux, Don Quixada, élève et instruit. Ignorant tout de son illustre naissance, Juan courtise Doña Lucinda, beauté que Philippe II a remarquée lors d’une visite à son peuple. Le nouveau souverain s’introduit dans la maison de la jeune femme lorsque Don Carlos survient. Jaloux, Philippe II le fait arrêter et conduire au supplice. Averti par Quixada, Charles Quint intervient à temps pour révéler à Philippe II que Don Carlos est son demi-frère. Les deux rivaux se réconcilient, Philippe renonce à Lucinda tandis que Juan prête au nouveau souverain serment d’obéissance et de fidélité. Adaptation de Don Juan d’Autriche, pièce hautement fantaisiste de Casimir Delavigne (1835). Cf. Jeromín, film espagnol de 1953. – US : Don Juan and Charles V. |
Né en 1500 à Gand, Charles de Habsbourg, dit aussi CARLOS V et KARL DER FÜNFTE, mort en 1558 au monastère de Yuste, en Espagne. Il est fils de Philippe le Beau (fils de l’empereur Maximilien Ier d’Autriche) et de Jeanne de Castille, dite la Folle (cf. chap. 2.2). Charles hérite de son père des possessions de la maison de Habsbourg (royaume de Hongrie, royaume de Bohême, archiduché d’Autriche, etc.), des dix-sept provinces des Pays-Bas et de la Franche-Comté (duché de Bourgogne), par sa mère des royaumes de Castille et d’Aragon et de tout l’empire colonial espagnol (les « Indes occidentales »), ainsi que du royaume de Naples et la Sicile.
Élu empereur d’Allemagne en 1519, il est le monarque le plus puissant de la première moitié du XVIe siècle. Ce cumul exceptionnel de territoires et de pouvoir est le résultat d’une politique délibérée d’alliances patrimoniales. Lui-même épouse en 1526 la princesse Isabelle de Portugal (1503-1539). À 17 ans, il devient (non sans remous locaux, comme la révolte des Comuneros) roi des Espagnes sous le nom de CARLOS Ier, ayant sa cour à Tolède, mais il passera à la postérité sous celui de Charles Quint, couronné officiellement empereur du Saint-Empire romain germanique en 1530. De langue maternelle française et ayant grandi à la cour bourguignonne et néerlandaise de Bruxelles, il devient par ses incessants déplacements dans tout le continent – il a passé un quart de son règne en voyage - un personnage de dimension européenne (il apprend l’allemand, le néerlandais, l’anglais, l’espagnol et l’italien). En son absence, trois femmes gouvernent ses possessions espagnoles, néerlandaises et allemands : sa tante Marguerite d’Autriche, son épouse Isabelle et sa sœur Marie de Hongrie. Très pieux, le monarque cherche à réaliser le rêve carolingien d’un empire à la tête de la chrétienté (catholique) unie, face à la progression de l’Empire ottoman avec lequel s’unissent ses ennemis français en Europe, François Ier et Henri II (guerres d’Italie) ; son rêve de reprendre Constantinople à Soliman le Magnifique avorte. Il défait François Ier à la bataille de Pavie et le garde un temps en captivité à Madrid, mais sa lutte contre la Réforme protestante dès 1517 sera un échec, confirmé par la paix d’Augsbourg en 1555 (cf. Allemagne), tout comme les révoltes en Flandre et en Brabant (1567) (cf. chap. 8.2). Le pape Clément VII craint que Charles Quint, qui a déjà en main l’entière Italie méridionale par héritage espagnol et cherche à contrôler l’Italie septentrionale (convoitée par la France), n’unifie les États de la péninsule sous un unique sceptre impérial au détriment de l’État pontifical qui risquerait de disparaître complètement. Charles Quint se résout à intervenir militairement, ce qui aboutit au traumatisant sac de Rome causé par des lansquenets allemands mutinés en 1527 (cf. Italie, chap. 6).
Fatigué par ses déboires militaires et une santé chancelante, vieilli prématurément, handicapé par la goutte, l’empereur abandonne les territoires allemands et autrichiens ainsi que la régence de l’Empire à son frère Ferdinand en 1556, puis abdique en Espagne en faveur de son fils Philippe II pour se retirer, handicapé en chaise roulante, dans le monastère de San Gerónimo de Yuste en Estrémadure - où il s’éteint deux ans plus tard, à l’âge de 58 ans. Une vie en apparence glorieuse, mais faite de contrariétés et de désillusions : à la fois mélancolique et sanguin, craint pour ses colères homériques, Charles Quint se sera battu pour le trône du Saint-Empire, mais sera le premier empereur romain germanique à abdiquer. Il aura dépensé des fortunes pour une unité religieuse de l’Europe occidentale, une monarchie universelle chrétienne selon le vieux rêve médiéval, lui qui se voyait surtout en homme de paix, mais sera forcé de faire la guerre durant toute sa vie (ses campagnes étant financées par l’or des Amériques). Enfin, il aura voulu changer le cours de l’Histoire, mais un moine allemand en décida autrement.
Rappel : Assoiffé de conquêtes, Charles Quint commandite les expéditions exploratrices de Fernand de Magellan, d’Antonio Pigafetta et de Vasco Nuñez de Balboa ; il encouragera Hernando Cortés à détruire le royaume aztèque au Mexique et Francisco Pizarro et Lope de Aguirre à faire de même avec les Incas au Pérou. Tout en imposant – de gré ou de force – le message spirituel de celui que les indigènes appellaient « le dieu cloué » (cf. chap. 7).
Élu empereur d’Allemagne en 1519, il est le monarque le plus puissant de la première moitié du XVIe siècle. Ce cumul exceptionnel de territoires et de pouvoir est le résultat d’une politique délibérée d’alliances patrimoniales. Lui-même épouse en 1526 la princesse Isabelle de Portugal (1503-1539). À 17 ans, il devient (non sans remous locaux, comme la révolte des Comuneros) roi des Espagnes sous le nom de CARLOS Ier, ayant sa cour à Tolède, mais il passera à la postérité sous celui de Charles Quint, couronné officiellement empereur du Saint-Empire romain germanique en 1530. De langue maternelle française et ayant grandi à la cour bourguignonne et néerlandaise de Bruxelles, il devient par ses incessants déplacements dans tout le continent – il a passé un quart de son règne en voyage - un personnage de dimension européenne (il apprend l’allemand, le néerlandais, l’anglais, l’espagnol et l’italien). En son absence, trois femmes gouvernent ses possessions espagnoles, néerlandaises et allemands : sa tante Marguerite d’Autriche, son épouse Isabelle et sa sœur Marie de Hongrie. Très pieux, le monarque cherche à réaliser le rêve carolingien d’un empire à la tête de la chrétienté (catholique) unie, face à la progression de l’Empire ottoman avec lequel s’unissent ses ennemis français en Europe, François Ier et Henri II (guerres d’Italie) ; son rêve de reprendre Constantinople à Soliman le Magnifique avorte. Il défait François Ier à la bataille de Pavie et le garde un temps en captivité à Madrid, mais sa lutte contre la Réforme protestante dès 1517 sera un échec, confirmé par la paix d’Augsbourg en 1555 (cf. Allemagne), tout comme les révoltes en Flandre et en Brabant (1567) (cf. chap. 8.2). Le pape Clément VII craint que Charles Quint, qui a déjà en main l’entière Italie méridionale par héritage espagnol et cherche à contrôler l’Italie septentrionale (convoitée par la France), n’unifie les États de la péninsule sous un unique sceptre impérial au détriment de l’État pontifical qui risquerait de disparaître complètement. Charles Quint se résout à intervenir militairement, ce qui aboutit au traumatisant sac de Rome causé par des lansquenets allemands mutinés en 1527 (cf. Italie, chap. 6).
Fatigué par ses déboires militaires et une santé chancelante, vieilli prématurément, handicapé par la goutte, l’empereur abandonne les territoires allemands et autrichiens ainsi que la régence de l’Empire à son frère Ferdinand en 1556, puis abdique en Espagne en faveur de son fils Philippe II pour se retirer, handicapé en chaise roulante, dans le monastère de San Gerónimo de Yuste en Estrémadure - où il s’éteint deux ans plus tard, à l’âge de 58 ans. Une vie en apparence glorieuse, mais faite de contrariétés et de désillusions : à la fois mélancolique et sanguin, craint pour ses colères homériques, Charles Quint se sera battu pour le trône du Saint-Empire, mais sera le premier empereur romain germanique à abdiquer. Il aura dépensé des fortunes pour une unité religieuse de l’Europe occidentale, une monarchie universelle chrétienne selon le vieux rêve médiéval, lui qui se voyait surtout en homme de paix, mais sera forcé de faire la guerre durant toute sa vie (ses campagnes étant financées par l’or des Amériques). Enfin, il aura voulu changer le cours de l’Histoire, mais un moine allemand en décida autrement.
Rappel : Assoiffé de conquêtes, Charles Quint commandite les expéditions exploratrices de Fernand de Magellan, d’Antonio Pigafetta et de Vasco Nuñez de Balboa ; il encouragera Hernando Cortés à détruire le royaume aztèque au Mexique et Francisco Pizarro et Lope de Aguirre à faire de même avec les Incas au Pérou. Tout en imposant – de gré ou de force – le message spirituel de celui que les indigènes appellaient « le dieu cloué » (cf. chap. 7).
Au sortir de la guerre de Cent Ans qui sonne le glas de la société féodale, la France s'enivre des vestiges de l'Antiquité classique. Tandis que l'Espagne et le Portugal envoient leurs navigateurs découvrir - et asservir - des mondes encore inconnus, les derniers Valois, se prévalant d'héritages lointains, embarquent leur royaume dans soixante-cinq ans de ruineux rêves transalpins, croyant que la Péninsule italienne, morcelée en petits États disparates, serait facile à conquérir. Prise entre les cinq puissances principales de la Péninsule, les Républiques de Florence et de Venise, le duché de Milan, le royaume de Naples et l'État pontifical (tous liées par des alliances locales plus qu'aléatoires), sans compter les Habsbourg de Vienne et de Madrid, la France se heurte à une résistance dont elle ne viendra pas à bout. Tandis que l'Italie est ravagée pendant plus d'un demi-siècle et que sa population paie le prix du sang, la véritable conquête se fait en sens inverse, et sans armes : la France " s'italianise " à travers les idées et les arts de la Renaissance.
PREMIÈRE ÉPOQUE : 1494 à 1515
La première campagne militaire française est montée par CHARLES VIII, dont le père a hérité le titre de roi de Naples (la maison d'Anjou y a régné jusqu'en 1442). Sa revendication du royaume ex-angévin et ses efforts armés pour reconquérir ce trône virtuel avec l'aide du chevalier Bayard (1494/1497) se soldent par un échec, alors que le pape Alexandre VI Borgia lui a octroyé une bulle autorisant les Français à traverser les États de l'Église pour aller à Naples, ville contre laquelle ce " chef de la chrétienté " aussi fourbe qu'indigne a aussi noué une alliance secrète avec Milan et Venise. Une fois le roi de Naples acculé, il obtient de lui la main d'une princesse pour son dernier fils Gioffré, puis appelle à l'aide les Ottomans afin de le protéger de la vengeance des Français. Charles VIII prend la Ville éternelle et Naples sans combat, mais Venise et le Saint Siège le repoussent hors du pays. LOUIS XI, son beau-frère et successeur, se dit héritier du duché de Milan par sa grand-mère, une Visconti. Il lève une armée pour en chasser le duc, Ludovic Sforza le More, monte jusqu'à Naples et reperd le tout après quatorze ans de guerre contre les Espagnols de Ferdinand II d'Aragon, maîtres de la Sicile (quatre campagnes d'Italie, 1499/1500, 1500/1504 et 1508/1513). Quant à FRANÇOIS Ier, raffiné, à la bourse largement ouverte et un homme de goût au train de vie dispendieux, il fait venir en France les meilleurs artistes transalpins (Léonard de Vinci, Benvenuto Cellini), achète des œuvres de Michel-Ange, de Raphaël, du Titien. Mais c'est un roi qui aime aussi le fracas des armes et se révèle un stratège déplorable pendant les quarante ans de guerre qui l'opposent aux armées germano-espagnoles de Charles de Habsbourg, dit Charles Quint, sur sol italien : au total, six campagnes, avec des victoires françaises éphémères à Milan, à Naples et à Marignan (1515).
DEUXIÈME ÉPOQUE : 1516 à 1544, 1559
L'arrivée de CHARLES QUINT sur l'échiquier européen a changé la donne. Héritier de l'Espagne et de son empire colonial, des dix-sept provinces des Pays-Bas, du royaume de Naples, de l'Italie méridionale et des possessions autrichiennes, ce monarque alors le plus puissant du continent parvient à se faire couronner à la tête du Saint-Empire romain germanique (après avoir acheté les princes-électeurs avec l'argent des banquiers d'Augsbourg). Èlu " roi des Romains " en 1519, Charles Quint forme une coalition avec Henri VIII d'Angleterre et les États pontificaux pour contrer la " Sainte Alliance " de la France avec Venise, manœuvre visant à lui arracher la couronne impériale, puis envoie sur la Péninsule une puissante armée sous les ordres de Charles III, Connétable de Bourbon, chargée de briser l'Alliance et d'en capturer le principal promoteur, le pape Clément VII (Jules de Médicis). Les Français subissent une écrasante défaite à Pavie (1525) à l'issue de laquelle ils s'engagent à renoncer à toutes leurs prétentions territoriales sur l'Italie. Fait prisonnier, François Ier passe une année en captivité à Madrid, puis, libéré, il renie ses engagements forcés. Entretemps, le pape, jouant sur le désir de revanche du Valois, fonde une nouvelle ligue anti-impériale appelée la " Sainte Ligue de Cognac " (1526) à laquelle se rallient, outre de roi de France, la Florence des Médicis, Milan, Venise, Gênes et l'Angleterre. Au printemps 1527, occupé personnellement à combattre les luthériens et les Ottomans, Charles Quint décide d'une intervention armée rapide contre l'État pontifical (pour éviter l'armée de la Ligue), expédition à nouveau confiée au Connétable de Bourbon qui bénéficie de 35'000 hommes - des Espagnols, des Italiens et des lansquenets luthériens allemands - pour affronter les 5000 soldats défendant la ville de Rome. Grâce au sacrifice des gardes pontificaux, Clément VII peut se réfugier dans le château Saint-Ange en empruntant un souterrain tandis que les mercenaires impériaux pénètrent massivement dans la ville. Le SAC DE ROME (6 mai 1527) par des soudards non payés depuis des mois, avides de butin, ivres et dépourvus de commandant - car le Connétable a succombé à un coup d'arquebuse - va s'étirer pendant presque une année : Rome ne sera évacuée qu'en février 1528. En plus de dommages incalculables au patrimoine artistique, la Ville sainte sera réduite de 55'000 à 11'000 habitants (en incluant les dévastations de la peste dues aux cadavres non enterrés). Le pape a capitulé après six mois et quitté clandestinement Saint-Ange pour Orvieto.
Affaiblies par la malaria et l'échec du siège de Naples, les troupes de la Ligue se sont retirées, mais François Ier poursuit le combat dans la décennie qui suit, allant jusqu'à s'allier avec les princes protestants allemands (1531) et même avec le " Grand Turc ", Soliman le Magnifique (1536), toujours dans le vain espoir de terrasser Charles Quint et les cités italiennes. Il contracte en 1543 l'alliance du croissant et du lys avec les armées du corsaire Barberousse/Khayr ad-Dîn (dont la marine ottomane est basée à Alger) qui s'installent à Toulon. La France est alors la seule nation d'Occident à faire alliance avec l'empire ottoman ... tout en dénonçant hypocritement les " Sarrasins " qui sont aux portes de Vienne. À la mort de François Ier, son fils HENRI II poursuit le conflit contre le Saint-Empire de Charles Quint, puis contre Philippe II d'Espagne. Après l'échec d'une onzième et dernière campagne en Italie, en 1557-1559, Henri II abandonne les prétentions territoriales de ses prédécesseurs pour s'occuper de son royaume exsangue et signe la paix du Cateau-Cambrésis avec les Habsbourg en 1559, paix qui entérine l'hégémonie de l'Espagne sur la Péninsule italienne. Les guerres de Religion en France commencent trois ans plus tard.
PREMIÈRE ÉPOQUE : 1494 à 1515
La première campagne militaire française est montée par CHARLES VIII, dont le père a hérité le titre de roi de Naples (la maison d'Anjou y a régné jusqu'en 1442). Sa revendication du royaume ex-angévin et ses efforts armés pour reconquérir ce trône virtuel avec l'aide du chevalier Bayard (1494/1497) se soldent par un échec, alors que le pape Alexandre VI Borgia lui a octroyé une bulle autorisant les Français à traverser les États de l'Église pour aller à Naples, ville contre laquelle ce " chef de la chrétienté " aussi fourbe qu'indigne a aussi noué une alliance secrète avec Milan et Venise. Une fois le roi de Naples acculé, il obtient de lui la main d'une princesse pour son dernier fils Gioffré, puis appelle à l'aide les Ottomans afin de le protéger de la vengeance des Français. Charles VIII prend la Ville éternelle et Naples sans combat, mais Venise et le Saint Siège le repoussent hors du pays. LOUIS XI, son beau-frère et successeur, se dit héritier du duché de Milan par sa grand-mère, une Visconti. Il lève une armée pour en chasser le duc, Ludovic Sforza le More, monte jusqu'à Naples et reperd le tout après quatorze ans de guerre contre les Espagnols de Ferdinand II d'Aragon, maîtres de la Sicile (quatre campagnes d'Italie, 1499/1500, 1500/1504 et 1508/1513). Quant à FRANÇOIS Ier, raffiné, à la bourse largement ouverte et un homme de goût au train de vie dispendieux, il fait venir en France les meilleurs artistes transalpins (Léonard de Vinci, Benvenuto Cellini), achète des œuvres de Michel-Ange, de Raphaël, du Titien. Mais c'est un roi qui aime aussi le fracas des armes et se révèle un stratège déplorable pendant les quarante ans de guerre qui l'opposent aux armées germano-espagnoles de Charles de Habsbourg, dit Charles Quint, sur sol italien : au total, six campagnes, avec des victoires françaises éphémères à Milan, à Naples et à Marignan (1515).
DEUXIÈME ÉPOQUE : 1516 à 1544, 1559
L'arrivée de CHARLES QUINT sur l'échiquier européen a changé la donne. Héritier de l'Espagne et de son empire colonial, des dix-sept provinces des Pays-Bas, du royaume de Naples, de l'Italie méridionale et des possessions autrichiennes, ce monarque alors le plus puissant du continent parvient à se faire couronner à la tête du Saint-Empire romain germanique (après avoir acheté les princes-électeurs avec l'argent des banquiers d'Augsbourg). Èlu " roi des Romains " en 1519, Charles Quint forme une coalition avec Henri VIII d'Angleterre et les États pontificaux pour contrer la " Sainte Alliance " de la France avec Venise, manœuvre visant à lui arracher la couronne impériale, puis envoie sur la Péninsule une puissante armée sous les ordres de Charles III, Connétable de Bourbon, chargée de briser l'Alliance et d'en capturer le principal promoteur, le pape Clément VII (Jules de Médicis). Les Français subissent une écrasante défaite à Pavie (1525) à l'issue de laquelle ils s'engagent à renoncer à toutes leurs prétentions territoriales sur l'Italie. Fait prisonnier, François Ier passe une année en captivité à Madrid, puis, libéré, il renie ses engagements forcés. Entretemps, le pape, jouant sur le désir de revanche du Valois, fonde une nouvelle ligue anti-impériale appelée la " Sainte Ligue de Cognac " (1526) à laquelle se rallient, outre de roi de France, la Florence des Médicis, Milan, Venise, Gênes et l'Angleterre. Au printemps 1527, occupé personnellement à combattre les luthériens et les Ottomans, Charles Quint décide d'une intervention armée rapide contre l'État pontifical (pour éviter l'armée de la Ligue), expédition à nouveau confiée au Connétable de Bourbon qui bénéficie de 35'000 hommes - des Espagnols, des Italiens et des lansquenets luthériens allemands - pour affronter les 5000 soldats défendant la ville de Rome. Grâce au sacrifice des gardes pontificaux, Clément VII peut se réfugier dans le château Saint-Ange en empruntant un souterrain tandis que les mercenaires impériaux pénètrent massivement dans la ville. Le SAC DE ROME (6 mai 1527) par des soudards non payés depuis des mois, avides de butin, ivres et dépourvus de commandant - car le Connétable a succombé à un coup d'arquebuse - va s'étirer pendant presque une année : Rome ne sera évacuée qu'en février 1528. En plus de dommages incalculables au patrimoine artistique, la Ville sainte sera réduite de 55'000 à 11'000 habitants (en incluant les dévastations de la peste dues aux cadavres non enterrés). Le pape a capitulé après six mois et quitté clandestinement Saint-Ange pour Orvieto.
Affaiblies par la malaria et l'échec du siège de Naples, les troupes de la Ligue se sont retirées, mais François Ier poursuit le combat dans la décennie qui suit, allant jusqu'à s'allier avec les princes protestants allemands (1531) et même avec le " Grand Turc ", Soliman le Magnifique (1536), toujours dans le vain espoir de terrasser Charles Quint et les cités italiennes. Il contracte en 1543 l'alliance du croissant et du lys avec les armées du corsaire Barberousse/Khayr ad-Dîn (dont la marine ottomane est basée à Alger) qui s'installent à Toulon. La France est alors la seule nation d'Occident à faire alliance avec l'empire ottoman ... tout en dénonçant hypocritement les " Sarrasins " qui sont aux portes de Vienne. À la mort de François Ier, son fils HENRI II poursuit le conflit contre le Saint-Empire de Charles Quint, puis contre Philippe II d'Espagne. Après l'échec d'une onzième et dernière campagne en Italie, en 1557-1559, Henri II abandonne les prétentions territoriales de ses prédécesseurs pour s'occuper de son royaume exsangue et signe la paix du Cateau-Cambrésis avec les Habsbourg en 1559, paix qui entérine l'hégémonie de l'Espagne sur la Péninsule italienne. Les guerres de Religion en France commencent trois ans plus tard.
2007/08 | ® (tv) The Tudors (Les Tudors) (GB) de Ciaran Donnelly. – av. Emmanuel Leconte (François Ier), Gabriella Wright (la reine Claude de France), Jonathan Rhys Meyers (Henry VIII), Sarah Bolger (Marie Tudor), Henry Cavill (Charles Brandon, duc de Suffolk), Lothaire Bluteau (Charles de Marillac), Joss Stone (Anne de Clèves). – En juin 1520, François Ier organise en Flandre la fastueuse rencontre du Camp du Drap d’Or avec Henry VIII, mais échoue à concrétiser un traité d’alliance avec l’Angleterre contre Charles Quint. Il obtient en revanche la confirmation du mariage du dauphin de France avec Marie Tudor. – cf. Moyen Âge : Angleterre. |
1942 | La regina di Navarra (IT) de Carmine Gallone Raffaele Colamonici/Juventus Film-Ente Nazionale Industrie Cinematografiche (ENIC), 1h26 min. – av. Elsa Merlini (Marguerite de Navarre/Valois-Angoulême), Renato Cialente (François Ier), Gino Cervi (Charles Quint), Leonardo Cortese (Henri d’Albret), Clara Calamai (Isabelle de Portugal), Valentina Cortese (Éléonore d’Autriche/de Habsbourg), Paolo Stoppa (Babieca), Nerio Bernardi (le chancelier Mercurin de Gattinara), Greta Gonda (Conchita Babieca), Margherita Bagni (la duchesse d’Ossuna), Wanda Capodaglio (une dame de la cour), Oreste Fares (le prêtre), Enzo Musumeci Greco (le maître d’armes), Adriano Vitale. Synopsis : Après l’écrasante défaite de Pavie en 1525, François Ier est prisonnier de l’empereur Charles Quint à Madrid. Il reçoit la visite de sa sœur aînée, Marguerite de Valois, qui s’est attiré les sympathies de la cour espagnole et manœuvre pour le faire libérer. Elle y parvient à force d’habileté et de diplomatie. Redoutable entremetteuse de charme, elle finit même par arranger trois mariages : un premier entre François Ier et Éléonore d’Autriche, la propre sœur de l’empereur ; un deuxième entre ce dernier et Isabelle, l’infante du Portugal ; enfin un troisième, en guise de récompense personnelle : elle séduit Henri d’Albret, le futur roi de Navarre, qu’elle épousera à Nérac une fois son frère de retour en France. |
Dès le Quattrocento apparaissent les condottieri, des compagnies privées assurant certaines missions militaires. Ces professionnels de la guerre se rendent indispensables pour assurer l'essor et la puissance des cités-États de la péninsule dont la gouvernance se désintéresse des obligations militaires. Le condottiere est un guerrier au service des marchands, des dynasties banquières et de l'Église.
Le Florentin JEAN/GIOVANNI DE MÉDICIS (1498-1526) dit " Jean des Bandes Noires ".
Le duc Giovanni Ludovico Lombardo de' Medici, fils de la comtesse milanaise Caterina Sforza, princesse de Forli (1463-1509) et petit-fils du duc Galeazzo Sforza. Il épouse Maria Salviati qui lui donne un fils, le futur Cosme Ier de Médicis, premier grand-duc de Toscane. En 1513, Giovanni devient capitaine de l'armée papale de Léon X, son oncle. À la mort du Saint Père, il ordonne à ses troupes de teindre leurs enseignes blanc-pourpre en noir, signe de deuil, une distinction qui restera et vaudra à sa compagnie d'élite le titre de " Bandes Noires ". Condottiere indépendant et très charismatique (Machiavel voit en lui le futur unificateur de l'Italie), il combat à partir de 1521 les lansquenets luthériens de Charles Quint (sous les ordres de Georg von Frundsberg) aux côtés de la Ligue de Cognac française, de la République de Venise et de Clément VII, puis, dès 1523, entre au service des armées impériales en fonction des aléas de la politique papale. Trois ans plus tard, au service de l'État pontifical, il succombe face aux troupes de Charles Quint, blessé mortellement par un tir de couleuvrine (ou fauconneau), petit canon, près de Gouvernolo. Il est enterré dans l'église San Francesco à Mantoue ; son fils Cosme le fêtera comme un héros national.
ETTORE FIERAMOSCA (1476-1515), mercenaire des Aragonais.
(ou E. Ferramosca), natif de Capoue, fils de Rainaldo, baron de Rocca d'Evandro. Lors de la guerre franco-espagnole pour s'attribuer le Royaume de Naples - dont Frederick IV d'Aragon est le dernier roi -, Fieramosca, mercenaire des Aragonais, combat les Français de Charles VIII. Après la défaite de Naples en 1501, Fieramosca entre au service de Prospero Colonna contre la France et l'Espagne. Le 13 février 1503, lors du légendaire tournoi de Barletta, dans les Pouilles, il dirige victorieusement douze chevaliers italiens qui affrontent les treize champions français. A l'issue du combat, Louis XII renonce à Naples et signe l'armistice. Fieramosca prend ensuite les armes pour la République de Venise aux côtés de Fabrizio Colonna, puis se réconcilie avec l'Espagne où il raccompagne Cesare Borgia. Ferdinand II d'Espagne l'annoblit. Il meurt à Valladolid à l'âge de 39 ans. - Lors du Risorgimiento au XIXe siècle, puis de la montée du fascisme, Fieramosca sera fêté comme un héros national. Cf. le roman Ettore Fieramosca de Massimo Taparelli D'Azeglio (1833) et les drames lyriques de Giovanni Benacchio (1883) et Carlo Adolfo Cantù (1921).
Bartolomeo Fanfulla dit FANFULLA DA LODI (mort en 1525).
Soldat de fortune né à Lodi ou à Parme, il met son épée au service de Florence (1499), de l'Espagne (à partir de 1503), puis du Saint-Empire germanique (dès 1515) pour combattre contre Pise et surtout contre la France. Il est annobli par Consalvo de Cordoba au lendemain du fameux tournoi de Barletta auquel il participe aux côtés d'Ettore Fieramosca (1503). Il décède probablement à la bataille de Pavie.
Le Florentin JEAN/GIOVANNI DE MÉDICIS (1498-1526) dit " Jean des Bandes Noires ".
Le duc Giovanni Ludovico Lombardo de' Medici, fils de la comtesse milanaise Caterina Sforza, princesse de Forli (1463-1509) et petit-fils du duc Galeazzo Sforza. Il épouse Maria Salviati qui lui donne un fils, le futur Cosme Ier de Médicis, premier grand-duc de Toscane. En 1513, Giovanni devient capitaine de l'armée papale de Léon X, son oncle. À la mort du Saint Père, il ordonne à ses troupes de teindre leurs enseignes blanc-pourpre en noir, signe de deuil, une distinction qui restera et vaudra à sa compagnie d'élite le titre de " Bandes Noires ". Condottiere indépendant et très charismatique (Machiavel voit en lui le futur unificateur de l'Italie), il combat à partir de 1521 les lansquenets luthériens de Charles Quint (sous les ordres de Georg von Frundsberg) aux côtés de la Ligue de Cognac française, de la République de Venise et de Clément VII, puis, dès 1523, entre au service des armées impériales en fonction des aléas de la politique papale. Trois ans plus tard, au service de l'État pontifical, il succombe face aux troupes de Charles Quint, blessé mortellement par un tir de couleuvrine (ou fauconneau), petit canon, près de Gouvernolo. Il est enterré dans l'église San Francesco à Mantoue ; son fils Cosme le fêtera comme un héros national.
ETTORE FIERAMOSCA (1476-1515), mercenaire des Aragonais.
(ou E. Ferramosca), natif de Capoue, fils de Rainaldo, baron de Rocca d'Evandro. Lors de la guerre franco-espagnole pour s'attribuer le Royaume de Naples - dont Frederick IV d'Aragon est le dernier roi -, Fieramosca, mercenaire des Aragonais, combat les Français de Charles VIII. Après la défaite de Naples en 1501, Fieramosca entre au service de Prospero Colonna contre la France et l'Espagne. Le 13 février 1503, lors du légendaire tournoi de Barletta, dans les Pouilles, il dirige victorieusement douze chevaliers italiens qui affrontent les treize champions français. A l'issue du combat, Louis XII renonce à Naples et signe l'armistice. Fieramosca prend ensuite les armes pour la République de Venise aux côtés de Fabrizio Colonna, puis se réconcilie avec l'Espagne où il raccompagne Cesare Borgia. Ferdinand II d'Espagne l'annoblit. Il meurt à Valladolid à l'âge de 39 ans. - Lors du Risorgimiento au XIXe siècle, puis de la montée du fascisme, Fieramosca sera fêté comme un héros national. Cf. le roman Ettore Fieramosca de Massimo Taparelli D'Azeglio (1833) et les drames lyriques de Giovanni Benacchio (1883) et Carlo Adolfo Cantù (1921).
Bartolomeo Fanfulla dit FANFULLA DA LODI (mort en 1525).
Soldat de fortune né à Lodi ou à Parme, il met son épée au service de Florence (1499), de l'Espagne (à partir de 1503), puis du Saint-Empire germanique (dès 1515) pour combattre contre Pise et surtout contre la France. Il est annobli par Consalvo de Cordoba au lendemain du fameux tournoi de Barletta auquel il participe aux côtés d'Ettore Fieramosca (1503). Il décède probablement à la bataille de Pavie.
Moyen Âge et Renaissance > ESPAGNE ET PORTUGAL > CHARLES QUINT, ROI D’ESPAGNE ET EMPEREUR GERMANIQUE
1942 | La regina di Navarra (IT) de Carmine Gallone Raffaele Colamonici/Juventus Film-Ente Nazionale Industrie Cinematografiche (ENIC), 1h26 min. - av. Elsa Merlini (Marguerite de Navarre/Valois-Angoulême), Renato Cialente (François Ier), Gino Cervi (Charles Quint), Leonardo Cortese (Henri d’Albret), Clara Calamai (Isabelle de Portugal), Valentina Cortese (Éléonore d’Autriche/de Habsbourg), Paolo Stoppa (Babieca), Nerio Bernardi (le chancelier Mercurin de Gattinara), Greta Gonda (Conchita Babieca), Margherita Bagni (la duchesse d’Ossuna), Wanda Capodaglio (une dame de la cour), Oreste Fares (le prêtre), Enzo Musumeci Greco (le maître d’armes), Adriano Vitale. Synopsis : Après l’écrasante défaite de Pavie en 1525, François Ier est prisonnier de l’empereur Charles Quint à Madrid. Il reçoit la visite de sa sœur aînée, Marguerite de Valois, qui s’est attiré les sympathies de la cour espagnole et manœuvre pour le faire libérer. Elle y parvient à force d’habileté et de diplomatie. Redoutable entremetteuse de charme, elle finit même par arranger trois mariages : un premier entre François Ier et Éléonore d’Autriche, la propre sœur de l’empereur ; un deuxième entre ce dernier et Isabelle, l’infante du Portugal ; enfin un troisième, en guise de récompense personnelle : elle séduit Henri d’Albret, le futur roi de Navarre, qu’elle épousera à Nérac une fois son frère de retour en France. Cette comédie facétieuse, légèrement parodique - tournée à Cinecittà par un des chantres du cinéma mussolinien (Scipione l’Africano, 1935) et inédite en France, susceptibilité nationale oblige! - est une adaptation des Contes de la reine de Navarre, ou la revanche de Pavie, une pièce en cinq actes d’Eugène Scribe et Ernest Legouvé (1861). Outre Gino Cervi, futur Peppone, on y découvre Clara Calamai, qui sera l’année suivante la sulfureuse femme fatale d’Ossessione (Les Amants diaboliques) de Visconti, et la stupéfiante Valentina Cortese (l’épave alcoolique de La Nuit américaine de Truffaut). C’est du vaudeville en costumes (titre de tournage : L’allegre regina), statique, bavard, mais aussi l’unique film consacré à Marguerite de Navarre/Valois-Angoulême ou d’Orléans (1492-1549), sœur de François Ier, grand-mère d’Henri IV et l’une des rares femmes de lettres de son temps (L’Heptaméron, Marguerites de la Marguerite des princesses, etc.). Elle devint le centre de la cour où elle jouit d’un ascendant très supérieur à celui des épouses successives du roi. Son premier mari, Charles d’Alençon, rescapé de Pavie, décéda peu avant son départ pour Madrid, où elle fut effectivement envoyée pour négocier la libération de son frère. Mais Charles Quint ne voulut pas entendre parler de rançon et exigea la rétrocession de la Bourgogne dont il était théoriquement héritier par sa grand-mère. Sur ce point, la mission de Marguerite fut un échec, mais elle permit d’apporter à François Ier un sérieux réconfort et elle en tira prestige et popularité. Peut-être le traitement de cette matière, quinze mois après la défaite française de mai 1940, n’est-il pas innocent : faut-il y lire une invitation à collaborer dans la bonne humeur avec le vainqueur du moment ? - GB : Queen of Navarra. |
Le décorateur attitré de la société, le Viennois Joseph Urban (disciple des Wiener Werkstätte, il œuvre à la Metropolitan et à Broadway pour les spectacles de Ziegfeld) métamorphose les studios Tec-Art de la Cosmopolitan sur Jackson Avenue (Bronx) en France médiévale. Curiosité amusante : la grande salle de banquet ressemble furieusement à celle de San Simeon, baptisée « Gothic Suite » ! Quatre mille figurants se réunissent devant le château du Téméraire – le palais du Coudenberg à Bruxelles (où est née Marie/Yolanda), Bruges, Péronne ou Malines, ses résidences quand il n’était pas en campagne – , avec pont-levis. L’édifice a été partiellement érigé sur les terrains du principal studio de la Cosmopolitan Films à Manhattan (angle 127th Street/Second Avenue) et passe alors pour être le plus grand décor de cinéma jamais construit sur la côte est : le bâtiment fait 183 sur 76 mètres, avec une tour d’une hauteur de 35 mètres ; les douves mesurent 92 mètres, surmontées de remparts de 12 mètres. Gretl Urban Thurlow, l’épouse du décorateur, fait fabriquer costumes et dentelles à Paris sur des modèles vus aux musées de Cluny ou du Louvre. Les dépenses sont telles que Hearst se sépare d’Urban. William Frederick Peters compose une partition musicale originale. Comme d’habitude, Hearst engloutit une fortune – en l’occurrence, 650’000 dollars – pour mettre en valeur l’actrice, qui n’en demande pas tant, elle qui rêve de rôles comiques (le magnat avouera plus tard que ses films lui permettaient surtout des défalcations d’impôt). Cette opulence ostentatoire ne masque cependant pas les déficiences d’un script languissant et d’une facture de pure routine : une superproduction un peu vaine qui n’attire guère les foules et sombre bientôt dans un oubli mérité. Cela dit, l’authentique Marie de Bourgogne (1457-1482) n’a pas vingt ans quand son père décède. Menacée par les armées de Louis XI, elle épouse effectivement Maximilien de Styrie, futur empereur du Saint Empire germanique, le 18 août 1477 et lui apporte en dot les Pays-Bas bourguignons. Elle mourra lors d’une chute de cheval à l’âge de vingt-cinq ans. Ce que le film se garde bien de préciser, c’est que Louis XI a profité du décès de son cousin et ennemi favori pour confisquer brutalement toutes les provinces françaises appartenant à l’orpheline du Téméraire, la Bourgogne comprise. Refugiée auprès de son prince d’Empire, Marie ne lui pardonnera jamais. Son petit-fils Charles Quint fera la guerre à François Ier pour en réclamer la restitution, déclenchant une rivalité entre la maison de France et les Habsbourg qui va déchirer l’Europe pendant des siècles. Mais ce sont là des broutilles dont Hearst n’a que faire. – IT : Iolanta. |
1964 | (tv) Bayard / Le Chevalier Bayard (FR) de Claude Pierson Crécifilms-Radio-Télévision Française (RTF) (1e Ch. 16.1.-9.4.64), 13 x 25 min. – av. René Roussel (Pierre Terrail LeVieux, seigneur de Bayard), Michel Forain (Georges Terrail LeVieux dit Piquet, son frère aîné), Philippe Drancy (Charles VIII), Anne Tonietti (Blanche de Savoie), Jacques Maréchal (Charles Ier, duc de Savoie), Paul Bonifas (Aymon Terrail LeVieux, père de Bayard), Thérèse Godon (Dame Hélène, son épouse), Clément Thierry (Jacques de Mailles), Bernard Murat (Coligny), Jean Degrave (le marquis de Mantoue), Michel Bertay (Gonzalve de Cordoue), Bernard Lajarige (l’abbé d’Aynay), Georges Aminel (Ludovic le More), Michel Bertay (Gonzalve de Cordoue), Yves Arcanel (comte de Ligny), Georges Beauvilliers (Jacques Greysin), Marius Malbruit (Amyot), Fernand Berset (Guillaume), Claude Aldier (la marquise de Saluces), Victor Lanoux (Bellabre), Roland Danyck (Monjoie), Dominique Valensi (Ghislaine de Pontcharpa), Charles Millot (l’astrologue Centenius). Synopsis : Les exploits de Pierre Terrail, fils cadet d’Aymon Terrail, seigneur de Bayard en Dauphiné, qui rêve de devenir un grand chevalier. Issu d’une famille pauvre, il entre comme écuyer au service du comte de Ligny, grand chambellan du roi Charles VIII en 1483 et sort vainqueur du tournoi de Vauldray. En 1494, il combat à Florence pendant la première campagne d’Italie, puis retourne en Dauphiné en 1496, à Carignan en 1499, puis se rend à Milan en 1500 lors de la deuxième campagne d’Italie. Il y est fait prisonnier par Ludovic le More, s’évade et combat les Espagnols à Voghera et à Minervino. En décembre 1503, après la défaite de Cérignole, l’armée française de Louis XII se regroupe près de Naples, sur la rive nord du Garigliano, face au camp espagnol que commande Gonzalve de Cordoue. Ayant défendu seul l’accès d’un pont contre deux cents Espagnols, Bayard est nommé écuyer du roi de France. Série en noir et blanc destinée à la jeunesse, dont le héros est campé par René Roussel, un comédien qui s’est mesuré à l’épée contre Jean Marais dans « Le Bossu », « Le Capitan » et « Le Miracle des loups » d’André Hunebelle (1959) et que l’on retrouvera grimé en Jean de Marigny dans « Les Rois maudits » (1972) (cf. 6). « Bayard » est un des tout premiers feuilletons historiques de la télévision française, fruit du triomphe cathodique de « Thierry la Fronde », l’année précédente. Quant à Claude Pierson, dont c’est la troisième réalisation, il va bifurquer dès 1966 dans le cinéma érotico-pornographique, genre où il se signalera par une cinquantaine de navets. Si Du Guesclin est le héros de la guerre de Cent Ans, au XIVe siècle, Bayard (1476-1527) est son pendant pour les bien inutiles guerres d’Italie ; tous deux occupent une place de choix dans les manuels scolaires de l’Hexagone. Après l’épisode légendaire du pont de Garigliano qui clôt ce feuilleton, Bayard obtient la soumission de Gênes (1507), participe à la bataille d’Agnadel, est blessé au siège de Brescia (1512) et prend part à la bataille de Ravenne. Il s’illustre au siège de Pavie, lutte contre les Anglais en Artois, sacre François Ier chevalier à Marignan (1515), tient tête à Charles Quint durant le siège de Mézières et finit tué en Italie par un arquebusier en traversant la Sesia. Contrairement à la plupart de ses pairs, Bayard ne fut jamais avide de pillages et fit preuve de beaucoup d’humanité. Dans ses grandes lignes, le scénario de Daniel Martin s’inspire de La très joyeuse et très plaisante histoire du gentil seigneur de Bayart, le bon chevalier sans peur et sans reproche rédigé en 1527 par Jacques de Mailles, compagnon d’armes, archer et secrétaire de Bayard, récit qui est à l’origine de la renommée de ce personnage hors pair symbolisant les valeurs de la chevalerie française de la fin du Moyen Âge. Disons charitablement qu’on ne peut en dire autant du présent feuilleton, condamné aux oubliettes. – Diffusion en 11 épisodes à la télévision ouest-allemande (ARD 12.9.66). Episodes: 1. « L’ours » – 2. « L’épreuve » – 3. « Piquet le page » – 4. « Le message » – 5. « Le tournoi de Vauldray » – 6. « La provocation » – 7. « Une affaire criminelle » – 8. « Le manchon » – 9. « Ludovic le More » – 10. « Les révoltés de Voghera » – 11. « Le duel » – 12. « Le trésorier espagnol » – 13. « Le pont de Garigliano ». – DE : Der Ritter Bayard. |
2018 | (tv-df) La Guerre des trônes - La véritable histoire de l'Europe : 2. Au nom de Dieu (1559-1561) (FR/CA) d'Alain Brunard et Vanessa Pontet Série présentée par Bruno Solo (saison 2, épis. 2), Samuel Kissous/Pernel Media-TV5 Québec-CNC-France Télévisions-Histoire TV (FR5 21.12.18), 49 min. - av. Marie Bouvet (Catherine de Médicis jeune), Alexandra Kazan (Catherine de Médicis âgée), Alix Heurmont (Elizabeth I d'Angleterre jeune), Isabelle Desplantes (Elizabeth I d'Angleterre âgée), Vanessa Valence (Mary Tudor), Daphné Bonneton (Mary Stuart jeune), Julie Mouamma (Mary Stuart âgée), Elya Birman (Henri II), Quentin Santarelli (François d'Anjou / François II), Axel Ducret (Charles IX), Elie Kaemplen (Henri d'Anjou / Henri III), Adrien Letartre (François d'Alençon), Jessica Morali (Marguerite de Valois), Léo Barcel (Henri de Navarre / Henri IV), Valérie Stroh (Diane de Poitiers), Benjamin Garnier (Philippe II d'Espagne), Bruno Rochette (le duc François de Guise), Teddy Candela (Henri de Guise), Mathéo Capelli (Antoine de Bourbon), Ludovic Charles (Louis Ier de Bourbon-Condé), Fred Etherlinck (le conseiller William Cecil), Didier Mérigou (l'amiral de Coligny), Michaël Fühs (l'empereur Charles Quint). La montée du protestantisme divise l'Europe, c'est le début des guerres de Religion. Alors qu'il célèbre un traité d'alliance, le roi de France Henri II meurt tragiquement lors d'un tournoi. Espionnage, complots et trahisons s'ensuivent. Son fils, le fragile François II, voit sa vie et son règne menacés par les protestants. En Espagne, Philippe II s'est allié à la France par mariage, mais la révolte ravage son propre royaume. En Angleterre, la nouvelle reine Elizabeth Ière soutient les protestants du continent et envahit l'Écosse... Docu-fiction retraçant à gros traits l'épopée des dynasties rivales qui ont écrit la grande histoire de l'Europe, au moyen de reconstitutions soignées (jolis costumes) mais pataudes et souvent minimalistes (cadrages serrés); planté devant une carte du continent en relief, Bruno Solo survole avec une bonne dose de sensationnalisme les jeux de pouvoir, les ambitions et les passions humaines qui ont façonné les nations. |
1981 | (tv) Frère Martin - 1. La Justice de Dieu - 2. La Justice du Pape / Bruder Martin (FR/DE/CA) de Jean Delannoy Claude Désiré/TF1 (Paris)-Société française de production (SFP Bry-sur-Marne)-Taurus Film GmbH (München)-Bayerischer Rundfunk (München) (TF1 8+10.1.81; ARD/BR 9+13.11.83), 2 x 90 min. - av. Bernard Lincot (Martin Luther), Philippe Clay (Johann Dietz dit Tetzel), Raymond Gérome (le duc Frédéric III de Saxe), Philippe Villiers (l’empereur Charles Quint), Zoltán Gera (le pape Léon X), Georges Wilson (le vicaire Johann de Staupitz), Károly Bicskey (Hans Luther), Franck Cabot-David (Bernard), Michel Creton (frère Guillaume), Philippe Desboeufs (le président du tribunal), Joëlle Fossier (Marguerite), René Morard (l’imprimeur), Zoltán Gera, Ferenc Némethy, Lajos Mezey, Jenä Horvath. Luther à ses débuts comme moine augustin et docteur en théologie à Wittenberg. Réformateur condamné par Rome, il échappe de justesse au sort fatal que connut de Jan Hus, lorsqu’il comparaît devant Charles Quint, jeune empereur de 19 ans qui préside la diète de Worms en 1521. Charles-Quint le sauve du bûcher par crainte de plonger l’Allemagne dans la révolution en le condamnant. Protestant actif et pratiquant, Jean Delannoy, jadis une des gloires du cinéma national, a des préoccupations spirituelles constantes (cf. La Symphonie pastorale d’après Gide, Palme d’or à Cannes 1946). Il n’est toutefois pas intéressé par le Luther plus tardif, marié à une religieuse, obèse et buveur de bière, mais par le processus moral qui se développe dans l’âme du jeune moine profondément religieux. Le cinéaste cherche à montrer « la façon dont les nécessités intérieures naissent et progressent à l’intérieur des âmes. Luther s’est toujours défendu d’avoir voulu bouleverser la religion. « Jamais je ne sortirai de l’église ! » a-t-il dit. Il en a pourtant créé une autre. » (Jean Delannoy, Institut Jacques Prévert, Aulnay-sous-Bois, 1985, p. 80). Delannoy travaille à son projet sur Luther depuis 30 ans : le scénario, conçu pour un long métrage de cinéma, est rédigé en 1952 déjà, en collaboration avec Alexandre Astruc et Roland Laudenbach. Henri Lavorel est à la production – on envisage alors une participation de l’Église luthérienne d’Amérique - et Pierre Fresnay, spécialisé dans les rôles édifiants, est prévu pour le rôle-titre, lui qui a campé saint Vincent de Paul dans Monsieur Vincent en 1947 et que Delannoy a déguisé en pêcheur sacristain pour Dieu a besoin des hommes (primé à Venise 1950). Mais l’affaire capote en raison de la concurrence directe du Martin Luther américain (cf. 1953) et du script estimé trop original alors que les financiers souhaitent un éclairage apologétique de Luther dans tout son conformisme historique et religieux. Le décès accidentel de Lavorel coule le projet. Trente ans plus tard, alors que Delannoy est devenu la proie préférée de la Nouvelle Vague (jugé « froid et académique »), Claude Désiré, responsable de la fiction sur TF1 et qui a le goût des grandes productions, se laisse persuader et sort le script des oubliettes. Delannoy le tourne dans les décors du vieux Paris utilisé peu avant pour sa télésérie Histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut : les façades sont transformées en celles de Wittenberg, en ajoutant le grand portail de l’église sur lequel Luther fera placarder ses 95 thèses condamnant les indulgences (à la caméra, le chef-opérateur de Miklós Jancsó). Delannoy se dit déçu par la prestation de Bernard Lincot qui incarne le réformateur, un comédien débutant qui ressemble au Luther des gravures mais n’en possède pas le feu intérieur : « un moine bien rasé » qui ne fait que réciter son texte dans un film où « toute l’atmosphère est fausse » résume Die Zeit (4.11.83), tandis que Télérama parle d’images « aussi jolies que fades » (8.9.81). |
1964 | (tv) Bayard / Le Chevalier Bayard (FR) mini-série de Claude Pierson Crécifilms-Radio-Télévision Française (RTF) (1e Ch. 16.1.-9.4.64), 13 x 25 min. - av. René Roussel (Pierre Terrail LeVieux, seigneur de Bayard), Michel Forain (Georges Terrail LeVieux dit Piquet, son frère aîné), Philippe Drancy (Charles VIII), Anne Tonietti (Blanche de Savoie), Jacques Maréchal (Charles Ier, duc de Savoie), Paul Bonifas (Aymon Terrail LeVieux, père de Bayard), Thérèse Godon (Dame Hélène, son épouse), Clément Thierry (Jacques de Mailles), Bernard Murat (Coligny), Jean Degrave (le marquis de Mantoue), Michel Bertay (Gonzalve de Cordoue), Bernard Lajarige (l'abbé d'Aynay), Georges Aminel (Ludovic le More), Yves Arcanel (comte de Ligny), Georges Beauvilliers (Jacques Greysin), Marius Malbruit (Amyot), Fernand Berset (Guillaume), Claude Aldier (la marquise de Saluces), Victor Lanoux (Bellabre), Roland Danyck (Monjoie), Dominique Valensi (Ghislaine de Pontcharpa), Charles Millot (l'astrologue Centenius). Les exploits de Pierre Terrail, seigneur de Bayard en Dauphiné, qui rêve de devenir un grand chevalier. En 1494, il combat à Florence pendant la première campagne d'Italie, puis se rend à Milan en 1500 lors de la deuxième campagne d'Italie. Il y est fait prisonnier par Ludovic le More, s'évade et combat les Espagnols à Voghera et à Minervino. En décembre 1503, après la défaite de Cérignole, l'armée française de Louis XII se regroupe près de Naples, sur la rive nord du Garigliano, face au camp espagnol que commande Gonzalve de Cordoue. Ayant défendu seul l'accès d'un pont contre deux cents Espagnols, Bayard est nommé écuyer du roi de France. Série en noir et blanc destinée à la jeunesse, dont le héros est campé par René Roussel, un comédien qui s'est mesuré à l'épée contre Jean Marais dans Le Bossu, Le Capitan et Le Miracle des loups d'André Hunebelle. Bayard est un des tout premiers feuilletons historiques de la télévision française. Si Du Guesclin est le héros de la guerre de Cent Ans, au XIVe siècle, Bayard (1476-1527) est son pendant pour les bien inutiles guerres d'Italie ; tous deux occupent une place de choix dans les manuels scolaires de l'Hexagone. Après l'épisode légendaire du pont de Garigliano qui clôt ce feuilleton, Bayard obtient la soumission de Gênes (1507), participe à la bataille d'Agnadel, est blessé au siège de Brescia (1512) et prend part à la bataille de Ravenne. Il s'illustre au siège de Pavie, lutte contre les Anglais en Artois, sacre François Ier chevalier à Marignan (1515), tient tête à Charles Quint durant le siège de Mézières et finit tué en Italie par un arquebusier en traversant la Sesia. Contrairement à la plupart de ses pairs, Bayard ne fut jamais avide de pillages et fit preuve de beaucoup d'humanité. Dans ses grandes lignes, le scénario de Daniel Martin s'inspire de La très joyeuse et très plaisante histoire du gentil seigneur de Bayart, le bon chevalier sans peur et sans reproche rédigé en 1527 par Jacques de Mailles, compagnon d'armes, archer et secrétaire de Bayard, récit qui est à l'origine de la renommée de ce personnage hors pair symbolisant les valeurs de la chevalerie française de la fin du Moyen Âge. Disons charitablement qu'on ne peut en dire autant du présent feuilleton, condamné aux oubliettes. - Pour plus de détails, cf. France, Renaissance, chap. 9. Episodes : 1. " L'Ours " - 2. " L'Épreuve " - 3. " Piquet le page " - 4. " Le Message " - 5. " Le Tournoi de Vauldray " - 6. " La Provocation " - 7. " Une affaire criminelle " - 8. " Le Manchon " - 9. " Ludovic le More " - 10. " Les Révoltés de Voghera " - 11. " Le Duel " - 12. " Le Trésorier espagnol " - 13. " Le Pont de Garigliano ". - DE : Der Ritter Bayard. |
1965 | ** (tv) Marie Tudor (FR) d’Abel Gance [et Jean Chérasse] 1. Le Secret des Talbot / Henri VIII – 2. Justice est faite / La Vengeance de Marie Tudor « Théâtre de toujours », Jean Chérasse/ORTF Télévision (1e Chaîne 23.+30.4.66), 102 min. et 99 min. – av. Françoise Christophe / Caty Fraisse (Mary Tudor / Mary à 13 ans), Colette Bergé (Jane Talbot), Pierre Massimi (Fabiano Fabiani), Michel de Ré (Henry VIII / Simon Renard de Bermont, ambassadeur de Charles Quint à la cour d’Angleterre), Robert Porte (Thomas Howard, duc de Norfolk), Marc Cassot (Gilbert, ciseleur à la cour), Lucien Raimbourg (Joshua), Bernard Dhéran (John Dudley, duc de Northumberland), Michel Ferre (Maître Énéas Dulverton), Gabriel Jabbour (le mendiant juif), Jacques Maire (le peintre Hans Holbein), Édouard Francomme (Osley), Michel Etcheverry / Jean Ozenne (Thomas Cranmer, archevêque de Canterbury), Jean-Louis Durer (Lord Montagu), Jean-Claude Houdinière (Lord Anthony Brown), Samson Fainsilber (Lord Clinton), Pierre Stéphen (Lord Chandos), Tony Jacquot (Lord Talbot), Joëlle Picaud (Lady Talbot), Michel Thomas (le batelier), Pierre Duncan (Dermick), Jean-Claude Abadie (Peter), R. Roc Hongar (Butts, médecin du roi), F. Bercher (Gardiner), R. Dadies (Bridges), Jean-Louis Durher (Montaigu). Après l’échec public navrant de son Cyrano et d’Artagnan, Abel Gance, 76 ans, baptisé jadis « le Victor Hugo du cinéma », doit renoncer à son art et à ses grands projets de polyvision. Le petit écran constitue toutefois pour lui une expérience nouvelle et valorisante : la nouvelle ORTF, créée en 1964, lui propose de transférer à la télévision la tragédie romantique de Victor Hugo (synopsis cf. le film de Capellani, 1914/17). Sifflée en 1833, celle-ci a été réhabilitée en juillet 1955 grâce à la mise en scène mémorable de Jean Vilar dans la Cour d’honneur du Palais des Papes en Avignon (TNP) qui offrit à Maria Casarès un de ses plus grands rôles, aux côtés de Philippe Noiret en Renard. Au lieu de s’en tenir à enregistrer respectueusement la pièce d’Hugo (qu’il juge mineure et trop bavarde), Gance n’hésite pas à la marquer de sa forte personnalité, en supprimant un bon tiers du texte, en modifiant le dénouement par un happy end et en lui ajoutant un prologue de son cru, plein de cris et de fureur, afin de mieux expliquer la personnalité de « Marie la Sanglante », ce « prototype de Néron femelle », cette « fille d’Hitler ». Il s’agit pour le cinéaste de consolider l’ensemble en lui donnant des soubassements psychologiques. Cette introduction, construite en flash-backs répétitifs, se déroule sous Henry VIII, lorsque celui-ci rompt avec Rome et persécute les ‘papistes’. Marie hérite des défauts de son géniteur, de sa cruauté, de son indifférence à la douleur humaine, explique Gance. « A l’inverse de lui, elle est très catholique, mais elle se comporte avec le même fanatisme et elle applique à ses passions amoureuses le même despotisme que dans les affaires d’État. (…) A travers l’intrigue à rebondissements, la lutte de la reine et de Jane, qui veulent chacune sauver un homme aimé, j’ai voulu montrer comment le pouvoir absolu et les excès d’un tempérament marqué par l’atavisme conduisent au mal. Marie Tudor est donc un film sur la dictature » (Le Monde, 21.4.66). Dans le prologue gancien, Joshua, guichetier à la sinistre Tour de Londres – où un échafaud et un bûcher sont préparés en permanence, sans parler des soixante-dix potences qui servent sans relâche, d’abord au supplice des catholiques, à présent à celui des protestants – évoque ses terrifiantes années de service. (Hugo, lui, ne s’est pas attardé sur les persécutions religieuses.) Le cinéaste introduit également des personnages historiques inexistants dans la pièce comme Hans Holbein le Jeune, Thomas Cranmer ou John Dudley. Ces modifications font que la reine en titre n’apparaît qu’après une heure et vingt minutes de film. A la fin du téléfilm, la souveraine en pleurs murmure, tandis qu’Henry VIII émerge en surimpression : « Non, père cruel, je ne te ressemblerai plus jamais ! », ordonne la libération immédiate de tous les condamnés de la Tour de Londres, bénit Jane et Gilbert (« Nous avons joué, Dieu a gagné, soyez heureux en Irlande »), décrète la liberté totale des différentes confessions, l’abolition de la peine de mort et annonce son mariage à venir avec Philippe de Castille ; un chargement d’or, cadeau de mariage de Charles Quint, sera distribué au peuple. Puis en pensée, Marie se dit : « J’effacerai par mes pleurs les taches de sang qui me masquaient la belle devise de notre blason des Tudor, ‘Honni soit qui mal y pense’. » |
1924 | Yolanda (Idylle princière / Yolande) (US) de Robert G. Vignola Cosmopolitan Corporation (W. R. Hearst)-Metro-Goldwyn Pictures, 3455 m./11 bob./74 min. - av. Marion Davies (Yolande alias Marie de Bourgogne), Ralph Graves (Maximilien de Styrie, futur empereur Maximilien Ier de Habsbourg), Holbrook Blinn (Louis XI), Lyn Harding (Charles le Téméraire), Theresa Maxwell Conover (Marguerite d'Écosse), Johnny Dooley (le dauphin, futur Charles VIII), Gustav von Seyffertitz (Olivier le Daim), Maclyn Arbuckle (l’évêque Jean de La Balue), Ian MacLaren (Nicola di Monforte, comte de Campobasso), Arthur Donaldson (l’évêque), Roy Applegate (Sire Karl Pitti, précepteur de Maximilien), Martin Faust (le comte Calli), Paul McAllister (le comte Jules d’Humbercourt), Thomas Findley (le père d’Antoinette), Mary Kennedy (Antoinette Castleman), Leon Errol (l’aubergiste). Synopsis : Bruges en 1477. Opposé au mariage avec Marie de Bourgogne que souhaite ses parents, le prince Maximilien d’Autriche (Styrie), voyage incognito à travers l’Europe. En même temps, Marie de Bourgogne, l’unique fille de Charles le Téméraire, a obtenu d’un marchand ami qu’il la fasse passer pour sa nièce Yolande et l’emmène à la foire de Bâle pendant l’absence de son père. Elle y rencontre Maximilien qui s’en éprend tout en ignorant sa véritable identité. Il l’accompagne jusqu’au château du Téméraire, repoussant l’assaut de brigands, mais le duc, qui le prend pour un simple prétendant de sa fille, le fait emprisonner. Il est libéré à la demande de Marie, mais doit affronter le comte Calli, ennemi du Téméraire, dans un duel judiciaire sous forme de tournoi à mort, dont il sort vainqueur. Entre-temps, le duc a promis sa fille au dauphin de France, un faible d’esprit. Maximilien, déguisé, l’enlève. A quelques jours de là, Charles le Téméraire est battu par les Suisses et tué à Nancy, et les amoureux peuvent enfin convoler. Une fantaisie historique sur la plus riche héritière européenne du XVe siècle (cf. L’Héritière de Pouctal, 1910), produite par le multimillionnaire William Randolph Hearst, le redoutable magnat de la presse qui servira de modèle au Citizen Kane wellesien. La matière est tirée d’un livre du romancier-juriste américain Charles Major intitulé Yolanda : Maid of Burgundy, paru en 1905. Passionné de Renaissance anglaise, Major est alors un auteur coté, en particulier pour ses deux bestsellers, When Knighthood Was in Flower (1898) et Dorothy of Vernon Hall (1902) qui se déroulent tous deux à la cour des Tudors. Le premier vient justement d’être porté à l’écran à grand frais par Robert G. Vignola pour Hearst et sa protégée Marion Davies, le deuxième par la compagnie de Mary Pickford à Hollywood. Le romancier affectionne en particulier la destinée des épouses, concubines ou filles des grands de ce monde, femmes maltraitées dont il décrit les misères et la lutte pour être reconnues dans un monde foncièrement « machiste ». Ce n’est toutefois pas le souci majeur de Hearst qui cherche, une fois de plus, à placer sa Marion adorée au cœur d’une débauche barnumesque de luxe et de meubles anciens, préfiguration inconsciente de celle de son (futur) château personnel à San Simeon, le phénoménal Hearst Castle sur la côte californienne, dont la construction a commencé cinq ans plus tôt. Le décorateur attitré de la société, le Viennois Joseph Urban (disciple des Wiener Werkstätte, il œuvre à la Metropolitan et à Broadway pour les spectacles de Ziegfeld) métamorphose les studios Tec-Art de la Cosmopolitan sur Jackson Avenue (Bronx) en France médiévale. Curiosité amusante : la grande salle de banquet ressemble furieusement à celle de San Simeon, baptisée « Gothic Suite » ! Quatre mille figurants se réunissent devant le château du Téméraire - le palais du Coudenberg à Bruxelles (où est née Marie/Yolanda), Bruges, Péronne ou Malines, ses résidences quand il n’était pas en campagne - , avec pont-levis. L’édifice a été partiellement érigé sur les terrains du principal studio de la Cosmopolitan Films à Manhattan (angle 127th Street/Second Avenue) et passe alors pour être le plus grand décor de cinéma jamais construit sur la côte est : le bâtiment fait 183 sur 76 mètres, avec une tour d’une hauteur de 35 mètres ; les douves mesurent 92 mètres, surmontées de remparts de 12 mètres. Gretl Urban Thurlow, l’épouse du décorateur, fait fabriquer costumes et dentelles à Paris sur des modèles vus aux musées de Cluny ou du Louvre. Les dépenses sont telles que Hearst se sépare d’Urban. William Frederick Peters compose une partition musicale originale. Comme d’habitude, Hearst engloutit une fortune - en l’occurrence, 650’000 dollars - pour mettre en valeur l’actrice, qui n’en demande pas tant, elle qui rêve de rôles comiques (le magnat avouera plus tard que ses films lui permettaient surtout des défalcations d’impôt). Cette opulence ostentatoire ne masque pas les déficiences d’un script languissant et d’une facture de pure routine : une superproduction un peu vaine qui n’attire guère les foules et sombre bientôt dans un triste oubli. Cela dit, l’authentique Marie de Bourgogne (1457-1482) n’a pas vingt ans quand son père décède. Menacée par les armées de Louis XI, elle épouse effectivement Maximilien de Styrie, futur empereur du Saint-Empire romain germanique, le 18 août 1477 et lui apporte en dot les Pays-Bas bourguignons. Elle mourra lors d’une chute de cheval à l’âge de vingt-cinq ans. Ce que le film se garde bien de préciser, c’est que Louis XI a profité du décès de son cousin et ennemi favori pour confisquer brutalement toutes les provinces françaises appartenant à l’orpheline du Téméraire, la Bourgogne comprise. Refugiée auprès de son prince d’Empire, Marie ne pardonnera jamais au roi de France. Son petit-fils Charles Quint fera la guerre à François Ier pour en réclamer la restitution, déclenchant une rivalité entre la maison de France et les Habsbourg qui va déchirer l’Europe pendant des siècles. Mais ce sont là des broutilles dont Hearst n’a que faire. - IT : Iolanta. |
2018 | (tv-df) La Guerre des trônes - La véritable histoire de l'Europe : 1. Jeu de dames (1542-1559) (FR/CA) d'Alain Brunard et Vanessa Pontet Série présentée par Bruno Solo (saison 2, épis. 1), Samuel Kissous/Pernel Media-TV5 Québec-CNC-France Télévisions-Histoire TV (FR5 21.12.18), 49 min. - av. Marie Bouvet (Catherine de Médicis jeune), Alexandra Kazan (Catherine de Médicis âgée), Alix Heurmont (Elizabeth I d'Angleterre jeune), Isabelle Desplantes (Elizabeth I d'Angleterre âgée), Vanessa Valence (Mary Tudor), Daphné Bonneton (Mary Stuart jeune), Julie Mouamma (Mary Stuart âgée), Elya Birman (Henri II), Quentin Santarelli (François d'Anjou / François II), Axel Ducret (Charles IX), Elie Kaemplen (Henri d'Anjou / Henri III), Adrien Letartre (François d'Alençon), Jessica Morali (Marguerite de Valois), Léo Barcel (Henri de Navarre / Henri IV), Valérie Stroh (Diane de Poitiers), Benjamin Garnier (Philippe II d'Espagne), Bruno Rochette (le duc François de Guise), Teddy Candela (Henri de Guise), Mathéo Capelli (Antoine de Bourbon), Ludovic Charles (Louis Ier de Bourbon-Condé), Fred Etherlinck (le conseiller William Cecil), Didier Mérigou (l'amiral de Coligny), Michaël Fühs (l'empereur Charles Quint). Le fils de François Ier fait trembler l'Europe. Le roi de France Henri II s'arroge les droits sur la couronne d'Écosse en mariant la toute jeune reine Mary Stuart à son fils héritier, le futur François II... Docu-fiction, cf. supra, "Le Roi et l'Empereur" (2018). |
Née en 1516, fille aînée d’Henry VIII et de Catherine d’Aragon, demi-sœur catholique d’Elizabeth la protestante qui lui succèdera. Mariée au prince Philippe, futur Philippe II d’Espagne, fils de Charles Quint et roi consort d’Angleterre.
Mary Tudor est la première femme à régner en son propre nom et par voie de succession sur les terres anglaises, préparant ainsi l’arrivée de sa demi-sœur, Elizabeth. Elle est reine d’Angleterre et d’Irlande (royaume créé par son père) et reine consort d’Espagne, de Sicile et de Naples. C’est une femme meurtrie par la tyrannie et les humiliations de son père, qui lui a retiré son titre d’héritière légitime avant de l’exiler loin de sa mère et de la cour, puis de la nommer dame d’honneur de la princesse Elizabeth à Hatfield Palace (Hertfordshire) avec le seul titre de « Lady ». Catholique d’une intransigeance absolue, mais obstinée et rusée, Mary est marquée par son ascendance espagnole et cherche à ramener le royaume d’Angleterre « égaré dans le péché » dans la légitimité pontificale. C’est par sa seule ténacité qu’elle réussit à s’emparer du trône, à trente-sept ans. Sur ses ordres, le catholicisme romain est réinstauré de force et les protestants sont impitoyablement persécutés malgré les conseils de Philippe d’Espagne qui l’incite à la prudence. La loi sur l’hérésie est réinstaurée tandis que le cardinal Reginald Pole, légat du pape, orchestre les « persécutions mariales » et multiplie les autodafés. L’archevêque Thomas Cranmer qui a permis le divorce de ses parents, vieux et faible, abjure sa foi protestante pour rester en vie, mais Mary ne lui fait pas confiance et le condamne aux flammes. Elle doit son surnom de « Bloody Mary » au supplice qu’elle fait infliger à plus de 280 réformateurs et dissidents brûlés vifs pour leur foi, tandis que près de mille réformés prennent le chemin de l’exil. Le récit de ces supplices alimentant la haine contre Rome sont recueillis dans un Livre des Martyrs de John Foxe qui allait figurer, à côté de la Bible, dans toutes les maisons anglaises. Pour empêcher la protestante Elizabeth de lui succéder au trône, Mary doit engendrer un héritier. Vieille fille ardente, elle éprouve un réel amour pour le beau prince d’Espagne (qui ne parle pas l’anglais), mais celui-ci conçoit son union sous un angle politique, le concours de l’Angleterre lui étant utile pour préserver sa domination sur les Pays-Bas éloignés de son royaume. Le mariage, extrêmement impopulaire, a lieu en 1454, Philippe s’engageant à ne pas porter le titre de roi d’Angleterre tant que la reine vivrait et à renoncer à tout droit territorial à la mort de celle-ci. Mary ayant fait une grossesse nerveuse, Philippe, déçu, quitte Londres pour combattre les Français en Flandres avec sept mille soldats anglais tandis que son épouse sombre dans une profonde dépression. Il revient en 1557, sur les supplications de sa femme et à présent couronné roi d’Espagne, mais la grossesse annoncée par la suite s’avère à nouveau inexistante. De santé fragile, Mary s’éteint l’année suivante à l’âge de 42 ans, durant une épidémie de grippe qui emportera également son cousin, le cardinal Pole. Elle meurt presque seule, toute la cour s’étant groupée autour d’Elizabeth (que Mary détestait car sa mère avait pris la place de la sienne auprès du roi). Le pape Paul IV lui-même prend parti contre elle et contre l’Espagne. Mary Tudor, qui voulait la restauration du catholicisme en Angleterre, en aura été la destructrice.
1923/24 | * Carlos und Elisabeth. Eine Herrschertragödie (Sous l'Inquisition / La mort de Don Carlos) (DE) de Richard Oswald Richard Oswald-Film AG (Berlin), 3153 m./115 min. - av. Conrad Veidt (Charles Quint/Don Carlos), Eugen Klöpfer (Philippe II), Aud Egede Nissen (Ana de Mendoza, princesse d'Eboli), Dagny Servaes (Elisabeth/Isabelle de Valois), Wilhelm Dieterle (Rodrigo, marquis de Posa), Robert Taube (Don Fernando Alvarez de Toledo, duc d'Albe), Adolf Klein (Espinosa, le Grand Inquisiteur), Friedrich Kühne (Don Perez, ministre du roi), Rudolf Biebrach (le duc de Valois), Martin Herzberg (Carlos à dix ans), Alexander Granach (un prisonnier). Don Carlos et Isabelle de Valois sont passionnément épris l’un de l’autre, mais Philippe II désire la jeune femme et l’épouse contre sa volonté. Les amants continuent à se voir en secret après les noces royales et préparent un plan pour s’enfuir ensemble (elle est enceinte). Mais le roi découvre la chose et livre son propre fils, accusé d’adultère, au tribunal de l’Inquisition, refusant toute demande de grâce. Don Carlos est exécuté, mais le triomphe de Philippe II est de courte durée : Isabelle décède peu après dans un couvent et le despote reste seul, effondré et brisé par la mauvaise conscience. - Filmée en automne-hiver 1923 sur les terrains de la UFA à Berlin-Tempelhof avec la crème du cinéma allemand – Conrad Veidt, Wilhelm [William] Dieterle, Dagny Servaes –, l’opulente fresque Carlos und Elisabeth est la dernière des grandes productions historiques de Richard Oswald, après Lady Hamilton (1921) et Lucrezia Borgia (1922), tous deux aussi avec Veidt à l’affiche. Ce dernier joue ici d’abord Charles Quint, le grand-père du héros (dans le prologue), puis Don Carlos, le maquillage excessif, les yeux hagards. Emil Jannings devait interpréter Philippe II, mais il s’esquiva au dernier moment à Rome pour faire Néron dans Quo Vadis. Producteur-réalisateur en tous genres, Oswald, très prolifique avant son exil à Londres, puis à Hollywood en 1933, est marqué par l’expressionnisme (qu’il pratique aussi dans ses films fantastiques comme Alraune/La Mandragore avec Brigitte Helm ou ses adaptations d’Edgar Poe et E.T.A. Hoffmann) et en particulier par le théâtre d’un Max Reinhardt dont l’influence dans la direction des foules est ici manifeste (Reinhardt avait mis en scène la pièce de Schiller à Berlin en 1909). Oswald se détourne toutefois du drame d’idées de Schiller pour se concentrer sur le conflit générationnel entre père et fils ; son scénario malmène quelque peu l’Histoire, on apprend ainsi que c’est Charles Quint qui a institué la Sainte Inquisition en Espagne, etc. Malgré divers éloges pour la qualité des reconstitutions, la critique de l’époque est assez négative et le succès en salle ne suffira pas à couvrir les investissemens considérables du film, alors que l’inflation ruine le pays. Film évidemment non distribué en Espagne. |
1914 | [sortie : 1917] Marie Tudor (FR) d’Albert Capellani Pathé Frères S.A. (Paris)-SCAGL, 1600 m. (dont 1321 m. colorés au pochoir). – av. Jeanne Delvair (Mary Tudor), Léon Bernard (Simon Renard de Bermont, légat du prince d’Espagne à Londres), Romuald Joubé (Gilbert le ciseleur), Paul Capellani (Fabiano Fabiani), Andrée Pascal (Jane Talbot), Léa Piron (Catherine d’Aragon, la mère de Mary Tudor), Henri-Amédée Charpentier. Une adaptation du drame en cinq actes de Victor Hugo (1833) par Michel Carré qui en reprend fidèlement l’intrigue. Synopsis : À Londres en 1553. Amante plus que femme, femme plus que reine, Mary Tudor a perdu la tête pour un jeune et séduisant aventurier sans scrupules, Fabiano Fabiani, honni de tous, et en particulier de la noblesse qui souhaite au plus vite sa chute. Le premier parmi eux est Simon Renard de Bermont, l’ambassadeur de Charles Quint officiellement chargé d’arranger le mariage de la reine avec le fils de l’empereur, le futur Philippe II d’Espagne. (Nota bene : le personnage du favori Fabiani est une pure invention de Hugo, il est peu vraisemblable que la petite-fille d’Isabelle la Catholique, bigote à l’excès, ait connu d’hommes avant son royal époux ibérique ; hormis la reine elle-même et Simon Renard de Bermont, tous les autres protagonistes du drame sont inventés.) Libertin, Fabiani séduit la belle Jane, une jeune orpheline recueillie par un ouvrier-ciseleur nommé Gilbert qui, l’ayant adoptée, s’apprête à l’épouser. Or Fabiani apprend que Jane serait la fille héritière d’un duc, Lord Talbot, décapité après avoir été forcé de céder tous ses biens à la souveraine. Pour empêcher le mariage de Jane et garder les terres des Talbot qui lui ont été offertes par sa royale maîtresse (qui ignore qu’une héritière existe), le favori révèle à l’ouvrier qu’il est l’amant de Jane. Blessé, Gilbert ne pense plus qu’à se venger et devient l’instrument de Simon Renard de Bermont. L’ambassadeur d’Espagne obtient à Gilbert une audience auprès de la reine à laquelle celui-ci révèle l’origine noble de Jane et demande qu’elle soit rétablie dans ses droits afin de pouvoir épouser Fabiani ; il donne sa vie en échange. Ulcérée par la trahison de son amant, Mary le fait incarcérer sur-le-champ et ordonne l’arrestation de Gilbert : tous deux sont accusés d’avoir fomenté un complot de lèse-majesté. Cependant, toujours amoureuse de son bel Italien, Mary ne cesse de différer la date de son exécution. Elle rencontre Jane, sa rivale candide, et la charge de faire évader Fabiani, mais la jeune fille, éprise de Gilbert, libère celui-ci au lieu de l’aventurier dont le peuple, excité par Simon Renard de Bermont, réclame à grands cris la tête. Désespérée, la reine tente de substituer son favori à l’ouvrier-ciseleur pendant la nuit, mais l’ambassadeur d’Espagne parvient à contrer la manœuvre. Au matin, Mary Tudor découvre le cadavre de son amant et se résigne aux nécessités de la raison d’État. À sa création en 1833, ce « drame en prose en trois journées », une tragédie de l’amour et de la mort psychologiquement embrouillée et peu crédible, connaît un échec retentissant ; on siffle bruyamment la démesure romantique d’Hugo. Il ignore par ailleurs le contexte politico-religieux de la trame, passant sous silence les persécutions des Protestants et le fanatisme des papistes, facteurs qui auraient pu heurter ses contemporains. Le cinéma muet ne peut que réduire la verbosité et les excès du dramaturge. La Société Cinématographique des Auteurs et Gens de Lettres (SCAGL) est une unité de production au sein de Pathé chargée de produire des adaptations de la littérature française. Son directeur artistique, Albert Capellani, seul metteur en scène de cette unité à transposer au cinématographe les grandes œuvres de la littérature, passe pour un spécialiste de Victor Hugo : on lui doit Le Roi s’amuse (Rigoletto) en 1909, Notre-Dame de Paris en 1911, Les Misérables en 1913 et, juste après Marie Tudor, Quatre-vingt-treize en 1914 (sorti en 1921). Connu pour son souci innovateur de réalisme en matière de décors et d’accessoires, il n’acquiert pas moins de 300 costumes. C’est son avant-dernier film français, Capellani poursuivra sa carrière aux Etats-Unis après le déclenchement de la guerre en août 1914. Produite en janvier-mars 1914 aux studios Pathé de Vincennes mais sortie en salle en juin 1917 seulement, la bande offre un rôle en or, son plus célèbre à l’écran, à Jeanne Delvair, sociétaire de la Comédie-Française : « Le regard hautain, le geste autoritaire, c’est bien là une reine devant qui tous s’inclinent en tremblant, prêts à satisfaire ses moindres caprices, craignant sa colère et sa rancune », rapporte Le Courrier cinématographique (5.5.17). Est-il besoin de dire que la Marie Tudor d’Hugo est très éloignée de l’authentique reine d’Angleterre, que l’ambassadeur de la Sérénissime, Giacomo Soranzo, décrivait ainsi : « Elle est d’une taille plutôt petite, très maigre, d’une carnation blanche, mêlée de rouge. Elle a les yeux gros et gris, les cheveux roux et la figure ronde, avec le nez un peu bas et large ». – US : Queen and Adventurer. |
1964 | * (tv-th) Le Cardinal d’Espagne (FR) de Jean Vernier ORTF (1e Ch. 24.11.64), 131 min. - av. Henri Rollan (le cardinal-régent Francisco Jiménez Cisneros), Louise Conte (la reine Juana de Castille dite Jeanne la Folle), André Falcon (Luis Cardona, petit-neveu du cardinal), René Arrieu (le duc d’Estibel), Bernard Dheran (comte de Malo/Aralo), Jacques Larcey (le chapelain Ortega), Jean-Louis Jemme (Frère Diego), Marco Behar (Varacaldo), Louis Eymond (l’archevêque de Grenade), René Camoin (le baron Van Arpen), Denis Savignat (le duc d’Estrada), François Vibert (Felipe Uhagon), Andrée de Chauveron (Doña Inés Manrique), Paul-Emile Deiber (Don Diego de la Mota), François Régis (le docteur Campos), Simon Eine (le gentilhomme de la chambre), Gérard Douhéret (le majordome), Claude Jourdain (le valet du cardinal), Régine Blaess, Danièle Ajoret et Géraldine Valmont (des demoiselles d’honneur). Dramatique télévisée (enregistrée aux studios des Buttes-Chaumont) de la pièce en 3 actes d’Henry de Montherlant qui reprend une partie de la distribution originale – Henri Rollan, André Falcon et Louise Conte - lors de sa création sur scène à la Comédie-Française, dans une mise en scène de Jean Mercure (18.12.1960). Francisco Jiménez de Cisneros (1436-1517), cardinal, réformateur religieux, Grand Inquisiteur, devient le confesseur d’Isabelle la Catholique en 1492 ; trois ans plus tard, le pape Alexandre VI Borgia le promeut archevêque de Tolède, chargé de l’évangélisation des Maures, et en 1507, Ferdinand le fit nommer cardinal et Grand-Inquisiteur d’Espagne (il aurait été responsable de la condamnation de 3570 personnes à être brûlées vives). Il ne put toutefois convaincre le roi de se lancer dans une conquête d’envergure en Afrique du Nord. La pièce de Montherlant relate fidèlement ses derniers jours. – Synopsis : Madrid en novembre 1517. Autoritaire, violent, politique, mystique, méprisant les hommes, ambitieux pour l’État et pour soi-même, Cisneros, despote de 82 ans, porte la bure de franciscain sous ses vêtements de cardinal. Il se vante qu’aucun affront ne peut le blesser. Il a fait la fortune de son petit-neveu, Cardona, dont il méprise le caractère mais envie la jeunesse. Ayant hérité la fonction de régent du trône d’Espagne pour palier la démence de la reine Juana, jeune veuve de 38 ans qu’il a fait cloîtrer douze ans plus tôt dans son château de Tordesillas, il demande audience à cette dernière pour la prier d’accueillir son fils adolescent Carlos/Charles d’Autriche (futur Charles Quint), nommé roi de Castille à 17 ans. En attendant l’arrivée imminente du jeune prince sur le trône (il a mis dix-huit mois à se résoudre à quitter les Flandres), le terrible vieillard affronte sa mère. Il réalise que si Juana est folle, cette folie s’accorde avec une sagesse profonde qui lui fait voir le néant de tout ce qu’il a entrepris. À voix mesurée, juste et nette, Juana ébranle sa volonté de puissance, lui reprochant d’avoir placé le temporel au-dessus du spirituel, d’avoir oublié Dieu pour César, d’avoir perdu son temps et son âme. Partagé entre le désir du détachement monacal et la passion du pouvoir, Cisneros est troublé par les paroles de la souveraine, mais en même temps, l’approche de sa fin lui fait durcir encore sa politique car il entend continuer à gouverner secrètement par personne interposée. C’est à ce moment qu’il reçoit un courrier du roi qui lui intime courtoisement de prendre sa retraite et le renvoie dans son diocèse. Le vieil homme qui n’a cessé de proclamer son invulnérabilité s’effondre, mort, incapable d’avoir su se dégager du temporel comme l’a réussi, à sa manière, la reine folle. – La pièce de Montherlant suscite beaucoup de bruit à sa sortie, notamment un colloque entre l’Académie, la Sorbonne et l’Institut catholique, et un chahut considérable à la Comédie-Française où des Normaliens de la rue d’Ulm hostiles à la littérature « hautaine » de l’auteur l’accueillent avec des boules puantes et des cris. La pièce fera néanmoins une centaine de représentations, un triomphe public. |
Devenue cité libre et indépendante au XIIe siècle, Sienne est de par son engagement gibelin (partisane de l'empereur) la rivale de la Florence guelfe, alignée sur la politique papale. En 1279, le roi de Naples et de Sicile Charles d'Anjou, allié de Florence, écrase l'armée siennoise et contraint la république d'entrer dans la ligue guelfe. La banqueroute du clan de Buonsignori et la peste de 1348 marquent la fin de la grandeur siennoise et le duc milanais Gian Galeazzo Visconti domine la ville et ses factions à la fin du Trecento. Elle passe sous le contrôle des Français par Charles VIII en 1493, résiste vainement aux troupes impériales de Charles Quint et est intégrée de force en 1555 au duché de Florence, offerte par Philippe II d'Espagne à Cosme Ier de' Médicis, grand-duc de Toscane.
PIA DE' TOLOMEI est l'épouse malheureuse de Raganello/Rinaldo della Pietra [Nello dei Pannocchieschi], le tyran gibelin de Sienne qui la fait assassiner en 1295 parce qu'elle aime le guelfe Duccio. La légende de l'aristocrate siennoise est entourée de mystère. Dante évoque le sort de la vertueuse victime (" la Pia ") dans La Divine Comédie (chant V du Purgatoire) aux côtés de Francesca de Rimini, autre victime domestique (cf. chap. 1.2). L'époque (1295 ?), l'identité réelle de Pia comme les raisons de sa séquestration et de son décès (maladie, poison) varient. La matière a été reprise par Bartolomeo Sestini (1822) et, entre autres, par Marguerite Yourcenar (Le Dialogue dans le marécage, théâtre 1930). Pia est également l'héroïne d'un opera seria en 2 actes de Gaetano Donizetti, sur un livret de Salvatore Cammarano (1837).
PIA DE' TOLOMEI est l'épouse malheureuse de Raganello/Rinaldo della Pietra [Nello dei Pannocchieschi], le tyran gibelin de Sienne qui la fait assassiner en 1295 parce qu'elle aime le guelfe Duccio. La légende de l'aristocrate siennoise est entourée de mystère. Dante évoque le sort de la vertueuse victime (" la Pia ") dans La Divine Comédie (chant V du Purgatoire) aux côtés de Francesca de Rimini, autre victime domestique (cf. chap. 1.2). L'époque (1295 ?), l'identité réelle de Pia comme les raisons de sa séquestration et de son décès (maladie, poison) varient. La matière a été reprise par Bartolomeo Sestini (1822) et, entre autres, par Marguerite Yourcenar (Le Dialogue dans le marécage, théâtre 1930). Pia est également l'héroïne d'un opera seria en 2 actes de Gaetano Donizetti, sur un livret de Salvatore Cammarano (1837).
2018 | (tv-df) La Guerre des trônes - La véritable histoire de l'Europe : 4. Noces de sang (1567-1574) (FR/CA) d'Alain Brunard et Vanessa Pontet Série présentée par Bruno Solo (saison 2, épis. 4), Samuel Kissous/Pernel Media-TV5 Québec-CNC-France Télévisions-Histoire TV (FR5 21.12.18), 50 min. - av. Marie Bouvet (Catherine de Médicis jeune), Alexandra Kazan (Catherine de Médicis âgée), Mathieu Lagarrigue (Henry VIII d'Angleterre), Julia Gratens (Anne Boleyn), Alix Heurmont (Elizabeth I d'Angleterre jeune), Isabelle Desplantes (Elizabeth I d'Angleterre âgée), Vanessa Valence (Mary Tudor), Daphné Bonneton (Mary Stuart jeune), Julie Mouamma (Mary Stuart âgée), Elya Birman (Henri II), Quentin Santarelli (François d'Anjou / François II), Axel Ducret (Charles IX), Elie Kaemplen (Henri d'Anjou / Henri III), Adrien Letartre (François d'Alençon), Jessica Morali (Marguerite de Valois), Léo Barcet (Henri de Navarre / Henri IV), Valérie Stroh (Diane de Poitiers), Benjamin Garnier (Philippe II d'Espagne), Bruno Rochette (le duc François de Guise), Teddy Candela (Henri de Guise), Mathéo Cappelli (Antoine de Bourbon), Ludovic Charles (Louis Ier de Bourbon-Condé), Fred Etherlinck (le conseiller William Cecil), Didier Mérigou (l'amiral de Coligny), Michaël Fühs (l'empereur Charles Quint). À Paris, au nom de la tolérance religieuse, Catherine de Médicis marie sa fille catholique Marguerite de Valois au jeune héritier protestant des Bourbons, Henri de Navarre. L'événement entraîne le plus célèbre massacre de l'histoire de France, à la Saint-Barthélémy... Docu-fiction (cf. supra, "Au nom de Dieu", 2018). |
1925 | Nostradamus (IT) de Mario Roncoroni et Febo Mari (supervision) U.C.I., 2066 m./env. 1h30 min. – av. Celio Bucchi (Renaud alias Michel de Nôtre-Dame, dit Nostradamus), Liana Mirette, Achille Vitti, Nestore Aliberti, Alessandra Romanowa, Andrea Revkieff, Ilda Sibiglia, Gino-Lelio Comelli. – Synopsis (incomplet) : Grand prévôt du royaume, Croixmart a signé un édit condamnant mages, sorcières et alchimistes. Sa fille Marie est éprise de Renaud, le fils de Nostradamus et d’une devineresse. Roncherolles et Saint-André, deux courtisans proches du dauphin François, conspirent pour enlever Marie et la placer dans le lit du futur roi. Renaud, qui est parvenu à guérir une hystérique, est accusé d’exorcisme et jeté en prison. Marie résiste au dauphin, devenu entre temps François II, mais quand celui-ci tombe malade, Renaud est sollicité de prison pour le guérir. Il arrive trop tard. Le nouveau roi, Henri II, lui accorde la liberté. Vingt ans plus tard, Renaud reprendra le nom paternel de Nostradamus et deviendra célèbre pour ses Centuries. Une version très libre et aujourd’hui perdue du roman éponyme de Michel Zévaco (cf. infra, le film mexicain de 1936/37). Certaines descriptions du film font également état d’une bataille des armées de François Ier contre Charles Quint et du sort du brigand Royal de Beaurevers, un fils naturel de Nostradamus condamné à la pendaison et qui sera sauvé par la population en révolte. La production, tournée alors que l’industrie cinématographique de la Péninsule est au plus bas, est supervisée par Febo Mari, cinéaste, écrivain et comédien souvent provocateur auquel on doit un « Attila » original, un « Judas » (1918/19) non moins curieux et une « Tour de Nesle » (1925) d’après Dumas. Il va sans dire que le prophète-magicien de Zévaco ne porte qu’une fort lointaine ressemblance avec l’authentique Michel de Nôtre-Dame (cf. film de 1994). |
1957 | Il corsaro della mezzaluna / La Belle et le Corsaire (IT/FR) de Giuseppe Maria Scotese Enzo Merolle/Glomer Film (Rome)-Sofradis (Paris), 95 min. - av. John Derek (Nadir el-Krim alias Paul de Vallenera), Gianna Maria Canale (Catherine d'Autriche, Infante d'Espagne), Ingeborg Schöner (Angela), Alberto Farnese (Alonso De Carmona / Hugo van Berg), Paul Müller (l'empereur Charles Quint), Fausto Guerzoni (maître Anselmo), Raf Mattioli (Vasco), Camillo Pilotto (le baron Alfonso di Camerlata), Piero Giagnoni (Antonio), Gianni Rizzo (le vicomte de Grand), Yvette Masson (Rosa), Ignazio Leone (Nicola), Amina Pirani Maggi (la nourrice Gertrude), Fanny Landini (la marquise de Gredon), Alberto Varelli (Tatun), Silvio Lillo (Vazquez), Alberto Sorrentino. Synopsis : C'est déguisé en troubadour que le corsaire barbaresque Nadir El-Krim - né Paul de Vallenera - pénètre dans le château du baron Camerlata, en Italie en 1529, au moment où ce dernier, quoique fort désargenté, est contraint de loger Catherine d'Autriche (1507-1578), la sœur de l'empereur Charles Quint. Pendant la réception donnée en l'honneur de l'illustre visiteuse, les hommes de Nadir s'emparent du château. Le corsaire exige que la duchesse le suive en otage sur son bateau, mais c'est Angela, la douce nièce du baron, fiancée contre son gré au chef des gardes, l'ignoble Carmona, qu'il emmène sans s'en douter et à qui il révèle sa véritable identité... Car Nadir n'est pas un vrai " infidèle " : c'est un noble qui a pris l'habit corsaire pour se venger de Carmona, l'homme qui a jadis trahi et ruiné sa famille ; or le félon est au château. Charles Quint arrivant avec ses troupes, les corsaires se retrouvent à leur tour assiégés à l'intérieur du château. Nadir s'enfuit à travers les dédales de la forteresse où il est sauvé par Angela. Il réapparaît devant Charles Quint, dévoile la véritable identité de Carmona et le tue en duel. - Un bande mineure mais assez distrayante, avec dynamisme et clins d'œil, filmée en Ferraniacolor et Totalscope aux studios IN.CI.R.-De Paolis, à l'Istituto nazionale Luce à Rome, à Tor Caldara (plage d'Anzio) et au château de Santa Severa à Santa Marinella (Latium). - ES : El corsario de la Media Luna, DE : Der Korsar vom roten Halbmond / Die Lady und der Pirat, US : Pirate of the Half Moon. |
2018 | (tv-df) La Guerre des trônes - La véritable histoire de l'Europe : 4. Le Roi et l'Empereur (1515-1558) (FR/CA) d'Alain Brunard et Vanessa Pontet Série présentée par Bruno Solo (saison 1, épis. 4), Samuel Kissous/Pernel Media-TV5 Québec-CNC-France Télévisions-Histoire TV (FR5 5.1.18), 52 min. - av. Max Geller (François Ier), Mickael Fuhs (Charles Quint jeune), Sarah Brunel (Marguerite de Valois, 23 ans), Nathalie Charade (Louise de Savoie, 39 ans), Rémy Giordano (le banquier Jacob Fugger), Julia Gratens (Anne Boleyn), Mathieu Lagarigue (Henry VIII d'Angleterre), Gabriel Mirete (Henri II), Anthony Sourdeau (Maximilien d'Autriche), Charles Durot (un garde suisse aboyeur), Emmanuel Leicher (un protestant), Benjamin Gaitet. Charles Quint est en passe de devenir l'homme le plus puissant d'Europe. Héritier du royaume d'Espagne, il envisage aussi de porter la couronne du Saint Empire romain germanique. Mais François Ier, le nouveau roi de France, convoite aussi le trône impérial et entend bien défendre ses possessions italiennes. Guerres, trahisons, emprisonnement, tous les coups sont permis... - Docu-fiction retraçant à gros traits l'épopée des dynasties rivales qui ont écrit la grande histoire de l'Europe, au moyen de reconstitutions soignées (jolis costumes) mais pataudes et souvent minimalistes (cadrages serrés); planté devant une carte du continent en relief, Bruno Solo survole avec une bonne dose de sensationnalisme les jeux de pouvoir, les ambitions et les passions humaines qui ont façonné les nations. |
Né en 1491, fils d’Henry VII et d’Elizabeth d’York. Il a un frère, Arthur Tudor (décédé à 14 ans) et deux sœurs, Margaret (qui épouse le roi d’Écosse) et Mary (qui épouse le roi de France, puis Charles Brandon). Marié en 1509 à son ex-belle-sœur, l’Espagnole Catherine d’Aragon, tante de Charles Quint (1483-1536, divorce, fille : Mary); en 1533 à Anne Boleyn (1507-1536, exécutée, fille : Elizabeth); en 1536 à Jane Seymour (1509-1537, morte en couches, fils : Edward); en 1540 à Anne de Clèves, princesse allemande protestante (1515-1557, divorce); en 1540 à Catherine Howard (c.1520-1542, exécutée); en 1543 à Catherine Parr (1512-1548), sa veuve. À son accession au trône, les ministres de son père, Richard Empson et Edmund Dudley, sont décapités, le nouveau roi inaugurant ainsi un règne scandé par la hache du bourreau : le nombre et l’arbitraire des exécutions capitales est proprement effrayant. Lord Chancellors / Premiers ministres : le cardinal Thomas Wolsey (1471-1530, mort avant l’exécution); Sir Thomas More (1478-1535, exécuté); Thomas Cromwell (1485-1540, exécuté).
Premier roi d’Angleterre à avoir eu une éducation humaniste, le jeune Henry VIII maîtrise le français, l’anglais et le latin, possède une vaste bibliothèque, compose musique et poèmes et cultive l’image d’un homme de la Renaissance, invitant artistes et érudits à sa cour. Les humanistes ont remis à la mode le souvenir des grands empereurs romains : en étant autoritaires, les premiers Tudors sont dans l’air du temps. Le début de règne de Henry VIII est marqué par une politique de perpétuelle adaptation aux circonstances géostratégiques et par son aspiration à reconstituer l’empire des Plantagenêt. Ses campagnes militaires sur le continent échouent cependant face aux ambitions de jeunes rivaux, François Ier en France et Charles Quint en Espagne, en Italie et aux Pays-Bas. L’Angleterre est un petit pays de 3 millions d’habitants, face aux « géants » valois (env. 18 millions d’habitants) et habsbourgeois (l’empire de Charles Quint étendu aux limites du monde connu). Les guerres dans l’Hexagone et le mode de vie somptueux du roi ont tôt fait de vider les caisses du royaume. L’annulation du mariage avec Catherine d’Aragon – faute d’héritier mâle – se heurte au refus du pape Clément III (lui-même à la merci de Charles Quint) qui excommunie docilement Henry VIII, sa maîtresse Anne Boleyn et Thomas Cranmer, l’archevêque de Canterbury qui a autorisé le divorce.
En 1534, par l’Acte de suprématie, Thomas Cromwell pousse le roi à la rupture avec le Saint-Siège, le pape est relégué au rang d’évêque de Rome. Cette mesure repose sur un vieux sentiment anticlérical des Anglais, la papauté étant considérée comme l’alliée tantôt de l’Espagne et tantôt de la France. La Réforme anglaise apparaît comme la nouvelle forme religieuse d’un nationalisme insulaire et linguistique. Devenu chef suprême de l’Eglise nationale anglicane, Henry VIII ordonne entre 1536 et 1540 la dissolution de quelque 800 monastères et le pillage systématique de tous les sanctuaires du royaume au bénéfice de la Couronne. Cette politique accroît le mécontentement populaire et le soulèvement catholique de Robert Aske dans le Nord du pays est écrasé dans le sang. Papistes et luthériens qui s’opposent à l’anglicanisme sont condamnés au bûcher ou au gibet. Par l’Acte de trahison, tout refus des titres du roi, toute déclaration qu’il serait infidèle ou hérétique est punissable de mort. Par l’Acte de succession, par lequel le roi choisit lui-même son héritier, le pouvoir royal devient despotique. À la fin de sa vie, les douleurs du dictateur nourrissent sa paranoïa. Jadis fort et athlète de grande taille, Henry VIII est devenu obèse (178 kg), souffrant de la goutte, de furoncles douloureux et d’une blessure ulcérée à la jambe ; il est même réduit à se déplacer à l’aide d’un appareillage complexe de courroies et de poulies. Il laisse un fils unique, Edward, de santé fragile. Avant de mourir, sous l’influence de sa dernière épouse, le monarque rétablit dans la succession au trône ses filles qu’il en avait un temps écartées, Mary Tudor, 27 ans, et Elizabeth, 10 ans (dans l’ordre de naissance). Mais l’enfançon Edward, 6 ans, a la préséance.
Rarement la raison d’État a été autant assujettie aux lubies et caprices personnels d‘un seul homme et autant de décisions radicales ont été prises pour de mauvaises raisons. Henry VIII a fait exécuter deux de ses épouses, une troisième échappa de justesse à la mort (la dernière, soupçonnée d’hérésie, parvint à amadouer son époux sur son lit de mort). En 38 ans de règne, il n'a laissé le souvenir d'aucun palais féerique; aucun poète n'est venu illuminer son règne et tout ce qu'en retiennent les historiens tient à sa manière incomparable d'emmêler pour le pire le mariage et la religion. A sa manière brutale et avec un rare égoïsme, ce tyran sanglant a imposé des changements sociaux (toujours lancés pour des raisons personnelles) qui vont transformer le pays. En contrant la logique des droits héréditaires et en permettant à des hommes du peuple d’accéder à de hautes fonctions, il a fait évoluer le rôle du Parlement et émerger dans le pays une classe moyenne de propriétaires. Mais il laisse un royaume ruiné et profondément divisé sur le plan religieux. Peut-être le seul mérite de Henry VIII aura-t-il été d’être le géniteur de la Grande Elizabeth.
Dans la tragédie romantique en cinq actes Egmont, représentée en 1791, le jeune Johann Wolfgang von Goethe prend pour toile de fond un chapitre décisif du combat des Pays-Bas contre l’Espagne. - Bruxelles en août 1566. Le comte flamand Lamoral d’Egmont, prince de Gavere/Gaure, chevalier de la Toison d’Or et général en chef des troupes impériales (1522-1568) tente de rester loyal à la Couronne d’Espagne sans renier ses propres convictions religieuses et politiques (il s’est opposé à l’introduction de l’Inquisition en Flandres demandée par le cardinal Granvelle, évêque d’Arras) ; mais, très populaire, épris de liberté, généreux et aspirant à une vie insoucieuse, le jeune naïf reste sourd aux avertissements de son entourage. En lutte contre les protestants, Marguerite de Parme, fille de Charles Quint, demi-sœur de Philippe II d’Espagne et régente catholique des Pays-Bas déplore sa passivité comme celle, calculée, du rusé Guillaume d’Orange. Averti par sa sœur des troubles en perspective, Philippe II délègue le tyrannique duc d’Albe, nommé vice-roi des Pays-Bas avec une puissante armée à Bruxelles et celui-ci piège Egmont en le poussant à défendre ses compatriotes dans son discours tandis que Guillaume d’Orange s’éclipse pour prendre les armes. Egmont est arrêté et condamné à mort. Les interventions de sa fiancée Klärchen, une fille de la bourgeoisie, et de son disciple et ami Ferdinand, fils naturel du duc d’Albe, ne peuvent sauver sa tête. Les notables bruxellois ayant refusé d’intervenir en faveur du malheureux, Klärchen se suicide. Mais l’exécution d’Egmont sur la Grand-Place de Bruxelles déclenche le soulèvement de tous les Flamands contre l’Espagne. – En 1810, Ludwig van Beethoven compose Egmont, musique de scène destinée à la pièce de Goethe (constituée d’une ouverture et de neuf parties pour soprano).
Captations télévisuelles du drame :
Captations télévisuelles du drame :
Ava Gardner partie et Elizabeth Taylor indisponible, Lana Turner, 35 ans, est la dernière grande star sous contrat et le rôle-titre lui échoit naturellement (c’est du reste aussi son dernier film à la MGM, après dix-huit ans de loyaux services). Son image de séductrice « glamour », ses nombreuses liaisons et mariages qui ont fait les gorges chaudes de la presse à scandales la prédestinent à tourner la tête couronnée d’un Valois. Manipulant les hommes avec une élégance que Hollywood lui a rarement accordée, elle est somptueusement parée d’atours signés Walter Plunkett (qui habilla Clark Gable et Vivien Leigh dans « Gone with the Wind »). Son royal amant – Lana Turner ayant refusé Edmund Purdom – est campé par le Britannique Roger Moore (encore très loin de James Bond), chien fou aux cheveux bouclés auquel la voluptueuse préceptrice enseigne les bonnes manières, l’escrime, la poésie italienne et la danse. Pedro Armendariz, célèbre vedette mexicaine remarquée en Cesare Borgia dans « Lucrèce Borgia » de Christian-Jaque, fait un François Ier truculent et autocrate. Dans la peau de Catherine de Médicis, l’Italienne Marisa Pavan, 23 ans, sœur de Pier Angeli, est la seule dont le physique et l’accent aient quelque vraisemblance immédiate (elle vient de jouer la fille d’Anna Magnani dans « The Rose Tattoo », d’après Tennessee Williams) ; elle a lutté pour ce rôle, peut-être le meilleur de sa carrière à l’écran, et on la découvre d’abord fragile, puis durcie par une lucidité croissante, angoissée, envieuse, raidie face à une adversaire au charme dévastateur. Deux portraits de femmes d’une subtilité inattendue Curieusement, cette interprétation très disparate ne nuit jamais au récit, un mérite à mettre au compte du réalisateur David Miller, auquel on doit le très émouvant « Lonely Are the Brave (Seuls sont les indomptés », 1962) avec Kirk Douglas. La même année que « Quentin Durward » (cf. 8.2), la MGM fait donc à nouveau appel aux châteaux de la Loire, à bon escient cette fois, mais aussi plus furtivement. Miller délègue Roger Moore entouré d’une équipe réduite sous la direction de Yakima Canutt en extérieurs au château de Maintenon, dans les forêts de l’Ile-de-France (scènes de chasse) et dans les parcs de six autres châteaux historiques en Normandie. En revanche, toutes les séquences à Chenonceau sont reconstituées à grands frais dans les studios MGM à Culver City, avec cette débauche de costumes et de couleurs si typique de la firme au lion ; le décorateur anglais Hans Peters s’est distingué auparavant avec des classiques comme « Scaramouche » (1952) ou « The Knights of the Round Table » (1954). Le tournoi tragique de la rue Saint-Antoine à Paris – séquence pleine de panache et de suspense – est réalisé sur le « backlot » no. 2 (« Verona Square ») dans les restes du décor de « Romeo and Juliet » de George Cukor (1935). Ces atouts font de « Diane » un drame romantique prisonnier des conventions hollywoodiennes, certes, mais néanmoins somptueux, fouetté par la musique lyrico-angoissée de Miklos Rozsa, le « grand tzigane wagnérien ». Miller réussit en particulier ce qui constitue le cœur de son film, à savoir l’affrontement entre la « blonde amoureuse » et la « noiraude rouée », deux beaux portraits de femmes qui se jalousent sans pouvoir se haïr totalement. En recevant pour la première fois sa rivale, Catherine coupe une pomme dont elle offre la moitié à Diane après lui avoir expliqué que les Médicis étaient spécialistes dans l’art d’empoisonner leurs ennemis sans éveiller de soupçons, grâce à des couteaux dont la lame était enduite de venin que d’un seul côté… Diane croque le fruit après quelques secondes d’hésitation, Catherine affiche l’ombre d’un sourire (elle était la cousine de Diane par sa mère, Madeleine de la Tour d’Auvergne). L’ultime rencontre est un duel de sensibilité à fleur de peau qui vaut les plus beaux cliquetis de rapières. Hélas, ces déploiements ne suffiront pas à attirer le public de 1956, séduit dorénavant par des sujets plus réalistes et contemporains. Un gros échec commercial. – DE, AT : Diane – Kurtisane von Frankreich, IT : Diane la cortigiana. (1) – On le disait très marqué par les quatre ans de captivité qu’il passa en Espagne comme otage pendant son enfance (de 1526 à 1530). Selon le traité de Madrid, c’était la caution à payer pour la libération de François Ier, son père, prisonnier de Charles Quint après la défaite française à Pavie, en février 1525. (2) – Ce n’est du reste pas Brézé, mais le propre père de Diane, Jean de Poitiers, qui fut accusé de complicité dans la trahison du connétable de Bourbon en 1524 ; Louis de Brézé alerta le roi du complot. Poitiers fut gracié in extremis sur l’échafaud et finit confortablement ses jours à la forteresse de Loches. (3) – Contemporain de Nostradamus, Cosimo ou Cosme Ruggieri ( ?-1615) était considéré comme le « magicien » de Catherine de Médicis. Fils de médecin, astrologue et devin, il lui prédisit dix enfants et le titre de reine de France auquel rien ne la prédestinait. Catherine se maria en 1533 et resta stérile pendant onze ans, constamment menacée de répudiation (elle reçut sur ce point l’appui inattendu de Diane de Poitiers). La naissance de François, en 1544, marqua le début de la concrétisation de la vision ; neuf autres enfants suivirent, dont trois régnèrent. Michel de Nostredame, quant à lui, aurait prédit dans sa première édition des Centuries en mai 1555, en des termes très voilés, l’accident mortel auquel succomba Henri II (quatrain 35). (4) – Le tournoi au cours duquel le roi trouva la mort en affrontant Montgomery, capitaine de sa garde, fut en réalité organisé à l’occasion du mariage de sa fille Élisabeth avec Philippe II d’Espagne. Quant au Florentin Albert de Gondi (1522-1602), seigneur du Perron et marquis de Belle-Isle, un des conseillers les plus influents de Catherine, il ne fut pas un traître, et il finit maréchal de France sous Henri IV. |
Le chevalier-mercenaire Gottfried (« Götz ») von Berlichingen zu Hornberg (Franconie, v.1480-1562), prend notamment part aux guerres que se livrent les électeurs de Brandebourg et les ducs de Bavière au début du XVIe siècle, puis en particulier à la guerre des Paysans, dont il se dit forcé de prendre le commandement en 1525. Ayant perdu sa main droite d’un coup de canon en 1504, il s’est fait forger une prothèse en fer qui lui vaut le surnom de « Main de fer ». En 1530, la justice impériale prononce contre lui une mesure de mise hors la loi ; il est relâché mais se voit contraint de jurer qu’il ne quittera plus son château à Hornberg. Néanmoins, impressionné par sa valeur militaire, l’empereur Maximilien Ier le mobilise contre les Ottomans devant Vienne (1540), et Charles Quint fait de même contre les Français en Haute-Marne (1544).
Inspiré par l’autobiographie du chevalier, Johann Wolfgang von Goethe le prend pour héros d’une de ses premières pièces de théâtre (Götz von Berlichingen mit der eisernen Hand, 1773) où la fidélité historique est malmenée, suivi beaucoup plus tard par Jean-Paul Sartre (Le Diable et le Bon Dieu, 1951) et Jean Ray (La Main de Goetz von Berlichingen, 1961). Dans son drame, Goethe fait de son héros un individu rebelle à la féodalité décadente qui aspire à la liberté tout en constatant que l’authentique chevalerie est morte. Allié à son ami d’enfance Weislingen (fiancé avec sa sœur Maria), Götz prend les armes contre l’évêque de Bamberg (Georg III Schenk von Limpurg, décédé en 1522) qui torture ses serviteurs. Mais à Bamberg, Weislingen tombe sous les charmes de l’intrigante Adelheid von Walldorf et trahit Götz. Celui-ci donne alors sa sœur à Franz von Sickingen (1481-1523), s’attaque à des marchands avides qui ont capturé ses écuyers et voit son château assiégé par les troupes impériales. Il est emprisonné à Heilbronn, Sickingen le libère avec son armée de mercenaires et le ramène à Hornberg. Les paysans le supplient de prendre le commandement de leur révolte ; il accepte à condition qu’ils renoncent à la violence, mais ces derniers le trahissent et incendient la ville de Miltenberg. Accouru avec sa troupe, Weislingen écrase les paysans et capture Götz, caché dans un camp de gitans. Il meurt incarcéré dans une tour à Heilbronn, en présence de sa sœur et de son épouse.
Inspiré par l’autobiographie du chevalier, Johann Wolfgang von Goethe le prend pour héros d’une de ses premières pièces de théâtre (Götz von Berlichingen mit der eisernen Hand, 1773) où la fidélité historique est malmenée, suivi beaucoup plus tard par Jean-Paul Sartre (Le Diable et le Bon Dieu, 1951) et Jean Ray (La Main de Goetz von Berlichingen, 1961). Dans son drame, Goethe fait de son héros un individu rebelle à la féodalité décadente qui aspire à la liberté tout en constatant que l’authentique chevalerie est morte. Allié à son ami d’enfance Weislingen (fiancé avec sa sœur Maria), Götz prend les armes contre l’évêque de Bamberg (Georg III Schenk von Limpurg, décédé en 1522) qui torture ses serviteurs. Mais à Bamberg, Weislingen tombe sous les charmes de l’intrigante Adelheid von Walldorf et trahit Götz. Celui-ci donne alors sa sœur à Franz von Sickingen (1481-1523), s’attaque à des marchands avides qui ont capturé ses écuyers et voit son château assiégé par les troupes impériales. Il est emprisonné à Heilbronn, Sickingen le libère avec son armée de mercenaires et le ramène à Hornberg. Les paysans le supplient de prendre le commandement de leur révolte ; il accepte à condition qu’ils renoncent à la violence, mais ces derniers le trahissent et incendient la ville de Miltenberg. Accouru avec sa troupe, Weislingen écrase les paysans et capture Götz, caché dans un camp de gitans. Il meurt incarcéré dans une tour à Heilbronn, en présence de sa sœur et de son épouse.
1950-1952 | Catalina de Inglaterra, la verdadera esposa de Enrique VIII (ES) d’Arturo Ruíz-Castillo [et Juan F. Mercadal] Alfonso Balcázar, Enrique F. Sagaseta/Balcázar Producciones Cinematográficas (Barcelona)-Covadonga Films, 110/105 min./99 min. – av. Maruchi Fresno (Catherine d'Aragon), Rafael Luis Calvo (Henry VIII), Carlos Agosti (Sir Henry Algernon Percy, comte de Northumberland), Mary Lamar (Anne Boleyn), Carlo Tamberlani (le cardinal Thomas Wolsey), Elena Salvador (Leonor de Carvajal), Guillermo Marín, Ricardo Calvo, Osvaldo Genazzani, Ramón Martori, Aníobal Vela, Esperanza Grases, María Jesús Valdés, Gabriel Llopart, Silvana Jachino, Lily Vincenti, José Bruguera, Lita Rey, Luis Orduña, Salvador Muñoz, César Pombo, Rafael Calvo Gutiérrez, Domingo Rivas, Emilio Sancho, José Gayán, Fortunato García, Paco Martínez, José Zaro, Ricardo Vázquez, Carmen Reyes, Julia Martínez. De juin 1509 à janvier 1536, la vie de Catherine d’Aragon, fille des Rois Catholiques devenue l’épouse modèle et très pieuse du souverain (une belle rousse aux yeux bleus, selon les témoins d’époque). Le scénario ignore sa jeunesse comme son premier mariage avec le prince de Galles Arthur Tudor en 1502, décédé cinq mois plus tard ; afin de ne pas devoir rembourser la dot de 200'000 ducats versés par Madrid, Henry VII, veuf, envisagea d’épouser l’adolescente lui-même, puis finit par la confier à son second fils, Henry, duc d’York, de cinq ans plus jeune qu’elle. En attendant la dispense du pape et que le prince soit assez âgé pour consommer son union, Catherine vécut séquestrée pendant sept ans à Durham House à Londres ; cultivée, érudite même, elle parlait l’anglais, le français, le latin et le grec (ses liens d’amitié plus tard avec Erasme de Rotterdam et Thomas More ont frappé les esprits). En 1507, elle fut nommée ambassadrice d’Espagne à Londres, et devint ainsi la toute première femme diplomate de l’histoire européenne. Tout cela n’apparaît pas dans ce film. On débute par des noces à Londres (Greenwich Palace) qui entérinent l’alliance des deux pays et renforcent la position de l’Angleterre sur l’échiquier européen. Mais la nouvelle souveraine n’est pas la bienvenue, la Cour méprise l’étrangère, espagnole de surcroît ; Leonor de Carvajal, sa demoiselle d’honneur, subit railleries et humiliations sous l’influence de l’ambitieux et toujours intriguant cardinal Wolsey (qui rêve de devenir pape). Parti guerroyer en France en 1513, Henry VIII nomme Catherine régente du royaume et, assistée de Sir Thomas Howard, la reine remporte une victoire militaire contre les Écossais révoltés ; lorsque François Ier est battu et fait prisonnier par Charles Quint à Pavie en 1525, Henry VIII se voit contraint de supplier son épouse (et tante de Charles Quint) pour que le monarque captif soit traité avec clémence à Madrid. Des tensions s’installent entre les époux. Catherine lui donne une fille, Mary, que le roi ignore, car il voulait un héritier (ses six fils sont décédés en bas âge). Lorsqu’apparaît Anne Boleyn, fille de l’ambassadeur anglais à Paris, Henry VIII n’a d’yeux que pour celle – et le montre ostensiblement. Quoiqu’amoureuse de Sir Percy (qui, lui, aime Leonor de Carvajal), Anne devient la maîtresse du roi. Wolsey conseille l’annulation du mariage avec l’encombrante Espagnole et, sur ordre royal, convoque un tribunal qu’il préside lui-même, en présence d’un envoyé spécial du pape Clément VII. Appuyée par le Vatican, Catherine refuse en bloc toute annulation. Fou de rage, Henry VIII rompt avec Rome et renvoie Wolsey qui décède à l’abbaye de Leicester, rongé par la culpabilité. Tandis que Catherine est bannie de la Cour avec interdiction de revoir sa fille, Anna Boleyn devient reine – pour trois ans. Catherine décède d’un cancer au château de Kimbolton quatre mois avant l’exécution de sa rivale, après avoir pardonné à son époux « qu’elle a toujours aimé ». Tourmenté par les remords, Henry VIII perd la raison à force d’entendre les voix accusatrices de ses innombrables victimes et meurt à son tour. Ainsi, le cinéma franquiste livre sa propre version – teintée de national-catholicisme – du sort de la troisième fille des Rois Catholiques et de l’histoire de l’Angleterre protestante. Cela donne un film à la facture plutôt médiocre, théâtral, bavard, tourné en majorité à Barcelone aux studios Kinefon, au monastère de San Cugat del Vallés, au château de Santa Florentina à Canet de Mar, au Palacio de la Generalitat et à Casa de Campo à Madrid et dont l’accouchement a été difficile. Commencé par Juan F. Mercadal en aout 1950 (Guadalupe Films) à partir d’un script de Jesus Pascual et sous le titre de Catalina de Aragón, interrompu deux fois faute d’argent (Horizonte Films), achevé en juin 1951 grâce au producteur Alfonso Balcázar, puis bloqué par la censure jusqu’en mars de l’année suivante. Avec le recul, le personnage magnifié de Catherine ne manque pas d’intérêt (« en guerre, l’unique compensation que nous avons, nous les femmes, est de nous montrer vaillantes ») : elle se révèle capable d’exercer ses droits politiques et personnels, de se défendre, elle comme sa fille Mary, seule face aux juges qui la vilipendent. Le film se veut une dénonciation du divorce en général, c’est-à-dire de « l’abandon de l’épouse ». Les Anglais sont ici les défenseurs du patriarcat tandis que les Espagnols s’affichent comme les avocats des droits politiques de la femme – une représentation pourtant aux antipodes des réalités du régime de Franco ! L’ensemble est porté par la grande souffrante des écrans ibériques, la noiraude Maruchi Fresno, très populaire dans les rôles de souveraines sacrifiées sur l’autel de la Realpolitik (son interprétation d’Isabelle d’Aragon dans Reina santa de Rafael Gil en 1946 l’a rendue célèbre). Sa « Catherine d’Angleterre » – soit, comme l’assène le sous-titre du film, « la véritable épouse d’Henry VIII » (puisque le Vatican ne reconnaît pas le divorce) -, victimisée par l’ogre britannique aviné, perfide et vicieux, lui vaut le Prix de la meilleure actrice de l’année décerné par le « Circulo de Escritores Cinematográficos » à Madrid tandis que le « Sindicato Nacional del Espectáculo » couronne la production à titre de « deuxième meilleur film » du pays. Le public, lui, reste indifférent. – IT : Anna Bolena (sic). |