V - ROME : MONARCHIE ET RÉPUBLIQUE

1. LA ROME ARCHAÏQUE

2012[Coriolanus (Ennemis jurés) (GB) de Ralph Fiennes ; Artemis Films. – av. Ralph Fiennes (Coriolan), Gerard Butler (Tullius Aufidius), Brian Cox (Menenius), Vanessa Redgrave (Volumnia), Dragan Micanovic (Titus), Paul Jesson (Brutus). – Héros de Rome, Coriolan est banni de la ville par des politiciens et sa propre mère. Avec son ennemi d’arme Tullus Aufidius, il marche sur la ville dans l’intention de la détruire. Shakespeare adapté en costumes et décors modernes par John Logan, en tournage à Belgrade (Serbie).]
2019Il primo re (Le Premier roi / Romulus et Rémus) (IT/BE) de Matteo Rovere
Matteo Rovere, Andrea Paris/Groenlandia-RAI Cinema-Gapbusters (Bruxelles)-Roman Citizen, 123 min. – av. Alessandro Borghi (Rémus), Alessio Lapice (Romulus), Fabrizio Rongione (Lars l’Ancien), Massimiliano Rossi (Tefarie), Tania Garribba (Satnei la Vestale), Michael Schermi (Arant la Bête), Max Malatesta (Veltur), Vincenzo Pirrotta (Cai le Sabin), Vincenzo Crea (Elaxantre le gamin), Lorenzo Gleijeses (Purtnas le chasseur), Gabriel Montesi (Adieis le Gentil), Ludovico Succio (Mace), Antonia Fotaras (Ramtha), Emilio De Marchi (Tête de Loup).
En 753 av. JC. Rémus et Romulus sont de simples bergers dont la vie est bouleversée par la crue du Tibre, leur bétail est noyé. Les deux frères sont unis par des liens très forts, l’un veille sur l’autre. Faits prisonniers par les troupes d’Alba Longa (la ville la plus puissante de la confédération des peuples latins) pour être sacrifiés au cours d’un rite dédié à une triple divinité, ils parviennent à s’enfuir avec d’autres esclaves en emmènant avec eux la Vestale chargée de la garde du feu sacré. Ils sont pourchassés, Romulus est gravement blessé, Rémus, le chef du clan, le porte et le soigne, mais arrivés sur les bords du Tibre, les deux frères s’affrontent en un combat meurtrier… Parlé en proto-latin archaïque et tourné dans le Latium (Manziana, Nettuno, Viterbo, forêt de Foglino) et en Ombrie (Orvieto) de septembre à novembre 2017 en lumière naturelle. Le film parvient ainsi à recréer une réalité peut-être historiquement crédible - selon l'optique darwinienne - tout en maintenant intacte la force du mythe (l’histoire de la louve contée par Tite-Live est toutefois évacuée) et à se distancier radicalement du gentil péplum italien d’autrefois. Bref, le comportement de ces semi-cromagnons obtus est d'une rare brutalité. Les combats, loin de toute chorégraphie artistique, sont d’une puissance inhabituelle, voire d’une violence crue et secouante, mises au service d'une sorte de leçon d’histoire sombre et sanguinolente sur l’orgueil, la foi et la domination. « Tremblez, voici Rome ! » lit-on à la fin du film. Spectacle déconseillé aux moins de 16 ans... Prix David di Donatello 2020 pour la production, la photo et le son. - US : Romulus & Remus : The First King, Birth of an Empire.
2020-2022(tv) Romulus. L’origine di Roma – oltre la legenda – 2. Romulus II – La guerra per Roma (IT/GB) télésérie de Matteo Rovere (dir.), Michele Alhaique et Enrico Maria Artale
Francesca Longardi/Sky Italia-Cattleya-Groenlandia-ITV Studios (Now TV+Sky 6.11.-4.12.20 / 21.10.-11.11.22), 1 x 60 min.+9 x 45 min. / 18 x 50 min. – av. Andrea Arcangeli (Yemos, prince d’Albe la Longue), Giovanni Buselli (Enitos, son frère jumeau, prince d’Albe la Longue), Vanessa Scalera (Silvia, leur mère, fille du roi Numitor), Yorgo Voyagis (Numitor, roi d’Albe la Longue), Valentina Bellè (Ersilia la Sabine), Sergio Romano (Amulius, frère du roi Numitor), Ivana Lotito (Gala, sa femme), Marianna Fontana (la vestale Ilia, leur fille), Francesco Di Napoli (l’esclave Wiros), Demetra Avincola (Deftri), Marlon Joubert (Lausus, fils d’Ertas), Emanuele Maria Di Stefano (Titus Tazio, roi des Sabins), Emilio De Marchi (Ertas, roi de Gabi), Gabriel Montesi (Cnaeus, roi esclave des Luperques), Massimiliano Rossi (Spurius, roi de Velia).
L’histoire de Romulus et de son frère jumeau Remus vue à travers les yeux de trois personnes marquées par la mort, la solitude et la violence – et servie par Matteo Rovere, déjà le réalisateur de Il primo re (2019, cf. supra). C’est une tentative bienvenue, quoique fatalement approximative de reconstituer les conflits entre Étrusques et Latins dans le Latium qui seraient à l’origine récits légendaires connus (vers env. 800 av. JC), suivi du rapt des Sabines. C’est néanmoins une série (parlée en latin !) qui s’attaque aux mythes anciens avec nettement plus de sérieux, de réalisme et de scrupules que les habituels produits de consommation anglo-saxons ou les péplums locaux des années 1950-60 avec leurs scénarios ultraprévisibles et leur violence gratuite. On tourne autour du fantastique sans jamais y plonger, en filmant les forêts comme un lieu mystique dont l’aura magique est surtout présente dans l’esprit et les cœurs de la population. Ce choix écarte la louve légendaire allaitant les bébés, représentation iconique à l’origine de Rome. Romulus et Rémus sont ici de jeunes adultes (Yemos et Enitos) vivant dans des cahutes en terre cuite, trahis par un oncle (Amulius) qui leur vole le trône. Rovere illustre globalement la transition entre une humanité divisée en meutes qui s’entretuent (tous les visages sont couverts de balafres, le sang coule à flots) à un début de peuple uni bâtissant une cité – et bientôt un empire. Mais malgré ses belles images, l’action elle-même reste falote et traine en longueur. Tournage dans le Latium autour de Rome de juin à septembre 2019. Récompensé du Ruban d’Argent 2021 de la meilleure série TV italienne.