VI - EUROPE CENTRALE ET DE L’EST, BALKANS, TURQUIE et invasions mongoles
1. LE ROYAUME DE POLOGNE

La vedette internationale Daniel Olbrychski en savant et magicien Twardowski dans le téléfilm de 1996.
1.2. La légende de Messire Jan Michal Twardowski
Selon la littérature et le folklore polonais, Pan (Messire) Jan Michal Twardowski, membre de la noblesse de Cracovie au XVIe siècle, aurait vendu son âme au diable en échange du savoir et de pouvoirs surnaturels. Une clause spéciale de son contrat faustien énonçait toutefois que le diable ne pouvait reprendre son âme que lors d’un séjour à Rome, capitale du christianisme qu’il n’avait aucune intention de visiter… Twardowski acquiert ainsi rapidement fortune et célébrité à la cour royale de Sigismond II de Pologne, alors que celui-ci recherche la consolation dans la magie et l’astrologie après la mort soudaine de sa jeune femme, la belle princesse lituanienne Barbara Radziwill en 1551. À la demande du monarque, il fait apparaître le fantôme de la reine décédée grâce à un miroir magique… Après plusieurs années de gloire et de prodiges, Twardowski est finalement piégé par le démon dans une auberge dont le nom est Rome. Mais tandis que le diable prend son âme, à mi-chemin de l’enfer, le malheureux est sauvé après avoir invoqué la Vierge Marie et parvient à se réfugier sur la lune. – Une autre version de la légende, la ballade humoristique Pani Twardowska d’Adam Mickiewicz (1822), est mise en musique par Stanislaw Moniuszko en 1869 : Twardowski y accepte d’aller en enfer si le diable réussit à vivre un an avec sa femme, Pani Twardowska ; le diable préfère fuir ! La matière a été transposée en l’opéra en 1828 (Alexei Verstovski), en ballet (Adolf Sonnenfeld en 1874, Ludomir Rózycki en 1921), en poèmes et ballades, plusieurs fois en roman (Józef Ignacy Kraszewski en 1840, Waclaw Sieroszewski en 1930, Susanne Strowska en 1933, Matthias Werner Kruse en 1981, etc.).
1916/17 | Pan Twardowski / Pan Twardowski v Rimye (Messire Twardowski à Rome) (RU) de Wladyslaw Starewicz [=Ladislas Starevitch] Aleksandr Khanjonkov & Co.-Skob-Kreo (Moskwa), 1200 m. – av. Nicolaï Saltykov (Jan Michal Twardowski), S. Valevska, Selinski, Semion Chapelski. - D’origine polonaise, le réalisateur de films d’animation avec marionnettes signe en 1912 un contrat avec Alexandre Khanjonkov, pionnier du cinéma russe, et s’installe à Moscou où il s’attaque aux grands classiques de littérature filmées en prise de vues réelle, mais avec séquences animées, dont cette adaptation du roman de Józef Ignacy Kraszewski (film perdu). |
1920/21 | Pan Twardowski (PL) de Wiktor Biegánski Polfilma (Warszawa), 1570 m. – av. Bronislaw Oranowski (Jan Michal Twardowski), Wanda Jarszewska (Agnieszka Twardowska, sa femme), Antoni Nowara-Piekarski (le tsar Ivan IV le Terrible), Maria Krzyzanowska (la reine des nymphes), Mila Kaminska (la favorite du tsar), Stanislaw Brylinski (le diable), Pawel Dudzinski (Pokurcz), Wladysla Grabowski (un jeune boyar), Antoni Siemszko (un vieux boyar), Pawel Dydek Dudzinski (Pokurcz), Wladyslaw Lenczewski, Bruno Winawer, Stanislawa Uminska, Zofia Zukowska. Titres des parties individuelles : « À la cour de la reine des fées », « La chasse au diable », « Le festin de Twardowski », « À la cour d'Ivan le Terrible », « L'amour de la patrie lave les péchés ». - Titres des actes : « Danses de nymphes et de faunes », « Cours du diable à la reine », « Dans la clairière du diable », « Belzébuth invoque les esprits impurs », « Procession des diables », « Sabbat des sorcières », « Attaque de M. Twardowski », « Sorcellerie », « Polonaise », « Twardowski vend son âme au diable », « Au Kremlin », « Postfaces polonaises à la cour d'Ivan le Terrible », « La Lettre du roi Stefan Bathory », « Le favori du tsar », « Báthory à Pskov » (d'après le célèbre tableau de Jan Matejko), « Retour de la guerre » (film perdu). |

1936 | Pan Twardowski (PL) de Henryk Szaro Anatol Sigal/Ultra-Film (Warszawa), 93 min./85 min. – av. Franciszek Brodniewicz (Jan Michal Twardowski), Elzbieta Barszczewska (Neta Twardowska, sa femme), Kazimierz Junosza-Stepowski (le diable), Jozef Wegrzyn (Sigismond/Zygmunt II August, roi de Pologne), Zofla Lindorf (le fantôme de la reine Barbara Radziwill), Stefan Jaracz (Maître Martin, alchimiste), Mieczyslawa Cwiklinska (la tante de Neta), Maria Malicka (la mère de Twardowski), Maria Bogda (Kasia, la fille de Brzekalski), August Jan Kumakowicz (Maciek, serviteur de Twardowski), Boguslaw Samborski (le fiancé de Neta), Stanislaw Sielanski (le serviteur du fiancé), Tadeusz Wesolowski (le coutisan), Michal Znicz (le juge à l’auberge), Aleksander Bogusinski (l’envoyé du prince de Moscou). Une nuit lors d'une tempête, le diable rend visite à Sire Twardowski qui vit isolé et paisiblement dans son manoir. Il lui fait miroiter mondes et merveilles. À son instigation, Twardowski se rend chez l'alchimiste Martin à Cracovie, qui - selon les assurances du démon - donnera au noble le pouvoir de gouverner l’univers et l'aidera à explorer le mystère de la vie et de la mort. Twardowski s’éprend de la belle Neta, une aristocrate avide de richesses qui accepte de l'épouser à condition qu'il la couvre d'or. Pour accéder à ses demandes, il vend son âme au diable, puis ayant acquis des notions de magie, il concrétise les souhaits les plus fous autour de lui. À la demande du roi de Pologne Sigismond II Auguste, il convoque même le fantôme de la défunte reine Barbara Radziwiłł. Le monarque en fait une grave maladie et Twardowski est jeté en prison. Mais en apprenant la trahison de sa femme, il se débarrasse de ses chaînes, chasse l’infidèle et se noie dans l’alcool. Kasia, fidèle et aimante, le sauve. Lorsque le diable réclame son âme, Twardowski, priant la Vierge avec ferveur, s'envole vers la lune… Quoique limité par son budget (maquettes et modèles réduits en place d’extérieurs coûteux), le film tourné aux anciens studios Sfinks à Varsovie séduit son public par son approche non pas fantastique ou grotesque, mais réaliste et parfois joyeuse. Il met en vedette les plus grandes stars de la scène et du cinéma polonais d'avant-guerre. Son réalisateur Henryk Szaro périra fusillé par les nazis dans le ghetto de Varsovie en juin 1942. - ES : El señor Twardowski. |
1995/96 | (tv) Dzieje mistrza Twardowskiego [=L’Histoire de Messire Twardowski] (PL) de Krzysztof Gradowski Waldemar Kròl/Lódzkie Centrum Filmowe-APF-Telewizja Polska S.A. (Kraków) (TVP 11.3.96), 97 min. – av. Daniel Olbrychski (Jan Michal Twardowski), Rafal Olbrychski (Twardowski jeune), Jerzy Kamas (Mikolaj Twardowski, son père), Rafal Królikowski (le diable Balan), Jerzy Bonczak (le diable Pursan, chasseur d’âmes), Jerzy Binczycki (prof. Lukasz), Zbigniew Buczkowski (l’aubergiste Brzozka), Aleksandra Ciejek (la sorcière), Henryk Machalica (le roi de Pologne Sigismond II Auguste), Joanna Trzepiecinska (le fantôme de son épouse, la reine Barbara Radziwill), Jan Krzysztof Szczygiel (Henri de Valois/Henryk Walezy, roi de Pologne-Lituanie), Edward Linde-Lubaszenko (l’Inquisiteur Albert von Plock), Anna Korcz (Belzébub), Agnieszka Wagner (la mère de Twardowski), Fracoszek Pieczka (l’ermite Albertus), Maciej Kozlowski (Lucyper, prince d’Orient), Agnieszka Rózanska (Agnieszka, femme de Twardowski jeune), Maryla Rodowicz (Agnieszka, femme de Twardowski), Krysztof Kolberger (un courtisan du roi), Pietrek, valet de Mikolaj Twardowski), Marian Glinka (le diable Barkalas). Alors que la fumée des bûchers sur lesquels on brûle les sorcières plane sur l'Europe, des brigands agressent un noble polonais d’âge mûr, Mikołaj Twardowski de Miechów, qui revient d'un long voyage. Terrifié, il appelle à l'aide le diable, qui le sauve aussitôt. Mais en échange de son intervention, le démon exige de Twardowski l’âme de son fils Jan Michal, né en son absence et à son insu. Dix-huit ans plus tard, le diable approche ce dernier, étudiant à Cracovie, et lui montre le pacte infâme signé par son père. Or juste avant sa mort, Twardowski senior avait mis son fils en contact avec l'ermite Albertus qui l’avait conseillé sur la manière de se libérer de l’emprise diabolique. Twardowski poursuit ses études à Wittenberg, mais, piégé par le démon, le jeune scientifique y acquiert son savoir dans le vide, sans contacts ni discussions avec ses pairs. Son violent désir de reconnaissance et de renommée le pousse à nouveau entre les mains de Satan à qui il vend son âme en échange d'une sagesse infinie et d’une réputation universelle. Il sauve Maciek, le fils d'un mendiant de treize ans, accusé à tort d'avoir volé un croissant, et qui devient son fidèle disciple. A la demande du vieux roi Sigismond II, le Maître invoque l'esprit de sa jeune épouse récemment décédée, Barbara Radziwill. Mais lors de la séance de nécromancie, le roi meurt, et son successeur pour deux ans, le roi Henri III/Henryk Walezy, condamne Twardowski et Maciek à l'exil. En errance, le scientifique utilise ses extraordinaires connaissances pour sauver les malades, les souffrants et les condamnés aux flammes par l’Inquisition, à l’irritation croissante de l’Enfer. Maciek déjoue les complots diaboliques et lors de la confrontation finale à l’auberge « Rome », il aide son maître à se libérer du pacte maudit. - Un téléfilm luxueux, inspiré par le roman de Józef Ignacy Kraszewski et filmé en extérieurs dans le parc du village de Klek (région de Lódz) et à Cracovie. Daniel Olbrychski, mégastar du cinéma polonais, vedette de films d’Andrzej Wajda (qui le révéla, 7 films), Joseph Losey, Claude Lelouch, Volker Schlöndorff, Mauro Bolognini, Philip Kaufman, Nikita Mikhalkov, Philip Noyce, etc., y tient avec brio le rôle titulaire. |