VI - EUROPE CENTRALE ET DE L’EST, BALKANS, TURQUIE et invasions mongoles
2. LE DUCHÉ ET LE ROYAUME DE BOHEME
2.2. Le réformateur Jan Hus et les guerres hussites
Prêtre, puis doyen de la faculté de théologie à Prague et prédicateur réputé à la chapelle de Bethléhem, Jan Hus condamne la richesse corruptrice de l’Église en lui opposant la pauvreté de l’Évangile (qu’il traduit en tchèque). Admirateur du réformateur anglais John Wycliffe (décédé vingt ans plus tôt), il en prend la défense, puis prononce un sévère réquisitoire contre les indulgences dont la vente doit servir la guerre entre le pape (le Vénitien Grégoire XII) et deux anti-papes (l’Italien Jean XXIII, l’Aragonais Benoît VIII) lors du grand schisme d’Occident, déclarant « qu’aucun évêque, aucun prêtre ni même aucun religieux ne peut prendre l’épée au nom du Christ : ils doivent prier pour les ennemis du Christ et bénir ceux qui les combattent. Le repentir de l’homme passe par l’humilité et non par l’argent, les armes ou le pouvoir. » Ces propos déclenchent son excommunication en 1414. Il est cité devant le concile de Constance. Trahi malgré un sauf-conduit royal, il est jeté en prison dès son arrivée, condamné comme hérétique et périt sur le bûcher le 6 juillet 1415 ; son disciple Jérôme de Prague le suit dix mois plus tard. Dès que la nouvelle de la mort de Hus atteint Prague, chevaliers et nobles de Bohême envoient à Constance une protestation en faveur de la réforme de l’Église et condamnent l’exécution du théologien. Contrairement à son frère Venceslas IV, qui tolère voire soutient le mouvement réformateur mais meurt d’un infarctus, les menaces de mort de son frère, le nouveau roi de Bohème Sigismond Ier, contre les hussites soulèvent la colère générale. Partagés entre utraquistes plus tolérants et les extrémistes taborites iconoclastes, les réformateurs pillent et incendient églises et monastères du pays. Sigismond est soutenu par le pape Martin V qui promulgue une première croisade anti-hussite en 1420, réunissant une vaste armée de princes allemands et d’aventuriers attirés par le pillage. Génial stratège, le général hussite Jan Zizka la repousse à Vitkov et la Bohême tombe sous le contrôle des rebelles. Une deuxième (1421/22), troisième (1422), quatrième (1426/27) puis cinquième croisade (1431-33) se soldent par une suite ininterrompue de victoires hussites, mais aussi par la dévastation de la Bohême, de la moitié de l’Allemagne et de la Hongrie, attisant les déchirements religieux et sociaux de l’Europe centrale (les conflits ont provoqué un départ massif de Roms ou Tziganes vers l’ouest, où ils seront appelés Bohémiens). Le caractère populaire et égalitaire du soulèvement rend la noblesse environnante nerveuse et finit par conduire à des pourparlers de paix avec le Saint-Siège, à l’initiative du roi Georges de Podebrady, qui représente le juste milieu hussite. Les taborites sont vaincus par les hussites modérés alliés aux catholiques. L’Église romaine unifiée et l’Église nouvelle issue des doctrines hussites (Église calixtine) sont désormais contraintes de coexister. Quant à Jan Hus, il est considéré aujourd’hui comme le précurseur des réformateurs protestants Luther, Zwingli et Calvin.

Jan Rohác affronte l’arrogant Sigismond de Luxembourg, roi de Bohême (1947).
1946/47 | Jan Rohác z Dubé [=Jan Rohac de Douba] (CS) de Vladimir Borsky Jiri Sebor/Ceskoslovenská Filmová Spolecnost (Praha), 112 min. (1947)/84 min. - av. Otomar Korbelár (Jan Rohác), Ladislav Bohác (Jan Rokycana, théologien hussite), Emil Bolec (Puskár Zeleny), Felix Le Breux (Vysek Racicky), Otto Cermák (l’empereur Sigismond de Luxembourg, roi de Rome et de Hongrie), Lilli Hodácová (Ludmila, fille de Jan Rohác), Gustav Ekl (Orságh), Frantisek Kulhánek (Ptácek von Pirkenstein), Antonín Kurs(le chevalier Jakub Vlk), Bohumil Machnik (le chevalier Ambroz de Hradce), Viktor Nejedly (le chevalier Martin Prostredek), Viktor Ocásek (Filibert), Karel Pavlík (le chevalier Príbram), Theodor Pistek (le conseiller Velvar), Jirí Plachy (Rozmberk), Vojtech Plachy-Tuma (le cardinal Palomar), Jaroslav Vojta (Baba), Marie Ptáková (Eliska), Karel Rint (Bedrich von Stráznice), Frantisek Salzer (le chancelier Slik), Ladislav Kulhánek (Ptácek de Pirknstejna), Harmina Vojtová (femme taborite). Après la défaite des hussites taborites (branche ultraradicale de la révolte dite « les Orphelins ») à Lipany le 30 mai 1434, le chef de guerre Jan Rohác de Dubé/Dauba, beau-frère du mercenaire Jan Zizka (cf. infra), refuse de se rendre à la Ligue de Bohème, une coalition de hussites modérés issus de la noblesse (les Calixtins) et de catholiques. Rohác concentre le restant des troupes hussites extrémistes derrière les remparts du château de Sion, qui devient le « fort Alamo » tchèque, assiégé durant quatre mois par le tyrannique et arrogant empereur Sigismond de Luxembourg et ses chevaliers du Saint-Empire. Mais toute résistance est vaine. Jan Rohác est capturé et pendu à Prague le 9 septembre 1437 sur ordre de l’empereur. Furieuse, la population tchèque se soulève et contraint Sigismond à s’enfuir. ➤ La fin, partiellement inventée, se veut idéologiquement encourageante (le monarque malade décéda deux mois plus tard à Znaïm) après les épreuves de 1939-45. Adapté d’une pièce d’Alois Jirásek (1914) et tourné aux studios Barrandov et Radlice de mai à novembre 1946, le film est le premier long métrage tchèque en couleurs (deux ans plus tôt, également à Barrandov, Vladimir Borsky et son opérateur Janom Stallichom ont assisté l’Autrichien Willi Forst sur Wiener Mädel en testant l’Agfacolor). Le choix de la couleur souligne l’importance idéologique de la production, car si la bataille de Lipany met pratiquement fin aux guerres hussites, le siège de Sion comme la forte personnalité et l’exécution publique de Rohác ont suscité une vague d’écrits, drames, poèmes, nouvelles et romans dans le cadre de la renaissance nationaliste tchèque. Mais aussi de peintures et sculptures : Alfons Mucha, par ex., le représente sur une peinture murale de la salle du maire de la Maison municipale à Prague comme un symbole de l'intransigeance tchèque. La fresque cinématographique sort le 28 mars 1947 en présence du président Edvard Benes, un des fondateurs de la Tchécoslovaquie, de retour d’exil à Londres, et qui croit alors encore pouvoir maintenir une démocratie pluraliste dans le pays malgré les manèges de Staline. - AT: Der Kampf um Dube, GB: Warriors of Faith / Jan Rohac of Duba. |

1955 | Trilogia Hussita : 1. Jan Hus (CS) d’Otakar Vávra Studio Umeleckych Filmu Praha-Ceskoslovensky Statni Film, 125 min. – av. Zdenek Stepánek (le réformateur Jan Hus / Jan Zizka, hetman de Trocnov), Karel Höger (Venceslas/Vaclav IV le Fainéant, roi de Bohême), Vlasta Matulová (la reine Sophie de Bavière, son épouse), Bedrich Karen (le cardinal Pierre d'Ailly), Frantisek Smolik (le légat du pape), Otomar Krejca (Stepán Pálec), Vladimir Repa (le prêtre Jan dit Enfer), Josef Mixa (Martin), Marie Tomásová (Johanka, sa fiancée), Ladislav Pesek (Miserere – Zany), Gustav Hilmar (Jan de Chlum), Víteslav Vejrazka (Václav de Dubé), Eduard de Kohout (Lefi de Lazan), Rudolf Deyl (Stanislav de Znojma), Frantisek Kreuzmann (Tiem, commissaire papal), Vilém Besser (le charpentier Jíra), Marie Brosová (la mère de Stasek), Václav Voska (Cenek/Vinzenz von Wartenberg), Vladímir Leraus (Portreeve), Ladislav Bohác (Jakoubek de Stribro). Premier volet d’une trilogie dont chaque partie est indépendante des deux autres (la deuxième partie sort sur les écrans en 1956, la troisième en 1957). Le premier film montre les préliminaires idéologiques du mouvement hussite tel que formulés par Jan Hus durant les années 1412 à 1415, quand il s’insurge par la plume et les sermons contre la vente des indulgences papales tout en élucidant les conditions économiques de la société de son temps. L’Église romaine concentre ses efforts sur les affaires temporelles, amassant les richesses et élargissant ses domaines. Le film insiste sur la formation de Hus, fils de paysans pauvres, à l’université de Prague, alors le seul établissement d’enseignement supérieur de l’Europe centrale et dont il est devenu le recteur, puis sa défense des thèses du théologien anglais John Wycliffe (décédé en 1384), très critiques envers la corruption de l’autorité ecclésiastique. Le pape menace le roi de Bohême d’entreprendre contre lui une croisade s’il ne livre pas Hus au tribunal du Concile à Constance. Hus compte sur l’audience publique pour se défendre, mais il est réduit au silence par les cris des prélats assemblés et, malgré un sauf-conduit impérial (Sigismond le trahit), emprisonné, puis condamné à être brûlé vif comme hérétique le 6 juillet 1415. Ses cendres sont dispersées dans le Rhin – mais sa parole se répand dans toute la Bohême. ➤ Le premier chapitre est tourné (comme les deux volets suivants) en Agfacolor dès fin novembre 1953 aux studios de Hostivar (intérieurs) et surtout ceux de Barrandov à Prague où sont reconstitués scrupuleusement divers quartiers gothiques de l’ancienne capitale, avec la façade inachevée de l’église Notre-Dame de Tyn, l’Hôtel de Ville et le pont Charles IV décoré encore d’une seule statue. Pour les intérieurs de la chapelle de Bethléem, Jiri Trnka (génie mondial du film de poupées) officie comme superviseur artistique. Les extérieurs sont filmés si possible sur les lieux authentiques (mont Tábor, Bohême du sud et de l’ouest) avec quelque 1500 figurants et 200 cavaliers d’élite pour les diverses batailles. Le budget est de 13 millions de couronnes, soit le quintuple d’un moyen métrage courant. Bombardé « artiste de la Nation » et vedette du Théâtre National à Prague, Zdenek Stepánek – qui incarna saint Venceslas dans un des premiers longs métrages tchèques en 1929 (cf. supra) – joue à la fois Jan Hus et Jan Zizka, son successeur sur le plan militaire. Comme son réalisateur et ami, le vétéran Otakar Vávra, professeur à l’Académie du cinéma FAMU, Stepánek dut manger à tous les râteliers dans les décennies précédentes et après avoir survécu à l’occupation nazie, a été réhabilité politiquement en automne 1946. La réalisation de Vávra, de l’imagerie soignée, est assez académique et le jeu ampoulé de ses interprètes nage parfois dans le pathos et le déclamatoire. Mais on est surtout frappé par l’emprise de l’idéologie communiste qui récupère la matière au point de bannir tout discours religieux ou théologique, pourtant essentiel ici. En 1948, la démocratie a été abolie par le « coup de Prague » inféodé à Staline et le régime totalitaire de Klement Gottwald remodèle le héros pragois. Dans le film, sorti le 29 avril 1955, les facteurs politiques et économiques – l’oppression des pauvres par le clergé latin et la noblesse – deviennent donc la principale motivation des conflits armés, et à l’écran, c’est surtout le peuple en tant que représentant du « renouveau national » qui a la parole. L’importance européenne du soulèvement est bien sûr passée sous silence. Quant à Hus, c’est ici avant tout un insurgé contre la dictature « étrangère » du Saint-Empire, un rebelle contre de fourbes croisés, voire un précurseur du socialisme qui annonce les bienfaits du parti. Ses motivations spirituelles qui l’ont mené au martyre passent à la trappe, ce qui constitue une falsification flagrante de l’Histoire qui agace les spectateurs tchèques d’aujourd’hui. La Biennale de Venise 1955 interdit la projection du film (représentant officiellement la Tchécoslovaquie) non pour sa propagande stalinienne mais pour offense aux sentiments religieux des catholiques ; il sera présent aux festivals de Mexico et d’Édimbourg. La trilogie de Vávra est bien sûr inédite à l’Ouest. |

1956 | Trilogia Hussita : 2. Jan Zizká (Le Commandant hussite) (CS) d’Otakar Vávra Studio Umeleckych Filmu Praha, 112 min. – av. Zdenek Stepánek (Jan Zizka, hetman de Trocnov), Frantisek Horák (le prêtre hussite Jan Zelivsky), Karel Höger (Venceslas/Vaclav IV le Fainéant, roi de Bohême), Vlasta Matulová (la reine Sophie de Bavière, sa femme), Jan Pivek (Sigismond Ier de Luxembourg, roi de Hongrie et de Germanie), Ladislav Pesek (Miserere – Zany), Víteslav Vejrazka (Václav de Dubé), Václav Voska (Cenek/Vinzenz von Wartenberg), Gustav Hilmar (Jan de Chlum), Milos Kopecky (Peter von Konopischt de Sternberg), Gustav Opocensky (Jindrich de Hradec, chef des johannites), Vladimír Leraus (Zbynek Zajic de Hazmburk, archevêque de Prague), Marie Tomásová (Johanka), Vilém Besser (le charpentier Jíra), Frantisek Kreuzmann (le burgrave Tomas), Jaromíra Pacová (sa femme), Ladislav Bohác (Jakoubek de Stribro). Pour la partie précédente, cf. supra, film de 1955. – Le 30 juillet 1419, la tension est vive à Prague après l’exécution honteuse de Jan Hus, considéré par la population comme un héros national. Dans les rues, le prédicateur Jan Zelivsky est à la pointe des contestateurs mais devant l’Hôtel de Ville, le cortège est accueilli par des pierres. Zelivsky est blessé, la mairie est prise d’assaut : c’est la première défenestration de Prague, événement déclencheur des croisades hussites qui vont durer jusqu’en 1436. Sept échevins catholiques sont jetés par la fenêtre sur des piques et achevés par la foule. Celle-ci s’en prend ensuite aux églises et monastères fidèles à l’Église catholique. Le 16 août, le roi Venceslas IV, favorable aux hussites, décède d’un arrêt cardiaque et son frère Sigismond Ier, roi de Hongrie et de Germanie, entreprend de mater la rébellion. Les rebelles pragois élisent l’hetman Jan Zizká de Trocnov dit « le borgne » comme leur chef militaire. Ce dernier commence une guérilla sans merci contre les partisans de l’empereur Sigismond. L'apogée du film est la bataille de Sudomer, le 25 mars 1420, au cours de laquelle Zizká, entouré d’un petit nombre de ses partisans (quelque 400 fermiers et villageois armés seulement de fléaux et hallebardes), balaie le détachement de 2000 cuirassiers impériaux dont une partie s’enlise dans la boue des marais Skaredy, tandis que l’autre se heurte à la fameuse « Wagenburg » de l’ingénieux général, des forts constitués de chariots blindés armés de petits canons et d’arquebuses, tactique légendaire qui permettra aux hussites de tenir tête pendant dix-huit ans (de 1419 à 1436) aux armées catholiques. – Le tournage (qui inclut aussi le troisième volet) dure de fin janvier à novembre 1955 et sa sortie publique le 22 juillet 1956 au stade de Stvanice à Prague réunit 5000 spectateurs. |
1957 | Trilogia Hussita : 3. Proti vsem (Contre tous) (CS) d’Otakar Vávra Studio Umeleckych Filmu Praha, 112 min. – av. Zdenek Stepánek (l’hetman hussite Jan Zizka), Frantisek Horák (Jan Zelivsky), Gustav Hilmar (Ctibor de Hvozdna), Vlasta Matulová (Zdena, sa fille), Bedrich Karen (le prévôt avare), Jan Pivek (Sigismond de Luxembourg, roi de Rome et de Hongrie), Miroslav Dolezal (Jan Bydlinsky), Václav Voska (Petr Kanis), Jana Rybárová (Marta), Petr Hanicinec (Ondrej de Hvozdna), Stanislav Neumann (le sacristain), Jaroslav Vojta (Simon), Bohus Záhorsky (un paysan), Marie Vásová (Johová), Otto Lackovic (Ondrey Joha), Vladimír Ráz (Tomes Joha), Eva Jirousková (Margeta), Radovan Lukavsky (l’hetman), Václav Spidla (Oldrich Rozmberk). Dernier volet de la Trilogie hussite sortie en 1955 (cf. supra). - L'apogée des guerres hussites : la rencontre de Jan Zizka, chef militaire de l’armée populaire des « combattants de Dieu », et le prédicateur enthousiaste des hussites calixtins Jan Zelivsky pour affronter les plus éminents chevaliers du Saint-Empire catholique. Les hussites se divisent en deux factions : les Pragois modérés qui s’efforcent de trouver un terrain d’entente avec le cruel empereur Sigismond et le pape, et les taborites radicaux qui ont abandonné leurs foyers et se sont concentrés en Bohême du sud. La trame du film culmine avec la victoire remportée par Zizka sur la colline de Vitkov/Vitusberg près de Prague le 14 juillet 1420 ; elle est simultanément traversée par le destin de plusieurs personnages, dont la noble dame Zelena, partisane de la pensée hussite qui s’éprend d’un jeune curé taborite, et la novice Marta qui trouve son chemin grâce au dynamique chef hussite Ondrej Joha. |

Les croisés du Saint-Empire dirigés par le fourbe cardinal Beaufort (« Spanilá jizda »).
1963 | Spanilá jizda [=Une belle promenade / La Campagne de Nuremberg] (CS) d’Oldrich Danek Filmové studio Barrandov (Praha), 97 min./88 min. – av. Petr Kostka (Ondrej Kersky de Rimovice), Jaroslava Tvrzíková (Anka, son épouse), Jirí Vala (Eschweiler von Hohenbach), Michaela Lohniská (Katrusa), Jaroslav Prucha (Mikes), Martin Ruzek (le général hussite Prokop Holy/Procope le Grand), Jirí Holy (le prêtre hussite Jíra), Karel Höger (Henry Beaufort, cardinal de Winchester et légat du Pape), Václav Spidla (Friedrich von Hohenzollern), Vlasta Fialová (Elisabeth von Hohenzollern), Otakar Brousek (Erkinger von Sansheim), Jaroslav Drbohlav (Friedrich). 1. « La bataille qui n’eut jamais lieu » : Le 4 août 1427 à Tachov près de Stribo, l’armée hussite commandée par l’hetman Procope le Grand (Prokop Holy, v.1380-1434), prêtre et brillant stratège, fait face aux croisés féodaux dirigée par le farouche cardinal Henry Beaufort (1375-1447), légat du pape qui autorise tous les crimes envers les « hérétiques ». Parmi les croisés allemands, Eschweiler von Hohenbach assassine le clan d’Ondrej Kersky, incendie le château familial, puis enlève et viole son épouse Anka juste après la célébration du mariage. Ondrej rejoint l’armée hussite pour se venger, mais, trop jeune et inexpérimenté, il se fait prendre et fouetter lorsqu’il tente de voler un cheval afin de poursuivre le violeur. À Tachov, les croisés se retirent sans se battre, leur chef Friedrich von Hohenzollern, un couard, prend la fuite. – 2. « La campagne en Allemagne » : Trois ans plus tard, Ondrej est devenu un soldat aguerri et combat en Bavière où les hussites vont de victoire en victoire jusque devant les murs de Nuremberg, toujours à la recherche du mystérieux Eschweiler que personne ne connaît. Procope veut convaincre ses prochains par le prêche, Ondrej ne jure que par la vengeance. – 3. « La route vers Nuremberg » : Prétendant vouloir la paix, le margrave Friedrich von Hohenzollern, électeur du Saint-Empire, négocie avec les assiégeants rebelles et accepte de laisser entrer 15 hussites dans la ville, parmi eux Ondrej. Celui-ci trouve enfin Eschweiler, qui a violé Anka ; il apprend qu’elle est morte en donnant naissance à un fils, Vinik. Ondrej tue son ennemi devant la tombe de son ex-épouse, tandis que les armées féodales du margrave prennent les hussites en traître et les empêchent de prêcher dans la ville. – Une fresque en scope noir et blanc tournée d’août 1962 à janvier 1963 aux studios de Hostivai à Prague, aux châteaux de Krivoklát et Smichov et dans les environs de Ládvi. Une reconstitution très réaliste et soignée, mais un récit pas toujours maîtrisé. - DE-RDA : Hussitenritt - GB : The Nuremberg Campaign. |
1966 | (vd) John Hus (US) de Michael Economou Roy Naden, Don Dick, James Hannum, Gary Haynes/Faith for Today (Thousand Oaks, Calif.), 55 min. – av. Rod Colbin (Jan Hus), Regs Cordic (le cardinal Anthony), Marvin Miller (l’empereur Sigismond de Luxembourg), Sándor Naszódy (le procureur du Concile de Constance), Gordon De Vol (Jan Kepka z Chlumu/John of Chlum), Jack Lukes (le roi Wenceslas de Luxembourg), Carmen Zapata (la mère de Jan Hus), John Hart (un théologien), Stephen Manley (Jan Hus enfant), Ron Hajak (Jan Hus jeune homme), Christopher Beaumont (le geôlier), Allen Joseph, Brian Wood, Wade Crosby. - Rendition – et récupération - maladroite de la vie de Hus par des évangéliques américains. |
1968 | Na Ziskove válecném voze [=Sur le char de guerre de l’hetman Zizka] (CS) de Milan Vosmik Filmové studio Barrandov (Praha), 74 min. - av. Josef Filip (Ondra), Jan Kraus (Sulik), Frantisek Hanus (Vit Pracka), Vladimír Ráz (Tuma de Kolce), Ilja Prachar (l’hetman Jan Zizka de Trocnov), Martin Ruzek (Boguslav von Schwanberg), Frantisek Smolik (le chirurgien), Frantisek Filipovsky (Adam Chrust), Josef Vetrovec (Miksik), Vladimir Hruby (l’espion Konrad Hornung). Tuma, un fermier veuf de Kolce, et ses employés veulent prêter assistance aux habitants de la ville hussite de Kourim assiégée par l’armée papale ; son fils Ondra les suit en secret, le châtelain Miksík à ses trousses. Ils sont capturés par des soldats de Kutná Hora, mais Miksík se sacrifie pour permettre à Ondra de s’enfuir. Accompagné de l’orphelin Sulík qui devient son ami, Ondra se cache dans un moulin où il surprend la conversation de l’ennemi qui prépare un piège pour annihiler la troupe du général hussite Jan Zizka. Ils volent des chevaux et avertissent le héros borgne. Appliquant sa fameuse tactique du « Wagenburg » (forts de chariots blindés), il repousse les catholiques. Ondra apprend que le général ennemi von Schwanberg a enlevé son père et le détient dans son château, il s’y rend, est capturé et condamné à être brûlé vif, mais Sulik alerte Zizka et sa troupe qui interviennent à temps pour sauver père et fils. - Un film pour la jeunesse tiré d’un roman de Josef Frantisek Karas. - DE-RDA : Auf dem Kriegswagen des Feldherrn Zizka. |
1974 | (tv) Ohnivy máj [=Les Feux de mai] (CS) d’Antonín Dvorák Ceskoslovenská Televize (Praha) (CTV 20.9.75), 79 min. – av. Petr Kostka (Jérôme de Prague/Jeronym Prazsky), Josef Barta (l’archevêque Hans von Wallenrode), Ladislav Bohác (le cardinal Pierre d’Ailly), Karel Höger (le cardinal Francesco Zabarella), Libuse Geprtová (Jolanta), Otto Lackovic (Stepán Rozgon), Jan Libícek (Náz), Svatopluk Matyás (Jaszko), Viktor Maurer (Michel de Causis), Jaroslava Obermaierová (Katerina), Zdenek Rehor (Gerson), Jana Sulcová (Alzbeta). Disciple et ami de Jan Hus, le théologien et philosophe Jérôme de Prague/Jeronym Prazsky (1379-1416) condamne le jugement impitoyable dont son mentor a été la victime. Il est arrêté, accusé à son tour d’hérésie et emprisonné. Craignant que son martyre, le deuxième consécutif en peu de temps après celui de Hus, ne déclenche une résistance armée dans les pays tchèques, les cardinaux Francesco Zabarella et Pierre d’Ailly (légat pontifical) lui proposent de se distancier par écrit des enseignements « hérétiques » et retirer sa propre critique de l’Église. Après avoir hésité et surmonté les pièges des ecclésiastiques, Jérôme décide de ne pas trahir sa conscience et finit brûlé vif à Constance le 30 mai 1416, moins d’un an après son maître et au même endroit. – Dramatique tirée d’un roman du réalisateur Antonín Dvorak. - Cf. aussi infra, Poslední útek Jeronyma Prazského [La Dernière Évasion de Jérôme de Prague] (2018) de Lubomír Hlavsa. |
1975 | (tv-th) Králuv kalich [=Le Calice du roi] (CS) de Jan Matejovsky Ceskoslovenská Televize Praha (CTV 6.7.75), 87 min. – av. Petr Hanicinec (Jirí/Georges de Podebrady, roi de Bohème), Daniela Kollárová (la reine Jeanne de Rozmitál/Johanka Rozmitalská de Podebrady), Zdenek Buchvaldek (Zdenek Konopistsky de Sternberk), Miroslav Castek (Jost de Rozmitálu), Jirí Chmelar (Petr Kdulinec), Zdenek Jelínek (le pape Paul II), Jirí Pleskot (le pape Pie II), Frantisek Nemec (le général hussite Zdenek Kostka de Postupice), Václav Neuzil (Jan Vitez), Václav Postránecky (Matyás Korvin/Matthias Corvin, roi de Hongrie), Bohumil Seda (Mistr Rokycana), Ladislav Simek (Vilém de Rábi), Václav Svorc (Palecek), Jan Kanyza (Viktorin), Vladimir Matejcek (le messager impérial), Karel Vicek (Tas de Boskovic), Jirí Zahajsky (Prokope de Rabstein). Georges, seigneur de Kunstát et de Podebrady (1420-1471), régent puis roi de Bohême (1458) surnommé « le prince de la paix », est le premier souverain européen rejetant la foi catholique et embrassant la religion de Jan Hus ; son symbole était un calice apposé sur les églises. Chef des hussites, Podebrad met en déroute les armées impériales d’Albert II, beau-fils de l’empereur du Saint-Empire, et marche sur Prague. S’adressant à toutes les cours d’Europe, il propose entre 1465 et 1467 de fonder une « Confédération des rois et princes chrétiens » déterminés à résoudre les conflits par des accords et des contrats, et non par la guerre ; personne ne donne suite à ce projet. Après la bataille de Vilémov en 1469, Podebrady et le roi hongrois capturé Matthias Corvin négocient à Uhrov, mettant fin à la croisade anti-hussite appelée trois ans plus tôt par le pape Paul II. Ce dernier refuse jusqu’à la fin de s’entendre avec Podebrady, qu’il excommunie tout en interdisant aux sujets catholiques de la couronne de Bohême de lui porter allégeance. – Dramatique d’après une pièce de Milos Smetana inspirée par Images de l’histoire de la nation tchèque (Obrazy z dejin národa ceského), la chronique nationale inachevée de Vladislav Vancura (1939-1942). |
2002 | Jan Hus - Vzkrísení (Jan Hus - La Dernière Tentation) (CS) Stephen Benyovszky/Kabaret Caligula (Praha). – av. Lukás Rumlena (Jan Hus), Ondrej Gabriel (l’hetman Jan Zizka), Stepán Benyovsky (le roi Venceslas IV, l’ivrogne de Bohême), Eva Pospísilová (la reine Sophie de Bavière), Michal Ridlo (Johannes Nepomuk), Jakub Tlapák, Tadeás Petr. - Film expérimental parodique fabriqué par le principal théâtre indépendant de Prague. |

Sigismond à la tête du Saint-Empire cherche à anéantir Jan Hus et ses idées (2015).
2015 | (tv) Jan Hus (Jan Hus – Rebelle jusqu’au bûcher) (CZ/SK/[DE/FR]) télésérie de Jirí Svoboda Sylvie Tokárová, Igor Kristof, Viktor Kristof/Ceská Televize (CTV Praha)-Arte (Strasbourg/Baden-Baden)-Three Brothers Production (Praha) (CTV 29.-30.-31.5.15 / Arte 1.7.15), mini-série : 122 min.+115 min./3 x 80 min./144 min. – av. Matej Hádek (Jan Hus), Vladimir Javorsky (le roi Venceslas/Vaclav IV de Luxembourg et Bohême), Michal Diouhy (son frère Sigismond/Zigmund de Luxembourg), Hynek Chmelar (Ludvig III du Palatinat), Petr Lnenicksa (Zbynek Zajic de Hazmburk, archevêque de Prague), Václav Neuzil (Jan de Chlum), Petra Spalková (Katerina), Marika Soposká (la reine Sophie de Bavière), David Novotny (Christian de Prachatice), Petr Klimes (Jan Protiva), Hartmut Krug (Meistermann), Petr Stach (Jindrích Lefl), Tomás Dastlik (Cossa), Jan Dolansky (Stepán de Pálek), Pavel Gajdos (Abraham), Jirí Barton (Fridrich Braniborsky), Jan Plouhar (le théologien Jeronymus de Prague), Lukás Melník (Jakub Hus, frère de Jan), Marie Poulová (sa femme), Ivo Kubecka (le père de Jan), Ana Cónová (la mère de Jan), Tomás Karger (Voksa de Valdstejn), Lubos Pavel (le margrave Friedrich I. von Brandenburg), Petr Stepán (Francesco Zabarella, archevêque de Florence), Lubos Vesely (le vicaire général Kbel), Hynek Chmelar (Ludvik de Palc), Daniela Vorácková (Fidi Pfinster). Pour marquer le 600e anniversaire du martyr religieux et pilier de l’identité nationale tchèque, Jiri Svoboda choisit une perspective européenne, car le réformateur fut important pour l’Allemagne, la Suisse et la France. Son téléfilm révèle par la même occasion des circonstances historiques, des questions théologiques, des querelles idéologiques et des contacts internationaux qui étaient jugés inacceptables pour les communistes sous lesquels Otakar Vávra dut fabriquer sa fameuse trilogie de 1955-1957 (cf. supra). - US : Jan Hus, the first Protestant. |
2015 | (tv-df) Jan Hus : Cesta bez návratu [=Jan Hus : Voyage sans retour] (CZ) de Lubomír Hlavsa Ceská Televize (Praha)-Vistafilm (CTV 6.7.16), 52 min. – av. Vladimír Javorsky (le roi Wenceslas de Luxembourg), Eliska Krenková, Pavel Rímsky, Petr Stepán, Miroslav Táborsky, Zdenek Velen, Lubos Vesely. - Docu-fiction qui réutilise les costumes et armures de la télésérie de 2015. |
2015 | (tv-df) Bratri, synové Karla IV. [=Deux frères, fils de Charles IV] (CZ) de Jolana Matejková Ceská Televize (Praha) (CTV 28.4.15), 52 min. – av. Tomás Korének (le roi Venceslas IV), Rostislav Novák Jr. (l’empereur Sigismond), Tomás Halík, Vanda Hybnerová (narration), Rostislav Novák Jr. (narration), Martin Mysicka (narration). – Docu-fiction sur la jalousie fraternelle des deux fils de Charles IV, l’aîné Venceslas IV et son cadet Sigismond, le premier un partisan ardent de Jan Hus mais considéré comme un ivrogne incompétent tandis que Sigismond, empereur germanique dès 1411, a tout fait pour condamner le réformateur au concile de Constance tout en cherchant à régler le schisme de l’Église entre les trois papes. |
2018 | (tv) Poslední útek Jeronyma Prazského [=La Dernière Évasion de Jérôme de Prague] (CS) de Lubomír Hlavsa Vistafilm Production-Studio CT Brno-Ceská televize (Praha) (CTV 30.5.18), 81 min. – av. Ondrey Vetchy (le théologien Jeronym Prazsky/Jérôme de Prague), Jitka Cavancarová (Anna Bauer), Vladimír Javorsky (Jan Hus), Stepán Benoni (le scribe Petr de Mladonovic), Jan Novotny (l’aubergiste Bauer), Vladimír Kratina (le juge Teynsdorfer), Vladislav Benes, Radek Holub, Petr Kostka, Petr Komínek, Kasik Matej, Pavel Necas, Martin Pechlát, Pavel Rimsky, Alois Svehlik, Václav Vydra, Frantisek Nemec (commentaire). Le philosophe et théologien Jérôme de Prague/Jeroným Pražský (1377–1416), un des principaux soutiens et des plus proches amis de Jan Hus, fut brûlé moins d’un an après lui, également victime du concile de Constance. De son vivant, il fut maître de quatre universités (Paris, Cologne, Heidelberg, Prague), étudia à Oxford où il devint un promoteur des idées de John Wycliffe, le précurseur de la Réforme anglaise décédé en 1384. Avec sa rhétorique anticonformiste et éloquente, il sut captiver les auditeurs d’une manière unique (même l’amour et les relations avec les femmes n’étaient pas tabous dans sa vie). Le docu-fiction de Lubomír Hlaysa, tourné à la forteresse de Malesov, aux châteaux de Helfstyn et de Sovinec et au Musée plein-air de Repora à Prague, le montre sous son aspect humain, connaissant la peur, ayant un tempérament violent et abandonnant la femme qu’il aime pour assumer sa mission spirituelle. - Cf. aussi Ohnivy máj [Les Feux de mai] (1974) d’Antonín Dvorák |

L’hetman Jan Zizka dit Jean le Borgne (Ben Foster) dans « Medieval » (2022).
2018-2022 | Medieval / Jan Zizka (CS) de Petr Jákl Kassian Elwes, Petr Jákl/J.B.J. Film-Genesy-Double Tree Entertainment-Wog Film, 125 min. - av. Ben Foster (Jan Zizka), Michael Caine (Sire Boresh), Til Schweiger (Heinrich von Rosenberg/Rozmberk), Sophie Lowe (Dame Katherina, sa fiancée), Matthew Goode (le roi Sigismond de Luxembourg), William Moseley (Jaroslav) Roland Møller (Torak), Karel Roden (Venceslas IV, roi de Bohême), Werner Daehn (Ulrich), Vinzenz Kiefer (Conrad), Alistair Brammer (Freddy), Magnus Samuelsson (Lars), Christopher Rygh (Mick), Guy Roberts (Cyril), David Bowles (Giovanni), Jennifer Armour (Barbara), Jan Budar (Matthew), Kevin Bernhardt (cpt. Martin), Ondrey Vetchy (Ondrey), Ben Cristovao (Ajdar), Sean Connor Renwick (David). Jan Zizka (« Jean le borgne ») de Trocnov et Kalich (v.1360-1424) est le célèbre chef de guerre et stratège génial des guerres hussites (cf. supra), mais ce film raconte les débuts du mercenaire en 1402 quand, placé au service du roi Venceslas IV de Bohême, il doit protéger le royaume contre Heinrich von Rozmberk, l’homme le plus riche du royaume, et, sur ordre de Sire Boresh, enlever sa fiancée, dame Katerina, une aristocrate proche du peuple. Rozmberk ayant pris parti pour Sigismond de Luxembourg, un roi corrompu en guerre contre Venceslas IV, Zizka, qui s’est épris de Katerina, s’engage progressivement pour la lutte contre la dépravation, l’avidité et la trahison des puissants, tout en participant victorieusement à la campagne contre les chevaliers de l’Ordre Teutonique (1408). – La fresque est tournée de septembre à décembre 2018 aux châteaux de Kokorín, Krivoklát, Tocník, Zvikov et Orlík, à Kolín, Prague, Vltava, Jetrichovice, Plesivec, Sinon et dans la carrière de Chlum. Malgré un investissement important (25 millions de $), des scènes spectaculaires assez brutales et un casting international, le film n’arrive jamais à cerner le profil peu ordinaire de son héros, qui apparaît sans motivations ni personnalité claire. La critique tchèque déplore d’ailleurs à raison que les scénaristes aient choisi une période quasi inconnue de la carrière de Zizka en lieu et place de ses fabuleux succès militaires aux côté des partisans de Jan Hus. |