III - L’ITALIE

4. ITALIE CENTRALE : TOSCANE ET OMBRIE

4.2. Saint François d’Assise (1182-1226)

Fondateur de l'ordre des Frères mineurs dits Franciscains à Assise (Ombrie). - Né Giovanni di Pietro Bernardone à Assise, fils d'une riche famille marchande, François vit une jeunesse dissipée et fait en 1202 la guerre à la noblesse d'Assise et de Pérouse (bataille de Ponte San Giovanni), ce qui lui vaut une année d'emprisonnement. Il est libéré à prix d'argent grâce à son père. Sa conversion en plusieurs étapes se fait au cours d'une longue maladie qui l'immobilise presque pendant une année en 1204. Une rencontre avec les lépreux aurait déterminé son retournement, ainsi qu'une voix lui ordonnant de " réparer son Église en ruine ". Son père l'ayant assigné en justice pour le déshériter, François lui laisse ses habits, se réclamant d'un statut de pénitent qui le fait échapper à la justice laïque. En 1209, il décide d'" épouser Dame Pauvreté ", se consacrant désormais à la prédication et gagnant son pain par le travail manuel ou l'aumône. En 1210, le pape Innocent III, qui l'a vu en rêve, valide verbalement la première règle rédigée par François régissant la fraternité naissante ; deux ans plus tard, François accueille Claire d'Assise (Chiara Offreduccio degli Scifi di Favarone, 1194-1253) parmi les siens et fonde avec elle l'Ordre des pauvres dames (les sœurs Clarisses). Rapidement, l'ordre franciscain tel que l'avait conçu François est dépassé par son succès et s'organise contre la volonté du fondateur : on considère l'austérité du fondateur comme un idéal à vénérer mais non à imiter. Après un séjour en Égypte où François a tenté de convertir le sultan Al-Kamil près de Damiette (septembre 1219) et soigné les belligérants des deux camps - à la fureur du légat papal sur place, le cardinal Pelagius -, celui qu'Al-Kamil considérait comme un " soufi chrétien " abdique et confie la direction de l'ordre à Pierre de Catane ; il désapprouve également le goût naissant des Franciscains pour l'étude et l'enseignement. En août 1224, il se retire avec quelques frères au monastère de l'Alverne où il reçoit les stigmates. Premier stigmatisé de l'Histoire, il meurt en laissant un testament dans lequel il professe son attachement à la pauvreté évangélique et à la contemplation de l'œuvre de Dieu dans la nature (Cantique des créatures).
1911San Francesco ovvero il poverello d'Assisi (IT) d'Enrico Guazzoni
Società Italiana Cines (Roma), 443 m./24 min. (14 tableaux). - av. Emilio Ghione (saint François d'Assise), Italia Almirante-Manzini (Chiara Offreduccio di Favarone / Claire d'Assise), Amleto Novelli.
Tournage aux studios Pittaluga FERT à Turin et, pour la majorité des scènes, sur les lieux où vécut le saint. Le film est signé par le spécialiste italien des reconstitutions historico--religieuses (il vient de terminer La Gerusalemme liberata et réalisera l'année suivante Quo Vadis ?). Prix de la " Categorie artistique " à l'Exposition internationale de Turin. Une des rares hagiographies à mentionner aussi l'épisode de François d'Assise en Égypte en 1221. - GB : St. Francis of Assisi, DE : Franz von Assisi, ES : El Pobrecillo de Asis.
Umberto Palmarini en François d’Assise (1918).
1918Frate Sole / San Francesco d'Assisi (Frère Soleil) (IT) d'Ugo Falena et Mario Corsi
Ugo Falena/Tespi-film (Roma), 2121 m. (4 parties), 70 min. - av. Umberto Palmarini (saint François d'Assise), Silvia Malinverni (Chiara Offreduccio di Favarone / Claire d'Assise), Rina Calabria (sa sœur Agnese), Filippo Ricci (Elia Buonbarone), Lucienne Myosa (la courtisane), Bruno Emanuel Palmi (frère Elia).
Tournage sur les lieux (la basilique d'Assise, Gubbio, Pérouse, les rives du lac de Trasimène) et dans les studios de la Tespi-film à Rome avec des décors conçus par le peintre Duilio Cambellotti et l'assistance de nombreux moines franciscains. Le film sort avec fracas sous forme de ciné-concert en juin 1918 à l'auditorium Augusteo-Correa à Rome, en présence de toute l'élite religieuse et politique de la capitale, un grand événement culturel accompagné musicalement par un " poème symphonique et choral en 4 chants " de Luigi Mancinelli (compositeur qui introduisit Wagner en Italie). La projection spéciale au Vatican est suivie par un parterre de cardinaux enthousiastes, désormais convaincus de l'importance du cinéma pour la politique de l'Église.
1920Der Bettler von Assisi (DE) de Karl Frey
Leo-Film GmbH München, 1660 m. - av. Karl Alfred Myra, Mme Hilber-Valk.
1921Saint François d'Assise (FR)
Étoile Film (Paris). - Long métrage biographique retraçant la vie du saint de 1205 à sa mort en 1226.
François d’Assise et ses premiers disciples devant l’église de San Damiano (« Frate Francesco », 1927).
1927Frate Francesco (La Vie de saint François d'Assise) (IT) de Giulio Antamoro
Edgardo Garelli, Luigi Roffeni Tiraferri/Imprese Cinematografiche Società Anonima (I.C.S.A.), Roma-Firenze, 3700 m./110 min. - av. Alberto Pasquali (saint François d'Assise), Romuald Joubé (le condottiere comte Monaldo di Sassorosso), Alfredo Robert (Pietro Bernardone dei Moriconi / Bernardino, père de François), Bice Jany (Chiara Offreduccio di Favarone / Claire d'Assise), Euna De Rasi (sa sœur Agnese), Donatella Gemmò (la courtisane Myria di Leros), Franz Sala (Favorino degli Scifi), Enzo Nannicini (frère Angelo), Elena Baranowitch [Enta Droubetzkoy] (Giovanna Pica de Bourlémont, mère de Francesco), Ruggero Barni (frère Leone, le lépreux), Gino Borsi (frère Bernardino da Quintavalle), Alberto Nepoti (frère Pietro de' Cattani), Ugo Manni (frère Barbaro), Adelmo Cimoli (frère Silvestro), Mario Cavara (frère Morico), G. Peccerini (frère Bernardo de' Vigilanti), G. Cassioli (frère Angelo Tancredi).
Synopsis : Assise vers 1198. Le jeune Francesco, fils du riche marchand Bernardone, mène une vie dissolue, mais est impliqué dans le conflit entre sa ville et Pérouse ; lors de la bataille de Ponte San Giovanni il est fait prisonnier. Libéré, il rentre chez lui, mais cette expérience l'a marqué et, lors d'une expédition militaire dans les Pouilles sous les ordres du condottiere Monaldo, il a une vision qui l'appelle à une autre vie ; bien qu'accusé de lâcheté, il quitte ses armes. Après une autre période de vie dissolue avec la courtisane Myria, une seconde vision l'appelle à l'obéissance et à la chasteté. Il se réfugie alors dans un ermitage et se consacre à la prière et au secours des pauvres, si bien que son père l'abandonne. Devant l'évêque, le jeune homme enlève les vêtements de son père et déclare qu'il ne reconnaît que Dieu comme son père. L'église de San Damiano devient le centre de son activité et bientôt un groupe de fidèles se forme autour de lui, dont la jeune Chiara di Favarone. François ayant obtenu du pape Innocent III la reconnaissance de la règle des Franciscains, de plus en plus de personnes le rejoingnent et contribuent à la reconstruction de la chapelle de la Porziuncola. Puis Francesco se rend en Égypte (1221), à Damiette, pour promouvoir la paix entre les croisés et le sultan, obtenant de ce dernier la libération de Myria, faite prisonnière par des pirates. Le pape Honorius III confirme à son tour la reconnaissance de l'Ordre. Après s'être retiré à La Verna, où il compose le Cantique et reçoit les stigmates, François retourne à l'église de San Damiano pour y mourir.
Une hagiographie bien documentée mais évitant les sujets qui fâchent, tournée officiellement pour célébrer le septième centenaire de la mort du saint. L'initiative obéit en fait à des raisons politiques, Mussolini ayant proclamé le 4 octobre 1927 " fête nationale " et la presse vantant les efforts du duce pour " glorifier la sublime œuvre franciscaine qui rassemble les peuples de l'univers ". Alors que l'industrie du cinéma italien est à son nadir (26 films en une année), Frate Francesco doit annoncer avec fracas " la renaissance artistique et industrielle [cinématographique] de la nation ". Le réalisateur, le comte Giulio Antamoro, confie le rôle- titre à l'acteur qui fut déjà l'interprète de Jésus dans son fameux Christus (1916), succès international tourné en Égypte et une référence en matière de film religieux. Bénéficiant de l'imprimatur du vicariat romain, le scénario du poète Carlo Zangarini (librettiste de Puccini) et d'Aldo De Benedetti se base sur la biographie du Danois Johannes Jørgensen (1907) ; le tournage s'opère sur les terrains des nouveaux studios de la I.C.S.A. entre Rifredi et Fiesole (près de Florence), où sont reconstruits les vieux quartiers d'Assise (sur 15'000 m2). 600 cavaliers participent à la bataille et deux navires sont acheminés du port de Livourne pour l'assaut des pirates barbaresques. Le saint est montré non comme un doux rêveur idéaliste, mais comme un homme qui a les pieds sur terre, conscient des réalités politico-sociales, à la fois anticonformiste et miséricordieux. En raison de sa mise en scène statique et vieillote, Frate Francesco est un échec public en Italie même, mais c'est un des rares films italiens de l'année 1927 à être vendu à l'étranger (Paris, Londres, Madrid, Lisbonne, Varsovie, Canada, USA et Amérique latine) et qui bénéficie d'effets sonores (bruitage, chants). - ES : El santo de Asís, PT : A Vida Humilde de S. Francisco de Assis, US : The Passion of St. Francis / In the Days of the Crusaders or Brother Francis.
1934Inasmuch (GB) d'Alec Saville
British National Films-Religious Film Society, 22 min. - av. Donald Wolfit (saint François d'Assise), Greer Garson (Chiara degli Scifi/Claire d'Assise), Louis Bradfield (Elias), Ernest Bodkin (l'évêque), Carla Joy (la mendiante), Frank Randell (Frère Juniper), Harcourt Williams.
Tournage aux Gainsborough Studios (Islington) d'après une pièce de Rev. Harry Williams. Les débuts de Greer Garson, future vedette à Hollywood.
1942[documentaire : Il cantico delle creature (IT) de Luciano Emmer et Enrico Gras ; Dolomiti Film, 11 min. - Les fresques d'Assise attribuées à Giotto pour résumer la vie du " poverello ".]
1943/44San Francisco de Asis (St. François d'Assise) (MX) d'Alberto Gout
Pedro A. Calderón/Calderón Films (Mexico), 119 min. - av. José Luis Jiménez (saint François d'Assise), Carmen Molina (Chiara degli Scifi), Alicia de Phillips (María di Quintanar), Antonio Bravo (le comte Ugolino), Crox Alvarado (Honorio), Luis Alcoriza (frère Bernardo di Quintavalle), Arturo Soto Rangel (Piero Bernardone dei Moriconi, père de François), Elia Ortiz (sainte Ines/Agnese d'Assise), Agustín Sen (l'évêque). - Spectacle bien intentionné, mélodramatique et dévotionnel mais sans vigueur ni style. Le Mexicain Alberto Gout passera à la (relative) postérité avec son inénarrable nanar vétérotestamentaire Adán y Eva (Adam et Eve, 1950) qui a fait rire des générations de cinéphages. - IT : Il poverello d'Assisi.
1943/44[projet inabouti : Francesco d'Assisi (IT) d'Augusto Genina, production Ocean Film Roma, avec Giorgio de Lullo (François d'Assise) et Monique Orban (Chiara), début du tournage annoncé pour le 15 janvier 1948. Scénario d'Alberto Moravia, puis de Vittorio Cottafavi et Stefano Landi, dialogues d'Alexandre Arnoux. Genina se désiste, la matière l'intimide, enfin les capitaux qui proviennent du Vatican sont détournés en Suisse par un clerc malhonnête. - Rappellons dans ce contexte deux autres projets sans suite, d'origine française, l'un en 1938 sur un scénario de Bernard Zimmer, avec Pierre Blanchar, l'autre en 1939/40 de Léon Poirier.]
François et Claire d’Assise vus par Roberto Rosellini (1950).
1950*** Francesco, giuliare di Dio (Les Onze Fioretti de François d'Assise / Saint François, ménestrel de Dieu) (IT) de Roberto Rossellini
Angelo Rizzoli, Giuseppe Amato/Cineriz-Rizzoli Film (Roma), 75 min. - av. Frère Nazario Gerardi (saint François d'Assise), Aldo Fabrizi (Nicolaio, tyran de Viterbo), Arabella Lemaître (Chiara Offreduccio di Favarone / Claire d'Assise), Peparuolo (Giovanni il Sempliciotto [le simplet]), Frère Severino Pisacane (frère Ginepro), Franca Marzi (la prostituée), Roberto Sorrentino, Pino Locchi (la voix de Saint François), Gianfranco Bellini et Renzo Rossellini (narration) et les moines du couvent de Baronissi près de Nocera.
Les Fioretti de saint François d'Assise (I Fioretti de san Francesco) est un recueil anonyme d'anecdotes, miracles et histoires merveilleuses de la première moitié de la vie du saint et de ses compagnons dans les régions de l'Ombrie, des Marches et de Toscane. L'ouvrage comporte 53 courts chapitres appelés Fiorettis (" fleurettes "), débutant à Assise et se terminant à Mogliano, et date de la fin du XIVe siècle, soit plus d'un siècle après la mort du concerné. L'auteur en est vraisemblablement le frère mineur Ugolino da Brunforte. - Le film comporte onze vignettes, des épisodes tirés de divers Fioretti. Revenant de Rome à Rivotorlo avec une douzaine de compagnons, François a obtenu du pape Innocent III l'autorisation de prêcher l'Évangile. Ils vont pouvoir enseigner l'amour de Dieu, la paix, la " joie parfaite ", vivant dans le dénuement et l'humilité. - 1.) Trouvant leur minuscule cabane, construite de leurs mains, occupée par un paysan qui les chasse, les jeunes moines dansent sous la pluie en chantant des cantiques pour se réchauffer. - 2.) Les frères construisent un autre abri à Santa Maria degli Angeli dans le Val di Spoleto. Frère Ginepro revient tout nu parce qu'il a donné son froc à un pauvre mais pas son morceau de fromage : il se fait tancer par François. - 3.) François en prière voit venir à lui le vieux Giovanni le Simplet qui désire vivre avec les frères et les imiter en tout. François fait sa prière devant les oiseaux. - 4.) Giovanni laisse brûler son manteau. - 5.) Chiara/Claire et ses compagnes viennent rendre visite à François et à ses compagnons. - 6.) François rencontre un lépreux et l'embrasse. - 7.) Les frères Ginepro et Giovanni font cuire un repas pour quinze jours et ruinent la communauté. - 8.) Ginepro coupe un pied à un porc pour satisfaire l'appétit d'un frère qui jeûne depuis trop longtemps. - 9.) Ginepro part prêcher la paix dans l'armée du terrible Nicolaio, tyran hirsute de Viterbo, et y risque sa vie. - 10.) Colloque entre François et frère Léon. - 11.) François et ses compagnons se séparent pour aller prêcher chacun de son côté.
Un traitement néo-réaliste qui recherche la simplicité extrême dans le ton comme dans la forme, sans décors, sans fioritures ni effets visuels, avec des interprètes qui sont de vrais moines, un tournage entièrement en extérieurs, de janvier à juin 1950 en Ombrie (Assise, Monte Subasio), au Latium (Ronciglione, Calcata, Mola di Monte Gelato, Campocatino, Oriolo Romano, Mazzano Romano, Manziana), en Toscane (Sovana, Le Sette Vene), enfin un scénario à l'apparence décousue auquel a étroitement collaboré Federico Fellini (le Simplet n'est pas sans rappeler la Gelsomina de La Strada). Avant chaque séquence, Rossellini, le Père Alberto, supérieur des Franciscains, et les principaux interprètes tiennent un petit " concile " pour fixer le déroulement de la scène, tout le monde connaît les Fioretti, chacun apporte des idées. Le rôle-titre est tenu par Fra Nazario, du monastère Sainte-Marie-des-Anges à Assise ; Aldo Fabrizi, le tyran fellinien engoncé dans son armure grotesque, est le seul comédien professionnel du lot (Ingrid Bergman était prévue pour jouer Chiara, mais étant enceinte, elle a dû y renoncer). L'humour n'est pas absent, grâce à frère Ginepro, disciple naïf et zélé qui, par la cocasserie d'un " innocent " au cœur pur, vole plus d'une fois la vedette au saint. L'ex-marxiste Rossellini, agnostique hésitant, est moins intéressé par le contexte historique, la vie et la personne de François que par la foi candide, irrationnelle, extravagante d'une école qui refuse toute forme de solennité, raison pour laquelle le cinéaste renonce aux conventions narratives habituelles au profit d'une structure sèche et anecdotique. Il prend ainsi le contrepied de l'hagiographie et de l'imagerie d'Épinal courantes, insufflant à ces bribes de légendes à la fois une dimension concrète, un dépouillement lumineux proche des bas-reliefs de Giotto, enfin un véritable souffle de vie et une forme de spiritualité que l'on retrouvera en écho dans son admirable Europa 51. Le dépouillement du film répond à la nature du sujet : Rossellini devient ainsi le " maniériste d'un cinéma pauvre face à l'usine à films corrompue par l'argent " (Antoine de Baecque). La réception de son œuvre est pour le moins contrastée. Projeté au Festival de Venise en août 1950, le film décontenance la majorité des critiques, à gauche comme à droite. Les milieux catholiques, qui regrettent l'absence de religiosité affirmée comme de surnaturel, rébutés par les vagabonds hâves et en haillons à l'écran, estiment ces Fioretti du Jongleur de Dieu irrévérencieux, laids et présomptueux. En salle, le public (plutôt élitaire) affiche une grande perplexité : on adore ou on déteste, et les recettes d'exploitation sont misérables (moins de 13'000 $). " Le plus beau film du monde " aux yeux de François Truffaut. - ES: Francisco, juglar de Dios, DE: Franziskus, der Gaukler Gottes, GB: The Adventures of St. Francis of Assisi, US : Saint Francis, God's Jester / Flowers of St. Francis.
1952(tv-th) Sister Gold. A Play about Three Robbers and a Saint (GB) de Rex Tucker
" Children's Television ", Rex Tucker/BBCtv (BBC 28.8.52), 30 min. - av. Peter Coke (saint François d'Assise), Robert Rietty (frère Ginepro/Juniper), Barry Letts (le premier voleur), Max Brent (le deuxième voleur), Frank Foster (le troisième voleur), Leonard Sharp (Miser), Jeremy Spenser (le gardien de chèvres).
François d'Assise convertit trois voleurs, d'après une pièce de Laurence Housman. Téléfilm pour la jeunesse.
1959(tv-th) Il poverello (IT) de Claudio Fino
Radiotelevisione Italiana (RAI 28.3.59), 120 min. - av. Enrico Maria Salerno (saint François d'Assise), Evi Maltagliati (Monna Pica), Otello Toso (Pietro Bernardone dei Moriconi, père de François), Elio Jotta (Egidio), Ruggero De Daninos (Angelo), Davide Montemurri (Bernardo), Remo Fogliani (Leone), Daniele Tedeschi (Elia), Lionello Zanchi (le mendiant).
La pièce Le Petit Pauvre du célèbre metteur en scène et fondateur du théâtre moderne en France, Jacques Copeau (pièce écrite et publiée en 1944, créée sur scène à Paris en 1988 seulement) et adaptée en italien par Enrico Maria Salerno. Maître de Louis Jouvet, Georges Pitoëff, Gaston Baty et Charles Dullin (le "Cartel des Quatre"), Copeau se convertit au catholicisme en 1925 sous l'influence de Paul Claudel et Jacques Maritain ; en rupture avec Vichy pendant l'Occupation, il rédige cette pièce consacrée à François d'Assise (commencée en 1929 déjà) qui reste à ce jour inédite à la télévision française. Cf. dramatiques italiennes de 1968 et 1988.
Bradford Dillman dans « Francis of Assisi » (1961) de Michael Curtiz.
1960/61* Francis of Assisi (François d'Assise) (US) de Michael Curtiz
Plato Alexander Skouras/Perseus Productions-20th Century Fox-Triton Corp., 107 min. - av. Bradford Dillman (saint François d'Assise), Dolores Hart (Chiara Offreduccio di Favarone / Claire d'Assise), Stuart Whitman (Paolo de Vandria), Pedro Armendariz (le sultan Malek al-Kâmil), Finlay Currie (le pape Innocent III), Cecil Kellaway (le cardinal Ugolino di Anagni, futur pape Grégoire IX), Eduard Franz (Pietro Bernardone dei Moriconi, père de François), Athene Seyler (tante Buona), Mervyn Johns (frère Juniper), Russell Napier (frère Elie de Cortone), John Welsh (le chanoine Cattanei), Harald Goldblatt (Bernard), Edith Sharpe (Joanna Pica de Bourlémont, mère de François), Jack Lambert (Favarone di Offreduccio degli Scefi, père de Chiara), Feodor Chaliapin (le cardinal Savelli), Oliver Johnston (père Livoni), Malcolm Keen (Guido), Brendan Fitzgerald (Enrico), Fernando Hilbeck (Ricardo), Wladimiro Picciafuichi (Walter de Brien).
Cette première biographie américaine du saint a été mise sur pied à la demande de Spyros P. Skouras, président de la 20th Century-Fox et homme très religieux, en s'inspirant du roman The Joyful Beggar de Louis De Wohl (1958). La production prévue pour cinq mois en Europe étant onéreuse (3 millions de $), le studio la confie au prestigieux vétéran Michael Curtiz (Adventures of Robin Hood, Mildred Pierce, Casablanca), 73 ans, qui aborde ici son cent-quatre-vingtième film ; on le sait plus porté sur l'événementiel que sur l'introspection et la presse ironise à propos de ce Grec orthodoxe engageant un juif hongrois pour chanter les miracles d'un saint catholique... Bradford Dillman, primé à Cannes en 1959 pour Compulsion (Le Génie du mal) de Richard Fleischer, hérite du rôle principal, tandis que Dolores Hart, starlette qui vient de donner la réplique à Elvis Presley dans King Creole de Curtiz, joue Claire. Le tournage en Cinemascope et couleurs De Luxe se déroule d'octobre 1960 à mars 1961, principalement en Italie (Assise, Pérouse, Rome, Bevagna, Oristano, Monte Gelato, Monte Subasio et en studio à Cinecittà), en Espagne près de Ségovie (scènes égyptiennes) et sur les terrains de la Century-Fox à Los Angeles (la bataille de Ponte San Giovanni).
François d'Assise prêt à subir l'épreuve du feu pour convertir les musulmans d'al-Kâmil.
 Les étapes majeures de la vie du saint sont prises en compte, de sa jeunesse dissipée dans les tavernes, ses rêves de chevalerie, ses exploits militaires au service du pape contre l'armée de Frédéric II de Hohenstaufen, sa désertion en pleine bataille en entendant l'appel divin (" pose ton épée "), son emprisonnement et sa libération sur l'insistance de Claire, son amie de jeunesse qui intervient auprès de son fidèle compagnon devenu rival en amours, le comte Paolo de Vandria (détail inventé), son contact avec les lépreux, etc. En application de son slogan publicitaire - " il faut échanger l'épée contre la croix " - , le film acquiert un ton plus critique avec le séjour de François à la Ve Croisade en Égypte (1221) et ses échanges avec le sultan ayyoubide Malek al-Kâmil (campé magnifiquement par la star du cinéma mexicain Pedro Armendariz) dans le camp musulman à Damiette. François se dit prêt à marcher sur les braises ou à se faire tuer si le neveu de Saladin accepte ensuite le baptême, mais celui-ci refuse son martyre : " Quand tous les chrétiens seront comme toi, je me convertirai avec mes hommes, mais pas avant ". Des propos jamais entendus à l'écran avant 1960 et qui dénotent une prise de conscience par rapport aux nouveaux conflits en Afrique, à la décolonisation nasserienne au Caire et à la guerre d'Algérie. Devant Damiette, dans le delta du Nil, François découvre horrifié que ses correligionnaires pillent, égorgent et violent, à leur tête son ancien ami Paolo de Vandria. Il soigne les blessés de toutes confessions, puis s'en retourne alarmé en Italie où son ordre, comptant à présent 5000 moines, a été réformé à son insu : le frère Elias et le cardinal Ugolino ont changé les règles (possessions, terres et richesses sont désormais autorisées). Se sentant trahi par les siens, qui ne sont visiblement pas à la hauteur de son message, François se retire en ermite dans une grotte où il perd lentement la vue et meurt les bras en croix avec les stigmates. Sur quoi l'Église lui fait un enterrement des plus pompeux. On peut déceler dans cette conclusion (par ailleurs historiquement exacte) la vision désabusée de Curtiz, réputé pour son cynisme " mitteleuropéen ". Hélas, le cinéaste est fatigué, malade (il mourra en 1962), et si l'aspect visuel reste de grande qualité (le costumier Vittorio Nino Novarese travaille simultanément au Spartacus de Kubrick et au Cléopâtre de Mankiewicz), si l'on évite toute imagerie sulpicienne et que l'émotion est souvent au rendez-vous (la stigmatisation finale, superbement baroque), l'action traîne quelque peu. Le Vatican n'est pas content (après une première italienne à Assise), les critiques sont tièdes, le film récupère à peine la moitié de sa mise. Deux ans plus tard, marquée par son rôle de Claire d'Assise, Dolores Hart entre dans les ordres. - IT : Francesco d'Assisi, ES : Francisco de Asis, DE : Franz von Assisi.
1960La tragica notte di Assisi (L'angelo di Assisi) (IT) de Raffaello Pacini
Mario Francisci/Chiara Film Internazionali, 91 min. - Leda Negroni (Chiara Offreduccio di Favarone / Claire d'Assise), Carlo Giustini (saint François d'Assise), Evi Maltagliati (Ortolana, mère de Claire), Antonio Pierfederici (Monaldo di Sassorosso, l'oncle de Claire), Franca Badeschi (Agnese, sœur de Claire), Enzo Doria (Lorenzo), Fedele Gentile (Paolo), Mariella Monti, Margarita Puratich, Nuly Arutay, Harold Bradley, Rossana Canghiari, Violetta Chiarini, Lalla Gianoli, Florella Manghi, Annielo Mele, Antonio Menna, Alberto Plebani.
Synopsis : En 1239, en pleine lutte entre la papauté et l'Empire romain germanique. Pour sceller enfin un pacte de paix, un mariage est organisé à Assise, ville fidèle au pape, entre Chiara, nièce de Monaldo, et Lorenzo, qui appartient à une faction ennemie. Mais Chiara a la vocation et veut suivre les enseignements de François d'Assise. Son oncle essaie en vain de s'y opposer, puis à s'opposer à la vocation d'Agnès, sœur de Chiara. La guerre reprend, les mercenaires sarrasins de Frédéric II arrivent en Ombrie et s'apprêtent à assièger Assise. Monaldo dirige la défense de la cité. Le 24 septembre 1239, Lorenzo, le prétendant éconduit de Chiara qui veut se venger de l'affront subi, conduit les Sarrasins vers le monastère de San Damiano où l'attaque paraît plus facile. Monaldo tue Lorenzo, mais le sort de la bataille semble compromis lorsque Chiaira, suivie des autres religieuses, se présente à l'ennemi armée seulement de l'ostensoir qu'ellle élève très haut, au-dessus de la foule. A l'instant où Monaldo est blessé mortellement, l'envahisseur sarrazin replie en désordre et prend la fuite. Assise est sauvée par la foi. - Une hagiographie assez romanesque de la compagne de François d'Assise, filmée en noir et blanc et en Vistavision aux studios du Centro Sperimentale di Cinematografia à Rome. Exploitation confidentielle. - MX : La trágica noche de Asís.
1965Cotolay - El niño y el lobo [L'enfant et le loup] (ES) de José Antonio Nieves Conde
Miguel de Echarri/Midega Film-Suevia Films-Cesáreo González, 115 min./108 min. - av. Vicente Parra (saint François d'Assise), Didier Haudepin (Cotolay), José Bódalo (Mateo, maître-maçon), Conrado Sanmartín (Juan de Florencia), José Bastida (Bernardo de Quintanar), Ramón Centenero (Martin), Santiago Ontañón (Abad), Roberto Rey (l'oncle), Xan das Bolas (un moine), Miguel Palenzuela, Francisco Camoiras, Alberto Fernández, José Morales, Enrique Navarro, Cris Huertas.
L'intrigue s'inspire d'une légende de Galice, dans le nord-ouest de l'Espagne. Synopsis : En 1214, François d'Assise fonde le couvent de San Francisco à Valdedios près de Saint-Jacques-de-Compostelle avec l'appui d'un pauvre charbonnier âgé de 14 ans et nommé Cotolay, qui aurait trouvé un trésor enfoui dans une abbaye en ruine et financé ainsi la construction du nouveau monastère. Arrivé à Santiago avec deux autres frères - Juan de Florence et Bernardo de Quintavalle - lors d'un pélerinage au tombeau de saint Jacques Apôtre dans la cathédrale, François est foudroyé par une révélation lui ordonnant de fonder un couvent. Cotolay nourrit les moines affamés avec des figues volées, leur trouve un gite au mont Pedroso, et lorsque François est terrassé par la fièvre et une cécité passagère, initie les travaux. Il persuade l'abbé du monastère bénédictin de Saint-Martin d'accorder une parcelle de sa terre aussi grande qu'une peau de taureau en échange d'un panier plein de poissons. L'abbé est d'accord mais Cotolay coupe la peau en fines lanières et délimite un terrain beaucoup plus grand que prévu dans le Val de Dios. Ensuite, Cotolay demande au maître maçon de la cathédrale de faire don d'un tas de pierres et les bûcherons les transportent sur le site choisi dans un concours de force. Après que Mateo ait construit le couvent, François est emmené dans le nouveau bâtiment où il retrouve la vue, puis prend congé de son jeune ami en pleurs. - Film destiné à un jeune public, tourné en Estmancolor et Techniscope à Avila, à Madrid et en Galicie (Bandeirao, Carboeiro, Lugo, Merza, Pontevedra, Ribadavia, Coruña, Pontevedra). Le loup du titre espagnol ne joue qu'un rôle très mineur dans l'histoire et est finalement apprivoisé par saint François. Bande exploitée au Mexique mais restée inédite en Italie.
1966(tv) Francesco d'Assisi (IT) mini-série de Liliana Cavani
Leo Pescarolo/Radiotelevisione Italiana-Clodio Cinematografica (RAI Programma Nazionale 6+8.5.66), 134 min./126 min. (2 parties). - av. Lou Castel (saint François d'Assise), Ludmilla Lvova (Chiara Offreduccio di Favarone / Claire d'Assise), Giancarlo Sbragia (Pietro Bernardone dei Moriconi, père de François), Mino Bellei (Bernardo), Marco Bellocchio (Pietro di Stacia), Maria Grazia Mareschalchi (Joanna Pica de Bourlémont, mère de François), Marcello Formica (capitaine mercenaire), Roberto Di Massimo (Guido), Giampiero Frondini (Pietro Cattani), Gerig Domain (l'évêque d'Assise), Gianni Turillazzi (Rufino), Kenneth Belton (le pape Innocent III), Riccardo Bernardini (Fra' Silvestro), Giuseppe Campodifiori (Fra' Giovanni), Riccardo Cucciolla (Leone), Gérard Herter (Fra' Elia da Cortona), Franco Marchesi (Fra' Corrado), Oscar Mercurelli (Fra' Angelo), Maurizio Tocchi (Fra' Masseo).
Ce premier téléfilm de la RAI (en 16mm noir et blanc), photographié à Assise, Bevagna et Monte Subasio (Ombrie), présente la vie du saint d'Assise dans le cadre des polémiques sociétales et de la perspective politique contestataire des années 1960, deux ans avant mai 68 : François y est un révolutionnaire, à l'instar du Christ de Pasolini. C'est un homme qui agit au nom de la justice des hommes, pour les hommes. Le sujet provient de la réalisatrice Liliana Cavani - une des premières femmes italiennes derrière la caméra - et du fameux Tullio Pinelli, scénariste de Federico Fellini (12 films), Pietro Germi (8), Alberto Lattuada (6), etc. Fidèle à Rossellini, Cavani voit en François une sorte de figure fondatrice du cinéma néoréaliste et dans son enseignement (ici plus politique que religieux) " l'incarnation idéale d'une esthétique de la simplicité et de l'attention portée au réel " (Jean A. Gili), le rempart contre toute mythologie fascisante des images. C'est une première ébauche - présentée à la Biennale de Venise et rééditée pour l'exploitation en salle en 1972 - des deux autres films de Cavani consacrés au saint d'Assise, le long métrage Francesco en 1989 et une deuxième mini-série télévisuelle de 2014 (cf. infra).
1966Uccellacci et uccellini (Des oiseaux petits et grands) (IT) de Pier Paolo Pasolini
Alfredo Bini/Arco Films (Roma), 89 min. - av. Totó (Fra' Cicillo/Totò Innocenti) et Ninetto Davoli (Fra' Ninetto/Ninetto Innocenti), Femi Benussi (Luna, la prostituée), Rossana Di Rocco, Riccardo Redi, Lena Lin Solaro, Rosina Moroni, Gabriele Baldini.
Pasolini, qui place Francesco, giuliare di Dio (1950) parmi les plus beaux films du cinéma italien, rend un hommage indirect à Rossellini dans cette errance de deux individus du XXe siècle sur une route déserte aux alentours de Rome, un père et son fils, auxquels un corbeau de passage, beau parleur, intellectuel de gauche et préoccupé par tous les problèmes du siècle, leur conte l'histoire de François d'Assise et son sermon aux oiseaux. En particulier l'histoire de frère Ciccilo et de frère Ninetto, deux moines franciscains auxquels le saint a ordonné d'évangéliser les faucons (les puissants) et les moineaux (les humbles). Mais leurs efforts pour apprendre la fraternité à la gent ailée échouent lamentablement, les faucons dévorent les moineaux, et à la fin du film, les deux promeneurs, fatigués du bavardage du corbeau, le tuent et le mangent. - Dans cette fantaisie poétique au ton burlesque et à la conclusion pessimiste, les personnages cheminant en quête de bonheur, à cheval entre les temps modernes et le Moyen Âge et la présence du volatile permettent à Pasolini d'exposer avec un humour parfois sarcastique les idéaux, marxistes et chrétiens, qui pourraient conduire les hommes à vivre mieux. Le corbeau représente, lui, ceux qui ne vivent qu'à travers la théorie. Tournage à Fumicino (Latium) et aux studios IN.CI.R.-De Paolis à Rome. Mention spéciale au festival de Cannes pour l'immense comique napolitain Totò et " Nastri d'argento " 1967 à Totò et au meilleur sujet original. - ES : Pajaritos y pajarracos, DE : Grosse Vögel, kleine Vögel, US : The Hawks and the Sparrows.
1968(tv-th) Il poverello (IT) d'Orazio Costa Giovangigli
Radiotelevisione Italiana (RAIdue 22-23-24-25.12.68), 4 x 60 min. - av. Roberto Herlitzka (saint François d'Assise), Antonio Meschini (Bernardone), Elena Da Venezia (Monna Pica), Renato Scarpa (Ginepro), Enzo Consoli (Bernardo), Mariano Rigillo (Satan), Enrico Salvatore (Leone), Claudio Trionfi (Rufino), Arnaldo Bellofiore (frère Elia di Cortone), Mario Righetti (Piero Cattani), Enzo Loglisci (Stefano), Angelo Zito (Illuminato), Armando Furlai (Silvestro), Elsa Polverosi (Jacopa), Fosco Giachetti (le cardinal Ugolino di Anagni, futur pape Grégoire IX), Chiara Cajoli (Chiara degli Scifi/Claire d'Assise), Ettore Toscano (le Christ de S. Damiano), Manlio Busoni (l'évêque Guido), Renato Persich (le lépreux), Elsa Polverosi (Jacopa dei Sette Soli), Ugo Adinolfi (Graziano dei Sette Soli), Armando Montinaro (Giovanni dei Sette Soli). - Grande production en 4 parties du drame Le Petit Pauvre de Jacques Copeau (1944) traduit par Guido Manacorda pour les fêtes de Noël, cf. dramatiques de 1959 et 1988.
Graham Faulkner, le « hippie » François de F. Zeffirelli (1972).
1971/72Brother Sun, Sister Moon / Fratello sole, sorella luna (François et le Chemin du soleil) (US/GB/IT) de Franco Zeffirelli
Luciano Perugia, Dyson Lovell/Euro International Films S.p.A.-Vic Films Productions Ktd,-Paramount Pictures, 135 min./122 min. - av. Graham Faulkner (saint François d'Assise), Judi Bowker (Chiara Offreduccio di Favarone / Claire d'Assise), Valentina Cortese (Joanna Pica de Bourlémont, mère de François), Lee Montagu (Pietro Bernardone dei Moriconi, père de François), Alec Guinness (le pape Innocent III), Adolfo Celi (le consul), Michael Feast (Silvestro), Nicholas Willatt (Giacondo), John Sharp (l'évêque Guido), Francesco Guerrieri (Deodato), Carlo Pisacane (le prêtre de San Damiano).
Le titre du film est tiré du Cantique des creatures (Laudes Creturarum), chant composé par le saint. Son scénario (signé Zeffirelli et Lina Wertmüller) se concentre sur quelques épisodes de la jeunesse de François d'Assise, les premières huit années, celles où sa vocation le conduit à la vie évangélique, en partant de son expérience traumatisante à la guerre jusqu'à sa rencontre avec le pape à Rome pour solliciter le droit de prêcher dans les églises. Le début est ingénieux : lorsque François blessé ouvre les yeux, le monde lui apparaît flou, et lorsqu'il les ferme, le passé remonte dans sa mémoire (flash-backs). Son père est un ignoble profiteur, marchand d'armes persuadé que la guerre est une bénédiction pour l'économie et qui exploite ses ouvriers miséreux, tapis dans d'obscurs souterrains. Outre cette caricature, le reste du film est du Zeffirelli pur jus, qui, hélas, pousse ici le culte de la joliesse et les raffinements de la photogénie jusqu'au ridicule. De la belle image aux effets esthétisants qui baigne dans un sentimentalisme fadasse tout en servant une historiette n'ayant plus que de très lointains rapports avec la vie authentique du " poverello ". Pour Zeffirelli, François est un premier spécimen des contestataires des années 1960, lui qui condamna le matérialisme, " connut les mêmes problèmes que ceux des jeunes d'aujourd'hui (...) et refusa richesse et prestige pour changer le monde de manière constructive ". Bref, c'est un précurseur des " hippies " et ses disciples - tous des débutants à l'écran - forment une assemblée angélique de " flower people " (le cinéaste a envisagé de faire apparaître les Beatles, puis s'est contenté, dans la version américaine, d'une chanson-ballade à l'eau-de-rose de Donovan). Claire (Judi Bowker, 16 ans) est bien mignonne quand elle nourrit les lépreux après sa tonsure aux pieds d'une cascade paradisiaque, dans un envol de cheveux blonds du plus charmant effet. François est un gentil benêt au sourire niais, un peu halluciné et agité, qui sautille, parle aux animaux, caresse moineaux, cailloux et papillons. Claire et lui s'élancent dans des champs de coquelicots et de blés mûrs tels des Roméo et Juliette chastes. Tant pour l'éveil à la spiritualité. Quant à la très vague posture critique, elle se concrétise, il est vrai, assez spectaculairement dans la dernière séquence, lorsque le gentil moinillon en guenilles demande audience à Innocent III, trônant en habit de majesté au haut d'un immense escalier, dans un décorum surchargé de marbres multicolores, de cierges et de mosaïques (Zeffirelli mobilise à cet effet la cathédrale byzantine de Monreale, en Sicile). Le Saint Père lui-même (Alec Guinness) est, cela va de soi, montré comme un homme sage mais entouré de mauvais conseillers, de surcroît écrasé par une pompe du pouvoir clérical qui est comme la négation du message évangélique. La rencontre mouvementée s'achève par le geste - non seulement faux mais historiquement impensable - du pape s'agenouillant et baisant les pieds de François ! Comme le résume Pierre Leprohon, " jamais sans doute un sujet n'a été trahi avec une telle désinvolture : jamais un film n'a révélé une telle incompréhension des motifs qui pouvaient le justifier " (Télérama, 29.9.73). Le tournage en Panavision et Technicolor a eu lieu de février à août 1971 en Toscane (San Gimignano, Gubbio, abbaye de Sant'Antimo à Montalcino, Val d'Orcia, Pienza), en Ombrie (chutes de Marmore à Terni, plateaux de Castelluccio), en Sicile et aux Center Dear Studios à Rome. La publicité annonce " un film qui célèbre la joie intemporelle de l'innocence originelle ", rien de moins. Zeffirelli reçoit le prix David di Donatello 1972, son travail le Prix de l'Office Catholique International du Cinéma (OCIC) au festival de Saint-Sébastien 1973. Le tiroir-caisse fonctionne bien. - ES : Hermano sol, hermana luna, DE : Bruder Sonne, Schwester Mond.
1975Francesco - fünf Bilder (CH) de Wolfgang Suttner
Hanspeter Capaul, Chryseldis Hofer, Anton Bossert, Charlotte Odermatt, Tom Eiden/Telluxfilm München, 60 min. - av. Anton Bossert (saint François d'Assise), Chryseldis Hofer (Chiara Offreduccio di Favarone / Claire d'Assise), Hansburkhard Meier (le pianiste aveugle), Hans Wenz, Bernhard G. Sutter.
Un pianiste aveugle évoque la vie de François d'Assise. Les cinq épisodes sont traités à la manière de tableaux vivants : " Guerre " (Francesco et le service militaire), " Fabrique " (Francesco et la fabrique de son père), " Chiara " (Francesco et sa compagne), " Ile " (Francesco et le repli), " Hiver " (Francesco et la mort).
1977(tv-df) Francis of Assisi : A Search for the Man and His Meaning (US) de Martin Hoade
Martin Hoade, Doris Scharfenberg/United States Conference of Catholic Bishops (NBC 12.11.77). - av. Bill Moor, Carol Teitel, Bill Wendell, Lee Richardson (narration). - Docu-fiction
1983(tv-mus) Saint François d'Assise (FR) de Sandro Sequi (th) et Ariane Adriani (tv)
" Emmenez-moi au théâtre ", Opéra National de Paris-France 2 (FR2 12.12.83). - av. José van Dam (saint François d'Assise), Christiane Eda-Pierre (l'Ange), Kenneth Riegel (le lépreux), Michel Philippe (frère Léon), Georges Gautier (frère Massée), Michel Sénéchal (frère Élie de Cortone), Jean-Philippe Courtis (frère Bernard).
Le parcours du saint, passant par le baiser aux lépreux, le dialogue avec les oiseaux, les stigmates du Christ qui sont la marque de la transcendance acquise, enfin la mort et la rédemption. Comandité en 1975 par l'Opéra national de Paris à la demande de Rolf Liebermann, l'unique opéra d'Olivier Messiaen - " Scènes Franciscaines " (sous-titre) en trois actes et huit tableaux - est joué pour la première fois en 1983 (dir. musicale de Seiji Ozawa).
Helena Bonham Carter et Mickey Rourke dans « Francesco » (1988) de Liliana Cavani.
1988Francesco / Franziskus (IT/DE) de Liliana Cavani
Giulio Scanni, Jost Steinbruchel, Roberta Cadringher/Karol Film-RAI Radiotelevisione Italiana-RAI Uno-Istituto Luce (Roma)-Royal Film (München), 148 min. - av. Mickey Rourke (saint François d'Assise), Helena Bonham Carter (Chiara Offreduccio di Favarone / Claire d'Assise), Andrea Ferreol (Joanna Pica de Bourlémont, mère de François), Hanns Zischler (le pape Innocent III), Mario Adorf (le cardinal Ugolino de Anagni, futur pape Grégoire IX), Paolo Bonacelli (Pietro Bernardone dei Moriconi, père de François), Fabio Bussotti (frère Leone) Riccado de Torrebruna (Pietro Cattani), Alexander Dubin (Angelo Tancredi), Edward Farrelli (frère Egidio), Paolo Proietti (frère Pacifico), Paco Reconti (frère Ruino), Diego Ribon (frère Bernardo), Maurizio Schmidt (frère Masseo), Stanko Molnar (le notaire Elia Bombarone), Peter Berling (Guido, évêque d'Assise), Nikolaus Dutsch (le cardinal Colonna).
Èvoquée par ses camarades de folles virées de jeunesse et qui sont devenus ses disciples les plus fidèles (flash-back), la figure de François et son itinéraire spirituel revivent à travers diverses phases de sa vie : découverte de la souffrance qui l'entoure, la conversion de Claire, le pape à Rome, la mort solitaire, le sourire aux lèvres. Ayant scandalisé l'Italie avec son Portier de nuit (1974) érotisant sordidement le nazisme, et le polémique Au-delà du bien et du mal (sur les rapports troubles entre Lou Salomé et Nietzsche, 1977), Liliana Cavani revient à ses premières amours assisiennes (cf. supra, 1966), cette fois dans une perspective plus " religieuse ", marquée par le phénomène contestataire hippie et les préoccupations de son film consacré au maître tibétain Milarepa (1974) qui interroge les dérives de la société occidentale. La nouvelle génération, constate la cinéaste effarée, ignore qui était François d'Assise, personnage en qui elle ne voit plus simplement un provocateur politique comme en 1966, mais le " héraut du message divin, le vrai frère des hommes et des animaux " qui trouve l'aventure aux portes de sa ville natale, parmi les malheureux. C'est un provocateur non polémique, car il ne juge pas. Pourvu d'un budget confortable et d'un casting international - avec la vedette américaine Mickey Rourke en " Milarepa chrétien " assez inattendu, l'Anglaise Helena Bonham Carter (révélée dans A Room with a View de James Ivory) en Claire - , avec la musique de Vangelis, avec des décors et costumes de Danilo Donati (un habitué de Fellini, Pasolini, Zeffirelli) et des images filmées en février-juin 1988 en Ombrie (Assise, Pérouse, Monte Subasio), aux Abruzzes (Campo Imperatore), en Toscane et à Cinecittà, Francesco aurait tout pour plaire. Et pourtant, trop long, n'apportant rien de neuf ni d'original, il laisse indifférent malgré son emballage très soigné ; le public peine à accepter la présence de Mickey Rourke, beau gosse célèbre pour ses rôles ultra-violents et musclés chez Michael Cimino, Francis Ford Coppola ou Barbet Schroeder (il aurait versé l'intégralité de son salaire aux œuvres charitables de l'IRA). Le film est présenté à Cannes en 1989 et récolte un prix David di Donatello pour le travail de Donati (et cinq nominations). À ce jour inédit en France.
1988(tv-th) Il poverello (IT) de Marco Gagliardi (th) et Vincenzo Inserra (tv)
Festival di Todi-Radiotelevisione Italiana (RAI 10.9.88), 80 min. - av. Guilio Scarpati (saint François d'Assise), Fernando Cajati, Bianca Galvan, Vanni Materassi, Giancarlo Puglisi, Paolo Granata, Marco Spiga. - La pièce Le Petit Pauvre de Jacques Copeau (1944) dans une mise en scène du festival de Todi (Tempio dalla Fortuna). Cf. dramatiques de 1959 et 1968.
1996[(tv) Francesco's Friendly World (AU) Southern Star Productions (Sydney), 3 x 55 min. - Dessin animé pour enfants.]
2002(tv) Francesco (IT) mini-série de Michele Soavi
Pietro Valsecchi/ Taodue Film (Roma)-MediaTrade-Novafilm (RAI Canale-5 6.+7.10.02), 182 min. (dvd : 126 min.) (2 parties). - av. Raoul Bova (François d'Assise), Mariano Rigillo (Pietro di Bernardone), Erika Blanc (Monna Bicca), Amélie Daure (Chiara Offreduccio di Favarone / Claire d'Assise), Gianmarco Tognazzi (Bernardo), David Brandon (Favarone di Offreduccio, père de Chiara), Paolo Briguglia (Silvestro), Sergio Romano (Fra' Elia da Cortone), Gabriele Bocciarelli (Fra' Masseo), Nino D'Agata (Fra' Leone), Fausto Paravidino (Fra' Ginepro), Tony Bertorelli (le pape Innocent III), Francesco Musca (François enfant), Virginia Valsecchi (Chiara enfant), Paolo Lombardi (Teobaldo Del Drappo).
La transformation du jeune bourgeois aisé en adorateur de " Dame Pauvreté (Madonna Povertà) ", les soupçons d'hérésie, son entrevue avec Innocent III, la création de l'Ordre des Frères mineurs et sa mort. L'interprétation scrupuleuse et assez crédible de Raoul Bova sauve ce produit de l'insignifiance. Tournage à Assise, San Gimignano, Rocca di Papa et en studio à Cinecittà à Rome. - ES : San Francisco de Asis, US (dvd) : St. Francis.
2003(tv-df) Reluctant Saint : Francis of Assisi (US) de Pamela Mason Wagner
Pamela Mason Wagner, Donald Spoto, George Steilzner/Lightworks Producing Group-West Egg Studios (Los Angeles)-Faith & Values Media (Hallmark Channel 12.4.03), 56 min. - av. Niccolo Cioni (saint François d'Assise), Claudio Piermarie (Pietro Bernardone dei Moriconi, son père), Anita Piermaria (Joanna Pica de Bourlémont, sa mère), Francesco Ramazzotti (l'évêque), Marco Nizzi (frère Gilles), Maria Elia Natali (Chiara Offreduccio di Favarone / Claire d'Assise), Robert Sean Leonard (la voix de François d'Assise), Live Schreiber (narration). - Docu-fiction édifiant avec des comédiens italiens muets, d'après la biographie de Donald Spoto (Reluctant Saint : The Life of Francis of Assisi, New York, 2002), filmé aux USA et en Italie.
2006® Antonio, guerriero di Dio / Il Santo (IT) d'Antonello Belluco et Sandro Cecca. - av. Michele Melega (saint François d'Assise).
2007(tv) Chiara e Francesco (IT) mini-série de Fabrizio Costa
Matilde Bernabei, Luca Bernabei/Lux Vide-RAI Fiction (RAIuno 7+8.10.07), 201 min. - av. Ettore Bassi (saint François d'Assise), Maria P. Petruolo (Chiara Offreduccio di Favarone / Claire d'Assise), Antonella Fattori (Ortolana, sa mère), Camilla Diana (Agnese, sa sœur), Ivano Marescotti (son oncle Monaldo di Sassorosso), Gabriele Cirilli (Illuminato), Luigi Diberti (le pape Innocent III), Fabrizio Bucci (Bernardo), Lando Buzzanca (Pietro Bernardone dei Moriconi, père de François), Fabio Camilli (le père Pietro), Diego Casale (Egidio), Lorenzo De Angelis (Ginepro), Eleonora Di Miele (Caterina), Ivan Franek (Federico), Angela Molina (Joanna Pica de Bourlément, mère de François), Roberto Nobile (l'évêque Guido), Ignazio Oliva (frère Elie de Cortone).
Les destinées croisées de François et de Claire d'Assise, l'un fils d'un marchand de draps, l'autre fille d'une famille noble, dans une télésérie sirupeuse, un peu trop jolie, trop proprette et trop sage, où se confirme le fait que si l'âge des personnages historiques et celui de leurs interprètes coincident, la maturité psychologique n'est pas au rendez-vous : les gentils adolescents du XXIe siècle ne reflètent en aucune manière la profondeur du profil spirituel de leurs modèles, qui étaient des adultes au Moyen Âge. Mais si la production lorgne du côté de Zeffirelli, elle aborde aussi quelques aspects généralement négligés comme l'esquisse d'un amour bien terrestre entre Chiara et François, la crainte des jeunes moines d'être accusés d'hérésie en 1209, l'audience papale refusée, les évêques qui les renvoient " auprès de leurs cochons " (ils ont dormi dans une porcherie et sentent mauvais). Mais aussi la consternation de François en apprenant le sac de la Byzance chrétienne par les Croisés, son séjour à Damiette, en Égypte, auprès du sultan Malik al-Kâmil, où le neveu de Saladin le traite de chevalier devenu soufi, lui recommande de continuer à prier avec un cœur sincère et le serre dans ses bras. Sa proposition de paix échoue en raison de la discorde des chevaliers chrétiens. Devant l'impossibilité de convaincre les Croisés de faire la paix au Proche-Orient, François retourne à Assise, mais il a compris que " chaque maison est Bethléem, chaque ville est Jérusalem ". Ortolana, la mère de Chiara, et sa sœur Agnese deviennent à leur tour moniales et, après le décès de l'oncle tyrannique Monaldo, elles fondent avec Chiara l'Ordre des Pauvres Dames (les Clarisses). Chiara survit à François de 27 ans. - Tournage en extérieurs à Gubbio près de Pérouse (Ombrie). - ES : Clara y Francisco.
2008(vd-mus) Saint François d'Assise (FR) de Pierre Audi (th) et Misjel Vermeiren (vd)
De Nederlandse Opera (Amsterdam)-NPS (Sarajewo)-Opus Arte, 275 min. - av. Rodney Gilfry (saint François d'Assise), Camilla Tilling (l'Ange), Hubert Delamboye (le lépreux), Henk Neven (frère Léon), Tom Randle (frère Massée), Donald Kaasch (frère Elie de Cortone), Armand Arapian (frère Bernard), Jan Willem Baljet (frère Sylvestre), André Morsch (frère Rufin).
L'opéra d'Olivier Messiaen (cf. 1983) présenté et filmé à Amsterdam, sous la direction musicale d'Ingo Metzmacher.
2014(tv) Francesco / Sein Name war Franziskus (IT/DE) mini-série de Liliana Cavani
Martin Choroba, Bettina Ricklefs, Eric Welbers, Leonardo Ferrara, Toino Nieddu/Ciao Ragazzi-RAI Fiction-Bayerischer Rundfunk (München)-Tellux Film (RAIuno 8+9.12.14), 2 x 100 min. - av. Mateusz Kosciukiewicz (saint François d'Assise), Sara Serraiocco (Chiara Offreduccio di Favarone / Claire d'Assise), Vinicio Marchioni (Fra' Elia da Cortona), Rutger Hauer (Pietro Bernardone dei Moriconi, père de François), Giseldo Volodi (Joanna Pica de Bourlémont, mère de François), Benjamin Sadler (le cardinal Ugolino di Anagni, futur pape Grégoire IX), Michael Schermi (Leone), Niccolò Senni (Ruffino), Fabio Bussotti (Silvestro), Tiziana Bagatella (Ortolana, mère de Chiara), Angela Curri (Agnese, sœur de Chiara), Giulio Pampiglione (le conseiller Pandolfini), Mehdi Moinzadeh (le sultan al-Malik al-Kâmil), Mattia Sbragia (le cardinal Pélagius Galvani, légat papal de la Cinquième Croisade), Ludwig Blochberger (le pape Innocent III), Michele Balducci (frère Illuminato), Tony Campanozzi (un évêque croisé), Islam Mohamed (un médecin arabe), Massimiliano Ubaldi (un prisonnier arabe), Alessandro Bassetti (Giacomo Catani).
Troisième ouvrage cinématographique de Liliana Cavani consacré au saint d'Assise (cf. 1966 et 1988) et programmé pour les fêtes de Noël. Vedette internationale, Rutger Hauer (Blade Runner) interprète avec autorité le père de François tandis que le jeune Polonais Mateusz Kosciukiewicz fait un fiston un peu trop gentillet. La mini-série, didactique mais un peu anémique et calquée sur le film de 1988, permet de traiter un maximum d'épisodes de la biographie, y compris ceux généralement ignorés de la Cinquième Croisade en Égypte (1221) et du conflit successoral avec Elie de Cortone (dépeint ici comme un traître). Tournage en mai-juillet 2014 à Spoleto (Ombrie) et à Ronciglione (Latium).
2015(tv) St. Francis of Assisi vs. Machiavelli (US) de Michael Masny
Série " Saints vs. Scoundrels ", Michael Masny/Eternal Word Television Network (EWTN), Irondale/Alabama (EWTN 28+29.12.15), 2 x 28 min. - av. Gerardo Davila (saint François d'Assise), Quentin Garzon (Niccolo Machiavelli), Benjamin Wiker (l'hôte). - Une confrontation orale entre les saints et les crapules selon le dogme de l'Église catholique romaine.
François d’Assise devant le sultan Al-Kamil dans le delta du Nil (« The Sultan and the Saint »).
2016(vd-df) * The Sultan and the Saint. A Film about Muslim-Christian Peace (Saint François et le sultan) (US) d'Alexander Kronemer
Alexander Kronemer, Michael Wolfe, Jawaad Abdul-Rahman, Jeremy Morrison/Unity Productions Foundation (UPF), Potomac Falls, Virginia (PBS 11.16), 52 min. - av. Alexander McPherson (saint François d'Assise), Zack Beyer (le sultan Mohammed Al-Malik al-Kâmil), Elliott Bales (le pape Urbain II), Phil Amico (le pape Innocent III), Erik Kramer (le cardinal Pelagius Galvani, légat papal), Erik Soulliard (Oliver von Paderborn), Aaron Bliden (frère Illuminato), Peter Muggleworth (le patriarche de Byzance), Patrick Boyer (le soldat allemand à la hache), David Millstone (le conseiller de Comnène), Marili Kateri (la mère du sultan), Mark Falvo et Michael Sigler (deux prêtres), Benjamin Paul Morris (un chevalier romain), Jeremy Irons (narration).
Un docu-fiction inhabituel, presque entièrement centré sur le séjour surprenant et " dissident " de François d'Assise en Égypte, en septembre 1219 lors de la Cinquième Croisade, événement rapporté dans les Fioretti et immortalisé plus tard par Giotto et Fra Angelico. Le saint homme traversa les lignes des belligérants devant la ville de Damiette, assiégée depuis plus d'un an, et y rencontra le sultan Malik al-Kâmil, le neveu de Saladin, pour discuter de leur foi et de la paix. Ce-dernier aurait reçu le " soufi chrétien " avec bienveillance pendant plusieurs jours (on ignore la teneur de leur conversation) et, à en croire son biographe, saint Bonaventure, François en serait reparti transformé. Durant cette période, al-Kâmil offrit par deux fois de rétrocéder Jérusalem contre la paix, mais le légat papal, le fanatique Pelagius, refusa et son armée fut anéantie par la crue du Nil, le sultan ayant ordonné d'ouvrir les écluses. Quant à François d'Assise, il retourna malade en Italie où il s'attira la réprobation d'une partie du clergé et du Saint-Siège. Seuls cinq biopics du saint mentionnent l'embarrassant épisode égyptien, et celui-ci est l'unique film à lui consacrer tout son contenu, ce pourquoi on peut lui pardonner une facture trop didactique et appliquée, son schématisme bien américain, ses naïvetés neuroscientifiques (le cerveau reptilien pour expliquer les explosions de haine de la foule) et son surplus de scènes de batailles. Lancé sur le slogan " A Film about Muslim-Christian Peace " par une fondation réunissant des frères franciscains et des musulmans, le film est nominé à l'Emmy Award (photo, décors) et récolte une quinzaine de prix dans divers festivals en 2017, dont le Calcutta International Cult Film Festival et le WorldMediaFestival en Allemagne.
2016L'Ami - François d'Assise et ses frères / Il sogno di Francesco (FR/BE/IT) de Renaud Fély et Arnaud Louvet
Diana Elbaum, Sébastien Delloye, Arnaud Louvet, Francesca Feder/Aeternam Films-Entre Chien et Loup-France 3 Cinéma-MIR Cinematografica-Rhône-Alpes Cinéma-RAI Cinema-Proximus, 87 min. - av. Jérémie Renier (frère Elie de Cortone), Elio Germano (saint François d'Assise), Yannick Renier (frère Dominique), Eric Caravaca (frère Léon), Marcello Mazzarella (frère Ruffin), Stefano Cassetti (Bonizzio), Olivier Gourment (le cardinal Ugolino di Anagni, futur pape Grégoire IX), Philippe Laudenbach (le pape Innocent III), Jean-Claude Delalondre (le pape Honorius III), Alba Rohnwacher (Chiara Offreduccio di Favarone / Claire d'Assise), Thomas Doret (Étienne), Mathieu Lane Maby (frère Mathieu), Guillaume Costanza (frère René), Julien Fortier (frère Giovanni), Nicolas Pichot (frère Amedeo), Pierre Mariette (frère Pietro), Emmanuel Virtosky (frère Emmanuel), Claudio Colangelo (le paysan), Catherine Chevalier (Clarisse).
Comment Élie de Cortone (1180-1253), fidèle disciple du " saint aux oiseaux ", trahit son mentor pour permettre le développement de l'ordre des Franciscains, son adaptation au monde (avec propriétés, terres, privilèges, etc.). Un parcours spirituel et politique (entre 1209 et 1226) filmé en Ardèche et retracé en une suite de tableaux moins austères qu'il n'y paraît. La vie simple et fraternelle de François auprès des plus démunis dérange la puissante Eglise. Entouré de ses compagnons, il fait preuve de la plus grande intransigeance dans ses idées tandis que son disciple-rival Élie, appuyé par la hiérarchie ecclésiastique, commence à voir la nécessité d'un ordre qui lui survive. Par la suite (ce que le film passe sous silence), Élie fera construire à Assise une basilique pour abriter le tombeau de son ex-maître, se conduira en autocrate, subira la disgrâce, prendra le parti de l'empereur Frédéric II de Hohenstaufen et sera excommunié. Fély et Louvet ont trouvé un angle inédit défendu par d'excellent comédiens, mais on regrette seulement que leur récit d'une inévitable trahison soit sous-dramatisé et peine tant à captiver. - DE : Franz von Assisi und seine Brüder.
2016® Ignacio de Loyola (Ignace de Loyola) (PH/ES) de Paolo Dy et Cathy Azanza. - av. Ignacio Mateos (saint François d'Assise).