III - L’ITALIE

5. ROME ET LES ÉTATS PONTIFICAUX

En 754, un legs temporel du roi carolingien Pépin le Bref fait du pape-évêque de Rome un souverain temporel qui s'empêtrera dans des problèmes politiques, trop souvent au détriment du religieux. " L'humilité d'un prêtre chrétien aurait dû peut-être refuser un royaume terrestre qu'il ne pouvait gouverner aisément sans renoncer aux vertus de son état ", remarquera à ce sujet - et avec combien de pertinence! - l'historien Edward Gibbon (Histoire du déclin et de la chute de l'Empire romain, 1788), car grande est la tentation de vouloir représenter non seulement "Dieu" mais aussi "César". Ce legs très périlleux marque la naissance de l'État de l'Église qui ne tardera pas à grandir et à se multiplier (Latium et Abruzzes). C'est aussi l'affranchissement vis-à-vis du pouvoir impérial byzantin jusque-là considéré comme souverain. Charlemagne étant devenu roi des Lombards en 774 et confirmant cette donation, on assiste (sous le pape Léon III) à la création pure et simple d'un empire rival à celui de Byzance en Occident, empire comprenant les Barbares christianisés par l'épée, comme les Saxons (le baptême ou la mort, selon la "loi du fer de Dieu"). En 962, après la désagrégation de l'Empire carolingien, le roi de Germanie Otton Ier est couronné empereur à Rome et la Péninsule italienne est intégrée au Saint-Empire romain germanique. Rome innove alors en matière de théologie et de droit canon en insistant sur la primauté temporelle du pape, une évolution qui va entraîner en 1054 la rupture désastreuse - et fatale - avec toutes les Églises d'Orient.


En 1095, lors du concile de Clermont-Ferrand, le pape français Urbain II prêche la croisade de la " chrétienté contre l'islam ", une notion plus qu'abusive car les chrétiens grecs, coptes, russes, arméniens et éthiopiens ne sont à aucun moment impliqués dans ces huit calamiteuses expéditions militaires de l'Occident atlantique - en majorité franques - venues les libérer contre leur volonté et menant à la création passagère mais très profitable de divers " Royaumes latins ", dont celui de Jérusalem; le Saint-Sépulcre passe sous contrôle exclusif du clergé catholique, avec expulsion des prêtres "orientaux". La ville sainte est ainsi transformée par le fer et le sang en cité dite "latine", tandis que la population locale chrétienne et musulmane est partiellement passée par les armes, les juifs même brûlés dans leurs synagogues (cf. Croisades, France, chap. 4). Pire: les croisades dégénèreront en 1202 sous forme d'une vaste opération de brigandage menée par Venise qui détournera la Quatrième Croisade en incendiant et pillant Constantinople ; on tue, on viole, les églises byzantines sont profanées, les icônes brisées, les mosaïques détruites, les reliques jetées en des lieux infâmes, une prostituée braille des obscénités assise sur le trône patriarcal d'Hagia Sophia tandis qu'à Rome, Innocent III confirme la nomination (passagère) d'un patriarche-évêque vénitien sur les rives du Bosphore. Constantinople ne se remettra jamais des destructions traumatisantes occasionnées par ses "frères chrétiens" et, sérieusement affaiblie, deviendra une proie facile pour les Ottomans. Paradoxalement, ces mêmes Ottomans, plus tolérants que les catholiques latins, préserveront l'Église byzantine d'une certaine dégénérescence, voire de tentations trop terrestres, et protégeront les monastères du Mont Athos; quant à la transformation d'Hagia Sophia en mosquée (1453), ce sera une réponse à celle - non moins outrageante - de la mosquée de Cordoue en cathédrale (1196, 1236). Aux yeux de la papauté, les croisades "voulues par Dieu" sont surtout l'occasion d'asseoir le pouvoir et le prestige de Rome en ce début du nouveau millénaire, mais aussi de détourner la turbulente chevalerie locale de la "querelle des Investitures" (cf. plus bas) vers d'autres horizons, aux attraits exotiques. Urbain II appelle les chevaliers à devenir des soldats du Christ sans revêtir la bure ni changer de statut sociétal, la guerre se muant en œuvre pie, en action sacrée. Cela toutefois pour "un résultat parfaitement vain dans l'immédiat, et très néfaste à l'échelle des siècles" (dixit Jacques Le Goff), qui laissera des traces indélébiles au Proche-Orient. Accessoirement, les croisades permettent, sans l'avoir recherché, des échanges et contacts à plusieurs niveaux, tant scientifiques que culturels et intellectuels, avec le "péril musulman".

La réforme grégorienne sous Léon XI et Grégoire VII qui débute au milieu du XIe siècle (fondation d'immenses seigneuries ecclésiastiques comme l'abbaye de Cluny) entend façonner durablement la société chrétienne et lutter contre les manquements du clergé à ses devoirs, ce qui incite désormais le pape-roi à vouloir tout contrôler au détriment du pouvoir politique existant: l'Église s'impose en tant qu'institution sociale. La liturgie se cléricalise tandis que les précieux enseignements et pratiques gnostiques (prière du coeur) se retirent dans le secret de quelques monastères plus discrets face à l'agitation des débats théologiques qui envahissent les universités nouvellement fondées, donnant désormais l'occasion à un Pierre Abélard, à Siger de Brabant (qu'admirait Karl Marx) ou à un Guillaume d'Ockham, précurseur de l'empirisme et de la sécularisation moderne, de propager des thèses déstabilisantes (combattues, entre autres, par Bernard de Clairvaux et Thomas d'Aquin); cette nouvelle caste de théoriciens-philosophes s'avérera imperméable à la spiritualité vécue d'une Hildegarde de Bingen ou de Maître Eckhart: insensiblement, le mondain prend le pas sur le contemplatif. Le synode de Latran (1075) impose l'abstinence sexuelle au clergé séculier, mesure inconnue dans le clergé de l'Europe orientale qui, au fil des siècles, va induire une cascade d'embarrassants dérapages systémiques et une obsession frénétique du charnel qui perdureront jusqu'au XXIe siècle. Mais les monarques du Saint-Empire, pour qui les évêques sont aussi des relais de l'autorité impériale, voient dans ces diverses initiatives (les Dictati papae) une atteinte à leur pouvoir qui fait de facto de la puissance papale une monarchie centraliste. Les monarques du Saint-Empire, pour qui les évêques sont aussi des relais de l'autorité impériale, voient dans cette action (les Dictati papae) une atteinte à leur pouvoir qui fait de la puissance papale une monarchie centraliste. En s'opposant à cette prétention, l'empereur germanique Henri IV déclenche la "querelle des Investitures" qui va durer de 1075 à 1122. Grégoire VII l'excommunie, action qui délie ses sujets de leur serment de fidélité. En habit de pénitent, l'empereur est contraint d'attendre trois jours humiliants dans la neige à Canossa jusqu'à ce que le souverain pontife lui accorde son pardon. Puis le vent tourne. Soutenu par le clergé germanique, Henri IV fait élire un antipape, se fait couronner à Pavie roi d'Italie et s'empare de Rome tandis que le pape se réfugie au château Saint-Ange, son palais-forteresse longeant du Tibre, puis à Salerne. En 1158, l'empereur Frédéric Barberousse impose ses volontés aux villes lombardes, mais il est à son tour excommunié par le pape Alexandre III en 1160 ; six ans plus tard, Barberousse vient assiéger Rome et oblige le Souverain Pontife à se réfugier en France. L'empereur est cependant vaincu par les villes lombardes à Legnano en 1176 (cf. chap. 2.1). La paix de Venise de 1177 consacre l'indépendance des États du pape vis-à-vis du Saint-Empire, tandis que l'architecture gothique qui prend son essor vers 1190 (Bourges, Chartres) et ses voûtes élevées, summa theologica avant la lettre, célèbrent désormais aussi l'exaltation majestueuse d'une Église militante et de son dogme. Dans leur splendeur, les nouvelles cathédrales, visibles de loin, deviennent une métaphore à la fois lumineuse et monumentale du rayonnement de l'institution sur la société comme de la soumission des monarques. Le style roman, centré sur l'intériorité et le coeur, tend, lui, à s'effacer.

Une division fratricide de l'Italie s'ensuit entre 1154 et 1250 au cours de la " lutte du Sacerdoce et de l'Empire ", des " guelfes " défendant le pouvoir des pontifes contre les " gibelins " affirmant la suprématie de l'institution impériale. Elle prend fin avec la défaite et la mort de l'étonnant empereur Frédéric II de Hohenstaufen (cf. chap. 7, Italie méridionale), roi de Sicile ouvert aux échanges interculturels dont la papauté traque impitoyablement la descendance ; son petit-fils Conradin est décapité à l'âge de 16 ans à Naples en 1268. Frédéric II a eu en outre l'audace d'obtenir des musulmans la garde de Jérusalem pour dix ans sans verser de sang et cette croisade scandaleusement pacifique lui a valu d'être excommunié une deuxième fois. Ambitionnant de soumettre les souverains temporels à l'autorité pontificale, revendiquant la primauté de l'Église sur toute la société séculière (le dominium mundi), Innocent III alias Lotario di Seni excommunie le roi de France, Philippe Auguste. Il jette l'interdit sur son royaume, privant tous ses sujets des sacrements de l'Église, et se mêle ouvertement de la politique continentale en Allemagne comme en Angleterre. "Le Christ, écrit-il en 1199, a laissé à Pierre non seulement l'Église universelle mais tout le monde à gouverner". Ce même pontife - dont le règne marque l'apogée de la papauté médiévale - rend la communion et la confession annuelle obligatoire (concile de Latran IV, 1215). En 1231, Grégoire IX crée la Sainte Inquisition, puis, en 1234 fait du mariage un sacrement en principe indissoluble, toujours célébré en présence d'un prêtre.

Gérée par les dominicains, l'Inquisition permet, elle, de sanctionner toute contestation en la criminalisant, l'hérésie étant définie comme un mouvement - donc une menace - qui n'entre pas dans les cadres dogmatiques, disciplinaires ou institutionnels de la chrétienté latine: l'hérésie n'est plus seulement une erreur ou un péché, c'est un crime, et l'Inquisition devient l'arme absolue pour "éradiquer les forces du mal" (notamment dans les territoires hispaniques à partir de la fin du XVe siècle). Ainsi, les cathares (mot apparu en Allemagne vers 1160 pour désigner des dissidents rhénans) sont-ils présentés dans le Languedoc comme des "hérétiques dualistes", invention grossière justifiant l'annihilation des communautés albigeoises opposées à la réforme grégorienne, des insoumis rejetant la richesse des clercs et s'élevant contre l'édification et le décorum des grands bâtiments de l'Église. Les cathares albigeois ont par ailleurs l'outrecuidance de critiquer le trafic juteux des reliques, vraies ou fausses (la Sainte Couronne d'épines, les morceaux ou les Saints Clous de la Vraie Croix, les amphores de vin restant des noces de Cana, etc.), eux qui remettent en cause toute matérialisation du sacré. Les enquêteurs instaurent une bureaucratie de la délation, les flammes rétablissent l'ordre. Désormais, la papauté peut faire plier les rois et les empereurs, décréter seule des croisades, redresser les mœurs, car être soumis au pontife romain reste "une nécessité de salut". Au milieu du XIIIe siècle, les États pontificaux ont atteint leur extension maximale, avec sept provinces au centre de l'Italie : Rome, la Campagne et Maritime, une partie de la Toscane, la Sabine, la marche d'Ancône, le duché de Spolète, en France les enclaves de Bénévent, le Vaucluse et Avignon. Pendant les guerres d'Italie au XVIe siècle, Jules II della Rovere, pape politique et militaire, prendra possession des villes que Cesare Borgia a conquises pour l'Église en Romagne et dans les Marches, Léon X y ajoutera les villes d'Émilie (Plaisance, Parme, Reggio, Modène, Bologne). En 1598, Clément VIII annexera encore Ferrare et Cornacchio.
Un épisode semble particulièrement révélateur du malaise engendré par les jeux de pouvoir à Rome. En juillet 1294, le siège apostolique étant resté vacant pendant plus de deux ans, les cardinaux élisent à l'unanimité comme pape un inconnu, Pietro Angeleri de Morrone, humble moine-ermite des Abruzzes, fondateur de l'ordre des Célestins; ce contemplatif octogénaire à la formation théologique sommaire, ignorant tout du fonctionnement de la Curie et du droit canonique, atterrit dans un univers de fauves en soutane. Il accepte la tiare sous le nom de Célestin V, mais après cinq mois de tracasseries politiques pendant lesquels le saint homme - qui refuse de cautionner tout conflit armé - est retenu en quasi captivité à Naples par le roi Charles II d'Anjou et le clan des Colonna, il commet l'impensable: il renonce à sa charge "mondaine" pour se retirer dans son ermitage, au profit d'un homme de pouvoir, l'intransigeant Boniface VIII, donnant par là un enseignement d'incorruptibilité et non, comme l'ont cru certains de ses contemporains, un exemple de faiblesse. Célestin-Angeleri décède deux ans plus tard, emprisonné à Fumone par son successeur qui craint que sa propre élection soit contestée ; il sera canonisé en 1313.

Vers 1300, alors que le Vatican devient la résidence temporaire de la papauté (avant : le palais du Latran, résidence des évêques de Rome), l'institution ecclésiale s'empare de la figure d'Augustin d'Hippone, brillant rhéteur nord-africain du IVe siècle ordonné évêque, pour justifier la main de fer de la papauté sous Boniface VIII. Celui-ci bombarde Augustin "docteur de l'Église", le canonise et instrumentalise son œuvre pour justifier la subordination des croyants ... tout en taisant l'indifférence gênante dudit saint aux formes politiques des cités des hommes. En 1302, critiqué par Dante Alighieri (guelfe par diplomatie mais gibelin de cœur comme le démontre son traité De Monarchia), le pape Boniface VIII refuse de recevoir l'auteur de la Divine Comédie tandis que la cité de Florence condamne le poète métaphysicien au bûcher et le contraint à s'exiler jusqu'à la fin de ses jours. Dante, qui estime que le Saint-Siège est devenu une " Nouvelle Babylone " et place Boniface en enfer, plaide très clairement en faveur d'un empereur, unique souverain qui règnerait depuis Rome avec la bénédiction papale. Après l'"attentat d'Aragini" (1303) perpétré au nom du sinistre Philippe le Bel, petit-fils de Saint Louis, contre ce même Boniface VIII - qui en meurt -, la papauté quitte temporairement l'Italie pour Avignon de 1309 à 1378 (du pape gascon Clément V au corrézien Grégoire XI). En 1307, intimidé par Philippe le Bel, Clément V dissout l'Ordre des Templiers, organisation de moines soldats créée en 1119 pour protéger les pèlerins en Terre Sainte, ce qui permet au monarque français de les anéantir par le feu et d'enrichir sérieusement le Trésor royal. Après l'" attentat d'Aragni " perpétré au nom de Philippe le Bel contre ce même Boniface VIII - qui en meurt - en 1303, la papauté quitte temporairement l'Italie pour Avignon de 1309 à 1378 (du pape gascon Clément V au corrézien Grégoire XI). En passant ainsi d'une royauté féodale à une monarchie de droit divin, la France de ce despote cupide sonne le glas du Moyen Âge et instaure une ère de pré-Renaissance. Entretemps, dans la Rome désertée par le Saint-Siège, les représentants des grandes familles romaines, les Colonna, les Frangipani, les Orsini et les Conti se font la guerre dans les rues par mercenaires interposés.

L'ordre mendiant des franciscains fondé par François d'Assise qui prônait la pauvreté évangélique et la contemplation de l’œuvre divine dans la nature (une voix céleste lui aurait demandé de "réparer son Église en ruine") avait été approuvé verbalement par Innocent III en 1210. Mais en son absence, le saint fut dépossédé de son ordre: en haut lieu, on considéra son austérité comme un idéal à vénérer mais non à imiter, et on lui reprocha en outre son attitude trop conciliante envers le sultan Al-Kamil lors de son séjour en Égypte. Cependant, un siècle plus tard, le théologien franciscain Pierre de Jean Olivi reprend les thèses de François sur la pauvreté évangélique dans son Commentaire de l'Apocalypse (1297) en opposant "l'Église charnelle" aux "hommes spirituels". Élu pape en 1316, l'Avignonnais Jean XXII, issu de la bourgeoisie aisée de Cahors, met alors en œuvre la persécution des "spirituels franciscains"; en quelques années, tandis que le pontife fait construire le premier Palais des papes, plus d'une centaine de frères et de laïcs de leur entourage sont exécutés. En 1324, Marsilio di Padova / Marsile de Padoue, médecin et chanoine du clergé séculier s'oppose ouvertement au pouvoir temporel du pape - en l'occurrence Jean XXII - dans Defensor pacis (Défenseur de la paix), ouvrage dédié à l'empereur Louis de Bavière. Marsilio y démontre que les prêtres n'ont aucun titre à se mêler du gouvernement et de la juridiction civile; suivant l'exemple du Christ, ils ne devraient avoir aucune possession temporelle pour accomplir leur mission spirituelle. Excommunié et dénoncé comme hérétique, Marsilio finit ses jours à Munich où il a pu se réfugier. En 1326, le même Jean XXII traque un nouveau bouc émissaire en ouvrant la chasse aux "magiciens" et "sorcières démoniaques" sur le continent, ennemi largement imaginaire dont sage-femmes, herboristes et guérisseurs en tous genres feront les frais - mais qui sévira surtout aux XVIe et XVIIe siècles, soit à l'ère dite moderne, bien au-delà de la Renaissance.

Ces divers développements inaugurent l'irréfrénable autodestruction et le naufrage spirituel de la chrétienté latine en tant qu'institution théologico-politique. Le pontificat est affaibli plus encore par le Grand Schisme d'Occident (1378-1417), trois papes se disputant le Saint-Siège entre Rome et Avignon, et les révoltes hussites en Bohême-Moravie, écrasées dans le sang pour avoir, vainement une fois de plus, prêché le retour à un sacerdoce vraiment apostolique, spirituel et pauvre (1420-1434). Dès lors, le souverain pontife apparaît comme un prince et politicien parmi d'autres. Mus par l'appétit de puissance et la volonté de s'imposer aux États voisins, les papes de la Renaissance, pour la plupart italiens, se conduisent en mécènes jouisseurs, ayant leur cour, leurs concubines, leurs rejetons illégitimes, leurs ramifications claniques, leurs séides, leurs bourreaux et leurs armées. Pratiquant la simonie à vaste échelle pour financer églises, palais et tombeaux personnels au risque de perdre toute crédibilité, le Saint-Siège rompt aussi - et surtout - avec l'héritage pictural et architectural des premiers temps : tombé dans l'oubli, l'art sacré, stylisé, anonyme, d'essence rigoureusement symbolique et maïeutique est remplacé par l'art religieux maniériste, à caractère naturaliste, individualiste, sentimental et sanguinolent, une cassure inexistante, voire inconcevable dans les Églises d'Orient. L'abandon du fond or (représentation de l'"Éternel Présent") dans l'iconographie pieuse d'Occident au profit de paysages concrets traduit clairement l'orientation vers l'ici-bas. Il en va même des principes rigoureux de l'architecture sacrée, hérités de la nuit des temps et dont l'origine remonte au Temple de Salomon, à présent remplacés par les velléités des artistes et créateurs à la mode. La chapelle Sixtine, voulue par le pape Sixte IV della Rovere, est consacrée en 1483. Reconstruite, a Ville Sainte doit devenir la capitale du monde, et son universalisme conquérant peut se déployer à une échelle sans précédent à la suite des Grandes Découvertes : si les États trouvent de nouvelles denrées dans ces voyages au-delà des mers, l'Église y trouve de nouveaux fidèles - et, détail rarement mis en avant, un déluge d'or et d'argent américains volés pour décorer ses lieux de culte. En 1455, par la bulle Romanus Pontifex, le pape Nicolas V concède au Portugal l'exclusivité du commerce avec l'Afrique, tout en enjoignant les navigateurs à soumettre au christianisme, si besoin par la force, les populations avec qui ses explorateurs entreront en contact; les non-chrétiens seront réduits en esclavage. En 1494, le pape espagnol Alexandre VI Borgia se pose en arbitre de la rivalité politique opposant l'Espagne au Portugal pour le partage du Nouveau Monde (traité de Tordesillas), accordant en échange d'avantages substantiels la part du lion au premier de ces pays, tandis qu'un de ses fils, l'ambitieux et féroce Cesare Borgia, met la Péninsule à feu et à sang pour agrandir les territoires paternels (cf. chap. 5.2). La bulle papale Inter Caetera qui fixe le partage entre les nouvelles superpuissances maritimes, point de départ de la constitution des empires hispano-portugais (soit l'aube du capitalisme), introduit aussi dans le droit occidental le principe de Terra nullis ("terre sans maître, n'appartenant à personne) qui donne un cadre "légal" à la conquête de territoires occupés par des peuples sans organisation étatique. Ce concept sera précisé au XVIIe siècle et légitimera, aux yeux des Européens, leurs entreprises coloniales au XIXe siècle ainsi que l'occidentalisation forcée de la planète.

La redécouverte de l'héritage antique gréco-romain (forcément biaisé, mis au goût du jour) avec ses thèmes préchrétiens, son architecture, sa statuaire, permet d'installer la capitale de l'Église dans la continuité d'une histoire glorieuse, et aux pontifes se posant en héritiers de cette gloire strictement profane de contrebalancer le prestige des familles nobles de Florence, Milan ou Mantoue. La décoration des appartements pontificaux mêle allégories, symboles théologiques et souvenirs antiques: au plafond de la Stanza voisinent le Jugement de Salomon, le Péché originel, l'Astronomie, Marsyas (fils d'Olympos) et Apollon. Dans le cadre de cette "révolution culturelle" à plus d'un titre, les thèmes religieux ne sont plus qu'un prétexte, une aubaine pour les artistes en vue, ainsi qu'un enrichissement des collections d'art privées. Mécène de Michel-Ange (décoration de la Chapelle Sixtine), de Raphaël, de Bramante (reconstruction de la basilique Saint-Pierre) et accessoirement père de trois filles, Jules II se promène plus souvent en armure qu'en soutane. Ses initiatives entrepreneuriales assèchent les revenus du Saint-Siège et pour y remédier, le pontife abuse de la crédulité de ses ouailles en multipliant sans vergogne les ventes de dispenses et d'indulgences (réduction du temps de purgatoire aux généreux fidèles après leur mort !). C'est en vain qu'à Florence, l'intransigeant dominicain Savonarole appelle à nettoyer les écuries du Vatican - il finit pendu et brûlé en 1498. Ces transformations vont de pair avec une rigidité dogmatique étroitement littéraliste qui sera exploitée, voire fortement exagérée par les adversaires humanistes. Par son intransigeance, son hypocrisie et ses dissimulations, Rome s'aliène peu à peu les élites intellectuelles et politiques des cités ainsi que la nouvelle bourgeoisie marchande et cosmopolites du continent. Débarrassée des garde-fous spirituels d'un message christique pareillement travesti, celle-ci entame désormais sans restriction sa course vers la mondialisation, avec les conséquences que l'on sait.

Au moment où le catholicisme latin - se revendiquant théocratie universelle - s'exporte avec pompe, arquebuses et galions vers d'autres continents, les chrétiens du nord de l'Europe se scandalisent des excès et aveuglements de l'autorité suprême du christianisme romain et déclenchent la Réforme, initiée dès 1517 par Martin Luther, lui-même soutenu et instrumentalisé à son insu par l'aristocratie allemande avide de s'approprier les biens ecclésiastiques. Auparavant, dans son Éloge de la folie rédigée en 1511, Érasme de Rotterdam, le "prince des humanistes" à l'abri en Angleterre, ridiculise le culte des saints et le clergé à tous les niveaux, appuyé par les caricatures anticléricales de Holbein: dans son pamphlet Julius Exclusius, saint Pierre ferme au pape belliqueux les portes du Paradis et les gargouilles, dit-on, séjournent à présent à l'intérieur des cathédrales. Diverses voix s'élèvent pour affirmer que les "représentants du Christ sur Terre" ont succombé au premier des péchés capitaux, l'orgueil, celui qui engendre tous les autres. En Allemagne, le catholicisme est devenu synonyme d'exactions financières romaines. Déboussolés, les souverains pontifes du clan Médicis, Léon X et Clément VII, ne voient pas le danger venir, l'un avec Luther, Bucer, Calvin et Zwingli qui conduit à la rupture violente avec Rome, l'autre avec Henry VIII à Londres qui provoque le schisme anglican en 1534 en s'autoproclamant chef de l'Église d'Angleterre, reléguant le pape au rang d'un simple évêque local en entraînant la dissolution fort lucrative de quelque 800 monastères. Grâce à l'imprimerie ("le dernier don de Dieu" selon Luther), les hérétiques et les critiques ne se cachent plus, leurs propos incendiaires se propagent partout. L'intransigeance des antagonistes alimente désormais les guerres de Religion, une avalanche de conflits confessionnels qui va dévaster l'Europe pendant plus d'un siècle, en Allemagne (guerre des paysans, 1524-26), en France (8 guerres, massacre des huguenots à la Saint-Barthélemy en 1572), en Angleterre (Mary Tudor, Mary Stuart, la guerre anglo-espagnole et l'Armada en 1588), aux Pays-Bas espagnols (soulèvement des Sept Provinces-Unies), puis surtout, le siècle suivant, avec la saignée apocalyptique de la Guerre de Trente Ans (1618 à 1648) au cours de laquelle un habitant d'Europe sur cinq perdra la vie - et l'Église latine plus de la moitié de ses "fidèles" européens. La péninsule italienne en est relativement épargnée, étant, elle, en proie aux invasions françaises (cf. chap.6) ainsi qu'aux lansquenets ingérables de Charles Quint qui, à l'instar des Wisigoths et des Vandales au Ve siècle, mettent Rome à sac et contraignent Clément VII à se barricader dans le château Saint-Ange après sa fuite humiliante du Vatican à travers les cloaques de Rome (Cloaca Maxima) et le massacre de sa garde suisse (1527/28). À cela s'ajoute l'écrasante poussée hégémonique de l'Espagne des Habsbourg en Italie, désormais maîtres du duché de Milan, du royaume de Naples, de la Sicile et de la Sardaigne. Ces parties de la péninsule tombent sous le contrôle du tribunal du Saint-Office de l'Inquisition hispanique, juridiction ecclésiastique instaurée en Espagne dès 1478 par une bulle de Sixte IV à la demande des "Rois très catholiques", promoteurs d'une religiosité nationale sinon nationaliste, et dont le pouvoir est absolu (recours massif à la torture au XVIe siècle). Manipulé par Madrid, le Saint-Office développe une politique très efficace de persécution raciale et religieuse contre Maures et juifs convertis; deux mille victimes périssent dans les flammes au nom de la "pureté de sang". Simultanément, il se dresse contre toute forme de contemplation mystique et de monachisme échappant à sa vigilance (comme les carmélites Thérèse d'Avile et Jean de la Croix ou l'augustinien Luis de León, accusés d'"illuminisme", puis récupérés et canonisés post mortem).

Suite ou parallèlement à ces événements dramatiques s'ouvre le concile de Trente, qui va durer de 1545 à 1563 et concentrer ses efforts sur la reconquête des territoires et populations perdus. Le concile vise à faire reculer, voir éradiquer la sécession protestante (que Rome a elle-même provoquée) tout en renforçant les structures d'une Église en sérieuse perte de vitesse, sans toutefois remettre en question les aberrations fondamentales du passé. On aboutit à une réorganisation énergique de tout le corpus, à une chape de plomb désignée par les historiens sous le terme de Contre-Réforme: l'Église romaine se crispe dans un cléricalisme dictatorial. Le napolitain Paul IV, ex-inquisiteur élu pape en 1555, antisémite féroce (au point de provoquer une intervention du sultan Soliman le Magnifique) et pratiquant un népotisme outrancier, dirige la faction des "intransigeants" contre les "spirituels" que mènent les cardinaux Pole et Morone. Ces derniers auraient le tort de professer une religion très intériorisée qui dévaloriserait les dogmes et pratiques exotériques du culte, se fondant à la fois sur la recherche mystique du contact avec le divin et sur l'exemplarité de la conduite morale. Paul IV considère le parti des "spirituels" comme la principale menace hérétique en Italie, fait incarcérer ses chefs par le Saint-Office romain et mène la guerre aux moines errants dont il expédie deux cents en prison et aux galères; la population de Rome fêtera sa mort en liesse, libérant les prisonniers et incendiant le palais de l'Inquisition. Dès 1566, son très zélé successeur, le pape piémontais Pie V, élimine presque totalement le protestantisme de la Péninsule, fait brûler vifs les homosexuels (dont les pratiques étaient pourtant fort bien acceptées durant la Renaissance, à Rome comme ailleurs!), félicite le duc d'Albe pour les répressions de son "concile du sang" aux Pays-Bas, ordonne aux catholiques français de passer tous les prisonniers huguenots par les armes et conspire pour faire assassiner Élisabeth Ière à Londres. Marquée par le climat délétère de l'époque, la Contre-Réforme implique radicalisation dogmatique armée, publication du catéchisme et du missel, contrôle resserré des couches populaires (encore largement illettrées) et du clergé (dont le concubinage n'est plus toléré), morale étriquée (interdiction de peindre la Vierge enceinte), extirpation de dissidents en tous genres, conversions musclées des juifs (autodafé du Talmud à Rome, 1553), mises à l'index des écrits suspects (Index librorum prohibitorum, 1559) y compris toutes les traductions de la Bible. Enfin, sur le plan formel, imposition de la théâtralité tourmentée, encombrée et doloriste de l'art baroque dans les lieux de prière, miroir d'une mondanité aussi décorative que superficielle qui va se propager simultanément dans tous les édifices de l'aristocratie (avant d'être relayé par les pastorales rococo, sa sucrerie et ses anges chérubins). Précisons toutefois que, les distances aidant, le catholocisme de l'Europe de l'Est (Roumanie, Pologne, Ukraine, Balkans) et la ferveur chrétienne d'une partie du monde rural à l'est comme à l'ouest seront longtemps épargnés par l'invasion de ce baroque doré, avec son idéologie intégriste et sa rhétorique religieuse édulcorée.

Des traités contre l'athéisme commencent à circuler dès la fin du XVIe siècle, indice que le rejet de la foi se répand. L'autre axe de ce "nettoyage de surface" contre-réformiste se traduit donc par un prosélytisme accentué et une activité missionnaire particulièrement intense outre-mer confiée en priorité aux jésuites (un nouvel ordre rattaché à la personne-même du pape), car comme le rêvent l'empereur Charles Quint et son fils Philippe II, maîtres d'un empire catholique "où le soleil ne se couche jamais", il faut désormais "christianiser le monde entier", de gré ou de force. En 1550/51, le dominicain Bartolomé de Las Casas aura grande peine à convaincre certains de ses confrères que les indigènes massacrés ou réduits en esclavage "ont une âme". Cette évangélisation à tous vents - pour compenser les "pertes" protestantes? - s'étendra de l'Amérique latine au Canada, de l'Inde à l'Afrique et jusqu'en Asie - avant de finir comme adjuvant embarrassant de la colonisation occidentale. Mais, ne pouvant se passer de son train de vie opulent, arc-boutée sur ses privilèges temporels et préoccupée par la survie de ses acquis, l'Église issue de la Contre-Réforme va, dès le siècle suivant, commettre l'erreur de s'aligner servilement sur la politique des monarchies absolutistes où elle s'imagine trouver des appuis (d'où l'emprisonnement des jansénistes et la révocation de l'Édit de Nantes) alors que les familles des Bourbons comme des Habsbourg, d'une ferveur religieuse aussi diaphane qu'opportuniste, s'en servent surtout pour justifier leur statut de "royauté de droit divin". Rome ne pourra éviter d'être mise à mal par l'agnosticisme agressif des Lumières (Voltaire en tête) et la déchristianisation rampante de la société occidentale, suivis des couperets de la Révolution française. L'industrialisation, le positivisme scientifique, Darwin, Marx, Freud et la laïcisation nationaliste prendront le relais.
« The Borgias » (2011), une télésérie de Neil Jordan avec Jeremy Irons en pape Alexandre VI Borgia.

5.1. La Rome papale en proie aux tentations du pouvoir (XIe au XVIe s.)

1910I duchi della Tolfa (Les Ducs de la Tolfe) (IT) de Vittorio Rossi Pianelli
Società Italiana Cines (Roma), 272 m. - Le Latium au XVe s. Pour fuir ses ennemis, la famille ducale de Tolfa se réfugie dans son palais à Rome, laissant sa fille Adriana à l'abri dans un couvent. Mais celle-ci s'est éprise du fils du clan ennemi, Avec le décès du pape, elle est mise au ban. Adriana se sacrifie en délivrant son amoureux prisonnier au château Saint-Ange. - GB : The Duke of the Tolfa.
1910Cola di Rienzo (Cola di Rienze) (IT) de Mario Caserini
Società Italiana Cines (Roma), 310 m. - av. Amleto Novelli (Cola di Rienzo), Fernanda Negri-Pouget (Irene, sa soeur).
Synopsis : Durant l'exil avignonnais du pape Clément VI, l'anarchie règne à Rome. En 1343, à la barbe des puissantes familles locales des Colonna et des Orsini, et en l'absence de la Curie, Cola [Nicola] di Rienzo (1313-1354), un notaire populiste passionné d'histoire antique et brillant orateur, se fait élire tribun du peuple et se veut libérateur de la République. Il se mue cependant bientôt en dictateur, écrasant la population sous les impôts et dilapidant le trésor municipal dans une tentative phantasmatique de réunifier l'Italie autour de Rome et de lui rendre son empire. Cola s'autoproclame " tribun auguste ", puis " chevalier du Saint-Esprit ", se fait couronner avec six couronnes et déconcerte son entourage par ses excentricités, ses cérémonies triomphales et son arrogance. Cinq ans plus tard, les vieilles familles relèvent la tête, soutiennent le peuple durant l'épidémie de peste et renversent ce Romain de basse extraction qui se rêve empeureur. Irène, sa sœur, et son amoureux Adriano Colonna tentent vainement de sauver le politicien : le dernier tribun de Rome est lynché par la foule en colère. - Au XIXe siècle, Rienzo deviendra une figure revendiquée par les partisans du Risorgimento en vue de l'unification de l'Italie, ce qui explique sa réapparition dans le cinéma primitif de la Péninsule et dans l'opéra de jeunesse de Richard Wagner en 1842 (cf. infra, captation tv de 1992). - GB : Rienzi.
1911Cola di Rienzo (IT/FR)
Il Film d'Arte Italiana (FAI Roma)-Série d'Art Pathé Frères (SAPF Paris), 400 m. - av. Dillo Lombardi (Cola di Rienzo), Francesca Bertini (Clelia, son épouse), Giovanni Pezzinga (Orsini). - Cola di Rienzo (cf. supra, film de 1910) souhaite réinstaurer la République par un coup d'État et chasser la noblesse corrompue de Rome. Mais, victime de sa vanité, il tente de se faire couronner roi. Son principal ennemi Orsini, qui a cherché à séduire son épouse, organise un soulèvement populaire, le retrouve caché dans un monastère et le fait décapiter.
1911Iolanda di Celano (IT)
Società Italiana Cines (Roma), 272 m. - Dans les Abruzzes au XVe siècle. Parti à la guerre, le comte de Celano a confié l'administration de ses biens et la protection de son épouse Iolanda à son cousin Contrano. Celui-ci tente en vain de séduire Iolanda, puis l'enferme dans un cachot. Un jeune meunier, Pietro, entend les lamentations de la châtelaine et, aidé par de fidèles vassaux, lui fait transmettre des paroles de consolation. Apprenant que le comte est sur le chemin du retour, Contrano tend un piège pour le tuer, mais le meunier, ayant réuni des vassaux fidèles, l'en empêche. Le comte libère sa femme et fait exécuter le félon.
1911La bella Galleana (IT)
Società Italiana Cines (Roma), 285 m. - av. Lola Visconti-Brignone (la Galleana), Gastone Monaldi (le pape Urbain IV).
Synopsis : Vers 1260 à Viterbe, où réside le pape Urbain IV (1195-1264). Délégué par le Vatican pour exiger le retour du Saint Père à Rome, le comte Gherardo courtise sans succès la belle Galleana (ou Galliana), la fiancée de Fernando. Le Conseil de la Ville ayant déchiré la bulle papale, Gherardo déclare la guerre à la cité. Avant de quitter les lieux, il tente vainement d'enlever Galleana. L'armée romaine assiège Viterbe, mais la ville se défend vaillamment. Gherardo propose un traité de paix à condition que ce soit Galleana qui signale l'acceptation de la ville du haut d'une tour, puis ordonne à un archer de la tuer. Galleana tombe morte dans les bras de Fernando, une flèche plantée dans son coeur. Indignés, les soldats du pape livrent Gherardo aux Viterbains. Le misérable est jugé, traîné nu dans les rues et pendu par les pieds, puis précipité du haut du château. - ES : La hermosa Galliana.
1911Bonifacio VIII / Nogaret e Bonifacio VIII / Boniface VIII (IT/FR) de Gerolamo Lo Savio
Film d'Arte Italiana (Roma)-" Série d'Art " Pathé Frères S.A. (Paris), 290 m. (dont 235 en couleurs). - av. Attilio Fabbri (le pape Boniface VIII), Dillo Lombardi (Sciarra Colonna), Bianca Lorenzoni (Giovanella Gaetani, nièce du pape).
Synopsis : Irrité de la politique de Philippe le Bel face à l'Église, le pape Boniface VIII lance contre lui une bulle d'excommunication. Pour toute réponse, le roi de France envoie une expédition militaire de 1600 hommes que commande Guillaume de Nogaret, son nouveau Garde des Sceaux chargé de l'arrêter, de le faire juger et destituer en France par un concile. Le pape essaie de se soustraire au danger qui le menace mais Sciarra Colonna, que le pape a chassé de sa présence après avoir surpris ses amours avec sa nièce Giovanella, offre à Nogaret de lui livrer le Saint Père. Emprisonné à Anagni, Boniface VIII se résout à mourir de faim. Mais Giovanella, écœurée par la trahison de Sciarra, ameute la population et tire son oncle des mains des Français.
Boniface VIII (1294-1303), qui prônait la supériorité de l'autorité spirituelle sur le pouvoir temporel, eut effectivement de vifs démêlés politiques avec les Colonna ainsi qu'avec Philippe le Bel dont il délia les sujets de leur serment de fidélité. La querelle portait sur des questions de souveraineté des rois sur leurs États et de pouvoir suprême des papes sur les clergés nationaux et les princes. Délivré par ses partisans le 8 septembre 1303, Boniface VIII tomba malade à la suite des mauvais traitements qu'il avait subis pendant " l'attentat d'Anagni " et mourut à Rome le 11 octobre. Plus docile, son successeur français, Clément V (Bertrand de Got, archevêque de Bordeaux), reconnut le " bon droit " de Philippe le Bel et installa sa cour à Avignon, loin des troubles romains, mettant ainsi pendant trois quarts de siècle la papauté sous influence directe du roi de France. Le sort des Templiers était scellé. - DE : Bonifazius VIII, ES : Bonifacio VIII.
1911Sisto V (Sixte Quint) (IT) de Luigi Maggi et Arturo Ambrosio
Società Anonima Ambrosio, Torino, 348 m. - av. Luigi Maggi (Felix Peretti, le pape Sixte Quint, 1521-1598), Alberto A. Capozzi (le prince Alessandro Farnese), Mary Cléo Tarlarini (Cesarina Oldofredi), Giuseppe Gray, Oreste Grandi, Mario Voller Buzzi, Paolo Azzurri, Serafino Vité, Ercole Vaser, Ernesto Vaser, Norina Rasero, Enrico Negro.
Synopsis : Pour avoir rédigé une satire antipapale, le prince Alessandro Farnese (1545-1592) est condamné à mort par Sixte V. Sa femme, Maria d'Aviz de Portugal, lance un appel passionné au Saint Père pour sa vie. Ému par son éloquence et son angoisse, celui-ci ne peut refuser sa demande et donne l'ordre au directeur de la prison de délivrer le prince sur le coup de deux heures de l'horloge du château Saint-Ange. Après le départ de la princesse, il se retracte et ordonne l'exécution de Farnese, mais des complices de ce dernier le font évader. Lorsque Sixte apprend qu'il a été dupé, il est très courroucé, mais avant de pouvoir prendre des mesures de rétorsion, des visions terrifiantes le jettent au pied de son trône où il agonise entouré de ses cardinaux et des ambassadeurs. - Un portrait peu amène du Saint Père, pape de 1585 à 1590 et lecteur assidu de Machiavel. Sixte V réforme les ordres religieux, délivre du brigandage l'Etat pontifical et fait terminer la coupole de Saint-Pierre. Aux USA, la presse catholique condamne le film qui présente le pontife sous une lumière pas assez amène. - DE : Sixtus V. Die Schuld des Kaisers, US : Sixtus the Fifth, GB : Sixtus V.
1921/22Herzog Ferrantes Ende. Ein Kulturbild aus dem Trecento (La Fin du duc de Ferrante) (DE) de Paul Wegener
Samuel Rachmann/Europäische Film-Allianz GmbH (E.F.A.) Berlin-Wegener Film Berlin, 2409m. - av. Paul Wegener (le duc Ferrante), Lyda Salmonova (Beatrice Colonna), Ernst Deutsch (Orlando Colonna), Ferdinand Gregori (Guido Colonna, leur père), Hanns Sturm (Matteo), Hugo Döblin (Trivulzio), Walter Janssen (Antonio), Fritz Richard (Gremio), Adele Sandrock (une servante), Wilhelm Diegelmann, Werner Krauskopf, Alice Petzinna, Gustav Roos, Hellmuth Bergmann, Gerhard Bienert.
Synopsis : Le duc Ferrante maintient son règne par la terreur. Les cadavres de ses victimes sont embaumés et alignés dans une catacombe pour dissuader toute résistance. Celle-ci s'organise toutefois grâce à la " ligue des frères de la dague ". Orlando Colonna, frère de Guido Colonna, l'ancien chef de la contestation également tué par Ferrante, est chargé d'éliminer ce dernier, mais l'attaque tourne mal et il se retrouve dans un donjon. Lors de son transfert vers les catacombes où il doit contempler le corps en lambeaux de son frère décédé, Orlando parvient à se libérer et à poignarder le tyran. - Paul Wegener, dans la peau du psychopathe grotesque, reprend sa partenaire de Der Golem, Lyda Salmonova. Visuellement, son film sort du lot grâce à une photo envoûtante, aux effets expressionnistes de Karl Freund (Le Dernier des hommes de Murnau) et aux décors et costumes de Walter Reimann (Le Cabinet du docteur Caligari, 1920).
1936The Cardinal (GB) de Sinclair Hill
Sinclair Hill, Harcourt Templeman/Grosvenor Sound Films-Pathé Pictures Ltd., 75 min. - av. Matheson Lang (le cardinal Giovanni de' Medici), June Duprez (Francesca Monterosa), Robert Atkins (le gén. Belmonte), Eric Portman (Giuliano de' Medici), F. B. J. Sharpe (le pape Jules II), Wilfred Fletcher (Michel-Ange), O. B. Clarence (Monterosa), Douglas Jefferies (Baglioni, chef de la police), A. Bromley Davenport (l'architecte Donato Bramante), Rayner Barton (le cardinal Orelli), K. Edgar Bruce (Spini), Dora Barton (la duègne), Henrietta Watson (Donna Claricia de' Medici, mère du cardinal), David Horne (un abbé anglais).
Synopsis : À Rome en 1500, le cardinal Giovanni de' Medici - futur pape Léon X, 1513/1521 - est à couteaux tirés avec le général Belmonte de la faction ennemie. Ce dernier commet un meurtre brutal, puis se confesse au cardinal qui ne peut le dénoncer, tandis que le jeune frère du cardinal est condamné à la place du meurtrier (résumé cf. film suivant, L'abito nero da sposa). D. B. Wyndham Lewis adapte un ancien succès théâtral de Broadway et de Londres, pièce écrite par Louis Napoleon Parker (1901). Le film, bavard et conventionnel, est tourné au Regent Studio, Welwyn Garden City, en novembre-décembre 1935. C'est un gros échec commercial et la société productrice, Grosvenor, fait faillite en 1937. Les débuts à l'écran de June Duprez (la jolie princesse orientale de The Thief of Bagdad de Michael Powell en 1940).
1943-1945L'abito nero da sposa [La robe de mariée noire] (IT) de Luigi Zampa
Vittorio Vassarotti/Vi.Va. Film, 88 min. - av. Fosco Giachetti (le cardinal Giovanni de' Medici), Jacqueline Laurent (Berta Chigi), Enzo Fiermonte (Giuliano de' Medici), Manuel Roero (Raphaël), Aldo Silvani (Bartolomeo Chigi), Domenico Viglione Borghese (le gouverneur Baglioni), Fausto Guerzoni (Beppe), Evelina Paoli (Madonna de Medici), Peppino Spadaro (Luigi), Renato Chiantoni (Bernardino), Carlo Tamberlani (Andrea Strozzi), Evelina Paoli (Madonna de'Medici), Elena Sangro (Celestina), Luisa Alliani (Onoria).
Synopsis : À Rome, le capitaine mercenaire Andrea Strozzi tue le banquier Chigi qui lui a refusé la main de sa fille Berta, la maîtresse de Giuliano de' Medici (1453-1478) qui est, lui, frère du cardinal Giovanni de' Medici (futur pape Léon X, 1513/1521). Mais c'est le jeune Giuliano de' Medici qui est accusé du crime et incarcéré en attendant son procès. Pendant ce temps, le meurtrier avoue sans vergogne son crime au cardinal Giovanni, qui ne peut violer le secret des aveux au confessionnal et reste impuissant face aux juges qui condamnent Giuliano à la potence. Juste avant l'exécution, le cardinal fait appel à une ruse, feint avoir perdu l'esprit et parvient ainsi à obtenir les aveux de Strozzi en présence de témoins cachés. Giuliano est immédiatement libéré et peut alors épouser Berta Chigi tandis que Strozzi paie son crime. - Tourné à Cinecittà, ce " giallo historique " co-écrit par Riccardo Freda est commencé par Zampa au début 1943, puis interrompu par la destitution de Mussolini en septembre, enfin repris après la libération de Rome en juin 1944 pour enfin sortir en salle en mai 1945. Il s'agit en fait d'une nouvelle transposition de The Cardinal, la pièce de Louis Napoleon Parker (1901) déjà filmée en Grande-Bretagne par Sinclair Hill en 1936 (cf. supra) ; conspuée par la presse de gauche, la version italienne ne laissera pas plus de traces que la britannique. Par la suite, Zampa deviendra un des premiers auteurs du néoréalisme avec l'émouvant Vivere in pace (Vivre en paix) en 1947. - CH : Tragische Beichte.
1952(tv) Le Profanateur (FR) de René Lucot
RTF (1e Ch. 14.5.52). - av. Tony Taffin (Wilfrid de Montferrat), Michel Bouquet (Aldo Pozzi), Ariane Borg (Amata Pozzi), Christian Lude (Barbarossa), Marcel Vibert (Ange Pozzi), Marcelle Tassencourt (Benvenuta Pozzi), Jean Nossereau (Guido), Henry Polage (Pio).
En 1227, le pape Grégoire IX vient de proclamer la Croisade contre Frédéric Il de Hohenstaufen, empereur du Saint-Empire " impie et renégat " car devenu l'"allié des Sarrasins". À la voix de Rome, Mantoue se soulève contre Wilfrid de Montferrat, capitaine impérial, et le somme de prendre parti. Mais Wilfrid de Montferrat, héros du refus de l'" engagement ", n'a pas le goût de prendre parti, il n'aime que le défi, le danger, le jeu, l'exercice de la liberté humaine poussé jusqu'à ses plus périlleuses extrémités. Il affrontera la mort, et même la damnation, pour défendre son droit à ne pas s'engager. Paradoxalement, c'est l'ennemi farouche de Wilfrid, Aldo Pozzi, qui essaie de le sauver et c'est la femme qui l'aime, Benvenuta Pozzi, qui, en fin de compte, le perdra. - Dramatique d'après la pièce de l'écrivain-éditorialiste d'extrême-droite Thierry Maulnier, mise en scène par Jean Vilar à Avignon en juillet 1950, avec Tony Taffin et Marcelle Tassencourt, et reprise en 1952 par Tana Balachova au Théâtre-Hébertot, puis à la télévision.
1959(tv-th) Der Ritter vom Mirakel (DE-RDA) de Kurt Jung-Alsen
Deutscher Fernsehfunk der DDR, Ost-Berlin (DFF 29.3.59). - av. Alexander Hegarth (Don Luzmán), Rudolf Ulrich (Tristan, son laquais), Inge Keller (Octavia), Harry Studt (Patrizio), Hans Lucke (Leonato), Wilhelm Koch-Hooge (le sergent), Lutz Friedrich (Camillo), Karla Runkehl (Isabella), Hans Flössel (Eugenio), Ingeborg Nass (la courtisane Béatrice), Heinz Fröhich (Lofraso), Curt Timm (Lombardo), Fritz Schlegel (l'aubergiste).
Synopsis : Rome v. 1550, sous Charles Quint. Les péripéties et mésaventures du mercenaire espagnol Don Luzmán, un sympathique escroc qui cherche à grimper l'échelle sociale et se faire une place en trompant son monde. Hâbleur, beau parleur sans le sou, il séduit simultanément les courtisanes Octavia et Béatrice ainsi qu'Isabella, l'épouse d'un vieux patricien, puis parvient à duper leurs mari et amants respectifs tout en se remplissant les poches pour pouvoir se payer le voyage de retour en Espagne. Mais c'est compter sans son laquais Tristan, qui le dénonce. Ruiné, Luzmán finit à l'asile des pauvres, mais sans doute y trouvera-t-il d'autres victimes... - La turbulente comédie El arrogante español o Caballero del milagro (1593/1621) de Félix Lope de Vega.
1960(tv-th) Il Cardinale (IT) de Silverio Blasi
" Teatro Popolare a cura di Diego Fabbri ", Radiotelevisione Italiana (RAI 11.7.60), 115 min. - av. Salvo Randone (cardinal Giovanni de' Medici), Daniele Tedeschi (Giuliano de' Medici), Giulio Oppi (Bartolomeo Chigi), Mario Feliciani (Guido Baglioni da Perugia), Germana Paolieri (Clarissa de' Medici), Paolo Carlini (Andrea Strozzi), Giuseppe Fortis (Pietro Ramsan), Lucilla Morlacchi (Berta Chigi), Vittorio Congia (Francesco).
Dramatique d'après la pièce The Cardinal (1901) de Louis Napoléon Parker, cf. supra film de 1936.
1960I masnadieri (Les Brigands / Les Mercenaires) (IT) de Mario Bonnard
Mario Pellegrino/Leda Film-Galatea Film, 110 min. - av. Daniela Rocca (princesse Alba de Portoreale), Antonio Cifariello (Leonetto Ardenghi), Salvo Randone (le cardinal Felice Peretti di Montalto, futur pape Sixte V, 1585/1590), Folco Lulli (Frère Silencieux), Debra Paget (la gitane Esmeralda), Yvonne Sanson (la marquise Olimpia de Gonzales), Livio Lorenzon (le duc de Bolsena), Giulio Donnini (l'astrologue), Nerio Bernardi (le cardinal de' Medici), Franco Ressel (Grillo).
Lutte de pouvoir dans l'État pontifical : Moine convers d'un couvent, " Frère Silencieux " est un saint homme qui a son franc-parler, son franc-boire et son franc frapper : lorsqu'on le gifle, il ne peut se résoudre à tendre l'autre joue... Ami du chevalier errant Leonetto, il se joint à lui pour arracher aux griffes de l'odieux duc de Bolsena la belle princesse Alba de Porto-Reale qu'il a enlevée après avoir compromis son père. Mais la marquise de Gonzales veut empêcher leur union à l'aide de brigands pour des raisons d'Ètat : elle est la sœur de l'ambassadeur d'Espagne auprès du Saint-Siège et, après le décès de Grégoire XIII en 1585, le Conclave se réunit justement pour désigner le nouveau pape. Bolsena complote pour placer un des siens sur le Saint-Siège. Le cardinal de Montalto, dont les idées démocratiques sont connues du peuple, est élu sous le nom de Sixte Quint. Son premier geste est d'absoudre Leonetto qui, parce qu'il a tué Bolsena en duel, va être pendu haut et court. Le chevalier errant épouse la princesse Alba. - La présentation du Conclave fait l'objet de beaucoup de soins, même s'il se situe en marge d'un récit plutôt désinvolte où, une curiosité, l'Américaine Debra Paget (alors en Europe pour le dyptique hindou de Fritz Lang) campe une gitane du nom d'Esmeralda... Tournage en Dyaliscope et Eastmancolor au château Caetani et dans son bourg médiéval de Sermoneta (Latium). - DE : Der Mönch und die Gefangene, ES : Los mesnaderos, US : Rome, 1585 / The Mercenaries.
1964(tv) Malatesta (GB) de Christopher Morahan
Peter Luke/BBCtv (BBC 2.12.64), 95 min. - av. Patrick Wymark (Sigismondo Pandolfo Malatesta), Jessica Dunning (Isotta da Rimini), Cyril Shaps (Porcellio), John Glyn-Jones (le pape Paul), John Hollis (Sacramoro), Edward Burnham (Basinio), Michel Warren (Cinquedenti), Roger Croucher (Venieri, seigneur de Camerino), Norman Scace (le chambellan papal), Brown Derby (le cardinal Marcanova), Blake Butler (le cardinal de Pavie), Dallas Cavell (Scarampa), Neil Robinson (Narni), Jack Melford (Platina), Reginald Jessup (le cardinal Borgia), David Grey (Monsignor Perugia), Judy Geeson (Vanella), Lala Lloyd (Aloysia), David March (narration). - La pièce de Henry de Montherlant, boudée par la télévision italienne.

1966(tv-th) Der Ritter vom Mirakel (DE) d'Imo Moszkowicz
Helmut Krapp/Bavaria Atelier GmbH-ZDF Mainz (ZDF 10.4.66), 95 min. - av. Michael Degen (Don Luzmán), Heinz Schubert (Tristán, son laquais), Blanche Aubry (la courtisane Béatrice), Gertrud Kückelmann (Isabella), Elisabeth Wiedemann (Octavia), Sigfrit Steiner (Patricio), Dieter Kirchlechner (Leonato), Rolf Arndt (Filiberto), Karl Lieffen (Lofraso).
La comédie de Félix Lope de Vega, El arrogante español o Caballero del milagro (1593/1621), cf. téléfilm de 1959.
1966(tv-th) Riddaren av miraklet (FI/SE) de Ralf Långbacka
Yleisradio YLE (Helsinki)-Sveriges Television (Stockholm) (YLE 27.12.66), 120 min. - av. Leif Wager (Don Luzmán), Nils Brandt (Tristán, son laquais), Märta Laurent (Isabella), Hilkka Östman (Octavia), Helen Elde (la courtisane Béatrice), Håkan Pörtfors (Camillo), Paul Budsko (Lombardo), Paul Eiwerts (Patrizio), Yngve Lampenius (Eugenio), Sven Ehrström (Lofraso), Sven Berle (Deofrido).
La comédie de Félix Lope de Vega, El arrogante español o Caballero del milagro (1593/1621), cf. téléfilm de 1959.
1969(tv-th) Le Profanateur (FR) d'Edmond Tyborowski [Tiborowsky]
ORTF (2e Ch. 31.1.69). - av. Roger Hanin (Wilfrid de Montferrat), Jean Davy (Ange Pozzi), Claude Winter (Benvenuta Pozzi), Florence Giorgetti (Amata), Jacques Toja (Alde Pozzi), Gaston Vacchia (Barbarossa), Gérard Coeurdevey (Guodo Rosselli), Jean Thouvenin (Malaspina), André Rousselet (Pio). - Captation de la pièce de Thierry Maulnier (cf. supra, 1952) sur un chevalier sommé de prendre parti pour le pape Grégoire IX ou pour Frédéric II de Hohenstaufen, refus qu'il paie de sa vie.
1970[épisode :] (tv-df) Upon This Rock / Su questa roccia (US) de Harry Rasky
Stanley Abrams/Marstan Rock Corp.-Sheldon-Wilson-RKO Television-American Continental Film (ACF 17.4.73), 91 min. - av. Orson Welles (la voix de Michel-Ange), Ralph Richardson (le guide), Dirk Bogarde (Bonnie Prince Charles), Edith Evans (la reine Christine de Suède), Ralph Richardson (James III d'Écosse), Massimo Serato.
Docu-fiction : l'histoire de la basilique de Saint-Pierre à Rome racontée par ceux qui l'ont construite et ceux qui y sont enterrés. Filmé en Technicolor au Vatican et aux studios S.A.F.A.-Palatino à Rome.
1971(tv) Die Abenteuer eines armen Christenmenschen [L'Aventure d'un pauvre chrétien) (DE) de Fritz Umgelter
Bayerischer Rundfunk, München (BR 18.+20.5.71), 78+74 min. - av. Guido Wieland (Pietro Angeleri da Morrone, le pape Célestin V, Pierre de Morone), Peter Capell (Fra Bartholomé), Werner Kreindl (le cardinal Benedetto Caetani, pape Boniface VIII), Andrea Dahmen (Concetta), Herbert Weicker (Matteo), Hans Epskamp (Angelus), Edgar Mandel (Ludovico), Ulrich von Dobschütz (Clemente), Günther Spörrie (Bernardo), Wilmut Borell (Tommaso), Jörg Schleicher (le curé Don Costantino di Sulmona), Hans Brenner (Cerbicca), Bruno Dallansky (le bailli), Max Mairich (le secrétaire de Célestin V), Karl-Heinz von Hassel (l'adjudant du roi), Reinhard von Hacht (Joachim), Wilfried Klaus (Luca), Jörg Pieva (un gendarme).
Dramatique sur Pierre de Morone, d'après la dernière œuvre littéraire d'Ignazio Silone, L'avventura di un povero cristiano (Aventure d'un pauvre chrétien), roman (1968) et pièce (mise en scène par Valerio Zurlini à Pise en août 1969) qui sont ici adaptés pour la télévision par Kuno Epple dans une traduction de Hanna Dehlo. - Synopsis : Dans les Abruzzes en mai 1294, parmi les agriculteurs et les bergers, le tisserand Matteo et sa fille Concetta attendent les disciples humbles et pauvres d'un certain Pietro Angeleri da Morrone (v. 1209-1296), un ermite de la Maiella qui vit dans la prière et la pénitence. Saint François d'Assise est mort depuis quelques décennies et l'Église est clairement divisée en deux : la séculière, celle de la hiérarchie, et celle des gens qui ont foi en l'Évangile. Fra Pietro appartient précisément à cette dernière, essayant de mettre en pratique l'enseignement du Christ, le renoncement aux biens terrestres, l'amour du prochain, l'humilité et le sacrifice. Or depuis deux ans, le trône pontifical à Rome est vacant tandis qu'au conclave de Pérouse, deux puissantes familles rivales s'affrontent, les Orsini et les Colonna. Les cardinaux élisent Fra Pietro Angeleri à l'unanimité. Le gnostique octogénaire hésite d'abord, mais après une longue méditation accepte de devenir pape sous le nom de Célestin V. Cinq mois plus tard, se sentant seul dans la Curie romaine, forcé par Charles II d'Anjou de s'établir au Castel Nuovo de Naples, pris entre les luttes de pouvoir et refusant d'avoir recours à la guerre, il démissionne, convaincu de l'impossibilité de concilier le spirituel de l'Evangile avec les devoirs du trône papal. Il est remplacé par le plus autoritaire Boniface VIII, pape maudit par Dante. Son " grand refus " du pouvoir lui vaudra d'être recherché par les autorités, puis retenu prisonnier jusqu'à sa mort à Fumone par le nouveau pape.
Ex-communiste trotskiste condamné par Staline, antifasciste et espion au service des alliés, Silone a redécouvert les racines chrétiennes de sa culture dans les années 1950; il se déclare toutefois "chrétien sans église" et se montre fasciné par la figure du pape des Abruzzes qui, pour ne pas trahir ses options spirituelles, renonce au pouvoir pontifical et démissionne, cas unique dans l'histoire du Vatican. La dernière partie de la pièce de Silone est consacrée à un long dialogue entre Boniface VIII et Céléstin dans lequel les deux conceptions divergentes de l'Église sont mises en évidence. Céléstin V sera canonisé en 1313.
1972Il Prode Anselmo e il suo scudiero [Le Preux Anselme et son écuyer] (IT) de Bruno Corbucci
Dino De Laurentiis Cinematografica Intermaco S.p.a., 98 min. - av. Alighiero Noschese (Anselmo de Montebello), Enrico Montesano (Gianpuccio Senzaterra, son écuyer), Enrico Macario (Fra' Prosdocimo Zatterin de San Donà di Piave), Marie Sophie (Leonzia), Mario Carotenuto (l'évêque de Montebello, oncle de Leonzia), Lino Banfi (le castrat Fra' Prosdocimo), Renzo Montagnani (Othon von Buldoffen), Tamara Baroni (Gerbina), Maria Baxa (Fiametta), Femi Benussi (Laura), Marcello Martana (Marcozzo), Rosalba Neri (la sœur de Laura), Sandro Dori (le paysan), Ignazio Leone (le prêtre de l'exécution).
Synopsis : Inepte et incurablement fanfaron, le preux Anselmo da Montebello veut aller à Rome afin de remettre au pape Clément III la " main de saint Mancinello ", une relique qui devrait porter chance à la Troisième Croisade, expédition en Terre Sainte que patronne le pontife en personne (1189). En contrepartie, il espère obtenir une somme de ving mille couronnes pour participer à la croisade. Avant de se mettre en route, il doit affronter en tournoi l'affreux chevalier germanique Othon von Buldoffen qui cherche à lui enlever sa fiancée, Leonzia. Mais l'évêque de Montebello, oncle de Leonzia, piège l'Allemand dans la lice et Anselmo remporte la victoire. Accompagné par Gianpuccio, son écuyer paresseux, attiré par l'argent et les charmes de Leonzia, Anselmo est harcelé par Othon qui cherche à lui faire payer sa tricherie. Othon perd d'abord un œil, puis une main que Gianpuccio récupère discrètement pour remplacer la main-relique perdue dans une rivière. Après bien des aventures, les deux arrivent enfin à Rome où le pape, découvrant la supercherie de la relique, dégrade Anselme et condamne Gianpuccio à la castration. Ce dernier parvient à se faire remplacer par le malheureux Othon et, feignant être un eunuque, il fait la cour à la nouvelle épouse d'Anselme.
Une pitrerie imaginée par le tandem des réalisateurs-scénaristes Castellano et Pipolo (Franco Castellano, Giuseppe Moccia), à ranger dans la catégorie des " médiévaleries macaroni " (en écho aux " westerns spaghetti ") inaugurée par L'armata Brancaleone (1966) et Brancaleone alle Crociate (1970), deux triomphes artistiques et populaires. Seulement voilà : Alighiero Noschese n'est pas Vittorio Gassman et Corbucci n'a pas le génie comique d'un Mario Monicelli. Tourné en Cinescope et Eastmancolor aux studios romains de Dinocittà et en extérieurs à Viterbe (le palazzo degli Alessandri), à Tarquinia (église de Santa Maria di Castello et Via della Ripa), à Vitorchiano (Mancinello, église de Santa Maria Assunta), au bord du lac de Martignano (Anguillara Sabazia) et à Rome (basilique des Santi Giovanni e Paolo al Cello). - GB/US : The Mighty Anselmo and His Squire.
1974(tv) L'avventura di un povero cristiano (IT) d'Ottavio Spadaro
Radiotelevisione Italiana (RAI due 28.6.74), 102 min. - av. Ferruccio De Ceresa (le cardinal Benedetto Caetani, futur pape Boniface VIII), Riccardo Cucciolla (Pietro Angeleri da Morrone, le pape Célestin V), Mico Cundari (Fra Angelo), Aldo Rendine (Don Costantino di Sulmona), Gino Maringola (le secrétaire), Adolfo Geri (Fra Bartolomeo), Edoardo Nevola (Fra Clementino), Gianni Pulone (Fra Tommaso), Giuseppe Anatrelli (Messo), Emilia Sciarrino (Concetta), Carlo Fortis (l'adjudant du roi), Franco Latini (Cerbicca), Silvio Anselmo (Fra Bernardo), Pierluigi Zollo (Fra Ludovico), Antonio Meschini (Matteo), Roberto D'Antonio (Luca).
Dramatique sur Pierre de Morone d'après la dernière œuvre littéraire d'Ignazio Silone, L'Aventure d'un pauvre chrétien, roman (1968) et pièce (1969) adaptés pour la télévision italienne par Ottavio Spadaro. Cf. supra, 1971.
1974(tv) Canossa (IT) de Silverio Blasi
Série " I grandi personnaggi ", RAI Radiotelevisione Italiana (Rete Nazionale 20+27.8.74), 91 min./2 parties. - av. Glauco Mauri (le pape Grégoire VII), Adalberto Maria Merli (Henri IV), Carmen Scarpitta (Mathilde de Toscane), Pier Luigi Zollo (Goffredo di Lorena), Stefano Satta Flores (Rolando), Gianni Musy (premier évêque impérial), Glauco Onorato (l'abbé de Cluny), Giorgio Bonora (Primo alto ufficiale), Maurizio Merli (second alto ufficiale), Luciano Alberici (l'évêque de Porto), Enrico D'Amato (deuxième évêque impérial), Vincenzo De Toma (l'historien), Maurizio Merli. - Épisode de la querelle des Investitures : le 28 janvier 1077, l'empereur excommunié Henri IV fait pénitence à Canossa (d'après un texte de Giorgio Prosperi).
1975(tv) Tommaso d'Aquino (IT) de Leandro Castellani
Série " I grandi personnaggi ", RAI Radiotelevisione italiana (Rete Nazionale) (RAI 26.11.75). - av. Paolo Lombardi (saint Thomas d'Aquin), Carlo Sabatini (Guillaume de Saint-Amour), Mario Scaccia (Charles Ier d'Anjou, roi de Sicile), Franco Odoardi (Siger de Brabant), Enrico Lazzareschi (Jean d'Amiens), Nino Fuscagni (Gerardo di Borgo San Donnino), Cinzia Bruno (sœur Marotta), Stefano Altieri (Cicéron), Renato Montalbano (le chancelier), Pietro Biondi (le dominicain Guida), Elena De Merik.
Biographie du philosophe et saint dominicain Thomas d'Aquin (1225-1274), originaire d'Aquino dans le Latium. Considéré comme l'un des principaux maîtres de la philosophie scolastique et de la théologie catholique, il sera canonisé en 1323. Il étudie à l'abbaye du Mont-Cassin, à Naples, à Paris et à Cologne, puis après de premiers enseignements en italien à Orvieto et à Rome, il retourne à l'université de Paris (1268 à 1272) en pleine crise intellectuelle et morale provoquée par la diffusion de l'aristotélisme et par les querelles entre les ordres mendiants, les séculiers et les réguliers. Lors de la grande polémique universitaire parisienne de 1256, il s'y oppose à Guillaume de Saint-Amour (1202-1272), théologien scolastique jurassien, connu pour ses attaques contre les ordres mendiants (franciscains puis dominicains) ; le pape Alexandre IV condamne Saint-Amour en 1257 et Louis IX l'expulse de France. Une autre dispute confronte saint Thomas aux thèses averroïstes de Siger de Brabant (Dante vante Siger dans le Paradis de sa Divine Comédie). En 1272, Thomas d'Aquin poursuit son activité à Naples, probablement à la demande de Charles d'Anjou, roi de Sicile et frère de Louis IX. La mort l'empêche de terminer sa Somme théologique. Téléfilm tiré d'un scénario original de Diego Fabbri.
1976La lozana andaluza [La Gentille Andalouse] (ES/IT) de Vicente Escrivá
Aspa Producciones Cinematográficas S.A. (Madrid)-Impala S.A. (Madrid)-Primex Italiana (Roma), 98 min. - av. Maria Rosa Omaggio (Lozana), Enzo Cerusico (Rampín), Diana Lorys (la Napolitaine, sa tante), Carlos Ballesteros (Don Sancho de Villafáñez), Rafael Alonso (Trigo), Josele Román (Pellegrina), Rafael Hernández (Oliveros), Maria Alvarez.
Une Andalouse à Rome au XVIe s., d'après La Joyeuse Andalouse (ou La Gentille Andalouse, 1528), roman dialogué de Francisco Delicado et publié de façon anonyme à Venise. Son auteur supposé, le clerc et éditeur espagnol Francisco Delicado (1485-1535), s'était enfui de Rome en 1527 en raison du regain du sentiment anti-espagnol provoqué par la mise à sac de la ville par les lansquenets de Charles Quint. Picaresque et cynique, le roman décrit la vie des bas-fonds d'une Rome en pleine décadence morale, en particulier celle de la communauté des juifs espagnols qui émigrèrement à la suite de la mise en place de l'Inquisition en 1481 et de leur expulsion. C'est un monde de corruption, de prostitution et de violence dont les protagonistes sont la prostituée andalouse Aldonza (à laquelle fait référence le titre) et le sympathique truand Rampín, l'ami de l'auteur-narrateur qui apparaît lui-même dans son récit. Tout ce que la Renaissance italienne peut offrir de plus corrompu et de plus obscène y est dépeint avec les couleurs du réalisme le plus cru. " Dans ce paradis de putains qu'est la ville de Rome, dit l'auteur, les Espagnoles sont les meilleures et les mieux faites. " Lorsque débarque la belle Lozana, Rampín et sa tante, la Napolitaine, s'évertuent à la transformer en la courtisane la plus rentable de la cité. Ils deviennent riches en escroquant les dignitaires du clergé et notamment le puissant Don Sancho de Tolède. - Farce satirique fort bien menée, tournée en Eastmancolor et écran panoramique à Rome, à Madrid (studios de la Cartuja à Talamanca de Jarama, La Cartuja), à Tolède, à Cáceres et à Alcalá de Henares.
1977La viuda andaluza [La Veuve andalouse] (ES) de Francesc Betriu
Andrés Vicente Gómez/Eguiluz Films (Barcelone), 99 min. - av. Paco Algora, Bárbara Rey (Lozana), Francisco Algora (Rampín), Escamillo (le cardinal), Rafael Anglada (Son Excellence), Carlos Ibarzábal, Laura Riera, Josep Peñalver, Tomás Sánchez, Monserrat Fontova.
Adaptation fantaisiste du roman picaresque La Lozana andaluza de Francisco Delicado (1528) par le Catalan Francesc Betriu (cf. supra), filmé en Eastmancolor. Autres versions, cf. 1976 et 1983.
1981(tv-th) IV. Henrik király [L'Empereur Henri IV] (HU) de Károly Esztergályos
Magyar Televízió Zrt. (Budapest) (MTV 9.10.80), 132 min. - av. László Gálffi (Henri IV), Ildikó Piros (la reine Berthe de Turin), Krisztina Peremartoni (Matildis), Ferenc Bencza (Philippe, son père), Péter Haumann (Hanno), Attila Tyll (Siegfried), Péter Andorai (Frédéric de Hohenstaufen), István Bozóky (un évêque), Gézar D. Hegedüs (Matthias, un serviteur), Judith Mesztéry (la nourrice des princes), Gábor Reviczky (Ulrich), Gábor Nagy (Konrad, le fils du roi).
Adaptation d'une pièce de Milán Füst qui dresse un portrait contrasté de l'empereur du Saint-Empire germanique romain Henri IV (1050-1106), ennemi farouche de la papauté romaine, qui fut jusqu'au dernier jour d'une vie longue et mouvementée tout à la fois l'esclave de ses instrincts, mais aussi un penseur plein de sagesse, un bon souverain et un dictateur amoral tyrannisant sa famille.
1983(tv) La lozana andalusa (ES) de Chúmy Chumez
Série " Las picaras " (épis. 5), José Frade Producciones Cinematográficas S.A./RTVE (TVE 6.5.83), 50 min. - av. Norma Duval (Lozana), Valentin Paredes, Florinda Chico, Mario Pardo (Rampín), Miguel Angel Salomón (Gordo), Juan Malumbres (Maestresala), Emilio Fornet (Teresa de Baeza), Frances Ondiviela (Doncella Clarina), Victoria Tejela (Beatriz), Tomás Zori.
La Rome décadente de la prostitution et de la corruption générale, adaptation du roman picaresque de Francisco Delicado (1528), déjà filmé en 1976 (par Vicente Escrivá) et en 1977.
1983(tv et ciné) State buoni se potete [Soyez bons si vous le pouvez] (IT) de Luigi Magni
Carlo Cucchi, Silvia D'Amico Bendicó/Adamantis-Excelsior Cinematografica-RAI (RAI 18+19.12.84), 149 min./115 min. - av. Johnny Dorelli (saint Filippo Neri), Philippe Leroy (saint Ignace de Loyola), Mario Adorf (le pape Sixte V), Federica Mastroianni (la jeune Leonetta), Rodolfo Bigotti (Cirifischio), Giovanni Crippe (le cardinal), Eurilla del Bono (Leonetta), Franco Javarone (le capitaine de la garde), Roberto Farris (le jeune Cirifischio), Renzo Montagnani (le diable), Angelo Branduardi (Spiridione).
Synopsis : A Rome, le prêtre florentin Filippo Neri (1515-1595) s'occupe des enfants des rues et des orphelins, constamment menacés par les tentations néfastes de leur entourage. " Soyez bons si vous le pouvez, tout le reste est vanité ", leur dit-il. L'Église ne voit pas son activité " dégradante " d'un bon oeil, et son seul défenseur et ami est Ignace de Loyola, pourtant un homme sec et sans humour. Le jeune voleur Cirifischio lui donne du fil à retordre lorsque le voyou s'amourache de Leonetta, l'esclave sexuelle d'une famille aristocratique romaine. Le prêtre les prend tous deux sous sa protection et tente vainement, une décennie plus tard, de sauver Cirifischio, condamné au gibet pour meurtre. Le pape Sixte V, qui l'a observé déguisé en moine, lui demande de devenir cardinal et son conseiller spirituel, ce qu'il refuse. Leonetta entre dans les ordres. - Tournage dans les rues de Rome. La musique d'Angelo Branduardi et l'interprétation de Federica Mastroianni (nièce de Marcello) reçoivent le Prix David di Donatello. Cf. aussi la mini-série Preferisco il paradiso (2010) de Giacomo Campiotti. - DE: Himmel und Hölle, ES: Sed buenos... si podéis.
1986*** Le Nom de la rose / The Name of the Rose / Der Name der Rose / Il nome della rosa (FR/DE/IT) de Jean-Jacques Annaud
Alexandre Mnouchkine, Franco Cristaldi, Bernd Eichinger, Bernd Schaefers (Les Films Ariane (Paris)-Cristaldifilm (Roma)-Neue Constantin (München)-ZDF-RAI-FR3 Films Production, 131 min. - av. Sean Connery (William of Baskerville [=Guillaume d'Ockham]), Christian Slater (Adso de Melk), Michael Lonsdale (l'abbé), F. Murray Abraham (le Grand Inquisiteur Bernardo Gui), Helmut Qualtinger (Remigio da Varagine, le cellérier), Elya Baskin (Severino de Sant'Emmerano), Volker Prechtel (Malachias von Hildesheim), Feodor Chaliapin Jr. (Jorge de Burgos, ex-bibliothécaire de l'abbaye), William Hickey (Ubertino de Casale), Michael Habeck (Bérenger d'Arundel), Urs Althaus (Venantius de Salvemec), Valentina Vargas (" la fille "), Ron Perlman (Salvatore, le bossu polyglotte), Leopoldo Trieste (Michel de Césène), Franco Valobra (Jérôme de Kaffa), Vernon Dobtcheff (Hughes de Newcastle), Donald O'Brien (Pietro d'Assisi), Andrew Birkin (Cuthbert of Winchester), Lucien Bodard (le cardinal Bertrand du Pouget), Peter Berling (Jean d'Anneaux), Pete Lancaster (l'évêque d'Alborea), Dwight Weist (Adso vieux, narrateur), Gianni Rizzo (l'envoyé papal), Lars Bodin-Jorgensen (Adelme d'Otrante).
Synopsis : Dans une vallée alpine de l'Italie en l'an 1327, alors que la chrétienté est divisée entre l'autorité du pape français d'Avignon Jean XXII et celle de l'empereur germanique du Saint-Empire, Louis IV de Bavière, Guillaume de Baskerville, un moine franciscain érudit et toujours prompt à fraterniser avec les lépreux, est envoyé dans une abbaye bénédictine à la demande de l'empereur pour y débattre des vertus évangéliques de la pauvreté dans l'Église avec les riches émissaires du Saint Père. Assisté d'un novice, Adso de Melk, il tente d'élucider les meurtres aussi macabres qu'étranges de plusieurs moines qui ensanglantent l'abbaye. Il se heurte au silence des Bénédictins qui craignent avoir affaire avec le démon. Tandis qu'Adso découvre l'amour avec une jeune paysanne affamée, Baskerville enquête dans le scriptorium, salle où les moines enlumineurs copient les manuscrits, puis parmi les livres cachés dans une tour-labyrinthe à l'accès jalousement gardé par le moine Bérenger, individu torturé par le péché de la chair et qui a volé un ouvrage " interdit ". On retrouve son cadavre, un doigt et sa langue noirs, comme les autres victimes. L'objet du " mal " que finit par découvrir Baskerville est un volume très convoité de la Poétique d'Aristote qui défendait le rire ! Aux yeux des Bénédictins, l'ouvrage serait blasphématoire et le vénérable moine Jorge de Burgos, pilier d'un obscurantisme totalitaire, est allé jusqu'à empoisonner les pages du livre " païen " vantant le rire, cet instrument du Diable. Baskerville affronte ce dernier dans la tour en flammes et parvient à s'échapper du brasier où périt le clerc fanatique qui a mâché les pages empoisonnées. Auparavant, avec la venue du Grand Inquisiteur Bernardo Gui chargé de démasquer les criminels, la jeune amie d'Adso, le bossu simple d'esprit Salvatore et son maître Remigio ont été arrêtés et condamnés au bûcher après une parodie de procès. Tandis que les moines s'éloignent pour tenter d'éteindre l'incendie de leur tour, les paysans révoltés sauvent la jeune fille du bûcher, mais Remigio et Salvatore succombent aux flammes. L'ignoble Gui finit atrocement empalé par la foule sur un engin agricole. Au petit matin, Baskerville et Adso reprennent la route. Le jeune homme hésite en apercevant la jolie paysanne, mais décide de suivre son maître pour devenir un homme cultivé. Le film s'achève sur les paroles d'Adso désormais âgé : il n'a jamais regretté son choix, mais ajoute que la jeune fille a été l'unique amour terrestre de sa vie, bien qu'il n'ait jamais su son nom. Peut-être s'appelait-elle Rose ?
Guillaume de Baskerville (Sean Connery, à g.) enquête sur des crimes mystérieux.
 Le roman Il nome della rosa d'Umberto Eco, professeur de sémiologie à l'université de Bologne (d'où, clin d'œil du cinéaste, un manuscrit signé Umberto de Bologne dans la bibliothèque en flammes du monastère) paraît en 1980. C'est un best-seller volumineux qu'on dit inadaptable à l'écran ; l'écrivain aurait refusé d'en accorder les droits à Ettore Scola, Dino Risi, Michelangelo Antonioni, Marco Ferreri et Bertrand Tavernier. Il est en revanche séduit par l'ampleur internationale que souhaite lui conférer Jean-Jacques Annaud, un jeune cinéaste-star qui a toujours recherché les défis et risques insensés (l'oscarisé La Victoire en chantant, La Guerre du feu, L'Ours). Annaud se dit séduit par la phénoménale érudition de l'ouvrage, sa réflexion (pourtant bien aléatoire) sur le savoir, sa dimension " vipérine ", ainsi que par les aléas fascinants de l'enquête d'un Sherlock Holmes médiéval (d'où le nom de Baskerville). L'écrivain s'offusque initialement à l'engagement de l'Écossais Sean Connery, ex-James Bond alors au nadir de sa carrière, pour le rôle du détective en bure et la Columbia Pictures, outrée en apprenant ce choix, retire même sa participation au financement (Connery a longuement harcelé Annaud pour obtenir le rôle et a fini par le séduire au cours d'une visite surprise à Paris, en façonnant avec son charisme le premier superhéros intellectuel de blockbuster.) Rappellons que le personnage fictif de Baskerville est calqué sur celui du philosophe anglais Guillaume d'Ockham (v. 1285-1347), précurseur de l'empirisme et de la sécularisation moderne, le principal penseur du nominalisme, une école de scolastique tardive qui considère que les concepts sont des constructions humaines et non que les objets naturels soient intrinsèquement porteurs d'une essence qui les transcende. Dans le roman, le frère franciscain Baskerville fait partie de la délégation chargée de résoudre la querelle avec les envoyés du pape Jean XXII, pontife décrit comme un individu retors et cupide. L'intrigue a pour cadre général les querelles théologiques entre les franciscains et la papauté à propos de la pauvreté du Christ et, par extension, de l'Église. Quant à l'inquisiteur français Bernard Gui (1261-1331), ce n'était pas le psychopathe pyromane du film ni l'ancien ennemi de Baskerville, même s'il condamna quelque 900 personnes et en fit brûler 42 pour refus d'aveux durant les 15 sublimes années de sa fonction ; il mourut paisiblement au château de Laroux trois ans après les événements décrits dans le roman. Ces facteurs nourrissent l'anti-cléricalisme et l'agnosticisme virulents d'Eco, et se répercutent aussi dans le film à travers les habituels stéréotypes d'un Moyen Âge fanatisé, exagérément sordide, sale, laid, dangereux et ignorant. Comme il fallait s'y attendre, le scénario gomme toute la richesse philosophique, la réflexion théologique et le travail sur le langage du livre, mais le spectacle d'Annaud n'en demeure pas moins fabuleux sur le plan strictement visuel et dramatique, très inspiré par Breughel et Callot, porté par des acteurs de premier ordre, enfin baignant dans une atmosphère d'angoisse et de superstition saisissante. L'humour d'Annaud - sa passion pour le rire - et sa dénonciation explicite de l'intolérance rendent son oppressant " polar gothique " d'autant plus attachant. Après cinq ans de préparations et de très scrupuleuses recherches historiques supervisées par Jacques le Goff, Annaud a tourné de novembre 1985 à mars 1986 à Cinecittà et à l'abbaye cistercienne d'Eberbach (Rheingau) pour les scènes d'intérieur, tandis que le décor extérieur de l'immense abbaye a été créé de toutes pièces par Dante Ferretti (le génial décorateur de Fellini, Pasolini, Zeffirelli, Scorsese, etc.) près de Rome, sur le modèle de Castel del Monte, le fabuleux château de Frédéric II de Hohenstaufen dans les Pouilles. D'autres scènes sont filmées dans les Abruzzes (château de Rocca Calascio, L'Aquila, Campo Imperatore), dans le land de Hesse (Eltville, Taunus) et à Rome. Le film est un échec aux USA où - sans surprise - il est jugé trop intelligent et " étranger ", mais fait en revanche un véritable triomphe en Europe. Il collecte une recette totale de 77 millions de dollars au box-office mondial, sur un budget d'env. 20 millions, et, accessoirement, relance la carrière de Sean Connery. Enfin, il collectionne les prix : le César 1987 en France pour le meilleur film étranger, le Prix David di Donatello (décors, costumes, photo), le Deutscher Filmpreis (Connery, décors), le Nastro d'argento à Rome (photo, costumes, décors) et le BAFTA Award à Londres (Connery, maquillages et coiffures). Le film étant jugé blasphématoire, Annaud n'a désormais plus le droit de tourner dans aucun site appartenant au Vatican. - ES : El nombre de la rosa.
1986(tv-th) Le Printemps (FR) de Pierre Cavassilas (tv) et Denis Guénoun (th)
Télévision française 1 (TF1 23.7.-13.8.86), 420 min./4 parties. - av. Didier Bernard (le pape Clément VII), Nicolas Ramond (Charles Quint), Robert Condamin (le pape Jules II), Patrick La Mauff (Michel-Ange), Josiane Carle (Isabelle de Castille, dite la Catholique), Elisabeth Macocco (Juana la Loca/Jeanne la Folle), Denis Pascual (Philippe le Beau/Felipe el Hermoso de Habsbourg), Dominique Lardenois (Martin Luther), Philippe Vincenot (Copernic), Gilbert Lyon (Johann Tetzel), Laurent Davy (Panfilo de Narvaez), Philippe Granarolo (Christophe Colomb), Jean-Michel Bruyère (Bartolomé de Las Casas).
Vaste fresque historique décrivant le foisonnement de la Renaissance en Europe entre 1492 et 1546, à travers les destinées des papes Jules II, Léon X et Clément VII, d'Isabelle la Catholique et de son fils Charles Quint, de Martin Luther, Copernic, Bartolomé de Las Casas ou Michel-Ange. Captation de la pièce de Denis Guénoun jouée par sa Compagnie théâtrale du Clédar dans l'amphithéâtre du Festival de Châteauvallon (Var) en juillet-août 1985.
1992(vd) Papa Sixto (HR) de Daniel Marusic
Croatia Film (Zagreb)-Julio Clovio, 59 min. - av. Bozidar Alic, Ljubo Kapor, Tomislav Martic, Dragan Milivojevic, Suzana Nikolic, Vanja Drach, Emil Glad, Mise Martinovic, Sinisa Popovic, Marko Torjanac, Zvonimir Torjanac, Zvonimir Zoricic.
Le pape Sixte V (Peretti de Montalto, 1585/1590), ami d'Ignace de Loyola et de Filippo Neri, met fin à l'anarchie socio-politique à Rome, achève le dôme de Saint-Pierre et maintient l'équilibre entre les puissances catholiques.
1992(tv-mus) Rienzi, der letzte der Tribunen (DE) de Karlheinz Hundorf (tv) et Hans Peter Lehmann (th)
Deutsche Oper Berlin-ArtHaus Musik, 156 min. - av. Gerd Brennais (Rienzi), Jeannine Altmeyer (Irene Rienzi), Heinz Petters (Steffano Colonna), Glenys Linos (Adriano Colonna), Carl-Henning Steinhaus (Paolo Orsini), Eduard Wollitz (le cardinal Raimondo Orvieto), Wolfgang Frey (Baroncelli).
Synopsis : Rome est déchirée par les conflits entre familles patriciennes, notamment les Orsini et les Colonns, factions rivales représentées par leurs chefs respectifs, Paolo Orsini et Steffano Colonna. Paolo tente d'enlever la belle Irène, sœur de Cola Rienzi, le notaire du pape. Adriano, le fils de Colonna, accourt pour la défendre, une bataille des rues s'ensuit que le cardinal Raimondo tente vainement de stopper. Doté d'un puissant charisme et d'un grand talent oratoire, Rienzo invite les partis adverses à la trêve et la population comme les légats admiratifs l'enjoignent de mettre un terme à la toute-puissnce des nobles. Assuré de l'appui de l'Église, Rienzi annonce aux Romains sa liberté imminente et le retour prochain du pape à Rome, mais refuse la couronne qui lui est offerte. Il confie sa sœur à Adriano, voyant leur amour partagé. Au Capitole, Rienzi célèbre la liberté du peuple en attendant la confirmation de ses prérogatives par le pouvoir impérial. Il pardonne Orsini et ses complices qui ont tenté de le poignarder, mais sa clémence renforce la colère des nobles et désécurise le peuple. Les nobles graciés font assaut aux portes de Rome mais Rienzi les écrase, on lui apporte les dépouilles d'Orsini et Colonna. Adriano jure de venger son père et déguisé, dresse le peuple contre son idole tandis que l'Empereur et l'Église prennent leur distance. Le cardinal Raimondo Orvieto oppose à Rienzi un acte d'excommunion, la foule prise d'effroi se détourne du tribun, sauf sa sœur Irène. Reclus au Capitole, Rienzi se sait condamné, le peuple incendie le palais. Adriano tente d'arracher Irène aux flammes mais il périt avec sa bien-aimée et le tribun tandis que les nobles mettent le peuple en déroute.
La destinée tragique de Cola di Rienzo (cf. films de 1910 et 1911) est le sujet du troisième opéra achevé de Richard Wagner (1842), le dernier de ses opéras de jeunesse dans lequel l'influence de Meyerbeer se fait encore largement sentir. Pour l'intrigue, le musicien s'est inspiré du roman Rienzi, the last of the Roman tribunes d'Edward Bulwer-Lytton (1835). La partition originale, offerte à Adolf Hitler en 1939, ayant été perdue dans les bombardements de Berlin, les représentations de l'ouvrage se fondent sur divers travaux musicologiques, d'où la rareté de sa mise en scène (cf. aussi captation de 2012/13).
1993[épisode: ] (tv) Inside the Vatican with Peter Ustinov - 3. The Renaissance (CA) de John McGreevy
Jennifer Puncher/Glen-Warren Entertainment-CNBC-Jasmine Multimedia (TVDB 8.12.93), 6 x 50 min. - av. Carlo Croccolo (le pape saint Grégoire Ier, 590>604), Jacques Godin (Charlemagne), Peter Ustinov (narration).
Docu-fiction, d'après un texte de Gary Michael Dault et Peter Ustinov.
1997(tv-df) Federigo da Montefeltro, le condottiere (FR/GB) de Ludi Boeken
Série " Les Chevaliers ", Planète-Raphaël Film-R&B Pictures-BBC-CNC, 50 min. - av. Doyne Byrd (Baldassare Castiglione), Wolf Ellis (Federigo jeune), Freddi Martignette (Federigo da Montefeltro), Canie Gonzales (Battista Sforza), Peter Zander (le pape Sixte IV), Larry Baker (Malatesta).
Docu-fiction sur Montefeltro, duc d'Urbino (1422-1466), condottiere au service de Pie II et de Sixte IV.
1999(vd) Anno Domini 1300 (IT) de Fabiola Ierardi
G. e D., 90 min. - av. Lorenzo Ascanio, Raffaella Turci, Francesco Santangelo, Alessio Senesi, Davide Sirri.
Le marchand Filippo Rossetti, 18 ans, entreprend un voyage de Piacenza à Rome, traverse la Toscane, s'éprend en route d'une châtelaine et fait la rencontre de divers personnages célèbres : Cino da Pistoia, Giotto, Guido Cavalcanti, Giovanni Villani, Duccio di Buoninsegna, Simone Martini, Cecco Angiolieri. Film lauréat du Premio Nazionale Massimo Troisi 1999, et primé au festival de Grado pour décors, costumes et reconstitution. Tourné sur les lieux en Betacam.
2003(tv-df) Die geheime Inquisition - Teil 1 : Feuer des Glaubens (DE) de Jan Peter
Claudia Bissinger/Regina Ziegler Filmproduktion GmbH-ZDF-Arte (ZDF 12.1.03), 45 min. - av. Sylvester Groth (le Grand Inquisiteur Giulio Antonio Santori), Peter Rühring (le cardinal Bellarmin), Robert Wittmers (Giordano Bruno), Dieter Mann, Johannes Kiebranz.
Docu-fiction en trois parties. La première relate les débuts de l'Inquisition romaine (à ne pas confondre avec l'Inquisition d'État espagnole), de sa création en 1542 sous le pape Paul III jusqu'à la condamnation au bûcher du philosophe Giordano Bruno en 1600 (cf. 5.4) et les méfaits du plus terrible Grand Inquisiteur, le cardinal Giulio Antonio Santori (1532-1602) qui sévit pendant 40 ans contre les hérétiques (athées, etc.) et tous les " maudits protestants ", avec plus de 50 condamnations à mort à son actif et d'innombrables séances de torture. C'est le règne du soupçon : le fils dénonçait père, la mère dénonçait sa fille. Tournage à la Landesschule Pforta (Sachse-Anhalt). - Autres épisodes de 45 min. chacun : 2. Kerker des Geistes (XVIIIe s., 19.1.03) - 3. Wächter der Kirche (26.1.03).
2006(tv-df) Secret Files of the Inquisition (Les Dossiers secrets de l'Inquisition) - 3. The War of Ideas / The Sword and the Shield (La Guerre des idées) (CA) mini-série de David Rabinovitch
David Rabinovitch, Kirk Shaw, Mercedes Yaeger/Inquisition Productions, Inc.-Inside Film Studios-New Atlantis-France 5-Vision TV-Beyond International (CTV 1.2.06 / PBS 16.5.07), 50 min. - av. Gumersindo Andrés (le pape Léon X), Raoul Bhaneja (Baldo Lupetino), David Calderisi (un cardinal), José Fernando (Giovanni Pietro Carafa), David Gallardo (Girolamo Donzellino), Ramon Jarabo (Baldo Lupertino), Ron Lea (Giovanni Pietro Carafa / le pape Paul V), Manuel Lopez (Vocenzo Valgrisi), David Martinez (Pomponio Algerio), Nicholas Rice (Francesco Poggini / Donzelino), Paul Tourneur (Iacopo Curzula), Colm Feore (narration).
Au début du XVIe siècle, les idées de Martin Luther se propagent grâce au développement de l'imprimerie. Les villes au commerce florissant, telle Venise, et les grandes universités, telle Padoue, deviennent des carrefours d'idées nouvelles. Les esprits s'émancipent, ce qui inquiète le Vatican. En 1522, le pape Paul III établit donc - en se basant sur les édits de l'Inquisition - la possibilité de pourchasser et de mettre à mort les protestants. Le pape Paul IV s'attaque à la protection des juifs. Le Vatican publie également une liste des livres interdits afin de préserver son autorité sur le monde chrétien. - Une série docu-fictionnelle établie à partir des archives de l'Inquisition, accessibles au Vatican depuis 1998, et tournée à Maderuelo (Espagne) et en Colombie Britannique (Canada). Leur auteur, Rabinovitch, livre de jolis tableautins (l'interprétation est muette, couverte par un commentaire) destinés à attaquer l'Église catholique sans nuances ni explications, dans une perspective purement laïque et moderne. D'où une démonstration superficielle, sinon gratuite. Autres épisodes : 1. Root Out Heretics (La Fin des Cathares) - 2. The Tears of Spain (Les Larmes de l'Espagne). Épisode final : 4. The End of Inquisition (La Fin de l'Inquisition), cf. Italie du XIXe s.
2007(tv-df) Kaiser Heinrich IV - Der Tyrann auf dem Thron (DE) de Dirk Otto
Série " Geschichte Mitteldeutschlands " (saison 9, épis. 3), Ottonia Media GmbH-Mitteldeutscher Rundfunk (MDR 21.10.07), 45 min. - av. Rafael Banasik (Heinrich IV), Arnold Hofheinz (Rudolf von Rheinfelden), Moritz Mack (Heinrich IV jeune), Thomas Neumann (le pape Grégoire VII), Heike Warmuth (Berthe de Turin, épouse de Henri IV).
Empereur du Saint-Empire romain germanique couronné par l'antipape Clément III, Henri/Heinrich IV (1050-1106) comptabilise 50 ans de règne souvent brutal pour défendre son royaume contre l'autorité papale, dont la puissance comme monarchie centraliste progresse dangereusement. En 1076, il déclenche la querelle des Investitures, conflit qui oppose la papauté (en l'occurence Grégoire VII) et le Saint-Empire et aboutira à une victoire provisoire du spirituel sur le temporel. Les clercs ont écrit son histoire et l'ont dépeint comme un monstre sanguinaire et sadique, mais est-ce la vérité ? Petra Bertram enquête pour brosser un portrait plus nuancé, mais néanmoins négatif du monarque. Docu-fiction tourné au château de Canossa (Emilia-Romagna), Ermsieben, Quedlinburg, Schadenleben, la collégiale de St. Cyriaque à Gernrode (Sachse-Anhalt), Goslar, Harzburg (basse Sachse), Kaiserswerth (Westphalie), Speyer (Palatinat).
2008(tv-df) Heinrich und der Pabst (DE) de Christian Twente (fict.), Stephan Koester et Robert Wiezorek (doc.)
Série " Die Deutschen " (saison 1, épis. 2), Peter Arens, Guido Knopp/Gruppe 5 Filmproduktion Köln-Castel Film Romania-ZDF (ZDF 26.10.08), 43 min. - av. Mickey Hardt (Heinrich IV), Gabriel Spahlu (le pape Grégoire VII), Hans Mittermüller (narrateur).
Docu-fiction sur la querelle des Investitures entre le pape Grégoire VII et Henri IV, empereur du Saint-Empire. Excommunié, lâché par ses princes, l'empereur fait pénitence à Canossa en 1077. Tournage à Budapest.
2009/10Palestrina - princeps musicae (DE/IT) de Georg Brintrup
Wulf-Ernst Hoffer/Lichtspiel Entertainment (tv 15.3.10), 52 min. - av. Daniele Giuliani (Giovanni Pietro Aloysi, dit Pierluigi da Palestrina), Bartolomeo Giusti (Palestrina âgé), Giorgio Colangeli (Leonardo Barré), Franco Nero (Domenico Ferrabosco), Jobst Grapow (le cardinal Vitelli), Patrizia Bellezza (Virginia Dormuli), Pasquale Di Filippo (Giovanni Severini), Domenico Galasso (Iginio), Stefano Oppedisano (Annibale), Remo Remotti (Filippo Neri).
Formé comme enfant de chœur par Costanzo Festa, Palestrina (1525-1594), bientôt le plus important compositeur polyphonique européen, modernise la musique à l'ombre de l'Église romaine. Nommé " chanteur pontifical " à vie par le pape Jules III, la plus haute position à Rome pour un musicien de l'époque, Palestrina se sent, à trente ans, au sommet de sa carrière. Mais la jalousie du pape suivant, Paul IV, et celle de ses confrères chanteurs lui font perdre le titre. Congédié, choqué, il réalise que le clergé romain s'intéresse plus à la politique laïque qu'à la spiritualité de la musique et le pousse à développer un art polyphonique qui " libère " la musique. Filmé à L'Aquila (Abruzzes) et à Rome.
2009(vd-mus) Palestrina (DE) de Karina Fibich (vd) et Christian Stückl (th)
EuroArts Music International (München), 197 min. - av. Christopher Ventris (Giovanni Pierluigi da Palestrina), Peter Rose (le pape Pie IV), Roland Bracht (le cardinal Christoforo von Madruscht, prince-évêque de Trente), Michael Volle (le cardinal Giovanni Morone, légat papal), John Daszak (le cardinal Bernardo Novagerio, légat papal), Falk Struckmann (le cardinal Carlo Borromeo), Christiane Karg (Ighino, fils de Palestrina).
Opéra en trois actes de Hans Pfitzner (1915). En 1562, en marge des cessions générales du Conseil de Trente qui prévoient diverses réformes, et en raison de la laïcité croissante, le pape Pie IV envisage de bannir la polyphonie de la messe et des autres offices pour revenir au chant grégorien. Palestrina, âgé et las, refuse une nouvelle commande et le cardinal Borromeo menace de le faire pendre. Son fils Ighino lui sauve la vie en faisant chanter sa dernière création polyphonique, la Missa Papae Marcelli qui enthousiasme le Vatican.
2010(tv) Preferisco il paradiso (IT) mini-série de Giacomo Campiotti
Matilde et Luca Bernabei, Sara Melodia, Daniele Passani/RAI Televisione-RAI Fiction-LuxVide-RAI Trade (RAIuno 20+21.9.10), 222 min. - av. Gigi Proietti (saint Filippo Neri), Roberto Citran (le cardinal Capurso), Sergio Fioretini (le pape Clément VIII), Paolo Paoloni (le pape Grégoire XIII), Francesco Salvi (Persiano Rosa, confesseur), Sebastiano Lo Monaco (le prince Nerano), Francesca Chillemi (Ippolita), Josafat Vagni (Mezzapagnotta), Francesca Antonelli (Zaira), Niccolo Senni (Pierotto), Adriano Braidotti (Alessandro), Toni Mazzara (Galeotto Caccia).
Né à Florence, saint Filippo Neri (1515-1595) réside à Rome pendant 60 ans (depuis 1570) où on le surnomme " il santo della gioia " ou " Pippo il buono ". Venu pour s'embarquer pour les Indes avec son ami Ignace de Loyola, il reste sur place et se consacre à l'éducation des enfants de rues de Rome, organise un hôpital pour les pauvres et développe le catéchisme, ramène à la vie son ami et confesseur accidenté Persiano Rosa, le temps de lui donner l'absolution, etc. Fondateur de la Congrégation de l'Oratoire, Neri est une figure importante de la Contre-Réforme catholique entreprise avec le concile de Trente. Quand Clément VIII lui demanda s'il voulait devenir cardinal, il répondit qu'il préférait le Paradis... Canonisé en 1622. Cf. aussi le film State buoni se potete de Luigi Magni en 1983. - ES: Prefiero el paraíso, US: Saint Philip Neri : I Prefer Heaven.
2012/13(tv-mus) Rienzi, le dernier des tribuns (FR) de Jorge Lavelli (th) et Denis Caiozzi (tv)
Théâtre du Capitole (Toulouse)-Opus Arte (FR3 8.12.13), 180 min. - av. Torsten Kerl (Cola Rienzi), Marika Schönberg (Irène Rienzi), Richard Wiegold (Steffano Colonna), Stefan Heidemann (Paolo Orsini), Daniela Sindram (Adriano Colonna), Robert Bork (le cardinal Raimondo Orvieto), Marc Heller (Baroncelli), Leonardo Neiva (Cecco del Vecchio), Jennifer O'Loughlin (le messager de paix).
Enregistré au théâtre du Capitole de Toulouse avec le choeur de la Scala de Milan (30.9.12). A Rome au XIVe s., le notaire du pape, Cola Rienzi, use de ses talents d'orateur pour instaurer la République. Il doit aussitôt affronter l'opposition des nobles qui finiront par avoir sa peau. L'opéra en cinq actes de Richard Wagner, cf. autre captation en 1992.
2016(tv-df) The Inquisition (US/SK) mini-série de Stefano Mazzeo
Stefano Mazzeo, Ellen Plumridge, John Elson, Doug Keck/Eternal Word Television Network EWTN (South Texas Catholic Television Network)-EWTN TV Channel (Irondale, Alabama)-Lux Communication (Crusade Channel / EWTN 26-29.10.16), 180 min. (4 parties). - av. Jan Dubin (le pape Bénédict XIII), Roger Scopie (saint Thomas More), Pavol Senik (Jean Calvin, chasseur de sorcières), John Atterbury (un théologien), Julius Benko (saint Irénée), Chris King (le comte Raymond de Toulouse), Emma Hawkins (Mary Stuart), Jeff Baynham (un hérétique cathare), David Benjamin (un Parfait cathare), Carla Brain (une cathare euthanasiée), Andrew N. Hill (Galilée), Robin Ingram (le cardinal et Grand Inquisiteur), Lynn Robertson Hay (une sorcière condamnée), Richard Squires (un scribe).
D'inspiration catholique intégriste à la sauce américaine, ce docu-fiction en 4 parties cherche à corriger l'image négative de la Sainte Inquisition, cette " légende noire " fabriquée jadis par les protestants et les Lumières, et à justifier ses diverses et si salutaires initiatives dans le passé. Ainsi, en Espagne, l'Inquisition aurait été très utile pour débusquer " faux chrétiens ", juifs ou musulmans convertis à la Vraie Foi pour faire fortune, noyauter l'autorité ou acquérir des avantages socio-politiques en tous genres... Bref, ces faussaires méritaient leur punition et il fallait bien essayer de sauver leurs âmes. Voilà qui explique tout. Filmé en Europe, en Espagne (Avila, Salamanque, Cordoue, Séville, l'Escorial), en Grande-Bretagne (Leicester, Kenilworth Castle, Woking), en Écosse (Edinbourg), en France (Languedoc, Carcassonne) et en Slovaquie (Domaniza).
2019(tv) The Name of the Rose / Il nome della rosa / Der Name der Rose / Le Nom de la Rose (IT/FR/DE) mini-série de Giacomo Battiato
Carlo Degli Esposti, Matteo Levi, Nicola Serra/11 Marzo Film-Palomar-RAI Fiction-Tele München Group (RAI Uno / Sky TV / Orange Séries / OCS Max 4.3.-25.3.19), 8 x 52 min. - av. Rupert Everett (Bernardo Gui, Grand Inquisiteur), John Turturro (William of Baskerville), Damian Hardung (Adso de Melk), Michael Emerson (l'abbé Abbassano da Fossanova), Fabrizio Bentivoglio (Remigio de Varagine), Rinat Khismatouiline (le cardinal du Pouget), Greta Scarano (Anna), James Cosmo (Jorge), Tchéky Karyo (le pape Jean XXII), Richard Sammel (Malachia da Hildesheim), Roberto Herlitzka (Alinardo da Grottaferrata), Fausto Maria Sciarappa (Nicola da Morimondo), Maurizio Lombardi (Berengario da Arundel).
Endosser la bure d'Umberto Eco après Jean-Jacques Annaud qui adapta avec tant de virtuosité son best-seller trente ans plus tôt (cf. supra, 1986) est un pari qu'Andrea Porporati, Giacomo Battiato et Nigel Williams assument avec application à défaut de génie. La vedette des frères Coen, John Turturro, reprend le rôle de Sean Connery. La mini-série, cette fois fortement " italianisée ", n'approche jamais la splendeur visuelle, la virtuosité narrative ou le climat inquiétant du film d'Annaud, mais le développement des enjeux historico-théologiques et la nette valorisation des personnages féminins enrobent l'intrigue principale de façon plutôt convaincante. L'adaptation étire le roman en 8 épisodes, lui invente de nombreux apartés et expose le contexte historique à coups de panneaux (la chrétienté divisée entre l'autorité du pape Jean XXII et celle de l'empereur Louis IV de Bavière) ; elle étoffe aussi un peu maladroitement (en une sorte de contre-champ au récit du roman) les personnages secondaires, du terrible inquisiteur Bernardo Gui à la femme dont tombe amoureux Adso, etc. L'ensemble reste toutefois mois inquiétant et intense que le film d'Annaud. Le tournage s'étire de janvier à mars 2018 en studio à Cinecittà, puis dans le Latium (basilique de Santa Maria in Cosmedin et Manziana à Rome, château Orsini-Odescalchi à Bracciano, parc archéologique du Tuscolo à Monte Purzio Catone, parc de Vulci à Montalto di Castro), les Abruzzes (château de Roccascalegna à Chieti, Gole di Fara San Martino, Roccamorice) et en Ombrie (Pérouse, Bevagna). Grand succès cathodique, la mini-série est vendue dans 132 pays ! - ES : El nombre de la rosa.