III - L’ITALIE

8. LE MONDE DES ARTS

8.5. Benvenuto Cellini

Graveur, orfèvre, sculpteur et aventurier florentin (1500-1571). Son exubérante autobiographie, Vita di Benvenuto di Maestro Giovanni Cellini fiorentino, scritta per lui medesimo, in Firenze (1562, publié en 1728) a inspiré un opéra à Hector Berlioz (Benvenuto Cellini, 1938), un roman historique à Alexandre Dumas (L'Orfèvre du roi, ou Ascanio, 1843) et un 'melodramma semiserio' à Lauro Rossi (Cellini a Parigi, v. 1845).
1903Benvenuto Cellini ou Une curieuse évasion (FR) de Georges Méliès
Star Film, Paris (no. 560-561), 55 m.
Cellini, sculpteur du roi [sic], est emprisonné dans un donjon pour n'avoir rien produit depuis longtemps qui plaise à Sa Majesté et il y restera jusqu'à ce qu'il se remette sérieusement au travail. Une ravissante créature dans une pose pleine de grâce lui apparaît, le temps d'en faire une sculpture. Le roi et le geôlier viennent pour l'exécuter, mais ils sont si fascinés par le modelage de Cellini qu'ils en oublient leur prisonnier ; celui-ci prend la fuite en verrouillant la porte derrière lui. De rage, le roi écrase le modelage sur la tête du geôlier. (Film perdu.)
1909Benvenuto Cellini (FR) de Camille de Morlhon
Pathé Frères S.A. (Paris) no. 2474, 310 m. - av. Constant Remy (Benvenuto Cellini).
1910Benvenuto Cellini (FR) d'Etienne Arnaud
Société des Établissements L. Gaumont S. A. (Paris), 329 m. - av. Alice Tissot.
1918® Lorenzaccio (IT) de Giuseppe De Liguoro. - av. Camillo Talamo (Benvenuto Cellini). - cf. chap. 4.7
Fredric March et Constance Bennett batifolent dans « The Affairs of Cellini » (1934).
1934* The Affairs of Cellini / The Firebrand (Les Amours de Cellini / Benvenuto Cellini) (US) de Gregory La Cava
Darryl F. Zanuck, William Goetz, Raymond Griffith/20th Century Pictures, Inc., 89 min. - av. Fredric March (Benvenuto Cellini), Constance Bennett (Marguerite d'Autriche, duchesse de Florence), Frank Morgan (Alessandro de' Medici, duc de Florence), Fay Wray (Angela), Louis Calhern (Ottaviano, cousin du duc), Vince Barnett (Ascanio), Jessie Ralph (Béatrice), Jay Eaton (Polverino), Paul Harvey (l'émissaire), Jack Rutherford (le capitaine de la garde), Ward Bond (un garde), Lucille Ball (une dame de compagnie).
Synopsis : A Florence, Cellini est un artiste-orfèvre davantage intéressé par les épouses des autres que par sa carrière, ce qui lui vaut de nombreux duels, suivis parfois d'une issue fatale. Le duc Alessandro, maître libidineux de la ville, et son cousin Ottaviano voudraient se débarrasser de cet orfèvre aussi réputé qu'encombrant ; alors que le duc est sur le point de signer son arrêt de mort, la duchesse lui rappelle qu'il a commandé à Cellini un service d'assiettes en or, indispensable à un grand banquet, et que le travail n'est pas terminé. Comme Ottaviano insiste pour faire pendre Cellini, ce dernier présente au duc son modèle favori, la jolie Angela, qui lui fait tourner la tête. De son côté, la duchesse toujours intrigante est prise d'un caprice pour Cellini et lui commande une clé d'or pour son palais d'été. La nuit, croyant son épouse installée dans ses appartements d'hiver, Alessandro séduit Angela qui ne se défend pas et l'appelle affectueusement " Bumpy ". Cellini visite la duchesse qui cherche d'abord à l'humilier ; fâché, l'artiste s'enfuit en enlevant Angela. Sa tête est mise à prix, il est capturé et amené dans la salle des tortures. La duchesse, à présent follement amoureuse, convainc son mari de laisser Cellini en vie pour éviter un soulèvement populaire. Cellini s'engage à terminer sa commande de vaisselle pour le banquet et d'y amener Angela que le duc présente comme la fiancée de l'orfèvre. Jalouse, la duchesse verse du poison dans le vin de Cellini, mais ce dernier échange sa coupe contre celle d'Ottaviano qui s'effondre, mort. Lorsqu'Angela appelle le duc par son petit nom coquin, " Bumpy ", la duchesse feint l'indignation et emmène Cellini avec elle pour qu'il lui construise une nouvelle fontaine dans son palais d'hiver - tandis qu'Alessandro se cantonne dans sa résidence d'été avec Angela.
Comédie délirante et loufoque de l'excentrique Gregory La Cava, un des maîtres de la facétie sophistiquée hollywoodienne dans les années 1930 (un temps l'égal d'un Frank Capra ou Leo McCarey), le film n'a évidemment aucun rapport avec la vérité historique. Le couple ducal de Toscane qui protégeait Cellini à Florence était formé de Cosme Ier Médicis et d'Éléonore de Tolède, mais qu'importe puisque Cellini, ici, n'est jamais occupé à ciseler quoi que ce soit. L'argument est tiré de The Firebrand, une pièce coquine d'Edwin Justus Mayer (futur scénariste de Desire de Borzage et de To Be Or Not To Be de Lubitsch) parue en 1924 et à laquelle le Hays Office dirigé par Joseph Breen, chargé de surveiller toute adaptation à l'écran, a mis immédiatement son veto. En vain, puisque dix ans plus tard, le jeune Darryl F. Zanuck, producteur débutant et indépendant de Century Pictures, passe outre, d'abord en refusant de rejoindre l'organisme national d'autocensure de la M.P.P.D.A., puis en modifiant le titre du film et en affirmant n'avoir retenu que deux scènes de la pièce. Il raccourcit juste quelques étreintes trop explicites (tournage en février-mars 1934 aux studios United Artists). Les censeurs fulminent, Breen parle d'un spectacle " lascif " et " dépravé " encourageant la " promiscuité sexuelle " et l'adultère. Le film est blacklisté par le puissant diocèse catholique de Chicago tandis que la " Legion of Decency " du cardinal George W. Mundelein le condamne pour " immoralité " et promet la " damnation éternelle " à ceux qui iront le voir. Le blocus des milieux catholiques finit par faire son effet, et le film - qui a coûté 549'000 $ - perd de l'argent. N'empêche, pourvu de rebondissements incessants, de dialogues savoureux et de mouvements de caméra endiablés, il récolte d'excellentes critiques et quatre nominations à l'Oscar (Frank Morgan, décors, photo et son). Fredric March y campe un voyou fanfaron, hédoniste et ferrailleur toujours dépassé par les événements, devant faire face à une duchesse-tigresse aussi hypocrite que charmante, à un vieil abruti de duc (délicieux Frank Morgan, qui tenait déjà ce rôle sur scène à Broadway) et à une irrésistible gourde opportuniste (Fay Wray rescapée de King Kong). Initialement, Zanuck voulait Charles Laughton, l'égrillard Henri VIII du vaudeville historique d'Alexander Korda, pour le rôle d'Alessandro, mais le comédien n'était pas libre. En mars 1945, la pièce d'E. J. Mayer sera transformée en musical à Broadway sous le titre de The Firebrand of Florence, avec une musique de Kurt Weill et des paroles d'Ira Gershwin. Enfin, le 27 mai 1946, le " Screen Guild Theater " diffusera une version radiophonique du film, à nouveau avec Frank Morgan. - AT : Alles liebt, alles lügt, IT : Gli amori di Benvenuto Cellini, ES : El burlador de Florencia.
1935® Lorenzino de' Medici (IT) de Guido Brignone. - av. Raimondo Van Riel (Benvenuto Cellini). - cf. chap. 4.7
1939/40Sei bambine e il Perseo [Six fillettes et Persée] (IT) de Giovacchino Forzano
Giovacchino Forzano/Pisorno Cinematografica, 100 min. - av. Augusto Di Giovanni (Benvenuto Cellini), Mariu Gleck (Liberata Cellini, sa sœur), Elena Zareschi (Vivalda, sa fille), Manlio Manozzi (Cosimo de' Medici, duc de Florence), Carla Candiani (la duchesse de Florence, son épouse), Alfredo Robert (le sculpteur Baccio Bandinelli), Giulio Paoli (Francesco Riccio), Giuseppe Addobati (Rinuccio, un jeune sculpteur), Leo Chiostri (Marco, son père), Silvo Bagolini (Bernardino, domestique des Cellini), Stefano Sciaccaluga (Torbo).
Synopsis : En 1545, après avoir passé une longue période à la cour de François Ier, Benvenuto Cellini revient à Florence pour s'occuper de sa sœur, veuve et mère de six filles. Cellini a peu d'amis sur place, son ennemi, le sculpteur Baccio Bandinelli, l'a vilipendé à la cour des Médicis. Le duc Cosme Ier lui commande néanmoins une statue à ajouter aux chefs-d'œuvre (dont le " David " de Michel-Ange) qui ornent déjà la Piazza della Signoria, " Persée tenant la tête de Méduse ". Le mythe de Persée représente le triomphe sur la monstruosité, son héros ne craint aucun adversaire et triomphe de toutes les épreuves. Cellini décide de créer une statue de bronze d'art vide et haute de six mètres, de la couler en un seul bloc pour éviter toute soudure, enfin de placer son œuvre sur un socle de bas-reliefs rappelant différents aspects du mythe. La technique de la fonte d'une statue de pareille dimension étant perdue depuis l'Antiquité, l'artiste procède durant cinq ans à des expériences délicates qui mettent la patience de son commanditaire à rude épreuve, d'autant plus que son entourage monte plusieurs cabales pour démontrer que le projet est insensé et irréalisable. En une nuit, au cours d'un orage effrayant, Cellini, assisté de quelques élèves et de ses six petites nièces, procède avec succès à la fonte de la statue, une réussite artistique magistrale et une prouesse technique qui serviront d'exemple aux Italiens pour toutes les difficultés auxquelles ils devront faire face à l'avenir... (En réalité, le dévoilement de la statue n'aura lieu qu'en 1554.)
Tourné en septembre 1939 dans les studios Pisorno à Tirrenia, le film est écrit, produit (dans ses propres studios) et réalisé par Giovacchino Forzano, un auteur dramatique toscan, avocat, ex-directeur et metteur en scène de la Scala à Milan et, accessoirement, ami personnel de Mussolini ; à l'écran, Forzano a célébré les " Chemises noires " fascistes en 1933 (Camicia nera) et l'" homme providentiel " de la Nation sous les traits de Napoléon en 1935 (Campo di maggio / Les Cent Jours). Son film sur Cellini s'inscrit dans la liste des " gloires de l'histoire italienne ", mais prend une coloration particulière à l'aube de la Deuxième Guerre mondiale. Alors qu'au Cinquocento, le " Persée " de Cellini devait représenter la victoire des Médicis sur les républicains de Florence qui les avaient expulsés de la ville en 1494, il devient à présent, à travers la longue séquence finale de la fonte à laquelle participent trois générations, un modèle d'union nationale, d'inspiration et d'efficacité à l'heure où toute l'Europe s'enflamme. - DE : Flammen in Florenz.
1952(tv) Benvenuto Cellini (VE) de Luis Alberto Negro
Série " Biografias de grandes artistas ", Venezolana de Televisión (VTV), Caracas. - av. Tercile Biaquier, Horacio Delfino, Pilar Santaularia.
1952/53(tv) The Florentine Apprentice - 2. The Florentine Painting - 3. The Florentine Bronze - 4. The Florentine Fresco (GB) mini-série de Rex Tucker
" The Children's Television ", Rex Tucker/BBCtv (BBC 11.1.+5.6.+20.11.52+25.6.53), 4 x 40 min. - av. Andrew Faults/Laurence Hardy/Max Brimmell (Alessandro de' Medici, duc de Florence), Olive Gregg (Marguerite d'Autriche, duchesse de Florence), John Slater/Peter Coke (Benvenuto Cellini), Antony Kearey (Andrea d'Agnolo), Roger Maxwell (Charles Quint), Neil Wilson/Oliver Burt (le sculpteur Baccio Bandinelli), William Strange (Lorenzo), Erik Chitty (Riccio), David Spenser (Rossi, l'apprenti), Randal Herley (Romano), Patrick Troughton (le peintre Giulio Vecchietto), Douglas Blackwell (Francesco), Leslie Crowther (Marco), Andrea Lea (Luciana), Patricia Lowi (Maria).
Programme pour la jeunesse : Benvenuto Cellini encourage son apprenti Rossi à se lancer dans la sculpture, puis conseille le duc de Florence pour organiser l'accueil annoncé de Charles Quint dans la cité et l'impressionner par la richesse de son patrimoine.
1953® Il sacco di Roma (IT) de Ferrucio Cero. - av. Luigi Tosi (Benvenuto Cellini). - cf. chap. 6.1
Cellini (Brett Halsey) défend le château Saint-Ange (« Il magnifico avventuriero »).
1963* Il magnifico avventuriero / Le avventure di Benvenuto Cellini / El magnifico aventurero / L'Aigle de Florence (IT/ES/FR) de Riccardo Freda
Ermanno Donati, Luigi Carpentieri/Panda Società per l'Industria Cinematografica Sp.A. (Roma)-Hispamer Film (Madrid)-Les Films du Centaure (Paris), 93 min. - av. Brett Halsey (Benvenuto Cellini), Françoise Fabian (la comtesse Lucrezia Frangipani), Claudia Mori (Piera), Giampiero Littera (Francesco Cellini), Rossella Como (Angela), Jacinto San Emeterio (François Ier), Diego Michelotti (Charles Quint), Andrea Bosic (Michelangelo), Bernard Blier (le pape Clément VII), José Nieto (Charles III, Connétable de Bourbon), Elio Pandolfi (un comédien), Felix Defauce (le comte Frangipani), Umberto D'Orsi (Cosimo de' Medici, grand-duc de Toscane).
Synopsis : Le jeune Cellini veut réaliser une œuvre qui lui permettrait de gagner le concours organisé par Cosme de Médicis. Pour cela, aidé de son frère Francesco, il vole de l'or et des bijoux dans la boutique de l'orfèvre Bandinelli. Le vol est découvert, mais grâce à l'appui de Michel-Ange, Cellini gagne tout de même le prix. Oubliant sa promesse de mariage à sa fiancée Angela, il crée un atelier pour y sculpter une statue de Persée en honneur du grand-duc. Bandinelli et ses amis incendient l'atelier, Benvenuto et son frère fuient la Toscane. Remarqué par François Ier, le sculpteur est engagé pour escorter à Rome le comte et historien Frangipani. En cours de route, il séduit la belle Lucrezia, l'épouse du comte, et s'attache le service de sa camériste, Piera. Le pape Clément VII le charge de battre monnaie, mais Cellini mélange un peu trop le plomb et l'or et prend quelques libertés avec le trésor papal. Il échappe à la pendaison grâce au siège de Rome par les réitres de Charles Quint que commande le fourbe connétable de Bourbon ; Cellini organise la défense du château de Saint-Ange en 1527, mais ne peut empêcher le sac terrible de la ville. Cellini arquebuse le connétable qui a pillé, incendié et volé à l'insu de l'empereur, puis, chargé par le pape d'une offre de paix, il parvient à le transmettre à Charles Quint sous un déguisement de moine tout en trucidant les traîtres qui ont livré la Ville Sainte à l'ennemi. Grâcié, Cellini retourne à Florence aux côtés de Piera, qu'il épouse, et il y parachève son œuvre maîtresse : Persée tenant la tête coupée de la Méduse.
Un récit à la Alexandre Dumas, aux surprises et rebondissements constants, puis qui s'emballe à partir du siège de Rome dans une cascade de scènes aux coloris remarquablement choisis et de fort beaux mouvements de grue pour recréer les horreurs du saccage de la ville par les mercenaires luthériens. Cellini a effectivement affirmé avoir tué le connétable Charles III, duc de Bourbon, et blessé Philibert de Châlon, prince d'Orange. La dernière séquence, où " l'homme aux mille vies " travaille d'arrache-pied à la fonte de son Persée et jette au feu tout ce qui peut brûler, ne manque pas de panache. Dans le régistre satirique, on n'est pas près d'oublier le défi inqualifiable que lance le duc de Florence à ses médecins et prélats bouleversés en inaugurant avec audace une baignoire (il garde ses pantalons) et en prophétisant qu'à l'avenir, ses compatriotes l'imiteront au moins une fois par an ! Freda tourne en Cinemascope et Technicolor avec un budget serré en mars-avril 1963 aux studios romains d'IN.CI.R-De Paolis, en extérieurs à Florence (Palazzo Vecchio, Loggia dei Lanzi), à Rome (château Saint-Ange, Castello e Borgo d'Ostia Antica), à Bracciano (château Odescalchi, Tenuta Vita Grande) et en Espagne (monastère royal de Santa María d'El Paular à Rascafría). L'attachant Cellini campé par l'Américain Brett Halsey, qui fut Don César de Bazan dans Le sette spade del vendicatore / Sept épées pour le roi de Freda en 1962, est à la fois un artiste et un spadassin fougeux (mais sans longue barbe), et Françoise Fabian, veuve du cinéaste Jacques Becker, resplendissante en comtesse délaissée, se laisse séduire avec élégance. Un somptueux album d'images plein de malice et de clins d'œil, très représentatif du talent particulier de Freda et de ses sympathies pour des aventuriers anarchistes à la limite de la légalité. - US : The Burning of Rome, DE : Mit Faust und Degen.
1968(tv) My Name Is Benvenuto Cellini (GB) de Christopher Burstall
Série " Omnibus " saison 1, épis. 8 (BBC1 21.5.68). - av. Peter Vaughan (Benvenuto Cellini), Darryl Read (l'apprenti). - Cellini commente lui-même ses exploits, texte tiré de son autobiographie.
1972(tv) Benvenuto Cellini (IT/FR/BE/HU/CH/DE) de Marcello Baldi
Série " Les Grandes Évasions historiques / Les Évasions célèbres / Le Evasioni Celebri ", Vittorio Barattolo, Aldo Scavarda/ Difnei Cinematografica (Roma)-ORTF-Société Nouvelle Pathé Cinéma-Hungarofilm-RTB (Bruxelles)-SSR (TF1 30.10.72), 55 min. - av. Gianni Garko (Benvenuto Cellini), Patricia Valturri (Lelia), Maria Pia Nardon (Pantassilea), Mario Scaccia (Messire Giorgio, grand-maître du château Saint-Ange), Nino Segurini (Pier Luigi Farnese), Giorgio Serioni (le peintre Albertaccio Del Bene), Giulio Girola (le procureur), Claudio Gora (le pape Paul III), Marcello Bonini Olas (le cardinal Luigi/Alvise Cornaro), Aldo Rendine (le moine).
Synopsis : Cellini a été rappelé à Rome par le pape Clément VII pour créer un bijou en or, magnifique fermail pour sa chape. La commande lui a attiré l'inimitié d'un autre orfèvre, Pompeo de' Capitanis, qui le provoque publiquement. Cellini assassine le rival jaloux en pleine rue, mais sa fille exige vengeance. Protégé un temps par le nouveau pape, Paul III, il est finalement accusé en 1540 d'avoir volé des pierres précieuses appartenant au trésor papal durant le siège de Rome (1527). Emprisonné, mais s'estimant victime d'une injustice, Cellini réussit à s'échapper ; il se fracture cependant la jambe, est de nouveau arrêté et enfermé au château Saint-Ange, où il peut travailler. Il n'en sortira que plusieurs mois plus tard, grâce à l'intervention d'Hippolyte II d'Este, cardinal de Ferrare.
1987* (tv-mus) Benvenuto Cellini (IT) d'Elijah Moshinsky (th) et Ilio Catani (tv)
Teatro Comunale di Firenze (" 50 Maggio Musicale Fiorentino ")-RAI Radiotelevisione Italiana (RAI 28.4.87), 110 min. - av. Chris Merritt (Benvenuto Cellini), Jules Bastin (Giacomo Balducci, trésorier du pape), Cecilia Gasdia (Teresa Balducci, sa fille), Victor Braun (le sculpteur Fieramosca), Elena Zilio (Ascanio, l'apprenti de Cellini), Agostino Ferrin (le pape Clément VII), Francesco Memeo (Francesco), Roberto Scaltriti (Bernardino),Giorgio Giorgetti (un hôte), Augusto Frati (le spadassin Pompeo), Silvia Luzzi (Colombina), Franco Difranescantonio (Arlecchino), Peppe Barile (Pasquarello), Konstantin Damianov (Cassandro).
Première captation de l'opéra en deux actes d'Hector Berlioz, sur un livret de Léon de Wailly et Henri Auguste Barbier (1838). - Synopis : Rome en 1533, pendant les trois jours du carnaval. Le pape Clément VII consulte son trésorier Giacomo Balducci afin de déterminer la commission à donner à Cellini pour la création d'une statue de Persée. Balducci aurait préféré Fieramosca comme sculpteur, aussi parce qu'il espère le voir épouser sa fille Teresa. Le pape décrète que la fonte de la statue doit être terminée le lendemain. Au même moment, Cellini courtise Teresa et lui propose de l'enlever à la fin du carnaval avec l'aide de son assistant Ascanio, tous deux déguisés en moines, et de se réfugier à Florence. Caché dans la pièce, Fieramosca a entendu les confidences des amoureux et Balducci, qui le surprend, le fait jeter dans la rue tandis que Cellini disparaît de son côté. Balducci et son spadassin Pompeo se sont également déguisés en moines pour s'emparer de la jeune fille mais au cours de l'échaufourrée, Cellini poignarde Pompeo. Fieramosca est arrêté par erreur à la place de son rival. Ayant vérifié l'état d'avancement de la statue, Clément VII offre de pardonner le crime de Cellini et de le laisser épouser Teresa s'il peut finir la statue avant minuit. Autrement, il sera pendu. Fieramosca et ses hommes de main tentent vainement de saboter le travail. En manque de métal pour alimenter le creuset, Cellini sacrifie dans la fournaise toutes ses œuvres d'art entreposées et, satisfait du résultat, le pape pardonne à l'artiste, qui peut épouser Teresa. - Un récit très romancé qui fut mal accueilli par le public français, au point où Benvenuto Cellini, ni opéra comique ni drame, passa longtemps pour une " œuvre maudite " de Berlioz : aucune production parisienne entre 1838 et 1972 (Palais Garnier), rien non plus entre 1972 et 1993 (Opéra de Paris/Bastille) ; Franz Liszt la dirige à Weimar en 1852. À sa création sous Louis-Philippe, la censure parisienne refusa qu'un pape apparaisse sur scène et Berlioz le remplaça par le cardinal Salviati (le pape Clément VII n'apparaîtra qu'à compter de 1966). La présente captation, sous la direction musicale de Vladimir Fedoseev, offre une mise en scène somptueuse avec des décors et costumes Renaissance conçus par le compositeur, peintre et écrivain florentin Sylvano Bussotti.
1990** (ciné+tv) Cellini - una vita scellerata / Cellini - una vita violenta / Cellini - L'Or & le Sang / Cellini - A Violent Life (IT/FR/DE/GB) film et mini-série de Giacomo Battiato
Raffaello Monteverdi, Ritza Brown/Leader Cinematografica-RAI due Radiotelevisione Italiana-Cinémax-Beta Taurus GmbH (München) (RAI due 4.3.92), 118 min. / série : 92, 75 et 87 min. - av. Wadeck Stanczak (Benvenuto Cellini), Sophia Ward (Sulpizia / Porzia), Max von Sydow (le pape Clément VII), Bernard-Pierre Donnadieu (François Ier), Sylvie Granotier (Diane de Poitiers), Ben Kingsley (Castellano, gouverneur de la prison), Ennio Fantastichini (Cosimo de' Medici, duc de Florence), Sara Bertelà (Caterina de' Medici), Amanda Sandrelli (Pantasilea), Maurizio Donadoni (le peintre Rosso Fiorentino), Tony Vogel (le sculpteur Baccio Bandinelli), Lorenza Guerrieri (Faustina), Gianni Garofalo (l'architecte et peintre Giulio Romano), Armando Bandini (le trésorier), Florence Pernel (Catherine), Pamela Villoresi (Fiore), Marne Maitland (le cardinal aveugle), Luigi Di Fiore (Pierluigi Farnese), Malka Ribowska (la grand-mère de Catarina de' Medici), Jean-Paul Muet (le juge), Gianluca Valerio (Paolino), Valentina Lainati (Maddalena), Geoffrey Carey (Montluc), Yves Collignon (Monsieur de Marmaignes), Sebastiano Lo Monaco (Renzo de Ceri), Donald O'Brien (l'ermite Bernardino), Ted Rusoff (Alessandro Farnese, le pape Alexandre III), Florence Thomassin (Madame d'Estampes), Luigi Amodeo (Gherardo), Michel Anzun (Rabelais).
Synopsis : À Florence en 1545, où il vit avec sa fidèle servante-amante Fiore, Cellini présente son projet d'une statue géante de Persée au duc Cosme Ier de Médicis, projet ambitieux dont il attend enfin la gloire mais qui est vivement critiqué par son rival Baccio Bandinelli. Créateur torturé, violent, instable et impulsif, Cellini sort son poignard et menace Bandinelli, puis repense à son passé tumultueux... Jadis, en 1523, il avait réussi à s'introduire auprès du pape Clément VII et obtenir des commandes pour divers travaux d'orfèvrerie, ce qui lui permit d'ouvrir une boutique et d'être plus tard nommé graveur de l'atelier papal. Il avait alors failli tuer un autre orfèvre rival et avait dû fuir Florence ... Cosme est indécis, jugeant le moulage de la statue de Persée impossible et l'orfèvre compare le duc à son mécène précédent, le pape Clément VII qu'il sauva en participant courageusement en 1527 à la défense de Saint-Ange contre l'envahisseur lors du terrible sac de Rome, puis en tuant d'un coup de feu le commandant ennemi, le connétable Charles de Bourbon. Le pape l'avait chargé de retirer les pierres précieuses de sa croix pectorale et de faire fondre l'or d'autres pièces du trésor de Saint-Pierre afin de pouvoir payer la rançon exigée par les lansquenets pour se retirer. Paul III, le nouveau pape, le fit alors emprisonner, le fils du pontife précédent (sic) l'ayant accusé à tort d'avoir subtilisé de l'or du Saint-Siège ; un coup de dague fatal contre l'un de ses rivaux n'arrangea pas son cas. En prison, Cellini menait des discussions savantes avec le directeur de l'établissement, émule halluciné des théories de Léonard de Vinci qui rêvait de pouvoir voler comme une chauve-souris et finit par se tuer au cours d'une expérience dans les airs. Cellini tenta de s'échapper de sa geôle mais se fractura la jambe, puis il fut enfermé dans une sinistre cellule souterraine et suintante de Saint-Ange. François Ier le sauva du désespoir en intercèdant en sa faveur et l'invita en France afin d'y créer des objets précieusement ciselés, dont la célèbre salière d'or. Après avoir assisté au suicide de son ami, le peintre Rosso Fiorentino, Cellini retourna à Florence... où il attend toujours la décision de Cosme. Finalement, le duc accepte, Cellini réussit la difficile fusion de son Persée, c'est un triomphe. Son chef-d'œuvre est placé dans la Loggia des Lanzi, mais l'artiste devra attendre dix ans pour être payé.
Avec ses images somptueuses mais aux teintes sombres et violentes, Una vita cellerata reste non seulement la reconstitution cinématographique la plus réussie de la vie si tumultueuse de l'orfèvre, mais aussi une rendition particulièrement fidèle des conditions de travail et de vie d'un artiste pendant la Renaissance. On ne peut que regretter son découpage un peu lassant en raison de la construction en flash-back. Pour rendre vivante la trajectoire extravagante mais néanmoins authentique de cet homme d'humilité artisane et d'orgueil artistique, Giacomo Battiato s'est inspiré directement des mémoires de l'artiste. Il a confié le rôle-titre au comédien franco-polonais Wadeck (Wladyslaw) Stanczak, remarqué dans divers films d'André Téchiné, Olivier Assayas et Claire Devers ; à ses côtés, Max von Sydow campe un Saint-Père ambigu, Ben Kingsley fait un chef-geôlier émouvant et Bernard-Pierre Donnadieu a fière allure en monarque français. Le tournage se fait à Caprarola, Anagni, Florence (Palazzo Vecchio) et au château Saint-Ange, en intérieurs dans les studios Stabilimenti Cinematografici Pontini (ex-Dinocittà) à Rome. Sortie en salle en mai 1990, l'œuvre est ensuite diffusée en trois volets à la télévision de la RAI, où elle remporte le prix Efebo d'oro 1991 comme meilleure réalisation télévisuelle.
1992® Oro / Zoloto (IT/RU) de Fabio Bonzi et Leonid Bits. - av. Carlo Cecchi (Benvenuto Cellini). - cf. chap. 6.1
2007[(tv-mus) Benvenuto Cellini (DE/AT) de Philipp Stölzl (th) et Andreas Morell (tv) ; Unitel-ZDF-3sat-Classica-Salzburger Festspiele (ORF/ZDF 10.8.07), 163 min. - av. Burkhard Fritz (Benvenuto Cellini), Lauren Naouri (Fieramosca), Brindley Sherratt (Giacomo Balducci), Maija Kovalevska (Teresa Balducci), Mihail Petrenko (le pape Clément VII), Kate Aldrich (Ascanio), Xavier Mas (Francesco), Roberto Tagliavini (Bernardino), Adam Plachetka (Pompeo), Sung-Keun Park (l'aubergiste). - L'opéra d'Hector Berlioz mis en scène au Festival de Salzbourg avec les Wiener Philharmoniker, dans des costumes de cirque grotesques et un décorum absurde (gratte-ciel, hélicoptère, robots) exploité sans imagination.]
Michael Spyres dans l’opéra « Benvenuto Cellini » mis en scène par Terry Gilliam (2014).
2014[** (vd-mus) Terry Gilliam's Benvenuto Cellini (GB/NL) de Terry Gilliam (th) et Andrew Morahan (vd) ; Dione Orrom, Justin Ribbons, Craig Shurn/Serpent Films Productions-Illuminati Productions-English National Opera (Covent Garden, London) (17.6.14), 180 min. - av. Michael Spyres (Benvenuto Cellini), Corinne Winters (Teresa Balducci), Willard White (le pape Clément VII), Pavlo Hunka (Giacomo Balducci), Nicholas Pallesen (Fieramosca), Paula Murrihy (Ascanio), David Soar, Nicky Spence (des artisans). - Hector Berlioz enregistré à l'Opéra National des Pays-Bas, dans une mise en scène extravagante, au point où on se croirait au cinéma. C'est qu'elle est signée Terry Gilliam, ex-Monty Python et réalisateur surdoué de l'inoubliable dystopie Brazil (1986), des loufoques Aventures du baron Munchausen (1988), etc. Le décor onirique de Gilliam et Aaron Marsden est fait de bric et de broc, mélangeant genres et époques, escaliers industriels et gothique de cathédrales ou s'inspirant des Prisons imaginaires de Piranesi, avec une tête géante de Persée surplombant le tout, et, dans les séquences de fête, des figurants costumés comme des carnavaliers vénitiens, enfants, clowns, acrobates, jongleurs et cracheurs de feu ; Gilliam fait aussi la part belle à la vidéo, aux trucages et effets spéciaux, créant ainsi une bulle de fantaisie, un monde imaginaire à la hauteur de la musique de Berlioz. Un spectacle drôle, inventif, grouillant de vie et d'idées.]
2015[** (tv-mus) Benvenuto Cellini (FR/JP/NL) de Terry Gilliam (th), Leah Hausman (th) et François Roussillon (tv) ; Arte France-NHK-De Nationale Opera/Dutch National Opera (Amsterdam)-English National Opera (London)-Teatro dell'Opera di Roma (Arte 26.3.17), 163 min. - av. John Osborn (Benvenuto Cellini), Mariangela Sicilia (Teresa Balducci), Laurent Naouri (Fieramosca), Maurizio Muraro (Giacomo Balducci), Michèle Losier (Ascanio), Orlin Anastassov (le pape Clément VII), Nicky Spencer (Francesco), Scott Conner (Bernardino), André Morsch (Pompeo), Marcel Beekman (le cabaretier). - L'opéra d'Hector Berlioz dans la fabuleuse mise en scène de Terry Gilliam à Londres en 2014 (cf. supra), jouée à l'Opéra National des Pays-Bas à Amsterdam avec une toute nouvelle distribution. - En mars-avril 2018 suit la reprise parisienne, à l'Opéra National (Bastille) avec un casting identique, sauf pour Teresa (Pretty Yende), le pape Clément VII (Marco Spotti) et Fieramosca (Audun Iversen). L'opéra de Berlioz obtient enfin un formidable succès, servi sur l'immense plateau de la Bastille qui permet de contraster le spectaculaire et les détails cocasses.]