IV - ESPAGNE ET PORTUGAL
Philippe II (Montagu Love) domine une partie de l’Europe et des Amériques (« The Sea Hawk » de M. Curtiz, 1940).
4. PHILIPPE II, PRINCE DE LA CONTRE-RÉFORME
Né en 1527, FELIPE II est le fils aîné de Charles Quint et d’Isabelle de Portugal. Il se marie quatre fois, en 1543 avec Maria de Portugal (†1545), la mère du malheureux Don Carlos ; en 1554 avec Mary Tudor dite « la sanglante » (†1558), reine catholique d’Angleterre, ce qui le fait pour quatre ans roi consort d’Angleterre ; en 1559 avec Elisabeth de Valois ou de France (†1568) et en 1570 avec Anne d’Autriche (†1580), mère de son successeur Philippe III. Il monte sur le trône avec l’abdication de son père, en 1556. Madrid devient la nouvelle capitale en 1562. En tant que roi d’Espagne (8 millions d’habitants), alors le pays le plus puissant de la terre, Philippe II est à la tête des possessions les plus étendues qu’aucun pays n’ait jamais possédées. En Europe, elles comprennent une partie de la France (Franche-Comté, Roussillon), les Pays-Bas, l’essentiel de l’Italie (Milanais, Royaume de Naples, Sicile et Sardaigne, indirectement Parme, Savoie, Toscane). Hors d’Europe, l’Espagne possède toute l’Amérique centrale (dont le pillage lui assure des ressources considérables), une bonne part de l’Amérique du Sud et quelques lambeaux de celle du Nord (Floride), les Philippines (nommées ainsi en l’honneur du monarque) et les Antilles. En 1580, il devient également roi de Portugal, territoire annexé de force après la débâcle portugaise à la bataille « des trois rois » d’Alcazar-Quivir, victoire des Marocains où périt le jeune monarque lusitanien et l’extinction consécutive de la maison d’Aviz (cf. chap. 5.1) ; lui reviennent donc aussi les possessions portugaises en Afrique, au Brésil et en Asie. Jeune, il apprend les langues de son futur empire : l’espagnol, le portugais, le latin, l’italien et le français. Il instaure un système bureaucratique complexe, fameux pour sa lenteur, qui lui vaut les surnoms de « rey Prudente » ou « rey Papelero » et gouverne la moitié du monde en maître absolu.
Obsédé, comme son père, de réconcilier la chrétienté autour de l’Église catholique romaine et ardent promoteur de la reprise des discussions au Concile de Trente (élaboration, structuration et renforcement musclée de la Contre-Réforme) pour anéantir le protestantisme, sa politique religieuse d’une implacable dureté devient la clé de voûte de son règne. L’Inquisition maintient et renforce même sa puissance dans tous les recoins de la société, poursuivant sa politique raciale sous l’égide du cardinal Juan Martínez Silíceo, le plus grand antisémite espagnol du XVIe siècle, ex-aumônier et confesseur du roi dans sa jeunesse. L’Espagne compte alors 9000 couvents où vivent 32'000 franciscains et dominicains, tandis que le nombre de jésuites ne cesse de s’accroître. Dans ce contexte, Philippe II forge avec Venise et Rome la coalition de la Sainte-Ligue dont la flotte écrase celle des Ottomans à la bataille de Lépante en 1571, mettant fin à la domination turque en Méditerranée.
Mais dans les deux décennies qui suivent, Philippe II perd sa « prudence » et se lance dans une série de conflits en dépit de tout bon sens politique et qui s’avéreront souvent désastreux : la « rébellion des Gueux » aux Pays-Bas, provinces riches qui constituaient le moteur de l’empire de Charles Quint et que le duc d’Albe tente vainement d’écraser par une répression traumatisante, aboutit à la perte de la partie nord du territoire, devenue Province-Unies grâce aux armées protestantes de Guillaume d’Orange en 1581 (cf. chap. 8.2). Philippe II perd dans ce conflit son propre fils et alors seul héritier, Don Carlos, qui avait promis son soutien à la rébellion ; arrêté par l’Inquisition, il meurt en prison dans des circonstances non élucidées qui vont durablement entacher la Couronne. En Angleterre, Élisabeth Ière accueille les réfugiés flamands et hollandais persécutés par les troupes espagnoles et ferme les yeux sur les actes de piraterie anglais contre les vaisseaux hispaniques. En août 1588, l’« Invincible Armada », gigantesque flotte destinée à envahir l’Angleterre avec 132 navires et hourques transportant 20'000 soldats et 10'000 marins, est défaite dans la Manche par les navires britanniques. C’est une victoire éclatante du nationalisme anglais et de la cause protestante, même si la flotte de Philippe II ne perd aucun navire lourd durant le combat. L’échec de l’Armada sera d’ailleurs suivi de deux autres tentatives d’invasion ratées en 1596 et en 1597.
L’augmentation de la charge fiscale pour financer ces diverses guerres se traduit par un durcissement du régime. En 1568, de sérieux troubles ont éclaté dans le royaume de Grenade lors de la révolte des Alpujarras : les morisques, musulmans convertis de force au catholicisme, se sont opposés à la loi leur interdisant désormais l’usage de leur culture et de leur langue ; écrasée dans le sang, l’insurrection s’est terminée par une déportation massive des éléments les plus actifs de la nation. Avec l’expulsion des juifs en 1492, cette mesure a placé le commerce espagnol entre les mains des marchands hollandais ou génois, entraînant la fuite des capitaux à l’étranger. Madrid a dès lors du mal à assumer ses dépenses dues à la construction de palais, à l’entretien ruineux des grands d’Espagne et aux conflits armés. Or, les arrivées de métal précieux sont intermittentes : il faut extraire l’argent des mines du Potosi (Bolivie), l’acheminer jusqu’à la mer et le charger sur des galions qui doivent affronter les tempêtes et les corsaires anglais ou français. Trois banqueroutes en 1557, 1575 (suite à la guerre navale contre les Turcs) et 1598 font trembler la finance espagnole et le monde bancaire européen. Tout comme ses successeurs directs, Philippe II peine à honorer ses dettes, car la fiscalité dépend depuis le XIIe siècle de l’accord des Cortès, l’assemblée des dix-huit principales villes de Castille. Pour n’avoir pas voulu mettre à contribution les plus riches du royaume ni su stimuler sa production intérieure, l’Espagne du XVIe siècle s’enfonce dans la crise et sera, au siècle suivant, dépassée par les pays de l’Europe du Nord.
Philippe II meurt en 1598 au palais-monastère ascétique et sévère de l’Escurial à l’âge de 71 ans. Son long règne – 42 ans - est entaché par une légende noire soigneusement entretenue par la propagande de ses ennemis anglo-flamands. Si son siècle représente le sommet de la puissance de l’Espagne – on parle de « Siècle d’or » -, illuminé par des artistes comme Miguel de Cervantès, Lope de Vega, Francisco de Quevedo, Francisco Delicado, le peintre El Greco, des religieux comme Thérèse d’Avila ou Jean de la Croix, voire des personnalités originales comme la princesse borgne d’Eboli – son règne est devenu au fil des siècles synonyme d’obscurantisme, de rigidité et de déclin.
Nota bene : Tous les films relatant l’échec naval de l’Armada espagnole en 1588 ont été produits par des studios anglo-américains (cf. Angleterre, chap. 17). – Précisons cependant à ce propos que parmi ce lot, les films tournés dans les années 1930-1945 ne visent pas tant l’Espagne de Philippe II ou celle de Franco, mais un adversaire autrement plus menaçant : Adolf Hitler. Quant à la « Sainte » Inquisition, elle est alors assimilée à la Gestapo.
Obsédé, comme son père, de réconcilier la chrétienté autour de l’Église catholique romaine et ardent promoteur de la reprise des discussions au Concile de Trente (élaboration, structuration et renforcement musclée de la Contre-Réforme) pour anéantir le protestantisme, sa politique religieuse d’une implacable dureté devient la clé de voûte de son règne. L’Inquisition maintient et renforce même sa puissance dans tous les recoins de la société, poursuivant sa politique raciale sous l’égide du cardinal Juan Martínez Silíceo, le plus grand antisémite espagnol du XVIe siècle, ex-aumônier et confesseur du roi dans sa jeunesse. L’Espagne compte alors 9000 couvents où vivent 32'000 franciscains et dominicains, tandis que le nombre de jésuites ne cesse de s’accroître. Dans ce contexte, Philippe II forge avec Venise et Rome la coalition de la Sainte-Ligue dont la flotte écrase celle des Ottomans à la bataille de Lépante en 1571, mettant fin à la domination turque en Méditerranée.
Mais dans les deux décennies qui suivent, Philippe II perd sa « prudence » et se lance dans une série de conflits en dépit de tout bon sens politique et qui s’avéreront souvent désastreux : la « rébellion des Gueux » aux Pays-Bas, provinces riches qui constituaient le moteur de l’empire de Charles Quint et que le duc d’Albe tente vainement d’écraser par une répression traumatisante, aboutit à la perte de la partie nord du territoire, devenue Province-Unies grâce aux armées protestantes de Guillaume d’Orange en 1581 (cf. chap. 8.2). Philippe II perd dans ce conflit son propre fils et alors seul héritier, Don Carlos, qui avait promis son soutien à la rébellion ; arrêté par l’Inquisition, il meurt en prison dans des circonstances non élucidées qui vont durablement entacher la Couronne. En Angleterre, Élisabeth Ière accueille les réfugiés flamands et hollandais persécutés par les troupes espagnoles et ferme les yeux sur les actes de piraterie anglais contre les vaisseaux hispaniques. En août 1588, l’« Invincible Armada », gigantesque flotte destinée à envahir l’Angleterre avec 132 navires et hourques transportant 20'000 soldats et 10'000 marins, est défaite dans la Manche par les navires britanniques. C’est une victoire éclatante du nationalisme anglais et de la cause protestante, même si la flotte de Philippe II ne perd aucun navire lourd durant le combat. L’échec de l’Armada sera d’ailleurs suivi de deux autres tentatives d’invasion ratées en 1596 et en 1597.
L’augmentation de la charge fiscale pour financer ces diverses guerres se traduit par un durcissement du régime. En 1568, de sérieux troubles ont éclaté dans le royaume de Grenade lors de la révolte des Alpujarras : les morisques, musulmans convertis de force au catholicisme, se sont opposés à la loi leur interdisant désormais l’usage de leur culture et de leur langue ; écrasée dans le sang, l’insurrection s’est terminée par une déportation massive des éléments les plus actifs de la nation. Avec l’expulsion des juifs en 1492, cette mesure a placé le commerce espagnol entre les mains des marchands hollandais ou génois, entraînant la fuite des capitaux à l’étranger. Madrid a dès lors du mal à assumer ses dépenses dues à la construction de palais, à l’entretien ruineux des grands d’Espagne et aux conflits armés. Or, les arrivées de métal précieux sont intermittentes : il faut extraire l’argent des mines du Potosi (Bolivie), l’acheminer jusqu’à la mer et le charger sur des galions qui doivent affronter les tempêtes et les corsaires anglais ou français. Trois banqueroutes en 1557, 1575 (suite à la guerre navale contre les Turcs) et 1598 font trembler la finance espagnole et le monde bancaire européen. Tout comme ses successeurs directs, Philippe II peine à honorer ses dettes, car la fiscalité dépend depuis le XIIe siècle de l’accord des Cortès, l’assemblée des dix-huit principales villes de Castille. Pour n’avoir pas voulu mettre à contribution les plus riches du royaume ni su stimuler sa production intérieure, l’Espagne du XVIe siècle s’enfonce dans la crise et sera, au siècle suivant, dépassée par les pays de l’Europe du Nord.
Philippe II meurt en 1598 au palais-monastère ascétique et sévère de l’Escurial à l’âge de 71 ans. Son long règne – 42 ans - est entaché par une légende noire soigneusement entretenue par la propagande de ses ennemis anglo-flamands. Si son siècle représente le sommet de la puissance de l’Espagne – on parle de « Siècle d’or » -, illuminé par des artistes comme Miguel de Cervantès, Lope de Vega, Francisco de Quevedo, Francisco Delicado, le peintre El Greco, des religieux comme Thérèse d’Avila ou Jean de la Croix, voire des personnalités originales comme la princesse borgne d’Eboli – son règne est devenu au fil des siècles synonyme d’obscurantisme, de rigidité et de déclin.
Nota bene : Tous les films relatant l’échec naval de l’Armada espagnole en 1588 ont été produits par des studios anglo-américains (cf. Angleterre, chap. 17). – Précisons cependant à ce propos que parmi ce lot, les films tournés dans les années 1930-1945 ne visent pas tant l’Espagne de Philippe II ou celle de Franco, mais un adversaire autrement plus menaçant : Adolf Hitler. Quant à la « Sainte » Inquisition, elle est alors assimilée à la Gestapo.
4.1. Ombres et éclats du « Siècle d’or » (1556-1598)
1909 | Justicia de Felipe II (ES) de Ricardo de Baños et Alberto Marro Alberto Marro i Fornelio, Ricardo de Baños/Hispano Filmes (Barcelona). – Un soldat de l’armée des Flandres déserte pour présenter au roi une liste d’accusation contre son capitaine. Philippe II le condamne à mort et lui pardonne en même temps. – GB : The Justice of Philip II. |
1909 | Guzmán el Bueno (ES) de Fructuoso Gelabert et Enrique Jiménez (et Narciso Bordas ?) Films Barcelona, 19 min. - av. Joaquin Carrasco (Alonzo Perez de Guzmán, 1246-1309), Marganta Xirgú, Enrique Guitart, Sra. Guerra, Bozo, Ontin, Valar. – Le drame d’Alonso Pérez de Guzmán el Bueno y Zúñiga (1550-1619), un richissime Grand d’Espagne, nommé par Philippe II commandant en chef de l’Armada malgré son manque d’expérience militaire et son ignorance totale en matière navale. Après le désastre de 1588, le roi refuse toutefois de le relever de ses fonctions d’amiral, et on lui reprochera notamment le sac de Cadix en 1596 par les Anglais et la perte d’une flottille en 1606 devant Gibraltar. Le scénario de Gelabert repose sur une pièce homonyme d’Antonio Gil de Zárate. |
1910 | El ejemplo / Pragmática real / Felipe II contra el duelo (ES) de Segundo de Chomón Producciones Segundo de Chomón & Joan Fuster Garí (Barcelona), 250 m. – Le Méliès espagnol, Segundo de Chomón, est à la mise en scène et à la caméra pour ce fait divers tiré d’une chronique du XVIe siècle. Don Pedro, fils de l’alcalde et juge de Valladolid Don Fernando, défend l’honneur de sa fiancée Doña Laura en tuant en duel l’arrogant Don Juan. Avant de rendre l’âme, ce dernier a le temps d’inscrire avec son sang le nom de son assassin ; Barrientos, l’écuyer du trépassé, a jadis perdu son propre fils, condamné à mort par l’alcalde pour avoir trucidé un autre malheureux en duel. Pour se venger, il dénonce donc Don Pedro a la justice et, obéissant au décrèt royal de Philippe II, Don Fernando est contraint de faire exécuter son rejeton. Les deux pères se réconcilient en pleurant ensemble la mort de leurs enfants. - GB : The Forbidden Duel. |
1910 | L'idéal d'Arias (FR) Établissements Gaumont S.A. (Paris). – Francisco Arias (1527-1598), religieux ascète et écrivain espagnol né à Séville, qui enseigna la théologie, puis se consacra au service des prisonniers. |
1911 | Il moro dell’Alpuxarra / Il Tuxani (IT) de Mario Caserini Società Italiana Cines (Roma), 302 m. – av. Amleto Novelli (Tuzani), Gianna Terribili-Gonzales (Clara). Clara, la fille de Don Juan Malec, un riche marchand morisco, a deux soupirants : Don Alvaro Tuzani, un Maure, et Don Juan de Mendoza, un Espagnol. Elle préfère le premier et le second jure de se venger. En 1570, lorsque les Maures de Grenade se soulèvent contre les Hispaniques du cruel Mendoza qui les maltraitent et les écrasent sous des taxes iniques, ils élisent leur propre roi, Don Fernando de Válor, et cherchent refuge dans la commune fortifiée de Galera, dans les hauteurs des montagnes andalouses d’Alpujarra (province de Grenade) ; Clara et son père les rejoignent. Mais, commandée par l’amiral Don Juan d’Autriche (1545-1578), fils illégitime de Charles Quint et futur vainqueur de la bataille navale de Lépante contre les Ottomans, l’armée espagnole prend Galera d’assaut et la pille tandis que Clara est séquestrée par Mendoza. Tuzani, qui a tenté de la libérer, est capturé à son tour. Le couple « rebelle » comparaît devant Don Juan d’Autriche qui, ému par le récit des amoureux, leur rend leur liberté. – Récit tiré de la pièce Amar después de la muerte o El Tuzaní de la Alpujarra de Pedro Calderón de la Barca (1632), elle-même inspirée par la rébellion des moriscos de Grenade (1568 à 1570). - ES : El Moro de Alpujarra o el Tuxani, GB/US : The Moorish Bride, DE : Der Maure von Alpuxarra. |
1912 | The Spanish Cavalier (US) de J. Searle Dawley Edison Manufactoring Company (New York), 300 m. - av. Ben F. Wilson (le cavalier), Laura Sawyer (sa femme), Jessie McAllister (la servante), James Gordon (le rival, chef de l’Inquisition), Charles Sutton (le prêtre), Ethel Jewett (la conteuse de bonne aventure). – Un cavalier part à la guerre dans les Flandres, son épouse lui jure fidélité. Mais en son absence, elle doit subir les assiduités d’un puissant chef de l’Inquisition qui, irrité par son refus, la dénonce comme sorcière au tribunal du Saint-Office. Torturée, la servante du couple est contrainte de l’accuser d’hérésie, le bûcher l’attend. Le mari est alarmé par le bon prêtre qui les a unis et les deux retournent pour la sauver. Le prêtre perd la vie en retenant les geôliers en prison tandis que le couple s’enfuit et quitte pour toujours l’Espagne. – Filmé dans l’Edison Studio du Bronx, New York City. |
1914/15 | La gitanilla (ES) d’Adrià Gual Adrià Gual/Barcinógrafo S.A. (Barcelona), 1000 m. - av. Gerardo Peña (Don Juan de Cárcamo/Andrés), Elisa Beltrán (Preciosilla), Joaquín Carrasco (Don Fernando), I. Cardalga (la vieille gitane), Alonso Hurtado (le page d’Andrés), Enrique Jiménez (le corregidor), Capdevila (un ruffian), Munt Rosés (un vieux gitan), E. Baró (Carducha), Galcerán (un page), C. Beltrán (une fille), Sra. Arquer (Doña Guiomar), Sra. Marti (Doña Cárcamo), Jaime Devesa. – La nouvelle éponyme de Miguel de Cervantès adaptée par Rafael Marquina et filmée en octobre-novembre 1914 par le peintre, écrivain et dramaturge catalan Adrià Gual. Projeté à Paris, le film aurait suscité l’enthousiasme de Réjane. Cf. infra, films de 1924 et 1940. – Nota bene : en 1914, les Établissements Gaumont à Paris envisagent leur propre version du texte de Cervantès, mais le projet ne semble pas avoir abouti. |
1915 | In the Palace of the King (US) de Fred E. Wright George K. Spoor/Essanay Film Manufacturing Company (Chicago), 6 bob./60 min. - av. E. J. Ratcliffe (Philippe II), Richard C. Traves (Don Juan d'Autriche), Arline Hackett (Dolores de Mendoza), Lillian Drew (Ana de Mendoza, princesse d'Eboli), Lewis Edgard (Adonis), Nell Craig (Inés de Mendoza), Ernest Maupain (général de Mendoza, son père), Thomas Commerford (Don Ruy Gomez de Silva), Sydney Ainsworth (Don Antonio Pérez, secrétaire du roi), Charles J. Stine (Edualdo), Harry Dunkinson (le prêtre). Synopsis : Philippe II étant jaloux de son trop puissant et trop populaire demi-frère Don Juan d’Autriche (dit « Jeromín »), a envoyé celui-ci combattre les Maures à Alpujarra dans l’espoir qu’il s’y fasse tuer. Don Juan a laissé derrière lui la femme qu’il aime, Dolores de Mendoza, dont le père, le général Mendoza, commandant de la Garde royale, désapprouve la liaison, car il prend le fils naturel de Charles Quint pour un séducteur et un aventurier. Philippe le soupçonne d’être tenté par le pouvoir. Don Juan revient victorieux de la guerre, acclamé dans les rues de Madrid pour avoir enfin conquis Grenade (sic). En son absence, la princesse d’Eboli, la favorite du roi, s’est impliquée dans un complot visant à destituer Philippe en faveur de son demi-frère. Pour empêcher Don Juan de revoir sa fille, Mendoza cherche à l’enfermer dans un cloître outre-mer, mais Inés, la sœur aveugle de Dolores, permet à celle-ci de s’échapper et de rejoindre son amoureux dans son palais afin de l’avertir du danger qu’il court. Philippe, Mendoza et la soldatesque cernent les lieux, Don Juan cache Dolores et réfute toutes les charges portées contre lui. Dans un accès de rage, Philippe lui porte un coup d’épée. Mendoza craint que l’assassinat de Don Juan ne lui coûte le trône et, prêt à se sacrifier pour son suzerain, il s’accuse du meurtre devant la cour. Mais Dolores connaît la vérité et menace de tout révéler pour le sauver. Au soulagement général, le bouffon annonce que Don Juan n’est que blessé et – un prêtre accourt - qu’il va pouvoir s’unir à Dolores. Précisons que Don Juan d’Autriche ne s’est pas opposé à son demi-frère et n’a jamais épousé Maria (et non Dolores) de Mendoza (1545-1570), fille du prince de Melito et demoiselle d’honneur de la reine Jeanne/Juana d’Autriche ; de leur liaison naquit une fille, María-Anna, qui devint abbesse. Quant à ses exploits de guerre, ce sont la lutte contre les pirates barbaresques en Méditerranée (1568) et la révolte des morisques, descendants des musulmans du royaume de Grenade et convertis officiellement au catholicisme mais qui, scandale, continuaient à pratiquer leur religion (guerre des Alpujarras, 1569). Il s’agit ici de la première adaptation cinématographique (cf. remake de 1923) du best-seller In the Palace of the King – A Love Story of Old Madrid de Francis Marion Crawford (1900). Le roman a par la suite été transformé en pièce de théâtre montée à Broadway avec Viola Allen et C. Leslie Allen. Pour porter cette matière à l’écran, en juillet-septembre 1915, on reconstruit à grand frais rues de Madrid, palais et même des pans de l’Alhambra aux studios Essanay à Chicago ; 500 membres de l’Illinois National Guard font de la figuration militaire. Hélas, n’est pas Griffith qui veut, les vedettes sont peu connues et le public ne suit pas. Aujourd’hui un film oublié et perdu. |
1919 | ® Westward Ho ! (GB) de Percy Nash. - Eric Harrison (Amyas Leigh), Renee Kelly (Rose Salterne), Charles Quartermaine (Don Guzman). - Devon en 1575. Amyas Leigh aime Rose Salterne, la beauté du village, mais celle-ci est enlevée par le pirate Don Guzman. Leigh suit Sir Francis Drake en mer pour combattre l’Espagnol dans les Caraïbes puis sur les côtes du Venezuela, où il recherche de l’or. Entretemps, son frère Frank et Rose sont capturés par l’Inquisition et périssent comme hérétiques sur le bûcher. Amyas retourne en Angleterre au moment de l’affrontement contre l’Armada espagnole et perd la vue pendant le combat naval. – Pour plus de détails, cf. Angleterre, chap. 17. |
La modeste demeure de Philippe II selon Hollywood (« In the Palace of the King », 1923).
1923 | In the Palace of the King (US) d’Emmett J. Flynn Goldwyn Pictures Corporation, 2804 m. - av. Blanche Sweet (Dolores Mendoza), Edmund Lowe (Don Juan d’Autriche), Sam de Grasse (Philippe II), Aileen Pringle (Ana de Mendoza, princesse d’Eboli), Hobart Bosworth (Mendoza), Pauline Starke (Ines de Mendoza), Ena Gregory (Anne d’Autriche, la reine), William V. Mong (Don Antonio Pérez, secrétaire du roi), Lucien Littlefield (Adonis), Charles Clary (Gomez), Harvey Clark (Alfonso), Tom Bates (Eudaldo), H. N. Clugston (le chambellan), Bruce Sterling (Gaston), Jack Pitcairn (capitaine de la garde), Charles Gorham et David Kirby (des gardes), Charles Newton (l’aide de Don Juan). Philippe II, tyran superstitieux, fanatique et couard, et son courageux demi-frère Don Juan d’Autriche s’affrontent à nouveau dans ce remake du film de 1915 (cf. supra) dont le sujet provient du roman de Francis Marion Crawford. Le livre est adapté cette fois par June Mathis, la scénariste accréditée de Rudolph Valentino, sans doute pour rendre le tout plus romantique. Quant à Philippe II, il est particulièrement patibulaire sous les traits du Canadien Sam de Grasse, qui vient de camper l’ignoble prince Jean dans le Robin Hood de Douglas Fairbanks l’année précédente. Le décorateur Cedric Gibbons est chargé de construire un immense château sur les terrains des studios Goldwyn à Culver City, Los Angeles (futurs studios MGM), bâtisse censée représenter, annonce la presse locale, « le palais de Philippe II à Madrid, appelé l’Alhambra » - sans fous rires !!! Les tours du complexe atteignent une hauteur de plus de 60 mètres, et toutes les parois intérieures de ce palais mi-Ziegfeld Follies mi-art déco sont d’une blancheur immaculée ; prudent, Samuel Goldwyn fait assurer la bâtisse pour un demi-million de dollars. On retrouvera l’extérieur de ce décor imposant dans Bardelys the Magnificent (1926) de King Vidor (cf. France : Louis XIII), puis dans The Night of Love (1927) de George Fitzmaurice (cf. chap. 3.8) et Two Lovers (1928) de Fred Niblo (cf. chap. 8.2). C’est à nouveau une production très onéreuse et spectaculaire (tournage de mai à juillet 1923 avec une débauche de figurants) pour un scénario, hélas, très mince. Une fois de plus, les rentrées sont décevantes. (Film perdu). - ES : En el palacio del rey. |
1923 | [épisode] The Wandering Jew (Le Juif errant) (GB) de Maurice Elvey Sir Oswald Stoll/Stoll Picture Productions, 80 min. – av. Matheson Lang (Matteos Battadios alias Matathias), Jerrold Robertshaw (Juan de Tejada, l’Inquisiteur général), Isobel Elsom (la prostituée Olalla Quintana), Fred Raynham (un inquisiteur), Winifred Izard (Rachel), Hector Abbas (Zapportas). Quatrième épisode du drame éponyme d’Ernest Temple Thurston (pièce en 1921, roman en 1934). Les errances de Matathias, condamné à errer jusqu’à la fin des temps pour avoir jadis craché sur Jésus à Jérusalem, se poursuivent d’abord à Antioche au XIe siècle pendant la première Croisade (cf. France), puis à Palerme en 1290, alors que l’Italie est en proie aux persécutions des juifs (cf. Italie). La quatrième partie se déroule en Espagne, à Séville en 1560, pendant l’Inquisition sous Philippe II, où Matathias alias Matteos Battadios pratique la médecine en s’occupant des pauvres et des rejetés de la société (il protège un couple juif tout en guérissant leur enfant). Il soigne en particulier la prostituée Olalla, blessée par un chariot, et l’aide à se réinsérer. L’Église utilise cette dernière pour condamner le médecin qui a osé prétendre que le Christ, s’il revenait sur terre, serait outré par les condamnations du Saint Office. Au tribunal, devant ses juges, il affirme que « l’esprit de votre Christ est plus proche de mon cœur, moi, un juif, que des vôtres. » Refusant de se convertir, il est condamné au bûcher, mais Jésus sauve son âme avant que les flammes ne l’atteignent. S’étant sacrifié par amour de son prochain, son chemin d’errance est terminé. – Le film est tourné aux studios de Cricklewood avec Matheson Lang, l’interprète de Matathias sur scène. Version parlante en 1933 (cf. infra). – AT : Ahasver, der ewige Jude, ES : El judio errante. |
1923/24 | La Gitanilla (FR) d’André Hugon Les Films André Hugon (Paris)-Pathé Consortium, 1650 m. - av. Ginette Maddie (la Gitanilla), Jaime Devesa (Andrès Caballero), Jeanne Bérangère (la vieille Dolorès), José Durany (Antonio), Léon Courtois (le chef de tribu), Georges Deneubourg (l’alcade), Marie-Louise Voisin [Mme Chritos] (Carduchia), Robert Guilbert et les danseurs Los Caritos. Fin XVe-début XVIe siècle. Un jour par an, le jour de la Sainte-Anne à Madrid, des corporations de gitans en Espagne ont coutume de ravir un enfant (sic). La vieille Dolorès enlève une fillette qu’elle baptise Gitanilla, la « petite gitane » qui, en grandissant, va devenir la mascotte du clan. Antonio, danseur de flamenco renommé, s’est violemment épris d’elle, mais Gitanilla est farouche. Don Andrès Caballero, fils d’un Grand d’Espagne, s’éprend également d’elle en la voyant danser, la défend contre une tentative de viol d’Antonio et, afin de pouvoir l’épouser, décide de se faire gitan. Il se soumet avec succès à diverses épreuves, mais la Gitanilla exige un délai de deux ans avant de l’épouser. Entretemps, sacré gitano, Andrès doit s’adapter en participant aux expéditions de rapines, ce qu’il fait avec succès tout en remboursant secrètement ses victimes. Mais les choses tournent mal lorsqu’il y a mort d’homme et la Gitanilla sauve son fiancé de la corde quand on reconnaît en elle la fillette de l’alcade enlevée jadis par les bohémiens et qu’elle explique la situation au père d’Andrès. - Le prolifique André Hugon, un natif d’Alger et ami de Pagnol connu pour être un des premiers réalisateurs français à tourner dans des décors naturels, adapte la nouvelle La Gitanilla (La Petite Gitane) de Miguel de Cervantès (1613), filmée en octobre 1923 aux studios de Joinville-le-Pont et en Espagne ; au générique, l’Espagnol José Durany et l’Argentin Jaime Deveza. La presse madrilène salue un film heureusement dépourvu d’« espagnolades » (El Imparcial 3.10.25). La matière est aussi portée à l’écran en Espagne en 1914 par Adrià Guai et en 1940 par Fernando Delgado (cf. infra, avec plus de détails). Hugon a toujours manifesté un intérêt particulier pour les gitans (Le Roi de Camargue) et l’Espagne (Rose de Grenade), les deux en 1921, en plus d’un *Don Quichotte, projet inabouti annoncé en juillet de la même année. Le personnage d’Antonio est inventé et l’approche française de la nouvelle semble plus « raciste » que l’espagnole, dans la mesure où le rapt d’enfants y est représenté comme une coutume courante. Parti d’une légende populaire née de l’effroi qu’inspirent aux sédentaires les gens sans feu ni lieu, Cervantès en a fait un thème littéraire qui s’est répercuté dans une quarantaine de films, mais en réalité, il existe très peu de cas paraissant authentiques de rapts d’enfants chez les gitans. |
1926 | Teresa de Jesús / Escenas de la vida de Santa Teresa (ES) d’Arturo Beringola et Francisco Beringola Juan Vila Producciones (Madrid). – Episodes de la vie de sainte Thérèse d'Avila ou Teresa de Jesús, religieuse mystique castillane (1515-1582), une production fauchée, tournée au printemps 1925 à Avila et uniquement exploitée en province. Biographie cf. film de 1961. |
1926 | A buen juez, mejor testigo (ES) de Federico Deán Sánchez, Manuel y Saturio Lois Piñeiro Federico Deán, Pascual Martín Romera, Alfredo Alados Rodríguez/Ediciones Raza (Madrid)-Unión Artistica Cinematográfica Española, m. m. - av. Mary de Lucentum (Doña Inés de Varga [ou Doña Leonor]), Julio Rodríguez « Barón de Kardy » (Don Diego Martínez [ou Don Felix]), José Argüelles, Alejandro Revilo. À Tolède sous Philippe II. Sur le point de partir en guerre en Flandre, le capitaine Don Diego Martínez jure sur la statue du Christ de la Vega, dans la basilique de Santa Leocadia, qu’il reviendra pour épouser la jeune Doña Inés de Vargas, qu’il a séduite. Mais à son retour trois ans plus tard, il feint ne plus se souvenir de son serment. Son amoureuse se plaint auprès du gouverneur de Tolède, Don Pedro Ruíz de Alarcón, qui réunit un tribunal pour examiner le cas. Doña Inés n’a qu’un seul témoin : elle entraîne l’officier parjure devant la sainte statue et – miracle ! - le Christ sur la croix pose sa main droite sur l’Évangile et confirme le serment nuptial. Bouleversés, les anciens amants se retirent, chacun pour soi, dans un monastère. - Un moyen métrage assez médiocre, filmé à Tolède d'après le poème El milagro del Cristo de la Vega de Toledo, sorti du recueil A buen juez, mejor testigo de l’écrivain romantique José Zorrilla (1838), lui-même inspiré par une légende pieuse de la région. Cf. aussi le film de 1940/41. |
Conrad Veidt condamné par l’Inquisition dans « The Wandering Jew » (1933).
1933 | * [épisode] The Wandering Jew (Le Juif errant) (GB) de Maurice Elvey Julius Hagen/Julius Hagen Productions-Gaumont-Twickenham Film Studios, 111 min. – av. Conrad Veidt (Matteos Battadios alias Matathias), Peggy Ashcroft (la prostituée Olalla Quintana), Francis L. Sullivan (Juan de Tejeda, l’Inquisiteur général), Felix Aymler (l’inquisiteur Gonzales Ferera), Ivor Barnard (l’inquisiteur Alonzo Castro), Abraham Sofaer (Arnaldo Zapportas), Stafford Hillard (Juan), Robert Gilbert et Conway Dixon (des moines). Le « juif errant » à Séville pendant l’Inquisition en 1560, sous Philippe II (synopsis cf. supra, 1923). La fameuse légende, adaptée de la pièce du dramaturge britannique Ernest Temple Thurston (1921, roman en 1934) est ici filmée pour la seconde fois par Maurice Elvey, cette fois en version sonore. Un des grands rôles de Conrad Veidt, immense vedette du cinéma allemand qui, hostile au régime nazi, choisit l’exil en Angleterre pour protéger son épouse juive. Sa silhouette élancée, son regard traqué, son rire sarcastique font mouche dans un film visuellement très séduisant, mais un peu longuet et ampoulé qu’Elvey fignole dans les studios de Twickenham et de Sound City à Shepperton (Surrey) ainsi qu’à Syon Lodge à Isleworth en juin-juillet 1933 – tandis qu’Hitler prend le pouvoir en Allemagne. Bref : un sujet d’actualité. Film distribué dans une version censurée aux USA, pour ne pas « blesser les sensibilités religieuses ». L’année suivante, Veidt interprétera Jew Süss, d’après le roman philosémite de Lion Feuchtwanger (aucun rapport, bien sûr, avec l’ignoble film nazi Jud Süss de Veit Harlan). – ES : El judio errante. |
1934 | ® Willem van Oranje (NL) de G. J. Teunissen. - av. Cruys Voorbergh (Philippe II) |
1935 | La musa y el fénix (La vida de Lope) (ES) de Constantin I. David CID Film (Madrid), 3 bob. - av. Faustino Cornejo (Félix Lope de Vega), Erna Rossi (Clara Angélica), Antonio Gentil (Gaspar de Porres), Ana R. de Leyva (Señora de Porres), José Sancho (Pâris), Milagros P. Roldán (Hélène de Troie), Eduardo M. del Portillo (l’aubergiste), Lola Lemos, Hisa de Varim, Manuel Aragonés, Luis Cuesta, José Luis Muñoz, Alfredo Corcuera. - Vraisemblablement un biopic inachevé de l’écrivain Lope de Vega (1562-1635) dont le sketch comique El robo de Helena apparaît à l’écran. Moyen métrage filmé en août-septembre dans les studios Roptence à Madrid. |
1935 | ® Drake of England (GB) d’Arthur B. Woods. - av. Matheson Lang (Sir Francis Drake), Athene Seyler (Elizabeth Ire), Allan Jeayes (Don Bernardino de Mendoza), Gibb McLaughlin (Don Martin de Enriquez), Frederick Ranalow (le capitaine corsaire John Hawkins). - Synopsis : En 1568 à Hampton Court Palace, John Doughty, de confession catholique, conspire avec Don Bernardino de Mendoza, ambassadeur de Philippe II, alors que le duc d’Albe prépare une invasion de l’Angleterre à l’aide de mercenaires flamands afin d’instaurer Mary Stuart sur le trône. Lord Burghley signale à Êlizabeth les déficiences de leur flotte, tandis que Doughty tente de la convaincre de s’allier à l’Espagne. Mais la reine est tentée par les plans de Sir Francis Drake qui cherche à affaiblir la suprématie hispanique après la bataille navale catastrophique de San Juan de Ulúa (Veracruz) en septembre 1568, une trahison des Espagnols de Don Martin de Enriquez qui ont coulé cinq navires anglais, tué 500 marins et livré 110 rescapés à l’Inquisition. Drake se venge en s’emparant des trésors espagnols à Nombre de Dios (Panama). À Windsor Castle, l’ambassadeur Mendoza exige que le « pirate » Drake soit puni. Mais les nouvelles alarmantes de la construction d’une « armada » à Cadix changent la donne : pour toute réponse, la reine anoblit Drake. En 1588, Drake, John Hawkins et l’amiral en chef, Howard d’Effingham, anéantissent la flotte espagnole. – Pour plus de détails, cf. Angleterre, chap. 17. |
Philippe II (Raymond Massey) rêve d’anéantir l’Angleterre protestante (« Fire over England »).
1937 | ® Fire over England (L’Invincible Armada) (GB) de William K. Howard. - av. Laurence Olivier (Michael Ingolby), Flora Robson (Elizabeth Ire), Raymond Massey (Philippe II d’Espagne), Tamara Desni (Doña Elena Valdés, née de Cazans), Lyn Harding (Sir Richard Ingolby), Henry Oscar (Bernardino de Mendoza, ambassadeur d’Espagne), Robert Rendel (l’amiral Don Miguel de Cazans), Charles Carson (l’amiral Don Pedro de Valdés, gouverneur de l’Escorial), Robert Newton (Don Pedro), Donald Calthrop (Don Escobal), Raph Truman (le Grand Inquisiteur), Norma Varden (la gouvernante de Doña Elena). - En 1587, l’Angleterre est menacée par la puissance expansionniste de l’Espagne. La reine Elizabeth feint d’entretenir de bonnes relations avec Philippe II - qui prépare l’invasion de son royaume - tout en soutenant les activités du corsaire Francis Drake (« El Draco »), lequel a coulé 24 navires espagnols et a pillé Cadiz. Le navire de Sir Richard Ingolby est abordé en mer et détruit par le galion espagnol de l’amiral Don Miguel de Cazans ; au nom de leur vieille amitié, Don Miguel favorise la fuite du fils Ingolby, Michael, un jeune officier qui est soigné secrètement par sa fille Elena près de Lisbonne et avec laquelle il flirte jusqu’au jour où il apprend la mort atroce de son père, emprisonné et brûlé vif comme hérétique par l’Inquisition ; il jure vengeance et regagne l’Angleterre sur un bateau de pêche. La reine Elizabeth confie au jeune Ingolby la tâche de retourner en Espagne sous l’identité de Vane afin d’y identifier la poignée d’Anglais qui travaillent pour l’ennemi et découvrir la date de l’invasion prévue. Ingolby parvient à approcher Philippe II près de Madrid et lui soutire des informations secrètes avant d’être démasqué pour une bévue. Auparavant, il a revu Doña Elena, à présent mariée à Don Pedro de Valdés, gouverneur de l’Escorial. Celle-ci ne peut se résoudre à le trahir, et Valdès, pour éviter la prison à sa femme, facilite la fuite de l’Anglais. Ingolby réussit à rejoindre le camp militaire à Tilbury à temps pour apporter à la reine les noms de six traîtres qui conspiraient pour l’assassiner. Plutôt que de les faire pendre, la reine leur offre la possibilité de se racheter sur une ligne de sept vaisseaux en feu chargés de goudron qu’elle envoie contre la redoutable flotte espagnole en vue des côtes anglaises. Guidés par Ingolby, qui a été adoubé, ils réussissent à s’approcher et à incendier l’Invincible Armada à l’aide des brûlots. La flotte ennemie est anéantie. – « En Espagne, rapporte Ingolby à la reine, on élève les âmes comme nous élevons du bétail, tout le monde est formé selon le même schéma et doit être du même sang. L’Espagne est la prison de toute liberté, l’Espagne c’est l’horreur ! » Ailleurs, Ingolby précise que la guerre qui se prépare n’est pas une guerre territoriale, mais « une guerre des idées ». « Comment pouvez-vous, reine d’un pays libre, comprendre le danger qui menace ? » s’exclame-t-il lorsqu’Elizabeth se montre dubitative, à l’instar de Stanley Baldwin en 1936/37, Premier ministre britannique et défenseur d’une politique d’apaisement face au Troisième Reich. Cette Espagne totalitaire nourrit l’obsession du feu qui tourmente Ingolby (le leitmotiv des flammes dans la cheminée), un feu qu’on minimise – « ce n’est que de la fumée ! » murmure Elvira embarrassée à propos du bûcher aperçu au lointain dans lequel se consume le père de l’Anglais – et que l’Inquisition, cette Gestapo du XVIe siècle, réserve à ses victimes : des meurtres dissimulés sous le manteau de l’idéologie, que le citoyen lambda ne peut ou ne veut pas reconnaître. C’est donc par le feu qu’il faut combattre le feu, d’où les flammes dans l’Escorial et l’incendie final de l’Armada, à la fois licence poétique et synthèse métaphorique de l’anéantissement du mal. Fire over England est le premier film à détailler la fameuse bataille navale. Quelques rectificatifs s’imposent à propos de l’authentique Armada, déclarée a posteriori « invincible » par ses adversaires ironiques, et son échec : La « grande et très heureuse flotte » (Grande y Felicísima Armada) affrétée par Philippe II avait d’abord pour mission d’établir Mary Stuart, reine catholique, sur le trône d’Angleterre et de la rétablir sur celui d’Écosse, mais son exécution le 8 février 1587 modifia les objectifs. Avec la disparition de Mary Stuart, son fils protestant devenait le futur roi d’Angleterre. Il s’agissait dès lors de contrer la menace permanente que faisait peser l’île indocile sur les territoires espagnols des Pays-Bas et, accessoirement, de la ramener à la « vraie religion » avec les méthodes que l’on devine. La flotte d’invasion commandée par Alonso Pérez de Guzmán consistait en 132 navires et hourques transportant 20’000 soldats et 10'000 marins. Aperçue le 19 juillet depuis la péninsule de Lizard (Cornouailles), la force navale espagnole jeta l’ancre le 27 près de Calais pour y attendre l’armée espagnole d’Alexandre Farnese, duc de Parme, stationnée en Flandres (18'000 hommes d’élite), qui avait du retard. Dans la nuit du 28, la marine anglaise sous les ordres du Lord Admiral Charles Howard, comte de Nottingham, et de son vice-amiral plus expérimenté, Sir Francis Drake, profita de cette immobilité pour envoyer huit de leurs meilleurs navires transformés en brûlots contre l’ennemi, dont les galions étaient enchaînés les uns aux autres. Bien qu’aucun navire n’ait pris feu, les Espagnols levèrent l’ancre en panique afin d’éviter l’incendie général, sans pouvoir engager le combat. Le lendemain 29, une marine anglaise agile et déterminée affronta les Espagnols dans la baie de Gravelines/Grevelingen, esquivant toutes les manœuvres d’abordage jusqu’au moment où des vents violents dispersèrent l’Armada, l’empêchant définitivement d’embarquer les troupes de Flandre. Les Anglais avaient plus de bateaux (150) que les Espagnols, mais les navires de guerre de ces derniers étaient plus larges et lourdement armés. En absence de tout port ami pour relâcher, la flotte hispanique n’eut d’autre choix que d’abandonner ses projets de conquête et, entraînée par les vents et courants du pas de Calais, se dérouta en désordre pour contourner la Grande-Bretagne par le nord. Une queue de cyclone fit chavirer quelque trente-cinq galéasses (mais aucun galion) le long des côtes irlandaises (dans le comté de Sligo), où certains équipages furent capturés, voire massacrés, mais aussi beaucoup d’Espagnols accueillis chaleureusement et ravitaillés par la population catholique. Cet épisode, où la victoire dut plus aux éléments qu’à la force militaire, fut exploité un peu abusivement par la propagande britannique comme devant tout à leurs héroïques marins et à Drake. En vérité, aucun navire de guerre espagnol fut détruit par les Anglais, alors que ceux-ci en perdirent une dizaine : l’Armada fut découragée et affaiblie par la force des éléments naturels et quatre-vingt-sept de ses navires regagnèrent le port de Santander. L’échec de l’opération ne signifia aucunement un affaiblissement de la puissance espagnole, mais il est vrai qu’une invasion réussie de la Grande-Bretagne eût sérieusement modifié le cours de l’histoire européenne. La guerre anglo-espagnole ne prit pas fin pour autant (elle continua jusqu’en 1604) et plusieurs « Armadas » - visant en particulier l’Irlande – se succédèrent en 1596, 1597 et 1601. - Pour plus de détails sur le film (non exploité en Espagne, alors en pleine guerre civile), cf. Angleterre, chap. 17. |
1940 | ® The Sea Hawk (L'Aigle des mers) (US) de Michael Curtiz. - av. Errol Flynn (Geoffrey Thorpe), Flora Robson (Elizabeth Ire), Claude Rains (Don José Alvarez de Córdoba), Brenda Marshall (Doña María Alvarez de Córdoba, sa nièce), Henry Daniell (Lord Wolfingham), Montagu Love (Philippe II d’Espagne), Robert Warwick (Sir Martin Frobisher, corsaire), Gilbert Roland (cpt. Lopez), Fritz Leiber (le Grand Inquisiteur), Pedro de Cordoba (cpt. Mendoza), Ian Keith (Don Gastón de Peralta), Jack La Rue (ltn. Ortega), Victor Varconi (gén. Aguirre à Venta Cruz), Harry Cording (maître des esclaves). - Synopsis : En 1585, le conflit armé entre l’Espagne et l’Angleterre est imminent. Philippe II ordonne la construction d’une Armada et envoie Don Alvarez de Cordoba en ambassadeur à Londres pour gagner du temps et endormir les soupçons d’Elizabeth. A Londres, Sir John Burleson encourage la reine à construire une flotte défensive tandis que le chancelier Lord Wolfingham, à la solde de Madrid et des catholiques, rassure la cour sur les intentions pacifiques de l’Espagne. Sur mer, la galéasse « Santa Eulalia del Monte » sur laquelle voyagent Don Alvarez et sa nièce Doña Maria est attaquée par l’« Albatros », navire corsaire du capitaine Geoffrey Thorpe qui écume les mers pour le compte d’Elizabeth ; son but est de délivrer les nombreux sujets anglais condamnés aux galères par la justice espagnole et enchaînés, squelettiques, aux rames du vaisseau. Thorpe ramène lui-même l’équipage prisonnier à la reine qui le réprimande vertement devant la cour et les nobles espagnols, mais lui témoigne sa gratitude en privé, peu après. Thorpe se propose de repartir discrètement pour le canal de Panama, à Nombre de Dios, afin de s’emparer d’un important convoi d’or et de bijoux précolombiens qui permettront d’affréter une puissante flotte anglaise. Mais l’ennemi a découvert le lieu de sa destination. Thorpe et ses hommes débarquent sur les côtes panaméennes près de Venta Cruz, se saisissent de l’or à Nombre de Dios, mais sont piégés par les Espagnols dans la jungle fétide et condamnés aux galères à vie par le tribunal de l’Inquisition. Après des mois de captivité cauchemardesque, les corsaires parviennent à briser leurs chaînes et à s’évader du port de Cadix, sur les côtes de Séville, tout en emportant une lettre secrète de Philippe II à Wolfingham à propos de l’Armada et des plans d’invasion de l’Angleterre, document trouvé à bord du navire amiral « Madre de Dios ». Le corsaire démasque la félonie de Wolfingham et le tue en duel. Il convainc Elizabeth de l’imminence de l’attaque de la flotte espagnole. La reine l’adoube à la joie de l’équipage de l’« Albatros ». À première vue, The Sea Hawk semble n’être qu’une aventure romanesque. C’est oublier les dates de tournage – printemps 1940 – et les événements récents (« drôle de guerre » à l’Ouest, invasions du Danemark et de la Norvège par l'Allemagne nazie) auxquels répond l’impressionnante séquence d’entrée, située au palais royal espagnol de l’Escurial. Assis devant une gigantesque mappemonde murale, entouré de dignitaires muets, Philippe II y exprime ses visées expansionnistes : « Les richesses du Nouveau Monde sont sans limites et le Nouveau Monde nous appartient. Notre flotte croise sur les sept mers, nos armées battent l’Afrique et le Levant, invincibles partout, sauf à notre porte. Seule l’Europe du Nord reste debout contre nous, menée par l’Angleterre, cette île stérile comme sa reine. Une fois l’Angleterre conquise, rien ne nous arrêtera plus. L’Afrique du Nord, l’Europe, le Nouveau-Monde du nord au sud, d’est en ouest, puis la Chine et l’Inde feront partie du royaume. Un jour, cette mappemonde sera la carte de l’Espagne ! » Philippe II est caractérisé comme un tyran égomaniaque sur le modèle d’Adolf Hitler dont l’ombre de plus en plus envahissante recouvre toute la géographie du monde étalée sur la paroi du palais ; la Wehrmacht et la Luftwaffe sont assimilés à l’Armada, les camps de concentration aux galères et l’Angleterre apparaît comme l’unique rempart subsistant contre le Troisième Reich en Europe – ce qui sera une réalité au moment où sortira le film. Vu à travers cette grille, Lord Wolfingham devient un précurseur de Quisling ou de Lord Halifax, l’ambassadeur Don Alvarez un pendant de Ribbentrop, tandis que la reine Elizabeth est, au début, encore sous la coupe d’un Neville Chamberlain après Munich (« Notre sauvegarde réside dans notre diplomatie et non dans la force »). Thorpe, l’intrépide corsaire, représente l’antifasciste peu fréquentable ou le volontaire internationaliste de la guerre d’Espagne (en avril 1937, Flynn s’est rendu à Madrid et à Barcelone comme « correspondant de guerre »). « L’Espagne est en guerre avec le monde entier ! », répète-t-il à la reine. Lorsque Doña Maria le traite de voleur pour s’être emparé du « Santa Eulalia » et de son précieux chargement, il lui demande malicieusement comment les Espagnols ont acquis les bijoux aztèques en or qu’elle a dans son coffret personnel et par quels moyens ces Indiens ont été persuadés de s’en séparer... La presse ne souffle mot des intentions secrètes du film, celle d’influencer l’opinion publique américaine en faveur des Anglais. Le film sera bien sûr interdit dans l’Espagne de Franco. – Pour plus de détails, cf. Angleterre, chap. 17. |
1940 | La gitanilla (ES) de Fernando Delgado Norberto Soriño/Compañia Industrial Film Español S.A. (CIFESA), Valencia, 86 min. - av. Manuel Arbó (Don Juan de Cárcamo ou Andrés Caballero), Estrellita Castro (Preciosa), Manuel González (Don Fernando de Acevedo, le corregidor), Concha Catalá (Doña Guiomar de Meneses, sa femme), Manuel Arbó (Don Francisco de Cárcamo, père de Juan), Pablo Hidalgo (le chef des gitans), Rafaela Satorrés (la tante gitane), Juan de Orduña (Andresillo/Juan de Carcamo), Pilar Soler (Juana Carducha, la gitane jalouse), Antonio Vico (Clemente), Antonio Vico (le page), María Luisa Arias, Arturo Marín, Fernando Rey. Aux portes de Madrid à la fin du XVIe-début du XVIIe siècle. Don Juan de Cárcamo, chevalier de l’Ordre de Calatrava, et la jolie gitane Preciosa, 15 ans, s’aiment, mais leur entourage et les conventions sociales font obstacle. Noble et fortuné, Juan est prêt à renoncer à une vie aisée dans son palais et à s’intégrer à l’univers des gens du voyage sous le nom d’Andrés Caballero. Au lieu de rejoindre son régiment en Flandres comme le souhaite son père, il fugue et se fiance avec Preciosa selon les rites gitans, mais se trouve bientôt confronté aux accusations coutumières des « gadjés », mêlé à un vol de poules, de disparition de bijoux et rudoyé par un soldat ; blessé dans sa fierté, Andrés alias Don Juan sort son épée et tue le militaire. Il est arrêté et condamné à mort. Preciosa et sa grand-mère intercèdent auprès de Doña Guiomar, la femme du corregidor (juge royal). Celle-ci reconnaît en la jeune beauté sa propre fille, Constanza de Azevedo y Meneses, enlevée jadis par des gitans, et tout finit bien, le corregidor ayant obtenu du roi la grâce pour son beau-fils. Le scénario des futurs réalisateurs Rafael Gil et Juan de Orduña reprend les grandes lignes de la nouvelle La Gitanilla (La Petite Gitane) de Miguel de Cervantès, tirée de ses Nouvelles exemplaires (1613) et déjà portée à l’écran en 1914 et en 1923/24 (cf. supra). Cervantès y illustre pour la première fois dans la littérature de son pays (avec chant et danses) la vie et quelques coutumes des gitans, présents en Andalousie dès 1450. Le film, tourné en janvier-avril 1940 aux studios d’Aranjuez et ayant subi une intervention musclée de la censure franquiste, décroche le prix du Sindicato Nacional de espectáculo. – Nota bene : Le sujet a été transformé en opéra-comique par Michael William Balfe et Alfred Bunn (1843) sous le titre de The Bohemian Girl, spectacle dont l’action modernisée se déroule en Autriche au XIXe siècle (filmé en 1922 et 1936). – IT : La gitana, PT : Cigana, A voz do sangue. |
1940/41 | El milagro del Cristo de la Vega (ES) d’Adolfo Aznar Manuel Hernández Sanjuán, Lamberto Micangeli, Juan Bautista Renzi/Producciones Cinematográficas Castilla P.C. (Madrid)-Procines, 88 min. - av. Nini Montiam (Doña Leonor de Silva), José Granja (Don Juan de Silva, son père), Luis de Arnedillo (Don Félix Mendoza), Aurora Liesa (Doña Violante), Mariano Azaña (Zapirón), José Bruguera (Don Enrique de Aroca), Carmen Blázquez (Doña Mencía), Miguel Agudo (le peintre El Greco), Domingo Rivas (le juge), Antonio Martínez (le cocher Blas), María Catalina Chacón (Doña Sol), Engracia de Sebastián (Doña Gertrudis), Santiago Aguilar (Don Lope), José Palomo (Don Luís). Deux gentilhommes se battent en duel dans les environs de Tolède, sous Philippe II. L’un d’eux, Don Félix Mendoza, est grièvement blessé et Doña Leonor de Silva le fait transporter et soigner dans la maisonnée de son père, Don Juan de Silva. Guéri, Don Félix demande à rencontrer sa salvatrice, lui exprime sa reconnaissance, puis, aidé de compagnons farceurs, s’introduit dans la maison. Des témoins rapportent ces faits à Don Juan qui décide de se battre avec l’intrus, mais sa fille lui avoue son amour pour Don Félix et contraint ce dernier à prêter serment devant le Christ de la Vega. Deux ans plus tard, le capitaine Don Félix revient de Flandres, ayant tout oublié et à présent l’amant de Doña Violante. Suivent les événements miraculeux de la légende tels que rapportés par José Zorrilla (cf. supra, A bien juez, mejor testigo, film de 1926). Filmée de juin à août 1940 dans les studios Roptence à Madrid et les jardins du Greco à Tolède, cette bande peu inspirée, au jeu théâtral et au budget étrique passe inaperçue. Seule curiosité : le Greco y fait une brève apparition. |
1940/41 | [Projet inabouti : Anna und Don Juan (DE) de Geza von Bolvary ; Viktor von Struwe/Terra-Film, d’après un script de Harald Bratt, avec des décors de Robert Herlth. – av. Paula Wessely (la reine Anne d’Autriche). – Don Juan d’Autriche, demi-frère de Philippe II, s’éprend de la reine, quatrième épouse du roi. – Anna étant fille d’un empereur germanique et reine consort d’Espagne, la matière intéresse les deux pays concernés, mais les relations devenues délicates entre Hitler et Franco (qui, prudent, refuse d’entrer en guerre aux côtés du Reich) coulent la production.] |
1941 | ® This England (GB) de David MacDonald. – av. Emlyn Willliams (Appleyard), John Clements (Rookeby), Constance Cummings (une gitane). - Une tentative du cinéma britannique de mobiliser le passé pour chanter l’unité nationale : en 1588, la flotte espagnole menace. Les villageois querelleurs oublient leurs différends lorsqu’un navire marchand espagnol fait naufrage sur la côte et qu’une gitane survivante annonce l’arrivée imminente de la flotte de Philippe II, mais les esprits se calment avec l’annonce de la défaite de l’Armada. Film de propagande patriotique. – Pour plus de détails, cf. Angleterre, chap. 17. |
1947 | (tv) [épisode] The Wandering Jew (GB) de Michael Barry Michael Barry/BBCtv (BBC 30.1.47), 90 min. – av. Andrew Osborn (Matteos Battadios alias Matathias), Julian Sommers (Lazzaro Zapportas), Eileen Draycott (Maria Zapportas, son épouse), Jacqueline Boiteux (Arnaldo Zapportas, leur fils), John Baker (Al Kazar, un domestique), Pauline Letts (Olalla Quintana, une prostituée), John Warrington (Gonzales Ferera), Victor Woolf (Alonzo Castro, le confesseur), Hugh Griffiths (Juan de Texeda, l’Inquisiteur général). - La pièce d’Ernest Temple Thurston (1921) adaptée pour la télévision, produite et réalisée par Michael Barry. Commentaires cf. films de 1923 et 1933. |
La fille d’El Greco (Lina Yegros) et sa rivale musulmane (Alicia Palacios) (1947).
1947 | La dama del armiño [La Dame à l’hermine] (ES) d’Eusebio Fernández Ardavín Cesáreo Gonzáles/Suevia Films (Madrid), 102 min. - av. José Prada (le peintre Kiriakos Theotokopoulos/Domenico Teotocopulo, dit El Greco), Lina Yegros (Catalina Teotocopulo, sa fille), Alicia Palacios (la musulmane Jarifa), Jorge Mistral (Samuel Hebraím le jeune), Julia Lajos (Gregoria, la duègne), Fernando Fernández de Córdoba (frère Hortensio), Eduardo Fajardo (Don Luis Tristán), Ricardo Calvo (Niño de Guevara, le Grand Inquisiteur), José Jaspe (Andrés), Fernando Fresno (Samuel Hebraím le vieux), Artur Marín (Abraham), Félix Fernández (Job), Fernando Aguirre (« el Zurdo »), Pedro Bernal (Ludovico Palermo), Pedro Calderón, Francisco Cejuela, Casimiro Hurtado. À Tolède en 1585, pendant la procession de la Fête-Dieu, l’orfèvre juif Samuel Hebraím est émerveillé par la beauté de Catalina que son père, le célèbre peintre El Greco, vient d’immortaliser sur la toile en Dame à l’hermine (ou La Femme à la fourrure). Pour célébrer l’achèvement du tableau, ce dernier décide d’offrir un bijou à sa fille. Catalina se rend à la bijouterie Hebraím accompagnée d’une duègne ; elles doivent y être rejointes par Don Luis Tristán, le disciple favori du peintre, épris, lui aussi, de la fille de son maître. Mais Don Luis a du retard. Catalina et Samuel tombent amoureux. Don Luis, jaloux, est blessé par Samuel en croisant le fer avec lui. Andrés, un ancien employé de la bijouterie, dénonce Samuel et son vieux père au tribunal de l’Inquisition, les accusant d’être des conversos (faux convertis), de propager des hérésies et d’avoir attenté à la vie d’un chrétien. Jarifa, une belle mauresque, ancienne esclave musulmane qui adore Samuel pour l’avoir libérée, avertit Catalina du péril que court son amoureux. La fille du peintre organise leur fuite conjointe au Portugal, mais en apprenant l’arrestation de son père, Samuel refuse de quitter Tolède. En attente du procès, il se convertit au catholicisme et grâce aux efforts de Catalina, père et fils Hebraím sont relâchés. Samuel épouse sa salvatrice, leur union étant à présent licite, tandis que Jarifa, désespérée, se suicide. La matière est tirée de la pièce éponyme en 4 actes de Luis Fernández Ardavín, le frère aîné du réalisateur ; c’est son plus grand succès théâtral (1922), adapté 25 ans plus tard pour le cinéma par l’auteur et Rafael Gil, puis filmé aux studios madrilènes de la Sevilla Films. En 1947, le sujet, qui illustre indirectement le triomphe du national-catholicisme sur le judaïsme, est délicat (en bijoutier, Samuel est autant séduit par l’ostensoir processionnel de la Vierge que par le visage de Catalina, ce que souligne la caméra) et c’est un des rares films de l’ère franquiste qui aborde concrètement l’antisémitisme. Nota bene : le récit est fictif, la dame du portrait étant inconnue (il s’agit peut-être de Gerónima de Las Cuevas, la maîtresse du peintre qui lui donna un fils). Prix du Circulo de Escritores Cinematográficos pour la photo (Manuel Berenguer). |
1953 | ® Jeromín (ES) Luis Lucia. - av. Adolfo Marsillach (Philippe II). – cf. Charles Quint. |
1954 | (tv) That Lady (GB) de Rudolph Cartier « BBC Sunday-Night Theatre » (saison 5, épis. 18), Rudolph Cartier (BBC 2.5.54). – av. Reginald Tate (Philippe II), Edana Romney (Anne de Mendoza, princesse d’Eboli), Julian Sherrier (Rodrigo), Jeannette Sterke (Anichuu), Joseph O’Conor (Don Antonio Perez, Secrétaire d’État), Robert Harris (le cardinal archevêque de Tolède), Douglas Wilmer (Juan de Escovedo), Jane Henderson (Bernardina), Peter Augustine (Don Mateo Vasquez), Walter Gotell (Don Manuel Ortega), Howell Davies (Pablo), Gillian Barber (Anichu), Barry Martin (Rodrigo), Stanley Platts, Clement Lister, Reginald Jessup. Captation de la pièce de Kate O’Brien sur la princesse d’Eboli (That Lady : A Romantic Drama, 1949) par l’auteure elle-même. La première partie de l’action se déroule dans les années 1577 à 1579, la seconde sept ans plus tard à Madrid. Synopsis cf. le film de 1955 (infra). |
1954/55 | * That Lady / La princesa de Eboli (Esa señora) (La Princesse d'Eboli) (GB/ES/US) de Terence Young [et Tibor Reves] Sy Bartlett, José Luis Saenz de Heredia/Atalanta Films (London)-Chápalo Films S.A. (Madrid)-20th Century-Fox Film Corp., GB: 100 min., ES: 94 min - av. Olivia de Havilland (Ana de Mendoza, princesse d’Eboli, 1540-1592), Paul Scofield (Philippe II), Gilbert Roland (Don Antonio Pérez, Secrétaire d’État), Françoise Rosay (la gouvernante Bernardina), Dennis Price (Don Mateo Vásquez de Leca, Conseiller du roi), Christopher Lee (Don Manuel Ortega, capitaine de la Garde royale / un aide de camp / un sicaire masqué), Robert Harris (le cardinal Gaspar Quiroga y Vela, archevêque de Tolède), Anthony Dawson [vers. esp. : Adriano Dominguez] (Don Inigo de Mendoza, cousin d’Ana), Peter Illing [vers. esp. : Fernando Sancho] (Diego), Pepe Nieto (Don Juan Escovedo), Andry Shine (Fernando, fils d’Ana), Angel Peralta (le toréador), Geoffrey Heynes (un page), Angel Peralta et Bernardino Landete (les toréadors). Madrid en 1574. Ana de Mendoza y de la Cerda, princesse d’Eboli, porte un cache-œil noir sur l’œil droit qui remonte à sa jeunesse : elle est devenue borgne – « tuerta » - par accident lors d’un duel au fleuret en défendant l’honneur du roi Philippe II, qu’on a traité de despote. Depuis cet incident, elle et le monarque sont amants. Entretemps, Ana s’est mariée avec un ministre, le prince portugais d’Eboli, mais cela fait une année qu’elle est veuve, vivant sur ses terres avec son jeune fils Fernando, 7 ans, et le roi vieillissant exige qu’elle revienne à l’Escurial l’aider à choisir son nouveau ministre. Il sait son trône convoité par son demi-frère, Don Juan d’Autriche, sympathisant de la Flandre en exil doré à Bruxelles. Soupçonneux, prudent et sur conseil d’Ana, Philippe II fait cette fois appel à un roturier, Antonio Pérez, plutôt qu’à l’intrigant Don Mateo Vázquez pour le poste vacant de Sécrétaire d’État. Coup de foudre : Ana et Antonio deviennent secrètement amants, ce qui alimente les rumeurs, Antonio est arrêté, ses ennemis à la cour ayant réussi à le compromettre dans le meurtre de son ami Juan Escovedo, assassiné par Vázquez, et Ana se démasque en intervenant ouvertement en sa faveur. Rongé par la jalousie, Philippe exige qu’elle quitte Madrid. Elle refuse et est jetée en prison, puis forcée de se retirer dans son château à Mendoza. Après avoir été torturé par Vázquez, Antonio s’évade et retrouve Ana qui le conjure de s’exiler à l’étranger en emmenant son fils avec lui. Restée seule et placée en liberté surveillée, sa santé décline. Avant de mourir, elle entend les cloches de la chapelle sonner, signal secret qu’Antonio et le petit Fernandez sont en sécurité en France. Rongé par les remords, le roi vieillissant se morfond seul à l’Escurial. Une biographie très approximative, tirée du best-seller For One Sweet Grape (La Princesse à l’œil de soie) de la romancière et militante féministe irlandaise Kate O’Brien (1946, version théâtrale à Broadway sous le titre de That Lady : A Romantic Drama, avec Katharine Cornell en 1949). En vérité, Ana de Mendoza y de la Cerda (1540-1592), duchesse de Pastrana, une des plus belles aristocrates de la Cour d’Espagne, lettrée et sans doute la femme la plus en vue de son temps, était mariée en 1553 à Ruy Gómez de Silva, à qui elle donna dix enfants ! Ayant financé deux couvents de sœurs carmélites à Pastrana, elle eut maille à partir avec sainte Thérèse d’Avila dont elle n’accepta pas les règles et rédigea sur elle une biographie controversée qui fut interdite pendant dix ans par l’Inquisition (ce dont le film ne souffle mot, bien sûr). Sa relation amoureuse avec le roi ou avec le diplomate et secrétaire du roi Antonio Pérez (marié et père de famille) n’est pas documentée ; ce dernier obtint de Philippe II l’autorisation de faire assassiner, pour raison d’État, Juan Escobedo, un confident de Don Juan d’Autriche soupçonné de complot avec les révoltés des Pays-Bas. Il fut arrêté en 1579, en 1585, s’évada en 1590, puis en 1591 par l’Inquisition et, s’étant à nouveau évadé, il mourut en 1611 à Paris. Mais c’est bien sûr le livre ultra-romancé de Kate O’Brien qui retient l’attention des médias – et des producteurs. Aux yeux du briscard inégal du cinéma britannique qu’est Terence Young, qui deviendra huit ans plus tard un réalisateur coté en lançant Sean Connery alias James Bond 007 dans Dr. No suivi de From Russia with Love, That Lady est un projet de longue date pour lequel il parvient à intéresser la star hollywoodienne Olivia de Havilland (qui vit en France). Or il est impensable de porter pareil sujet à l’écran sans l’Espagne franquiste, qui, à ce moment, cherche à ouvrir le pays aux investisseurs étrangers via le tournage de films. Mais la matière pose d’emblée problème en raison de la personnalité antipathique de Philippe II et de sa « légende noire » largement répandue en Europe depuis des siècles ; le cinéma espagnol le boude en raison de ses échecs intermes (l’anéantissement de l’« invincible Armada », la mort suspecte de son fils Don Carlos, les banqueroutes de l’État et les ravages de la peste sous son règne). Pour les pays non catholiques s’ajoutent l’expansionnisme sanglant dans les Amériques, l’écrasement des Pays-Bas, l’antiprogressisme, le fanatisme religieux et les bûchers de l’Inquisition. Le producteur-réalisateur José Luis Sáenz de Heredia, un fidèle du régime, accepte de coproduire That Lady avec Londres, malgré la vive opposition des caciques madrilènes, et même de Franco en personne qui cherchent à améliorer l’image du pays à l’étranger. (Le roman de Kate O’Brien a pourtant été publié sans problème en espagnol.) On finit par s’entendre en concoctant deux versions du film, l’une pour le marché espagnol, l’autre pour l’international, distribuée (et partiellement financée) par la 20th Century-Fox américaine de Spyros Skouras. Dès lors, le Philippe II des écrans hispaniques n’a jamais eu de liaison avec Ana et ne peut donc être ni jaloux ni adultère, Don Juan d’Autriche ne conspire pas contre son demi-frère, le monarque ne visite pas Ana dans sa geôle, et (scènes filmées par l’ex-phalangiste Tibor Reves) son petit Fernando sera rapatrié à Madrid sous la protection bienveillante du cardinal Quiroga ; dans la dernière séquence, le-dit cardinal annonce la mort (coupée à l’écran) d’Ana à Philippe II, qui plaint « cette pauvre femme au destin si tragique » et clôt le film en disant « priez pour elle, que le Ciel ait pitié d’elle. » Enfin, on s’entend avec Londres pour « oublier » que le traître Mateo Vázques était un homme d’église (jésuite). « Venez voir le film espagnol que vous ne pourrez pas voir à Madrid ! » s’exclame avec sarcasme la publicité en Grande-Bretagne lors de la première mondiale de la version non remaniée, en mars 1955, à la colère de l’ambassade ibérique. Au moment de sa sortie, That Lady offre aux spectateurs (et futurs touristes) des vues inédites, voire invitantes, même une corrida. L’œuvre a été tournée de mai à septembre 1954 en CinemaScope et Eastmancolor/De Luxe, avec de séduisants exterieurs filmés par Robert Krasker – le formidable chef-opérateur de The Third Man, Senso, plus tard El Cid - à Madrid (l’Escurial, Torrelodones), Ségovie (l’Alcazar), Avila, Tolède, Salamanque et la sierra de Guadarrama, puis aux MGM British Studios de Borehamwood. Elle révèle aussi un nouveau-venu de marque, issu du théâtre : Paul Scofield en Philippe II tourmenté par sa passion inavouable, dont la prestation tout en nuance est récompensée par un BAFTA Award réservé aux talents les plus prometteurs (Scofield décrochera l’Oscar pour A Man for All Seasons de Fred Zinnemann en 1966). Le générique est cosmopolite, avec le Mexicano-Américain Gilbert Roland en Spanish Lover un peu froid, Françoise Rosay émouvante en gouvernante et Christopher Lee qui cumule trois petits rôles. Quant aux splendides costumes dessinés par le maître catalan Mariano Andreu, ils sont exécutés à Paris dans les ateliers huppés de Mme Karinska. Mais après le triturage qu’a subi la copie madrilène, l’action n’a plus beaucoup de sens ni d’intérêt et le jeune critique Juan Antonio Bardem la juge même « incompréhensible » (Objetivo, mai 1955). Quant à la VO anglaise, elle souffre d’une intrigue trop touffue, avec peu d’action, d’incessants dialogues et une trame sentimentale plutôt falote, malgré l’élégance naturelle et la sensibilité d’Olivia de Havilland. Aujourd’hui, le film intéresse en premier lieu en tant que cas de figure. - DE/AT : Die Dame des Königs, IT : La principessa di Mendoza, PT : A favorita do Rei. |
1958 | ® (tv) Queen’s Champion. Loyalty and treason on the eve of the Armada (GB) de Shaun Sutton. – av. Peggy Thorpe-Bates (Elizabeth Ire), Patrick Cargill (Master Fidian), William Devlin (Sir Henry Penlynden). - Le 20 juillet 1588, une unité de la flotte anglaise sous les ordres de Sir Henry Penlynden guette l’invasion annoncée de l’Armada espagnole. - Épisodes : 6. « The Eve of the Armada » - 7. « The Edge of Defeat ». – Pour plus de détails, cf. Angleterre, chap. 17. |
1961 | (tv) That Lady (GB) de Hal Burton « BBC Sunday-Night Play » (BBC 9.7.61), 60 min. – av. Margaret Lockwood (Ana de Mendoza, princesse d’Eboli), Ralph Michael (Philippe II), Tony Britton (Don Antonio Perez, Secrétaire d’État), William Mervyn (le cardinal archevêque de Tolède), Ronnie Raymond (Rodrigo), Barbara Leake (Bernardina), Reginald Jessup (Pablo), Geoffrey Bayldon (Juan de Escovedo), Janet Cox (Anichu), Bill Horsley (Esteban), Jonathan Meddings (Don Mateo Vasquez, Conseiller du roi), Walter Gotell (Don Manuel Ortega, capitaine de la Garde royale), Roger Croucher (Rodrigo), Judith South (Anichu). – Captation de la pièce de Kate O’Brien sur la princesse d’Eboli (cf. 1954 et 1955). |
Face à l’Inquisition : Aurora Bautista dans « Teresa de Jesús » (1962) de Juan de Orduña.
1961/62 | Teresa de Jesús (ES) de Juan de Orduña Eduardo Manzanos/ Cooperativa Cinematográfica Agrupa Films-Estela Films (Madrid), 131 min. - av. Aurora Bautista (Thérèse d'Avila), Eugenia Zuffoli (la prieure du couvent de l’Encarnación), José Bódalo (le jésuite Juan de Padranos, père confesseur), María Luz Galicia (Ana de Mendoza, princesse d'Eboli), Alfredo Mayo (saint Francisco de Borja/Borgia, père jésuite), José Moreno (le père Gracián), Jesús Tordesillas (frère Pedro de Alcántara), Roberto Camardiel (Blas), Rafael Durán (le confesseur de Teresa), Carlos Casaravilla (le prieur de Los Calzados), Lina Yegros (Doña Guiomar de Ulloa), Félix Dafauce (Don Francisco de Salcedo), José María Caffarel (l’évêque d’Avila), José Franco (le père Báñez), Antonio Durán (Don Alvaro, l’amoureux de Teresa). La vie de sainte Thérèse d'Avila ou Teresa de Jesús, religieuse mystique castillane et docteur de l’Église. Née en 1515, la jeune Teresa Sánchez de Cepeda Dávila y Ahumada est une femme gaie et fort coquette que son père incarcère de force dans le couvent de La Encarnación à Avila en raison de ses flirts menés simultanément avec son cousin Don Pedro et le jeune Don Alvaro, les deux finissant par croiser le fer. Teresa s’y mortifie sur une voie semée de doutes pour enfin obtenir le don des larmes, elle qui n’a jamais pleuré de sa vie. L’apparition miraculeuse de Frère Pedro de Alcántara, malade et à plusieurs kilomètres du couvent, sert à récolter des fonds pour bâtir un nouveau monastère observant strictement la règle de l’Ordre du Carmel, qui inclut pour les carmélites déchaussées l’obligation de la pauvreté, de la solitude et du silence. Le nouveau couvent Saint-Joseph exige un dépouillement absolu, ce qui suscite critiques et hostilité chez les édiles de la cité et les Avilans. Thérèse fonde sur ce modèle dix-sept couvents dans toutes les provinces d’Espagne, soutenue par le mystique Jean de la Croix, ce qui entraîne d’autres conflits en 1573 avec la princesse d’Eboli (cf. That Lady, 1955), en 1577 avec les carmes chaussés, même des menaces d’excommunication. En 1575, l’autobiographie de Thérèse est soumise à l’Inquisition, ses visions du Christ et ses volontés de réforme ayant attiré l’attention malveillante du Saint-Office en ces temps d’Inquisition et de Contre-Réforme militante, période particulièrement dangereuse pour les mystiques, et en particulier pour les femmes mystiques. Thérèse s’éteint à Alba de Tormes en 1582. (Elle sera canonisée en 1622.) Un biopic réunissant les anciennes gloires du cinéma franquiste et de la société de production CIFESA des années 40/50 : le cinéaste maison Juan de Orduña, les scénaristes Manuel Mur Oti et José María Pemán et l’emblématique vedette Aurora Bautista qui fut jadis Jeanne la Folle dans Locura de amor (1948) et pointa héroïquement ses canons sur l’infanterie de Napoléon dans Agustina de Aragón (1950). Le projet n’est pas nouveau, Orduña l’annonce pour la CIFESA en juillet 1948 déjà avec Aurora Bautista dans le rôle-titre, mais son scénario est refusé par la censure catholique (bien qu’il repose sur les propres mémoires de la sainte, Le Livre de la vie, et son ouvrage séminal, Les Demeures du château intérieur). Il refait surface avec Mur Oti comme scénariste-réalisateur en 1950/51 pour être à nouveau rejeté – religieux et historiens s’affrontent, les premiers l’emportent car l’Église ne supporte pas qu’on montre une sainte « humanisée »... En novembre 1952, Roberto Rossellini s’y intéresse brièvement pour Ingrid Bergman, puis Salvador Dali (narquois?) propose Greta Garbo. En 1957, Orduña revient à la charge avec Ana Mariscal en Thérèse, en vain. Il faut l’accord du pape Jean XXIII pour qu’Orduña et la coopérative Agrupa puissent enfin, après 14 ans, mettre sur pied leur film, dont le tournage s’effectue en août-septembre 1961 à Avila et dans les studios madrilènes de la C.E.A. Ciudad Lineal. Or depuis 1948, le ton ultra-bondieusard du cinéma religieux hispanique a changé et le film d’Orduña choque quelque peu son public en raison de son attaque voilée contre une Église dictatoriale, quoique toutes les dissensions avec les autorités religieuses aient été sérieusement tamisées afin de ne pas irriter les autorités, de sorte que la seconde partie du film, relativement fidèle à l’historiographie, se déroule sans surprise et manque de nerf. N'empêche, il s'agit bien ici de distinguer la spiritualité vécue de l'institution ecclésiastique politisée, soit les "bons" des "mauvais" catholiques, ce qui est nouveau à l'écran. En ouverture du film, Thérèse assiste à l’arrestation d’une nonne terrorisée qui s’est automutilée pour faire croire à des stigmates et à qui l’Inquisition fait passer un mauvais quart d’heure. On se garde toutefois bien de rappeler que l’intensification d’un racisme anti-conversos - la famille paternelle de Thérèse d’Avila est issue de juifs convertis de force, séfarades de Tolède - mena à une saisie de tous ses écrits (en particulier ceux concernant la pratique de l’oraison mentale et de méditation), accusés de nature démoniaque, voire pire : protestante! La religieuse fut finalement innocentée, mais son autobiographie resta sous séquestre jusqu’à sa mort. En 1962, le come-back (en noir et blanc) de l’ancienne équipe de la CIFESA enchante les médias du régime, les éloges sont unanimes et le film, lauréat sans surprise du Prix spécial du Sindicato Nacional del Espectáculo pour ses « valeurs spirituelles et morales », fait sept semaines d’exclusivité à Madrid. Dire qu’il a vieilli aujourd’hui tient de la litote, Aurora Bautista surjoue, son cheminement reste de l’imagerie de surface et les spectateurs voient unanimement en cette Teresa de Jesús du cinéma d’avant-hier. Distribué uniquement en Espagne et au Mexique. |
1962 | ® (tv) Sir Francis Drake (Sir Francis Drake, le corsaire de la reine) (GB) télésérie de Clive Donner, etc. - av. Terence Morgan (Sir Francis Drake), Jean Kent (Elizabeth Ire), Zia Mohyeddin (Philippe II d’Espagne), Patrick Allen (le duc de Navarre), Roger Delgado (Don Bernardino de Mendoza, ambassadeur d’Espagne), Basil Dignam (le duc d’Alva), Nigel Davenport (Miguel de Cervantès). – Télésérie hautement fantaisiste qui comporte toutefois quelques épisodes ancrés dans l’Histoire. Pour plus de détails, cf. Angleterre, chap. 17. |
1962 | ® Seven Seas to Calais / Il dominatore dei sette mari - Sir Francis Drake (Le Corsaire de la reine) (US/IT) de Rudolph Maté et Primo Zeglio. - av. Rod Taylor (Sir Francis Drake), Irene Worth (Elizabeth Ire), Arturo Dominici (Don Bernardino de Mendoza, ambassadeur d’Espagne), Umberto Raho (Philippe II d’Espagne), Gianni Solaro (l’amiral Alonso Pérez de Guzmán el Bueno y Zúñiga, duc de Medina Sidonia). - Une nuit de l'an 1577 dans les rues de Plymouth, le corsaire Francis Drake échappe de justesse à un attentat fomenté par des sicaires espagnols. A la cour, l'ambassadeur d'Espagne demande à la reine Elizabeth de punir Drake, responsable d'avoir infligé des pertes considérables à la Couronne en pillant les riches galions de Philippe II. Elizabeth feint de le punir, puis le félicite entre quatre yeux et lui donne feu vert pour continuer ses raids au service de la Couronne. Malcolm se joint à Drake pour une expédition de trois ans autour du monde, muni d'une carte des trésors espagnols ; marquée par une mutinerie, des orages et la famine, la traversée les mène au Chili où, déjouant la surveillance des Espagnols, ils pillent les mines d'or, délivrent les indiens Araucans réduits en esclavage et interceptent un fabuleux transport d'or et d'argent inca. Lorsque Mary Stuart est exécutée, Philippe d'Espagne déclare la guerre. Adoubé, nommé vice-amiral de la flotte anglaise, Drake intercepte l'invincible Armada stationnée à Calais où elle doit embarquer l'armée du duc de Parme, et la met en déroute. - Pour plus de détails, cf. Angleterre, chap. 17. |
1962 | ® Die schwarze Galeere (DE-RDA) de Martin Hellberg. - av. Raimund Schelcher (Philippe II). – cf. Pays-Bas 8.2 |
1964 | ® The Devil-Ship Pirates (Les Pirates du diable) (GB) de Don Sharp. - av. Christopher Lee (cpt. Robeles), Barry Warren (Don Manuel Rodriguez de Savilla), Joseph O’Conor (Don José Margella). - En août 1588, le « Diablo », un galion rescapé du désastre de l’Armada, quoique sérieusement endommagé, fait voile vers la côte septentrionale de l’Angleterre où l’équipage du capitaine Robeles pourra réparer les avaries. Le navire échoue dans les marais proches du village de Polruan dont la population ignore encore la victoire anglaise. Robeles annonce que les Espagnols ont gagné la bataille et que ses hommes qui sèment la terreur constituent l’armée d’occupation. Le second, Don Manuel, fidèle à la couronne d’Espagne, apprend que Robeles et ses hommes ont l’intention de gagner les Caraïbes pour y reprendre leur activité de pirates. Tandis que les villageois incendient le navire, il tue Robeles avant de succomber à ses blessures. - Pour plus de détails, cf. Angleterre, chap. 17. |
1964 | (tv) Legende einer Liebe (DE) de Rudolph Cartier (ARD 10.5.64), 130 min. – av. Albert Lieven (Philippe II), Wanda Rotha (Ana de Mendoza, princesse d’Eboli), Alexander Kerst (Don Antonio Pérez), Uli Lommel (Rodrigo, prince d’Eboli), Brigitte Skay (Anichu, princesse d’Eboli). – La jalousie de Philippe II, sa favorite, la princesse d’Eboli, étant devenue la maîtresse du Secrétaire d’État Don Antonio Pérez. |
1965 | (tv) Teresa de Avila (ES) mini-série de Fernando García de la Vega Série « Novela », Radiotelevisión Española, Madrid (TVE 5.+6.4.65), 2 x 50 min. – av. Lola Cardona (Thérèse d’Avila / Teresa de Ahumada), José Calvo (Don Alonso de Ahumada), Margot Cottens (Mère María Briceño), Montserrat Blanch (la Mère supérieure de l’Incarnation), Antonio Casas (Alonso), Nela Conjiu (la servante), Juan Diego (Alvaro), Mary González (la Mère supérieure d’Angustias), Josefina Jartin (Mère Juana Suarez), Roberto Llamas (Juan), Asunción Villamil (Doña Juana de Ahumada). – Épisodes de la vie de sainte Thérèse d’Avila, religieuse mystique castillane (1515-1582), biographie cf. film de 1961. |
1966 | (tv) Francisco de Quevedo (ES) Radiotelevisión Española, Madrid (TVE 8.3.66). – av. Tomás Blanco, Florinda Chico, Alvaro de Luna, José María Escuer, Carlos Lemos, Juan José Otegui, Joaquín Pamplona, Fernando Sánchez Polack, Vicente Vega. – La vie de l’écrivain et politicien madrilène Francisco de Quevedo y Villegas (1580-1645), jeté en prison par Philippe II pour avoir rédigé un pamphlet contre lui. |
El Greco (Mel Ferrer) devant les tenants de l’Inquisition (1966).
1966 | El Greco / Le Greco (IT/FR) de Luciano Salce [et Mel Ferrer] Mel Ferrer, Alfredo Bini/Produzioni Artistiche Internazionali (Roma)-Arco Film (Roma)-Films du Siècle (Paris), 94 min. - av. Mel Ferrer (le peintre Doménikos Theotokópoulos/Domenico Teotocopulo, dit El Greco), Rossana Schiaffino (Jerónima de las Cuevas), Adolfo Celi (Don Miguel de las Cuevas), Mario Feliciani (le cardinal Fernando Niño de Guevara, Grand Inquisiteur), Fernando Rey (le roi Philippe II), Franco Giacobini (Francisco Preboste, assistant du Greco), Renzo Giovampietro (Frère Felix de Paravicino), Angel Aranda (Don Luis), Nino Crisman (Diego de Castillo), Gabriella Giorgelli (Maria), Giulio Donnini (Pignatelli), Rafael Rivelles (le marquis de Villena), John Karlsen (le procureur), John Francis Lane (De Agueda), Rossana Martina (Zaida), Maria Marchi (la mère supérieure), Franco Fantasia (le maître d’escrime). En été 1577, après avoir séjourné à Venise où il fut l’élève du Titien, Doménikos Theotokópoulos, 36 ans, d’origine crêtoise, arrive à Tolède pour y peindre un retable qui lui a été commandé. Il reçoit le surnom « El Greco » (le grec) et s’éprend d’une aristocrate castillane, Jerónima de las Cuevas. Elle devient son modèle, puis sa maîtresse, mais l’artiste n’appartenant pas à la noblesse, leur amour doit rester clandestin. Pour pouvoir l’épouser, il doit s’attirer les faveurs de Philippe II et se faire anoblir. Impressionné par ses toiles, le souverain le prend sous sa protection. Mais le Gréco en oublie prudence et discrétion, il est grièvement blessé en duel et subit une longue convalescence. Ses ennemis le dénoncent à l’Inquisition en l’accusant de sorcellerie et d’hérésie. Jerónima implore vainement l’aide de son père, Don Miguel. Elle lui avoue son amour pour El Greco et entre au couvent où elle révèle à Frère Felix qu’elle est enceinte. Le roi refuse dorénavant toute aide au peintre et décommande la toile destinée au palais de l’Escurial. Dans une rencontre critique avec le cardinal Niño de Guevara, il défend sa liberté artistique et définit son art comme une interprétation visionnaire du mystère de Dieu. Acquitté par le Grand Inquisiteur et libre après plusieurs mois, El Greco se précipite au couvent pour y apprendre que Jerónima est morte en couches. Dès lors, ruiné et malade, il vit retiré entre son atelier et un asile d’aliénés où il trouve une source d’inspiration pour ses tableaux, consolé par la présence de son nouvel apprenti, son fils Jorge Manuel. Il décède en 1614, à l’âge de 73 ans. Certes, il y a de vastes lacunes dans la biographie du peintre, mais on sait que Philippe II désapprouvait le style du Greco, ses couleurs et ses formes allongées, et que l’artiste n’eut jamais personnellement de graves ennuis avec l’Inquisition : c’est du cinéma. Produit par l’acteur américain d’origine espagnole Mel Ferrer (établi à Marbella et qui cherche à oublier dans le travail ses difficultés conjugales avec Audrey Hepburn), le film a été réalisé en CinemaScope couleurs DeLuxe en septembre-octobre 1965 aux studios de Cinecittà, puis en extérieurs à Madrid et à Tolède (San Juan de los Reyes, cathédrale Sainte-Marie). Il a bénéficié d’un budget de 800'000 $ et aurait rapporté le double. Hélas, n’étant ni Vincente Minnelli (Van Gogh dans Lust for Life) ni John Huston (Toulouse-Lautrec dans Moulin Rouge), Luciano Salce se contente de filmer platement et sans la moindre ambition un scénario qui tombe dans tous les pièges du film d’artistes en costumes et dont le seul intérêt est ici l’authenticité des décors réels, ceux du grand Dante Ferretti et la musique d’Ennio Morricone. Quant à Mel Ferrer, on ne le sent jamais habité par son personnage. Une curiosité : Fernando Rey joue pour la troisième fois Philippe II à l’écran. |
1967 | ® Cervantes / Les Aventures extraordinaires de Cervantès (ES/FR/IT) de Vincent Sherman. – av. Fernando Rey (Philippe II). |
1969 | (tv-th) El proceso del arzobispo Carranza (ES) de Pedro Amalio López Série « Estudio 1 », Jode Caturla/ Radiotelevisión Española, Madrid (TVE 1.4.69), 108 min. – av. Manuel Dicenta (l’archevêque Bartolomé Carranza y Miranda), José Bódalo, Fernando Sánchez Polack, Francisco Merino, Eduardo Moreno, Rafael Gil Marcos, Lola Lemos. Le prêtre dominicain Bartolomé Carranza y Miranda (1503-1576), cardinal archevêque de Tolède, envoyé d’Espagne au concile de Trente et persécuteur des hérétiques durant toute sa vie, assiste Charles Quint sur son lit de mort (1566). Mais après le décès de l’empereur, et sur initiative de ses ennemis politiques, en particulier l’archevêque de Séville, il est soumis au Tribunal de l’Inquisition lors d’un grand procès pour un catéchisme de sa concoction, jugé « hérétique » et mis à l’Index. Le procès s’étire sur 17 ans, Bartolomé Carranza est enfermé dix ans au château Saint-Ange à Rome. Quoiqu’aucune preuve n’ait été trouvée pour son hérésie, l’archevêque est contraint d’abjurer et meurt sept jours après au couvent de la Basilique de la Minerve. C’est le chasseur chassé, selon une pièce de Joaquín Calvo Sotelo (1964). Les principaux interprètes sur scène à Madrid – Manuel Dicenta et José Bódalo – rejouent leurs rôles pour le petit écran. Enregistré aux studios de la Sevilla Films à Madrid-Alcampo. |
1970 | (tv) El Cristo de la Vega (ES) de Pilar Miró Série « Novela », Radiotelevisión Española (TVE 15.6.70), 30 min. – av. María José Alfonso (Inés), Fernando Guillén (Diego), Tomás Blanco (Iván), Enric Arredondo (Beltrán), María Luisa Ponte (Isabel). – Adaptation du poème El milagro del Cristo de la Vega de Toledo, sorti du recueil A buen juez, mejor testigo de l’écrivain romantique José Zorrilla (1838), cf. les films de 1926 et 1941. |
1970 | (tv) La gitanilla (ES) mini-série de Manuel Aguado Série « Novela », Televisión Española (TVE 13.-17.4.70), 5 x 25 min. – av. Tina Sáinz (Preciosa), Nicolás Dueñas (Don Juan de Cárcamo ou Andrés Caballero), Luis Varela, Ignacio de Paúl, María José Fernández, José Orjas, Mercedes Prendes, Nélida Quiroga, Pedro Sempson. – La nouvelle de Miguel de Cervantès, cf. supra, film de 1940. |
1970 | (tv) Thérèse d'Avila (FR) de Jeannette Hubert ORTF (1e Ch. 23.3.70), 120 min. - av. Maria Mauban (Thérèse d'Avila), Alice Sapritch (la prieure Doña María Cimbrón), Anne-Marie Bacquié (Señora Luisa Muncharaz), Françoise Bonneau (María de Ronda), Madeleine Callergis (Serafina de Albornoz), Muse d'Albret (Constanza Perez de Aguila), Mag Avril (Aldonza Rodriguez), Anne-Marie Baoquie (Luisa Mancharaz), Elia Clavel (Dominga de La Palma), Danielle Coffet (Isabella de la Cruz), Valérie Moroy (Doña Catarina Alderete), Claudie Morin (Inés Nieto), Olga Nilza (Doña Petronica Plazos y Figueros), Jean Davy (père Angel de Salazar). – Les démêlés de la sainte castillane Teresa de Ahumada, 40 ans, dans le petit couvent de San José qu’elle vient de fonder près d’Avila, où sa réforme visant à retrouver la vie dure et humble des premiers chrétiens suscite le scandale. Elle doit affronter Doña María Cimbrón, prieure du Carmel de l’Incarnation où Thérèse passa plus de vingt ans. Un scénario de Marc Maurette d’après le livre La Vie de sainte Thérèse d’Avila de Marcelle Auclair (1946). Biographie cf. film de 1961. |
1970 | Santa Teresa da Avila (PH) de Ben Feleo AM Productions (Manila). - av. Amalia Fuentes (Thérèse d’Avila), Eddie Gutierrez, Pepito Rodriguez, Johnny Delgado, Imelda Ilanan, Johnny Monteiro, Alvaro Muhlach, Imelda Ilanan, Eva Darren, Tita Munoz, Norma Blancaflor, Leonelle Cavestani, Mary Walter, Venchito Galvez, Patria Plata, Karina Zawalski, Dorothy Joy, Laila Villahermosa, Paquito Salcedo. Hagiographie de sainte Thérèse d'Avila ou Teresa de Jesús, religieuse mystique castillane (1515-1582), production philippine tournée en Eastmancolor en Espagne. Biographie cf. film de 1961. |
1971 | (tv) Ensayo general para un siglo de oro (ES) télésérie de Manuel Aguado Série « Novela », Televisión Española (TVE 15.-19.+22.-26.2.71), 10 x 30 min. – av. Ricardo Merino (Estebanillo), Pastor Serrador (Philippe II), Roberto Llamas (le peintre El Greco), Daniel Dicenta (Félix Lope de Vega), Gabriel Llopart (Miguel de Cervantès), Pedro Osinaga (Francisco de Quevedo), Ricardo Lucía (Luis de Góngora y Argote), Manuel Alexande (Mateo Alemán), Lola Cardona (sainte Thérèse d’Avila), Luis Varela (saint Jean de la Croix), Irene Daina (Doña Guiomar de Ulloa), Amparo Martí (la mère supérieure), Blanca Sendino (Portera), María José Fernández et María Teresa Padilla (des Carmélites), José Franco (l’évêque), Pedro Sempson (Don Alonso), José Vivó (Herrero), Fernando Nogueras (Espinosa), Modesto Blanch (le Regidor d’Avila), Francisco Pierrá (le prieur), Enrique Camacho (Frère Juan Santa María), Ignacio de Paúl (Frère Lector), Roberto Cruz (Frère Jerónimo), Antonio Acebal (un vieil acteur), Amparo Martí et Blanca Sendino (actrices), Mario Alex (un marquis), Eduardo Moreno (Sotalcalde), Roberto Cruz (Alguacil), Enrique Camacho (Sebastián), Arturo Armada (le cardinal). Portrait global d’une époque marquante de l’histoire culturelle de l’Espagne, ses écrivains, ses peintres, ses mystiques, etc., à partir d’un scénario de Carlos Muñiz. |
1971 | ® (tv) Elizabeth R / Elizabeth Regina (Moi, Élisabeth reine d’Angleterre) (GB) minisérie de Donald McWhinnie (5), etc. - av. Glenda Jackson (Elizabeth Ire), John Woodvine (Sir Francis Drake), Peter Jeffrey (Philippe II d’Espagne), Esmond Knight (l’évêque Alvaro de la Quadra), Leonard Sachs (Gómez Suárez de Figueroa y Córdoba, comte de Feria), Christopher Hancock (Don Juan de Idiaquez, secrétaire de Philippe II), Geoffrey Wincott (l’amiral Alonso de Santa Cruz), Gordon Goestelow (l’amiral Alonso Pérez de Guzmán, duc de Medina-Sidonia), Ian Ricketts (Don Luis Cabrera de Cordoba), David Parfitt (le petit prince Philippe d’Espagne, futur Philippe III). – Épisode 1 : « The Lion’s Cub (La Fille du lion) ». - En avril 1554, Elizabeth est soupçonnée sans preuves de complicité dans la révolte protestante de Sir Thomas Wyatt le Jeune lorsque sa demi-sœur Mary Tudor (mariée au futur Philippe II), monte sur le trône ; elle feint de s’intéresser au catholicisme pour gagner du temps, déjoue plusieurs interrogatoires piégés et échappe de peu à la hache du bourreau, la seconde fois grâce à l’intervention du prince-consort Philippe d’Espagne qui la trouve à son goût et désapprouve les bûchers et l’intégrisme sanglant de son épouse anglaise (détail authentique) ; celle-ci ne tarde pas à décéder. - Épisode 5 : « The Enterprise of England (L’Angleterre face à la Grande Armada) ». - Philippe II, 61 ans, l’œil infecté, prostré et rendu infirme par la goutte, l’arthrose et le paludisme, exige le trône d’Angleterre après la mort de Mary Stuart. À l’Escurial en 1588, il force le duc de Medina-Sidonia, amiral réticent, incompétent et ignare des choses de la mer, à prendre le commandement de l’Armada, la « flotte de Dieu », tout en refusant d’augmenter le nombre des navires et de retarder une opération planifiée depuis quinze ans comme l’avait exigé le marquis de Santa Cruz, son vieil amiral à présent moribond. Il donne des ordres confus et irréalistes tandis qu’à Londres, Elizabeth ne croit pas en un danger d’invasion et menace ses corsaires, dont Sir Francis Drake, de pendaison pour leurs activités de piratage contre l’Espagne à Cadiz. L’annonce de la flotte ennemie à l’horizon la fait changer d’avis, elle harangue ses soldats à Tilbury. La rapidité des galions anglais et les tempêtes de la Mer du Nord font le reste. Philippe II reçoit l’échec comme une punition divine et s’enferme dans sa chapelle avec son confesseur. Pour la reine, la victoire navale est ternie par l’annonce du décès de Dudley, son seul ami. - Pour plus de détails, cf. Angleterre, chap. 17. |
1973 | (tv) Teresa de Jesús (ES) de Pedro Amalio López Série « Estudio 1 », Salvador Augustín/Radiotelevisión Española (TVE 19.10.73), 114 min. – Carmen Bernardos (Thérèse d’Avila), Carmen Rossi (Doña Guiomar), Maite Blasco (María de San José), Carlos Ballesteros, Manuel Dicenta, Antonio Iranzo, Carlos Lemos, Julia Martínez. La vie de sainte Thérèse d'Avila ou Teresa de Jesús, religieuse mystique castillane (1515-1582), selon un scénaro d’Eduardo Marquina. Biographie cf. film de 1961. Enregistré aux studios de la Sevilla Films à Madrid-Alcampo. |
1973 | ® (tv) Uilenspiegel / Tijl Uilenspiegel (NL) de Walter van der Kamp. – av. Lex van Delden (Philippe II), Kitty Courbois (Ana de Mendoza, princesse d’Eboli) (cf. chap. 8.4). |
1974 | (tv) El Greco – La tormenta (ES) de Ramon Gomez Redondo Série « Los pintores del Prado », Radiotelevisión Española, Madrid (TVE 8.5.74), 27 min. – av. Antonio Tardio (le peintre Doménikos Theotokópoulos/Domenico Teotocopulo, dit El Greco), José Moreno (Francisco Pacheco), Jesus Sastre (Bautista Mayno), Julio Morales (Hortensio Paravicino), Juan Ramon Torremocha, Anastasio de la Fuente. - A Tolède, El Greco discute avec des confrères des secrets de sa peinture qui fait scandale. |
1975 | * (tv) El caballero de la mano en el pecho [Le Gentilhomme à la main sur la poitrine] / El Greco (ES) de Juan Guerrero Zamora Radiotelevisión Española (TVE), 135 min. - av. José María Rodero (le peintre Doménikos Theotokópoulos/Domenico Teotocopulo, dit El Greco), Nuria Torray (Jerónima de las Cuevas), Inma de Santis (Posesa), José María Prada (l’inconnu), Manuel Gallardo, Tomás Blanco, Cándida Losada, Roberto Martín, Luisa Sala, Manuel Torremocha. Le titre provient d’un tableau du Greco peint entre 1578 et 1580 (aujourd’hui au Prado), et qui pourrait représenter le marquis de Montemayor ou Miguel de Cervantes. Alors que le Greco dicte son testament, une biographie entre certitudes et hallucinations se déroule à l’écran, élaborée en flash-backs à partir du présent de l’artiste (la vieillesse), du passé vécu et d’un temps idéal fantasmé, trois mondes dans lesquels apparaissent les parents du peintre (son frère Manoussos, son fils Jorge Manuel), ses amis proches (Provost, Antonio de Covarrubias, Pompeo Leoni, Gregorio Angulo) et des ennemis (Francisco Pacheco). Il s’agit en fait d’une adaptation libre et dense d’un ouvrage de la romancière hongroise Elisabeth Szél (Greco asszonya, 1962), filmée en six semaines à Tolède et dans les studios madrilènes de Prado del Rey. |
1976 | (tv-df) Fray Luís de León (ES) d’Antonio José Betancor Série « Paisaje con figuras », Radiotelevisión Española, Madrid (TVE 8.11.76), 33 min. – av. Luis Peña (Frère Luis de Leon), Antonio Gala (présentation). – Docu-fiction sur le théologien et écrivain Luís Ponce de Leon (1527-1591) à l’université de Salamanque. |
Des bûchers pour les hérétiques : « El segundo poder » (1976).
1976 | * El segundo poder (El hombre de la cruz verde) (ES) de José María Forqué Jaime Gallart, José María Forqué/Producciones Cinematográficas Orfeo-C.B. Films Producción S.A. (Madrid), 119 min./108 min. - av. Jon Finch (Juan de Bracamonte), Juliet Mills (Estefanía Sancho), Verónica Forqué (Laurencia Sancho, sa fille), Fernando Rey (le cardinal), José María Prada (le bouffon Sebastián Córcoles), Josep María Pou (Philippe II), Luis E. Fernandez (l’infant Don Carlos), Manuel de Blas (Don Fernando Alvarez de Toledo, duc d’Albe), José Luis Chinchilla (Don Diego), Africa Pratt (Camila), José Vivó (Hornachuelos), Amparo Valle (Mariblasa), José Franco (frère Cipriano), José Canalejas (frère Villavicencio), Julián Ugarte (Camacho), Manuel Pereiro (Pancorvo), Emilio Fornet (frère Servando), Félix Dafauce (le Portugais), José Nieto (docteur Vega), Alfonso Estela (Pinterete). En mai 1562, l’infant Don Carlos est victime d’un grave accident lors d’une promenade nocturne dans les buanderies de l’Alcazar de Madrid. L’événement et le lieu éveillent les soupçons de l’autorité ecclésiastique qui confie à l’un de ses sujets la mission de découvrir les circonstances de ce qui pourrait bien être un attentat criminel contre la vie du prince. L’enquête de Juan de Bracamonte, gentilhomme au service du Saint-Office portant la Croix Verte sur la poitrine (symbole de son appartenance à l’Inquisition) le mène à la cellule de la lavandière Laurencia Sancho, qui était avec le prince quand celui-ci s’est fracassé la tête sur le sol en s’effondrant dans l’escalier de la buanderie. Bracamonte poursuit ses recherches auprès d’Estefanía Sancho, mère de Laurencia, la principale suspecte du procès, qui le trouble et avec laquelle il vit une histoire d’amour passionnée. Mais à défaut de trouver un motif ou des preuves satisfaisants, l’Église torture et exorcise Laurencia, accusée de pratiques démoniaques, et la condamne à être brûlée vive. Retirée dans un cloître, Estefanía avoue à Bracamonte (qui voulait la libérer pour l’épouser) que c’est elle qui a frappé le prince royal avec une planche pour préserver l’honneur de sa fille. Bracamonte assiste muet de terreur à l’exécution publique d’une dizaine de malheureux sur le bûcher ; les rares qui se convertissent périssent garottés au lieu de subir le tourment des flammes. Le visage de Laurencia se décompose sous le feu au son des « halleluyahs »... Une année après le décès du dictateur Franco sort cette mise en accusation sans appel du fanatisme intégriste, de la misogynie maladive, de l’inhumanité monstrueuse du catholicisme espagnol de l’« Âge d’or », une démonstration aussi de la toute-puissance de ce « second pouvoir » ecclésiastique caché derrière celui du trône. La matière provient du roman El hombre de la cruz verde de Segundo Serrano Poncela (1973), un écrivain et politicien communiste de Madrid mort en exil au Vénézuela. Quant au réalisateur, le vétéran aragonais José María Forqué, auteur inégal d’une cinquantaine de films peu connus hors-frontières, il s’est fait remarquer en 1957 avec La noche y el alba, une tentative de réconciliation entre les deux Espagnes écrite par l’antifranquiste Alfonso Sastre, et qui obtint l’Ours d’argent à Berlin ; l’insuccès du film fit bifurquer Forqué vers un cinéma plus commercial. Avec son brûlot El segundo poder, il engrange trois prix du Sindicato Nacional del Espectáculo pour le meilleur film de l’année, les meilleurs décors et le meilleur second rôle (Africa Pratt). Le tournage s’effectue en extérieurs à Burgos, Lerma, Covarrubias, Ségovie, Salamanque, Alcalá de Henares, Zarzuela del Monte, Santa María de Huerta, Talamanca del Jarama et Madrid. - USA : The Second Power. |
1976 | ® La lozana andaluza [La Gentille Andalouse] (ES/IT) de Vicente Escrivá. - av. Maria Rosario Omaggio, Enzo Cerusico, Diana Lorys, Carlos Ballesteros, Rafael Alonso. – Les ravages d’une prostituée espagnole à Rome, d’après l’œuvre de Francisco Delicado (1528), auteur classique du « Siècle d’or » espagnol. – cf. Italie chap. 5.1 |
1976 | (tv) El Greco malt den Grossinquisitor (DE) de Stanislav Barabás BRD-ZDF (ZDF 14.11.76), 84 min. – av. Heinrich Schweiger (le peintre Doménikos Theotokópoulos/Domenico Teotocopulo, dit El Greco), Wolfgang Büttner, Wolfgang Reichmann. Vers 1599, le Greco est appelé à Séville pour faire le portrait du Grand Inquisiteur, le cardinal Fernando Niño de Guevara. Il s’exécute, mi-fasciné mi-terrorisé par le pouvoir du clerc, personnification du Mal. Peu après, le cardinal tombe malade, et le peintre fait appel à son ami, le célèbre médecin Cazalla, dont le frère a été exécuté par l’Inquisition. Cazalla sauve la vie de Niño de Guevara et lui donne ainsi la possibilité de continuer à tuer autour de lui. – Une nouvelle du poète allemand Stefan Andres (1936) qui visait les bourreaux du Troisième Reich. |
1976/77 | ® Legenda o Tile (La Légende de Till) (SU/DE-RDA) d’Alexandre Alov et Vladimir Naoumov. – av. Vladislav Dvorjetski (Philippe II), Lech Skolimovski (Don Fernando Alvarez de Toledo, duc d'Albe). |
1977 | (tv) La tumultuosa princesa de Eboli / Ana de Mendoza, princesa de Eboli (ES) de Cayetano Luca de Tena Série « Mujeres insólitas », Adolfo Dufour/Radiotelevisión Española, Madrid (RTVE 15.2.77), 66 min. – av. Marisa de Leza (doña Ana de Mendoza, princesse d’Eboli), Rafael Navarro (Don Ruy Gomez de Silva, son époux), Ricardo Merino (Antonio Pérez, Secrétaire d’État), Luisa Sala (sainte Thérèse d’Avila), Lola Lemos (la comtesse de Melito), Ignacio de Paúl (le comte de Melito), Julia Trujillo (Mère Isabelle), Francisco Sanz (le comte de Cifuentes), Enrique Vivó (Escobedo), Alvaro de Luna (le capitaine), Ana Canseco, Luis Varela. – La vie de la « princesse borgne » d’Eboli et son conflit avec sainte Thérèse d’Avila scénarisée par José López Rubio. La belle Ana de Mendoza fit construire deux couvents de carmélites à Pastrana, mais exigea le contrôle absolu des projets, ce qui créa de fortes tensions avec la religieuse mystique. Quant, après le décès de son mari, elle désira entrer dans les ordres, c’est avec ses propres servantes, puis, se lassant de cette vie trop austère, elle emménagea dans une maison proche du couvent où elle pouvait garder ses robes et ses bijoux et rester en contact avec le monde extérieur. Sur ordre de Thérèse, toutes les religieuses abandonnèrent Pastrana. Ana, laissée seule, retourna à Madrid. |
1977 | ® La viuda andaluza [La Veuve andalouse] (ES) de Francesc Betriu. - av. Paco Algora, Barbara Rey, Carlos Ibarzabal, Rafael Anglada. – Les ravages d’une prostituée espagnole à Rome, d’après l’œuvre de Francisco Delicado (1528), auteur classique du « Siècle d’or » espagnol. – cf. Italie chap. 5.1 |
1977 | Cuentos de las sábanas blancas [Contes des draps blancs] (ES) de Mariano Ozores Ricardo Núñez, Miguel Pérez Marián/Abadia Films-Universal Film España S.A. (Madrid), 88 min. - av. Manolo Otero (Pablo, physicien et alchimiste), Bárbara Rey (Rosaura), Pedro Osinaga (Don Silverio, l’autorité policière), Africa Pratt (Bernarda), José Sazatornil (le duc de Sacedón), Mirta Miller (la veuve Melissa), Antonio Ozores (Tristán), Tomás Zori (Maese Genaro), Helga Liné (la duchesse de Sacedón), Carmen Platero (Catalina), Luis Lorenzo (Peregrino), Ursula Grim (Adelfa), Pilar Gómez Ferrer (Doña Agueda), Victor Israel (Calixto). - En 1571, Sacedón del Río est une cité douillette, avec son château habité par le duc de Sacedòn, son marché du jeudi et sa Plaza Mayor. Quand arrive Pablo, un physicien un peu alchimiste qui vend remèdes, elixirs et onguents en tous genres, il est sur le champ accaparé par le duc qui cherche à augmenter son appétit sexuel, car sans héritier, il perdra château et terres... - Une insignifiante comédie érotique en Eastmancolor inspirée par les personnages de Francisco de Quevedo et filmée dans les parages de Madrid (Talamanca de Jarama, Torrelaguna) et à Pedraza (Ségovie). Dans le rôle du joyeux guérisseur, le chanteur de vaudeville Manolo Otero. |
1979 | (tv) La dama de blanco (ES) d’Alfonso Ungría Série « El juglar y la reina » (épis. 12), Ramon Plana/Pax Films-Radiotelevisión Española (TVE 9.1.79), 28 min. – av. William Layton (Philippe II), Eva Coco (María-Manuela de Portugal, sa première épouse), Ana Vázquez (Maria d’Angleterre, sa deuxième épouse), Laura Torres (Isabelle de Valois/Elisabeth de France, sa troisième épouse), María Paz Romero (Anne d’Autriche, sa quatrième épouse), Javier Lopez (Don Carlos), Yelena Samarina (Lucía), Virginia Mataix (María). – L’agonie de Philippe II en septembre 1598 au palais de l’Escurial, hanté de souvenirs. Faut-il voir ici une allusion à la mort du général Franco, décédé le 20 novembre 1975 ? |
1980 | ® (tv) Drake's Venture (L'Amiral Drake) (GB/DE) de Lawrence Gordon-Clark. - av. John Thaw (Sir Francis Drake), Charlotte Cornwell (Elizabeth Ire), Alan Downer (Nuno da Silva). - Parti de Plymouth en novembre 1577, Drake fait un retour triomphal en septembre 1580 après un voyage éprouvant de trois ans autour du monde à bord du « Golden Hind(e) », circumnavigation secrète mais approuvée par la reine. Ses découvertes territoriales et ses raids spectaculaires dans les ports espagnols de l’Amérique latine – notament au Pérou - rapportent à la Couronne plus de 600’000£. Les trésors ramenés financeront en partie la flotte militaire lancée contre l’Armada, mais la reine refuse d’adouber le corsaire elle-même, afin de ne pas provoquer Philippe II qui a mis à prix la tête de Drake. - Pour plus de détails, cf. Angleterre, chap. 17. |
1981 | Brujas mágicas (ES) de Mariano Ozores José Frade Produccions Cinematográficas S.A. (Madrid), 83 min. – av. Andrés Pajares (Diego), Antonio Ozores (frère Vicentino), Angel de Andrés (Don Lope), Azucena Hernández (Julisa), Paloma Hurtado (Cándida), Adrián Ortega (Calixto), Trini Alonso (Agripina), Adriana Ozores (Mara), María Casal (sa soeur), Alexia Loreto (Rosa), Pilar Alcón (Florencia), Sally Sitton (Matilde), Tony Valento (Mateo), Juan Taberner (Panadero), Carlos Lucas (Landelino). – Dans un petit village en l’an 1595, le meunier Diego, joli garçon, est persécuté par la gent féminine. Survient un moine en route pour Saint-Jacques-de-Compostèle que l’on croit envoyé par la terrible Inquisition, alors à l’apogée de ses persécutions, et des jaloux accusent Diego de sorcellerie. S’ensuit une cascade de quiproquos et de malentendus auxquels se mêlent quelques véritables sorcières... Comédie érotique en Eastmancolor. |
1983 | ® (tv) Willem van Oranje (NL/BE) de Walter van der Kamp. – av. Willem Nijholt (Philippe II), Alfred van den Heuvel (Don Fenando Alvarez de Toledo, duc d’Albe), Hein Boele (Don Juan d’Autriche), Valentin Ouwens (Don Carlos d’Espagne) (cf. chap. 8.2). |
1984 | (tv-df) Juan de la Cruz (ES) de Carlos Serrano Série « Paisaje con figuras », Radiotelevisión Española, Madrid (TVE 25.10.84), 47 min. – av. Antonio Llopis (Juan de la Cruz), Antonio Gala (présentation). – Docu-fiction sur Juan de Yepes y Alvares, dit Juan de la Cruz/Jean de la Croix (1542-1591), religieux et poète, fondateur-réformateur de l’Ordre Descalza et compagnon de Thérèse d’Avila. |
La princesse d’Eboli (Patricia Adriani) et son ennemie Thérèse d’Avila (Concha Velasco) (tv 1984).
1984 | * (tv+ciné) Teresa de Jesús / Santa Teresa d’Avila (ES/IT) télésérie de Josefina Molina Ramón Salgado/Radiotelevisione Italiana (RAI)-Radiotelevisión Española (TVE), Madrid (TVE 12.3.-30.4.84), 8 x 55 min./310 min./version courte: 222 min. (4 parties) – av. Concha Velasco (Thérèse d’Avila), Francisco Rabal (Pedro de Alcantara), Maria Massip (Juana Suárez), Patricia Adriani (Ana de Mendoza, princesse d’Eboli), Emilio Gutierrez Caba (Juan de la Cruz), Antonio Canal (le père Julián de Avila), Carmen Lozano (Teodora), Magüi Mira (Guiomar de Ulloa), Tony Isbert (Jerónimo Gracián), Hector Alterio (Pedro), Eduardo Calvo (frère Antonio de Heredia), Raúl Fraire (Francisco de Salcedo), Marina Saura (une nonne), Silvia Munt (Ana de San Bartolomé), Lina Canalejas (María), Gracita Morales (Beata Mari Díaz), Jorge Bosso (Martín), Gonzalo Abril (Lorenzo de Cepeda, le frère de Thérèse), Juan José Otegui (Gaspar Daza), William Layton (frère de Pedro de Alcántara), Chema Muñoz (le confesseur), Pepe Ruiz (père Alvarez). Concha Velasco, actrice de théâtre, de téléfilms et de cinéma à la vaste carrière, livre probablement l’interprétation la plus satisfaisante et la plus nuancée de Thérèse d’Avila dans cette onéreuse série en couleurs (budget : 200 millions de pesetas) qui sera exploitée en plusieurs versions, et même en salle. Elle brosse le portrait d’une femme de caractère, souffrant physiquement, nettement plus adulte et plus moderne que dans les fictions précédentes. Plutôt qu’insister sur sa sainteté, la réalisatrice Josefina Molina (Esquilache en 1988, fresque du XVIIe siècle primée à Biarritz et à New York) la montre enferrée dans son dilemme pour rester à la fois humble et fidèle à l’Église tout en réformant radicalement l’ordre des Carmélites, une réponse adéquate à la menace du protestantisme. Femme de caractère, Thérèse tient tête aux hypocrites de ce monde (il est de bon ton pour les nobles d’inviter des « saintes » dans leurs palais), décrit le sort et les choix peu enviables des femmes espagnoles de l’époque tout en dénonçant les privilèges et les intérêts politiques d’un clergé tout-puissant. Quoiqu’accusée d’hérésie par l’Inquisition, elle sera la première femme de l’Histoire à être nommée docteur de l’Église. Un modèle de fiction télévisuelle, tourné avec 350 acteurs de novembre 1982 à juillet 1983 à Medina del Campo, Avila, Baeza, Burgos, Cáceres, Salamanque (La Alberca), Ségovie (Alcazar), Séville, Tolède et Ubeda, enfin aux studios de Chamartìn et Samuel Bronston à Madrid. En matière de prix, Concha Velasco récolte l’Antena de Oro et le Fotograma de Plata, tandis que Teleprograma de Oro récompense l’actrice et la série. - Épisodes : 1. « Camino de perfección » - 2. « Cuentas de conciencia » - 3. « Desafio espiritual » - 4. « El castillo interior » - 5. « Fundaciones » - 6. « Visita de Descalzas » - 7. « Vida » – 8. « Hija de la Iglesia ». |
1985 | Extramuros (ES) de Miguel Picazo José Luis Garci, Antonio Martin/Blau Films S.A. (Madrid)-Manuel Picazo Dios Prod.-TVE, 118 min. - av. Carmen Maura (sœur Ana), Mercedes Sampietro (sœur Angela), Aurora Bautista (la prieure), Assumpta Serna (l’hôtesse), Antonio Ferrandis (le médecin), Manuel Alexandre (le chapelain), Conrado San Martin (le duc), Marta Fernández Muro (la servante de l’hôtesse), Beatriz Elorrieta, Cándida Losada, Maite Brik, Amparo Valle, Maria Caro, Mari Paz Molinero (nonnes), Félix Dafauce (l’avocat de la défense), Sergio Mendizábal (le juge), Fernando Cebrán (le fiscaliste). Le roman de Jesús Fernández Santos (Prix national de la Littérature, 1982) adapté par Miguel Picazo, une matière qui a tenté Luis Buñuel et Ingmar Bergman. - La fin du règne de Philippe II marque le début du déclin de l’Espagne. Le peuple se tourne vers l’émigration, l’armée ou le cloître. Pour éviter la fermeture de son monastère et garantir la subsistance de la communauté, sœur Angela prétend avoir les stigmates du Christ, aidée en cela par sœur Ana, sa complice lesbienne. Elle suscite jalousies, luttes de pouvoir et l’immixtion tragique de l'Inquisition dont elle devient la victime. (Un sujet similaire est traité dans Benedetta de Paul Verhoeven en 2021, drame situé en Italie au XVIIe siècle.) |
1985 | (tv-df) El Greco (ES) de Carlos Serrano Série « Paisaje con figuras », Radiotelevisión Española, Madrid (TVE 11.4.85), 35 min. – av. Eduardo MacGregor (le peintre Doménikos Theotokópoulos/Domenico Teotocopulo, dit El Greco), Antonio Gala (présentation). – Docu-fiction sur El Greco, à Tolède. |
1989 | * La noche oscura / La Nuit obscure (ES/FR) de Carlos Saura Andrés Vicente Gómez, Jean-Serge Breton, François Geré/Iberoamericana Films Producción (Madrid)-La Générale d’Images (Paris)-Televisión Española (New Deal TVE), 93 min. - av. Juan Diego (Juan de la Cruz/Jean de la Croix), Julie Delpy (la novice tentatrice et la Vierge Marie), Fernando Guillen (le geôlier), Manuel de Blas (le prieur), Fermi Reixach (Frère Jerónimo Tostado, Visitador General), Adolfo Thous (Frère María de Jesús), Abel Viton (Frère Jacinto), Francisco Casares (Frère José), Marielena Flores (la supérieure), Carlos Velasco. En décembre 1577, Jean de la Croix (1542-1591), qui s’est instauré en maître des « Carmes Déchaussés » à Avila, est enlevé et incarcéré à Tolède par les « Carmes Mitigés », bâillonné et à demi-nu malgré le froid rigoureux. Ceux-ci s’opposent à la réforme du Carmel insufflée par Thérèse d’Avila et propagée par Jean de la Croix, lequel prône le retour à un état monastique conçu comme un dialogue intime avec Dieu, déchaussé et pauvre. Après un procès sommaire où on lui reproche sa vanité, le prieur condamne Jean au cachot. Tous les vendredis, les frères lui flagellent le dos, un à un, avec des verges. Nourri seulement de pain et de sardines sèches, il ne cède en rien et trouve sa force dans la mortification, affrontant les affres de l’obsession du désir charnel. Le nonce apostolique ayant décidé la fermeture de tous les couvents de Déchaussés, Jean est condamné à finir sa vie dans cette cellule. Au printemps 1578, une inspiration céleste lui dicte des poèmes qu’un frère geôlier met secrètement sur papier. Conversant avec la Vierge qui lui apparait dans sa minuscule cellule, il comprend qu’il a une œuvre à accomplir ailleurs. Dans la nuit du 16 août, après neuf mois d’isolement, il déchire sa bure, en noue les morceaux pour en faire une corde et, profitant de la bienveillance du geôlier, s’évade, nu, par la fenêtre des latrines. Plus que l’activité intense et les écrits mystico-poétiques du saint - dont le poème qui donne son titre au film -, Carlos Saura, jadis porte-drapeau virulent du nouveau cinéma ibérique (Cria cuervos, 1976), toujours intéressé par l’évolution historique de son pays (il vient de terminer El Dorado, sur l’expédition d’Aguirre), se dit fasciné par ces neuf mois d’incarcération inhumaine, dans un trou immonde, où Jean de la Croix se découvrit l’intermédiaire entre Dieu et la terre. (Il fut canonisé en 1726.) Quoiqu’agnostique, Saura considère son héros issu d’une famille de juifs convertis comme « le plus grand poète de langue espagnole » et rêve depuis vingt ans d’en traduire la complexité à l’écran. On a droit à une œuvre très dépouillée, aridissime, inspirée par la peinture religieuse espagnole de l’époque et plongée dans une obscurité écrasante mais qui laisse la majeure partie des spectateurs indifférente ou ennuyée. Filmé en Eastmancolor en automne 1988 à Loarre (Aragon), Madrid (studios Roma), Tolède et au monastère de Veruela, La noche oscura est présenté en première mondiale à la Berlinale de 1989 ; Juan Diego obtient un prix d’interprétation au festival de Biarritz. - IT: La notte oscura, GB/US: The Dark Night of the Soul. |
1990 | ® La batalla de los Tres Reyes (Tambores de fuego) (ES/MA/IT/DZ/SU/FR) de Souheil Ben Barka. – av. Francisco Guijar Cubero (Philippe II). |
1991 | 1991 - ® Don Juan en los infiernos (ES) de Gonzalo Suares. – av. Ignacio Serra (Philippe II). |
1995 | (tv-df) The Armada 1588 (GB) de Ruth Wood Série « History of Warfare », Ruth Wood/Cromwell Productions, 55 min. – av. Kate Dunn (Elizabeth Ire), Hu Pryce (Sir Francis Drake), Marcus Fernando (Alexandre Farnese, duc de Parme), Paul Page-Hamilton (Alfonso Pérez de Guzmán el Bueno y Zúñiga, duc de Medina Sidonia, commandant en chef de la Felicisima Armada), John Nolan (narration). - Docu-fiction avec utilisation de la réplique du « Golden Hind(e) » de Roddy Coleman. |
1998 | ® Elizabeth (GB) de Shekhar Kapur. - av. George Yiasoumi (Philippe II). |
1999 | (vd-df) The Tudor Navy from the Mary Rose to the Armada (GB) de Bob Carruthers Lara Lowe/Cromwell Productions, 50 min. – av. Hu Price (Sir Francis Drake), Marcus Fernando (Alexandre Farnèse, duc de Parme), Paul Page-Hamilton (Alonso Pérez de Guzmán, duc de Medina Sidonia), Roy Cane (narration). - Docu-fiction. |
2002 | (tv-df) Das Empire schlägt zu (Feu sur l’Armada espagnole !) (DE) d’Axel Engstfeld Série « Mission X », saison 1, épis. 4, Engstfeld Filmproduktion (Köln)-ZDF-ZDF Enterprises-Arte-Discovery Communications (ZDF 2.6.02), 52 min. – av. Wolfgang Hess (narration). - Docu-fiction avec reconstitutions et comédiens anonymes : en 1580, Adam Dreyling fuit Innsbruck, emportant avec lui le secret des Habsbourg sur la fonte des canons (fabrication des couleuvrines à long rayon d’action mis au point par Hans Christoph Löffler, l’oncle de Dreyling) et s’installe en Angleterre, tandis que le mathématicien et armateur Mathew Baker suit les conseils des corsaires Sir Francis Drake et Martin Frobisher, faisant construire une flotte de petits navires mobiles, capables, avec la nouvelle artillerie, de tenir tête à l’Armada de Philippe II et ses vieilles bombardes imprécises. |
2003 | Teresa, Teresa (ES) de Rafael Gordon Rafael Gordon, Julio Madurga/Producciónes Diorama, 97 min. - av. Isabel Ordaz (Thérèse d’Avila), Assumpta Serna (la présentatrice), Amparo Valle (la maquilleuse), Ana José Bóveda (Azafata), Bárbara Eliorrieta (l’adolescente). – Grâce à la technologie, Thérèse d’Avila (1515-1582) est ressuscitée après cinq siècles et interviewée pour les médias d’aujourd’hui. La sainte, représentante d’un monde poétique et mystique intemporel, affronte une star de télévision à la sensualité assumée, représentante de la modernité et de l’adoption de la physicalité en tant qu’élément essentiel de l’existence. Cela donne un débat ouvert entre la dignité intérieure de Thérèse, véritable « scientifique de l’âme », et la véhémence physique de la présentatrice. Une curiosité. |
2004 | ® (tv) Battlefield Britain – 2. The Spanish Armada (GB) de Nathan Williams. – av. Rupert Proctor, Santiago Cabrera. – Docu-fiction. Pour plus de détails, cf. Angleterre, chap. 17. |
2005 | ® (tv) Elizabeth I (Élisabeth Ire) (GB/US/LT) de Tom Hooper. – av. Helen Mirren (Elizabeth Ire), Toby Salaman (Dr. Roderigo Lopez), David Delve (Sir Francis Drake), Martin Marquez (Don Bernadino de Mendoza). - Synopsis partie 1 : Lorsque l’Armada espagnole de Philippe II menace, la reine confie à Dudley le commandement des troupes terrestres. Accompagnée de ce dernier comme de son beau-fils, le jeune comte d’Essex, elle gagne Tilbury où on s’attend au débarquement des Espagnols. L’Armada est défaite, mais Dudley tombe gravement malade au moment de la victoire anglaise. - Pour plus de détails, cf. Angleterre, chap. 17. |
2005 | ® (tv) The Virgin Queen / Elizabeth I, the Virgin Queen (La Reine vierge) (GB/US) de Coky Giedroyc. – av. Anne-Marie Duff (Elizabeth Ire), Derek Riddell (Sir Walter Raleigh), Stanley Townsend (Philippe II d’Espagne), Marcello Magni (Don Alvaro de la Quadra). - Devenue reine, Elizabeth est courtisée vainement par Philippe II d’Espagne, l’archiduc Charles d’Autriche et le duc d’Anjou. - Pour plus de détails, cf. Angleterre, chap. 17. |
2005 | ® (tv) The Conquest of America (US) de Rocky Collins, Tony Bacon, Lisa Wolfinger. – av. Michael Bellino (Philippe II). |
2007 | ** Teresa – El cuerpo de Cristo / Teresa, muerte y vida / Teresa, the Body of Christ (ES/FR/GB) de Ray Loriga Andrés Vicente Gómez/Iberoamericana Films Producción S.A. (Madrid)-Lolafilms-Future Films Ltd. (London)-Artédis S.A. (Paris)-TVE-Canal+ España, 121 min./104 min./97 min. – av. Paz Vega (Thérèse d’Avila), Leonor Watling (Doña Guiomar de Ulloa), Geraldine Chaplin (la prieure du couvent de l’Encarnación), José Luis Gómez (Frère Pedro de Alcántara), Eusebio Poncela (Frère Gaspar Daza), Alvaro de Luna (Alonzo Sánchez de Cepeda, père de Thérèse), Paula Errando (Juana), Angel de Andrés López (l’évêque de Tolède), Amparo Valle (Mari Briceño), Manuel Morón (Alvaro de Mendoza, le provincial-évêque d’Avila), Francesc Garrido (Salcedo), Andres Gertrudix (Rodrigo), Antonio Ross (Dominico Siniestro), Eduardo Puceiro (le Père Vicente Barrón), Javier Mejía (Francisco de Borja), Azucena de la Funte (Doña Pilar de Uceda), William Milar (Mejía), Gregorio A. Sebastián (le Christ), Lorenzo Balducci. « Cloîtrée dans un univers aussi frivole et matérialiste que celui qu’elle fuyait dans le monde profane, Thérèse d’Avila commence une croisade d’oraison et de sacrifice qui la transforme d’abord en une rebelle, puis en une folle, plus tard en une dirigeante et finalement en une sainte. La chronique d’une femme qui fut unique dans des temps difficiles. Une femme exceptionnelle qui ne fut jamais une martyre, une femme belle et forte qui a marqué son époque » (texte publicitaire). Ainsi se présente l’œuvre très particulière de Ray Loriga, romancier madrilène et cinéaste occasionnel, tournée de novembre 2005 à février 2006 à Avila, Alicante (aux studios Ciudad de la Luz), Soria, Cáceres, Guadalajara, Madrid, Ségovie, Trujillo et au Portugal (monastère de Tomar). Andrés Vicente Gómez, producteur de Carlos Saura, Pedro Almodóvar et Orson Welles, investit sans hésiter 9 millions de $. S’affirmant proche de Rossellini et de Bresson, Loriga est depuis sa jeunesse fasciné par cette religieuse indomptable, combattive et contradictoire, révolutionnaire coincée entre l’Inquisition et la Réforme. Mais surtout une tête intelligente, une battante à une époque « où l’on brûle des corps pour sauver des âmes et où tous les cœurs sont dominés par la peur » à force de traquer le démon dans les moindres recoins (Thérèse dixit en voix off). Les couvents du pays abritent de riches dames qui gardent leurs bijoux et leurs belles robes alors que les religieuses désargentées se prostituent pour pouvoir s’habiller chaudement. Loriga montre Thérèse d’abord dans un processus d’autodestruction physique, avec flagellations et mortifications en tous genres, au point de passer un instant pour décédée (dans un état de catalepsie), mais ne cherche pas à la suivre dans son cheminement intérieur qui ne peut qu’échapper à autrui, mais traduit ses étapes mystiques par des portes dorées qui s’ouvrent (on songe à Spellbound/La Maison du docteur Edwardes de Hitchcock) et ses visions mystiques ainsi que sa relation « amoureuse » avec le Christ en termes très sensuels, voire érotiques, transposition de ses propres poèmes : sur l’affiche du film, Paz Vega, nue, caressée par une main en sang (stigmatisée) de Jésus. Apoplexie de l’épiscopat espagnol ! Pourtant, Loriga ne cherche nullement à faire œuvre anticléricale, car si Thérèse avait beaucoup d’ennemis et parlait d’égal à égal avec les grands du royaume, elle bénéficiait aussi d’appuis importants dans l’Église catholique (saint Pedro d’Alcantara la protègea des « rats de l’Inquisition »), car « le feu ne détruit pas le feu ». En haut lieu, on ne manque d’ailleurs pas de rappeler qu’elle est « de sang impur », ses ancêtres étant des juifs convertis. « Dans ce pays, dit Loriga, la religion est toujours sujette à controverse. La plupart des gens qui fulminent contre le film n’ont jamais lu les écrits de Thérèse d’Avila, elle y décrit la douleur et le plaisir d’être pénétrée par la flèche de Dieu. D’ailleurs, la plupart des catholiques n’ont même jamais lu la Bible ! » (Screen International, 2.2.07). Le cinéaste aborde cet aspect de sa foi, cette sensualité débordante et méditée avec beaucoup de subtilité, loin du divan des psychanalystes. « Thérèse était une personne controversée en son temps, il n’y a pas de raison qu’elle ne le soit plus aujourd’hui », conclue-t-il. Geraldine Chaplin incarne la prieure qui s’oppose à la sainte, manipulatrice, froide, jalouse, assoiffée de pouvoir et pitoyable dans son ennui comme dans sa terrible solitude. Le film s’achève sur l’ouverture du petit couvent de San José, aux portes d’Avila, avec des religieuses « déchaussées » qui portent toutes la même robe de pauvreté, une première victoire de Thérèse. La critique est séduite par l’originalité et l’esthétique très appuyée de l’approche, mais le grand public, désormais habituée aux excentricités de la « movida » almodóvarienne, ne suit pas (122'000 spectateurs en salle). On reconnaît toutefois le travail absolument exceptionnel du directeur artistique Rafael Palmero (qui œuvra déjà sur la série Teresa de Jesús en 1984) et de la géniale costumière Eiko Ishioka (Mishima de Paul Schrader, Dracula de Coppola). Soutenu par son chef-opérateur José Luis Alcaine (Volver et La mala educación d’Almodóvar, Libertarias d’Aranda), Loriga crée une suite de tableaux marqués en profondeur par la peinture baroque du « Siècle d’or », en particulier Francisco de Zurbarán et Vélasquez – de quoi largement se faire pardonner quelques passages de conciliabules plus arides. – Titre internat. : Teresa : The Body of Christ. |
L’Armada de Philippe II confrontée à la flotte anglaise dans « Elizabeth : The Golden Age » (2007).
2007 | ® Elizabeth : The Golden Age / Elizabeth : L’Âge d’or (GB/FR/DE/US) de Sekhar Kapur. - av. Cate Blanchett (Elizabeth Ire), Clive Owen (Sir Walter Raleigh), Jordi Mollà (Philippe II d’Espagne), Aimee King (la petite Isabella, infante d’Espagne), William Houston (Don Guerau de Espés del Valle, ambassadeur d’Espagne), John Shrapnel (Lord Admiral Charles Howard, comte de Nottingham), Vidal Sancho (le ministre espagnol), Antony Carrick (l’archevêque espagnol). - « En 1585, l’Espagne domine le monde et Philippe II, fervent catholique, a plongé l’Europe dans la guerre sainte. Seule l’Angleterre résiste, gouvernée par une reine protestante, Elizabeth. Sa cousine catholique, Mary Stuart, ex-reine d’Écosse qui la considère comme une bâtarde usurpatrice, est emprisonnée dans une forteresse anglaise ». À l’Escurial, entouré de religieux capuchonnés en noir, Philippe déclare que l’Angleterre est « sous l’emprise du diable ». Sur ses ordres, des forêts entières sont abattues pour construire la plus grande flotte jamais vue, « apte à transporter les légions du Christ contre la bâtarde stérile et athée ». L’ambassadeur d’Espagne ayant accusé publiquement Elizabeth d’héberger dans son lit royal les « pirates ancrés dans la Tamise », la souveraine humiliée le renvoie dans son « trou à rats » et crie qu’elle commande aux vents et qu’elle a en elle un ouragan qui décimera tout ennemi venu de la mer. C’est la guerre. Philippe II envoie son immense flotte contre la « vierge sanguinaire » afin de rétablir la « vraie Foi » en Angleterre. L’Armada est bientôt en vue. Le 19 août 1588, sur son destrier blanc, Elizabeth exhorte ses forces terrestres rassemblées à Tilbury (Essex), dans l’estuaire de la Tamise, en vue d’un éventuel débarquement espagnol qui « livrerait les Anglais à l’Inquisition ». Simultanément, elle ordonne la mise en liberté de tous les prisonniers du royaume (« tous des Anglais capables de se battre »), Drake. Grâce à la stratégie développée par ses capitaines, dont Drake à bord du Yacht Royal et Raleigh à bord du Tyger, qui lancent des bateaux-brûlots contre la flotte espagnole, l’Armada connaît une déroute cinglante. Pris dans les tempêtes de la mer du Nord et les flammes, ses navires ne parviennent pas à atteindre les côtes anglaises. Raleigh éperonne un vaisseau ennemi, abandonne au dernier moment son navire en feu et saute à l’eau. Le royaume est sauvé. - Pour plus de détails, cf. Angleterre, chap. 17. |
El Greco (Nick Clark Windo) et son ennemi supposé, le cardinal Niño de Guevara (2007).
2007 | (tv) El Greco / El Greco – El último desafio a Dios (El Greco, les ténèbres contre la lumière) (GR/ES/HU) de Iannis Smaragdis Giorgos Fragos, Eleni Smaragdi, Raimon Masllorens, Dénes Szekeres/Alexandros Film (Athen)-Lavinia Productora (Barcelona)-Alexandros Film Ltd.-El Greco Films Ltn. (Athen)-Tivoli Film Productions (Budapest)-La Productora Video Comunicació-Greek Film Center-Generalitat de Catalunya-Institut Catalá de les Indústries Culturals (ICICI)-TVE, 119 min. - av. Nick Clark Windo (le peintre Doménikos Theotokópoulos/Domenico Teotocopulo, dit El Greco), Juan Diego Botto (le cardinal Fernando Niño de Guevara, le Grand Inquisiteur et ennemi du Greco), Laia Maruli (Jerónima de las Cuevas), Fermi Reixach (Don Miguel de las Cuevas), Theo Alexander (Manoussos Theotokópoulos, frère du Greco), Yorgos Charalabidis (le père du Greco), Lakis Lazopoulos (Nicolos), Sotiris Moustakas (le Titien), Dimitra Matsouka (Francesca), Giorgos Hristodoulou (le duc de Rimini), Dimitris Kallivokas (Chacon), Roger Coma (le Frère Felix de Paravicino), Alexia Moustaka (une aristocrate), Alkistis Voulgari (la Vénus d’Urbino), Ionas Nanouris (le modèle de Titios), Piero Verzello (un noble). Le combat d’un artiste sans compromis, sa quête de liberté et d’amour. Adaptant le roman de Dimitris Siatopoulos (El Greco : o Zografos tou Theou / Le Greco : peintre de Dieu), le biopic fictionnel illustre la période de 1566 à 1580, de Crête à Venise et à Tolède où il est confronté à son pire ennemi, l’Inquisition espagnole (mais il passe sous silence le séjour du peintre à Rome). Emprisonné dans les geôles de Tolède dans l’attente de son jugement, l’artiste commence la rédaction de ses mémoires... Farouche partisan de l’indépendance de son île natale (possession de Venise), il noue une idylle avec Francesca, la fille du gouverneur vénitien, puis gagne Venise où il fréquente l’atelier de Titien et rencontre le clerc espagnol Niño de Guevara, le futur Grand Inquisiteur qui éprouve pour lui des sentiments homosexuels. Il s’installe ensuite à Madrid, enfin à Tolède où Niño de Guevara découvre son portrait peu flatteur, ce qui provoque sa colère et une confrontation violente... (Rappelons que le Greco ne fut jamais persécuté par l’Inquisition et eut plusieurs commandes de tableaux par de hauts dignitaires du Saint-Office.) Tourné d’octobre 2006 à mars 2007 à Rhodes (Palais des grands maîtres), Athènes (Markópoulo), Heraklion (Koule), Venise (Campo dei Carmini), Santes Creus (Monastère Royal), Tolède et Manrèse (Santa María de la Seu), El Greco serait le film le plus cher jamais produit en Grèce. On retient une fort belle photo et l’excellente musique de Vangelis, mais les dialogues sont truffés de clichés, de platitudes et d’anachronismes (« tout art est un blasphème » assène le Greco à ses juges) ; les personnages sont sans nuances et le récit traîne, étalant une mélancolie superficielle. Placé en deuxième place du box-office annuel grec, le film du cinéaste crétois Smaragdis collectionne les récompenses nationales : 8 Greek State Film Awards au festival de Thessaloniki 2007 (meilleur film, réalisation, photo, montage, musique, décors, son, maquillages). Il est projeté aux festivals de Toronto et du Caire (prix du meilleur acteur : Juan Diego Botto) en 2008, et à Madrid en 2009 (prix Goya pour les meilleurs costumes). |
2008 | * La conjura de El Escorial (ES/IT/DE/PT) d’Antonio del Real Félix Rodríguez, Antonio del Real, Josef Steinberger/Máscara Films S.L. (Madrid)-Settima Luna (Roma)-Rheingold Films GmbH (Köln)-MGN Filmes (Lisbõa), 156 min./128 min. - av. Jason Isaacs (Antonio Pérez, secrétaire du roi), Julia Ormond (Ana de Mendoza, princesse d’Eboli), Juanjo Puigcorbé (Philippe II), Pilar Bastardès (la reine Anne d’Autriche), Jürgen Prochnow (cpt. Espinosa), Blanca Jaa (Damiana, son amour), Jordi Mollà (Mateo Vásquez, inspecteur jésuite), Joaquim de Almeida (Juan de Escobedo), William Miler (cpt. Rodrigo de Villena), Fabio Testi (Don Fernando Alvarez de Toledo, duc d’Albe), Rosana Pastor (Doña Juana de Coello), Pablo Puyol (Insausti), Anthony Peck (Tiépolo), Concha Cuetos (Bernardina), Ciro Miró (Diego Martínez), William Miller (cpt. Rodrigo de Villena), Antonio del Real (le médecin d’Escobedo). Dans la nuit du lundi de Pâques, le 31 mars 1578, Juan de Escobedo, politicien et cousin de la fameuse Ana de Mendoza, princesse d’Eboli, est assassiné par des sicaires. Il s’agit d’un assassinat politique, car on sait que le décédé était un proche du demi-frère du roi, Don Juan d’Autriche, établi à Bruxelles et sympathisant avec les rebelles de la Couronne. Le drame déclenche une série d’investigations parmi diverses personnalités de la Cour à l’Escurial (structurés en flash-backs), la question lancinante étant de savoir si Philippe II a bel et bien donné à son secrétaire privé, Antonio Pérez, l’autorisation d’éliminer Escobedo pour raison d’État. En arrière-fond, le film dépeint la lutte que se livrent la maison de Mendoza (dont fait partie la princesse), prônant une attitude conciliante avec les Flandres, et celle d’Albe, dont le sinistre duc terrorise les Pays-Bas avec armes et bûchers. Ana de Mendoza est dépeinte comme une intellectuelle et une politicienne progressiste, mais aussi une courtisane ambitieuse, orgueilleuse et hautaine ; le script souligne un peu excessivement sa liberté sexuelle (elle s’affiche nue face à la police qui vient l’arrêter, situation impensable au XVIe siècle) et on lui prête des liaisons avec le roi et Pérez, ce dernier étant ici un voyou sans rémission. Quant au monarque, Juanjo Puigcorbé le montre ironique et affable : quand il apprend que son demi-frère tant craint est décédé, il regrette de l’avoir soupçonné de trahison et nourri des années de rancœur. Le tournage se fait en anglais pour s’assurer une distribution internationale, avec des vedettes comme la Britannique Julia Ormond (Sabrina de Sydney Pollack), Jason Isaacs (la série des Harry Potter), Jürgen Prochnow (Das Boot de Wolfgang Petersen) en inspecteur épris d’une morisco et le vétéran italien Fabio Testi en duc d’Albe. On le réalise de septembre à décembre 2007 à Madrid (l’Escurial), Talamanca de Jarama, Ségovie (l’Alcazar, palais de La Granja, Panaderia), Guadalajara (palais ducal de Pastrana), monastère de Lupiana), Jaén (palais de Jabalquinto, bains arabes), Ubeda, Baeza, Ciudad Real (Viso del Marqués) et au Portugal (Sagres, Algarve). Il s’agit sans conteste d’un « thriller » politico-policier assez ambitieux, de bonne tenue et historiquement rigoureux, avec une réflexion intéressante sur le pouvoir, mais le tout est beaucoup trop long, alourdi parfois par du bavardage ampoulé et une narration figée. Le film est nominé à cinq Prix Goya (Rosana Pastor, direction artistique, photo, costumes, maquillages) mais sombre au box-office : financé à 15 millions d’euros, il en rapporte moins de deux. - US : The Conspiracy, The El Escorial Conspiracy. |
2009 | Rose & noir / Rosa y negro (FR/ES) de Gérard Jugnot Gérard Jugnot/Les Films Manuel Munz-Novo Arturo Films-Flamenco-Films-France 2 Cinéma-France 3 Cinéma-Europa Corp., 1h40 min. – av. Gérard Jugnot (Pic Saint-Loup), Bernard Le Coy (Castaing), Assaad Bouab (Flocon), Stéphane Debac (Myosotis), Elodie Frenck (Philipotte), Arthur Jugnot (Henri III), Françoise Remont (Catherine de Médicis), Rubén Tobías (Philippe II d’Espagne), Raphaël Boshart (le prince Frédéric de Montmirail), Juan Diego (Don Poveda, Grand Maître de l’Inquisition), Aixa Villagrán (Magarita de Poveda, sa fille), Saïda Jawad (Amalia), Mohamed Hicham (Jamel Hammamouche), Salah Teskouk (Ahmed Hammamouche), Patrick Haudecoeur (Sergio), Javivi Gil (Miguel), Philippe Duquesne, Thierry Heckendorn (les inquisiteurs). Synopsis : Au Louvre en 1577. Henri III charge Pic Saint-Loup, grand couturier sur le déclin, excentrique et homosexuel, d’une mission diplomatique cruciale à Madrid. Il doit confectionner sa plus belle robe de cérémonie pour le mariage du neveu du roi, l’insolent prince Frédéric, onze ans, avec l’héritière d’un grand d’Espagne, une vieille fille sèche. L’ennui, c’est que le cerveau créatif dans l’équipe de Saint-Loup est maure (Flocon, grimé en blond normand), que Myosotis, son parfumeur, est un juif marrane et que son coiffeur est une folle extravertie, fière et bruyante. Or, en Espagne ultracatholique dominée par la toute-puissante Inquisition, les Arabes, les Juifs et les homosexuels n’ont pas bonne presse. Pour ne rien arranger, Castaing, le secrétaire privé du couturier, est un terroriste protestant qui cherche à venger les siens du massacre de la Saint-Barthélemy en cachant une bombe dans sa robe, et le père de la mariée, Don Poveda n’est personne d’autre que le Grand Inquisiteur de Séville… Tombés dans la gueule du loup, ils tentent de sauver leur peau. Poveda explose avec la bombe destinée à Philippe II, Castaing est poignardé. Les autres sont condamnés au bûcher, mais Amalia, une suivante espagnole qui a du sang maure et s’est éprise de Flocon, les libère. Indésirable en France, le groupe choisit l’exil et embarque à bord d’un galion. Saint-Loup imagine une nouvelle carrière en Amérique, pays de la liberté. Dans les cales du navire croupissent des esclaves noirs… Pour sa deuxième incursion satirique dans l’histoire de France (après Sans peur ni reproche), Gérard Jugnot et son co-scénariste Philippe Lopes Curval fustigent les excès pseudo-religieux qui noircissent l’actualité (talibans, terrorisme islamiste). Estimant qu’en tant que phénomène civilisationnel, la mode est un domaine de résistance naturel aux intégrismes de tout acabit, ils catapultent un parangon de la libération des mœurs sous les derniers Valois, ayant lancé la mode des fraises et des mignons, dans une Hispanie d’une austérité macabre, régie par des déséquilibrés fanatiques qui passent leur temps à nier le désir et le plaisir. Leur comédie, une coproduction franco-espagnole calibrée pour séduire les foules et qui se voudrait un prolongement de la Cage aux folles d’Edouard Molinaro (1978) dans le terreau de La Folie des grandeurs (1971) de Gérard Oury, est tournée en scope dans les châteaux d’Écouen et d’Ambleville (Val-d’Oise), dans le Val-de-Marne (Grand Réservoir au Centre hospitalier universitaire du Kremlin-Bicêtre), à Séville et au cœur de l’Andalousie. Juan Diego, ex-militant anti-franquiste, fait le Grand Inquisiteur délirant, et Saîda Jawad, la compagne marocaine du réalisateur, est la salvatrice terrée dans son fief. Jugnot lui-même campe un Karl Lagerfeld rondelet du XVIe siècle, bouffon poudré, en rose de la collerette aux chaussures à pompons. « Une comédie contre l’intolérance », affiche la publicité. La tentative est méritoire, mais hélas, Jugnot voit trop grand : ses pitreries de folles de la mode chez les « fous de Dieu » sont plus balourdes que jubilatoires et en fin de compte, sa dénonciation ronflante s’appuie sur les mêmes stéréotypes qu’elle voudrait combattre. « Le manichéisme de la situation, la découpe caricaturale des personnages, l’absence de rythme, le pilotage automatique de la mise en scène à partir d’une idée somme toute assez pauvre, tout conduit le film à sa perte », résume Jacques Mandelbaum (Le Monde, 13.10.09). Le public espagnol apprécie peu de se voir dépeint comme une nation obscurantiste de tortionnaires laids et ennuyeux, tandis que les Français sont, eux, tous avant-gardistes, tolérants, libéraux, créatifs et héroïques. Un échec sur tous les fronts (108'000 entrées pour un budget de 15,6 millions d’euros). - US : Fashion Victim. |
2009 | ® (tv) Horrible Histories (GB) de Steve Connelly. – av. Mathew Baynton (Philippe II). |
2010 | (tv) La princesa de Eboli (ES) télésérie de Belén Macías Mercedes Gamero, Nathalie García/Atresmedia Cine-Antena 3 Films-Notro Televisión (Antena 3 18.+20.10.10), 2 x 75 min. - av. Belén Rueda (Ana de Mendoza, princesse d’Eboli), Eduard Fernández (Philippe II), Hugo Silva (Antonio Pérez), Petra Martínez (Bernardina), Pedro Casablanc (Mateo Vázquez), Nathalie Poza (Sofonisba Anguissola), Nuria Mencía (Juana de Coello), Javier Hernández (Rodrigo), Luis Callejo (Benítez), Alvaro Monje (Bartolomé), Inma Cuevas (María), Alex Angulo (Núñez de Arce), Ferran Rañé (le père Chaves), Roberto Enríquez (Juan de Escobedo), Michelle Jenner (la reine Anne d’Autriche), Pantxo Nieto (le comte de Barajas), Pere Brasó (Granvela), Joaquín Notario (Nuncio Ormaneto), Pascual Anega (Don Juan d’Autriche). Après avoir donné naissance à dix enfants et perdu son mari (épousé à l’âge de douze ans alors qu’il avait vingt-quatre ans de plus qu’elle), Ana de Mendoza, princesse d’Eboli et duchesse de Pastrana, devient une personne incontournable à la Cour, confidente intime du roi, en avance sur son temps, ambitieuse, ouvertement opposée la morale ambiante. Toutefois, sa liaison passionnée avec Antonio Pérez, le présomptueux et arrogant Premier secrétaire de la Couronne, doit rester cachée car il est marié et père de famille, un secret que Juan de Escubedo, un proche colérique et belliqueux de Don Juan d’Autriche, a découvert et qui le met en danger de mort. Philippe II, fou de jalousie en apprenant la trahison d’Ana puis l’assassinat de Scubedo, se venge cruellement... - Au fil des décennies, la fascinante princesse borgne (cf. That Lady de Terence Young, 1955) est devenue le sujet d’une douzaine d’ouvrages, de romans et de monographies, créant une véritable « ebolimania » dans les médias et sur Internet. La présente série, bien sûr tournée sur les lieux historiques en avril-mai 2010 (Pastrana, Manzanares el Real, l’Escurial, Granjilla de La Fresneda), offre une vision ultra-romancée et au goût du jour à laquelle la téléaste Belén Marcías et sa complice, la scénariste María Jaén, confèrent une tournure ostensiblement féministe : leur héroïne est victime de l’égoïsme et de la cruauté masculine (Pérez excepté), et le roi se montre particulièrement odieux. La série s’attarde aussi sur les souffrances de la reine Anne d’Autriche qui voudrait mourir pour ne plus avoir à subir la maltraitance de son conjoint (un fait inventé, la reine est morte en couches), et celle de l’artiste peintre italienne Sofonisba Anguissola (c.1535-1625), leur confidente et portraitiste (dont le roi finança généreusement le mariage avec un jeune noble sicilien). Mais que peut-on attendre d’une série qui montre Ana de Mendoza portant un cache-œil noir sur l’œil ... gauche ? |
2010 | * Lope (ES/BR/FR) d’Andrucha Waddington Mercedes Gamero, Jordi Gasull, Andrucha Waddington/Antena 3 Films-El Toro Pictures-Ikiru Films-Conspiração Films, 106 min. - av. Alberto Ammann (Félix Lope de Vega y Carpio), Leonor Watling (Isabel de Alderete y Urbina), Pilar López de Ayala (Elena Osorio), Juan Diego (le metteur en scène Jerónimo Velázquez, son père), Miguel Angel Muñoz (Don Francisco Perrenot, son mari), Ramón Pujol (Claudio), Antonio de la Torre (Juan Lope de Vega, frère de Félix), Luis Tosar (Frère Bernardo), Selton Mello (le marquis de Las Navas), Antonio Dechent (Salcedo), Carla Nieto (María), Sonia Braga (Francisca Fernández Flórez, la mère de Lope). L’équivalent ibérique de Shakespeare in Love (1998) de John Madden, concocté avec dynamisme, style et humour par le cinéaste brésilien Andrucha Waddington, en soignant le côté aventures de cape et épée ; l’acteur argentin Alberto Ammann campe Lope de Vega (1562-1635) en baroudeur surdoué et amoureux (« soldat, poète, séducteur et amant impulsif » dit la publicité). Le film ne brosse que la jeunesse turbulente du héros, futur auteur extrêmement prolifique auquel on attribue 3000 sonnets, 9 épopées, 1800 pièces de théâtre profanes et 400 drames religieux, cultivant tous les tons et abordant tous les thèmes. Né à Madrid dans une famille humble, sachant lire le latin et le castillan dès l’âge de cinq ans, le dramaturge et rival de Cervantès étudie à l’université d’Alcalá de Henares mais n’obtient aucun diplôme : sa vie dissolue l’éloigne du sacerdoce et le prive des bourses d’étude de ses protecteurs. En 1583 (c’est là que commence le film), Lope revient de la guerre, car il s’est engagé dans la marine et a livré bataille contre les Portugais à l’Isla Terceira, dans l’archipel des Açores. Il retourne à Madrid (alors en construction) où, joyeux drille, il vit d’expédients, gagnant sa vie comme secrétaire du marquis de las Navas et en rédigeant de petites comédies. Il se sait capable de changer le théâtre de son époque mais place l’amour avant tout. Sa première liaison passionnée avec Elena Osorio (appelée Fílis dans ses écrits), fille d’un imprésario et l’épouse de Don Francisco Perrenot, lui vaut cinq ans d’interdiction de séjour à Madrid et deux ans d’exil de Castille sous peine de mort. Il se console avec Isabel de Alderete y Urbina (Belisa dans ses écrits), une aristocrate qui admire son talent et qu’il enlève et épouse en 1588. Cette même année, poursuivi par des sicaires de sa belle-famille, il se terre à Lisbonne où, quelle aubaine, est ancrée la plus grande flotte jamais vue, l’« invincible Armada » ... Comment résister à l’appel des voiles ? Le film s’arrête là, mais on sait qu’il va s’engager sur le galion San Juan et qu’il survivra miraculeusement à la débâcle générale – pour se tourner vers l’écriture et le théâtre, là où « la vie est un rêve ». Le film, qui a coûté 5 millions d’euros, est réalisé en mai-juin 2009 à Madrid, à Tolède et au Maroc (Essaouira, Safi) ; Waddington, qui a renoncé à photographier les habituels palais, leur luxe et leurs armures dorées, a trouvé dans les anciennes colonies hispano-portugaises de l’Afrique du Nord une architecture des quartiers populaires de l’Espagne du XVIe siècle bien plus proche que celle des villages actuels de la péninsule ; pour plus de réalisme, il y a fait fabriquer céramique, tapis et mobilier par des artisans locaux, tandis que les costumes ont subi une discrète modernisation. L’aspect visuel inédit contribue au succès du film en salle. Il est programmé aux festivals de Toronto et de Venise 2010, et est nominé pour sept prix Goya, remportant le prix de la meilleure chanson et des meilleurs costumes. – DE : The Outlaw – Krieger aus Leidenschaft, GB/US : Lope the Outlaw, The Outlaw. |
2015 | ® (tv) Bill (GB) de Richard Bracewell. – av. Ben Willbond (Philippe II). – cf. Angleterre : Shakespeare |
2015 | ® (tv-df) Armada : 12 Days to Save England / Armada : The Untold Story (Invincible Armada, l’histoire méconnue) (GB) de Robin Dashwood. – av. Anita Dobson (Elizabeth Ire), Philip Cox (Philippe II d’Espagne), Iain Fletcher (Sir Francis Drake), Dominic Jephcott (l’amiral Charles Howard), Joseph Balderrama (le duc de Medina Sidonia), Alun Raglan (Juan Martinez de Recalde). - Docu-fiction qui cerne tous les aspects stratégiques du conflit. Philippe II a déployé dans la Manche une gigantesque flotte de 130 navires hérissés de canons et où ont embarqué 30’000 hommes. Drake est à la tête de la flotte anglaise, un corsaire que les amiraux espagnols craignent tellement qu’ils l’appellent « El Dragón », mais seules les conditions météorologiques et la discorde parmi les commandants de l’Armada empêcheront l’Espagne de l’emporter (la bataille est assez bien reconstituée en images de synthèse). - Pour plus de détails, cf. Angleterre, chap. 17 |
Deux Espagnols amoureux à la cour d’Angleterre : « La española inglesa » d’après Cervantès (2015).
2015 | (tv) La española inglesa [L’Espagnole anglaise] (ES) de Marco A. Castillo Pilar Nadal, Daniel Écija, Maite López Pisinero/Globomedia-Radiotelevisión Española (TVE 10.11.15), 109 min. - av. Macarena García (Isabel), Carles Francino (Ricaredo), Lola Herrera (Elizabeth Ire d’Angleterre), Miguel Rellán (Miguel de Cervantès), José María Blanco (Clotaldo, père de Ricaredo), Yolanda Arestegui (Catalina, sa femme), Ana Wagener (le chambellan), Juan Díaz (Guillarte), Puchi Lagarde (Leonor), Bernabé Fernández (Arnesto), Julio Jordán (Diego), Juan Meseguer (Don Juan), Paco Lahoz (Don Pedro), Berta Castañé (Tamsi), Mercedes Hoyos (Ana María), Kaabil Sekali (Arnaute Mami), Olalla Hernández (Clara), Juan Capilla (José). Miguel de Cervantès raconte lui-même l’histoire homonyme qui figure dans ses Novelas ejemplares (1613) à son éditeur : En juin-juillet 1596, une flotte anglaise sous commandement de l’amiral Charles Howard et de Robert Devereux, comte d’Essex, s’empare de la ville de Cadix, l’incendie et détruit les navires espagnols dans la baie. La petite Isabel, 7 ans, fait partie du butin de guerre que la soldatesque emporte en Angleterre et laisse aux soins du capitaine britannique Clotaldo. Celui-ci et sa famille sont des catholiques secrets vivant en terre anglicane. Isabel grandit aux côtés du fils unique de la famille, Ricaredo, de six ans son aîné, et les deux s’aiment. Dix ans plus tard, séduite par la beauté de la jeune femme, la reine Elizabeth la prend à la Cour comme dame de compagnie. Sur ses ordres, Ricaredo part en expédition contre les Espagnols avec le baron de Lansac, mais évite discrètement de tuer ses compatriotes catholiques. Entretemps, à Londres, Arnesto, un jeune Anglais, s’éprend d’Isabel. Celle-ci le repousse et la mère du prétendant empoisonne la jeune femme ; Isabel ne meurt pas, mais elle est défigurée et décide de rentrer en Espagne. Entretemps, Ricaredo a découvert les vrais parents de sa bien-aimée, mais il est capturé par les Turcs et reste emprisonné pendant deux ans à Alger. Il retourne juste à temps à Cadix pour empêcher Isabel de prendre le voile et l’épouser. - Le portrait subtil d’une femme vaillante et loyale, dont la beauté intérieure transcende la séduction physique. Tourné en juin 2015 à Chinchón, Pedraza, Guaddalajara et Tolède, ce téléfilm discret et élégant de la TVE est produit à l’occasion des 400 ans de la mort de Cervantès. |
2015 | (tv) El ministerio del tiempo – (épisodes :) Tiempo de Gloria – Tiempo de hidalgos – Tiempo de esplendor (ES) d’Abigail Schaaf (1-2) et Oskar Santos (3) Radiotelevisión Española, Madrid (TVE 2.3.15 + 29.2.16 + 29.6.16), 3 x 67 min. – av. Victor Clavijo (Félix Lope de Vega), Miguel Rellán (Gil Pérez). - Série de science-fiction : diverses tentatives de modifier l’histoire de l’Espagne en voyageant dans le temps. En 1588, le jeune écrivain Lope de Vega, 26 ans, monte à bord du galion San Juan, un navire de l’Armada en route pour l’Angleterre ... Il reviendra sain et sauf. |
2016 | (tv) El ministerio del tiempo – (épisode 21) Cambio de tiempo (ES) de Marc Vigil Série « El ministerio del tiempo » (épis. 21), Radiotelevisión Española, Madrid (TVE 23,5.16), 67 min. – av. Carlos Hipólito (Philippe II), Carlos Kaniowsky (Mateo Vázquez de Leca), Antonio Esquivias (un prêtre de l’Inquisition), Marta Nieto (la reine Isabelle de Portugal). - Série de science-fiction : diverses tentatives de modifier l’histoire de l’Espagne en voyageant dans le temps. Philippe II est au désespoir en apprenant le désastre de l’Armada en 1588 et cherche à corriger les erreurs stratégiques commises par son amirauté. |
2016 | ® (tv) Cervantes contra Lope (ES) de Manuel Huerga. – av. José Coronado (Félix Lope de Vega). – cf. Miguel de Cervantès, chap. 4.5 |
2017 | ® (tv) Reinas – virgen y mártir / Queens – The Virgin and the Martyr (ES/GB) série de José Luis Moreno et Manuel Carballo. – av. Adrián Castiñeiras (Felipe II), Laura Ledesma (Élisabeth de France/Isabelle de Valois/Isabel de La Paz, sa 3e épouse), Alejandra Onieva (Anne d’Autriche, sa 4e épouse), Fernando Gil (Don Fernando Alvarez de Toledo, duc d’Albe), Landher Iturbe (le prince Don Carlos), Raül Tortosa (Rodrigo, prince d’Eboli), David Villaraco (cpt. Rodigo de Boü), Fernando Oyagüez (Juan d’Autriche), Paloma Boyd (Juana d’Autriche), Elena Martínez (Isabel de Osorio), Leonardo Salerni (Guillaume d’Orange). - Cf. Angleterre : Mary Stuart. |
2018/19 | * (tv) La peste : La mano de la Garduña (La Peste) (ES) télésérie d’Alberto Rodríguez (1-3,6-8) David Ulloa (9-12) et Paco R. Baños (4,5) Domingo Corral, José Antonio Félez/Atípica Films-Movistar+ (Movistar+ 12.1.18 / 15.11.19), 2 saisons, 12 x 50 min. – av. Pablo Molinero (Mateo Núñez), Patricia López Arnaix (Teresa Pinelo), Sergio Castellanos (Valerio Huertas), Paco Léon (Luís de Zúñiga), Patricia López (Teresa Pinelo), Manolo Solo (Celso de Guevera), Cecilia Gómez (Eugenia), Manuel Morón (Arquímedes), Jesús Carroza (Baeza), Tomas de Estal (le médecin Nicolás Bautista Monardes), Estefanía de los Santos (Marìa de la O). En 1597, Séville est éprouvée une fois de plus par la peste bubonique qui fait rage dans les quartiers miséreux à l'extérieur des portes de la ville alors que la population augmente et que le gouvernement corrompu s’avère incapable de la nourrir. Le mécontentement social engendre la création de la société secrète Garduña, le crime organisé qui prend le contrôle de la cité à l’ombre de la tyrannie des clercs tandis que la noblesse s’adonne aux plaisirs du pouvoir et à l’hédonisme. Jadis une des villes les plus étincelantes et réputées de l’Occident, Séville n’est plus que l’ombre d’elle-même, la « Grande Babylone » insalubre, coupée du marché des colonies espagnoles dans le Nouveau Monde. Pendant ce temps, Mateo Nuñez, un ancien soldat et imprimeur condamné pour avoir autrefois imprimé des écrits hérétiques, négocie un accord avec Celso de Guevara, l'Inquisiteur général. Mateo est chargé de traquer un tueur en série diabolique qui erre dans la ville et s’en prend à la classe supérieure, notamment à des personnes liées au protestantisme. S'il réussit, il sera pardonné en récompense. Alors que l'épidémie continue de se propager, Mateo, transformé en Philip Marlowe pittoresque de la Renaissance (avec un perroquet sur l’épaule), est entraîné de plus en plus profondément dans la lie régnante. Teresa lui demande de l’aide car Valerio libère des prostituées illégales qui travaillent pour les mafieux de la Garduña (dirigée en fait par les caciques de la cité) et il est menacé de mort ; Baeza, un jeune ouvrier de ses amis est payé pour le tuer. Nommé nouveau gouverneur de Séville, Pontecorvo est chargé de mettre fin à la corruption et de mater la société du crime. Créée par le tandem Alberto Rodriguez et Rafael Cobos (auteurs encensés du thriller andalou La Isla Minima, 2014, et de El hombre de las mil caras), la série se veut le portrait d’une ville en décadence, un cloaque humain aux recoins sous-éclairés, à la fange omniprésente. Elle a nécessité un travail de recherche et de reconstitution considérable pour restituer de manière la plus réaliste possible la cosmopolite Séville de l’époque (où 10% de la population était noire), effort ayant nécessité un investissement de 10 millions d’euros (1e saison), 2000 figurants et près de 200 acteurs sur un tournage de 18 semaines (février-juin 2017). On a bien sûr filmé à Séville même (Casa de Pilatos, cathédrale, Reales Atarazanas, Palacio Lebrija, Giralda, Torre de Oro), à Carmona, Garrovillas de Alconétar, Trujillo, Coria del Rio et à Cuevas del Almanzora à Almería. Au XVIe siècle, Séville a connu cinq épidémies de peste bubonique entre 1507 et 1599 ; la plus virulente fut celle de 1649 qui fit 60'000 victimes. La série se consacre aux obscurs de l’Histoire nationale, mais on y aborde aussi le travail du médecin et botaniste Nicolás Bautista Monardes (1493-1588), grand défenseur de la médicine gréco-arabe. Présentée au Festival de San Sébastien 2017, elle fait un malheur à l’audimat et inonde le marché international. - DE : Die Pest, IT : La peste, GB/US : The Plague. |
2018/19 | ® (tv) La Guerre des trônes (FR) d’Alain Brunard, Vanessa Pontet. – av. Benjamin Garnier (Philippe II). |