IV - ESPAGNE ET PORTUGAL

7. L’ÂGE DES CONQUISTADORS (XVe-XVIe s.)

Cortés part à la conquête du royaume aztèque (« Captain from Castile » de Henry King, 1947).

7.4. Cortés, l’agonie des Aztèques et la Vierge de Guadalupe au Mexique

HERNÀN (FERNANDO) CORTÈS (1485-1547), militaire et fils d’un grand d’Espagne, s’embarque en 1506 pour Saint-Domingue (Hispaniola) où il reçoit des terres et des Indiens afin de développer la colonisation. En 1511, il participe à la conquête de Cuba avec le gouverneur Diego Velázquez de Cuéllar, dont il épouse la belle-sœur, puis, attiré par les récits d’or au Yucatan, il revend tous ses biens pour acheter des navires et explorer la région. Son armada, constituée en partie de vétérans des guerres d’Italie, quitte précipitamment Santiago de Cuba en février 1519, craignant que Velázquez n’annule l’expédition. Celle-ci compte 11 navires, 16 cavaliers, 518 fantassins, 13 artilleurs et 8 petits canons, 32 arbalétriers, 13 arquebusiers, 110 marins ainsi que 200 Indiens et esclaves noirs. En avril 1519, Cortés débarque à Veracruz où il vainc la résistance des Mayas grâce à la peur qu’engendrent les armes à feu et les chevaux, détruit des statues « païennes » et interdit les anciens cultes (notamment les sacrifices humains). Gerónimo de Aguilar, puis La Malinche (Malintzin), vont servir d’interprètes et, pour cette dernière, d’atout majeur dans la conquête à venir : elle deviendra rapidement conseillère et l’amante de Cortés, et lui donnera un fils. Bravant l’interdit de la gouvernance à Cuba, Cortés s’engage en faveur du métissage afin de mieux s’intégrer avec la population locale et interdit la présence de femmes blanches dans son expédition. Des ambassadeurs de l’empereur aztèque Moctezuma II, souverain d’un pays que leurs ennemis Mayas appellent Mexico, s’annoncent. Cortés utilise les rancœurs et la haine qui existent entre diverses ethnies et s’attribue le rôle d’un messie destiné à régner sur les Mexicains. Des partisans du gouverneur de Cuba, qui s’est opposé à l’expédition cortésienne à l’intérieur du pays, tentent de rebrousser chemin. Ils sont dénoncés et punis, tandis que Cortés ordonne de détruire sa flotte, rendant toute désertion impossible. À Cholula, il échappe à un piège des Aztèques et massacre toute la ville, puis marche vers Tenochtitlan, la capitale aztèque où il entre en novembre 1519. Il y est reçu comme un dieu et couvert d’or, mais apprenant que les Indiens ont pris Veracruz, preuve que les Espagnols ne sont pas invincibles, Cortés s’empare de Moctezuma comme otage pour se prémunir d’une révolte aztèque. Il affronte victorieusement l’expédition cubaine de Pánfilo de Narváez, envoyée pour le punir tandis qu’en son absence, son second Pedro de Alvarado profite d’une fête aztèque pour massacrer les indigènes. La population se rebelle, les « barbus blancs » sont piégés dans le palais impérial, encerclés par des dizaines de milliers d’Indiens hostiles. Cortés force Moctezuma de parler à ses sujets pour les calmer (fin juin 1520), mais l’empereur aztèque est mortellement blessé lors de cette opération infructueuse tandis que les Espagnols assiégés, affamés et lourdement chargés de trésors, sont contraints d’effectuer une sortie nocturne de la ville sous la pluie (« la noche triste »), échappée qui coûte la vie à quelque 400 des leurs et 2000 alliés. Cortés survit de justesse. Ralliant tous les ennemis des Aztèques, il assiège Tenochtitlan pendant trois mois et fait 200'000 morts, jusqu’à ce que le dernier empereur, Cuauhtémoc, se rende (août 1521). Refusant de dire où sont cachés les trésors du royaume, le jeune souverain, 29 ans, est torturé à mort sous les yeux de son vainqueur.
Nommé capitaine de ce qui va devenir la Nouvelle-Espagne en 1535, Cortés envoie quatre missions d’exploration infructueuses dans le Pacifique et pénètre dans le golfe de Californie (1539). Soumises au choc viral, à l’esclavage généralisé (marquage au visage au fer rouge) et au travail forcé, les populations mexicaines subissent un effondrement démographique grave : le Mexique comptait 25 millions d’habitants à la veille de l’arrivée des Espagnols ; un demi-siècle plus tard, en 1568, la population est estimée à 3 millions d’habitants, et en 1620 à un million six cent mille personnes. La dépopulation enregistrée dès les premières décennies de la conquête conduit la Couronne de Castille à durcir la législation relative à l’esclavage. Charles Quint récompense Cortés avec le titre de marquis de la Vallée de Oaxaca, mais on ne lui accorde pas le gouvernement de la colonie. De retour en Espagne, il participe en 1541 à l’expédition catastrophique de Charles Quint à Alger, la flotte chrétienne est coulée par une tempête, Cortés regagne la côte à la nage. Il meurt de la dysenterie à l’âge de 62 ans, pratiquement en disgrâce, sa gloire passée étant occultée par les immenses trésors incas ramenés du Pérou par Francesco Pizarro (cf. chap. 7.5).
Au Mexique, en guise de consolation, l’Église catholique révèle en décembre 1531 une quadruple apparition miraculeuse de la Vierge en métisse aztèque – Notre Dame de Guadalupe - dont le culte va se développer dans toute la Nouvelle-Espagne, remplaçant celui de la déesse Cuzcamiauh pour devenir au fil des siècles le plus grand pèlerinage chrétien du monde.

1904Hernán Cortés, Hidalgo y Morelos (MX) de Carlos Mongrand
Carlos Mongrand Producciones, Toluca (México), 1 bob. – « Épisode national » tourné par Charles Mongrand, représentant français du Cinématographe Lumière au Mexique depuis 1901. Une des très rares apparitions de Cortés, aventurier honni, dans le cinéma mexicain.
1904Cuauhtémoc (MX) de Carlos Mongrand
Carlos Mongrand Producciones, Toluca (México), 1 bob. – Cuauhtémoc (« L’Aigle qui descend »), dernier empereur aztèque (v. 1497-1525), cousin de Moctezuma II, se lance dans la guerre contre les Espagnols en 1521 après que Pedro de Alvarado eut fait massacrer la noblesse mexicaine dans le Templo Mayor à Tenochtitlan. Il résiste dans la capitale pendant trois mois. Capturé, il est atrocement torturé par Cortés, mais refuse de divulguer où sont cachés les trésors du royaume ; les sévices subis le laissent infirme. Cortés le fait pendre quatre ans plus tard et la dynastie fondée en 1376 par Acamapichtli s’éteint, et avec elle l’Empire aztèque. - Autre « Épisode national » sur la résistance héroïque des Indiens contre l’envahisseur blanc tourné par Charles Mongrand, représentant français du Cinématographe Lumière au Mexique.
1908Montezuma (GB) d’Arthur Gilbert
Gaumont British Corp. (London) (« Chronophone Films »), 1 bob. – Une scéne de l’opéra éponyme d’Antonio Vivaldi (1733), projection accompagnée d’un disque synchronisé avec l’image et amplifié grâce à un phonographe, selon le procédé mis au point à Paris par Léon Gaumont. Cf. captations de 1992 et 2011.
1910The Aztec Sacrifice (US) de Sidney Olcott
George Kleine, Samuel Long, Frank J. Marion/Kalem Company (New York), 1 bob./290 m.- av. Gene Gauntier (Meluna). – Moctezuma II apprend l’arrivée de Cortés qu’on prend pour le Dieu Soleil et le grand prêtre exige en son honneur le sacrifice de Meluna, une belle esclave. Celle-ci parvient à s’enfuir et se cache dans une caverne. Cortés marche sur Tenochtitlan, mais en route, un de ses officiers, De Barbazon, tombe dans un guet-apens organisé par Ilziptl et est laissé pour mort. Preuve est faite que les Espagnols ne sont pas des dieux. Après l’avoir soigné, Meluna est capturée par les guerriers d’Îlziptl qui la ramènent dans la cité afin que le prêtre lui arrache rituellement le cœur. Mais De Barbazon intervient à temps, précipite le prêtre dans le vide et embrasse Meluna. - Épisode tiré du livre History of the Conquest of Mexico de William H. Prescott (1843) et tourné dans les studios de Jacksonville en Floride.
1910Suplicio de Cuauhtémoc / La muerte de Cuauhtémoc (MX)
Unión Cinematográfica S.A. (México). – Capturé par les Espagnols et refusant de révéler où sont cachés ses trésors du royaume, Cuauhtémoc, 29 ans, a les pieds trempés dans de l’huile à laquelle on a mis le feu. Stoïque, il se tait mais les sévices subis le laissent infirme et il finira pendu sur ordre de Cortés. Cf. film de 1904.
Cortés (Francis X. Bushman, centre g.) et l’empereur aztèque dans « The Fall of Montezuma » (1912).
1912The Fall of Montezuma (US) de Henry McRae Webster
George K. Spoor/Essanay Film Manufacturing Company (Chicago), 3 bob./914 m./33 min. – av. Francis X. Bushman (Hernán Cortés), Frank Dayton (Moctezuma II), William Walters (Cacamatzin, son neveu usurpateur), William Bailey (Guatemozin, son frère), Harry Cashman (Huitzil, le Grand Prêtre de la guerre), Howard Missimer (Quetzal, le Grand Prêtre de la paix), Roy Tyrrell (deuxième Grand Prêtre de la guerre), Florence Levy et Elaine Hayman (prêtresses de Quetzal), Milton Newman (l’envoyé de Moctezuma), Nadine Seron (Doña Marina / Malinalli / La Malinche / Malintzin, concubine-interprête de Cortés), E. M. Sincere (cpt. Pedro de Alvarado), G. D. Faulkner (Bernal Diaz), A. D. Gibbs (le Père Olmedo), Billy Armstrong (un pêcheur), Luvena Buchanan et Selina Leidloff (des femmes aztèques).
La fin de Moctezuma vu par les Américains : Cortés et ses hommes débarquent sur les rives mexicaines et, après une impressionnante cérémonie religieuse, pénètrent à l’intérieur du pays. Un pêcheur annonce la nouvelle à Moctezuma II pendant le festival de Quetzal honorant le Dieu de la Paix. Fou de rage, le Grand Prêtre Huitzil voudrait que le monarque déclare la guerre aux envahisseurs et ordonne un sacrifice humain en honneur du Dieu de la Guerre, mais Moctezuma s’y oppose. Huitzil, Cacamatzin et Guatemozin le supplient de ne pas laisser entrer l’ennemi dans le royaume. Comme l’empereur hésite, ses opposants invitent son neveu Cacamatzin à usurper le trône et à prendre les armes. Dans la ville de Tabasco, Cortés trouve avec l’Indienne Marina/La Malinche à la fois une interprète idéale et sa concubine. Quatre mois plus tard, les ambassadeurs de Moctezuma lui annoncent l’interdiction d’entrer dans la capitale Tenochtitlan, mais l’Espagnol fait savoir qu’il veut rencontrer personnellement le souverain aztèque, et à la colère de Cacamatzin, Cortés entre dans la capitale avec ses hommes. Après les festivités de bienvenue au palais royal d’Axayacatl, Cacamatzin et son cousin Guatemozin parviennent à se retirer, tandis que Moctezuma, effondré, se découvre prisonnier du perfide Cortès dans sa propre demeure. Cacamatzin incite la population à la résistance et Huitzil, acclamé par la foule, sacrifie une sentinelle espagnole aux dieux. Alors que Cortés fait détruire temples et idoles, Cacamtzin s’empare du trône de son oncle. Cortés contraint Moctezuma à parler publiquement à ses sujets en colère, mais l’empereur est grièvement blessé par les javelots de ses propres sujets ; refusant d’assister à l’effondrement de son empire, il arrache les bandages de ses blessures, perd tout son sang et meurt. (En vérité, il semble que les Espagnols aient eux-mêmes éliminé leur royal otage devenu inutile.) Assiégés dans le palais, Cortés et les siens se défendent « avec un courage sans pareil dans les annales de l’histoire civilisée » (publicité du film) et finissent par l’emporter grâce à leurs armes à feu. Le cadavre de Cacamatzin est jeté dans le fleuve, la conquête du Mexique est achevée. Des années plus tard, Cortés, maître du pays, est « ovationné par Aztèques et Espagnols à présent réunis en une grande fraternité ».
Cortèz rencontre la princesse Marina avant de s’emparer de Tenochtitlan (« The Fall of Montezuma », 1912).
 Tourné de mai à juin 1912 aux studios Essanay de Chicago (le décor aztèque couvre 4500 m2) et en extérieurs dans l’Indiana avec 200 figurants, The Fall of Montezuma est alors le plus gros effort de production d’Essanay. Star de la maison, Francis X. Bushman, le futur Messala du Ben Hur muet de 1925, joue Cortés, tandis que le réalisateur Theodore Wharton assume la seconde équipe pour batailles et scènes de foules. Curieusement, le film (aujourd’hui perdu) ne semble pas avoir été exploité à l’étranger. Dans sa conclusion, on omet de préciser que cette « belle aventure » reconstituée à l’écran a coûté la vie à plus de 150'000 Indiens et que Guatemozin, finalement capturé, a péri sous la torture pour n’avoir pas révélé la cachette des trésors royaux.
1917* The Woman God Forgot (Les Conquérants) (US) de Cecil B. DeMille
Cecil B. DeMille/Artcraft Pictures Corporation-Famous Players Lasky Corp. (Paramount), 5 bob./77 min. – av. Geraldine Farrar (Tecza, fille de Moctezuma II), Wallace Reid (Don Pedro de Alvarado), Raymond Hatton (Moctezuma II), Hobart Bosworth (Hernán Cortés), Theodore Kosloff (Guatemoco, cousin et fiancé de Tecza), Walter Long (le grand-prêtre Taloc), Julia Faye (la domestique de Tecza), Olga Grey (Maruna, femme aztèque), Charles B. Rogers (Cacamo), Ramon Novarro (un Aztèque), Louis Weinberg (un prince aztèque), James Neill (un prêtre) et les Kosloff Dancers.
Synopsis: En débarquant au Mexique en 1519, Hernán Cortés délègue son bras-droit, le capitaine Pedro de Alvarado, à la cour de Moctezuma II pour l’inciter à se rendre et à se convertir au christianisme. Ses soldats sont enivrés par l’or que Moctezuma a donné en cadeau afin qu’ils rebroussent chemin. Alvarado se fait passer pour le fils du légendaire Dieu Blanc que les Aztèques attendent depuis longtemps. Pas dupe, l’empereur aztèque fait arrêter l’arrogant, qui tente vainement de s’échapper par les toits du palais puis trouve un éphémère refuge dans les appartements de la princesse Tecza, fille de Moctezuma. Alvarado est enfermé dans un donjon où, comme tant d’autres, il est condamné à être sacrifié sur l’autel des dieux. Mais quoique sur le point d’épouser son cousin Guatemoco, Tecza s’est éprise du séduisant Espagnol et les sacrifices humains la répugnent, son esclave favorite Maruna devant subir le même sort suite à un caprice du Grand Prêtre Taloc qui cherche ainsi à asseoir son pouvoir ; si Tecza refuse, a-t-il menacé, ce seront vingt vierges qui subiront son sort. Pour sauver l’Espagnol, Tecza contacte secrètement Cortés qui assiège Tenochtitlan et, ce dernier lui ayant promis qu’il quitterait le pays après la libération de son capitaine, elle lui ouvre les portes de la cité. Les conquistadors envahissent les lieux et sauvent de justesse Alvarado. Confronté à Moctezuma, Cortés change d’avis et le fait arrêter. Moctezuma maudit sa fille renégate, traîtresse à sa race, désertée par tous les dieux y compris par le dieu chrétien, puis il invite son peuple à déposer les armes. Un indio le tue d’une flèche, la bataille s’engage et dure trois jours. Hurlant « mort aux chrétiens ! », Tecza se bat, elle aussi, contre les Espagnols, mais les canons de l’envahisseur l’emportent. Les cadavres des Aztèques jonchent la ville, les conquistadors se ruent sur les trésors du palais tandis qu’Alvarado plaide avec succès pour la vie de la princesse, seule survivante de sa race, auprès de Cortés. Tecza se console dans les bras de son sauveur qui l’accueille dans la religion chrétienne et l’épouse...
Rappelons pour la chronique que le joli garçon du film, Pedro de Alvarado (1485-1541), était un militaire aussi brillant que cruel (à en croire ses contemporains qui le haïssaient), une brute rousse et colérique, plus tard le gouverneur despotique du Guatemala ; c’est lui qui organisa le massacre général de l’aristocratie et du clergé aztèque au Templo Mayor de Tenochtitlan en mai 1520, pendant une fête religieuse où était assemblée toute la noblesse, sans armes, pour chanter et danser. Il se maria deux fois, mais sa concubine permanente était Doña María Luisa de Tlaxcala (Xicoténcatl, Tecubalsi, Tecuelhuetzin), fille du roi Nahua qui lui donna trois enfants ; il fut tué par son cheval en pleine campagne contre les Indiens mixtòn. Quant à la véritable fille de Moctezuma, elle s’appellait Tecuichpo Ichcaxóchitl ou Isabel Moctezuma et était l’épouse de Cuauhtémoc, le dernier souverain aztèque, rendu infirme par la torture puis pendu à l’âge de 29 ans sur ordre de Cortés en 1525. Ce-dernier la viola puis l’épousa ; de cette relation non consentie naquit Leonor. Un détail inconnu à Hollywood.
La soprano Geraldine Farrar en fille de Moctezuma (« The Woman God Forgot », 1917).
 Affublé d’un titre aussi idiot que son contenu (mais qui mêle le sexe et la religion), The Woman God Forgot est la première superproduction « historique » de DeMille, genre qui va faire sa renommée, si l’on excepte Joan the Woman (Jeanne d’Arc), son film précédent qui contenait toutefois un récit-cadre moderne. Les scénaristes en sont à nouveau Jeanie Macpherson, fidèle collaboratrice et une des maîtresses du cinéaste, et le frère de ce dernier, William C. DeMille ; le sujet est lointainement inspiré du roman fantaisiste Montezuma’s Daughter de Sir Henry Rider Haggard (1892), ou du moins de son titre. Geraldine Farrar, 35 ans, la soprano la plus célèbre des États-Unis (elle a créé Madame Butterfly au Metropolitan), échange les castagnettes de Carmen et l’armure de la sainte Pucelle dont l’affubla DeMille contre les parures emplumées d’une jeune vierge aztèque fort peu crédible, mais constamment voluptueuse. Le rôle de Guatamoco, le fiancé de Tecza, est tenu par Theodor Kosloff, danseur du Ballet Russe et collègue de Nijinsky, tandis que sa maîtresse Natacha Rambova alias Winifred Hudnut (future femme de Rudolph Valentino) crée d’extravagants costumes, fabriqués par 40 couturières. Le tournage a lieu de juillet à septembre 1917 aux studios Jesse L. Lasky à Hollywood, à Inceville (Santa Yñez Canyon, L.A.), au parc national de Yosemite et dans la citée aztèque (surmontée d’un téocalli, pyramide à degrés haut de 60 mètres) érigée par Wilfred Buckland sur les collines longeant le Pacifique vers Santa Monica, où près de 1000 figurants se livrent bataille, avec une ambulance aux aguets ; aux studios Lasky, il fait construire une immense piscine couverte abritant des centaines d’oiseaux tropicaux. Certes, la théâtralité est reine, les acteurs gesticulent, l’exubérance vestimentaire prête à sourire (des plumes partout), l’hypocrisie appliquée du script excède, mais force est d’admettre que DeMille a le sens du spectacle et du drame, que son génie à manier les foules est déjà bien présent, tandis qu’il compense le statisme de sa caméra par un montage très efficace. Variety porte le film aux nues tout en notant que Miss Farrar a la peau d’une blancheur peu courante chez les Aztèques comme chez les figurants qui l’entourent (2.11.17), mais le public yankee n’en a cure : produit pour 115’420 $, The Woman God Forgot récolte 340’504 $ au box-office. La presse mexicaine, en revanche, fulmine contre le film qu’il qualifie d’offense au sentiment national. Le véritable « conquérant », ce n’est pas Cortés, c’est DeMille. Feu vert pour sa prochaine superfresque, la version muette de The Ten Commandments (1923). Pendant les trois décennies suivantes, le cinéma des États-Unis ne va plus toucher aux Aztèques, étant bien assez occupé à célébrer une autre « conquête » génocidaire, celle du Far West qui s’est déroulée de manière plus discrète, plus masquée par les médias et longtemps à l’abri des rares historiens trop regardants (le titre français du film, Les Conquérants, ne cache pas une certaine admiration pour ce type d'entreprises triomphalistes chantées par la saga westernienne). Notons toutefois deux curiosités, des projets inaboutis par ou avec Hollywood : en 1922, Fred Niblo envisage un *Conquest of Mexico/La conquista de México avec l’appui du gouvernement mexicain, et en 1924, le producteur T. Travizuc annonce un *Encuentro de Cortés y Moctezuma avec Douglas Fairbanks en souverain aztèque. - IT : L’ultima dei Montezuma, MX : La olvidada de Dios.
Juan Diego aperçoit la Vierge et rapporte les faits à l’évêque de México (« Tepeyac », 1917).
1917Tepeyac / El milagro de Tepeyac (MX) de Carlos E. Gonzáles, José Manuel Ramos, Fernando Sáyago
José Manuel Ramos, Carlos E. González, Enrique Rosas/Films Colonial (Ciudad de México), 90 min./64 min. - av. Beatriz de Córdova (la Vierge de Guadalupe), Gabriel Montiel (l'indio Juan Diego Cuauhtlatoatzin), Pilar Cotta (Lupita Flores), Emilia Otaza (sa mère), Roberto Arroyo Carrillo (Carlos Fernández), Gabriel Montiel (Frère Juan Diego de Zumárraga, archevêque de México), José Manuel Ramos (Frère Bernardino de Sahagún), Luis García Carrillo, Carlos E. González et Pedro Walker (des missionnaires).
C'est le premier ouvrage d’une longue série de fictions cinématographiques consacrées à la sainte patronne du Mexique. Les faits historiques : Entre le 9 et le 13 décembre 1531, l’Indien aztèque Cuauhtlatoatzin (« l’aigle qui parle ») dit Juan Diego, 57 ans, veuf, pauvre, converti depuis peu, est témoin de quatre apparitions mariales sur la colline aride de Tepeyac, au nord de Tenochtitlan (aujourd’hui Ciudad de México). La Vierge lui apparaît sous les traits d’une jeune métisse vêtue comme une princesse aztèque, debout devant un cactus métamorphosé en rosier multicolore, dans une rocaille couverte d’un parterre de fleurs, et lui demande (en langue nahuatl) de se rendre auprès de l’évêque espagnol pour faire construire un lieu de culte sur cette colline. Sceptique, l’évêque Juan de Zumárraga exige un signe céleste, et le 12 décembre, Juan Diego lui apporte une brassée de roses d’Espagne cueillies fraîches en plein hiver à México ainsi que l’impression miraculeuse de l’image de la Vierge à la peau olivâtre sur sa houppelande (la tilma) ; l’évêque et sa suite tombent à genoux. Or sur cette même colline de Tepeyac se tenait avant l’arrivée de Cortés un culte à la déesse aztèque Cuzcamiauh (« maïs en collier de fleurs »). L’événement est opportun politiquement – il évite de plus grands bains de sang encore - et psychologiquement. Une grande dévotion à Notre-Dame de Guadalupe, symbole du catholicisme mexicain, se développe dès lors dans toute la Nouvelle-Espagne, à la fois signe du transfert culturel d’une spiritualité à l’autre, de réconciliation interethnique et une consolation miraculeuse pour la population indigène martyrisée par l’occupant (aujourd’hui, le plus grand pèlerinage chrétien du monde se déroule dans la basilique Notre-Dame-de-Guadalupe de México, le lieux de prière catholique le plus visité après le Vatican). Né à Tlayacac en 1474, Juan Diego est mort à 74 ans, en 1548. Il sera canonisé par le pape Jean-Paul II en juillet 2002 lors de la visite du Saint-Père au Mexique (après avoir été béatifié en avril 1990).
Dans Tepeyac, film réalisé e.a. par le peintre et décorateur José Manuel Ramos d’après un scénario du poète Carlos E. González, les apparitions miraculeuses sont placées au centre d’un récit-cadre qui se déroule dans le présent, en 1917 : Lupita Flores y apprend que son fiancé Carlos Fernández était sur un navire coulé par un sous-marin allemand et prie la Vierge de Guadalupe de México pour sa survie. Puis, ne trouvant pas le sommeil, elle lit un livre contant les apparitions miraculeuses de la « Vierge métisse » à l’Indio Juan Diego, dix ans après l’effondrement de l’empire aztèque... En se réveillant le matin, Lupita retrouve son fiancé sain et sauf, et les deux vont se recueillir à la basilique de Notre-Dame de Guadalupe le 12 décembre. – Une des rares productions mexicaines muettes ayant survécu (quoique dans une version incomplète), Tepeyac sort dans un pays en pleine guerre civile, une décennie idéologiquement troublée où s’entredéchirent Porfirio Díaz, Pancho Villa, Emiliano Zapata, Francisco Madero, Victoriano Huerta, Venustiano Carranza, les grands propriétaires terriens, les militaires, les factions anticléricales et les révolutionnaires à outrance. Son message se veut un appel à la paix et à l’union nationale.
1917/18Cuauhtémoc (MX) de Manuel de la Bandera
Mexamer Films-Bandera Films (México), 8 bob. – av. Gabino Ornelas (Cuauhtémoc), Manuel Domínguez Olascoaga (Hernán Cortés), Concepción Jaime (Xochiquetzali), Lucrecia Herrera (Tecuixpo), Salvador Quiroz (don Pedro de Alvarado), Juan de Dios Arellano (Gerónimo de Aguilae), Miguel Angel Ferriz Sr., Ricardo Mutio, Fernando Navarro, María Rivera, Tapia, Francisco Ferriz, Susana Valencia, Alicia Ruffles, Salvador Quiroz, Roberto Woessman, Miguel Fernández, Luciano Frank, Juan Cachu Ramírez, Salvador Plasencia, Carmen Domenzaín.
La mise en scène d’une pièce de théâtre de Tomás Domínguez Yáñez : Cuauhtémoc (1496-1525), le fils d’Ahuizótl et cousin de l’empereur Moctezuma II, se voit couronné lorsque les Espagnols sont expulsés de Tenochtitlan, capitale anéantie par la faim et la variole. Il finira néanmoins torturé à mort. Symbole de la résistance contre l’invasion espagnole et chantre d’une culture indigéniste disparue (cf. film de 1904), Cuauhtémoc se fait désormais rare sur les écrans mexicains, probablement pour des raisons culturo-religieuses, étant remplacé par des sujets plus consensuels comme les apparitions mariales de la Vierge de Guadalupe. Notons un mégaprojet inabouti de film datant de 2011, *Cuauhtémoc, emperador azteca de Shamdara Films, écrit par Enrique González Rubio Montoya et à réaliser par Daniel Däliger. Sans suite à ce jour.
1931Alma de América (MX) d’Alfonso Bustamante
Producción La Mexicana, 85 min. - av. Esperanza Cataneo, Fausto de Prado, Gloria Judith Jiménez, Octavio Luzart, Laura Madero, Casiiro Ortega, Manuel Rangel, Sergio Villasenor, Alfonso Zamacona. – Semi-documentaire religieux sur l’histoire du Mexique financé par l’Église catholique et illustrant notamment l’apparition de la Vierge de Guadalupe en 1531, dix ans après l’effondrement de l’empire aztèque. Cf. supra, Tepeyac (1917).
« Zitari » (1931) de Miguel Contreras Torres.
1931Zitari (El tiemplo de las mil serpientes) (MX) de Miguel Contreras Torres
Miguel Contreras Torres/Imperial Art Films, 25 min. – av. Medea de Novara (la princesse Zitari), Matias Santoyo (Mazatilde). – Court métrage (muet) rédigé par le cinéaste pour les débuts de son épouse Medea de Novara, vedette de deux trames parallèles : l’une de la princesse aztèque Zitari qui offre des fleurs aux dieux, l’autre de l’actrice dans les ruines archéologiques de Chichén Itzá, Uxmal, Totihuacan, Palenque et Chiapas. Le père de Zitari, le roi, veut tester le courage de son amoureux, un humble guerrier, et lui ordonne de combatte une tribu rebelle, ce qui lui sera fatal.
1934/35Tribu (MX) de Miguel Contreras Torres
Miguel Contreras Torres Producciones (México), 80 min. - av. Miguel Contreras Torres (Tumitl), Medea de Novara (Doña Leonor, marquise del Olmo), Alrredo del Diestro (le gouverneur Don Alfredo del Moral, duc du Pardo, son père), Carlos Villatoro (le capitaine espagnol), Julio Villarreal (cpt. Bazan), Emilio Fernández (Itzul), Guillermo Calles (un Indien), Manuel Noriega (Frère Juan de Oviedo), Eduardo Arozamena (Zotil), Rosita Arriaga (la duchesse Elvira), Victorio Blanco (un Espagnol), Antonio Guerrero Tello, Manuel R. Ojeda.
La tribu des Orimbas, au sud du Mexique, est l’une des dernières à résister farouchement aux Espagnols. Lors d’une expédition ennemie, de nombreux Espagnols sont capturés, parmi eux Doña Leonor, la fille du gouverneur à Santa Fe de Otul. Le Grand Prêtre Zotil incite à sacrifier les prisonniers aux dieux, mais Tumitl, le nouveau chef, les épargne, scelle la paix avec l’envahisseur et s’éprend de Doña Leonor. Cette dernière est enlevée par des Orimbas rebelles aux ordres de Zotil. Tumitl tente de la sauver. Il est mortellement blessé par une flèche empoisonnée du Grand Prêtre et meurt dans les bras de sa bien-aimée. « Seul l’amour pourra amener la paix du monde », conclut un prêtre, sans doute rassuré par l’élimination du collabo Tumitl qui permet d’éviter un embarrassant mariage interracial. – Le cinéaste donne à nouveau la réplique à son épouse Medea de Novara, actrice d’origine mexicano-liechtensteinoise (cf. supra, Zitari, 1931). Comme le relève amusé The New York Times, « en contant comment la tribu a fini par autoriser l’envahisseur blanc à chercher de l’or dans leurs terres sans être molesté, Señor Contreras Torres se montre fort gentil avec Espagnols et Indiens, le seul « méchant » du film étant le Grand Prêtre païen » (10.6.35). Il est vrai qu’au générique de ce mélo exotique visant l’exportation, les Indiens sont qualifiés de « seigneurs de la forêt » et les Espagnols de « caballeros légendaires de l’aventure téméraire »... Tournage en novembre 1934 aux studios de la México Films, à Tehuantepec et Tuxtepec (Oaxaca) et à Zongolica (Veracruz). A la caméra, le légendaire Gabriel Figueiroa, plus tard chef-opérateur d’Emilio Fernandez (qui joue ici un petit rôle), de Luis Buñuel (5 films dont Los olvidados, 1950), John Ford et John Huston.
1934/35Doña Malinche (MX) de José Castellot Jr. [Hilario Paullada]
Cinematográfica Artistica Industrial (Ciudad de México). – av. Gloria Iturbe, Jorge Vélez, Consuelo [Chelo] Villaseñor, Luis G. Barreiro, Antonio R. Frausto, Dolores Camarillo Fraustita, Paco Martínez, Armando Arriola Arriolita, Pepe Martínez.
Mexique au XVIe siècle. Le chef d’une tribu indienne refuse de rendre hommage aux Espagnols, mais tombe amoureux de la fille du gouverneur. Un Indien rebelle tue le chef qui meurt dans les bras de sa bien-aimée. - Tournage en octobre-novembre 1934 aux studios de la México Films et en extérieurs à Cuernavaca (État de Morelos), Tacubyay et Villa Obregón.
1940La Reina de México / Las cuatro apariciones de la Virgen de Guadalupe (MX) de Fernando Méndez
Iracheta y Elvira Producciónes (México), 40 min. - av. Maritza Nieto, Tito Junco, Pedro Galindo, Humberto Rodriguez, Paz Saleriz, Fabio Acevedo, Manuel Buendia, Victor Junco, Tito Novaro, Victor Novarro et Los hermanos Galindo. - Moyen métrage de paroisse, mi-documentaire historique, mi-mélodrame religieux relatant les quatre apparitions mariales de décembre 1531 à Tepeyac (cf. supra, Tepeyac, 1917). Tournage en octobre 1940 aux studios Azteca (México), la toute première réalisation – ô ironie - du futur père du cinéma d’horreur mexicain (El monje loco, 1940, le cultissime El vampiro, 1957, etc.).
1942La virgen morena [La Vierge métisse] (MX) de Gabriel Soria
Gabriel Soria, Alberto Santander, Alejandro Afif Abularach/Santander-Soria Films, 98 min. - av. José Luis Jiménez (l'indio Juan Diego Cuauhtlatoatzin), Amparo Goríbar (la Vierge de Guadalupe), Amparo Morillo (Doña Blanca, fille du vice-roi), Luis Mussot, vice-roi de la Nouvelle-Espagne), Antonio Bravo (cpt. Diego Delgadillo), Arturo Soto Rangel (Juan Bernardino, oncle de Juan Diego), Agustin Sen (l’évèque Juan de Zumárraga), Abel Salazar (Temoch, le dernier prince aztèque), Luis Alcoríza (Frère Pedro de Gante), Aurora Cortés (María Lucía), Tito Junco Ixtla, cousin de Temoch), Francisco Llopis (un frère), María Luisa Zea (la Grande Prêtresse Xóchitl), Alfonso Bedoya (Popoca), Carolina Barret (María).
Synopsis : Mexique en hiver 1531. Les soldats du cruel capitaine Diego Delgadillo tuent, pillent et violent la population indigène malgré les protestations de Frère Pedro de Gante et de l’évêque Juan de Zumárraga. Nommé par Charles Quint, membre corrompu du gouvernement militaire, Delgadillo fait la sourde oreille et s’enrichit sans vergogne. Dernier descendant des empereurs aztèques, le prince Temoch organise l’enlèvement de Doña Blanca, fille du vice-roi ; dans sa colère contre les envahisseurs espagnols, il blesse d’une flèche le vieux dévot Juan Bernardino, l’oncle converti de Juan Diego. Pour soigner son oncle, ce dernier se rend à Tenochtitlan, mais en route, sur la colline de Tepeyac, la Vierge lui apparaît sous les traits d’une métisse ; Juan Diego alerte l’évêque qui refuse de le croire. Entretemps, Delgadillo et ses troupes envahissent le palais de Temoch où Doña Blanca soigne avec abnégation les blessés aztèques. Tenoch et Blanca, qui s’aiment, parviennent à s’enfuir. La troisième apparition de la Vierge de Guadalupe et les miracles qui l’accompagnent convainquent tout le monde, le prince aztèque compris. Ce dernier se convertit au christianisme tandis que le capitaine Delgadillo est arrêté et jeté en prison. (Il rentrera en Espagne pour y être jugé, la maladie l’emportera deux ans plus tard à Grenade.)
Une grosse production au service de l’imagerie historico-religieuse archiconnue (cf. supra, Tepeyac en 1917), impliquant des décors imposants du palais du vice-roi et du prince aztèque et quelque 8000 figurants (selon la publicité), le tout filmé en août-septembre 1942 aux studios Azteca à Ciudad de México. On y célèbre avec lourdeurs et dérapages de goût « la création spirituelle de la nationalité mexicaine, œuvre de la sublime Reine du Ciel ». Le scénario repose sur le livre El milagro de Tepeyac du père jésuite Carlos M. de Heredia, clerc qui s’implique personnellement pour dénicher une interprète digne (et longtemps demeurée anonyme) de la Vierge parmi la bonne société mexicaine « non souillée par le cinéma ». José Luis Jiménez, le comédien populaire qui interprète Juan Diego, sourire niais et bouts de moustaches à la Cantinflas, décrochera deux ans plus tard le rôle-titre du mystique dans San Francisco de Asís.
L’esclave veut savoir pourquoi son maître-amant persécute son peuple (« La virgen que forjó una patria », 1942).
1942* La virgen que forjó una patria [La Vierge qui forgea une patrie] / Reina de reinas (MX) de Julio Bracho
Agustín J. Fink, Emilio Gómez Muriel/Films Mundiales S.A. (Ciudad de México), 106 min. - av. Ramon Novarro (l'indio Juan Diego Cuauhtlatoatzin), Domingo Soler (Frère Martin), Gloria Marin (Xochiquiáuit), Paco Fuentes (Don Pedro de Alonso), Alberto Galán (Frère Juan de Zumárraga, évêque de México), Felipe Montoya (le prince aztèque Xiunel), Ernesto Alonso (cpt. Ignacio Allende), Manuel Pozos (Juan Bernardino, oncle de Juan Diego), José Morcillo (Nuño de Guzmán), Octavio Martinez (cpt. Diego Delgadillo), Jesús Valero (Charles Quint), Margarita Cortés (la femme de Juan Diego), Alfredo Varela (Sr. de Atzcapotzalco), Paco Martínez (Vasco de Quiroga), Julio Villareal (Don Miguel Hidalgo y Costilla), Ernesto Alonso (cpt. Ignacio Allende), Victor Urruchúa (cpt. Juan Aldama), Fanny Schiller (Josefa Ortiz de Dominguez), Joaquín Coss (le Corregidor de Queretaro).
Synopsis : En septembre 1810, cinq conspirateurs mexicains, dont le prêtre Don Miguel Hidalgo y Costilla et Ignacio Allende, se réunissent dans la villa du corregidor de Querétaro pour organiser l’insurrection contre la monarchie espagnole (mise à mal par Napoléon), révolte menée sous le patronat de la Vierge de Guadalupe. Une délation remet tout en question, mais en attendant la suite des événements, Hidalgo conte à Allende les antécédents historiques du pays... Flash-back: En 1528 dans la cité de Tenochtitlán, la belle esclave Xochiquiáuit (« Fleur de pluie ») reproche à son maître Don Pedro de Alonso, une brute grossière, de maltraiter les indigènes survivants qu’il marque au fer sur le front. Lorsque Frère Martín, un crucifix à la main, frêne le massacre organisé du sanguinaire Espagnol dans un village et prend les habitants sous sa protection. Juan Diego, impressionné par son humanité, se fait baptiser. Il avertit le religieux que le prince aztèque Xiunel planifie un bain de sang contre les Espagnols ; il l’en empêche tout en lui garantissant la vie sauve. Mais à l’instar d’autres Aztèques, Xiunel a tué son propre fils pour lui éviter une vie d’esclave et il est étranglé par le Espagnols dans sa cellule. Don Alonso perd la raison en réalisant que l’enfant que vient de lui donner Xochiquiáuit, a aussi été marqué au fer rouge comme du bétail et il perd la vue en tentant de se stigmatiser par le feu lui-même. Frère Martin se rend en Espagne pour dénoncer les horreurs commises contre les Indiens auprès de Charles Quint, mais il décède sur le chemin du retour, des suites d’une épidémie à bord d’un galion qui transporte des esclaves noirs. En 1531, la Vierge de Guadalupe se manifeste pour enfin concilier les antagonistes par sa miraculeuse intervention, en tant que « mère de tous les habitants de cette terre (latino-américaine) » (pour plus de détails sur cet épisode cf. supra, Tepeyac en 1917). Trois cent ans plus tard – fin du flash-back de 75 minutes au XVIe siècle -, son étendard sera aussi celui du mouvement d’indépendance qui aboutira, armes à la main, en 1821 et entrainera la rupture avec l’Europe.
Ce que le film ne dit (évidemment) pas, c’est que la majorité des indépendantistes du XIXe siècle qui se rangèrent sous l’enseigne de la Vierge étaient des francs-maçons ou des anticléricaux militants (Benito Juarez s’attaqua concrètement aux possessions de l’Église). La haine du catholicisme dans les milieux politiques bourgeois et la gauche prolétarienne déboucha sur la guerre civile de la Cristiada dans les années 1920, suivie de la fermeture des églises et la persécution des prêtres catholiques romains (40 fusillés) dans la décennie qui suivit (cf. The Fugitive/Dieu est mort de John Ford, 1947). L’hostilité ouverte contre Rome ne se calma qu’avec l’élection du président modéré Manuel Avila Camacho en 1940.
Juan Diego (Ramon Novarro) révèle l’image de la « Vierge métisse » sur son manteau (1942).
 Le cinéaste Juan Bracho, artiste cultivé et courageux, promoteur d’Eugene O’Neill sur scène à México, signe avec La virgen que forjó una patria un des films mexicains les plus intéressants de la décennie, une sorte de « grand film national » qui, sans être parfait, ne mâche pas ses mots et reflète les tensions et enjeux du moment : le 2 juin 1942, le Mexique du président Camacho a déclaré la guerre aux Troisième Reich (suite à deux pétroliers coulés par des sous-marins allemands) et son film – tourné en octobre-novembre 1942 dans les studios CLASA (Cinematográfico Latino Americana S.A.) à Ciudad de México avec des fonds gouvernementaux – proclame l’amour de la liberté, la haine de l’esclavage et des conquistadors de tous temps. Son film dépeint le violent conflit entre l’arrogante caste militaire formée par Cortés qui insiste sur ses prérogatives de conquérants sans états d’âme, et la hiérarchie ecclésiastique soucieuse du message christique et des incitations papales, quoiqu’encore hésitante (Paul III et sa bulle pontificale Sublimis Deus suivra en 1537) ; par crainte de compromettre l’évangélisation des Amériques, l’évêque de México excommunie publiquement Pedro de Alonso, tandis que Frère Martin, précurseur révolté de Bartolomé de Las Casas, alerte les souverains d’Europe. Un plan montre un cavalier castillan reculer tel Attila face au pape Léon devant le crucifix que lui tend ostensiblement un prêtre pour protéger des indigènes innocents. En vérité, la papauté de la Renaissance se résigna à l’immobilisme pour ne pas trop nuire aux puissances coloniales restées fidèles à Rome face aux pays protestants et en particulier à l’Angleterre que la main d’œuvre gratuite de l’esclavage faisait monter rapidement en puissance économique. Mais cela concerne le vieux continent en proie à ses démons du passé, alors qu’en 1942, le message de La virgen que forjó una patria s’adresse sans ambages et globalement à l’homo americanus du présent et répond indirectement au « panaméricanisme » de circonstance promulguée par Washington. D’entente avec Roosevelt, le Brésil et le Mexique envoient d’ailleurs des militaires sur le théâtre européen, et, pour le Mexique, même un escadron dans le Pacifique sous le nom des Aigles aztèques (Aguilas Aztecas). Le film, pour sa part, cherche à cerner la « nature du Mexicain de toujours » (indien, métis et blanc), ses traumas, ses valeurs profondes.
Ce n’est pas un hasard si le rôle-pivot de l’Indio Juan Diego, messager candide de la Vierge comme de l’Église, est confié à une grande star d’Hollywood, le Mexicain Ramon Novarro (rival de Rudolph Valentino, il incarna le Scaramouche de Rex Ingram en 1923, le Ben-Hur de Fred Niblo en 1925, le Prince étudiant d’Ernst Lubitsch en 1927, etc.) qui joue ici dans son unique film mexicain. Catholique fervent, Novarro parvient à éviter tout sentimentalisme dans les scènes « miraculeuses », son jeu très naturel concordant parfaitement avec la mise en scène assez sobre de Bracho, tandis la photo du légendaire Gabriel Figueroa, le chef-opérateur le plus célèbre d’Amérique latine, souligne par sa beauté sans emphase l’exceptionnelle incidence. Le film, certes, porte les stigmates de son temps, bavard, parfois paralysé par le respect de l’Histoire, montrant l’Indien selon les clichés de l’Occidental, mais ses intentions sans ambages et l’intensité dramatique de certains passages parlent en sa faveur. Bracho ne sera pas toujours récompensé pour son franc-parler : en 1960, il réalisera La sombra del caudillo, une critique féroce de l’ère révolutionnaire des années vingt et de sa dérive vers la dictature militaire ; son film, qu’il considérait comme son œuvre la plus achevée, sera primé au festival de Karlovy Vary et applaudi à l’Est, mais ne sortira pas au Mexique avant 1990, douze ans après sa mort - précédée d’un long boycott professionnel. - US : The Saint Who Forged a Country, BR : A Virgem que forjou uma pátria.
1939[La noche de los Mayas (MX) de Chano Urueta ; Francisco de P. Cabrera, Mauricio de la Serna, Luis Aragón/Films de Artistas Mexicanos Asociados (FAMA), 101 min. – av. Arturo de Córdova (Uz), Stella Inda (Lol), Isabela Corona (Zeb), Luis Aldás (Miguel), Miguel Angel Ferriz Sr. (Yum Balam), Jacoba Herrera (Nuc), Rodolfo Landa (Taz), Daniel Chino Herrera (Apolonio), Rosita Gasque (Pil), Jacoba Herrera (Nuc, l’ancien), Ch. Sànchez (Chumín), Max Langler (Men). - Une légende romantique et semi-fantastique dans laquelle le présent se mêle au passé lointain des Mayas. Dans un village de la jungle du Yucatán, Uz, un jeune chasseur tombe amoureux de Lol, la fille de Yum Balam, le chef de tribu. Mais Miguel, un homme blanc, débarque et séduit la jeune femme. Leur liaison provoquant la sécheresse de la terre et des puits, Lol est soumise au jugement des dieux, fouettée et condamnée à être sacrifiée. Uz part à la recherche de Miguel et le tue, puis emmène son corps vers la pyramide où se déroule la cérémonie sacrificielle. Voyant le cadavre de son bien-aimé, Lol se jette dans le vide. Le ciel se couvre, la pluie tombe. – Filmé à Chichen Itza (Yucatán), La noche de los Mayas récolte le Prix du Comité National de l’Industrie Cinématographique Mexicaine 1939 et deux prix pour Isabel Corona et la photo de Gabriel Figueroa. En 1960, José Yves Limantour transformera la partition originale du chef d’orchestre et compositeur Silvestre Revueltas en une suite symphonique en quatre mouvements. – US : Dark Night of the Mayas.]
La conquista, refuge contre l’Inquisition : Cortés (2e à g.) et Pedro de Vargas (centre, Tyrone Power).
1947* Captain from Castile (Capitaine de Castille) (US) de Henry King
Lamar Trotti, Darryl F. Zanuck/20th Century-Fox, 141 min. - av. Tyrone Power (Don Pedro de Vargas), Jean Peters (Catana Pérez), Cesar Romero (Hernán Cortés), Thomas Gomez (Père Bartolomé Romero), Lee J. Cobb (Juan García), John Sutton (Diego de Silva), George Zucco (le marquis de Carvajal), Antonio Moreno (Don Francisco de Vargas), Alan Mowbray (l’astrologue Botello), Barbara Lawrence (Luisa de Carvajal, fiancée de Don Pedro), George Zucco (le marquis de Carvajal, son père), Roy Roberts (cpt. Pedro de Alvarado), Virginia Brissac (Doña María de Vargas), Marc Lawrence (Corio), Jay Silverheels (Coatl, prince aztèque), Robert Carnes (Manuel Perez, frère de Catana), John Laurenz (Diego Cermeño), Mimi Aguglia (Doña Hernandez, duègne de Luisa), Reed Hadley (Juan Escudero), Chris-Pin Martin (Sancho López), Fred Libby (Hernán Soler), Robert Adler (Reyes), Dolly Arriaga (Mercedes de Vargas), Harry Cartel (cpt. Sandoval), Gilberto González (l’ambassadeur de Moctezuma), Reed Hadley (Juan Escudero), Estela Inda (Doña Marina /Malinalli / Malintzin / La Malinche, interprète et concubine aztèque de Cortés), Robert Karnes (Manuel Perez), Robert Shaw (un officier espagnol), Edward Mundy (Crier), [John Burton (Ignacio de Lora, Grand Inquisiteur) – scènes coupées].
Synopsis : En Andalousie, près de Jaén en juin 1518, Don Pedro de Vargas, un jeune noble, sauve une humble mais ravissante servante d’auberge, Catana Pérez, des griffes des spadassins du puissant Diego de Silva qui voulaient abuser d’elle. Il la raccompagne chez elle où il fait connaissance de Juan García, un jovial aventurier devenu geôlier dans la prison locale pour rester près de sa mère prisonnière de l’Inquisition. Afin de venger l’affront fait à ses hommes, Diego da Silva, arriviste cauteleux et membre influent du tribunal de l’Inquisition à Jaen, intente un procès en hérésie à la famille de Pedro qui n’a jamais approuvé l’arbitraire et les méthodes peu chrétiennes des clercs ; Pedro est arrêté, ses parents sont incarcérés et Mercedes, sa jeune sœur de douze ans, périt sous la torture. Le père de sa fiancée, le marquis de Carvajal, refuse de l’aider. Grâce à la ruse de Catana, amoureuse de lui, et de García, Pedro réussit à s’évader des geôles de l’Inquisition après avoir forcé Diego de Silva de renoncer à Dieu, transpercé la canaille de son épée et facilité la fuite de ses parents en Italie. Recherché pour meurtre dans son pays, ayant tout perdu, Pedro décide d’aller tenter sa chance au Nouveau Monde avec García, violent et tourmenté, car il s’est résigné à tuer sa propre mère pour lui épargner le bûcher. Arrivé à Cuba, toujours accompagné de García et de Catana qu’il épouse, Pedro se joint à l’équipée de Cortés pour explorer et conquérir de nouvelles terres. Ils débarquent à Villa Rica, sur la côte est du Mexique. A Cempoala, l’empereur aztèque fait offrir à Cortés pour qu’il reparte un trésor que ce dernier place sous la garde de Pedro. Une partie des bijoux est volé par Cermeño et Escudero, des mutins, mais Pedro retrouve l’or et les voleurs, s’en sort avec une blessure mais sauve ainsi sa propre vie et gagne ses galons de capitaine. Cortés met alors le feu à ses navires, enlevant à ses hommes toute envie de retourner à Cuba ou dans le Vieux Continent et montrant par la même occasion à Moctezuma sa détermination de rester. C’est alors que réapparaît Diego de Silva qui a survécu à ses blessures, souhaite introduire l’Inquisition au Mexique au nom de Charles Quint et accuse Pedro de haute trahison. Le père Bartholomé intervient en faveur de son nouveau capitaine et Cortés décrète que le passé doit être oublié. Peu après, l’Inquisiteur est découvert étranglé. Suspecté, Pedro est condamné à mort par pendaison. Pour éviter pareil déshonneur à son mari, Catana le poignarde dans sa cellule et le blesse grièvement alors que le véritable assassin-justicier est découvert et exécuté sans appel : c’est Coatl, un jeune prince aztèque à qui Pedro sauva la vie jadis et qui s’est vengé des horribles sévices subis en tant qu’esclave de l’Inquisiteur en Andalousie. Grâce aux soins de Catana, Pedro se remet de ses blessures et peut fièrement suivre Cortés qui marche au-devant de Moctezuma et vers la « terre promise » et la gloire. Nous sommes en octobre 1519. Le père Bartholomé leur rappelle dans un discours fortement américanisé qu’ils ne doivent pas être des conquérants mais des hommes de Dieu, que tous les hommes sont égaux et qu’il faut créer un monde de « liberté et de justice pour tous »... Catana suit la troupe, portant l’enfant qu’elle a donné à Pedro.
Probablement un des films les plus ambigus et idéologiquement les plus embarrassants sortis des usines hollywoodiennes. La conquête espagnole de l’Amérique centrale et latine est un sujet « chaud » que le cinéma américain a évité pendant 30 ans (soit depuis The Woman God Forgot de DeMille, 1917), ne sachant trop comment le présenter sans se brûler les doigts ; à ce jour, seul The Royal Hunt of the Sun (1969) d’Irving Lerner, adaptation de la pièce de l’Anglais Peter Shaffer qui décrit sans mâcher ses mots les méfaits de Francisco Pizarro envers les Incas, s’est à nouveau risqué dans les Amériques du XVIe siècle, quoique pour le compte d’une petite production indépendante anglo-américaine à l’exploitation ultra-discrète (cf. infra, chap. 7.5). Les rapines de Cortés & consorts ont du reste longtemps fait partie de la « légende noire » antiespagnole propagée par les nations anglo-saxonnes, elles-mêmes atteintes de cécité quant à leur propre conduite dans le nord. Ainsi, Hollywood a pendant ces trois décennies joyeusement exploité sa « conquête héroïque » de l’Ouest avec sa myriade de mensonges, de racisme, d’incompréhension et de travestissements, le général Custer remplaçant avantageusement Cortés aux yeux du public anglophone. De surcroit, pour des spectateurs sédentaires et citadins, incendier des campements de wigwams ou des mesas délabrées dérange moins visuellement que de détruire d’impressionnantes cités-temples, vestiges d’une culture hautement développée ; dans le même ordre d’idée, chasser des sauvages pour leur voler leurs terres ancestrales et anéantir leur mode de vie semble moins répréhensible aux yeux d’une mentalité bourgeoise que de voler de l’or et des pierres précieuses aux Méso-Américains, pour autant qu’ils ne soient pas chrétiens. La cavalerie des États-Unis, toujours présente, a été amplement mythifiée, on ne peut donc y toucher, tandis que les soudards espagnols issus du Vieux Continent n’ont plus personne sur place pour les défendre. Enfin, le fait d’imposer l’admirable civilisation occidentale (au profit exclusif des Blancs) ne vaut-il pas tous les sacrifices ? Comme on le sait, au cinéma, le vent ne tournera qu’à partir de 1949 avec Devil’s Doorway (La Porte du diable) d’Anthony Mann, film qui prend le parti et la défense des Shoshones, suivi dans les années 1950 des plaidoyers pro-Indiens bien connus d’un Delmer Daves, Richard Brooks, George Sherman, etc.
La fille d’auberge amoureuse de l’aristocrate. – A dr. La Malinche, concubine et interprète de Cortés.
 Captain from Castile est adapté d’un best-seller éponyme du pédagogue américain Samuel Shellabarger, spécialiste ès-littérature d’été historisante et professeur à l'université d'Ohio. La 20th Century-Fox acquiert les droits du volumineux roman dès sa prépublication dans Cosmopolitan, en novembre 1944, et le chef du studio, Darryl F. Zanuck, sollicite Joseph L. Mankiewicz, l’intellectuel d’Hollywood, pour étudier la faisabilité d’une transposition à l’écran. Ce dernier est clair : « Ni Cortés ni sa conquête ne peuvent être traités ni déformés sans que soient offensées de nombreuses personnes qui y sont intéressées » (memo du 16.7.45). Puis il propose un casting comprenant Tyrone Power (Pedro), Linda Darnell (Catana), Fredric March (Cortés) et José Ferrer (Coatl) avant de se retirer sur la pointe des pieds... Le studio décide de ne prendre en compte que la première moitié du roman (à la fureur de l’auteur), au risque de déséquilibrer l’ensemble et en finissant sur une sorte d’anticlimax. Shellabarger se complaisant dans la description des cruautés de la Sainte Inquisition, le studio en atténue la violence à la demande expresse de la Legion of Decency catholique et des censeurs du Code Hays qui estiment que la représentation des inquisiteurs comme « chasseurs de sorcières » (point de vue protestant et juif) est inacceptable. Ainsi, le personnage d’Ignacio de Lora, frère dominicain corrompu et cruel du Tribunal inquisitoire, est éliminé du scénario malgré quelques scènes déjà tournées, et la sauvagerie de l’institution n’est que suggérée. Faut-il comprendre que la même religion peut être nocive en Espagne, mais positive en Amérique ? Lorsque le héros explique à un indigène les avantages de se convertir au christianisme, ce dernier, impavide, remarque : « Peut-être ton dieu et le mien est-il le même ? ». Sans réponse. Quant à Cortés - campé par le « latin lover » Cesar Romero, d’origine américano-cubaine - , il a dans ce contexte toutes les qualités, puisqu’en tant que soldat hardi, jovial, élégant, sophistiqué, charismatique et pas trop scrupuleux, il protège les héros contre le fanatisme du clergé et leur donne la possibilité de refaire leur vie, voire de s’enrichir (sur le dos des indigènes, s’entend, ce qu’on ne dit pas expressément) dans un continent loin des préjugés de caste et des codes d’honneur contraignants de la vieille Europe, une contrée de « renaissance » vierge de toute dictature morale : le Nouveau Monde comme antidote à l’Inquisition. Soit l’équivalent des anciens westerns, où les persécutés d’Europe trouvaient une nouvelle vie dans le Far West américain, sans trop se poser de questions. L’hidalgo persécuté peut même s’y démocratiser en épousant une fille d’auberge. Mais en se joignant à la « grande aventure » qui se dessine sur la route de Tenochtitlan, sorte de fuite en avant, le bretteur aux yeux de braise participe à la glorification à peine voilée de son crapuleux commandant. Alors que le récit semble préparer le public à un vaste affrontement civilisationnel, le mot « Fin » s’imprègne sans crier gare sur une parade de militaires assoiffés de métal jaune, aux costumes et drapeaux rutilants. Auparavant, on a montré Cortés canonnant une idole en pierre, mais la subséquente boucherie gratuite de six mille civils aztèques au canon à Cholula (18 octobre 1519) en guise d’avertissement manque à l’appel. Les trahisons et les bains de sang qui s’ensuivront sont un autre chapitre dont on se garde bien de souffler mot – et que le spectateur moyen ignore. Il peut juste se demander ce que Cortés peut bien aller faire chez Moctezuma, les Indiens ayant été présentés comme étant des peuples civilisés, accueillants et diplomates...
Pour information, la seconde partie du roman de Shellabarger se déroule dans l’enceinte de Tenochtitlan où les Espagnols sont assiégés par les Aztèques révoltés : le prêtre félon Ignacio de Lora y périt brûlé vif tandis que Pedro, Catana et García trouvent miraculeusement refuge dans la tribu du prince Coatl, l’ancien esclave d’Andalousie. Ce dernier offre à son sauveur de jadis une chambre de bijoux en or comme cadeau d’adieu. Pedro en remet une partie à Cortés et à l’empereur Charles Quint, puis, richissime, fait un aller-retour dans sa patrie où ses droits sont restaurés et ses parents pardonnés. Il élimine de Silva en duel, enfin s’installe avec son épouse au Mexique colonisé, inaugurant « un âge où le courage, l’honneur et l’amour vont fleurir dans le Nouveau Monde comme il le fit dans l’Ancien ». Fort heureuseent, les scénaristes - dont Lamar Trotti, oscarisé pour Wilson de King en 1944 - ont eu la décence de nous épargner ce salmigondis.
Cela dit, Captain of Castille laisse le cinéphile déchiré, car sa forme est souvent aussi belle que son contenu peut être douteux. Le style de Henry King, prestigieux vétéran spécialisé dans le romanesque intimiste, marie élégance visuelle, rare splendeur plastique et introspection tout en cachant l’émotion que suscitent les paroxysmes de la vie avec une surprenante retenue. Comme le souligne Jacques Lourcelles, « la notion d’aventure est utilisée pour mettre les personnages, et surtout le personnage central, en face de leur vérité » (Dictionnaire du cinéma, Paris, 1992, p. 196). Balancé entre espoir et tragédie, tombé de charybde en scylla, Don Pedro expérimente en tant que catholique la plus difficile des vertus, celle du pardon appliqué à son pire ennemi, puis découvre l’amour d’une servante dont il n’aurait jamais pensé pouvoir un jour faire sa femme. Certains caractères sont plus complexes et même émouvants, tel Juan Carcía (excellent Lee J. Cobb) qui devient presque fou quand il a bu, à force de vouloir oublier qu’il a dû tuer sa propre mère et qu’il est, lui aussi, amoureux de Catana. Fêlures, traumatismes et maladresses conditionnent leurs comportements et en ce sens, le film est clairement une production d’après-guerre.
Pour illustrer Shellabarger, la 20th Century-Fox a mis les bouchées doubles. L’affiche est alléchante, Henry King dirigeant pour la septième fois la vedette romantique no. 1 du studio, Tyrone Power, qui courtise ici une jeune débutante de 21 ans, Jean Peters (future Mme Howard Hughes), une sémillante brunette dont l’apparition troublante lance une carrière traversée de films exotiques signés Kazan, Tourneur, Fuller, Hathaway, etc. Elle remplace ici au pied levé Linda Darnell (occupée sur Forever Amber de Preminger) et Jennifer Jones (pas libre non plus) et apparaît vive comme le feu, douce, passionnée et sensuelle, se livrant avec Power à une danse andalouse d’un érotisme sauvage. Jay Silverheels, acteur d’origine Mohawk, fait le prince aztèque Coatl. Le tournage, véritable défi technique, s’effectue en Technicolor de la min-novembre 1946 à avril 1947, principalement au Mexique (83 jours), à Guadalajara et dans la région d’Acapulco pour le débarquement de Cortés et où l’on érige un téocalli (pyramide à degrés), à Uruapan avec son volcan de Paricutin récemment réactivé (en « doublure » des éruptions du Popocatepetl au XVIe siècle), à Morelia à 560 km au sud-ouest de Ciudad de México pour les séquences andalouses, enfin en intérieurs aux studios de la Century-Fox à Hollywood (33 jours). Robert D. Webb dirige la seconde équipe avec 4500 figurants mexicains, dont des indiens Tarascas parlant nuatl. Cette entreprise compliquée hors des États-Unis (150 collaborateurs, lourdes caméras couleurs, costumes) – encore une rareté au lendemain de la guerre - grève sérieusement le budget qui passe de 2 millions à 4,5 millions de $, une somme alors extravagante entraînant pour la première année d’exploitation, et ce malgré un accueil chaleureux en salle à Noël 1947, une perte provisoire de 1,5 millions. La presse américaine n’est pas unanime, Bosley Crowther se demandant si « l’Église catholique et nos voisins du sud ne seraient pas responsables de l’élimination des meilleurs passages du livre » (The New York Times, 26.12.47). La magnifique partition d’Alfred Newman, nominée aux Oscars, est un précieux soutien à l’écran tandis que deux adaptations radiophoniques confirment la popularité du film comme du roman, l’une du « Lux Radio Theatre » avec Cornel Wilde et Jean Peters au microphone (7.2.49), l’autre du « Screen Directors’ Playhouse » avec Douglas Fairbanks Jr. (3.5.51).
L’année suivante en Italie, Henry King s’attaquera avec Tyrone Power à un autre sujet tiré d’un roman de Samuel Schellabarger, Prince of Foxes (Échec à Borgia), pour lequel le Code Hays interdira de mentionner que Cesare Borgia (Orson Welles) était le rejeton peu glorieux d’un pape... Il est permis de sourire. Quant à Captain from Castile, le film banni en Espagne n’y sortira que 46 ans plus tard, en février 1993, soit bien après la mort de Franco et seulement à la télévision ! - IT: Il capitano di Castiglia, ES (tv): Capitán de Castilla, DE/AT: Der Hauptmann von Kastilien, PT : Capitão de Castela.
1953* (tv) Cortes Conquers Mexico, November 11, 1519 / The Conquest of Mexico (US) de Sidney Lumet
Série « You Are There » no. 10, William Dozier/CBS Broadcasting Inc. (CBS 5.4.53), 30 min. – av. John Baragrey (Hernán Cortés), Juano Hernández (Moctezuma), Eartha Kitt (La Malinche/Doña Marina), Robert Carroll (cpt. Pedro de Alvarado), Rusty Lane (cpt. de Olid), Richard Casey (cpt. de Leon), Nehemiah Persoff (cpt. de Sandoval), Robert H. Harris (le gouverneur Diego Velasquez), Winston Burdett (le reporter), Walter Cronkite (hôte et narration).
Les épisodes de la conquête du Mexique résumés sous forme d’un reportage de télévision commenté par le reporter-vedette Walter Cronkite. Le spectateur assiste en direct aux événements à Tenochtitlan où Cortès (contre lequel le gouverneur de Cuba a lancé un mandat d’arrêt) et ses hommes sont encerclés, puis au palais d’Axayacatl où, sur conseil de Doña Marina alias La Malinche, concubine indienne et interprète de l’aventurier espagnol, ce-dernier décide de prendre Moctezuma en otage. Dans son scénario, Abraham Polonsky (pseudo : Jeremy Daniel), blacklisté, dénonce violemment la bigoterie religieuse (on remplace le dieu de la guerre par le Christ en croix), les préjudices raciaux et l’impérialisme ; son commentaire nous rappelle que La Malinche est depuis lors devenue le synonyme de traîtresse à sa race. Elle est interprétée ici par la danseuse et chanteuse noire Eartha Kitt (« the most exciting woman in the world », selon Orson Welles). Un des nombreux travaux pour la télévision de Sidney Lumet, quatre ans avant de percer sur le grand écran avec le remarquable et dérangeant Twelve Angry Men (Douze hommes en colère) tiré de la pièce de Reginald Rose. Enregistré aux studios Grand Central Terminal à Manhattan-New York.
1955Chilam Balam / La virgen azul [La vierge bleue] (MX) d’Iñigo de Martino
Armando Orive Alba, J. Ramón Aguirre, Alberto A. Ferrer/CLASA Films Mundiales S.A. (Ciudad de México), 94 min. – av. Carlos López Moctezuma (Chilam Balam de Chumayel, prophète maya), Lucy Gonzáles (Naja), José Baviera (Francisco de Montejo), Carlos Baena (Juan de Montejo, son fils), Francisco Jambrina (cpt. Alonso de Avila), Ignacio López Tarso (Ah K’in Chel), Julio Aldama (le pêcheur A’Kan), Silvia Carrillo (Mucuy), José Luis Caro (le gouverneur Rodrigo de Paredes), Miguel Arenas (Père Francisco Hernández), Pepe Loza (Bakal), Hortensia Santoveña (la prêtresse), Berta Cervera (Mo), María de la Paz Ceballos (Cab), Ernesto Finance (Ah Toj), Iris Jiménez Pons (Numya, mère de Naja), Luis Mussot jr. et Manolo García (des soldats espagnols), Salvador Terroba.
Synopsis : Chichén Itzá au Yucatán en 1508, alors que les Mayas yucatecos décadents poursuivent leur pratique de sacrifices humains. L’épouse du prophète maya Chilam Balam est morte en donnant naissance à Naya, à présent une belle jeune fille dont le père a lu en secret dans les présages qu’elle aurait une fin tragique. La peste arrive, puis la sécheresse, enfin l’Espagnol, et Chel, le Grand Prêtre, exige l’immolation de plusieurs jeunes femmes, dont Naya, peinte en bleu pour le sacrifice. Défiant les dieux, Chilam Balam aide sa fille à s’enfuir par un passage secret de la pyramide sacrée et, avec le couteau qu’il lui a remis, à tuer Bakal, un de ses admirateurs qui a tenté de la violer. Puis la pluie revient, les dieux sont apaisés. Chilam Balam renonce à sa fonction de prêtre pour se rendre avec sa fille à Cozumel où elle est courtisée par le pêcheur A’Kan, qu’elle ignore. Survient Chel qui exige sa mort, mais les Espagnols sous le commandement de Francisco de Montejo interviennent à temps et dispersent les séides sanguinaires du Grand Prêtre au cours d’une brève bataille. Reconnaissant, Chilam Balam leur propose de les conduire aux trésors de Chichén Itzá, une expédition périlleuse sous la menace permanente des flèches des indigènes et au cours de laquelle le Père Hernández convertit Naja au christianisme. Arrivés à Chichén Itzá, les Espagnols tuent les Mayas qui leur résistent avec leurs armes à feu tandis que Juan, le fils de Montejo, aimé de Naya, élimine le Grand Prêtre. Chilam Balam rend l’âme sur le champ de bataille.
Le Codex des prophéties du Grand Prêtre dit Chilám Balám, en réalité un titre et non un nom propre (Uuc Tz’Acab Uooh, litt. « le sorcier interprète »), trouvé à Chumayel, est un des principaux livres sacrés et prophétiques connus de la civilisation maya, traduit plus tard en français par le poète Benjamin Péret ; on ignore les détails de la biographie de son auteur, mais on sait qu’il annonçait la venue d’une religion nouvelle et que c’est de là que naquit le préjugé favorable dont le christianisme bénéficia les premiers temps chez les Mayas, les religieux espagnols n’ayant pas encore dévoilé toute l’intolérance de leur foi. Si les hiérophantes mayas étaient prêts à accepter la religion des blancs, ils n’étaient cependant pas disposés à abandonner l’ensemble de leurs croyances comme les nouveaux venus l’exigeaient et, aux cours du XVIIe siècle, ils entreprirent en cachette – à l’abri de l’Inquisition – la transcription de toute la connaissance spirituelle et la tradition culturelle maya contenue dans les yanaltés (manuscrits hiéroglyphiques). La trame du film n’explore pas ces faits mais s’inspire d’une obscure pièce de Carlos Buendía Lara (Conquista y fundación) pour bricoler un grand mélo coloré et passablement mouvementé, avec tous les clichés d’usage. Le tournage s’est fait en octobre-novembre 1955 en Eastmancolor à Chichén Itzá (Yucatán) et aux studios CLASA à Ciudad de México.
1956(tv) Hernando Cortez: Traitors in the Captain’s Camp (Hernando Cortez) (US) de Dave Butler
Série « Captain Z-RO » no. 15, Kathleen K. Rawlins/W. A. Palmer Films Inc. (ABC 25.3.56), 24 min. - av. Mike Chamberlin (Hernando Cortés / Manuel), Jack Cahill (Espinosa), R. Steffensen (Ricardo), José Sevilla (José), Roy Steffens (Captain Z-RO), Bruce Haynes (Jet). - Voyage dans le temps, série pour adolescents : L’expédition de Cortés est en péril, certains de ses hommes se sont mutinés et cherchent à s’emparer du butin du conquistador. Captain Z-RO intervient à temps pour sauver la situation.
1956(tv) Aztec Papers / Xiutecuhtil: Aztec Treasure and the God of Fire (Les Dieux Aztèques) (US) de Dave Butler
Série « Captain Z-RO » no. 20, Kathleen K. Rawlins/W. A. Palmer Films Inc. (ABC 29.4.56), 24 min. - av. Jack Fleming (Arco), F. Jack (le prêtre aztèque), Cynthia Schneider (la danseuse), Robert Warfield et Russell Banett (des gardes), Roy Steffens (Captain Z-RO), Bruce Haynes (Jet). - Voyage dans le temps, série pour adolescents : Captain Z-RO découvre l’épave de la Conceptión, un galion espagnol parti du Mexique chargé d’or ainsi que de quantité d’écrits aztèques qui retracent les événements dramatiques de la conquista.
1960Las rosas del milagro [Les Roses du Miracle] (MX) de Julián Soler
Enrique Roses Priego, Francisco Gómez, Alfonso Patiño Gómez, Eduardo Vega Lavin/Productora Filmica México, 92 min. – av. Jorge Martínez de Hoyos (Juan Diego Cuauhtlatoatzin), Armando Silvestre (Tlatecatzin), Magda Urvizu (le princesse Citlali, fille de Moctezuma), Crox Alvarado (Moctezuma II), Jaime Fernández (Nanoatzin), Andrés Soler (le Grand Prêtre), Francisco Jambrina (l’évêque Juan de Zumárraga), Manuel Calvo (Hernán Cortés), Lilia del Carmen Camacho (la Vierge), Miguel Manzano (l’annonciateur aztèque), Arturo Soto Rangel (Juan Bernardino, oncle de Juan Diego), Enrique García Alvarez (Frère Pedro de Gante), León Barroso (Frère Toribio de Benavente), Rubén Márquez (cpt. Gonzalo de Sandoval), Antonio Bravo (père Francisco), Armando Gutiérrez (père José), Isabel Vázquez « La Chichimeca » (une indigène).
Synopsis : En 1519, durant le règne aztèque, l’empereur Moctezuma observe avec inquiétude une comète dans le ciel, un mauvais présage selon ses devins. Or sa fille Citlali s’est éprise de Nanoatzin, prince de la peuplade ennemie des Huejotzinga avec lesquels elle souhaite faire la paix. Apprenant cela, son père décrète la guerre. Après la défaite militaire de ces derniers, Nanoatzin périt sacrifié au dieu Coatlicue ; son sang tache les roses blanches apportées par Citlali qui préfère mourir plutôt que d’épouser le guerrier Tlatecatzin. Le pays sombre dans la guerre civile. Après la conquête du Mexique par Cortés et l’imposition du « dieu blanc », l’Indio converti Juan Diego voit en 1531 la Vierge apparaître plusieurs fois sur la colline de Tepeyac. L’Église refuse de le croire jusqu’à ce qu’il présente aux clercs incrédules le miraculeux rosier multicolore, les roses de Citlali trouvées à l’endroit de l’apparition, un signe de réconciliation pour tout le pays (cf. supra, Tepeyac en 1917). - Grand spectacle kitsch filmé en Eastmancolor et Mexiscope (sic) en septembre-octobre 1959 aux studios Churubusco Azteca (México) avec l’appui de l’Institut National d’Anthropologie et d’Histoire, de l’Institut Pan-Américain et d’autres instances prestigieuses du pays. La contribution scientifique est sensible dans la reconstitution fort détaillée, pompeuse et spectaculaire des cérémonies sacrées aztèques, mais la mise en scène n’est jamais à la hauteur de ses intentions. Le rôle de Tlatecatzin est confié à Armando Silvestre, le jeune pêcheur de La red d’Emilio Fernández (1953), où il séduisait Rossana Podesta. – US : The Miracle Roses.
1967(tv) Idol of Death (US) de Sobey Martin
Série « The Time Tunnel », Irwin Allen Productions-Kent Prod.-20th Century Fox (ABC 3.2.67), 50 min. - av. Teno Pollick (Qexcotl, un jeune chef), Anthony Caruso (Hernando Cortés), Lawrence Montaigne (cpt. Pedro de Alvarado), Rodolfo Hoyos (Castillano), Peter Brocco (Retainer) Abel Fernández (l’archer), Patrick Culliton et Paul Stader (des Espagnols), James Darren (Tony), Robert Colbert (Doug). – Série de science-fiction pour adolescents : ayant traversé le « tunnel temporel », Doug et Tony se retrouvent dans la jungle mexicaine près de Veracruz en 1519 où ils échappent aux massacres organisés par les troupes de Cortés en recherchant, comme les Espagnols, un masque en or.
1968The Secret Life of Hernando Cortez (US) de John Chamberlain
Alan Power Prod./Hardrock Movies, 69 min./58 min. - av. Taylor Mead (Hernando Cortez), Ultra Violet [=Isabelle Collin-Dufresne] (la fille de Moctezuma), John Chamberlain (Blackie Norton), Mary Easy, Octavio.
Comédie érotique underground, produit typique de la contre-culture américaine réalisé au Yucatan par le sculpteur John Chamberlain. L’artiste franco-américaine Ultra Violet, ex-muse de Salvador Dali, puis égérie d’Andy Warhol, campe la fille de Moctezuma, bien sûr malmenée sexuellement par Cortés. Un mélange chaotique au point d’être drôle de séquences sans queue ni tête (sacrifice humain, un lion dévore une antilope perchée dans un arbre, orgies).
1971/72El jardín de [la] tía Isabel (Le Jardin de tante Isabelle) (MX) de Felipe Cazals
Felipe Subervielle, Victor José Moya Jr./Alpha-Centauri S.A., 104 min. - av. Jorge Martínez de Hoyos (capitaine de Ballesteros), Claudio Brook (Gonzalo de Medina), Ofelia Guilmáin (Xeneta), Jorge Luke (Roderico), Gregorio Casal (Diego), Javier Esponda (Césat), Gregorio Casal, Lilia Aragón, Augusto Benedico, Julián Pastor, Germán Robles, Alfonso Arau, Claudio Obregón, Martha Navarro, Roberto Dumont, Juan Peláez, Carlos Fernández, Dunia Saldívar, Pilar Sen.
Synopsis : Au début du XVIe siècle, après le naufrage de leur caravelle partie de Séville, une expédition espagnole échoue sur les côtes américaines et s'égare en terre inconnue ; parmi les survivants, cinq prostituées, deux prêtres, un proxénète, un notaire, des marins et quelques soldats. Ils élisent un chef, Gonzalo de Medina, et, ayant aperçu une idole maya, s’enfoncent dans la jungle à la recherche d’El Dorado. La quête réveille les luttes de pouvoir, plusieurs périssent dans la jungle, victimes de maladies, d’un tremblement de terre, d’animaux sauvages, de piranhas et des conflits d’intérêt, car dans ce « jardin de tante Isabelle », personne n’est à l’abri des passions viles, des haines et des épidémies ; le capitaine de Ballesteros se suicide après avoir couché avec une fille de joie syphilitique, un juif se pend pour ne pas devoir manger du porc. Sept d’entre eux parviennent finalement à se réfugier dans l’ancienne cité de Tulum où ils vont cohabiter pacifiquement avec les autochtones, loin de l’emprise de la Couronne espagnole. – De bonnes intentions mais un résultat maladroit, filmé dans l’État mexicain de Quintana Roo, dans les ruines de Tulum (Yucatan) et aux studios Churubusco Azteca à México. Nomination aux Prix Ariel pour la meilleure photographie.
1972(tv) Hernán Cortez (MX/US) de Raúl Cadena Araiza
Miguel Alemán Velasco, Oscar Dancigers/Telesistema Mexicano, 30 min. - av. Germán Robles (Hernán Cortés), Aurora Clavel (La Malinche), Ignacio López Tarso (Moctezuma), Antonio Medellin. – Épisode d’une série télévisée filmé à Cuicuilco, Tula, Hidalgo, Teotihuacán et Xochimilco.
Enrique Lucero en empereur aztèque (« Cortez and Montezuma », 1972).
1972* (tv-df) Cortez and Montezuma : The Conquest of an Empire (US) de Robert Guenette
Série « Appointment with Destiny », Warren Bush, Robert Guenette/David L. Wolper Productions-CBS (CBS 6.12.72), 45 min. - av. Martin LaSalle (Hernán Cortés), Enrique Lucero (Moctezuma/Montezuma), Aurora Clavel (Doña Marina/La Malinche, concubine-interprète de Cortés), José Maria Martin (un prince aztèque), Carlos Cardin (Pedro de Alvarado), Carlos Pouliot (Bernal Diaz del Castillo), Gustavo Aguilar (Gonzalo de Sandoval), Jorge Russek (Diego de Ordaz), Carlos Nieto (Alonzo Puertocarrero), Roberto Dumont (Orteguilla), Lorne Greene (narration). – Un docu-fiction teinté en jaune-or, instructif et fort soigné sur la tragédie aztèque, avec figuration importante et reconstitutions, soutenu scientifiquement par l’historien Jorge Gurria LaCroix (Université de México) et commenté à l’écran par des témoins de la sanglante expédition de Cortés comme le capitaine Alonzo Puertocarrero, Bernal Diaz del Castillo, Pedro de Alvarado, l’interprète indienne Doña Marina (alias Malinalli, Malintzin, La Malinche) ou un prince aztèque. Cortès est décrit comme un brillant étudiant en droit devenu un joueur et un playboy assoiffé d’or. Le Mexicain Enrique Lucero, un habitué des films de Sam Peckinpah, fait un impressionnant Moctezuma.
1973/74® Leyendas macabras de la colonia (MX/GT) d’Arturo Martínez, 80 min. – av. Lorena Velázquez (Luisa Cortés), Rogelio Guerra (l’Inquisiteur Antonio de Talamantes), Mil Máscaras, Tinieblas, El Fantasmo Blanco. - Navet fantastique : un tableau hanté par l’esprit de La Malinche, concubine de Cortés, transporte trois lutteurs mexicains d’aujourd’hui et leurs deux amies au XVIe siècle auprès de Luisa Cortès, une fille naturelle du conquistador qui héberge la momie « maudite » de sa génitrice et cherche à venger son peuple. L’Inquisition délègue Antonio de Talamantes pour l’arrêter, mais la momie de La Malinche l’étrangle. La destruction du tableau renvoie les catcheurs au XXe siècle. Filmé au Guatemala.
1974El juicio de Martín Cortés : El crimen de ser mexicano / El primer hijo de la Malinche (MX) d’Alejandro Galindo
Estudios Churubusco Azteca S.A.-Tucsa, 115 min. – av. Gonzalo Vega (l’acteur Oscar Román /Martín Cortés), Antonio Passy (Hernán Cortés), Soledad Acosta (La Malinche, concubine de Cortés / Rita), Mercedes Pascual (María Rosales / Doña Juana de Zúñiga, femme de Cortés), José Solé (Charles Quint), David Reynoso (Alfredo Requena), Claudio Obregón (Rocha), Pilar Bayona (Viviana / Luisa María), Pedro de Aguillón (Frère Pedro de Gante), Alejandro Aura (Fuentes Urquidi, auteur de la pièce), Jorge Fegán (Omar Fragoso / le comendador), Fabián Aranza, Juan Paláez, Armando Acosta, Lina Montes, Emilia Bayona, Alonso Castaño, José Chavez.
Trois films en un qui, au XXe siècle, tournent autour de la représentation théâtrale d’un drame historique pendant laquelle est commis un crime : le protagoniste principal, qui interprète Martín Cortés, le fils de Hernán Cortés dit « El Mestizo » (désigné comme « le premier Mexicain » de la Nouvelle-Espagne, v.1523-v.1595), tue son antagoniste qui porte sur scène le même nom et serait son double. L’avocat de la défense suggère que des parties de la pièce soient rejouées pour révéler les raisons psychologiques derrière ce meurtre. On apprend ainsi que Cortés avait deux fils : l’un était métis (fils de La Malinche), l’autre était de sang pur espagnol (créole). Le créole se sent supérieur et trahit le métis ; condamné à mourir sur la place publique, ce dernier assassine le créole. L’avocat de la défense démontre que son client – incarnation du dilemme fondamental de la société mexicaine - était poussé à ce crime par quatre siècles de rancune et d’humiliation. – Les faits authentiques diffèrent : le fils de La Malinche, dont la naissance est légitimée par le pape Clément VII, devint page à la cour de Philippe II. En 1532, Cortés eut un deuxième fils, également baptisé Martín, de son union avec sa seconde épouse, l’aristocrate espagnole Doña Juana de Zúñiga. Il portait le titre aristocratique de « Don ». Les deux demi-frères, Martín Mestizo et Don Martín, se rencontrèrent pour la première fois en 1540, mais l’héritage du père fit qu’ils s’entredéchirèrent. - Prix Diosa de Plata à l’acteur Gonzalo Vega, meilleure révélation.
1976La virgen de Guadalupe (MX) d’Alfredo Salazar
Guillermo Calderón Stell/Cinematográfica Calderón S.A., 105 min./99 min. – av. Fernando Allende (Juan Diego Cuauhtlatoatzin), Dacie González (María Lucía, sa femme), Valentin Trujillo (Temoch), Angélica Chain (Doña Blanca, fille du vice-roi), Enrique Lucero (Juan Bernardino, oncle de Juan Diego), Diana Torres (Xochitl), Ramón G. Larrea (l’évêque Vasco de Quiroga), Carlos Agosti (cpt. Delgadillo), Julio Alejandro Lobato (Ixtla), Viola Trigo (la Vierge de Guadalupe), Leandro Espinoza (un moine), Carlos Petrel (Don Sebastián Ramírez de Fuenleal, vice-roi de la Nouvelle-Espagne), Jorge Mondragón (Frère Pedro), Jaime Manterola (Francisco), Marc Antonio Arzate (un guerrier aztèque).
Remake en Eastmancolor de La virgen morena (1942) de Gabriel Soria (cf. supra). Une intrigue romanesque qui cherche à illustrer la naissance du catholicisme mexicain : en décembre 1531, les troupes espagnoles du cruel capitaine Delgadillo tuent, pillent et brûlent, tandis que des prêtres protestent en vain auprès du vice-roi. Temoc, un jeune chef aztèque, enlève la blonde Doña Blanca, fille du vice-roi, pour lui faire découvrir les beautés de l’ancienne culture aztèque et les deux tombent amoureux. Certains Indiens se convertissent au christianisme à la colère de Temoc qui tente d’assassiner l’un d’eux, le dévot Bernardino. Entretemps, Juan Diego est gratifié de l’apparition de la Vierge et la transformation d’un cactus en rosier... (cf. supra, Tepeyac en 1917). Une production médiocre inspirée par les écrits du prêtre jésuite Carlos María de Heredia et filmée à México (Anahuacalli, Cerro de la Estrella à Iztapalapa, Museo de la Charrería) et à l’église de San Agustín à Tlalpan.
1976 [sortie: 1978]* Nuevo Mundo (MX) de Gabriel Retes
Gilberto Lozoya, Jorge Santoyo/Corporación Nacional Cinematográfica (CONACINE)-Sindicato de Trabajadores de la Producción Cinematográfica (STPC) (México), 101 min. – av. Aarón Hernán (Frère Pedro Francisco de Cañas), Tito Junco (le vice-roi Don Martín Gómez de Peralta y Montellano), Bruno Rey (Don Javier), Juan Angel Martinez (Maestro Manuel Ortiz), Ignacio Retes (Don Diego de Alba), Elpidia Carrillo (son épouse), Jorge Humberto Robles (Siervo), Jorge Santojo (le captaine espagnol), María Rojo (l’interprète indigène), Guillermo Gil (Frère Antonio).
Synopsis : Dans la colonie espagnole du Nouveau-Monde (Mexique) au XVIe s., beaucoup d’indigènes, quoique convertis officiellement, continuent à adorer leurs idoles en secret. Les récalcitrants sont pourchassés et exécutés. « Pourquoi la population devrait-elle craindre votre enfer alors qu’elle le vit déjà ici, enchaînée, torturée, violée ? », demande un autochtone à l’occupant. Un premier soulèvement est écrasé par l’armée, mais pour éviter plus de bains de sang et sur instigation du frère jésuite Pedro Francisco de Cañas, le vice-roi Don Martín Gómez de Peralta ordonne au peintre indigène Manuel Ortiz de faire le portrait d’une Vierge Marie métissée, de proclamer que celle-ci lui est apparue et qu’elle souhaite la paix entre oppresseurs et oppressés. L’opération réussit, le peuple, crédule, se soumet. Sur quoi Manuel est assassiné par les Espagnols, la jeune épouse de Don Diego de Alba périt sous la torture du Saint-Office et Frère Pedro est exilé et tué à son tour lorsqu’il refuse de quitter la colonie. - Une allusion à peine déguisée au miracle de la « Vierge de Guadalupe » (cf. Tepeyac, film de 1917) remis ici en cause et dénoncé comme une supercherie, une manœuvre de l’occupant.
Un film « révisionniste » écrit par Pedro F. Mirret et tourné en scope et Eastmancolor de juillet à septembre 1976 à Ajusco (México), Guanajuato et dans l’État de Michoacán (Janitzio, Morelia, Pátzcuaro, Tzararacua, Tzintzuntzan, Uruapan) avec des figurants ravis de pouvoir porter les vêtements des indiens Purépechas d’autrefois. Le film est banni par le Vatican puis interdit pendant vingt ans au Mexique sous la présidence de José López Portillo (après quatre jours de projection ultra-discrète en août 1978). Projeté au Festival de San Sébastien en 1992. - DE : Die Herren der Neuen Welt / Neue Welt.
1979Cuando Pizarro, Cortez y Orellana eran amigos (MX) de Gilberto Macedo
Gilberto Macedo, Oscar Molinari, Lilia Zuñiga/Flamingo Films-Universidad Nacional Autónoma de México (UNAM), 89 min. – av. Claudio Obregón, Blanca Baldó, Paloma Woolrich, Jaime Guerra, Patricia Luke, Alfredo Ponce, Julián Adame, Eduardo Aguilar, José Librado, Alberto López, Arturo Molinar, Ernesto Ortiz Mesa, Miguel Ponce, Carmen Rodríguez, Andres Segura, Idolina Sánchez.
Le choc des cultures en mode déjanté : une fantaisie historique sur la rencontre des conquistadors espagnols et les Mesoaméricains dans la forêt tropicale, filmée par le réfugié politique brésilien Gilberto Macedo à Ejido La Guadalupe (État d’Oaxaca).
1982(tv-mus) Montezuma (DE) de Herbert Wernicke (th) et Karlheinz Hundorf (tv)
Bayerischer Rundfunk (BR)-Sender Freies Berlin (SFB), Markgräfliches Opernhaus Bayreuth, 140 min. – av. Alexandra Papadjakou (Moctezuma), Sophie Boulin (Eupaforice, reine de Tlascála, sa fiancée), Gudrun Sieber (Erissena, confidente d’Eupaforice), Catherine Gayer (Tezeuco), Barbara Vogel (le général Pilpatoè), Walton Grönroos (Hernán Cortés), Karl-Ernst Mercker (Narvès, son général).
L’opéra en 3 actes de Carl Heinrich Graun (1755), d’après un livret de Frédéric II le Grand (signé Friedrich Wilhelm, prince de Prusse), l’ami mécréant de Voltaire et le remarquable stratège-politicien qui, dans une optique des Lumières, sinon protestante et antipapale, prend le contrepied de l’opéra éponyme d’Antonio Vivaldi (cf. infra, captation de 1992). - Synopsis : Moctezuma vit des jours heureux dans son royaume, impatient d’épouser la belle et puissante Eupaforice, reine de Tlascála. Hélàs, comme l’annonce le général Pilpatoè, le féroce conquistador Hernán Cortés, qu’on dit doué de pouvoirs surhumains, est aux portes. Mais Moctezuma ne pense qu’au mariage, tandis que sa fiancée est hantée par des visions de désastre, car les forces aztèques campent loin de la capitale. Naïf et bienveillant, l’empereur croit pouvoir amadouer l’envahisseur avec de riches présents et charge le général espagnol Narvaès d’inviter Cortés dans son palais d’Axayacatl à Tenochtitlan. Rusé, Cortés ordonne à ses troupes d’occuper des positions stratégiques et de se tenir prêtes, le temps de se faire recevoir par le monarque toujours décidé à ne rien faire. Mais une fois sur place, il se réclame de la puissance divine qui lui ordonne de soumettre les païens à la vraie foi, puis se saisit du palais et de son royal locataire, sans oublier Eupaforice dont il veut faire sa femme. Moctezuma, ayant tenté de résister, est emprisonné. Apprenant que le neveu de Moctezuma s’est rallié aux Espagnols, Eupaforice provoque un soulèvement dans la ville. Moctezuma pleure sur son sort dans son cachot, les Espagnols ont écrasé l’insurrection autochtone et sa propre tentative d’évasion échoue. Cortés lui offre un marché : la vie contre sa conversion au christianisme et la main d’Eupaforice. Pour toute réponse, cette dernière met le feu au palais, détruisant toutes les richesses convoitées par les Espagnols, et se poignarde devant Cortés. Le sort des Mexicains est désormais scellé.
1985Memoriales perdidos (MX) de Jaime Casillas
Jaime Casillas, Manuel Cristino/Cooperativa Rio Mixcoac-Instituto Mexicano de Cinematográfie (IMCINE), 97 min. – av. Claudio Brook (l’envoyé papal), Mario Casillas, Luis Couturier, Lya Engel, Ramón Menéndez, Roberto Sosa, Abel Woolrich, Rodrigo Puebla, Carlos Velo, Ignacio Retes.
Au XVIe s., un Clerc envoyé du Pape et du roi d’Espagne arrive au Mexique pour investiguer sur le cas de frère Alonso, parent de Charles Quint. Alonso est dans un état catatonique après avoir mangé des herbes provenant d’un chef local, Tlacuilo Camistli, guérisseur accusé de sorcellerie et incarcéré dans une prison du Saint-Office. L’envoyé prend de l’herbe, découvre par vision l’infinitude de Dieu, donne au chamane aztèque un poignard pour se suicider, détruit son rapport et reste au Mexique. – Film indépendant récompensé de 4 Prix Ariel, dont le meilleur acteur (Claudio Brook), le meilleur scénario et la meilleure histoire.
1992(tv-mus) Montezuma (FR) de Maté Rabinovski (tv) et Ariel García Valdés (th)
Michel Vermoesen, Edith Gay/France 3-C.R.R.A.V.-Cercle Bleu-Atelier Lyrique de Tourcoing, 117 min. – av. Dominque Visse (Montezuma/Moctezuma), Danielle Borst (Mitrena, son épouse), Isabelle Poulenard (Teutile, leur fille), Nicolas Rivenq (Hernán Cortés), Brigitte Balleys (Ramiro Cortés, son frère), Luis Masson (Asprano, général aztèque).
Indépendamment de ses qualités musicales, l’opéra en 3 actes d’Antonio Vivaldi (aussi appelé Motezuma, 1733) et de son librettiste Girolamo Alvise Giusti est surtout instructif quant à l’éclairage fantaisiste que la Vieille Europe catholique romaine donne des événements de l’autre côté de l’Atlantique. Qu’on en juge : Vaincu par Cortés, l’empereur Moctezuma/Montesuma/Motezuma est recherché par les soldats espagnols. Il demande à son épouse Mitrena de tuer leur fille Teutile pour qu’elle ne tombe pas entre les mains de l’ennemi. Teutile, déçue dans son amour pour Ramiro Cortés, le frère cadet de Hernán, veut se suicider, mais Hernán l’en empêche. Alors qu’il cherche à tuer sa fille, Moctezuma blesse Cortés et celui-ci demande à son frère de chercher le coupable, tandis que Mitrena lui demande une trêve. Moctezuma, déguisé en Espagnol pour tuer sa fille, est surpris et fait prisonnier. Le commandant en chef des armées aztèques, Asprano, prépare une offensive contre les conquistadors mais exige auparavant qu’un Espagnol et Teutile soient sacrifiés aux dieux. Mitrena propose de sacrifier Cortés, mais ce dernier s’échappe avec l’aide de son frère. Montezuma se retrouve alors enfermé dans une tour à laquelle Asprano à fait mettre le feu en croyant que Cortés s’y trouvait. Le monarque aztèque s’échappe, retrouve son épouse et ils projettent ensemble de tuer les frères Cortés qui ont pris le pouvoir, mais leur fille et leur général les en empêchent. Hernán Cortés rend le trône à Moctezuma tandis que Ramiro Cortés épouse Teutile, devenue chrétienne. Cf. aussi captation de 2011.
1992 [sortie: 1998]** La otra conquista / La visión absuelta / The Other Conquest (MX/ES/IT/GB) de Salvador Carrasco
Alvaro Domingo, Manuel Arango, Enrique González Torres, Plácido Domingo, Rosalía Salazar/Carrasco & Domingo Films S.A. de C.V. (Salvador Carrasco, Alvaro Domingo)-ADO Entertainment-Consejo Nacional para la Cultura y las Artes (CONACULTA)-Fondo Nacional para la Cultura y los Artes (FONCA)-Foprode-Fundaciòn Miguel Alemán-Co Tabasco Films-Instituto Mexicano de Cinematografía (IMCINE)-Salvastian Pictures Inc.-Rada Film-Grupo Fultant-Sedesol-Grupo Funtanet-Dova Productions-Trata Films, 105 min. – av. Damián Delgado (Topiltzin/Tomás), José Carlos Rodriguez (Frère Diego de La Coruña), Elpidia Carrillo (Tecuichpo/Doña Isabel), Iñaki Aierra (Hernán Cortés), Honorato Magaloni (cpt. Cristóbal Quijano), Guillermó Ríos (Alanpoyatzin), Josefina Echánove (Nanahuatzin), Zaide Silvia Gutiérrez (Beata Conversa), Alvaro Guerrero (Rolando), Rufino Echegoyen (Frère Sebastián), Lourdes Villareal (le Grand Prêtre Cihuacóatl), Luisa Avila (la princesse Xilonen), Ramón Barragán (le notaire Ramón Quevedo), Diana Bracho (Doña Juana), José Luis Caro (le père Santa María), Martin LaSalle (le Frère supérieur), Alejandro Bracho (Alférez Pedro), CarlosTorres Torrija (Héctor).
Synopis : Seul le scribe Topiltzin, fils illégitime de Moctezuma, survit au massacre des Aztèques par Cortés dans le Grand Temple de Tenochtitlan en mai 1520, où le sol est jonché de cadavres, des prêtres et des nobles, et sous lesquels le jeune homme a pu se cacher ; en se réveillant de ce cauchemar, il a trouvé le corps de sa mère assassinée. Six ans plus tard, il est capturé par les Espagnols et sa demi-sœur Tecuichpo, une fille de Moctezuma, à présent concubine de Cortés, le sauve. Frère Diego de La Coruña, représentant fanatique de l’Ordre Nouveau, a pour mission de convertir les « sauvages » en chrétiens, de remplacer leurs sacrifices humains et leurs divinités à plumes par des baptêmes publics et la Vierge Marie. Mais avec Topiltzin qui lui a été confié au monastère, Frère Diego fait face à son défi spirituel et personnel le plus difficile ; rebaptisé Tomás, les longs cheveux rasés, portant la bure et obligé de parler espagnol, Topiltzin lutte pour préserver ses propres croyances précolombiennes tandis que Frère Diego tente d’imposer les siennes. Tecuichpo, rebaptisée Isabel, cherche à perpétuer sa race avec Topiltzin, mais, découverte, elle est interdite de visite dans le cloître. L’arrivée d’une statue « métissée » de la Vierge de Guadalupe, un don de Cortés placée dans la sacristie, sort enfin Topiltzin de sa dépression car il reconnaît en elle Tonantzin, la déesse mère de Aztèques. Il périt par auto-immolation en volant la statue, laissant les moines perplexes : qui a conquis qui ?
La véritable conquête du Mexique – l’« autre conquête » du titre - n’étant pas territoriale, mais spirituelle, il s’agit ici d’évoquer la psyché des peuples vaincus sans être anéantis, explique Salvador Carrasco, cinéaste de Ciudad de Mèxico dont c’est le premier film, mais qui été formé à New York. Carrasco offre une exploration « révisionniste » très originale, à la fois lucide et neutre, des relations entre politique, religion et culture, passant toutefois un peu vite sur les massacres et les brutalités commis par l’envahisseur. Certes, il illustre en priorité les conversions forcées (« ils veulent sauver nos âmes mais ils ne savent pas où elles se trouvent ! » constate un Indio), la quête d’identité, le début des préjugés racistes dans la société mexicaine, la perte des anciennes valeurs et le malaise interracial qui persiste à ce jour. Mais il montre également, belle revanche, comment les indigènes se sont appropriés les symboles du conquérant, son iconographie culturelle, pour préserver ainsi une partie de leur propre héritage à travers une sorte de syncrétisme religieux.
Le financement de son ambitieux projet est difficile, et le ténor espagnol Plácido Domingo, séduit par ce « message de tolérance culturelle », y contribue en tant que producteur executif aux côtés de son fils Alvaro Domingo, ami du réalisateur (l’artiste chante l’aria Mater Aterna sur une musique de Zyman à la fin du film). Le danseur Damián Delgado joue Topiltzin. Le tournage va s’étendre sur six ans, avec interruptions en 1995 dues à la situation politico-économique. On filme notamment dans les États de México (pyramide de Tenayuca, couvents d’Acolman et de Desierto de Los Leones à Tepozotlán, hacienda de Santa Monica), de Morelos (Xochicalco, Tlayacapan, Tepoztlán), de Guerrero (grottes de Cacahuamilpa) et à México City (Coyoacán, Xochimilco). Parlé à 50% en nahuatl sous-titré espagnol, le sujet suscite de vives controverses dans tout le pays et, distribué par 20th Century-Fox, il devient à ce jour le plus grand succès populaire du cinéma mexicain. Aux Ètats-Unis où il est sélectionné par le festival de l’American Film Institute en octobre 1998, le Los Angeles Times classe The Other Conquest parmi les « dix meilleurs films de l’année » ; le critique de Variety est stupéfait et Oscar Watch voit en Carrasco, qui enseigne alors le cinéma à la Los Angeles Film School, le futur équivalent d’un Akira Kurosawa ou d’un Martin Scorsese. Son film est programmé aux festivals de Mar del Plata 1998 et de Guadalajarra en 1999. La ressortie américaine en 2000 engrange près d’un million de dollars, du jamais vu pour le cinéma mexicain. Le film fait partie de l’exposition « Aztecs : A Civilization Carved in Blood and Stone » à la Royal Academy of Arts de Londres en 2003/04 puis est projeté dans une trentaine d’univesités américaines, avant de ressortir en salle en Californie en 2007.
2000Hijos del viento (Entre la luz y las tinieblas) / Figli del vento (ES/MX/PT/IT) de José Miguel Suárez
José Miguel Suárez/Cartel Film (Madrid)-Tutor América Prod. (México)-Churubusco-Animatógrafo-Solaris Cinematografica-Trisiansky-Smile Production, 110 min. – av. Ursula Muruyama (Tizcuitl, fille de Nezahuatl), Carlos Fuentes (Rodrigo), José Sancho (Hernán Cortés), Bud Spencer (Quintero), Manuel Ojeda (Moctezuma), Jorge Galvàn (Nezahuatl, roi vassal), Carlos Reig-Plaza (cpt. Pedro de Alvarado), José Antonio Barón (cpt. Sandoval), Omar Ayala (un soldat espagnol), Manilu Pardo (Maninalli), Blanca Marsillach (Zaabai), Ana Elsa Grave (Yeteve), Fausto Dibella (l’Inquisiteur), Rafael Velasco (la femme-serpent), Milton Cortez (Mixcoac), Jorge Galván (Nezahual).
En 1519, le vieux Quintero et son jeune camarade Rodrigo font naufrage sur les rives mexicaines ; ce dernier a fui l’Espagne où sa bien-aimée juive est tombée entre les mains de l’Inquisition. Ils sont recueillis par une tribu aztèque et considérés comme des demi-dieux. La belle princesse Tizcuitl, fille de Nezahualt, le roi de Tlacopan, promise au roi Moctezuma, voit en le blond naufragé qu’est Rodrigo le dieu Quetzacoatl et se donne à lui. Peu après, les gallions de Cortés sont en vue et effraient les indigènes à coups de canon. Cortès incendie sa flotte pour empêcher tout retour et écrase l’armée de Moctezuma grâce à la puissance de ses armes à feu. Rodrigo parvient de justesse à sauver Tizcuitl alors que des prêtres emplumés sont sur le point de lui arracher le cœur. Bref : un bon Aztèque est un Aztèque mort. - Une bande d’aventures très superficielle, aux scènes de combat maladroitement réglées (malgré 3500 figurants), aux dialogues proches du ridicule, avec le célèbre Bud Spencer, 71 ans, dans le rôle du meilleur ami du héros. Filmé en mars 1998 dans les États de México (Xochimilco, Atizapán, Tenayuca, San Juan Teotihuacán), Vera Cruz (Catemaco) et Morelos (Tlalnepantla). - DE : Söhne des Windes.
2000(tv-df) Conquistadors – 1. The Fall of the Aztecs – 2. The Conquest of the Incas – 3. The Search for Eldorado – 4. All the World Is Human (GB) télésérie de David Wallace
Rebecca Dobbs/BBCtv (BBC Two 24.11.-15.12.2000), 4 x 50 min. – av. Michael Wood (narration). – Docu-fiction avec reconstitutions et comédiens anonymes sur la fin des Aztèques et des Incas, Hernán Cortés, Francisco Pizarro et Cabeza de Vaca.
2001(tv-df) The Conquistadors (Conquistadors – 1. La Bataille des dieux) (GB) de Jason Hreno
Nick Jones, Antony Geffen/Atlantic Productions (London)-Granada Media-The Learing Channel-The Discovery Channel (History Channel 1.1.01 / US 8.7.01), 55 min. – av. Eduardo Gleason (Hernan Cortès), Maya Zapata (Malinali), Antonio Monroi (Moctezuma), Joseph Balderama (le chroniqueur espagnol), William Hootkins (narration).
Docu-fiction : la conquête du Mexique par Cortés. Les deux autres épisodes de cette série traitent les exploits de Pizarro au Pérou. Tournage en Espagne, au Mexique et au Pérou.
2002(tv) La Virgen de Guadalupe (US/MX) télésérie de Terry Fernández, Mauricio Meneses et Moisés Ortiz Urquidi
Epigmenio Ibarra, Carlos Payán, María Auxiliadora Barrios/Argos TV Comunicación (Ciudad de México)-Telemundo Studios (Miami) (Telemundo 7.+8.12.02), 2 x 120 min. - av. Dolores Heredia (la Vierge de Guadalupe), Mauricio Somuano (Juan Diego Cuauhtlatoatzin), Angel Arellano (Fernando Xoloti), Alejandra Lazcano (Doña Jimena de Alba), Carlos Torres Torrija (cpt. Martín Gonzalez), Arturo Rós (Jacinto), Farnesio de Bernal (Frère Augustín), Fernando Rubio (l’évêque Frère Juan de Zumárraga), Raúl Arrieta (Xocoyotzin), Eligio Meléndez (Ahuizotl), Virginia Rambal (Rosario), Alda López (Malinali), Matias Romero (Mitzli), Lucero Fernandez (Maria Lucia), Zamia Fandiño (Yoloxóchitl), Rafael Velasco (Rafael Bernardino), Jorge Lavat (Agustín Xolotl), Joaquín Garrido (Frère Tadeo), Marco Antonio Aguirre (Pactli). – La série, filmée en extérieurs dans le village de Tepeapulco et à Ciudad Sahagún (État de Hidalgo), est diffusée l’année de la canonisation de Juan Diego par le pape Jean-Paul II. Le récit miraculeux (cf. supra, Tepeyac en 1917) est mêlé aux péripéties d’un amour interdit entre une aristocrate espagnole, Doña Jimena de Alba, et l’Indien aztèque Fernando Xoloti.
2003(tv-df) Dawn of the Maya (GB/US) de Graham Townsley
NOVA-National Geographic Television (NGT 1.5.4), 57 min. - av. Gavin MacFadyen (narration). - Docu-fiction avec reconstitutions et comédiens anonymes.
2004(tv-df) Aztec Temple of Blood (US) de John Joseph
Série « Unsolved History » (saison 2, épis. 6), Peter Karp, Dave Harding, Richard Ross/Morning Star Entertainment-Termite Art Productions-Discovery Channel (Discovery 21.1.04), 46 min. – av. Serdar Kalsin (Hernán Cortés), Hayati Akbas (unguerrier aztèque), Javier Brito (prêtre aztèque), Orion Barnes (soldat espagnol), Dan Twyman (prêtre espagnol), Neil Morrissey (narration). – Docu-fiction avec reconstitutions.
2004(tv-df) Der Tag X - 30. Juni 1520 : Der Untergang der Azteken (Jour J - 30 juin 1520 : Le déclin des Aztèques) (DE) de Christian Twente et Stephan Koester
Gruppe 5 Filmproduktion GmbH (Köln)-Zweites Deutsches Fernsehen (ZDF Mainz)-Arte (Arte 2.7.05), 53 min. - Docu-fiction avec reconstitutions importantes (la flotte espagnole, les temples aztèques), comédiens anonymes (rôles de Cortés, La Malinche, Bernal Diaz del Castillo, Moctezuma) et des centaines de figurants pour les batailles. - Il s’en est fallu de peu que l’entreprise de Cortés soit un échec total : le 30 juin 1520, pendant la Noche triste, la « nuit triste », l’Espagnol échappe à un piège mortel à Tenochtitlan, la capitale aztèque où il a pu pénétrer avec ses hommes et où il se trouve encerclé par des dizaines de milliers d’Indiens. Avec Moctezuma en otage, les Espagnols parviennent à s’enfuir du palais d’Axayacatl par la digue de Tlacopàn, mais les conquistadors transportent un tel butin de lingots d’or, de chaînes et d’idoles que la retraite tactique devient une déroute sanglante. Presque deux-tiers de l’armée est anéanti durant cette seule nuit. Les guerriers aztèques tuent et capturent facilement les Espagnols alourdis et ralentis par l’or dans leur fuite, et nombre d’entre eux tombent de la digue ou se noient dans le lac, entraînés par leur charge... Une année plus tard, le 13 août 1521, Cortés conquiert Tenochtitlan assisté de 8000 alliés tlaxcaltèques.
Le Grand-Prêtre maya défend l’Arbre de la Vie contre l’envahisseur (« The Fountain », 2006).
2006[épisode :] The Fountain (La Fontaine) (CA/US) de Darren Aronofsky
Warner Bros.-Regency Enterprises-Protozoa Pictures-Epsilon Motion Pictures, 97 min. – av. Hugh Jackman (Don Tomas), Rachel Weisz (la reine Isabel de Portugal, épouse de Charles Quint), Mark Margolis (Padre Avila), Stephen McHattie (le Grand Inquisiteur Silecio), Fernando Hernandez (le seigneur de Xibalba), Cliff Curtis (cpt. Ariel), Sean Patrick Thomas (Antonio).
Le New-Yorkais Darren Aronofsky affectionne les univers tordus et souterrains, où la raison est mise à épreuve. Ici, il est question d’immortalité, de rites mayas et d’amour, le tout tourné à la Cité du Cinéma à Montréal (Québec) et au Guatemala de novembre 2004 à février 2005, avec un budget de 70 millions de $. Trois hommes à trois époques différentes partent à la recherche d’un secret qui leur permettrait de sauver celle qu’ils aiment. L’un est un conquistador du XVIe siècle qui se met à la quête de la « Fontaine de Jouvence ». L’autre est un scientifique du XXe siècle qui désespère de guérir le cancer de son épouse. Le dernier est un astronaute du XXVIe siècle qui fait face aux secrets de l’univers. Les trois récits entrelacés se déroulent dans le cadre de l’Espagne de Charles Quint. Le Grand Inquisiteur Silecio diabolise la reine Isabel, annexant lentement des territoires dans le but de lui ravir le contrôle de l’Espagne et exécutant ses partisans. Don Tomas, conquistador au service de la reine, tente d’assassiner l’Inquisiteur, mais il en est empèché par le capitaine Ariel. Isabel lui confie alors la mission de retrouver l’« Arbre de Vie » tel qu’il est décrit dans la Bible. Sa localisation est indiquée sur une carte cachée sur une dague Maya volée par le Père Avila, appartenent à l’ordre des Franciscains fidèles au trône. Don Tomas gagne le Nouveau Monde avec le Père Avila, mais sa quête n’aboutit pas, les morts s'accumulent, les conquistadors survivants de mutinent. Avant de rendre l’âme, Avila leur révèle qu’ils sont arrivés à destination, devant la pyramide en haut de laquelle l’arbre sacré pousse. Les guerriers mayas les assaillent, seul Tomas survit, conduit au sommet de la pyramide où le prêtre l’aveugle et le blesse à l’abdomen. Mais au lieu de le tuer, il reconnaît en lui le Père Originel, la divinité qui se sacrifia pour créer le monde, et se fait égorger à sa place. Tomas trouve l’Arbre de Vie, en boit la sêve et se voit envahi par des fleurs qui le recouvrent... Sortie à la Mostra de Venise 2006, ce voyage pseudo-ésotérique frisant l'hystérie récolte des critiques très mitigées (il est question d’un « voyage initiatique aussi émouvant qu’époustouflant » ou de « kitsch psychédélique, prétentieux et ridicule »). Un lourd échec commercial. - ES : La fuente de la vida, IT : L’albero della vita, PT : O último capitulo.
2006Eréndira la indomable / Eréndira Ikikúnari (MX) de Juan Mora Catlett
Roberto Fiesco, Walter Navas, Elizabeth Catlett, Luis Kelly, Mariana Lizárraga, Juan Roberto Mora Catlett/Centro Universitario de Estudios Cinématográficos (CUEC)-Eréndira Producciones-Foprocine-Instituto Mexicano de Cinematografía (IMCINE)-Espacio Digital, 117 min. – av. Xochiquetzal Rodríguez (la princesse Eréndira), Carlos Enrique Alarcón (Ruy Flores), Sergio González Pérez (Frère Juan Tapia), Rubén Bautista (Tangaxoan), Luís Copérnico Vega (Gonzalo de Vargas), José Flores Martínez (Vigía), Sergio González Pérez (Frère Juan Tapia), Luís Esteban Huacúz Dímas (T’shue), Ismael Marcelino (Andamuqua), Manuel Martínez Ruiz (Nahuatlaco), Marco Antonio Ortiz (Petamuti) et des indigènes Purépechas.
Une légende du XVIe siècle des Indiens P’urhépechas. L’arrivée des Espagnols assis sur de « grandes créatures à quatre jambes » – le cheval est inconnu au Mexique – fait d’eux des demi-dieux et le roi indigène Tangoxoan II offre son royaume à Cortés après avoir assisté à la défaite de son puissant rival, l’empire aztèque. Or la légende attribue à la jeune princesse Eréndira (1503-v.1530), dite « ikikúnari » (l’indomptable) un rôle de résistance à l’occupant, sans que les événements relatés aient de confirmation historique. Le film de Juan Mora Catlett, déjà auteur de la saga précolombienne Retorno a Aztlán (1990, cf. chap. 7.1), se base à la fois sur le folklore mythologique et la tradition orale et se veut une illustration selon l’iconographie indigène (les Espagnols joués par des Indios portent tous des masques de visages blancs, des visages irréels, sans expression). Eréndira (« matin souriant »), une jeune Indienne de Michoacán, s’attire la colère des mâles en voulant passer outre aux structures sociales qui interdisent aux femmes de participer activement à la guerre. Elle comprend que son peuple est engagé dans une terrible lutte fratricide pour le pouvoir, des divisions internes suscitées par l’Espagnol pour affaiblir les autochtones. Eréndira renonce donc à son mariage, brave les machos de son clan, vole le cheval d’un conquistador espagnol, apprend à le monter et démontre par là que l’Espagnol, une fois dépourvu de sa monture, n’a de différent que la couleur de sa peau. Dès lors, réputée invincible, elle combat sans répit les envahisseurs... Le film, tourné sur place à Michoacán et dans la langue locale, à ses faiblesses narratives, manque de rythme, mais sa matière de « Jeanne d’Arc » indio et sa défense des femmes autochtones interpelle au point de récolter plusieurs prix. Sorti au Festival Internacional de Cine de Morelia en octobre 2006, il est sélectionné pour une vingtaine de festivals internationaux, remportant le prix de la meilleure réalisation et du meilleur scénario au Hispanic Film Festival d’Indio (Calif.).
2006Guadalupe. El Milagro y el Mensaje (ES/MX) de Santiago Parra
Pablo José Barroso, Laia Coll, Roberto Girault, Victor Nuñez/Dos Corazones Films, 90 min. – av. José Carlos Ruiz (Juan Diego Cuauhtlatoatzin), Gemma Guilemany (María Lucía, son épouse), Sandra Espil (la Vierge de Guadalupe), Pedro Armendáriz Jr. (Simon), Angélica Aragón (Juana), Eric del Castillo (Don Luis, père de Juan Diego), Ivana Miño (Mercedes), Aleix Albareda (José María), Olivia Rosati (Doña Isabel), Enric Arquimbau (l’évêque Juan de Zumárraga), José Antonio Barón (Frère Juan Gonzalez).
Le cadre du récit suit les archéologues espagnols José María et sa sœur Mercedes, deux orphelins tourmentés par l’abandon parental qui étudient sur place la légende de Juan Diego (cf. supra, Tepeyac en 1917) et les apparitions de la Vierge (parlées nahuatl), épisodes filmés en Espagne et, pour les reconstitutions historiques, au Mexique. Le récit moderne éclaircit le passé et aborde aussi le sujet délicat de l’abandon de l’Amérique latine par l’Espagne une fois les mines d’or épuisées.
2007(tv) Tyrannosaurus Azteca / Aztec Rex / Aztec Rex – Bestie aus der Urzeit (US/DE) de Brian Trenchard-Smith
Christian Arnold Beutel, Dennis C. Duckwall, David Dwiggins/Rigel Entertainment-TalkStory Productions-Victoria Filmproduktion (SyFY 10.5.08), 86 min. – av. Ian Ziering (Hernán Cortés), Marco Sanchez (ltn. Ríos), Kalani Queypo (le chamane Xocozin), Dichen Lachman (Ayacoatl, fille du chef de tribu), George Allen Gumapac (Matlai), William Snow (sgt. Mendoza), Jack McGee (Frère Gria), Shawn Lathrop (Alvarado).
En 1521, Hernán Cortés conduit un groupe de soldats en territoire hostile aztèque. Alors qu’ils atteignent une vallée dans laquelle il est difficile de progresser, ils découvrent une pyramide pleine de trésors, mais entourée d’ossements humains. Si l’idée que les restes soient liés à des sacrifices rituels semble dans un premier temps la plus vraisemblable, les conquistadors explorateurs se rendent bientôt compte que les victimes ont en fait servi de repas à un couple de créatures terrifiantes, les « Lézards Tonnerre », des Tyrannus Rex préhistoriques appelés, bonne idée, par le chamane aztèque Xocozin pour chasser l’envahisseur - mais qui menacent à présent toute vie humaine. Espagnols et indigènes s’allient. Un des monstres est abattu au canon, l’autre est attiré par le cœur arraché du chamane que lui a tendu la fille du chef, Ayacoatl, et périt dans une explosion de poudre. Cortés ne reviendra jamais dans cette vallée maudite dont Ayacoatl et son époux, le lieutenant Rios, sont désormais les gardiens. – Une amusante production Z, du sous-Roger Corman aux trucages fauchés, tourné au Kualoa Ranch et à Turtle Bay sur l’íle d’Oahu à Hawaii.
Brian McCardie dans « Cortes the Conqueror » (2008).
2008(tv) Cortes the Conqueror (Cortès le conquistador) (GB/DE/GR) d’Andrew Grieve et Al Imran Niloy
Série « Heroes & Villains (Chefs de guerre) », Marc Hedgecoe, Matthew Barrett, Jim Spencer/BBCtv-Discovery Channel International (DCI)-Pro Sieben Television-Hellenic Radio and Television (ERT) (BBC2 15.3.08), 55 min. – av. Brian McCardie (Hernán Cortés), Nicholas Shaw (Gonzalo de Sandoval), Andrew Howard (Pedro de Alvarado), Niall MacGregor (Velasquez), Vineeta Rishi (La Malinche), David Maybrick (Martin Lopez), Ramon Tikaram (Moctezuma), T. J. Ramini (Cuauhtermoc), Alec Newman (Antonio de Villafana). – En 1519, Cortés vainc les Aztèques avec l’aide des Tlaxcalans, une tribu ennemie, oppréssée et tyrannisée depuis des siècles. Un résumé correct des événements historiques, soigneusement mis en scène à l’aide de l’infographie mais sans éclat, le tout au service d’une série internationale à but pédagogique.
2011(tv) Ivan the Terrible vs. Hernan Cortes (US) de W. D. Hogan
Série « Deadliest Warrior », H. Charles Parrish, Joe Perez, Daniel Snyder/44 Blue Productions-Morningstar Entertainment (Spike TV 31.8.11), 42 min. – av. Ardeshir Radpour (Hernán Cortés), Jason Heck (l’armurier de Cortés), Robert Dill et Brayn Forrest (des conquistadors), Artur Lago-Varjapetian (un Aztèque torturé), Daniel Forrer (Ivan le Terrible). – Lequel possédait les armes et les armées les plus létales ? Bof.
2011(vd-mus) Montezuma (IT) de Stefano Vizioli (th) et Davide Mancini (vd)
Teatro Communale Ferrara, 153 min. – av. Vito Priante (Moctezuma), Mary-Ellen Nesi (Mitrena, son épouse), Laura Cherici (Teutile, leur fille), Franziska Gottwald (Hernán Cortés), Theodora Baka (Ramiro Cortés, son frère), Gemma Bertagnoli (le général Asprano). – L’opéra d’Antonio Vivaldi (1733), cf. captation de 1992.
Le « renégat » espagnol Gonzalo Guerrero et son épouse indigène (2013).
2013* (tv-df) Entre dos mundos, la historia de Gonzalo Guerrero (Gonzalo Guerrero, un Européen en terre maya) (ES/MX) de Fernando González Sitges
Alejandro Palma Verrey, Ernesto Velázquez Briseno/Minotauro Producciones S.A. de CV, Sherefé S.L.-TVUNAM-Bravo Studios (National Geografic/NatGeo 12.10.13), 52 min. – av. David Marín Gómez (Gonzalo Guerrero), Alejandra Toussaint (Zazil Há), Angel Pérez (Jerónimo de Aguilar), Raúl Salcedo (cpt. Valdivia), René Alejandro Castillo (Hernán Cortés), Alejandro Osorio (Taxmar), Eulogio Vallencia (Nan Chan Can), Federico Hernández (Balam), Carina Idali Cob et Jesús Nahuat Puc (les enfants de Guerrero et de Zazil), Aarón Hernández (Tcohom), Nahum Alias Ulin (chef Cocome), Elisa Coral (une naufragée), Alejandro Posada, Josué Mendoza, Mikel Lacallo, Omar Abreu, Guillermo Mulla, Rogelio Silva.
Docu-fiction tiré du roman d’Eugenio Aguirre, Gonzalo Guerrero (Gran Medalla de Plata de l’Académie internationale de Lutèce, 1981), réalisé au Mexique (Riviera Maya) et en Espagne (château de Niebla, Huelva, Andalousie). En août 1511, Gonzalo Guerrero (né v. 1470) fait partie d’une expédition qui fait naufrage sur une plage du Yucatán. Ses compagnons sont massacrés par les Mayas Cocomes, mais Gonzalo a la vie sauve. Fait esclave par le chef Nan Chan Can, il s’intègre parmi les autochtones, apprend les coutumes, la religion et la langue des Mayas, puis épouse la princesse Zazil. Afin de contrer les conquistadors espagnols de Charles Quint, Gonzalo refuse l’offre de Cortés à le rejoindre, devient chef de guerre et combat pendant vingt ans ses anciens compagnons d’armes, freinant ainsi la conquête de la péninsule Yucatán par Pedro de Alvarado, avant de mourir en 1536 d’un coup d’arquebuse. Les Espagnols le surnommaient « le renégat », honni comme « hérétique » et « traître », tandis que les Mexicains l’appellent « le père du métissage ». Un sujet passionnant traité hélas superficiellement, comme une sorte de love story exotique, tout en corrigeant cependant un nombre considérable d’erreurs et de clichés racistes. – Primé au Huelvo Iberoamerican Film Festival.
2014® La hija de Moctezuma (MX) d’Iván Lipkies. – av. Rafael Inclán (Moctezuma II Xocoyotzin), María Elena Velasco (La Mexicanisima India María), Eduardo Manzano (Xocoyote). – Farce vulgaire autour d’une lointaine descendante de l’empereur aztèque chargée au XXIe siècle de détruire un codex magique afin d’empêcher la destruction du Mexique.
2015Epitafio. La conquista del Popocatépetl (MX) de Rubén Imazet et Yulene Olaizola
Pablo Zimbrón Alva, Rubén Imaz, Yulene Olaizola/Malacosa Cine-Pimienta Films-Una Comunión, 82 min. – av. Don Roque Galicia Cervantes (le vieux chef des Huejotzingo), Xabier Coronado (Don Diego de Ordáz), Martín Román (Gonzalo de Monovar), Carlos Triviño (Pedrito).
En octobre 1519, alors que Cortés marche sur Tenochtitlan, le conquistador Diego de Ordáz (1480-1532) et deux soldats escaladent le sommet de la deuxième plus haute montagne du Mexique, le volcan Popocatépetl (5426 m.), non pour en étudier les éruptions comme le fit Chalchiuhtzin en 1287, mais extraire du souffre dans le cratère, ingrédient indispensable pour la fabrication de la poudre à canon. Charles Quint octroiera à Ordáz, premier Occidental à en atteindre le sommet, le droit de posséder un blason avec une représentation du volcan. Il explorera par la suite l’Orénoque (Vénézuela) dans le vain espoir de découvrir les terres mythiques d’El Dorado ; il mourra lors de son voyage de retour. - Faute de neige sur le Popocatépetl, le film est tourné dans les parcs nationaux des volcans de Pico de Orizaba à Puebla (Veracruz) et d’Izta-Pop Zoquiapan (Edomex). Première mondiale au Festival des « Nuits Noires » de Tallinn en Estonie, puis au Festival de Cinéma latino de Toulouse.
2015-2016® (tv) Carlos, Rey Emperador (ES) série d’Oriol Ferrer, Salvador García Ruiz, etc. - av. Alvaro Cervantes (Charles Quint), José Luis García Pérez (Hernán Cortés), Christian Esquivel (Moctezuma II), Victor Duplá (Ponce de León), José Maya (Francisco Pizarro), Oscar Rabadan (Bartolomé de Las Casas).
2016Juan Diego : El indio de Guadalupe / Juan Diego. The Saint That Forged a Country (MX) d’Alan Coton
Eduardo Brandariz, José Manuel Brandariz, Heriberto Bustamante/Beverly Hills Entertainment, 120 min./94 min. – av. Mauricio Islas (Juan Diego Cuauhtlatoatzin), Ivonne Montero (María Lucía, son épouse), Marlene Favela (la Vierge de Guadalupe), Antonio Algarra (Juan de Zumárraga), Marco de Paula (Nuño Beltran de Guzman), Alan Del Castillo (un garde de Moctezuma), Javier Escobar (Ometochtzin), Francisco (Vasco de Quiroga), Leonardo García Vale (Pedro de Gante), Ernesto Gómez Cruz (Juan Bernardino, oncle de Juan Diego), Anna Lasalvia (Itzmin), Pascacio López (Tochtli), Alicia Machado (India), Mónika Sánchez (Citlali, fille de Moctezuma), Salvador Zerboni (Hernán Cortés, caapitaine-général de la Nouvelle-Espagne). – Tout en suivant l’avancée victorieuse de Cortés, le film cherche à restituer des aspects peu connus de la vie de Juan Diego, qui est entré dans l’histoire pour avoir servi d’intermédiaire entre la « Vierge métissée » de Guadalupe et le peuple latino-américain (cf. supra, Tepeyac en 1917).
2016(tv-df) Hernán Cortés : Un hombre entre Dios y el diablo (MX) de Fernando Gonzáles Sitges
Ernesto Velázquez Briseño. Armando Carrillo Lavat, Alejandro Carrillo Castro, Gabriel Torres Espinoza/TV Universidad Nacional Autónomo de México (UNAM)-Sistema de Radiodifusión del Estado Mexicano-Fundación UNAM-SPR-Fundación Miguel Alemán-Canal 44, 78 min. – av. Fernando de Retes (Hernán Cortés), Harold Torres (Moctezuma), Priscilla Lepe (Malintzin), Stefan Steinmann (Jeronimo de Aguilar). – Un personnage très controversé, haï par les uns, admiré par les autres et dont la carrière faite d’audace, de stratégie et de violence a noirci des centaines de pages. Un docu-fiction avec reconstitutions qui analyse le mythe qui s’est construit autour du conquistador et explore la figure d’un homme dont la vie est traversée de lumière et d’ombre. Sélectionné au Festival International du Film de Guadalajara 2016.
2017(tv) Tiempo de conquista (ES) de Koldo Serra
Série « El ministerio del tiempo » (épis. 29), Radiotelevisión Española, Madrid (TVE 25.9.17), 70 min. – av. Miguel Angel Muñoz (Gonzalo Guerrero), Jorge Suquet (Jerónimo de Aguilar), Paco Manzanedo (Gaspar de Entrerríos).
Série de science-fiction illustrant diverses tentatives de modifier l’histoire de l’Espagne en voyageant dans le temps : Au Yucatan en 1516, le « ministère du Temps » représenté par Alonso et Pacino évite des Mayas sauvages, des Espagnols sanguinaires ainsi qu’un « ange exterminateur » pour permettre au marin naufragé Gonzalo Guerrero et au missionnaire Gerónimo de Aguilar (1489-1531) de survivre et entrer dans l’Histoire.
2018* (tv) Malinche (MX) télésérie de Julián de Tavira (1,5), Israel Pasco (2,3,4) et Julia Rivero (4)
Gabriela Valentán, Patricia Arriaga Jordán/Bravo Films, México (Canal Once T.V. 10.11.-8.12.18), 5 x 50 min. – av. María Mercedes Coroy (Malinche/Malintzin/Doña Marina), Daniel Villar (Juan de Jaramillo, son époux), José María de Tavira (Hernán Cortés), Alberto Barahona (Pedro de Alvarado), Jesus García Ra (Moctezuma), Josué Maychi (Cuauhtémoc), Frida Tavera (Zazil), Luís Arrieta (Jerónimo de Aguilar), Clemente Beltrán (Bernal Díaz del Castillo), Gabriela Cartol (Ixchel), José Carlos Illanes (Cristobál de Olid), LuisMi Elizondo (Blas Botello), Estanislao Marín (Xicoténcatl le jeune), Rodrigo Magaña (Chimay), Hugo Cáceres (Juan), Angeles Cruz (Macti), Gabriel Come (Cuitláhuac), Frida Padilla (Malinche enfant), Clementina Guadarrama (Kawajmeme), Christian Sampedro (Gaspar), Maurillo Ricaño (Tajpi), Karina Díaz López (Juana).
D’origine Popoluca, Malinche, esclave des Mayas chontales à Tabasco depuis l’âge de dix ans, s’arrange pour faire partie du lot de femmes données en tribut aux Espagnols après leur victoire à Centla en mars 1519, espérant ainsi être mieux traitée que sous les Mayas (cf. supra, Malintzin, la historia de un enigma, 2019). En voyant la difficulté de Cortés à se faire comprendre par les Mésoindiens sur la route de Tenochtitlan, elle offre ses services de traductrice et complète ainsi les compétences de l’interprète officiel de l’expédition, Jerónimo de Aguilar (qui ne parle que le maya, mais ne peut converser avec les Aztèques). Elle devient la concubine de Cortés, avec lequel elle a un fils, Martín. Mais après la chute de l’empire aztèque, Cortés enlève son fils pour la contraindre à servir dans une nouvelle expédition. Ce n’est que peu à peu qu’elle parviendra à négocier sa liberté pour pouvoir rentrer dans sa ville natale. - La série ne présente pas Malinche comme une traîtresse, mais plutôt comme une femme forte, une survivante, la terre mexicaine étant alors sous l’autorité de plusieurs seigneurs et royaumes, dont les Aztèques qui réservaient parfois à leurs captifs un sort peu enviable. La série, conçue, produite et écrite par Patricia Arriaga Jordán, est parlée en diverses langues, la couleur des sous-titres indiquant la langue parlée : náhuatl (blanc), maya yucatèque (jaune), popoluca (bleu), totonaca (vert) et latin (rose) pour signaler la difficulté de communiquer à l’époque. « Le thème de la trahison est lié à notre identité mexicaine, affirme la scénariste qui a été marquée par l’ouvrage historique de l’Américaine Camilla Townsend (Malintzin’s Choices : An Indian Woman in the Conquest of Mexico, 2006). « En fait, tous nous ont trahi, les riches, les blancs et les créoles ont trompé le peuple ; la conquista reste une blessure ouverte et notre série invite à réfléchir sur l’identité que nous nous sommes forgée, c’est là que Malinche se terre ». C’est une actrice guatémaltèque, María Mercedes Coroy, qui campe l’héroïne après quelques rôles à Hollywood. L’excellence et le sérieux de la reconstitution sont récompensés par quatre prix « Pantalla de Cristal » 2019 : photo, recherches, scénario et production. - Épisodes : 1. « Mauhcaatiliztli (Miedo) » - 2. « Tecpillahtolli (Palabra noble) » - 3. « Tlahtoani (Quien habla) » - 4. « Cáhuitl (Lo que nos va dejando) » - 5. « Noconeuh (Mis hijos) ».
Interprète, diplomate et concubine de Cortés (« Malintzín », 2019).
2018/19(tv-df) Malintzín, la historia de un enigma (MX) de Fernando González Sitges
Ernesto Velázquez Briseñ, Claudia Alemán Magnani, Armando Carrillo Lavat/Inmedia Producciones-Fundación Miguel Aleman A.C.-Sistema público de Radiodifusión del Estado Mexicano (SPR)-Fundación UNAM (Universidad Nacional Autónoma de México)-Claro Video (Claro Video 7.3.19), 89 min. – av. Priscila Lepe (La Malinche/Malintzin/Doña Marina), Fernando de Retes (Hernán Cortés), Leonardo Alonso (Moctezuma), Rubén Salazar (Geronimo de Aguilar), Lua Castillo López (Malintzin enfant), Juan Manuel Pérez (un noble Maya), Pascal Calderón (Pedro de Alvarado), Omar Salvador Gutiérrez (un cacique gros), Enrique Eliu Castro (Juan de Jaramillo, époux de Malinche), Bruno Contignola (Alonso Portocarrero), Nahum Arias (Cuauhtémoc), Sebastian E. Bauer (López de Gómara), Arturo Herrera (Pedro Escudero), Héctor Hernández Emiliano (Martin Cortés enfant), Javier Bollain (un moine), Sarai Hernández Emiliano (la fille de Moctezuma), Annie Salomon (Catalina), Ma. Leticia Rioja (une Choluteca âgée), Verónica Merchant (narration).
Un long métrage docu-fictionnel entièrement consacré à celle qui fut la concubine et surtout l’interprète, la conseillère et l’intermédiaire de Cortés pendant toute sa campagne mexicaine : La Malinche, aussi appelée Malintzín, Malinalli, plus tard aussi Doña Marina, son nom de baptême chrétien (v.1501-v.1529). Elle fut par la suite maltraitée dans la littérature, oubliée par l’Histoire. Stigmatisée en bloc, elle fut considérée dans la culture populaire comme une traitresse à sa race (le terme « malinchismo » est synonyme de trahison). Les patriotes nationalistes, en particulier depuis l’indépendance du Mexique en 1821, virent en elle une « collaboratrice de l’ennemi », voire une co-responsable de la chute de l’empire aztèque ; dans la population indigène, son nom est devenu une insulte. Mais depuis les années 1960/70, l’historiographie révisionniste et les mouvements féministes se sont penchés plus sérieusement sur « l’énigme Malintzin » (car on sait peu de choses sur elle). Étant la mère du premier fils de Cortès, Martín dit « el Mestizo » (1522-v.1595), elle est non seulement un personnage fondamental de la Conquista, mais aussi la victime quintessentielle des événements, à l’origine du métissage au Mexique. Son vécu peut être perçu comme la libération rocambolesque d’une femme au cœur d’une société foncièrement machiste, blanche ou indio. Indienne nahua de naissance probablement noble, d’une vive intelligence, capable de comprendre le langage de la cour aztèque ainsi que celui des Mayas Chontal et Yucatec, elle a été vendue comme esclave à son adolescence, puis donnée aux Espagnols par les Mayas après leur défaite à Potonchán. Cortés la prend immédiatement à son service en lui promettant « plus que la liberté » et l’habileté diplomatique de Malintzin, qui a appris l’espagnol, va lui permettre de clore des alliances militaires déterminantes pour la suite des événements (aux dires de Cortés, après Dieu, Malintzin était la principale responsable de son succès). Elle suivra Cortés au Honduras, puis épousera un hidalgo espagnol, Juan Jaramillo. – Le film-enquête obtient le Prix National du Journalisme (Premio Nacional de Periodismo). - US: Malintzin : The Story of an Enigma.
2019(vd-mus) Fernand Cortez, ou La conquête du Mexique (FR) de Cecilia Liguoro (th) et Tiziano Mancini (tv)
Teatro del Maggio Musicale Fiorentino, Firenze (vd 16.10.19), 192 miin. – av. Dario Schmunck (Hernán Cortés), Alexia Voulgaridou (la princesse Amazily, fille de Moctezuma), Luca Lombardo (Télasco, son frère), Gianluca Margheri (Moralez), David Ferri Durà (Alvaro Cortés, frère de Hernán), André Courville (le Grand Prêtre aztèque), Leonardo Melani (Moctezuma), Lisandro Guinis (un officier espagnol), Davide Ciarrocchi et Nicoló Ayroldi (deux prisonniers espagnols), Davide Siega (un marin), Silvia Capra et Delia Palmieri (la suite d’Amazily).
Tragédie lyrique en 3 actes de Gasparo Spontini (1809) sur un livret d’Étienne De Jouy et Joseph-Alphonse d’Esménard, créée à l’origine pour soutenir l’invasion de l’Espagne par Napoléon (qui a suggéré lui-même le sujet au compositeur). Napoléon est représenté sur scène par Cortés tandis que les prêtres sanguinaires des Aztèques représentent l’Inquisition espagnole ! - Trois Espagnols, dont Alvaro Cortés, sont captifs de Moctezuma à Tenochtitlán et vont être sacrifiés, mais le monarque veut les épargner pour les garder en otages. La princesse indienne Amazily, prisonnière, puis amante de Cortés, vient négocier la libération des prisonniers. Son frère, le général Telasko, est envoyé en ambassadeur auprès des Espagnols et promet la libération d’Alvaro s’ils se retirent. Cortés fait brûler ses propres navires, emprisonner Telasko et propose un échange d’otages, alors que le peuple aztèque exige le sacrifice du captif. Cortés passe à l’attaque et Moctezuma incendie sa capitale. Mais Cortés parvient à éteindre le brasier et, à la demande d’Amazily, il fait libérer Moctezuma et son fils. Le Mexique est conquis et pacifié ; Amazily, devenue chrétienne, donne sa main au conquistador qui promet paix et amitié pour tout le pays. - L’opéra de Spontini sera remanié en 1817 et en 1824 en fonction de la nouvelle situation politique.
2019-2020* (tv) Hernán (MX/ES) télésérie de Norberto López Amado (1,3,4,5,8), Julián de Tavira (2,6) et Alvaro Ron (7)
Jaime B. Ramos, Gabriela Valentán, Amaya Muruzabal, José Miguel Barrera, Miguel Gutiérrez, Julián de Tavira, Curro Royo/TV Azteca-Dopamine Grupo Salinas (México)-Onza Entertainment (Madrid)-History Latin America-World Wonder Ring Stardom (History + Amazon Prime + TV Azteca 21.11.19), 8 x 45 min. - av. Oscar Jaenada (Hernando Cortés), Victor Clavijo (cpt. Cristóbal de Olid), Isabel Bautista (La Malinche/Malintzin/Doña Marina), Dagoberto Gama (Moctezuma), Jorge Antonio Guerrero (Xicoténcatl, roi des Tlaxcaltèques), Victor Hugo Oliveira (Botello), Almagro San Miguel (Gonzalo de Sandoval), Mitzi Mabel Cadena (Tecuelhuetzin/Doña María Luisa Xicoténvszl), Michel Brown (Pedro de Alvarado, son époux), Gabriela Cartol (Acatlxouhqui), Miguel Angel Amor (cpt. Bernal Díaz del Castillo), Isabel Luna (Mictecacihuatl), Aura Garrido (Juana), Silverio Palacios (un cacique), Nando González (Frère Olmedo), Mina El Hammani (Aisha), Antonio Trejo (Cuitláhuac), Aura Garrido (Juana), Cristian Gamero (Gerónimo de Aguilar), Manuel Poncelis (Xicoténcatl l’ancien), Silverio Palacios (Xicomecóatl, cacique de Cempoala), Gabriela Cartol (Acatlxouhqui), Said Sandoval (Puxku), Josué Maychi (Potonchán), Ricardo Díaz Mendoza (Nacom), Mina El Hammani (Aisha).
Une série mexicano-espagnole soignée et visuellement très concluante sur Hernán Cortés, produite pour le streaming sur Internet afin de marquer le 500ème anniversaire de l’arrivée de l’aventurier au Mexique et qui se veut aussi un geste de réconciliation. Les Espagnols, ni héros ni crapules, cherchent surtout à s’enrichir et les Mexicas ne sont ni des sauvages ni des victimes, mais des peuples qui s’appliquent à défendre leurs habitats. Malintzin, devenue Marina après son baptême catholique, ne craint pas les Espagnols et se sent attirée par Cortés qu’elle cherche à mettre en garde contre les conséquences de ses actes au Mexique (elle parle náhuatl et maya). Au cours des 8 épisodes, d’autres personnages – Moctezuma, Pedro de Alvarado, Xicoténcatl, Cristóbal de Olid, Bernal Díaz del Castillo, Gonzalo de Sandoval - livrent leur vision personnelle et en général peu amène du conquistador, sujet à polémique, pour comprendre comment il a pu, avec seulement une centaine d’hommes, anéantir tout un empire. La narration est toutefois handicapée par d’incessants retours en arrière (le récit commence par l’entrée à Tenochtitlan) et des sauts temporels vers l’avenir. Par ailleurs, la série, tournée de février à mai 2019 à Ciudad de México, sur les terrains de Xochimilco et San Gregorio Atlapulco avec l’aide massive d’infographie (effets visuels dirigés à El Ranchito par l’équipe de Game of Thrones) suit très fidèlement les faits connus, soutenus par les experts de l’Instituto Nacional de Antropología e Historia (INAH). Trois prix PODU 2020 récompensent ces efforts (production, musique et la comédienne Isabel Bautista). Oscar Jaenada, l’acteur barcelonais qui campe Cortés, réçoit le Prix de la Unión de Actores y Actrices 2020.
Notons en outre que l’entreprise a sabordé un autre projet assez ambitieux de télésérie américaine en 4 parties, annoncé pour février 2020 par Amazon Studios (Amazon Prime Video) et Amblin Television : *Cortés, mis en scène par Cristina Gallego et Ciro Guerra. Steven Spielberg, Javier Bardem, Kirk Douglas, Gael Garcia Bernal et Diego Luna devaient participer à titre de co-producteurs, Bardem aussi interpréter Cortés aux côtés de Tenoch Huerta (Moctezuma), Yoshira Escárrega (Marina la Malinche) et Juan Carlos Vellido (Pedro de Alvarado). Il s’agissait d’adapter pour le petit écran le scénario Montezuma que Dalton Trumbo avait confectionné en 1965 pour un long métrage avorté du réalisateur Martin Ritt, avec Kirk Douglas en conquistador ; en 2014, Steven Spielberg avait envisagé de reprendre le script de Trumbo à son compte. - Épisodes de la télémétrie : 1. « Marina » - 2. « Olid » – 3. « Xicotencatl » – 4. « Bernal » – 5. « Moctezuma » – 6. « Alvarado » – 7. « Sandoval » – 8. « Hernán ». Une deuxième saison était prévue en janvier 2020, mais son tournage semble avoir été freiné par l’épidémie du Covid. Sans nouvelles.
2020[499 (MX) de Rodrigo Reyes, 87 min. – Un docu-fiction présentant un conquistador qui se réveille au XXIe siècle à Veracruz, sur la côte est du Mexique. Tout en se souvenant du parcours de Cortés, le fantôme en armure découvre un pays toujours traumatisé, dont l’histoire violente est traversée par les révolutions, les guerres des barons de la drogue, les assassinats jamais élucidés et les tensions sociales.]
2020® Lady of Guadalupe. A Love Story of Hope and Faith / Nuestra Señora de Guadalupe (US) de Pedro Brenner. – av. Guillermo Iván (Juan Diego Cuauhtlatoatzin), Paola Baldion (la Vierge de Guadalupe), Glenn Craley (Padre Xavier Escalada), Eduardo Shilinsky (un soldat espagnol), Jesùs Lloveras (Juan), Guillermo Iván, Christopher Phipps, Kimberley Aria Peterson. – Alors qu’ils font face aux drames humains dans un hôpital, des scientifiques d’aujourd’hui sont confrontés à l’épisode brièvement reconstitué de l’apparition miraculeuse de 1531 (cf. supra, Tepeyac en 1917).
2020(tv-df) Söhne der Sonne – Die Azteken (Enfants du soleil – les Aztèques) (DE) de Carsten Oblaender (fict.) et Anja Reiss (doc.)
Série « Terra X », Storyhouse Produktion-ZDF-Arte (ZDF 7.9.20 / Arte 15.1.22), 53 min. – Docu-fiction avec reconstitutions et comédiens (rôles muets). – En novembre 1519, des étrangers pénètrent dans l’Empire aztèque : onze navires débarquent sur la côte atlantique, Hernán Cortés et ses 500 hommes marchent sur la capitale, Tenochtitlan, construite sur le lac de Texcoco, pour s’emparer de ses trésors.
2021® The Eternals (US) de Chloé Zhao. – av. Carlo Kaya (un conquistador), Orson Rosenberg (un enfant aztèque). – Reconstitution (digitale) du massacre nocturne des Espagnols par la population aztèque (la « Noche Triste ») à Tenochtitlan en juin-juillet 1520.
2021(vd-th) Las Apariciones de la Virgen de Guadalupe (US) de Cecilia Cruz
Cecilia et David Cruz/GIDAI Teatro (Grupo Inernacional de Actores Independientes, Los Angeles), 40 min. - av. Patty Gonzalez (la Vierge de Guadalupe), Huaxtla Sdg (Juan Diego Cuauhtlatoatzin), Cecilia Cruz (Juan Bernardino, son oncle), José Carlos Aguilar (l’évêque Frère Juan de Zumárraga), Juan Venancio (Frère Pedro), Delma Angel, La Chica Boliviana. – Captation d’une pièce de théâtre de Cecilia Cruz, d’après les écrits d’Antonio Valeriano rédigés en nahuatl (cf. supra, Tepeyac en 1917).