IV - ESPAGNE ET PORTUGAL

8. FLANDRES, BRABANT ET PAYS-BAS SOUS OCCUPATION FRANCO-ESPAGNOLE

Les Dix-Sept Provinces des Pays-Bas sont à l’origine des principautés féodales relevant soit du royaume de France (comté de Flandre, etc.), soit du Saint Empire (duché de Brabant, comté de Hainaut, Hollande, Zélande, etc.). Devenues des possessions de la maison de Bourgogne en 1406, notamment de Charles le Téméraire, elles sont échues par le jeu des alliances matrimoniales à la maison de Habsbourg, suite à l’union à Gand en 1477 de Marie de Bourgogne (fille du Téméraire) avec l’empereur Maximilien Ier. Le petit-fils de ce dernier, Charles Quint, à la fois empereur allemand et roi d’Espagne en 1519, est à son tour également duc de Brabant et comte de Flandre. Prudent, il préserve une certaine autonomie aux dix-sept provinces des Pays-Bas et favorise Anvers, qui devient la cinquième ville d’Europe après Paris, Londres, Venise et Naples. Mais sous son fils Philippe II d’Espagne (né à Valladolid, de formation rigoureusement catholique et hispanique), la situation bascule avec le déclenchement de la guerre de Quatre-Vingts Ans, révolte armée d’une partie des Pays-Bas contre la tyrannie religieuse espagnole menée de 1568 à 1648, conflit qui aboutit à la division des Néerlandais et à la sécession des provinces protestantes du Nord, désormais réunies en République des Provinces-Unies et soutenues par l’Angleterre et les huguenots français.

Le mystère médiéval de « Mariken » revu par André van Duren (2000).

8.1. Flandres et Pays-Bas sous les Bourguignons et les Habsbourg

1911L’Étendard / Tiphaine ou L’Âme des Flandres / Le Drapeau (FR) de Léonce Perret
Société des Établissements L. Gaumont S.A. (Paris), 252 m./8 min. – av. Joaquim Renez (le prince de Coutray), Renée Carl (la duchesse de Brabant), Émile Keppens (le duc de Brabant), Yvette Andréyor, Fabienne Fabrèges, Léonce Perret.
Au XVe siècle, le prince de Coutray, tyran des Flandres, invite le duc de Brabant à livrer son château sans combat. Le sexagénaire refuse et suit avec sa jeune fille, Tiphaine, les péripéties du siège. L’ennemi entre dans la place. Impressionné par la bravoure des châtelains et la hardiesse de Tiphaine qui a refusé de livrer son étendard, Coutray libère ses prisonniers. – Filmé dans les studios de la Gaumont à la rue de La Villette.
1912Graaf Willem IV van Holland (NL) de Caroline van Dommelen et Léon Boedels
Film-Fabriek F. Anton Nöggerath, 2250 ft./2 actes. - av. Jan van Dommelen (le comte Willem/Guillaume IV de Hollande/Guillaume II d’Avesne, dit le Hardi), Louis van Dommelen (le comte Reinout/Renaud), Caroline van Dommelen (Johanna/Jeanne de Hainaut, duchesse de Brabant et de Limbourg), Willem Hunsche, Cato Mertens-de Jaeger, Ansje van Dommelen-Kapper, Theo Frenkel Jr., Jeff Mertens.
La ville de Gand en 1345, les amours entre la progéniture de deux familles ennemies du temps du comte Willem IV (1307-1345) ; ce dernier est vassal à la fois du roi de France et de l’empereur Ludwig IV de Bavière qui, lui, soutient l’Angleterre au moment où se déclenche la guerre de Cent Ans. – GB : Earl William IV of Holland, DE: Graf Wilhelm IV. von Holland, IT: Guglielmo IV d’Olanda.
1912De rampzalige liefde van Algabert en Elisabeth van Rodenburg / La Dramatique passion d'Algabert et d'Élisabeth de Rodembourg / La Passion d’Algabert et d’Élisabeth (NL/FR) d’Alfred Machin
Alfred Machin/Hollandsche Film-Kinematograaf Pathé Frères (Amsterdam) no. 5373, 400 m. – av. Léon Mathot (le prince Algabert). – Fidèle aux traditions de ses ancêtres, le prince Algabert est en conflit permanent avec la maison de Rodembourg dont le seigneur régnant a une fille, Elisabeth. Celle-ci est capturée par les vassaux d’Algabert qui s’en éprend, lui rend sa liberté et demande sa main. Le clan des Rodembourg refuse cette union avec mépris, Elisabeth décide de prendre le voile. Algabert est tué en combat singulier dans le cloître du couvent. – DE : Verschmähte Liebe.
1913The Cloister and the Hearth [Le cloître et le foyer] (GB) de Hay Plumb
Cecil M. Hepworth/Hepworth Company (Walton-on-Thames), 1530 m. - av. Alec Worcester (Gerard Eliasson), Alma Taylor (Margaret), Hay Plumb (Denys), Jamie Darling (Elias Eliasson), Ruby Belasco (Mme Eliasson), Harry Buss (Hans). - Adaptation du roman éponyme de l’Anglais Charles Reade (1861). Au XVe siècle, Gerard Eliasson, un jeune scribe et illustrateur flamand, est contraint de fuir la Hollande pour échapper aux soldats d’un bourgmestre vicieux et aider financièrement sa famille - sa compagne Margret et leur fils illégitime – en Flandres. Comme on lui fait croire que Margret est décédée, Gerard s’adonne à une vie libertine, est tenté par le suicide, puis devient moine dominicain. Alors qu’il prêche en Hollande, il apprend que sa bien-aimée est toujours vivante ; il devient vicaire d’une petite ville où il peut revoir fréquemment Margret. Elle meurt de la peste, lui décède dans une cloître tandis que leur fils ayant été dûment scolarisé, deviendra le célèbre philosophe et théologien catholique Érasme de Rotterdam (1466-1536). Fresque mélodramatique filmée aux Walton Studios (Surrey).
1926Kermesse sanglante / Bloedige kermis (BE) de Francis Martin
Belga Films (Malines)-Belgian Film Office (Bruxelles), 6 bob. - av. Aimé Bourgeois (Henri Lemmens), Sarah Clèves (Mme Lemmens, sa mère), Lucienne Masset (Suzette), Andrée Meunier (la comtesse de Belfonds), Gilberte Mormont (Gilberte), Édouard Bréville (Julot), Marchal (le cantonnier), Max Petit (le père de Suzette), René Vermandèle (le comte de Belfonds).
Un paysan avare refuse sa fille Suzette à un jeune villageois, Henri, qu’elle aime et dont elle devient la maîtresse, bien qu’il soit le fils d’un condamné. Lors d’une kermesse fortement arrosée, Henri surprend le comte de Belfonds, le châtelain local, faisant une cour serrée à Suzette et, par jalousie, le blesse d’un coup de couteau – un acte qui lui vaut plusieurs années de prison. À son retour au village, il apprend que Suzette est morte en accouchant d’une fille dont il est le père. Le châtelain et son épouse ont recueilli l’enfant. Henri vient la leur réclamer mais au terme d’un débat de conscience, il s’en va seul pour ne pas infliger à une innocente la double tare de son nom. (Film perdu.) - GB : A Bloody Fair.
1956(tv) Jan zonder Vrees (Jean sans Peur) (BE) télésérie de G. Dyckhoff-Ceunen et Bert Struys
Rik van den Abbeele/Belgische Radio en Televisie (BRT 7.1.-10.11.56), 20 x 25 min. – av. Roger Coorens (Jan Strazeele dit Jean sans Peur), Jef Bruyninckx (le serf Dokus, son ami), Polly Geerts (Alwina).
Une série d’aventures pour la jeunesse qui se déroule à l’époque de Jean sans Peur (1410- ?), duc de Bourgogne et comte de Flandre. Le scénario de Louis de Groof est basé sur le roman De wonderlijke lotgevallen van Jan zonder Vrees de Constant de Kinder (1910). Ce classique de la littérature enfantine raconte l'histoire de Jan, un jeune homme fort et courageux d’Anvers, né à la Krabbenstraatje, qui n’a peur de rien ni de personne – et qui porte le même nom que le duc. Il défend les faibles, démasque les tyranneaux locaux, aide les juifs, les lépreux ainsi que les malheureuses accusées de sorcellerie et le duc finit par l’adouber chevalier. Jan est une figure folklorique à propos de laquelle circulent de nombreuses légendes et dont les aventures ont été reprises par divers écrivains flamands. En 1984, Jeff Cassiers crée un dessin animé de long métrage pour BRT, Jan zonder Vrees / Jean sans Peur, exploité en salle (79 min.) et en série de 8 épisodes à la tv.
1968(tv) Mariken van Nieumeghen (BE) de Johan de Meester
Belgische Radio en Televisie (RTB 1.11.68). - av. Emmy Leemans (Mariken / Mariette de Nimègue), Rob Geraerds (le prêtre Gijsbrecht, l’oncle de Mariken), Nand Buyl (le diable), Theo op de Beeck, Raoul de Vree, Geert Lunskens, John Mertens, Herman Niels, Jerome Reehuis, Jeanine Schevernels, Hugo Van den Bergue, Jenny van Santvoort. – Captation télévisuelle du mystère médiéval de Marietta de Nimègue joué sur place (cf. infra, films de 1974 et 2000).
Le jeune Rutger Hauer dans « Floris von Rosemund », télésérie de Paul Verhoeven (1969).
1969(tv) Floris / Floris van Rosemondt (NL) télésérie de Paul Verhoeven
Max Appelboom Producties-BRW-NOS-Intertel-Cinécentrum N.V. (NTS 5.10.-21.12.69), 12 x 27 min. - av. Rutger Hauer (Floris van Rosemondt), Jos Bergman (Sindala le fakir), Dries Smits (Philippe le Bel), Ton Vos (Wolter van Oldenstein), Hans Culeman (Maarten van Rossum), Jaap Maarleveld (le duc Karel van Gelre), Cees Pijpers (Reinbout), Ton Kuil (le peintre Jérôme Bosch), Diana Marlet (la comtesse Ada van Couwenberg), Carola Gijsberg van Wijk (Isabella Aernout), Jacco van Renesse (Rogier), Pollo Hamburger (Diederik), Ida Bons (Viola), Sacco van der Made (Aernout), Hans Kemna (Govert), Hans Boskamp (Lange Pier), Tim Beekman (le sergent), Diana Dobbelman, Derval de Faria, Peter Pikl, Györgi Cserhalmi, Sandor Oszter.
Le comté de Flandre est depuis 1297 une province du nord du royaume de France occupée par Philippe le Bel. Or dans les aventures archi-populaires de Floris, sorte de Robin des Bois flamand, les Bourguignons ont curieusement le beau rôle. Philippe le Bel revêt ici un peu la fonction idéalisée du Richard Cœur de Lion de la légende britannique, alors que l’usurpateur flamand, le duc Karel van Gelre, correspond à la figure du prince Jean ; quant à Maarten van Rossum, c’est l’équivalent du shérif de Nottingham. – Synopsis : Après dix ans de navigation autour du monde, Floris van Rosemundt rentre aux Pays-Bas avec son compagnon indien Sindala, un fakir. Il trouve son château familial transformé en maison de péage qu’occupent Maarten van Rossum, laquais du duc Karel van Gelre qui pressure la population par ses taxes. Floris rejoint leur principal adversaire, Wolter van Oldenstein, ami des Bourguignons, et organise la guérilla pour récupérer ses terres... Le monarque français apparaît en personne dans l’épisode no. 6 du feuilleton (« De harige Duivel ») où il commande un tableau à Jérôme Bosch ; grâce à Floris, le peintre échappe à une embuscade dressée par Gelre pour voler la précieuse toile. Notons qu’il n’y a pas de rapport avec l’authentique duc Karel van Gelre (1467-1538), qui vécut à l’époque de Charles Quint.
Un péché de jeunesse du sulfureux farceur Paul Verhoeven (RoboCop, Basic Instinct, Starship Troopers, Black Book), surnommé « le Hollandais violent ». Il signe ici une série familiale parlée flamand, en noir et blanc (quoique filmée en couleurs), tournée à Gand, à Bruges (Belgique) et à Leersum près d’Utrecht, puis aux châteaux de Doornenburg, de Hernen et de Loevenstein (Pays-Bas). C’est à l’époque la production la plus onéreuse de la télévision néerlandaise (budget de 1'200’00 NLG), avec plus de 2000 figurants. Rutger Hauer, acteur fétiche de Verhoeven (5 longs métrages ensemble), y fait ses débuts. Le réalisateur voulait d’abord Carol van Herwijnen pour le rôle du justicier. C’est aussi le début de la collaboration avec Gerard Soetman, auteur des scénarios des sept films suivants du cinéaste au Pays-Bas. Inspiré par l’Ivanhoé télévisuel britannique et Thierry la Fronde en France, Floris connaît un succès immédiat : il devient une série-culte avec plus de trois millions de téléspectateurs, le programme le plus populaire des Pays-Bas en 1969. Trente ans plus tard, Paul Versteegen fabriquera un documentaire sur la série, De Ridder en de Fakir (1999). - Episodes : 1. « Het gestolen kasteel » - 2. « De koperen hond » - 3. « De zwarte kogels » - 4. « De man van Gent » - 5. « De harige duivel » - 6. « De vrijbrief » - 7. « Die drie narren/Die drei Narren » - 8. « De alruin » - 9. « Het brandende water » - 10. « De wonderdoener » - 11. « De Byzantijnse beker : Het tournoi » - 12. « De Byzantijnse beker : De genezing ». - DE : Floris, der Mann mit dem Schwert.
1974Mariken van Nieumeghen (Mariken de Nimègue) (NL) de Jos Stelling
Rob du Mee, Jos Stelling/Jos Stelling Filmprodukties BV (Utrecht)-Parkfilm, 80 min. - av. Ronnie Montagne (Mariken [Mariette]), Sander Bais (le sorcier Moenen [le diable]), William Van De Kooy (le prêtre Gijsbrecht, l’oncle de Mariken), Alida Sonnega (la tante), Eric Bais (le client à l’auberge), Kees Bakker (le mendiant), Jacqueline Bayer (la fille), Wil Hildebrand (Dede), Frans Hulshof (l’aubergiste), Wil Post (sa femme), Jan Harms et Menno Jetten (les agresseurs), Kees Bakker (le mendiant), Riek Deege et Johanna Leeuwenstein (les blanchisseuses), Leo Koenen (le tailleur), Dick Mulder (le changeur d’argent), Frans Stelling (le monsieur riche), Henk Douze, Harm Begeman, Jan van der Steen et Dirk Hattum (les cochers), Kitty Courbois (voix).
Synopsis : Dans la ville de Nimègue/Nijmegen (la plus ancienne ville des Pays-Bas, agrandie par Charlemagne), Mariken, une jeune femme belle et orpheline, fugue après s’être fâchée avec sa tante et appelle l’aide de Dieu ou du diable, peu importe. Le diable accourt sous les traits du sorcier Moenen, lui fait changer son prénom en Emmeken et vit avec elle pendant sept ans à Anvers où ils mènent une vie de péché parmi la pègre. En revenant à Nimègue, Mariken se rend compte qu’elle a été bernée par le démon. Son oncle, le prêtre Gijsbrecht, la prend sous sa protection et la libère de l’emprise. – Un mystère médiéval très populaire du XVIe siècle adapté de la légende de Mariette de Nimègue (imprimée à Anvers en 1515) que le cinéaste néerlandais Jos Stelling, fondateur du festival cinématographique d’Utrecht, tourne sur place avec quelque 800 non-professionnels en s’inspirant visuellement des tableaux de Breughel. Présenté en sélection officielle en compétition au Festival de Cannes 1975. La légende sera reprise au cinéma en 2000 sous le titre de Mariken, dans une version adaptée pour la jeunesse (cf. infra). - IT : Marika degli inferni.
1974(tv) Magister Maesius / Meester Masius (BE) télésérie de Jef Ceulemans
Rik van den Abbeele/Belgische Radio en Televisie (BRT 2.1.-27.3.74), 13 x 30 min. - av. Willy van Heesvelde (Magister Maesius), Jan Verbist (Hugo van Craendonck), Jeff Demedts (le comte Renier van Nevele), Carry Fontyn (la comtesse van Nevele), Ann Petersen (Katrijn), Nora Tilley (Irena), Ivo Pauwels (Geeraert), Jan Verbist (le chevalier Hugo van Craenendonck), Alex Cassiers (capitaine Ludovicus Capuyt), Marieke van Leeuwen (Elza), Stijn Peeters (Jonker Jan), Hilda Sacré (Margareta van Oostenrijk). – Un feuilleton pour la jeunesse combinant aventures médiévales et science-fiction (voyage dans le temps) et se déroulant en Flandres en 1524, dans la ville fictive de Zarren où des extraterrestres déguisés contactent le physicien et alchimiste Magister Maesius afin de comprendre pourquoi les humains sont si imprévisibles... Ils auraient surtout pu lui demander pourquoi certaines téléséries sont si bêtes. Mystère des galaxies.
1975(tv) Floris von Rosemund (DE/NL/HU) télésérie de Ferry Radax
Bayerischer Rundfunk-Hungarofilm-Intertel (ARD 9.8.1975-), 19 x 26 min. – av. Rutger Hauer (Floris von Rosemund), Derval de Faria (Sindala), Fred Stillkrauth (le général Martin van Rossum) Ferdy Maine (le duc Karl von Grauberg), Simone Rethel (Viola), Peter Pickl (le sergent).
Remake « européen » en couleurs de la série flamande de Paul Verhoeven en 1969 (cf. supra), à nouveau avec Rutger Hauer, mais réalisé cette fois en Hongrie par l’Autrichien Ferry Radax. Le scénario de Werner Schneyder compte sept épisodes supplémentaires. – Episodes : 1. « Das gestohlene Schloss » (pilote, 50 min.) – 2. « Die schwarzen Kugeln » – 3. « Brennende Wasser » – 4. « Der Goldmacher » – 5. « Der kupferne Hund » – 6. « Der Teufelsmaler » – 7. « Die Geschenke des Herzogs » – 8. « Die Alraune » – 9. « Der byzantinische Becher » – 10. « Wallfahrer für die Madonna » – 11. « Die drei Narren » – 12. « Im Zeichen des Bösen » – 13. « Das Gericht » – 14. « Die Helden von Rosemund » – 15. « Die Hochzeit » – 16. « Rum für den langen Pier » - 17. « Die Spuren der Künste » - 18. « Die Wassergeister » – 19. « Das Friedenslied ».
1975Elckeerlijc / Elckerlyc / Everyman (NL) de Jos Stelling
Jos Stelling Filmprodukties BV (Utrecht), 94 min. – av. George Bruens (Elckerlijc), Nel de Vries (son épouse), Lucie Singeling (la fille), Geert Thijssens (l’artiste), Henk Douze (l’homme riche), Bob Kars (le père), Johanna Leeuwenstein (la mère), Frans Stelling (le moine), Guus Westerman (le bourreau), Ruud van Rekum (l’homme gras), Jan van de Steeen (l’idiot du village), Gerard de Vos, Pieter Loef, Nancy Lont, Manneke van der Velde.
Pauvre diable, misanthrope sans états d’âme, Elckerlyc mène une vie de crimes, triche, vole et ignore la différence entre le bien et le mal, jusqu’au jour où il s’éprend d’une jeune fille qui vit sous les ponts. Elle répond à son amour, sa vie prend sens, mais le lendemain, la malheureuse est étranglée par l’idiot du village. Elckerlyc en perd la raison et cherche à se venger sur toute l’humanité. Il épouse une duchesse, devient duc et paie un magicien qui lui procure un instrument détenant le pouvoir de vie et de mort... Un ultime leurre. - Après Mariken (1974), Jos Stelling adapte un autre texte médiéval, une moralité datant du XVe siècle de Petrus van Diest (Petrus Diesthemius) et interprétée en majorité par des non-professionnels. Traduit en anglais, le texte sera connu en Grande-Bretagne sous le titre de Everyman et adapté en 1911 par Hugo von Hofmannsthal (Jedermann). Présenté au Nederlands Film Festival 1975.
1977(tv) Hieronymus Bosch (GB) de Julian Amyes
Série « Here I Stand… » (épis. 6), Julian Amyes/Granada Television (ITV 4.9.77), 45 min. – av. Maurice Denham (Hieronymus Bosch), John Batty (le notaire), Frances Cox (Aleyt Bosch), John Kidd (l’inquisiteur), Donald Morley (l’évêque), Richard Kane (le promoteur fiscal), Robert Putt, Gerry Cown (le narrateur).
Le peintre néerlandais Hieronymus Bosch (Jérôme Bosch, v.1450-1516) rêve qu’il fait face au tribunal de l’Inquisition et que ses œuvres, où l’enfer se mêle au paradis, sont utilisées comme preuves pour le condamner.
1978(tv) Dirk van Haveskerke / Kampf um Flandern (BE/DE-RDA) de Paul Cammermans
Belgische Radio en Televisie-SDR-DFF (BRT 25.1.78), 6 x 45 min. - av. Luc Springuel (Dirk van Haveskerke), Senne Rouffaer (Jacques de Châtillon), Luc Philips (Pieter de Coninck), Rik van Uffelen (Zeger de Coninck), Paul Meyer (Romme), Herbert Flack (Willem van Gullik), Nolle Versyp (le conseiller municipal Vanschip), Dora van der Groen (la mère de Dirk), Frank Aendenboom, Marc Bober, Sjarel Branekaerts, Raymond Jaminé, Jenny Tanghe, Gaston Vandermeulen, Johann van Lierde, Raymond Willems.
Synopsis : En 1297, Guy de Dampierre, comte de Flandre, se révolte contre Philippe le Bel et prend le jeune chevalier Dirk von Haveskerke comme confident. Lors d’une escarmouche, le père de Dirk est blessé, sa mère déportée, lui-même fait prisonnier. Dampierre est invité à Paris avec ses fidèles pour négocier un accord, mais c’est un piège : Philippe le Bel les fait incarcérer. En 1301, les Français font la conquête de la Flandre qui est rattachée à la Couronne. Menée par l’artisan Pieter de Coninck, Bruges se soulève contre les Français (les « Matines de Bruges »), le gouvernement des Capétiens est chassé, l’ignoble conseiller municipal Vanschip (qui a confisqué le château des Haveskerke) emprisonné. Dirk, dont le père a été envoyé aux galères, est chargé par les insurgés de ramener de Bologne Willem van Gullik, prieur de Maastricht, pour lui confier la direction des milices flamandes. En cours de mission, Dirk retrouve son père mourant, puis rejoint l’armée de bourgeois, artisans et paysans formée par van Gullik pour marcher contre Philippe le Bel, dont les chevaliers seront écrasés à Courtrai en 1302.
Une série télévisée en couleurs écrite pour la jeunesse flamande par P. Cammermans et Teresa van Marcke, feuilleton inspiré par le roman Vlaenderen die Leu ! (Flandres le lion) de F. R. Boschvogel (alias Frans Ramon), paru en 1952. La devise « Flaenderen die Leu » figurait sur les armories de Pieter de Coninck à la bataille de Courtrai, et fut utilisée comme cri de guerre par les insurgés. Le même sujet sera traité plus sérieusement en 1985 dans Le Lion des Flandres de Hugo Claus (cf. 1984). La matière de la révolte des artisans et paysans contre le pouvoir féodal séduit la télévision de l’Allemagne de l’Est qui diffusera la série sur DFF en 12 épisodes à partir du 7.5.1983. - DE : Dirk van Haveskerke – Kampf um Flandern.
Les Flamands écrasent l’armée de Philippe le Bel en 1302 (« Le Lion des Flandres » de Hugo Claus, 1984).
1984(tv+ciné) Le Lion des Flandres (La Bataille des éperons d’or) / De Leeuw van Vlaanderen (BE/NL) de Hugo Claus
Jan van Raemdonck/Kunst en Kino/Art et Cinéma, Bruxelles-Belgische Radio en Televisie-KRO, Hilversum-Ministerie van de Vlaamse Gemeenschap-Strenghold (NTS 14.3.85), 1h48 min./4 x 50 min. - av. Frank Aendenboom (le comte Robrecht de Béthune), Jan Decleir (Jan Breydel), Theu Boermans (Jacques de Châtillon, comte de Leuze), Peter te Nuyl (le roi Philippe le Bel), Josine van Dalsum (la reine Jeanne de Navarre), Ischa Meijer (Guillaume de Nogaret), Robert Marcel (Guy/Gwijde de Dampierre, comte de Flandre et de Namur), Jules Croiset (le comte Robert II d’Artois), Maxim Hamel (Charles de Valois), Roelof Pieters (Jean de Ponthieu, comte d’Aumale), Julien Schoenaerts (Pieter de Coninck), Jules Hamel (le connétable Raoul de Clermont, comte de Nesle), Adriaan van Dis (Etienne de Mortenay), Patricia Linden (Machteld), Hans Boskamp (de St. Pol), Ronny Waterschoot (Gwijde van Namen), Werther Van der Sarren (Van Saeftinghe), Herbert Flack (Willem van Gullik), Hans Rooyaards (Filips van Lichtervelde), Ronnie Commissaris (Jan van Renesse), Filip Peeters (Roelandt), Hans de Munter (Adolf van Niewland), John Massis (Leroux), Jo de Meyere (Bauden de Vos), Vic de Wachter (Jan van Namen), Ralph Wingers (Pierre Flotte), Chris Boni (la mère Breydel), Tania Van der Sande (Katrien), Hugo Van den Berghe (le bourgmestre), Jan Van Reeth (Geert), Johan Verminnen (le troubadour), Marc Van Eeghem (Willem), Doris Van Caneghem (Mère Overste), Linda Lepomme (Nele), Philippe Volter (Deschamps).
Synopsis : L’industrie textile fait la prospérité de la Flandre, province du nord à laquelle le royaume de France a imposé sa tutelle. Mais elle utilise la laine, importée de Grande-Bretagne, et les artisans tisserands et commerçants estiment que les taxes levées par Philippe le Bel pour gêner l’Angleterre sont trop élevées. Guy de Dampierre, qui a pris le parti de ses tisserands, est attiré et emprisonné à Paris. Jacques de Châtillon impose à Bruges un régime de terreur. Au petit matin du 18 mai 1302, dirigées par Pieter de Coninck et Jan Breydel, les corporations d’artisans rebelles s’emparent de Bruges et assassinent un millier de Français dans leur lit (« les Matines »). A Courtrai, les survivants de la garnison française se réfugient dans le château, bientôt assiégé. Entretemps, Philippe le Bel a levé une formidable armée de 50'000 archers italiens, fantassins et chevaliers sous le commandement du comte Robert d’Artois. En face, les milices communales flamandes, les « Klauwaerts », sont composées de 20'000 hommes à pied munis de lourdes lances. Le 11 juillet, c’est le choc. La lourde cavalerie française s’embourbe dans les rives marécageuses du Groeningenkouter ou s’empale sur les piquiers et finit massacrée par la piétaille adverse. Pour les Flamands, qui ramènent comme trophées les 4000 éperons d’or des seigneurs tombés, la victoire de Courtrai (appelée aussi « bataille des Éperons d’or ») sonne le début de leur indépendance. Philippe le Bel, qui sort très affaibli par cette défaite, perd une grande partie de sa glorieuse chevalerie, dont deux maréchaux de France, une défaite qui réduit à néant le rêve des rois capétiens d’annexer les Flandres – région désormais surnommée « le poison de la couronne ».
Hendrik Conscience, écrivain belge, est un des fondateurs du mouvement flamand créé pour défendre la culture et la langue vernaculaires dans un pays dominé par les francophones. Ouvrage romantique dévoré par la jeunesse depuis plus d’un siècle, son roman historique Le Lion des Flandres / De leeuw van Vlaanderen of de slag der gulden sporen (1838) célèbre la révolte du peuple flamand (il a été adapté en bande dessinée par Bob de Moor en 1949). Le héros du récit, qui symbolise la lutte de la bourgeoisie médiévale contre la noblesse, a existé : Jan Breydel était un boucher brugeois qui participa à l’anéantissement de diverses garnisons françaises et fournit de la viande aux troupes lors de la bataille de Courtrai. Il a sa statue à Bruges. Depuis des années, le producteur Jan van Raemdonck mûrissait de porter le roman à l’écran, et d’en tirer par la même occasion une série télévisée pour le public néerlandophone.
L’occasion se présente avec l’engagement de Hugo Claus, poète, dramaturge, peintre, cinéaste et l’un des plus brillants romanciers contemporains d’expression néerlandaise (Le Chagrin des Belges, 1985). Ex-disciple d’Antonin Artaud et compagnon de Sylvia Kristel, Claus est originaire de Gand, natif de Bruges. Un talent polyvalent, facilement provocateur, dont le premier film, De Vijanden, date de 1967. Admirateur de Tarkovski et de Kurosawa, Claus ne se contente pas de filmer une quelconque aventure médiévale. Il vise une reconstitution méticuleuse des événements, rassemblant 150 comédiens et 80 techniciens pour le seconder, un effort exceptionnel pour le cinéma belgo-néerlandais. La distribution mêle acteurs issus des tréteaux flamands - Breydel est joué par Jan Decleir (Toute une nuit de Chantal Akerman, 1982) – et célébrités locales de la télévision ou du sport. On tourne en Eastmancolor au château de Beersel, à Brugge et à Huldeberg, et la bataille des Éperons d’or – dont la date coïncide avec la fête annuelle de la communauté flamande en Belgique - est reconstituée à Duisburg, en Westphalie, avec 3000 figurants. Le sujet, espère-t-on, est susceptible de rassembler les communautés wallonnes et flamandes. C’est le contraire qui se produit. « Un spectacle d’un chauvinisme et d’un fanatisme exacerbés, tempête La Libre Belgique, où … Jacques de Châtillon, Philippe le Bel, Jeanne de Navarre nous sont présentés comme d’abjectes canailles et où l’on s’est arrangé pour faire parler à tous les Français la langue de [l’écrivain hollandais Joost van den] Vondel » (2.2.84). Malgré 75 millions de francs belges investis, l’accueil général est tiède et peu flatteur : on reproche au film ses dialogues ampoulés, sa partition musicale envahissante, parfois un travail d’amateur, le tout accompagné des habituels sarcasmes de l’historien face aux infractions de détail. Pourtant, la facture est techniquement honnête et ne manque pas de vigueur. Les spectateurs flamands détestent le film, certains à cause de son style dépassé, d’autres parce que Claus s’autorise quelque distance à l’égard d’un roman adulé, statufié. Il insère des passages d’un humour ironique ou bouffon, des traits d’un sadisme joyeux, des décolletés assassins (chez la reine de France, Jeanne de Navarre), un mélange de cynisme, de violence et de candeur qui ne cadre guère avec l’emphase patriotique souhaitée. - DE : Der Löwe von Flandern.
2000Mariken (BE/NL) d’André van Duren
Hans de Weers/Egmond Film & Television-Vrijzinnig Protestantse Radio Omroep (VPRO), 92 min. – av. Laurien Van den Broeck (Mariken / Mariette de Nimègue), Jan Decleir (Archibald / Theodore), Willeke van Ammelrooy (Griet), Kim van Kooten (Monne), Ramsey Nasr (Joachim), Kim van Kooten (Isabella), Hans Dagelet (Maître Esculape), Johanna ter Steege (la comtesse), Kees Boot (Dirk), Dora van der Groen (la veuve), Willem Van den Broeck (Rattenjan), Geert Lageveen (Frère Willem), Hans Dagelet (Magister), Porgy Franssen (Zatte Gijs), Bert Geurkink (Jager), Tom Jansen (le comte), Krijn ter Braak (Gildeman), Hans Karsenbarg (le moine).
Synopsis : Abandonnée à sa naissance, Mariken a grandi avec Archibald, un vieil ermite excentrique chassé jadis par la comtesse des lieux, et une chèvre dans la forêt de Waanwoud, endroit qui grouille de fantômes et de démons. Lorsque la chèvre meurt, Mariken se rend en ville pour en acheter une autre, mais aussi avec l’intention secrète d’y retrouver père et mère. La fillette, qui ignore la méchanceté, apprend à connaître le monde « réel » en sept jours, sa seule référence étant un livre intitulé L’Humanité est une farce (De mensheid is een klucht) qui regorge d’histoires bizarres. Ses nombreuses rencontres – dont celle avec une comtesse sans enfants et amère qui tente de la séquestrer dans son château et se demande si l’humanité est une farce ou une tragédie, mais aussi avec une troupe de joyeux comédiens ambulants et une veuve dont la famille a été emportée par la peste – lui ouvrent les yeux sur la complexité de la nature humaine. Une adaptation du livre éponyme de Peter van Gestel (1997), ouvrage pour la jeunesse qui s’inspire très lointainement du mystère médiéval de Mariken ou Mariette de Nimègue (cf. supra, film de 1974). Tourné (en anglais) en Belgique au Begijnhof de Louvain et au château de Gravenstein à Gand, aux Pays-Bas à Overveen et en Allemagne à Rothenburg ob der Tauber. Costumes, armures et accessoires proviennent du film Braveheart de Mel Gibson. Mariken récolte de nombreux prix dans des festivals de cinéma pour les jeunes (dont le Prix du Jury du FIFEM à Montréal en 2001) et le Prix du public au Nederlands Film Festival 2001. Projeté à la Berlinale 2001.