V - LE SAINT EMPIRE ROMAIN GERMANIQUE
Christian Brendel en Charlemagne dans le téléfilm européen en 3 parties de Clive Donner (1993).
2. MÉROVINGIENS, CAROLINGIENS ET OTTONIENS AVANT L’AN MIL
Les Mérovingiens / Merowinger, rois franco-germaniques (VIe-VIIe siècles)
Souverain d’une dynastie germanique de rois francs descendant de Mérovée (Francs Saliens) et originaire de Tournai (Belgique) vers 450, CLOVIS Ier/CHLODWIG I. soumet les Alamans et, par sa conversion au christianisme, s’assure l’appui du catholicisme contre les autres Germains chrétiens ralliés à l’arianisme (son baptême fait de la France future une entité catholique). En 500, il réduit les Burgondes au tribut, puis rejette les Wisigoths en Espagne. À sa mort, il laisse un royaume franc qui s’étend du Rhin aux Pyrénées, mais qui est démembré selon la coutume germanique entre ses quatre fils, Théodoric ou Thierry Ier/Theuderich I., Clodomir/Chlodomer, Childebert Ier/Childebert I. et Clothaire Ier/Chlothar I. Seul ce dernier parvient à rétablir passagèrement l’unité clovisienne.
Charlemagne / Karl der Grosse, empereur d’Occident (de 768 à 814)
Né en 747, fils aîné de Pépin le Bref/Pippin der Jüngere, roi carolingien, et de Berthe/Bertrada dite au Grand Pied. Épouses : Hildegarde (758-783), Luitgarde, Fastrade (Charles est à la fois bon chrétien et polygame). Roi des Francs né dans l’actuelle Belgique, il règne jusqu’en 771 avec son frère CARLOMAN/KARLMANN. Ayant conquis l’Italie du Nord en 774, il devient roi des Lombards, puis s’empare de la Toscane et du duché de Spolète. En 785, il soumet la Bavière. Il lui faut trente-deux ans de campagne et dix-huit expéditions pour venir à bout des Saxons, annexer leur territoire et les convertir de force au christianisme. C’est « la loi du fer de Dieu » : le baptême ou la mort… 4500 Saxons rétifs au message chrétien sont exécutés. Sacré Empereur des Romains par Léon II à Rome en 800 (un pape auquel son père Pépin a fait cadeau de territoires qui deviendront les États pontificaux), il rétablit l’ordre romain pour diriger un empire chrétien qui s’étire sur la majeure partie de l’Europe occidentale (environs un million de km2), avec Aix-la-Chapelle/Aachen pour capitale. Son règne de 46 ans ne comptera qu’une seule année sans bataille. Pas viable, son empire ne lui survivra pas longtemps : trop vaste pour les moyens de communication de l’époque, mal défendu faute de vaisseaux et d’effectifs, il sera tout de suite dépecé par les partages familiaux. Quant à l’intervention des Carolingiens en Italie qui donnent aux papes le pouvoir sur la Péninsule, elle suscitera une remarque caustique du célèbre historien Edward Gibbon : « L’humilité d’un prêtre chrétien aurait dû peut-être refuser un royaume terrestre qu’il ne pouvait gouverner aisément sans renoncer aux vertus de son état... »
L’historiographie nationaliste, amplement diffusée par les manuels scolaires, a longtemps enseigné que « France » et « Allemagne » sont issues du traité de Verdun de 843, qui partage le royaume impérial franc en trois parts, la Francie occidentale, la Francie orientale et, au milieu, la Lotharingie ; selon ce dogme erroné et idéologiquement entaché, le Rhin serait leur frontière « naturelle » et la possession de la Lorraine leur commune ambition. Or, l’unité franque ne s’est pas disloquée après la mort de Louis le Pieux, fils de Charlemagne, en 843. Ni le traité de Meersen (870), qui obligeait Charles le Chauve, roi de Francie occidentale, à rendre à Louis le Germanique (Ludwig der Deutsche), roi de Francie orientale, les villes lotharingiennes d’Aix-la-Chapelle, Cologne, Metz et Trêves (qu’il venait de prendre par les armes). La conquête de la Lotharingie par Charles III le Simple en 911 ne s’est pas faite au nom de la « France », mais au nom d’une politique royale « franque » par un roi « franc ». En réalité, la vraie rupture des deux Francies se situe au XIIe siècle, lorsque les termes de « royaume franc » disparaissent des documents diplomatiques pour être remplacés par ceux de « deutsch (teutonicus) » et « franceis ». Toutefois, conscients de leur origine commune, les deux territoires n’ont pas de problème de frontière durant tout le haut Moyen Âge. L’existence d’une inimitié absolue entre la France et l’Allemagne date de la Renaissance, au XVIe siècle. Elle est propagée par les humanistes allemands soucieux de différencier les Habsbourg des Valois. (cf. e.a. Carlrichard Brühl, Naissance de deux peuples, Français et Allemands (IXe-XIe Siècle), Fayard, Paris, 1994). La suite est connue. Accessoirement, ces considérations expliquent pourquoi l’audiovisuel ne se penche vraiment sur Charlemagne et son règne qu’à partir de la création de l’Union européenne.
Les Ottoniens / Ottonen
Appelés aussi Ludolphides ou Liudolfingiens, les Ottoniens sont une famille de la noblesse saxonne établie entre les rives du Rhin inférieur et l’Elbe. Leur premier roi, HENRI Ier de Germanie (ou de Saxe) dit « l’Oiseleur » / HEINRICH I. « der Vogler » (ou Finkler, 876-936) est un ascendant des deux dynasties destinées à régner sur les territoires de l’Allemagne et de la France actuelles. Il est le père d’OTTON Ier LE GRAND / OTTO DER GROSSE, premier souverain du Saint-Empire romain germanique, et le grand-père (du côté maternel) d’Hugues CAPET.
NOTA BENE :
Seule une partie des films et téléfilms consacrés aux Mérovingiens, rois franco-germaniques des VIe-VIIe siècles, ainsi qu’à Charlemagne sont traités ici. Pour l’intégralité des textes et analyses sur cette matière, ainsi que tout ce qui a trait à la « Chanson de Roland », cf. partie I : LE ROYAUME DE FRANCE – chap. 1 et 2.
Souverain d’une dynastie germanique de rois francs descendant de Mérovée (Francs Saliens) et originaire de Tournai (Belgique) vers 450, CLOVIS Ier/CHLODWIG I. soumet les Alamans et, par sa conversion au christianisme, s’assure l’appui du catholicisme contre les autres Germains chrétiens ralliés à l’arianisme (son baptême fait de la France future une entité catholique). En 500, il réduit les Burgondes au tribut, puis rejette les Wisigoths en Espagne. À sa mort, il laisse un royaume franc qui s’étend du Rhin aux Pyrénées, mais qui est démembré selon la coutume germanique entre ses quatre fils, Théodoric ou Thierry Ier/Theuderich I., Clodomir/Chlodomer, Childebert Ier/Childebert I. et Clothaire Ier/Chlothar I. Seul ce dernier parvient à rétablir passagèrement l’unité clovisienne.
Charlemagne / Karl der Grosse, empereur d’Occident (de 768 à 814)
Né en 747, fils aîné de Pépin le Bref/Pippin der Jüngere, roi carolingien, et de Berthe/Bertrada dite au Grand Pied. Épouses : Hildegarde (758-783), Luitgarde, Fastrade (Charles est à la fois bon chrétien et polygame). Roi des Francs né dans l’actuelle Belgique, il règne jusqu’en 771 avec son frère CARLOMAN/KARLMANN. Ayant conquis l’Italie du Nord en 774, il devient roi des Lombards, puis s’empare de la Toscane et du duché de Spolète. En 785, il soumet la Bavière. Il lui faut trente-deux ans de campagne et dix-huit expéditions pour venir à bout des Saxons, annexer leur territoire et les convertir de force au christianisme. C’est « la loi du fer de Dieu » : le baptême ou la mort… 4500 Saxons rétifs au message chrétien sont exécutés. Sacré Empereur des Romains par Léon II à Rome en 800 (un pape auquel son père Pépin a fait cadeau de territoires qui deviendront les États pontificaux), il rétablit l’ordre romain pour diriger un empire chrétien qui s’étire sur la majeure partie de l’Europe occidentale (environs un million de km2), avec Aix-la-Chapelle/Aachen pour capitale. Son règne de 46 ans ne comptera qu’une seule année sans bataille. Pas viable, son empire ne lui survivra pas longtemps : trop vaste pour les moyens de communication de l’époque, mal défendu faute de vaisseaux et d’effectifs, il sera tout de suite dépecé par les partages familiaux. Quant à l’intervention des Carolingiens en Italie qui donnent aux papes le pouvoir sur la Péninsule, elle suscitera une remarque caustique du célèbre historien Edward Gibbon : « L’humilité d’un prêtre chrétien aurait dû peut-être refuser un royaume terrestre qu’il ne pouvait gouverner aisément sans renoncer aux vertus de son état... »
L’historiographie nationaliste, amplement diffusée par les manuels scolaires, a longtemps enseigné que « France » et « Allemagne » sont issues du traité de Verdun de 843, qui partage le royaume impérial franc en trois parts, la Francie occidentale, la Francie orientale et, au milieu, la Lotharingie ; selon ce dogme erroné et idéologiquement entaché, le Rhin serait leur frontière « naturelle » et la possession de la Lorraine leur commune ambition. Or, l’unité franque ne s’est pas disloquée après la mort de Louis le Pieux, fils de Charlemagne, en 843. Ni le traité de Meersen (870), qui obligeait Charles le Chauve, roi de Francie occidentale, à rendre à Louis le Germanique (Ludwig der Deutsche), roi de Francie orientale, les villes lotharingiennes d’Aix-la-Chapelle, Cologne, Metz et Trêves (qu’il venait de prendre par les armes). La conquête de la Lotharingie par Charles III le Simple en 911 ne s’est pas faite au nom de la « France », mais au nom d’une politique royale « franque » par un roi « franc ». En réalité, la vraie rupture des deux Francies se situe au XIIe siècle, lorsque les termes de « royaume franc » disparaissent des documents diplomatiques pour être remplacés par ceux de « deutsch (teutonicus) » et « franceis ». Toutefois, conscients de leur origine commune, les deux territoires n’ont pas de problème de frontière durant tout le haut Moyen Âge. L’existence d’une inimitié absolue entre la France et l’Allemagne date de la Renaissance, au XVIe siècle. Elle est propagée par les humanistes allemands soucieux de différencier les Habsbourg des Valois. (cf. e.a. Carlrichard Brühl, Naissance de deux peuples, Français et Allemands (IXe-XIe Siècle), Fayard, Paris, 1994). La suite est connue. Accessoirement, ces considérations expliquent pourquoi l’audiovisuel ne se penche vraiment sur Charlemagne et son règne qu’à partir de la création de l’Union européenne.
Les Ottoniens / Ottonen
Appelés aussi Ludolphides ou Liudolfingiens, les Ottoniens sont une famille de la noblesse saxonne établie entre les rives du Rhin inférieur et l’Elbe. Leur premier roi, HENRI Ier de Germanie (ou de Saxe) dit « l’Oiseleur » / HEINRICH I. « der Vogler » (ou Finkler, 876-936) est un ascendant des deux dynasties destinées à régner sur les territoires de l’Allemagne et de la France actuelles. Il est le père d’OTTON Ier LE GRAND / OTTO DER GROSSE, premier souverain du Saint-Empire romain germanique, et le grand-père (du côté maternel) d’Hugues CAPET.
NOTA BENE :
Seule une partie des films et téléfilms consacrés aux Mérovingiens, rois franco-germaniques des VIe-VIIe siècles, ainsi qu’à Charlemagne sont traités ici. Pour l’intégralité des textes et analyses sur cette matière, ainsi que tout ce qui a trait à la « Chanson de Roland », cf. partie I : LE ROYAUME DE FRANCE – chap. 1 et 2.
1911 | Karl der Grosse. Bilder aus der deutschen Geschichte (DE) de Franz Porten Deutsche Mutoskop- und Biograph GmbH, Berlin, 1 bob. - av. Anton Ernst Rückert (Charlemagne), Ludwig Colani, Gerhard Dammann. Quelques « tableaux vivants » de l’histoire allemande qui accaparent Charlemagne pour légitimer l’impérialisme colonial du IIe Reich de Guillaume II, à trois ans de la Première Guerre mondiale. |
La belle Radgrune sauve le prince mérovingien au prix de sa propre vie (1911).
1911 | Radgrune (FR) de Camille de Morlhon « Série d’Art » Pathé Frères S.A. (SAPF, Paris), 310 m. (dont 259 en couleurs) - av. Madeleine Roch (Radgrune), Louis Ravet (le prince Odobert), René Alexandre (le prince Ildacre). Au VIIe siècle, le prince mérovingien (franco-germanique) Odobert ayant fait saisir par une troupe armée un convoi dirigé sur le château voisin du prince Ildacre, celui-ci, pour se venger, fait enlever le fils de son ennemi, comme le lui a suggéré sa propre fille, Radgrune. Mais Radgrune s’éprend du beau captif dont elle a voulu la perte. Ayant imploré vainement de son père la grâce de son prisonnier, elle le délivre après avoir échangé ses vêtements contre les siens, puis se suicide pour échapper à la colère paternelle. – Drame que Camille de Morlhon met en scène aux studios Pathé à Vincennes avec trois artistes de la Comédie-Française. – US : Radgrune. |
1930 | ® Svaty Václav (Saint Venceslas) (CS) de Jan Stanislav Kolár. - av. Václav Vydra (Henri Ier de Germanie, dit l'Oiseleur). |
1948 | ® Lohengrin (IT/FR) de Max Calandri. - Giulio Oppi (Henri Ier de Germanie dit l'Oiseleur). - Henri l'Oiseleur (Heinrich der Vogler, 876-936) visite le duché de Brabant pour lever des troupes, car les Hongrois menacent le royaume… L’opéra mystique en trois actes de Richard Wagner (1850) qui, en Allemagne dès 1933, interpelle les nouveaux maîtres du Reich. Heinrich Himmler, chef suprême de la SS, voue un culte idolâtre à l’Oiseleur, souverain-fondateur martial et maître du Saint-Empire romain germanique à partir de 916 (bien qu’il n’ait jamais été couronné). Aussi le haut Moyen Âge allemand est-il instrumentalisé à outrance par le parti pour justifier la vision européenne d’un Hitler - qui avait pourtant prévu d’éradiquer le christianisme après que « la question juive allemande » ait été réglée. – Suite cf. chap. 7.9 « Contes, légendes et récits non datés ». |
1955 | (tv) The Shining Beacon. A Tribute to Alcuin (US) d’Albert McCleery « The Hallmark Hall of Fame » no. 143 (NBC 13.2.55), 60 min. – av. Whitfield Connor (Alcuin de York), Don Megowan (Charlemagne), Antony Eustrel (Voinier), Gladys Holland (Desirée, princesse lombarde), John Dodsworth (Luville), Peter Reynolds (Jacques), John Larch (Quintus), Will J. White. La vie d’Albinus Flaccus, dit Alcuin, théologien, pédagogue et savant anglais (735 York-804 St. Martin de Tours), qui enseigna l’écriture et la lecture à Charlemagne. |
1963 | ® Shéhérazade / La schiava di Bagdad / Scherezade (FR/IT/ES) de Pierre Gaspard-Huit. – av. Anna Karina (Shéhérazade), Gérard Barray (Renaud de Villecroix), Antonio Vilar (Haroun Al-Rachid), Gil Vidal (Thierry), Giuliano Gemma (Didier). - En l’an 809, Charlemagne envoie une ambassade extraordinaire à Haroun Al-Rachid, calife de Bagdad et son égal en puissance en Orient. Cette mission pacifique sur les rives de l’Euphrate est dirigée par le jeune neveu de l’empereur, Renaud de Villecroy, secondé des chevaliers francs Thierry et Didier... Fantaisie orientale dont les prémisses reposent sur des faits réels : en 797/98, l’impérial « pourfendeur d’infidèles » délégua des ambassades à Bagdad pour s’allier au calife abbasside contre les chrétiens de Byzance, et pour lui demander de protéger les monastères d’Orient ainsi que les pèlerins sur le chemin de la Terre sainte. Il y eut échanges de cadeaux entre les souverains, Bagdad envoyant notamment Aboul Abbas, un éléphant qui mit Aix-la-Chapelle en grand émoi (802), et une phénoménale horloge hydraulique en cuivre (807). – Pour plus de détails cf. Moyen Âge, partie IX – PROCHE- ET MOYEN-ORIENT MUSULMAN : chap. 5.4. L’univers des « Mille et une nuits ». |
1965 | (tv) Interview mit der Geschichte (DE) de Heinz Schäferz (ARD 4.8.65). – av. Alfred Schieske (Charlemagne). - Une « interview avec l’Histoire » où Charlemagne s’explique et justifie sa politique. |
1968 | (tv) L’incoronazione di Carlo Magno (IT) de Piero Schivazappa Série « I giorni della storia » no. 1, RAI (Programma Nazionale 1.10.68). - av. Paolo Graziosi (Charlemagne), Antonio Pierfederici, Carlo Hintermann, Olga Villi, Enzo Tarascio, Renato De Carmine, Roldano Lupi, Manuela Kustermann. - Reconstitution télévisuelle du couronnement de Charlemagne à Rome, le jour de Noël de l’an 800. |
1969 | (vd) Charlemagne: Holy Barbarian (US) de Victor Vicas Série « The Shaping of the Western World », William Deneen/International Film Associates-Learning Corporation of America, 26 min. - Docu-fiction pédagogique avec comédiens anonymes et reconstitutions : Charlemagne convertit les Saxons par l’épée. Primé à l’Oakland Film Festival. |
Georges Wilson en Charlemagne dans « Le Jeune Homme et le Lion » (tv 1976).
1976 | * (tv) Le Jeune Homme et le Lion / Der junge Mann und der Löwe / Könige sterben einsam / The Young Man and the Lion (FR/GB/CH/DE/CA) de Jean Delannoy TF1 (Claude Désiré)-Télécip (Rolland Gritti), Paris-BBC-SSR-TV60 München-Société Radio Canada (TF1 22.12.76), 2h52 min. (2 parties). - av. Georges Wilson (Charlemagne), Matthieu Carrière (Roland de Roncevaux), Louis Eymond (Alcuin de York), Magali Millou (la reine Hildegarde), Louise Conte (Bertrade de Laon dite Berthe au Grand Pied), Catherine Rethi (Désirée, princesse lombarde), Doris Kunstmann (Aude, sœur de Widukind), Mark Zala (Pépin, fils de Charlemagne), Janós Kovács (l’archevêque Turpin), Lajos Mezei (le pape Hadrien Ier), Jean Claudio (Ganelon de Mayence), François Maistre (Marsile, calife de Saragosse), Lajos Meran (Didier, roi des Lombards), Endre Katai (Carloman, frère de Charlemagne), Angelo Bardi (le barbier), Zsolt Körtsvéyessy (le duc Naime), Károly Mécs (Ogier), Lászlo Mensáros (Amalwin), Raimund Harmstorf (le roi Widukind/Wittekind le Grand de Saxe), Iren Süto (Gisèle, sœur de Charlemagne), Ingo Thouret (Olivier, frère de Widukind), Erzsi Simor (la mère abbesse), Maria Tolna (Gerberge), Magali Renoir, Robert Party. Synopsis : En 773, Charles Ier, roi des Francs, qui rêvait de faire une Europe unie sous la bannière de Dieu, s’en va une fois de plus réduire la résistance saxonne. « Comme beaucoup de rêves de paix, celui-ci devait être un rêve sanglant, dit un carton introductif. Charles y a pourtant cru de bonne foi et a tout fait, au prix de plus quarante guerres, pour le réaliser. Mais ce rêve était peut-être un rêve d’orgueil et de puissance : ceux qui peuvent tout oublient souvent d’être des hommes... » Au cours d’une des innombrables expéditions punitives contre les Saxons du roi Widukind, Charlemagne est tiré d’une embuscade par Roland, le fils de sa sœur Gisèle. Vainqueur, le roi donne le choix aux vaincus : le baptême ou le billot. Des milliers ont la tête tranchée, et comme il y a pénurie de bourreaux, on les remplace par des bûcherons. Charlemagne offre à son neveu une captive saxonne, Aude, sœur du roi ennemi (qui toujours lui échappe). Roland l’épouse, elle se fait chrétienne. Widukind la renie. Vexé par l’érudition de sa nouvelle reine, Hildegarde (qui a l’âge de ses propres filles), Charlemagne demande à Roland de lui apprendre secrètement à lire et à écrire. Il s’établit entre les deux hommes une relation complexe, soumise aux passions du souverain. A la mort de son frère Carloman, Charlemagne part en guerre contre son ancien beau-père, Didier, roi des Lombards dont il s’approprie la couronne de fer à Pavie. A Rome, il reçoit le soutien du pape Hadrien. En Saxe, Ganelon gouverne en tyran et provoque des soulèvements. Charlemagne le fait remplacer par Roland. Ayant écrasé les Saxons après un guet-apens de Widukind qui a failli lui coûter la vie, Charlemagne tourne ses armes vers l’Espagne. Il assiège Saragosse, mais Ganelon se venge en s’alliant aux Sarrasins et en faisant périr Roland à Roncevaux. Charlemagne décapite le traître. Aude (que Charlemagne a fait enfermer dans un cloître) meurt de douleur en apprenant le décès de son époux. Cette fresque télévisée de trois heures repose sur un ancien projet avorté de Jean Delannoy et Jean Anouilh (d’après une idée suggérée par le cinéaste), annoncée dix ans plus tôt : il s’agissait alors d’une coproduction franco-américaine destinée au grand écran, avec Kirk Douglas dans le rôle-titre, star que l’on avait fait venir exprès d’Hollywood pour les tractations. En vain. Lorsque TF1 se manifeste, Delannoy reprend le script initial et convainc Anouilh de travailler exceptionnellement pour le petit écran. Anouilh signe le scénario, l’adaptation et les dialogues en collaboration avec Jean Aurenche et le réalisateur. En chrétien pratiquant, Delannoy remâche telle quelle la fiction islamophobe de la Chanson de Roland qui fait de Roland un prétendu neveu de Charlemagne, tué par les Sarrasins dans une embuscade (ici des Basques alliés au calife de Saragosse). Le tournage s’effectue en Hongrie, dans les studios Mafilm à Fót et à Budapest où le cinéaste peut disposer de moyens honnêtes à des conditions relativement économiques, dans les plaines de la Puszta (parc national Hortobágy) pour le siège de Pavie, puis en Camargue pour les séquences espagnoles. Il renonce à l’exactitude de certaines bâtisses (églises en bois). En revanche, il montre la piscine chauffée de Charlemagne au château d’Aix-la-Chapelle, un détail cocasse mais authentique à saluer parmi un ensemble de reconstitutions plutôt approximatives. Malgré ses chevauchées et échauffourées, ce téléfilm opérant un amalgame d’Histoire et de légende (tout ce qui entoure le personnage fictif de Roland) se veut plus une étude de caractères doublée d’un débat d’idées qu’un récit épique. Il vit d’un texte malicieux, révisionniste, légèrement provocateur d’Anouilh ainsi que de l’interprétation à la fois subtile et musclée de Georges Wilson. La chimie serait parfaite si Delannoy ne l’affadissait pas par sa mise en scène dépourvue d’imagination comme de relief. Contrairement aux clichés traditionnels, ce Charlemagne se fait raser tous les matins et ne porte qu’une moustache : finie la barbe fleurie des manuels scolaires, produit d’une iconographie tardive ! Il est hors de question de vanter les exploits politico-militaires de Charles, qui n’a pas encore été sacré empereur. Anouilh dessine un monarque tourmenté, plus proche de son Becket que du florilège moyenâgeux : un souverain complexe et brutal, un tyranneau lubrique, aux nombreuses concubines, vociférant, batailleur, égocentrique, tantôt attendrissant, tantôt ignoble, arpentant une Europe aux dimensions de Marché commun. À la question « pourquoi faites-vous couper tant de têtes ? », il répond « parce qu’elles repoussent ! » et le montage alterne plans de décapitations et de baptêmes à la chaîne (1400 nouveaux chrétiens par jour, se vante-t-on, et autant de païens en moins). Georges Wilson porte ce rôle écrasant (qui lui va comme un gant) sans faiblesse, suggérant même comment Charlemagne se découvre un sentiment paternel mêlé de culpabilité face à ce Roland trop beau et trop noble, fils de sa sœur et dont il fit jadis tuer le père. Un crime qu’il expie d’ailleurs en s’autoflagellant la nuit et en faisant, pieds nus, des pèlerinages annuels à Sainte-Ursule, le cloître que les Saxons viennent d’incendier (tout cela est évidemment de pure invention). Son propre fils, Pépin le Bossu, est un pauvre nabot qu’il adore humilier en public. Roland (Mathieu Carrière, très convaincant) est dépeint comme un jeune humaniste qui n’admet pas l’atteinte à la liberté, à la vie d’autrui (« je hais la guerre et la grandeur »), tandis que Charlemagne, homme d’action d’un pragmatisme sauvage, ne peut s’offrir de tels scrupules. En pays saxon, l’idéalisme soixante-huitard de Roland se retourne contre les siens et le roi le force à torturer ses prisonniers pour obtenir des renseignements vitaux (« tu aimes bien la guerre quand on ne tue pas ! »). Il voit pourtant dans ce vaillant jouvenceau ce qu’il aurait voulu être, si son destin n’avait été de gouverner avec toutes les injustices que ça implique (« il faut me prendre comme Il m’a fait ! »). Apprenant que Charlemagne a décidé de sacrifier de sang-froid son arrière-garde dans les Pyrénées, Roland, las des calculs politiques, lui fausse compagnie pour mourir avec ses camarades condamnés. Le roi le pleure comme un fils, sa disparition lui porte un coup fatal (il comptait sur lui pour assurer la succession de sa propre progéniture). Le décès d’Aude le désarçonne plus encore : « Crois-tu qu’on meure d’amour ? » demande-t-il perplexe à Alcuin, son mentor et père confesseur. « Oui, conclut ce dernier, et il y a justement rude besogne à faire sur la terre, parce qu’il n’y a pas assez d’amour. » Le téléfilm dont Delannoy se dit le plus fier. |
1981 | (vd) Pippin : His Life and Times (US/CA) de David Sheehan et Bob Fosse (supervision) David Sheehan/Showtime Networks-Elkins Entertainment, 1h52 min. – av. William Katt (le prince Pépin, fils de Charlemagne), Leslie Denniston (Catherine), Benjamin Rayson (Charlemagne), Ben Vereen (The Leading Player), Martha Raye (Berthe au Grand Pied, grand-mère de Pépin), Chita Rivera (Fastrade, belle-mère de Pépin), Christopher Chadman (le prince Louis, futur Louis le Pieux), Frank Masrocola, John Mineo, Joanie P. Oneill, Charles Lee Ward, Lee Mathis, Debra Phelan, Linda Haberman, Kate Wright, Allison Williams. Synopsis : Rock-opéra pour adolescents contestataires issus de la « Flower Generation ». À peine sorti d’école, le prince Pépin d’Italie (777-810), second fils de Charlemagne et d’Hildegarde, cherche à découvrir sa place dans le monde et une raison de vivre. Guidé par The Leading Player et sa bande de joyeux ménestrels, il explore les domaines de la connaissance, fait l’expérience de la guerre, du sexe, des drogues, de la révolution, du parricide et de la politique. Benjamin Rayson fait un Charlemagne pompeux et belliciste… Ce spectacle gentillet, filmé à Hamilton, Ontario (Canada), est la transposition vidéo du musical éponyme signé Roger O. Hirson et Bob Fosse (Cabaret, All That Jazz), sur une musique et des paroles de Stephen Schwartz (Godspell). Produit par Fosse, Pippin a été de 1972 à 1977 un véritable triomphe à Broadway (1944 représentations, 5 Tony Awards) et Bob Vereen, l’interprète du « guide spirituel » de Pépin, a remporté le Tony Award. Rappelons que l’authentique Pépin fut sacré roi des Lombards en 781 par le pape Hadrien Ier. Au partage du royaume en 806, il reçut de Charlemagne, outre le titre de roi d’Italie, les territoires de la Bavière et de l’Alémanie. Il mourut cependant quatre ans avant son père. |
1991 | Das Licht der Liebe [La Lumière de l’amour] (DE-RDA) de Gunther Scholz Gruppe « Berlin »-DEFA, 1h23 min. - av. Sven Jansen (Bengel), Eva Vejmelkowá (Reglindis), Rolf Hoppe (le margrave de Thuringe), Dietrich Mechow (le médecin), Linde Sommer (l’abbesse), Petr Slabakov (le chevalier noir). Synopsis : En 804, un jeune orphelin nommé Bengel (« chenapan ») vit dans une abbaye où les nonnes le taquinent à cause de sa laideur. Il guérit un chevalier noir que l’on croyait atteint de la peste et celui-ci lui parle du prince Bogumil, le fils disparu de Slavomir, le roi des Slaves. Charlemagne a promis la main de la douce Reglindis, fille du margrave de Thuringe, à ce prince recherché dans tout l’empire. Bengel, qui ignore d’où il vient, s’identifie avec Bogumil et se rend au château du margrave. Reglindis, qui est aveugle, s’éprend de lui, ayant reconnu sa beauté intérieure. Le margrave tente par deux fois de le faire assassiner, mais le chevalier noir le protège et parvient à prouver que Bengel est bien le prince disparu. – Un film pour la jeunesse tourné aux studios de Berlin-Babelsberg, en Allemagne de l’Est, d’après le drame lyrique La Fille du roi René (Kong Renes Datter, 1845) du poète danois Henrik Hertz, une matière qui inspira aussi Tchaïkovski pour son opéra Yolande /Iolanta (1892). |
La naissance d’un nouvel empire : « Charlemagne, le prince à cheval » (tv 1994) de Clive Donner.
1994 | * (tv) Charlemagne, le prince à cheval / Carlo Magno, la corona e la spada / Karl der Grosse / Carolus Magnus (FR/LX/IT/DE) de Clive Donner Parties : 1. Le Prince / Il principe / Der Prinz - 2. Le Roi / Il re / Der König - 3. L’Empereur / Il imperatore / Der Kaiser Lux Spa (Alessandro Jacchia)-Pathé Télévision (Janine Langlois-Glandier)-Rai Uno (Ettore Bernabei)-FR2-FR3-Beta Films (TSR 9.2.94 / TF1 28.2.94 / Rai Uno 20.2.-6.3.94 / Arte 30.4.-2.5.04), 3 x 1h30 min. - av. Christian Brendel (Charles Ier, roi des Francs et des Lombards, devenu Charlemagne), Anny Duperey (Bertrade de Laon dite Berthe au Grand Pied), Lino Capolicchio (le pape Léon III), André Oumansky (Pépin/Pippin le Bref), Gilles Gaston-Dreyfus (l'historien Eginhard/Einhard), Xavier Deluc (Roland de Roncevaux), Paolo Bonacelli (Vitale), Vanni Corbellini (Ganelon de Mayence), Pierre Anais (Jean Turpin, évêque de Reims), Arno Chevrier (Roger), Valentine Varela (Luitpergue), Carole Richert (Himiltrude), Chris Campion (Pépin le Bossu, son fils), Nils Tavernier (Carloman/Karlmann, frère cadet de Charlemagne), Anne De Broca (Gerberge), Corinne Touzet (Irène la Superbe, impératrice de Byzance), Frank Finlay (Alcuin de York), Sergio Fantoni (le pape Hadrien Ier), François D’Aubigny (Gilbert), Dominic Gould (Auger), Pierre Cosso (Olivier), Simona Cavallari (Ermengard), Marc de Jonge (Childeric), Sophie Duez (Luitgarde), Remo Girone (le roi Désiderius), Helmut Griem (Widukind/Wittekind, roi des Saxons), Pier Luigi Misasi (Pascalis), Isabelle Pasco (Hildegarde), Pierre-François Pistorio (Hildibald), Peter Sattmann (Tassilon, duc de Bavière), Giovanni Guidelli (Adalgise), Remo Girone (le roi Didier), Lazlo Borbely (Campulus), Yan Brian (le duc Huboldt/Hunald d’Aquitaine), Antoine Herbez (Huboldt fils), Zsolt Offbauer (le fils de Carloman), Zoltan Papp (Geoffrey), Peter Nagy (le prince Charles), Balazs Kiss (le prince Pépin), Akos Malindovsky (le prince Louis, futur Louis Ier le Pieux), Violetta Varga (la princesse Rothrud), Laura Sziranyi (la princesse Berthe), Timoa Lipton (la princesse Gisèle), Dani Javor (Constantin), Tans Puskas (Sigurd). Synopsis : En 768, Charles a 26 ans. A la mort de son père, Pépin le Bref, il se voit cantonné le long de l’Atlantique, son frère cadet Carloman héritant du reste du royaume au sud. Or, le pacte de Quierzy signé jadis par Pépin avec le pape Étienne II fait obligation aux Francs d’assurer la paix sur tout l’Occident chrétien et la répartition paternelle prive Charles de l’accès direct à Rome et au Saint siège dont il s’affirme le défenseur. La reine-mère, l’intrigante Berthe au Grand Pied, incite Ganelon à empoisonner Carloman, peu enclin à soutenir son frère aîné. Ainsi, Charles reste seul sur le trône. Entre-temps, celui-ci fait la guerre au duc félon d’Aquitaine, Huboldt, qu’il décapite, puis répudie sur ordre maternel son amour de jeunesse, Himiltrude (qui lui a donné un fils illégitime, Pépin le Bossu) et épouse la princesse lombarde Ermengarde, « une jument en parfaite santé et bien dressée », fille du roi Didier. Ce dernier ayant envahi les États du pape, Charles sauve le souverain pontife, conquiert Pavie, destitue Didier et coiffe la couronne lombarde. Il épouse la princesse souabe Hildegarde. De Byzance, l’impératrice Irène lui tend un piège en Espagne en lui faisant miroiter la couronne de Saragosse. Le roi rebrousse chemin devant la cité fortifiée des Sarrasins, mais à son insu, Roland incendie Pampelune, cité des Basques chrétiens. Ceux-ci se vengent, c’est l’épisode de l’olifant et de Durendal. De retour à Aix, Charles se consacre à l’étude et à l’enseignement de ses peuples, puis, le pape Hadrien lui ayant confié la mission d’évangéliser la Saxe, il combat le roi Widukind, entraînant une série d’atrocités réciproques. Son fils Pépin le Bossu conspirant contre lui avec Ganelon, il les confond et leur pardonne. A Rome, la faction byzantine s’attaque au nouveau pape, Léon III, lui crevant les yeux et cherchant à lui arracher la langue. Conformément au pacte de Quierzy qui lie les Francs à l’Église romaine, Charles abandonne sa mère mourante et sauve le pontife au cours d’un procès public. La flotte byzantine rebrousse chemin. Le jour de Noël de l’an 800, le pape, miraculé, dépose sur sa tête la couronne d’empereur d’Occident, créant ainsi la base du Saint-Empire Romain. Charles à ses fils : « Je veux qu’après ma mort, vous soyez les garants de l’unité de la Cité des Hommes. Cette cité s’appelle l’Europe. » Charlemagne a alors 58 ans, il vivra encore 14 ans, précise le carton final. Charlemagne, prince à cheval est un hommage télévisuel d’envergure – l’équivalent de trois longs métrages - de l’Union européenne au premier grand fédérateur du vieux continent. Le financement en est assuré par un triumvirat franco-italo-germanique (84 millions de francs), tandis que la Grande-Bretagne est représentée par le réalisateur Clive Donner, qui, en matière médiévale, avait signé un excellent Alfred the Great (1968) (cf. Angleterre), suivi d’un fort médiocre Héloïse et Abélard (Stealing Heaven, 1987) (cf. 3.1). Le principal orfèvre à l’écriture, Marcel Jullian, éditeur du général de Gaulle, fondateur d’Antenne 2, producteur du grand et du petit écran (Les Rois maudits, 1972, Guillaume le Conquérant, 1982), est aussi l’auteur érudit de l’ouvrage Charlemagne ou la jeunesse du monde (1993) qui sert ici de référence. Marcel Jullian remet Charles « sur son cheval » afin de lui faire parcourir l’Europe du Nord au Sud, de l’Ouest à l’Est, besogne harassante à laquelle le jeune roi devra sacrifier amis, famille et nuits paisibles. La stratégie politique prime sur la psychologie, aux dépens parfois du ressort dramatique. Le scénario montre l’itinéraire d’un garçon un peu primitif, joyeux noceur illettré que rien ne distinguait au départ, et qui parvient à surpasser ses fêlures pour acquérir pas à pas les qualités qui feront de lui un empereur sans doute orgueilleux et inflexible mais jamais vaniteux. La première étape étant de tenir tête à sa mère envahissante (Annie Duperey l’interprète avec une pointe d’humour … et des grands pieds), dragon à poigne de fer et femme politique qui ne lâche pas son rejeton d’une semelle, ni à la guerre, ni même quand il copule au sol avec sa compagne du moment. Conseillé par un moine épris de culture et d’enseignement (Alcuin d’York), et partout accompagné de son biographe Eginhard, débordant de femmes et de concubines (Himiltrude, Ermengarde, Hildegarde, Luitgarde, Fastrade), vivant en quasi-polygamie (le mariage n’est pas encore un sacrement chrétien), gavé de richesses comme le légendaire trésor des Avars, mais aussi sans cesse en péril et bientôt jalousé par sa marmaille royale, Charles « veut à tout prix rassembler sous la croix la Cité des hommes et la Cité de Dieu » (Jullian). La légende de Roland est corrigée : simple compagnon d’armes du roi, le glorieux paladin n’est ici qu’une tête brûlée (Charlemagne le traite d’« abruti »), entièrement responsable du désastre à Roncevaux. Ganelon, en revanche, est un personnage de l’ombre, secret et complexe. D’une absolue fidélité au trône, c’est un « faux traître » condamné aux besognes repréhensibles mais nécessaires à la raison d’État (l’élimination de Carloman, les tractations avec les Basques pour sauver le reste de l’armée franque, etc.). Pour bâtir l’empire chrétien d’Occident, Charles doit, un à un, perdre ses amours et ses amitiés d’enfance, et surtout tuer d’innombrables païens sur les terres de Saxe, car, comme l’enseigne saint Augustin, « où Dieu n’est pas, le monde n’est pas. » Rétifs à l’évangélisation, les Saxons se sont ralliés autour de l’Irmensul, leur arbre sacré d’une hauteur de 70 mètres, un symbole de l’Axe du Monde reliant la Terre au Ciel que le film oppose au « dieu invisible » de l’Église, selon les clichés rabâchés du moment. Charlemagne le fait arracher. Widukind, le roi saxon dont femme et enfants ont été égorgés par les Francs, fait piller et incendier en représailles le monastère de Fulda et crucifier le père abbé Baugolf (mentor d’Eginhard). Si le scénario ne tait dans son discours ni les atrocités commises de part et d’autre au nom de la religion ni l’exécution systématique des réfractaires à la « Bonne Nouvelle » (4500 Saxons décapités), il passe un peu superficiellement sur les motivations de ces tueries, mettant tantôt la responsabilité sur le clergé prosélyte, tantôt sur la « barbarie des païens » que l’on détaille avec force cadavres de moines et ruines fumantes, tantôt sur la colère aveugle mais bien sûr passagère du roi qui implore par la suite la clémence divine pour avoir « commis le plus odieux des crimes en Son nom ». En vérité, malgré l’opposition d’Alcuin, Charles a ordonné l’extermination générale des non baptisés, mais (détail qui n’est pas innocent) aucune exécution n’apparaît à l’écran. Impressionné par la ferveur religieuse de son adversaire, Widukind se convertit. De surcroît, le film ne montre qu’une seule expédition militaire, or Charlemagne (surnommé « der Sachsenschlachter », le boucher des Saxons) en a organisé pas moins de dix-huit entre 772 et 804. On oublie aussi qu’après cette « pacification » bénie par Rome, l’empereur christianisateur s’allia au calife musulman de Bagdad, Haroun Al-Rachid, pour combattre ses frères chrétiens de Byzance… Trop peu de cités, de bourgs castraux et de fortifications antérieurs au XIIIe siècle ayant été préservés pour servir de décor, Clive Donner place les premières initiatives unificatrices de l’Europe dans des paysages hongrois encore épargnés par l’industrialisation et vierges des outrages de la modernité. Les remparts, la façade et la salle du trône du palais royal d’Aix-la-Chapelle, la cour de l’abbaye de Saint-Denis sont érigés dans les studios Mafilm de Fót, à 20 km de Budapest (comme Le Jeune Homme et le Lion de Delannoy en 1976, cf. supra), tandis que la tour de Szigetufalu qui surplombe le Danube devient le château du duc rebelle Humboldt d’Aquitaine, sis autrefois dans un méandre de la Garonne. D’autres scènes sont enregistrées dans les environs de Budapest et à Celldömölk. L’embuscade de Roncevaux est filmée au sommet d’un volcan éteint où l’on transporte 500 grandes pierres réelles et 50 en matière plastique qui roulent sur l’armée franque. Charlemagne, prince à cheval est tourné en 35 mm, avec 53 acteurs, 3500 figurants et 500 chevaux. Les guerriers portent la broigne d’écailles métalliques en cuillère typique de l’époque, parfois aussi le haubert de mailles hérité des Romains. On ne trouve pas de stars américaines au générique, ni de compromis « europudding », les personnages étant interprétés par des acteurs d’une même nationalité. Dans le rôle-titre, Christian Brendel, qui vient du théâtre de Créteil, campe un monarque de haute stature et imberbe (puisque l’authentique Charlemagne était glabre), un peu trop joli garçon, trop lisse pour être entièrement crédible dans ses obsessions politiques, ses ambitions considérables, ses crève-cœurs intimes et ses tourments nocturnes. Son interprétation mesurée est à l’aune de cette superproduction pour le petit écran : illustrative, visuellement très soignée, pédagogique mais loin de toute imagerie facile. |
1999 | (tv-df) Karl der Grosse. Rätsel um den ersten Kaiser (Charlemagne, l’énigme du premier empereur) (DE) de Nina Koshover et Martin Papirowski Série « Sphinx - Geheimnisse der Geschichte (Sphinx, les mystères de l’Histoire) » no. 2, Teamwork Filmproduktion-Parafilm Bukarest-Zweites Deutsches Fernsehen (Arte 14.8.99), 42 min. - Une ombre plane sur Charlemagne : et si le grand homme n’était pas ce que l’on croit ? S’il était un roi fratricide, un mari adultère, le bourreau des Saxons, un analphabète ? Enquête de Martin Papirowski et Luise Wagner-Roos sous forme de docu-fiction avec comédiens anonymes et reconstitutions numériques. |
2002 | (tv-df) Au temps de Charlemagne (FR) de Jean-François Delassus (Arte 19.1.03), 1h30 min. - Charlemagne écoute un moine qui lui raconte le développement de l’empire byzantin et un érudit juif qui lui relate les conquêtes arabes, puis il prend la parole pour justifier sa propre politique et sa stratégie. Docu-fiction avec acteurs anonymes et reconstitutions. |
2002 | (tv-df) Otto der Grosse – Der Kampf um die Krone (DE) de Dirk Otto Série « Geschichte Mitteldeutschlands » (saison 4, épisode 1), Winifred König/Ottonia Media GmbH-Mitteldeutscher Rundfunk (MDR 20.10.02), 45 min. – av. Lothar Berger (Otton le Grand), Bernhard Bozian (le margrave Konrad von Wettin/Conrad Ier dit le Pieux). – Les luttes politiques d’Otton Ier le Grand (912-973), fondateur du Saint-Empire romain germanique, fils du duc de Saxe Henri l’Oiseleur, puis roi de Germanie et d’Italie (« empereur des Romains ») de 962 à 963. |
2003 | (tv-df) Radegunde – die geraubte Prinzessin (DE) de Dirk Otto Série « Geschichte Mitteldeutschlands », saison 5, épisode 1, Winifred König/Ottonia Media GmbH-Mitteldeutscher Rundfunk (MDR 2.11.03), 45 min. - av. Rahel Habluetzel (Radegonde de Poitiers), Isabella Gerwin (Radegonde jeune). Thiemo Schwarz (Clotaire Ier), Rahel Maria Savoldelli (Amalaberga). Docu-fiction sur sainte Radegonde de Poitiers, reine des Francs (v. 519-587) et épouse du roi Clotaire Ier. En 531, le royaume de Thuringe est envahi par les troupes de Clotaire Ier, le roi franc de Neustrie, et de Thierry Ier, roi de Metz. Clotaire fait enlever la princesse germanique Radegonde, un otage de onze ans. Sept ans plus tard, la reine Ingonde étant décédée, Clotaire décide d’épouser Radegonde à Vitry-en-Artois. Celle-ci tente de s’enfuir à Péronne, se résout à la cérémonie nuptiale, mais refuse de participer au banquet. Lorsque le roi fait assassiner son frère Hermanfried et son cousin et amoureux Amalafrid, Radegonde, attirée par une vie de prière, se détourne de la cour. Elle est consacrée diaconesse par saint Médard et fonde sur la terre de Saix, Vienne, que Clotaire lui avait donnée, un oratoire et un hospice où elle s’occupe elle-même des malades. C’est un des premiers hospices de France. Clotaire, qui a d’abord accepté la vocation de la reine, change d’avis et envoie en vain une troupe à Saix pour la ramener à la cour (cf. supra, L’Enfant des loups). À Poitiers, en 552, elle fonde l’abbaye Sainte-Croix, dont elle devient l’abbesse, où elle décédera à l’âge de 70 ans. De nombreux miracles lui sont attribués. Dirk Otto tourne l’histoire de cette « princesse enlevée » à Burg Lohra près de Sondershausen (Thuringe), sur un scénario de Steffen Jindra. |
2004 | (tv-df) Theophanu – Die mächtigste Frau des Abendlandes [Théophane, la femme la plus puissante d'Occident] (DE) de Dirk Otto Série « Geschichte Mitteldeutschlands » (Saison 6, épis. 1), Steffen Jindra/Ottonia Media GmbH-Mitteldeutscher Rundfunk (MDR 31.10.04), 45 min. – av. Nicola Ruf (Theophania, impératrice du Saint-Empire), Steve Wrzesniowski (l’empereur Otton II), Uwe Bertram (Otton le Grand), Sabine Weitzel (Adelheid, son épouse), Dirk Eykenboom (Henri II le Querelleur/Heinrich der Zänker), Volker Holecek (le pape Jean XIII), Gunter Schoss (narration). Nièce d’origine arménienne de l’empereur byzantin Jean Ier Tsimiskès, Theophania/Théophane (ou Théophano Skleraina, v.960-991) épouse Otton II (18 ans), fils d’Otton Ier le Grand, en 972 à Rome et devient ainsi impératrice du Saint-Empire germanique sous l’égide des Ottoniens. Elle introduit les raffinements orientaux en terre allemande, ce qui choque la Cour ottonienne. En 983, après une défaite militaire par les Arabes, la mort de son époux, une révolte des Slaves et l’enlèvement de son fils (le futur Otton III) par Henri II le Querelleur qui convoite le trône impérial, le règne de Théophane semble proche de la fin. Elle se ressaisit pourtant, forme une coalition et devient « la souveraine la plus puissante de l’Occident » (titre du film) moyenâgeux. Hyperactive, elle décède épuisée à l’âge de 31 ans. - Docu-fiction tourné à Aix-la-Chapelle et à la collégiale de Saint-Cyriaque à Gernrode, au château de Falkenstein, à Tilleda et à Merseburg (Saxe-Anhalt). |
2007 | (tv-df) Mit Schwert und Kreuz – Karl der Grosse und die Sachsenmission / Karl der Grosse und die Christianisierung der Sachsen (DE) de Gerold Hoffmann Série « Terra X »m Zweites Deutsches Fernsehen (Mainz) (ZDF 27.5.07), 45 min. - La christianisation forcée et brutale des Saxons, vécue par Haddo, un jeune Saxon qui évite la pendaison en se convertissant, et par le moine Liudger, fondateur du monastère de Mimigernaford (Münster) en 792, qui s’oppose aux méthodes radicales de Charlemagne. Docu-fiction avec comédiens anonymes, reconstitutions et interventions d’archéologues. |
2007 | (tv-df) Im Zeichen des Kreuzes (Sous le signe de la croix) (DE) de Judith Voelker, Stephan Koetzer et Schoko Okroy 4e épisode de la série « Die Germanen (Les Germains) », Gruppe 5 Filmproduktion Köln-Westdeutscher Rundfunk (Arte 28.7.07), 52 min. – av. Vilém Udatny (Radulf). -Docu-fiction intelligent et adroitement filmé, animations infographiques et comédiens anonymes dans les rôles de Clovis, Remigius, Frida, Vitus, etc. (partie fictionnelle tournée en Slovaquie). La migration des peuples barbares au IVe siècle a radicalement modifié la carte de l’Europe. Ayant défait Syagrius, dernier représentant de l’autorité romaine en Gaule, le Mérovingien Clovis/Chlodwig Ier, roi des Francs, 16 ans, affronte les Alamans à la bataille de Tolbiac / Zülpisch pour la conquête du Rhin en 496. En plein combat, Clovis abjure Wotan et invoque le dieu des chrétiens. Son compagnon Radulf (personnage fictif qui sert de fil conducteur) tue le roi des Alamans d’un coup de hache de jet (la franciscque). Après la victoire, Clovis s’érige en monarque absolu et protège les biens de l’Église (épisode du vase de Soissons). À Noël 496, il se fait baptiser à Reims avec 3000 de ses guerriers par l’évêque Remigius. |
2008 | (tv-df) Otto und das Reich (DE) de Christian Twente (fict.), Stephan Koester et Robert Wiezorek Série « Die Deutschen » (saison 1, épis. 1), Peter Arens, Guido Knopp/Gruppe 5 Filmproduktion Köln-Castel Film Romania-ZDF (ZDF 26.10.08), 43 min. – av. David C. Bunners (Otton Ier le Grand), Hans Mittermüller (narrateur). – Docu-fiction tourné à Bucarest sur le fondateur saxon du Saint-Empire, père de l’Allemagne moyenâgeuse, jusque-là un groupe linguistique des tribus/duchés de Franconie, Saxe, Bavière et Souabe. Couronné empereur romain en 962, il marie son fils Otton II avec la princesse Théophane pour être reconnu par Byzance. |
2010 | (tv-df) Karl der Grosse und die Sachsen (DE) de Christian Twente Série « Die Deutschen » (saison 2, no. 1), Peter Arens, Guido Knopp/Gruppe 5 Filmproduktion Köln-Castel Film Romania-ZDF (ZDF 14.11.10), 43 min. – av. Jens Schäfer (Charlemagne), Michael Pink (Widukind). - Le docu-fiction, tourné en extérieurs en Roumanie (Bucarest) avec comédiens et des figurants multipliés par infographie, éclaire les rapports conflictuels entre Charlemagne et les Saxons du roi Widukind de l’été 772 jusqu’à la conversion définitive et la soumission des « païens ». En 955, Otton Ier le Grand, roi germanique d’origine saxonne, écrasera à son tour les populations magyares. Rédigé par Werner Bierman, l’épisode fait partie d’une série en dix chapitres qui tente de cerner la notion de l’Allemagne et des Allemands, de l’Empire romain à 1918. |
2010 | (tv-df) Kaiserin Adelheid – Die mächtigste Frau der Ottonen (DE) de Dirk Otto Série « Geschichte Mitteldeutschlands » (saison 12, épis. 5), Ottonia Media GmbH-Mitteldeutscher Rundfunk (MDR 7.11.10), 45 min. – av. Hanna Lütje (Adelheid de Bourgogne, de 16 à 35 ans), Anne Rathsfeld (Adelheid de Bourgogne de 40 à 60 ans), Uwe Bertram (Otton Ier), Peter Georgiev (Lothaire), Mario Grünewald (Berengar von Ivra), Dietmar Durand, Isabelle Gerwig, Nicola Ruf, Günther Schoss et Andreas Keller (narrateurs). - Docu-fiction sur Adélaïde de Bourgogne (v. 931-999), seconde épouse d’Otton le Grand, tourné au château de Falkenstein et à la collégiale de Saint-Cyriaque à Gernrode (Saxe-Anhalt). Adélaïde deviendra impératrice du Saint-Empire (962), favorisera la réforme clunisienne et sera canonisée en 1097 |
2011 | (tv-df) Der erste Sachse auf dem Königsthron : Henrich I. (DE) d’André Meier Série « Geschichte Mitteldeutschlands » (saison 13, épisode 4), Simone Baumann, Wolfgang Günther/Ottonia Media GmbH-Mitteldeutscher Rundfunk (MDR 6.11.11), 43 min. – av. Dierk Prawdzik (Heinrich von Sachsen / Henri Ier de Germanie), Steffen Siegmund (son fils Otton Ier), Karl Heinz Maslo (le comte Thietmar, son conseiller). (876-936) Ce docu-fiction tourné au château de Querfurt (Saxe-Anhalt) est consacré à Henri Ier de Germanie dit l’Oiseleur/Henrich der Vogler (Henricius Auceps, 876-936), père d’Otton le Grand. Tout en combattant les envahisseurs hongrois, ce monarque saxon réunit au cours de son règne les anciens duchés de Saxe, Thuringe, Bavière, Souabe, Franconie et Lotharingie en un royaume puissant, la base de l’Allemagne moderne. |
2011 | (tv-mus) Adelaide di Borgogna [Adélaïde de Bourgogne] (IT) de Pier' Alli (th) et Tiziano Mancini (vd) Unitel-Rossini Opera Festival Pesaro, 137 min. - av. Daniela Barcellona (Otton Ier le Grand), Jessica Pratt (Adelaide), Bogdan Mihai (Adalberto), Nicola Ulivieri (Berengario/Bérenger), Jeannette Fisch (Eurice, mère d'Adalberto), Francesca Pierpaoli (Iroldo), Clemente Antonio Daliotti (Ernesto). Créé en 1817, l'opéra en 2 actes de Gioacchino Rossini met en scène Adélaïde de Bourgogne (v. 931-999), une des femmes les plus influentes de l'Europe médiévale: reine d'Italie, puis reine de Germaine, enfin impératrice du Saint-Empire en 962 et mère d'Otton II. Ayant favorisé de manière décisive l'ordre monastique de Cluny, elle sera canonisée en 1097 par le pape Urbain II. - Le livret de Giovanni Federico Schmidt débute en 950, lorsque l'usurpateur Berengario/Béranger, seigneur d'Ivrée, ayant empoisonné Lotario/Lothaire II, roi d'Italie, veut forcer sa veuve, la reine Adelaide, à épouser son fils Adalberto, ce qu'elle refuse. Il craint cependant l'intervention d'Otton le Grand, roi d'Allemagne, qui s'est épris d'Adelaide à Canossa où Berengario lui tend un piège. Mais Otton parvient à s'échapper, capture Berengario au cours d'une bataille décisive et épouse Adélaïde qu'il emmène en Allemagne où elle mettra au monde le futur Otton II. |
2012 | (tv-df) Karl der Grosse – Der Aufstand der Thüringer (DE) d’André Meier et Dirk Otto Série « Geschichte Mitteldeutschlands » (Saison 14, épis. 5), Ottonia Media GmbH-Mitteldeutscher Rundfunk (MDR 16.9.12), 45 min. – av. Peter Eberst (le comte Hardrad de Thuringe), Jens Winter (Alcuin), Jürgen Rehberg (Charlemagne). – Docu-fiction sur Charlemagne et l’insurrection des Thuringiens. |
Alexander Wüst en Charlemagne dans le téléfilm « Karl der Grosse » de Gabriele Wengler (2013).
2013 | * (tv) Karl der Grosse (Charlemagne) (DE/AT) de Gabriele Wengler Parties : 1. Der Kampf um den Thron (La Bataille pour le trône) – 2. Krieg gegen die Sachsen (La Guerre contre les Saxons) - 3. Kaiser Europas (L’Empereur) Bernd Wilting, Nikolaus Wisiak, Christoph Weber/Taglicht Media (Köln)-PreTV (Wien)-Westdeutscher Rundfunk (WDR)-Servus TV-Arte Deutschland (Arte 20.4.13 / ARD+Servus TV 1.5.13), 3 x 52 min./2h35. – av. Alexander Wüst (Charlemagne), Peter Matic (Eginhard/Einhard, son biographe), Regina Fritsch (Bertrade de Laon, dite Berthe au Grand Pied), Alma Hasun (Hildegarde), Thomas Morris (Gerold), Martin Bermeser (Carloman/Karlmann), Erich Altenkopf (Widukind/Wittekind, roi des Saxons), Daniel Doujenis (Desiderius), Rainer Frieb (le pape Léon III), Johannes Gaan (Johannes, scribe d’Eginhard), Ronald Kuste (Fulrad), Bernhard Majcen (le pape Hadrien Ier), Paul Matic (Alcuin), Peter Raffalt (Pépin/Pippin le Bref), Yohanna Schwertfeger (Himiltrude), Andreas Kosek (papa Zacharie), Roger Stefan (Roland de Roncevaux), Florian Graf (Eginhard jeune), Berit Glaser (Fastrade), Thomas Anton (Christopherus, grand chambellan). À la veille des festivités du « Karlsjahr » à Aix-la-Chapelle en 2014 qui célèbrent les 1200 ans du décès de Charlemagne, Arte et WDR sortent une production ambitieuse livrant le dernier état de l’historiographie (budget : 2 millions d’euros, soit le triple d’un docu-fiction courant). Les reconstitutions en sont inhabituellement léchées et commentées avec humour par l’hagiographe Eginhard, ancien compagnon de l’empereur qui dicte sa précieuse - mais tout sauf objective - Vita Karoli Magni au jeune scribe Johannes. « Mon travail consiste à léguer à la postérité une image exemplaire », admet-il, aussi décide-t-il de passer sous silence la débâcle de la campagne d’Espagne à Roncevaux. Ce camouflet des Vascons enragés par le sac criminel de Pampelune qu’avait ordonné Charlemagne, lui-même frustré après son siège infructueux de Saragosse, coûta la vie à son plus fidèle compagnon d’armes, Roland, en plus de la perte des trésors volés. Le scénario de Christoph Weber et Robert Krause montre Charlemagne d’abord en seigneur de guerre, en monarque avisé mais trop impulsif et souvent brutal, ne tolérant ni résistance ni contradiction, tout en livrant des indices intéressants sur l’intelligence de sa diplomatie. Faisant suite à presque deux heures de manœuvres politico-militaires (48 ans de règne dont 2 de paix), la troisième partie est enfin consacrée à la fameuse « renaissance carolingienne », aux réformes structurelles, à son souci de l’enseignement accessible aux laïcs, de la juridiction et de l’agriculture. Il aurait, affirme-t-on, déployé toute cette énergie vers la fin de sa vie pour contrer sa grande peur de la mort. La téléaste Gabriele Wengler fait en outre ressortir l’influence des femmes sur son règne, à commencer par sa mère Berthe au Grand Pied, intrusive, entremetteuse et tireuse de ficelles redoutable, et plus tard la reine Fastrade (négligée dans tous les films précédents) qui, privilège exceptionnel, gère les affaires courantes et la cour avec une belle efficacité tandis que son époux guerroie aux confins de l’empire. La production fait amplement appel à l’infographie pour les panoramas de Rome, de Pavie ou de Saragosse, les campements militaires, les batailles et la traversée des Alpes, quoiqu’avec un bonheur inégal (les paysages révèlent l’artificialité du numérique). La majorité des séquences de fiction - soit 80% du film - sont réalisées dans le Haut-Adige (Tyrol du Sud) avec 150 figurants, dans le Val Sarentino, à Bolzano, Aldein, aux châteaux de Burg Lichtenstein et Rappottenstein (y compris la forêt de Waldviertel), à l’abbaye cistercienne de Zwettl et dans les Dolomites (Seiser Alp). Ces scènes sont entrecoupées d’analyses d’historiens de toute l’Europe et agrémentées d’études balistiques très éloquentes visant à tester le matériel de combat de l’époque et démontrer la supériorité militaire des Francs. L’économie en plein essor du royaume permettait la production massive d’armes, et ses troupes, organisées en colonnes sur plusieurs rangs portaient des cuirasses à écailles qui faisaient ricocher les flèches. L’interprète Alexander Wüst (barbu), un visage familier des petits écrans germanophones, a été choisi notamment pour sa taille de 1,95 mètres, identique à celle de son illustre modèle. Par ailleurs, confie Eginhard avec malice à son disciple, Charles avait, en plus de sa haute stature, « de grands yeux, le regard extrêmement vif, le nez un peu trop long, la nuque un peu épaisse et courte, le ventre légèrement proéminent. » Sur Arte, le téléfilm réalise un record d’audience 2013 en prime-time du samedi dans la case « L’Aventure humaine », captivant 971'000 spectateurs pour les trois parties. |
2013 | (tv-df) Mathilde von Quedlinburg – Vom Mädchen zur Machtfrau (DE) de Gabriele Rose Série « Geschichte Mitteldeutschlands » (saison 15, épis. 3), Ottonia Media GmbH-Saxonia Entertainment GmbH-Mitteldeutscher Rundfunk (MDR 18.8.13), 43 min. – av. Anne-Kathrin Gummich (Mathilde von Quedlinburg), Daniel Kanschad (Thietmar, père de Werner von Walbeck), Emelie Kundrun, Frank Rebel, Gregor Faubel, Gerd Althoff. Mathilde de Quedlinbourg (955-999) est la fille d’Otton le Grand et d’Adélaïde de Bourgogne et la première abbesse de Quedlinburg (Saxe-Anhalt), monastère dont elle prend la direction à l’âge d’onze ans (un internat d’élite). En hiver 998, Werner von Walbeck attaque la ville de Quedlinburg et enlève la jeune Liudgard, fille du margrave de Meissen que ce dernier lui avait promis en mariage. Cet enlèvement se veut une provocation envers Mathilde, qui, à présent régente, est devenue le substitut du roi Otton III, son neveu… Un docu-fiction tourné au monastère d’Ilsenburg b. Wenigerode, au cloître de Michaelstein et au château de Blankenberg (Harz). |