V - LE SAINT EMPIRE ROMAIN GERMANIQUE

4. MOYEN ÂGE TARDIF ET RENAISSANCE (XIVe-XVIe s.)

Klaus Störtebeker (Ken Duken) et ses ennemis de la Hanse dans le téléfilm de 2006.

4.2. Le pirate Klaus Störtebeker

« Robin des Bois germanique », aussi surnommé le « Corsaire rouge », Klaus Störtebeker (v. 1360-1401) est un héros populaire au sujet duquel circulent les affabulations les plus extravagantes. Historiquement, une vingtaine de lieux de naissance lui sont attribués. Certains le disent originaire de Wismar, sur la Baltique. Son nom proviendrait de l’expression « Stürz den Becher (écluse le gobelet) », chaque nouvelle recrue de son équipage devant vider, comme le capitaine, un gobelet géant de 4 litres rempli de bière (ou de vin) en une seule gorgée. Ses premiers méfaits sont signalés en 1394, lorsque Henry IV d’Angleterre l’accuse, lui et le flibustier Goedeke Michels, d’avoir volé ses navires. La piraterie se développe à l’occasion de la guerre que se livrent Marguerite de Danemark et le duc Albrecht II de Mecklembourg pour le trône de Suède depuis 1375. Les pirates allemands trouvent refuge au Danemark, mais après la paix avec le Mecklembourg, c’est exclusivement contre la Hanse, la puissante ligue des marchands de Hambourg, que se dirigent les rapines. Les villes de la Hanse engagent des mercenaires pour les combattre. La guerre reprend et la reine Marguerite assiège Stockholm, tenue par des marchands allemands, tandis que les villes de Rostock et de Wismar s’assurent la collaboration de corsaires pour briser le siège. Une fois la paix établie, les corsaires, appelés « Vitalienbrüder (frères des victuailles) », sont congédiés, mais ils s’établissent à Visby, sur l’île de Gotland, quartier général des pirates suédois. Ils en sont chassés par une armada. Störtebeker, colosse et grand noceur dont la devise était « Ami de Dieu et ennemi du monde », s’installe à Helgoland. En 1400 à Lübeck, la Hanse monte une immense flotte de 11 navires pour nettoyer les mers. Traqué, Störtebeker s’enfuit passagèrement en Hollande, d’où il reprend ses activités. Simon d’Utrecht. qui dirige la flotte (dotée d’une invention nouvelle : le canon), l’anéantit près de l’archipel d’Helgoland et le ramène vivant à Hambourg. On raconte que Störtebeker aurait tenté de négocier sa vie en échange de son trésor, une chaîne en or assez grande pour encercler toute la ville de Hambourg. Il finit décapité avec ses 71 compagnons le 20 octobre 1401. Tous sont habillés de leurs plus beaux habits. Le petit peuple pleure. Il y a aujourd’hui une statue de Störtebeker à Hambourg.
1920Störtebeker (DE) d’Ernst Wendt
Decarli-Film KG (Berlin), 6 actes/2525 m. – av. Bruno Decarli (Klaus Störtebeker), Thea Kasten (sa fiancée), Elsa Wagner (sa mère), Emil Stammer, Alfred Pfeiffer, Toni Zimmerer, Ernst Matter, Sven Holm, Sybill Vane, Paul Rehkopf, Heinz Bierbaum, Gustav Bote, Eva Christlieb, Emil Heyse, Josef Rehberger, Eduard Eyseneck.
1980(tv) Klaus Störtebeker (DE-RDA) de Henry Riedel (tv) et Hanns Anselm Perten (th)
Deutscher Fernsehfunk der DDR, Ost-Berlin (DFF 10.7.81), 175 min. (3 parties) - av. Manfred Gorr (Klaus Störtebecker), Erhard Schmidt (Goedeke Michels, son second), Petra Gorr (Trebele), Anneliese Matschulat (Gret Haarmaker), Gert Micheel (Karsten Sarnow), Michael Christian (Wichmann), Egon Brennecke (Kinderbass), Klaus-Martin Boestel (von der Aa), Siegfried Kellermann (Magister Wigbold), Christine van Santen (la reine Margarethe de Danemark), Hans-Jürgen Wiese (le chanteur aveugle), Jörg Kaehler.
En 1391, le valet de ferme Klaus, est torturé par son maître pour avoir bu de la bière sans permission. Il se révolte, tue son patron et s’enfuit avec son compète Karsten Sarnow. Arrivé à Stralsund, il prend le nom de Störtebeker et se fait corsaire. Les bourgeois de Rostock cherchent à le capturer, mais il s’enfuit à Ralswiek, un repaire de hors-la-loi dans les mers du Nord. La reine du Danemark tente de l’engager dans sa flotte, mais Störtebeker préfère vivre librement en Frise… Une ballade dramatique de Kurt Barthel tournée dans le cadre du « Festival Störtebeker » à Ralswiek (cf. infra, 2003). Un message à la jeunesse de la RDA: la rébellion contre le capitalisme exploiteur de l'Ouest représenté ici par la Hanse de Hambourg.
1980[(tv) Das Mädchen Störtebeker (DE-RDA) télésérie de Karl-Heinz Bahls ; DFF 23.11.-21.12.80), 5 épisodes. - av. Violetta Sudmann, Lotte Löbinger, Werner Dissel, Uwe Kockisch, Hans P. Reinecke. – Une jeune fille du XXe siècle rêve d’aventures de pirates.]
2003[(tv) Sonne, Sand und Störtebeker (DE) d’Arpad Bondy ; Mitteldeutscher Rundfunk (MDR)-Ottonia Media GmbH (tv 19.8.03), 90 min. - av. Sascha Gluth (Klaus Störtebeker), Jennifer Maria Ehnert (Sophie), Peter Theiss, Volker Walter. – Reportage documentaire sur les coulisses des "Störtebeker-Festspiele" annuels à Ralswiek, sur l’île de Rügen (en ex-RDA), on l’on présente un spectacle mettant en scène les aventures légendaires du rebelle qui ont énormément contribué à sa redécouverte et à sa popularité.]
2005/06(tv) Störtebeker / La Belle et le Pirate / Az északi-tnger kalózai (DE /AT/HU/CS/LT/BG/ES/FR) mini-série de Miguel Alexandre
Thilo Kleine. Stephan Bechtle/Bavaria Filmproduktion GmbH (München)-ARD Degeto Film (Frankfurt am Main)-NDR (Hamburg)-MDR (Leipzig)-WDR (Köln)-SWR (Stuttgart)-BR (München)-ORF (Wien)-TV Markiza Bratislava (Sofia)-RTLKlub (Budapest)-Nova TV (Sofia)-Baltijos TV (Vilnius)-ICC-TF1 (Paris)-TVE (Madrid) (ARD 15+16.4.06 / TF1 27.12.06), 2 x 90 min./178 min. – av. Ken Duken (Klaus Störtebeker), Jochen Nickel (Goedeke Michels, son second), Gottfried John (Konrad von Wallenrod), Stephan Luca (Simon von Wallenrod), Frank Giering (Jan Störtebeker, frère de Klaus), Claire Keim (Elizabeth Preen), Gudrun Landgrebe (la reine Margarethe de Danemark), Stephan Hornung (Simon Valenrod), Lina Budzeikaite (la mère de Störtebeker), Gediminas Storpirstis (le père de Störtebeker), Timo Dierkes (frère Wighold), Antonio Wannek (Erik).
Synopsis : Enfant, Klaus Störtebeker assiste au double assassinat de ses parents. Traumatisé, il recherche avec son frère Jan les assassins et découvre les manigances du puissant clan des Wallenrod. Son chef, Simon von Wallenrod, est fiancé avec l’amour d’enfance de Klaus, Elisabeth Preen. Poussé dans l’illégalité par Simon, il devient pirate, pille les navires de la Hanse dans les mers du nord et distribue le butin aux pauvres. Elisabeth est otage de la Couronne danoise, mais la reine du Danemark protège Störtebeker et lui confie sa bien-aimée. Mais Wallenrod, devenu entretemps maire de Hambourg, prépare une contre-offensive, a fait aveugler le frère du pirate et conclut un pacte avec la souveraine danoise. Störtebeker tue le félon en duel mais, trahi, il tombe aux mains de la Hanse… Le projet du film remonte à plusieurs années, puisque le cinéaste Wolfgang Petersen (Das Boot) a rêvé en vain de porter les hauts faits du pirate à l’écran. C’est la télévision allemande qui prend le relais après le succès du téléfilm historique Trenck – Zwei Herzen gegen die Krone, première collaboration entre la Bavaria munichoise, le producteur Stephan Bechtle et le scénariste Walter Kärger. Six pays européens participent au projet, le casting est européen, le réalisateur est germano-portugais, on compte 3000 figurants et un budget de 7 millions d’euros. Le tournage s’effectue de mai à juillet 2005 en Lituanie (sur la côte baltique à Nida, à Kleipeda, à Kaunas où sont reconstruits le village pirate de Wisby et le « Seewolf », un navire corsaire de 40 mètres de long, puis au château de Trakai près de Vilnius où sont érigés les décors médiévaux de Hambourg et de Copenhague), enfin aux studios Bavaria à Munich-Geiselgasteig. Deux navires transformés en gallions et le numérique font le reste. Malgré ces investissements importants, le téléfilm ne parvient pas à mettre en valeur ses atouts spectaculaires et ne dépasse jamais le niveau d’une honnête bande de cape et d’épée.
2007[(vd-df) Limited Games – Störtebekers Geheimnis (DE) d’Andreas Wuttke. - av. Ron Matz (Klaus Störtebeker), Tina-Jane Krohn (Hedda Störtebeker), Tina Krohn (Hedda ten Broke). – A la recherche du trésor du pirate (film d’épouvante).]
2009Zwölf Meter ohne Kopf / Twelve Paces without a Head (Red Gallion - La Légende du Corsaire Rouge) (DE) de Sven Taddicken
Wüste Filmproduktion-Warner Bros. Film Productions Germany-Magnolia Filmproduktion, 108 min. – av. Ronald Zehrfeld (Klaus Störtebeker), Matthias Schweighöfer (Goedeke Michels, son second), Jana Pallaske (Okka), Franziska Wulf (Bille), Jacob Matschenz (Nolle), Oliver Bröcker (Lupe), Alexander Scheer (Lange), Milan Peschel (Schocke), Hinnerk Schönemann (Keule), Sascha Reimann (Beule), Devid Striesow (Simon von Utrecht), Peter Kurth (Keno Tom Brooke).
En 1390, Störtebeker dit le Corsaire Rouge règne en maître sur la mer Baltique, pillant sans relâche les navires de la Hanse, la ligue des marchands de Hambourg. Sa vie de pirate commence toutefois à l’ennuyer et Bille, sa jolie maîtresse, lui fait rêver une existence paisible à la campagne. Mais il est trop tard : excédé, le chef de la Hanse décide de monter une flotte immense, dotée d’une invention nouvelle, le canon… Un divertissement qui se veut une joyeuse satire, coloré d’un jeunisme provocateur (anachronismes, musique rock) mais dont le résultat à l’écran est tout sauf spectaculaire, mis à part quelques extérieurs : les vieilles villes de Kappeln (Schleswig-Holstein), Barth et Stralsung (Mecklenburg-Vorpommern), enfin le musée danois de « Middelaldercentret à Nykøbing Falster. Le titre du film ("12 mètres sans tête") fait allusion à une légende qui entoure l’exécution du héros : on dit qu’après s’être fait couper la tête, le Corsaire Rouge aurait ramassé celle-ci et aurait encore marché douze pas avec sa tête sous le bras !