V - LE SAINT EMPIRE ROMAIN GERMANIQUE

7. ENTRE FANTAISIE, FANTASTIQUE ET HISTOIRE

7.2. Le conte d’Ondine et son beau chevalier

Issu de légendes populaires répandues dans tout le monde germanique, le thème d’Ondine (Undine en all.), le génie féminin des eaux (nixe), a été transformé en conte en 1811 par le poète romantique prussien Friedrich de La Motte-Fouqué. Explorant une forêt enchantée sur demande de sa fiancée, la princesse Bertalda, le chevalier Huldbrand rencontre un vieux couple de pêcheurs et leur fille adoptive Ondine, dont le charme est irrésistible. Son véritable père l’a envoyée épouser un humain afin d’acquérir l’âme dont elle est dépourvue ; son oncle Kühleborn la surveille de loin, prenant la forme humaine pour se changer aussitôt en cascade ou en ruisseau. Ondine épouse le séduisant chevalier et se fait passer au château pour une princesse longtemps disparue, mais Bertalda, la perfide ex-fiancée de Huldbrand, parvient à reconquérir ce dernier. Entraînée par ses sœurs, Ondine disparaît et pleure son amour au fond des mers. Le jour des noces de Hans et Bertalda, elle réapparait resplendissante et en larmes. Repentant, Huldbrand se lance vers elle, mais l’étreinte de glace le tue aussitôt. Autour de sa tombe surgit un ruisseau intarissable, Ondine y pleure toute son âme, attachée à son chevalier pour l’éternité… Cette première Ondine n’a rien d’une tentatrice, elle se caractérise surtout par sa bonté.
Cinq ans après sa publication, le conte est adapté à l’opéra sur un livret de l’auteur mis en musique par son ami E. T. A. Hoffmann et représenté à Berlin. En 1845, Albert Lortzing en reprend le thème pour son propre opéra, le plus connu, où le récit se termine en happy end (cf. infra, captation tv de 1969). L’influence de la matière est évidente dans les contes Die Nixe im Teich (L’Ondine de l’étang, 1843) des frères Grimm et La Petite Sirène (1937) de Hans Christian Andersen. En 1901, le conte a également fait l’objet d’un opéra lyrique en 3 actes d’Antonín Dvorák intitulé Rusalka (en France : Ondine) dont l’action est déplacée dans une région slave. En 1939, Jean Giraudoux crée sa propre version au théâtre avec Louis Jouvet (cf. infra, téléfilm de 1955). À l’écran, la matière a aussi été transposée dans un contexte moderne, notamment par Rolf Thiele (1976), Eckhart Schmidt (1992), Neil Jordan (2009) et Christian Petzold (2020).
1910Il genio del lago (IT)
Società Italiana Cines (Roma), 244 m. – Une sirène s’éprend du chevalier Huldebrand. Lorsqu’il la repousse, elle l’attire au fond des eaux où il se noie ; action très librement inspirée par le conte Undine (Ondine) de Friedrich de La Motte-Fouqué, 1811), détails cf. film de 1912. – DE : Undine.
Pathé produit « La Légende des Ondines » (1911).
1911La Légende des Ondines (FR) de Georges Denola
Pathé Frères S.A. (Paris), 145 m. - Wilhelmine de Rheinfels, fille du burgrave, attend en filant la laine le retour de son fiancé, le chevalier Hans. En longeant les rives du Rhin, celui-ci est charmé par une ondine qu’éclaire la lune. Il s’attarde malgré lui dans sa dangereuse contemplation et se laisse captiver par la gracieuse fille des flots. De retour auprès de sa fiancée, il cherche vainement à oublier la Loreley dont la voix l’appelle le soir de ses noces. Hans ne peut résister et se noie dans le Rhin. – Filmé dans le « théâtre de prises de vues » Pathé à Joinville-le-Pont.
Marguerite Snow, James Cruze et Florence La Badie dans la version de 1912.
1912Undine (US) de Theodore Marston
Edwin Thanhouser/Thanhouser Film Corporation (New Rochelle, New York), 2 bob. - Florence La Badie (Ondine), William Russell (l’esprit du ruisseau), James Cruze (le chevalier Huldbrand von Ringstetten), Marguerite Snow (la princesse Bertalda, rivale d’Ondine), Riley Chamberlin (Kuhlborn, oncle d’Ondine).
Égaré dans une forêt enchantée où l’a envoyé la capricieuse princesse Bertalda qu’il courtisait, le chevalier Huldbrand découvre chez un couple de vieux pêcheurs une ondine de grande beauté, créature de la mer qui ne peut acquérir une âme qu’en épousant un humain. Follement épris, il la prend pour femme et retourne avec elle dans son château sur les rives du Danube. Les années passent, Bertalda, jalouse, rend visite au couple et perturbe son ancien fiancé qui cède à ses avances. Les nymphes veulent venger leur sœur en noyant les coupables, mais Ondine, inconsolable, se sacrifie et disparaît dans les flots. Pour effacer tout souvenir de son ancienne rivale, Bertalda fait rouvrir la fontaine du château, seul passage permettant de rejoindre le royaume sous-marin. Ondine réapparaît en larmes et donne à Huldbrand le baiser glacial de la mort. – Une fantaisie d’après le conte de Friedrich de La Motte-Fouqué (1811) et l’opéra d’Albert Lortzing (1845), filmée dans les studios de New Rochelle (New York) avec les deux stars de la société Thanhouser, Marguerite Snow et le futur cinéaste James Cruze.
1915Undine (DE)
Leopold Film. – En dehors d’une fiche de censure, aucun détail connu de ce film sorti en pleine guerre.
Les ondines des studios Universal, avec la championne de natation Ida Schnall (1916).
1916Undine / The Answer of the Sea (US) de Henry Otto
Henry Otto/Bluebird Photo-Plays, Inc. (New York)-Universal Film Mfg. Co., 5 bob./65 min. - av. Ida Schnall (Undine), Douglas Gerrard (Huldbrand von Ringstetten), Edna Maison (Lady Berthelda), Carol Stellson (le duc), Caroline Fowler (la duchesse) Orin Jackson (le pêcheur), Josephine Rice (sa femme), Elijah Zerr (Kuhleborn), Jack Nelson (Waldo), Thomas Delmar (le père Heilmann), Eileen Allen, Grace Astor, Marie Kiernan (la petite fille).
Variation américaine assez libre du conte de Friedrich de La Motte-Fouqué imaginée par Walter Woods : Undine y est la plus éveillée des nymphes d’Unda, la reine des profondeurs aquatiques. Elle s’éprend d’un mortel nommé Waldo et vit avec lui au bord de l’eau jusqu’au jour où celui-ci abat en chassant un daim sacré avec son arbalète. Kuhleborn, le seigneur de la forêt enchantée, le tue. Undine en meurt de chagrin après avoir accouché d’une fille, Undine 2. Fille indigne, celle-ci est condamnée à vivre parmi les mortels jusqu’au jour où un amour pur payera pour racheter le péché maternel. Les années passent. Le chevalier Huldbrand, fiancé de dame Berthelda, une fille de pêcheur adoptée par le duc, s’égare dans la forêt enchantée, s’éprend de la sirène et l’épouse. Alors qu’il emporte Undine 2 dans son château, Kuhleborn intervient et renvoie la sirène dans sa patrie au fond des eaux. - Les scènes aquatiques avec 35 « nymphes » menées par l’athlète féminine et championne de natation Ida Schnall (Summer Oympics 1912) sont enregistrées au Channel Islands National Park (Calif.), le reste aux nouveaux studios d’Universal City à San Fernando Valley (Hollywood). Amusé, le corporatif du spectacle Variety propose de rebaptiser le film d’« Undine » en « Undressed », car jamais encore on n'aurait vu à l’écran autant de beauté féminine si peu voilée (4.2.1916).
1919Undine (DE) de Jakob Beck
Jakob Beck/Delog-Film-Produktionsgesellschaft m.b.H. (Deutsche Lichtspielopern-Gesellschaft) [Jakob Beck-Film KG, Berlin], env. 70 min. – L’opéra d’Albert Lortzing (cf. infra, 1969). Spécialisée dans le documentaire, la société berlinoise Delog filme l’action du drame en muet et la projette en présence des chanteurs, du chœur et du chef d’orchestre devant l’écran. L’œuvre musicale est ainsi montrée dans plusieurs villes de province tout en faisant l’économie des décors et des costumes. – Rappelons que dès 1908 diverses scènes de l’opéra ont aussi fait l’objet d’un enregistrement filmique avec disques sonores, comme les « Tonbilder » de la Deutsche Bioscop (« O, kehr zurück », 58 m.) ou de la Internationale Kinematograph u. Lichtbild-Gesellschaft Berlin (« Im Wein ist Wahrheit nur allein », 66 m.).
1955* (tv) Undine (DE) de Ludwig Berger
Südwestfunk-Fernsehen (SWF) Baden-Baden (ARD 5.5.55), 85 min. – av. Kyra Mladeck (Undine/Ondine), Claus Hofer (le chevalier Hans von Wittenstein), Anneliese Römer (la comtesse Bertha), Paul Esser (le roi des Ondins), Johannes Grossmann (le poète), Anneliese Römer (la comtesse Berthe), Michael Heltau (le comte Bertram), Gert Tellkampf (le roi), Ernst Ehlert (Auguste, le pêcheur), Maria Krahn (Eugenie, sa femme), Toni Dameris (Andreas), Max Mairich (le chambellan), Robert Rathke (le directeur de théâtre), Frank Scharf (le page), Carl Ludwig Lindt (le juge), Kurt Heinz Welke (le montreur de phoques), Edith Trecker (la servante), Liselotte Köster (une dame de la cour).
Il faut s’y faire : la toute première dramatique télévisuelle de la pièce de Jean Giraudoux est parlée allemand, adaptée par Ludwig Berger et enregistrée dans les nouveaux studios de SWR Funkhaus à Baden-Baden. – Synopsis (qui diffère sur bien des points de l’original de La Motte-Fouqué) : Hans von Wittenstein zu Wittenstein, un chevalier errant, a demandé l’hospitalité dans la cabane du pêcheur Auguste et y déguste une truite au bleu quand entre Ondine, étrange, sauvage et douce créature à qui les éléments obéissent. Furieuse de voir le sort infligé au frère poisson, elle fait voler le plat par la fenêtre… puis tombe amoureuse du bellâtre bavard en armure dont elle se met à adorer le nom, la force, la fatuité et même la bêtise. Indocile et mutine, elle ne connaît l’amour que par ouï-dire, ses sœurs ondines lui ayant promis la déception, la trahison, l’infidélité coutumière aux hommes. Irritée contre ses sœurs et confiante dans la puissance de son amour, Ondine épouse le chevalier, ayant accepté le pacte du roi des Ondins, son oncle : si Hans la trahit, il mourra et elle perdra jusqu’au souvenir de son existence terrestre. À la Cour du roi où l’on prépare la présentation de la mariée, les courtisans se gaussent des réactions de la comtesse Bertha, la fiancée délaissée par Hans. La fière et pure Ondine, avec son amour exclusif et total, son ignorance de l’hypocrisie et son don de lire les pensées d’autrui, est offensée par la comtesse. Elle révèle à Bertha qu’elle est la vraie fille des pêcheurs ; humiliée, celle-ci renie ses parents et est chassée de la Cour tandis que la pitié de Hans se transforme en amour pour la fiancée répudiée. Ondine sait son mari perdu et se révolte en vain pour tenter de sauver son bien-aimé contre le pouvoir injuste du roi des ondins. Devenue totalement amnésique devant son cadavre qu’elle ne reconnaît point, elle se demande quel est « ce beau jeune homme, comme je l’aurais aimé ! »
On se souviendra que la pièce en trois actes de Giraudoux, étincelante et pessimiste fantasmagorie sortie à Paris le 27 avril 1939 au Théâtre de l’Athénée dans une mise en scène de Louis Jouvet (qui jouait Hans aux côtés de sa compagne Madeleine Ozeray en Ondine), connut un succès triomphal qu’interrompit la déclaration de guerre. Elle fut montée aux USA à Broadway le 18 février 1954 par Alfred Lunt (46th Street Theatre) avec Audrey Hepburn et son mari Mel Ferrer dans les rôles principaux ; Audrey Hepburn obtint le Tony Award de la meilleure actrice de l’année, mais mille fois hélas, aucune captation filmique n’a retenu sa création sur les planches… L’année suivante, la pièce de Giraudoux fait donc son entrée en RFA, et cela grâce à Ludwig Berger. Après son exil en France, en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas pendant le Troisième Reich, l’artiste rhénan, longtemps cinéaste à Berlin et à Hollywood, poète, romancier, metteur en scène de théâtre spécialisé dans la féerie et le ballet, devient un des pionniers de la télévision ouest-allemande : Undine est une de ses premières créations pour le petit écran. Esthète très porté sur le fantastique, il fait conter son récit par un saltimbanque dans un château-fort. La comédienne hambourgeoise Kyra Mladeck, 20 ans, y débute sur scène (on la reverra dans L’œuf du serpent d’Ingmar Bergman en 1977).
Derek Godfrey et Leslie Caron dans la première britannique d’« Ondine » (1961).
1961(tv-th) Ondine (GB) de Peter Hall
The Royal Shakespeare Company (BBC 11.4.61). – av. Leslie Caron (Ondine), Richard Johnson (Hans), Gwen Ffrangcon-Davies (la reine Isolde), Eric Porter (Lord Chamberlain), Derek Godfrey (le roi des Ondins), Patrick Allen (Auguste, un pêcheur), Sian Phillips (Bertha), Donald Layne-Smith (le surintendant des théâtres), James Bree (le roi), Diana Rigg, Ian Holm, Mavis Edwards, Patsy Byrne, Peter Jeffrey, Roy Dotrice, P.G. Stephens, Clive Swift, John Cater, David Sumner, Silvia Beamish, Alfred Hallett, Wendy Gifford, Meg Ritchie, Yvonne Bonnamy. – La pièce de Jean Giraudoux adaptée en anglais par l’Américain Maurice Valency et enregistrée par la BBC au Aldwych Theatre de Londres (première en Grande-Bretagne le 13 janvier). L’actrice franco-américaine Leslie Caron, révélée grâce à Gene Kelly dans An American in Paris (1951) puis Gigi (1958) de Vincente Minnelli, joue ici sous la direction de son mari Peter Hall, fondateur de la Royal Shakespeare Company à Stratford-upon-Avon.
1962(tv) Ondine (BE) de Corry Lievens
Koninklijk Jeugdtheater Antwerpen-National Instituut voor de Radio-omroep (N.I.R., Brussels) (VRT 13.6.62), 90 min. – av. Jenny Deheyder (Ondine), Roger Bolders, Liliane Raymaekers, Bob Dillen, Joost Noydens. – Captation en flamand de la pièce de Jean Giraudoux.
1965(tv-th) Undine (DE) de Peter Beauvais
Südwestfunk (Baden-Baden) (SWF 28.3.61), 113 min. - av. Sabine Sinjen (Undine), Siegfried Rauch (Hans), Horst Beck (Andreas), Gefion Helmke (Eugenie), Kurt Ehrhardt (le roi des ondines), Katinka Hoffmann (Bertha), Dirk Dautzenberg, Hans Timerding, Ulrike Laurence, Ute Remus, Dietlind Macher, Hans Roehr, Helga Feddersen, Matthias Habich, Walter Jokisch, Hilde Volk, Wolfrid Lier, Ilsemarie Schnering. – Dramatique allemande de la pièce de Jean Giraudoux interprétée par Sabine Sinjen, la star montante du cinéma de la RFA des années 1960, très populaire dans des rôles de rebelles adolescentes (Die Frühreifen/Les Frénétiques en 1957, Mädchen in Uniform/Jeunes filles en uniforme avec Romy Schneider, 1958).
1968(tv-th) Ondina (ES) de Jaun Guerrero Zamora
« Estudio 1 », Juan A. Valenzuela/Televisión Española (Madrid) (TVE 19.11.68), 100 min. – av. Nuria Torray (Ondine), Jesús Aristu (Hans), Luisa Sala, Mónica Randall, Mary Delgado, Antonio Moreno, Ricardo Tundidor, José María Escuer, Julio Goróstegui, Vicente Vega, Manuel Calvo, Carlos Alberti, Andrés Mejuto, Luis Lasala, Blas Martín, Ana del Arco, Mary González, Julia Avalos, José María Navarro, Paquita Rico. – Dramatique espagnole de la pièce de Jean Giraudoux enregistrée dans les studios TVE de Prado del Rey à Madrid.
1969(tv-mus) Undine (DE) de Herbert Junkers
Staatsoper Stuttgart-Zweites Deutsches Fernsehen (Mainz) (ZDF 23.11.69), 108 min. - av. Lucia Popp (Undine), Horst Hoffmann (le chevalier Huldbrand von Ringstetten), Ruth Margret Pütz (la princesse Bertalda), Hermann Prey (Kühleborn, roi des eaux), Harald Axtner (l’écuyer Veit), Helmut Werner (le bouffon), Albrecht Peter (le pêcheur Tobias), Hetty Plümacher (Marthe, sa femme), Fritz Ollendorf (le sommelier Hans). – Une captation en couleurs de l’opéra romantico-fantastique en 4 actes d’Albert Lortzing (1845), son œuvre la plus populaire, jouée ici à l’opéra de Stuttgart avec la soprano austro-slovaque Lucia Popp dans le rôle-titre et des décors crées par le grand Hein Heckroth, au cinéma le collaborateur attitré du tandem Michael Powell & Emeric Pressburger (Black Narcissus, The Red Shoes, Gone to Earth, Tales of Hoffmann, etc.). – Synopsis : Sur ordre de la princesse Bertalda, le chevalier Hugo von Ringstetten part explorer la forêt enchantée, espérant ainsi gagner la main de sa promise. Dans la cabine du pêcheur Tobias où il s’est réfugié pendant trois mois avec son écuyer suite aux inondations, il s’éprend d’Undine, la fille adoptive de ses hôtes. C’est Kühleborn, le prince des esprits aquatiques, qui a placé sa fille Undine chez le pêcheur après avoir fait disparaître mystérieusement la fille de Tobias, afin que sa progéniture puisse vérifier si l’âme immortelle des humains les rend meilleurs que les créatures sans âme qui peuplent les flots. Hugo emmène Undine dans son pays, suivi discrètement par Kühleborn qui a appris l’existence de la princesse. Undine révèle sa véritable identité à son époux et le met en garde : s’il la trahit, elle perdra tout espoir d’une âme immortelle et lui périra. Lorsqu’à la cour, Bertalda se moque publiquement d’Undine, Kühleborn annonce que la princesse n’est en réalité que la fille disparue du pauvre Tobias, lequel apparaît avec son épouse pour confirmer la chose. Bertalda s’effondre en larmes, les invités se fâchent, Kühleborn disparaît dans le puits du palais. Quoiqu’accueillie chaleureusement, Bertalda trahit sa rivale et regagne le cœur de Hugo par des mensonges. Ce dernier rejette la nymphe qui plonge dans le désespoir et son géniteur la ramène dans les profondeurs tandis que le chevalier prépare les noces avec sa perfide princesse selon le rite chrétien. Mais il entend en rêve sa propre condamnation à mort ; son écuyer et le sommelier qui détestent Bertalda ont enlevé la pierre dont la princesse a couvert le puits du château. Undine en émerge au moment de la fête nuptiale. Elle apparaît aux invités terrifiés à minuit, Hugo se jette dans ses bras, l’étreinte le glace et il meurt aussitôt tandis que l’eau envahit les lieux qui se transforment en palais de Kühleborn. Mais ému par l’amour toujours fidèle de sa fille pour l’humain, il pardonne à Hugo et bénit son union avec Undine.
Jean-Luc Boutté et Isabelle Adjani (Ondine) sous la direction de Raymond Rouleau (1975).
1975* (tv-th) Ondine (FR) de Raymond Rouleau
Comédie-Française (Paris)-ORTF (2e ch. 1.1.75), 155 min. – av. Isabelle Adjani (Ondine), François Chaumette (le roi des Ondins), Jean-Luc Boutté (le chevalier errant Hans), Jacques Toja (le roi), René Camoin (le premier juge), Michel Duchaussoy (le chambellan), Francis Huster (le poète), George Audoubert (le surintendant des théâtres), Nicolas Silberg (Bertram), André Reaybaz (Ulric), Jean-François Rémi (le second juge), Louis Arbessier (Auguste), Yves Pignot (le gardien des porcs), Patrice Kerbrat (le montreur de phoques), Bruno Devoldère (le premier serviteur), Jérôme Deschamps (Alouin), Denise Gence (Eugénie), Claude Winter (la reine Yseult), Geneviève Casile (Berthe), Catherine Hiegel (Grete/ondine), Marcelline Collard (Violante/ondine), Fanny Delbrice (la fille de vaisselle/ondine), Catherine Ferran et Fanny Fontaine (des ondines), Jean-Louis Sauvaire (le bourreau).
Curieusement l’unique captation en langue française de la pièce de Jean Giraudoux, conservée grâce à la mise en scène de Raymond Rouleau à la Comédie-Française (4 mars 1974), puis filmée par Rouleau lui-même pour l’ORTF, avec des décors et costumes de Chloé Obolensky. Un grand rôle pour Isabelle Adjani, tout juste 20 ans, bouleversante d’émotion et de sensibilité en créature fantasque pétrie d’absolu, faisant idéalement ressortir la dimension de passion amoureuse qui anime la pièce ; de père kabyle et de mère bavaroise, l’actrice (qui parle couramment l’allemand) est entrée trois ans auparavant au Français et vient de percer au cinéma avec La Gifle de Claude Pinoteau.