III - L’ITALIE

L’empereur byzantin Justinien (Orson Welles) chasse les Ostrogoths d’Italie (« Kampf um Rom », 1967).

1. LA PÉNINSULE ITALIENNE AVANT L’AN MIL

Romulus, le dernier empereur romain d'Occident est déposé en 476 par Odoacre, chef d'un groupe de Germains orientaux qui gouverne l'Italie pendant dix-sept ans tout en combattant les Vandales qui occupent la Sicile et d'autres tribus germaniques qui envahissent périodiquement la Péninsule. En 493, Théodoric, Germain romanisé, vainc Odoacre et établit le royaume Ostrogoth avec Ravenne comme capitale, où l'on professe l'arianisme, doctrine christologique non trinitaire, et entretient la liberté de culte octroyée par Odoacre. Le royaume d'Italie redevient l'entité la plus puissante de la Méditerranée.
Au début du VIe siècle, l'Empire romain d'Orient reprend l'Italie et à l'issue de la guerre des Goths (535-552), les généraux de l'empereur byzantin Justinien, Belisarius et Narsès, mettent fin au royaume Ostrogoth, permettant à l'Église de jouer un rôle croissant. Mais les armées byzantines, occupées en Orient, ne peuvent empêcher l'invasion d'un autre peuple germanique, les Lombards du roi Alboïn en 568 qui prennent pour capitale Pavie (584), divisent la Péninsule en une série de duchés et se convertissent au catholicisme (598). Les Lombards n'étant pas un peuple de marins, de nombreux ports restent sous l'autorité byzantine et deviendront de fait de véritables villes-États indépendants comme Naples ou Venise.
À la fin du VIIIe siècle, la papauté à Rome aspire à l'indépendance de Constantinople et des Lombards d'Astaulf qui se sont emparés de Ravenne en 751. Elle s'allie pour cela à la dynastie carolingienne des Francs dirigés par Pépin le Bref, qui écrasent les troupes lombardes et donnent à la papauté l'autorité légale sur toute l'Italie centrale par la création des États pontificaux - le reste de l'Italie restant sous le contrôle des Lombards et des Byzantins jusqu'au XIesiècle. Pépin est nommé " premier roi très chrétien ". En 774, à la demande du pape Adrien Ier, les Francs envahissent le royaume lombard et s'emparent de la capitale, Pavie, ce qui a pour effet de séparer politiquement le Nord et le Sud de l'Italie ; les Byzantins conservent une grande partie de l'Apulie et de la Calabre, alors que les arabes musulmans conquièrent la Sicile (827) ; l'émirat de Sicile est multiculturel, tolérant le judaïsme comme le christianisme, qu'il soit de rite grec ou latin. Au Nord, Charlemagne (v. 742-814), fils de Pépin le Bref, roi des Francs, à la fois bon chrétien et polygame, prend également le titre de roi des Lombards et reçoit le soutien du Saint-Siège ; en 781, le pape Adrien Ierle consacre comme roi d'Italie. Sacré Empereur des Romains par Léon II à Rome en 800, il rétablit l'ordre romain pour diriger un empire chrétien qui s'étire désormais sur la majeure partie de l'Europe occidentale (environs un million de km2), avec Aix-la-Chapelle/Aachen pour capitale. Son règne de 46 ans ne comptera qu'une seule année sans bataille. Pas viable, l'empire de Charlemagne ne lui survivra pas longtemps : trop vaste pour les moyens de communication de l'époque, mal défendu faute de vaisseaux et d'effectifs, il sera tout de suite dépecé par les partages familiaux.
Vers 950, les trônes d'Italie et de Germanie ne font plus qu'un. S'étant proclamé roi d'Italie après avoir épousé la veuve du roi Lothaire, Otton Ier (dit Otton le Grand, 912-973) déclare que l'union fait revivre l'empire de Charlemagne. Il restaure la dignité impériale à son profit et reçoit le titre d'empereur des Romains par le pape Jean XII en 962. Le Saint-Empire romain germanique est né.
1909Alboino e Rosmunda (IT) d’Ernesto Mario Pasquali
Pasquali e Tempo, Torino, 288 m. – Allié aux Avares, Alboïn (v. 561/572), roi des Lombards (ou Longobards), détruit l’empire gépide (des Germains orientaux), tue leur souverain et épouse la fille de celui-ci, Rosemonde. Il envahit l’Italie septentrionale et centrale en 568, fondant un Etat lombard avec Pavie pour capitale. La mort de Justinien Ier à Byzance marque la fin de l’Antiquité formelle. Cf. aussi la version de1961. – DE : Albuin, US : Alboino & Rosmund.
1911Marozia (IT/FR) de Gerolamo Lo Savio
Il Film d'Arte Italiana (FAI Roma)-Série d'Art Pathé Frères (SAPF Paris), 315 m. - av. Stanislas Ciarli (le pape Giovanni XI), Vittoria Lepanto (Marozia, princesse toscane), Francesco Di Gennaro (Albéric II de Provence, son fils).
Synopsis : Rome au Xe siècle. Fille de Théophylacte et de la princesse toscane Théodora Ière l'Ancienne, Marozie/Marousie de Tuscululm (v. 890-937) règne en tyran au Castel Sant'Angelo et nomme personnellement les futurs papes. Elle complote afin d'épouser le roi Ugo di Provenza/Hugues d'Arles, souverain apathique et faible, mais ses deux fils d'un premier mariage, Albéric et Giovanni, s'y opposent. Le premier soulève le peuple contre sa mère et la fait incarcérer au Castel jusqu'à sa mort, tandis que le roi Ugo réussit à s'échapper de la ville. - L'authentique Marozie fut l'épouse d'Albéric Ier, roi lombard d'Italie, et mère d'Albéric II, mais aussi la maîtresse du pape Serge III avec lequel elle eut également un fils, le futur pape Jean XI. Comme elle gouvernait à la place de son fils, elle pourrait avoir créé la légende de la Papesse Jeanne. Le terme de " pornographie pontificale " a été associé à la domination à Rome de Théodora et de sa fille Marozie (les deux d'anciennes prostituées, selon des rumeurs), par l'intermédiaire des hommes qui n'étaient que leurs jouets.
1936Bertoldo, Bertoldino e Cacasenno (IT) de Carlo de Lellis [=Giorgio C. Simonelli]
Consorzio Autori Produzioni Film Italiana S.A. (C.A.P.F.I.), 86 min. - av. Cesco Baseggio (Bertoldo), Umberto Sacripante (Bertoldino), Fausto Guerzoni (Cacasenno), Gian Paolo Rosmino (le roi lombard Alboïn), Anita Farra (la reine Rosemonde), Silvana Jachino (la princesse Fiorella), Marcello Spada (le ménestrel Brunetto), Olga Capri (Marcolfa), Vinicio Sofia (un courtisan), Luigi Erminio D'Olivo, Giovanni Dolfini, Tatiana Pavoni, Enrico Marroni, Vasco Creti.
Synopsis : Dans la région de Vérone, les paysans Bertoldo, Bertoldino et leur fils Cacasenno sont chargés par le roi d'empêcher l'union entre Lord Wilmore et la princesse Fiorella, mariage qui pourrait nuire à la région. Hélas, les trois courageux ne sont ni très rusés ni intelligents et encore moins à la hauteur de la tâche. L'aîné, Bertoldo, est un ours, mais il est doué pour se sortir des mauvaises situations. Le second, Bertoldino, fils de Bertoldo et de la grosse Marcolfa, est un peu fou, tandis que Cacasenno, le neveu, est la maladresse même, tout en ayant hérité l'ingéniosité de son grand-père. Après de nombreuses mésaventures, le trio parvient à gâcher les préparatifs de mariage en jettant Fiorella dans les bras du ménestrel Brunello, dont elle est depuis toujours amoureuse. - Confrontant le bon sens paysan avec les incohérences de la noblesse, les récits picaresques de Giulio Cesare della Croce (1550-1609), le très prolifique poète autodidacte d'Èmilie-Romagne, ont traversé tout le Moyen Âge italien et sont généralement situés à l'époque du roi lombard Alboïn, dans la deuxième moitié du VIe siècle entre Vérone et Pavie. Il s'agit de Le sottilissime astuzie di Bertoldo, Le piacevoli e ridiculose semplicità di Bertoldino (1608) et Novella di Cacasenno, figliuolo del semplice Bertoldino (1641). La farce cinématographique, adaptée par Alessandro de Stefani, est tournée dans les studios de la Cines à Rome et dans la campagne autour de Bologne.
1940/41* La corona di ferro (La Couronne de fer) (IT) d'Alessandro Blasetti
Leo Menardi/Ente Nazionale Industrie Cinematografiche (E.N.I.C.)-Lux Film (Roma), 108 min. - av. Gino Cervi (le roi Sedemond de Kindaor), Massimo Serato (Licinius/son fils Arminius), Elisa Cegani (la mère d'Elsa et Elsa), Luisa Ferida (Tundra et sa mère Kavaora), Osvaldo Valenti (Eriberto, roi des Tartares), Rina Morelli (la Fée au rouet), Giorgio Gentile (Nicarete, prince des Burgondes), Paolo Stoppa (Trifilli), Primo Carnera (Klasa), Piero Pastore (Sestio), Stelio Carnabucci (le roi Artace), Amedeo Trilli (un roi au tournoi), Renato Navarrini (ministre du roi de la Rose), Ugo Sasso (Nacarete).
Synopsis : En Lombardie v. 450. Assoiffé de pouvoir et belliciste dans l'âme, l'usurpateur Sedemond tue son frère Licinius, souverain légitime, et s'empare de la mythique couronne de fer (" fabriquée avec les clous de la croix du Christ ") que Byzance a offerte à Rome. Mais la couronne, douée du pouvoir de faire régner la paix et la justice, s'enfonce dans le sol lorsqu'un tyran s'en empare... Vingt ans plus tard, le jeune prince Arminius, fils de Licinius, entreprend de reconquérir le trône qui lui est dû. De son côté, Sedemond a une fille, Elsa, dont la prophétie dit qu'elle s'éprendra du prince Arminius. Après d'extravagantes péripéties et une cascade de pièges, Arminius fait triompher la bonne cause. Lors d'un grand tournoi dont le prix est la main d'Elsa, il affronte au lasso le roi des Gargars qui se déplace sur un char hérissé de lames de faux. La couronne de fer ressort de la terre où elle s'était si longtemps enfouie... Des royaumes mythiques, des personnages de légende, une trame qui tient de Tarzan, Ben-Hur, Robin des Bois, Oedipe roi et Flash Gordon, le tout enveloppé dans une débauche jubilatoire de décors et d'images baroques empruntant à tous les styles, mêlant genres et époques, une forêt à la Méliès, un tournoi médiéval (remarquable) et des rochers truqués. Les effets optiques et modèles réduits sont d'Eugenio Bava et de son fils Mario.
Gino Cervi et Elisa Cegani dans « La corona di ferro » (1940).
 La corona di ferro est le plus grand effort de mise en scène fourni par le cinéma italien depuis Scipione l'Africano (1937) : deux ans et demi de gestation pendant que l'Europe bascule dans l'horreur, une entreprise d'un gigantisme absurde (14 millions de lires) qu'Alessandro Blasetti dirige en toute liberté dans l'immense Studio 5 de Cinecittà et au Centro sperimentale (avec quelques extérieurs dans la forêt de Ronciglione près de Viterbe), curieusement sans immixtion politico-économique aucune. Or ce qui peut apparaître en 1941 comme un équivalent latin des Nibelungen germaniques, et a fortiori comme un film de propagande fasciste exaltant les exploits d'un surhomme aryen (Coupe Mussolini au Festival de Venise), se révèle aujourd'hui comme une œuvre camouflée de l'opposition. Au-delà du mélo héroïco-aventureux et de son emphase naïve, de ce " mauvais goût " qui fit ricaner les criticastres de l'époque, Blasetti en orfèvre de talent organise une sorte de délire onirique véhiculant un message pacifiste. Après avoir débuté dans le cinéma des " téléphones blancs ", s'être évadé dans le passé en costumes, Blasetti placera progressivement son art au service des déshérités et des humbles (comme le démontrera sa comédie néo-réaliste Quattro passi fra le nuvole/Quatre pas dans les nuages l'année suivante). Au moment où l'Italie entre en guerre, Blasetti considère la légende de la couronne de fer un peu comme le rêve, l'apologue de ceux qui abhorrent la tyrannie, les armes et la violence. Ses déclarations en faveur de la paix, que le cinéaste et son co-scénariste Renato Castellani ne se privent pas de mettre en avant au festival de Venise en 1941, suscitent l'ire de Goebbels : si un Allemand avait réalisé La corona di ferro, s'écrie le Ministre de la propagande nazie, il l'aurait fait fusiller sur-le-champ ! Peu après, le grand patron de l'ENIC, société productrice du film, est envoyé d'office sur le front yougoslave où il est tué. Venise décerne un prix spécial au décorateur Virgilio Marchi. Le couple de comédiens sulfureux Luisa Ferida et Osvaldo Valenti, qui ont fait la pluie et le beau temps sous le ciel fasciste, seront froidement abattus par les partisans après la mort de Mussolini. Le film, longtemps méprisé par l'intelligentsia de gauche, sera réhabilité notamment grâce aux travaux critiques du cinéaste Carlo Lizzani qui compare l'itinéraire de Blasetti à celui de Flaubert écrivant Salammbô puis Madame Bovary. " Qu'est-ce que La corona di ferro sinon les rêves, les mythes, les apologues du pauvre bourgeois modeste de Quatre pas dans les nuages ? " Sortie en France en 1943. - ES : La corona de hierro.
1945Il sole di Montecassino / San Benedetto, dominatore dei barbari (IT) de Giuseppe Maria Scotese
Maleno Malenotti/Arno Film-Col.Li.To., 93 min./84 min. - av. Fosco Giachetti (saint Benoît de Nursie), Adriana Benetti (Faustina), Nino Pavese (Zalla), Liliana Laine (Sabina), Alfredo Varelli (Marco), Manuel Roero (Nicandro), Virgilio Tomassini (Terenzio), Anna Maria Padoan (Livia), Walter Grant (Romano), Gian Paolo Rosmino.
Histoire de la construction de l'abbaye de Montecassino (Mont-Cassin) : un jeune noble romain destiné à un brillant avenir, saint Benoit de Mursie (v. 480-547), assiste aux invasions barbares qui ravagent l'Italie et à la misère qui sévit, prend conscience de la vacuité de sa vie et décide de se retirer du monde pour vivre en ermite. Vers 529, il fait construire une abbaye à Montecassino et fonde l'ordre des Bénédictins. Il est considéré par les catholiques et les orthodoxes comme le patriarche des moines d'Occident, sa spiritualité et ses règles monastiques inspireront largement le monachisme occidental. Le scénario (auquel travaille Mario Monicelli) invente une partie de la biographie du saint - dont on sait peu de chose. Le tournage du film se déroule quelques mois après la destruction absurde - et stratégiquement inutile - du monastère par les bombes alliées lors de la terrible bataille du Monte Cassino (janvier-mai 1944) opposant les troupes anglo-franco-américaines aux divisions allemandes de Kesselring. La reconstruction de l'abbaye - à laquelle ce film invite - prendra prendra 8 ans, de 1948 à 1956.
1954Bertoldo, Bertoldino e Cacasenno (IT) de Mario Amendola, Ruggero Maccari
Felix Nova Film, 85 min. - av. Vinicio Sofia (Bertoldo), Alberto Sorrentino (Bertoldino), Enrico Luzi (Cacasenno), Nerio Bernardi (le roi lombard Alboïn), Vera Rol (la reine Rosemonde), Achille Togliani (le ménestrel Brunetto), Eva Vanicek (la princesse Fiorella), Otello Toso (Lord Wilmore), Fulvia Franco (Ortensia), Silvana Blasi (la courtisane), Elio Ardan [=Livio Lorenzon], Alberto Collo. - Les farces picaresques de Giulio Cesare della Croce (1550-1609) tournées aux studios FERT à Turin. Remake du film de 1936 (cf.).
1954Il tiranno del Garda / Berengario / Tragico amore (IT) d'Ignazio Ferronetti
Nuova Benaco Film (San Felice del Benaco), 85 min. - av. Irene Genna (la reine Adelaide de Bourgogne), Virginia Belmont (Béatrice de Bourgogne), Elio Steiner (Berengario/Bérenger II, marquis d'Ivrée), Tamara Lees (la reine Wilma d'Ivrea, son épouse), Gilbert Pauls (Auro di Canossa, le "Loup Blanc"), Umberto Perbellini (Lothaire, roi d'Italie), Costantino Del Masio (frère Martino). Giuseppe Lugo (Raniero).
Lac de Garde : les méfaits de Bérenger II qui usurpe le trône d'Italie (945/963) après avoir renversé et tué le roi Lothaire et emprisonné son épouse, la reine Adelaïde de Bourgogne. Ses crimes déclenchent la rébellion des pêcheurs locaux sous la direction du Loup Blanc (Lupo Bianco). C'est ce dernier qui libère Adelaïde et sa dame de compagnie, Beatrice, qui reconnaît sous le masque du loup son propre fiancé, Auro di Canossa (il se faisait passer à la cour pour un personnage débile et peureux). Tournage sur les lieux historiques au bord du lac de Garde (Peschiera del Garda) et au château fort de Tenno.
1959Il terrore dei barbari (La Terreur des barbares) (IT) de Carlo Campogalliani
Emimmo Salvi/Standard Produzione (Roma), 100 min. - av. Steve Reeves (Emilianus de Vérone), Chelo Alonso (Landa, fille du roi des Gépides), Bruce Cabot (Alboïn, roi des Lombards), Livio Lorenzon (Igor), Giulia Rubini (Lydia), Luciano Marin (Marco), Andrea Checchi (le duc Dolphus), Andrea Checchi (Dalfo).
En 568, la population d'un village vénitien est massacrée par les Lombards du roi Alboïn qui assiègent Milan et Pavie après avoir pris Vérone. Pour venger l'assassinat de son père, le bûcheron Emilianus sème toutes les nuits la mort parmi les rangs de l'envahisseur, masqué par une dépouille de loup. Le justicier lycanthrope s'éprend de la fille du roi des Gépides, et c'est avec ces derniers que les Vénitiens se protègeront des armées lombardes. - Délaissant le personnage d'Hercule auquel il doit sa gloire internationale depuis 1958 (Le fatiche di Ercole de Pietro Francisci), l'Américain testostéroné Steve Reeves apparaît aux côtés de la " sex bomb " cubaine Chelo Alonso, star des Folies-Bergères, et d'un autre compatriote exilé sur les rives du Tibre, Bruce Cabot (jadis le jeune premier de King Kong en 1933) dans un produit de série tourné en Totalscope et Eastmancolor aux studios IN.CI.R.-De Paolis à Rome, à Monte Gelato (Valle del Treja) et à Zagreb, en Yougoslavie. À bout de ressources, le producteur Emimmo Salvi est sauvé par American-International Pictures (Samuel Z. Arkoff et James H. Nicholson) à Hollywood qui rachète le film et en finance la fin du tournage pour le distribuer avec profit aux États-Unis juste après Ercole. Un immense succès populaire, en quatrième position au box office annuel en Italie après La dolce vita de Fellini et La grande guerra de Monicelli. - BE : Hercule, terreur des barbares, ES : El terror de los bárbaros, DE : Herkules, der Schrecken der Hunnen, US : Goliath and the Barbarians.
1960La furia dei barbari (Toryok, la furie des barbares) (IT/YU) de Guido Malatesta
Mario Bartolini, Giuliano Simonetti/Arion Film (Roma)-Dubrava Film /Zagreb), 102 min. - av. Edmund Purdom (Toryok), Rossana Podestà (Leonora), Livio Lorenzon (Kovo), Daniele Vargas (Napur), Andrea Fantasia (Nogaric), Vittoria Febbri.
En 568 dans les préalpes italiennes, la fiancée du chef gépide Toryok est assassinée par Kovo, un prince barbare voisin qui se réfugie à la cour d'Alboïn, le roi des Lombards. Toryok brûle son village, enlève son épouse et le tue lorsque celui-ci l'attaque avec ses alliés lombards dans la ville de Nissia. - Le Britannique Edmund Purdom - qui fut Sinouhé l'Égyptien à Hollywood (The Egyptian, 1954), puis Hérode le Grand (Erode il Grande, 1959) à Cinecittà - et l'Italienne Rossana Podesta, déesse de l'Iliade vue par Robert Wise (Helen of Troy, 1956) sont en tête d'affiche. Mais le tout n'est qu'un simple prétexte à cavalcades et combats divers entre tribus barbares, bâclé en Dyaliscope et Eastmancolor (avec un budget et de la figuration pourtant importante) pendant dix semaines dans les ateliers d'Interstudio à Grottoferrata et en Yougoslavie, près de Zagreb.- DE : Die Rache der Barbaren, US: Fury of the Pagans, ES : La furia de los barbaros.
Eleonora Rossi Drago et Jack Palance dans « Rosmunda e Alboino » (1961).
1961Rosmunda e Alboino (Le Glaive du conquérant) (IT) de Carlo Campogalliani [et Romolo Guerrieri, Primo Zeglio]
Gilberto Carbone/Titanus Film (Roma)-United Artists, 90 min. - av. Jack Palance (Alboïn, roi des Lombards), Eleonora Rossi Drago (Rosemonde / Rosmunda), Guy Madison (Amalchis), Carlo D'Angelo (Falisco), Edy Vessel (Matilde), Andrea Bosic (Cunimond, roi des Gépides), Ivan Palance (Uldéric, frère d'Alboïn), Vittorio Sanipoli (Wolfgang), Raf Baldassare (Silvestro), Guido Celano (Delfo) .
En Italie du Nord, Alboïn, roi des Lombards, veut faire la paix avec les Gépides en épousant la princesse Rosemonde, la fille du roi Cunimond, pourtant promise à Amalchis. Mais des intrigants à la solde de l'empereur de Byzance, Justin II, ayant assassiné le frère d'Alboïn et accusant les Gépides, la guerre reprend. Alboïn exécute le père de Rosemonde et tandis qu'Amalchis rassemble les Gépides survivants pour une contre-attaque victorieuse, la princesse venge son honneur bafoué en poignardant le souverain. - Le scénario opère divers télescopages : Alboïn détruisit le royaume gépide vers 567 sur le Danube, tuant le roi et épousant sa fille. Parti du lac Balaton (Hongrie), il occupa le Frioul au printemps 569, faisant de la région le premier duché lombard. Il conquit toute la plaine du Pô jusqu'aux Alpes (à l'exception de Ravenne et de Rome sous autorité byzantine), avec Vérone, Milan et Pavie. Il fut assassiné à Vérone en juin 572, alors qu'il faisait une sieste. Selon la légende, Rosemonde fut l'instigatrice de cet assassinat, voulant se venger du roi qui l'avait obligé lors d'un banquet à boire le vin de la victoire dans une coupe fabriquée avec le crâne de son propre père (ce que montre le film). Précisons que l'Histoire a retenu une autre fin : la reine fit assassiner son époux par son amant, l'écuyer de son mari, acte que l'assemblée des hommes libres (l'aristocratie lombarde) condamna. Rosemonde s'enfuit à Ravenne, où elle convainquit l'exarque Longin de la protéger. Pour cela, il lui fallut se débarrasser de son amant à qui elle fit boire un poison. Mais avant de mourir, l'homme obligea la reine à boire le reste de la coupe empoisonnée... L'Américain Jack Palance fait son grand numéro de barbare sadique après son mémorable Attila en 1954 (Sign of the Pagan de Douglas Sirk) et Ogotaï, fils de Gengis Khan, en 1961 (I Mongoli d'André De Toth) dans une bande assez animée à défaut d'être originale, tournée en CinemaScope et Eastmancolor aux studios Titanus à Rome et vers Zagreb, en Croatie, avec une importante figuration. Lors d'un combat singulier, Palance affronte son propre frère, John alias Ivan Palance. Le film subit de sérieux retards en raison de la mésentente persistante entre Palance et le vétéran Campogalliani (dont le premier film date de 1915 et qui se fait remplacer plus d'une fois, notamment par son ami le réalisateur Primo Zeglio, auteur du scénario avec son épouse Paola Barbara). - DE : Alboin, König der Langobarden, US : Sword of the Conqueror.
1967La cintura de castità / The Chastity Belt / On My Way to the Crusades I met a Girl who... (La Ceinture de chasteté) (IT/US) de Pasquale Festa Campanile
Francesco Mazzei/Julia Film-Warner Bros., 108 min. - av. Tony Curtis (Guerrando da Montone), Monica Vitti (Boccadoro), Hugh Griffith (Ibn al-Rachid, sultan de Bari), John Richardson (Drogone), Ivo Garrani (le duc de Pandolfo), Nino Castelnuovo (Marculfo), Franco Sportelli (Bertuccio), Lauro Gazzolo (l'ermite), Francesco Mulé (Rienzi).
Synopsis : L'Italie au IXe siècle. Boccadoro (" Bouche d'Or "), la fille du garde-chasse, s'éprend du beau Guerrando, prince de Montone, et parvient à se faire épouser. Mais son mari part pour combattre les Sarrasins qui ont envahi la Péninsule et, selon les usages du temps, impose à son épouse une humiliante ceinture de chasteté, soigneusement cadenassée. Révoltée, cherchant à se venger, la châtelaine délaissée se déguise en chevalier et part à la recherche de la clef qui pend autour du cou de son Guerrando adoré et haï. Diverses péripéties amènent le couple au château du sultan de Bari qui enferme la belle dans son harem. Guerrando et Boccadoro s'échappent pendant que le sultan lubrique cherche la petite clef. Ils sont sauvés par le chevalier Drogone, qui est nul autre que Louis II, empereur d'Occident (822-875).
Esprit cultivé et raffiné, spécialiste des sujets égrillards servis sans vulgarité, Festa Campanile offre à la pétulante Monica Vitti une autre opportunité (après Modesty Blaise de Joseph Losey) d'exhiber ses talents comiques et d'échapper aux rôles de femmes frustrées dans lesquels Antonioni l'avait cantonnée. On tourne en Technicolor au château Odescalchi à Bracciano, dans le Latium et à Cinecittà, avec un casting international : Curtis (bellâtre autoparodique), Richardson et Hugh Griffith qui porte à nouveau barbe et keffiyah après avoir campé un truculent cheikh Ildérim dans Ben Hur (1959). Mais l'argument est mince, se réduisant à une suite de sketches agencés autour de cette fameuse ceinture de chasteté médiévale qui ne serait qu'une invention de la propagande républicaine à la fin du XIXe siècle (les premières ceintures n'apparurent qu'à la Renaissance et furent plus tard utilisées pour combattre la masturbation masculine et féminine). Unique élément historique de cette comédie vite oubliée : l'apparition de Louis II (822-875). Quoiqu'empereur d'Occident, celui-ci ne régna guère qu'en Italie où il lutta avec succès contre les musulmans, auxquels il prit effectivement l'émirat berbère de Bari, dans les Pouilles, en 871. Bari fut par la suite occupée par les Sarrasins, les Vénitiens, puis les Normands. - DE : Der Keuschheitsgürtel.
1967Kampf um Rom - 1. Kampf um Rom - 2. Der Verrat / La guerra per Roma / Lupta pentru Roma / Batalia pentru Roma (Pour la conquête de Rome / Le dernier des romains) (DE/IT/RO) de Robert Siodmak [et Sergiu Nicolaescu, Andrew Marton]
Artur Brauner CCC Filmkunst Berlin-Pegaso-Studioul Bucuresti, 103 min. + 84 min. - av. Orson Welles (Justinien Ier de Byzance), Sylva Koscina (l'impératrice Théodora Augusta), Laurence Harvey (Céthegus Caesarius [=le consul Rufius Petronius Nicomachus Céthegus]), Michael Dunn (l'eunuque Narsès), Robert Hoffmann (Totila), Lang Jeffries (le général Bélisaire), Honor Blackman (Amalaswintha [=Amalasonthe], fille de Théodoric le Grand), Harriet Andersson (Mathaswintha, sa sœur), Florin Piersic (Vitigès), Emanoil Petrut (Teïas/Toja), Ingrid Brett (Julia, fille de Céthegus), Friedrich von Lederbur (Hildebrand), Dieter Eppler (Thorismund).
Synopsis : En 526 à Ravenne, capitale de l'éphémère empire ostrogoth, le perfide patricien Céthegus complote pour diviser les deux filles de Théodoric le Grand qui vient de décéder, Amalaswintha (Amalasonthe) et Mathaswintha - encouragé en cela par l'impératrice Théodora à Byzance qui espère débarrasser ainsi la Péninsule des Barbares. Amalaswintha est désignée souveraine, mais les sœurs se haïssent tant que l'une périt ébouillantée dans un bain de soufre, l'autre est poignardée. Une fois les Goths affaiblis par la guerre civile et les intrigues, Céthegus occupe Rome avec les Byzantins du général Bélisaire, tombé au combat. La ville est assiégée sans succès par les Ostrogoths de Vitigès. L'eunuque arménien Narsès prend le commandement des armées byzantino-romaines et écrase le nouveau roi goth, le jeune Totila, qui est mortellement blessé à Busta Gallorum. Le film s'achève en hécatombe, les protagonistes étant assassinés, empoisonnés ou taillés en pièces dans une des quatre grandes batailles - quand ils ne se suicident pas comme Céthegus, après avoir tué par erreur sa propre fille Julia (qu'aimait Totila). La victoire des Romano-Byzantins dirigés par Narsès dans la vallée du Sarno, au pied du Vésuve (octobre 552), marque la défaite définitive des Ostrogoths en Italie. Les survivants emmènent le corps de leur chef Teïas et s'établissent avec l'aide de la flotte viking sur l'île de Gotland, dans la mer Baltique.
Kampf um Rom (" la lutte pour Rome ") est l'unique film qui parle de la reconquête passagère de la péninsule italienne - et à fortiori du pourtour de la Méditerranée - par Byzance après la disparition du dernier empereur d'Occident. Cette tentative imposante mais inutile de Justinien le Grand de rétablir l'unité de l'Empire romain (les territoires repris furent conquis par les Lombards après sa mort) coïncide avec la fin du royaume goth. Ein Kampf um Rom, le roman-fleuve de Felix Dahn (1876) adapté ici, invite au spectacle de la destruction de deux rêves, celui de la restauration de l'ancienne grandeur de Rome, et celui du royaume goth d'Italie. Partant de Procope de Césarée, ce livre en quatre volumes se veut " la chronique illustrée du VIe siècle ", mais avec une forte connotation nationaliste (l'univers germanique idéalisé) et teinté de pessimisme nietzschéen. L'écrivain assimile " Rome la fourbe " (et le monde latin en général) à la France impérialiste, l'ennemi héréditaire aux XIXe siècle. On célèbre la chimère d'un Reich gothique uni et indivisible tel que souhaité par Bismarck, la noble droiture des Nordiques et leur nostalgie du Sud. Plusieurs personnages sont fictifs, comme Mathaswintha, la seconde fille de Théodoric. Sa sœur supposée, Amalasonthe/Amalaswintha, une intellectuelle qui parlait couramment latin et grec, alliée de Justinien, fut en réalité emprisonnée et étranglée dans son bain par son propre cousin et corégent Théodat. C'est après ce meurtre que Justinien ordonna à Bélisaire, stratège de génie, qui avait repris Carthage aux Vandales en Afrique du Nord, de libérer l'Italie des envahisseurs germaniques. Par ailleurs, Dahn et les scénaristes du film prennent de vertigineux raccourcis pour restituer ce chapitre particulièrement chaotique de l'histoire byzantino-romaine. Accessoirement, Bélisaire n'est pas mort les armes à la main et luttant contre les Ostrogoths de Vitigès devant Rome en 540, mais en même temps que Justinien, 25 ans plus tard. Théodora ne s'est pas empoisonnée, elle est décédée dans son lit en 548, vraisemblablement d'un cancer.
L’assaut des murailles de Rome par les Ostrogoths (« Kampf um Rom »).
 Dans les années cinquante, le roman de Dahn reste, avec les œuvres de Karl May, une des lectures de chevet de tout adolescent entre Berlin, Hambourg et Munich. Visant le marché international, le producteur berlinois Artur Brauner charge Robert Siodmak (en fin de carrière) de mettre en scène " le plus grand film allemand depuis que les Allemands font du cinéma "... Cela donne une fresque en Ultrascope de 8 millions de DM, avec des acteurs de dix nations différentes, et 1700 figurants massés devant l'immense muraille de Rome érigée sur les terrains des studios Bukuresti à Buftea, puis à Gradistea-Giurgiu et à Bucarest (Roumanie), enfin aux studios CCC de Brauner à Berlin-Spandau. Sergiu Nicoalescu et Andrew Marton dirigent les batailles. Harald Reinl (artisan des westerns allemands d'après Karl May) est d'abord annoncé comme réalisateur, mais la liste des vedettes pressenties (dont Stewart Granger et Gina Lollobrigida) effraye les banquiers qui exigent un cinéaste de renom international. Peu inspiré, malade, épuisé par un tournage anarchique, Siodmak, jadis maître du Film Noir à Hollywood, peine ici à tenir le cap, même si le climat humain nauséabond du scénario ne doit pas lui être inconnu : comme dans The Killers (1946) ou son chef-d'œuvre, Criss Cross (Pour toi j'ai tué, 1948), on assiste à une suite ininterrompue de trahisons, de duplicité, de volte-face, chacun trompant chacun. Les rares âmes innocentes de ce " crépuscule des dieux " romano-gothique sont victimes de leur candeur et tués. On retrouve la touche sardonique du cinéaste dans la peinture de la cour byzantine, avec une Théodora nymphomane que Narsès accule au suicide, tandis que Justinien-Welles en satrape oriental faussement léthargique manœuvre avec majesté pour éliminer de son échiquier et les Goths, et les Romains d'Occident. Plongé dans la rédaction de son Codex et la construction de Sainte-Sophie, Justinien laisse son épouse se dévergonder ou intriguer avec son favori, Bélisaire. Siodmak joue des perspectives pour mettre en scène les échanges à double sens entre l'empereur et Narsès, nain dévoré d'ambition qui déambule autour du monarque comme la lune autour du soleil. (L'authentique Narsès, ministre et brillant chef militaire, n'était bien sûr pas un nain !) Même débarrassé de ses scories idéologiques les plus choquantes, le sujet souffre de l'éléphantiasis de Brauner, trop long, boursouflé, surchargé de personnages secondaires et d'intrigues parallèles : le script part dans toutes les directions et la majorité des copies ont été tronquées à divers endroits. Ricanements des critiques, indifférence du public. Et une douche froide pour Brauner avec un déficit de 4 millions de DM. La vague des péplums étant bien passée, les distributeurs italiens et américains exigent en 1973 le remontage du mastodonte en un seul film de 1h33, dont l'exploitation en dehors de la R.F.A. demeure confidentielle. - IT: Calata dei barbari, US: The Last Roman.
1968(tv) L'incoronazione di Carlo Magno (IT) de Piero Schivazappa
Série " I giorni della storia " no. 1, RAI (Programma Nazionale 1.10.68). - av. Paolo Graziosi (Charlemagne), Antonio Pierfederici, Carlo Hintermann, Olga Villi, Enzo Tarascio, Renato De Carmine, Roldano Lupi, Manuela Kustermann. - Reconstitution télévisuelle du couronnement de Charlemagne à Rome, le jour de Noël de l'an 800.
1969(tv) Bertoldo, Bertoldino e Cacasenno (IT) de Marcello Baldi
(RAI Due 6.1.69), 44 min. - av. Umberto D'Orsi (Bertoldo), Sandra Mondaini (Marcolfa), Liù Bosisio (Cacasenno), Carla Macalloni (Isabelle d'Este / la professeure Frenogard), Domenico Calandruccio (Bertoldino), Maria Pia Nardon (Lucrezia Borgia / la diva), Luigi Sportelli (Raphaël / l'acteur), Vincenzo Ferro, Sandro Pellegrini (Ludovico Ariosto / le metteur en scène), Pippo Liuzzi (le Titien / le sénateur). - Une parodie des farces picaresques de Giulio Cesare della Croce (1550-1609) dans laquelle Marcello Baldi confronte les sympathiques crétins du Haut Moyen Âge avec des grands noms de la Renaissance et les champions de la société de consommation du XXe siècle. Cf. le film de 1936.
1970(tv) La lotta dell'uomo per la sua sopravvivenza (La Lutte de l'homme pour sa survie) - 4. Un'archa nel diluvio : il monachesimo / Une arche dans le déluge : le monachisme - 5. Il Medioevo, età di pietra e di ferro / Le Moyen Âge, l'âge de pierre et de fer (IT/FR/RO/EG) de Renzo Rossellini
Roberto Rossellini, Angelio Lodigiani, Claude Baks/Orizzonte 2000 (Roma)-Logos Film (Paris)-Romania Film/Studioul Cinematographic Bucuresti-Corpo Film (Cairo)-Arco Film (Roma)-Radiotelevisione Italiana (RAI 28.8.70 + 4.9.70), 51 + 43 min. - av. Piero Baldini, Renato Baldini, Salvatore Billa, Massimo Sarchielli, Pino Caruso, Rodolfo Baldini, Claudio Trionfi, Bruno Scipioni, Luciano Rossi, Franco Gulà, Elio Bertolotti, Marzio Margine, Luigi Barbacane, Alberto Dell'Acqua, Vasco Santoni, Vitaliano Elia, Giglio Gigli, Ernesto Colli, Emilio Giannino, A. Bella, Pino Locchi (narration).
Ayant partiellement tourné le dos au cinéma et affichant une ambition carrément encyclopédique, Roberto Rossellini conçoit entre 1960 et 1975 le plan, organise la production, assure la réalisation ou la supervision d'une douzaine de téléfilms ou mini-séries à caractère éducatif sur des sujets historiques, confiant dans deux cas la mise en scène à son fils Renzo Rossellini. De 1967 à 1971, le cinéaste propose en particulier une série docu-fictionnelle en 12 épisodes d'une heure chacun qui illustre " la lutte de l'homme pour sa survie " selon les théories et dogmes en cours, remontant depuis l'homme des cavernes jusqu'aux derniers dévoloppements scientifiques. Le tournage s'effectue avec comédiens et figurants du crû en Roumanie et en Italie (pour les épisodes présents), en Égypte et en Tunisie (coûts : 800 millions de lires). - US : Fight for Survival.
1972Pope Joan / The Devil's Impostor / She... Who Would Be Pope (Jeanne, papesse du diable / La Papesse Jeanne) (GB) de Michael Anderson
Kurt et Daniel Unger/Big City-Command Production Establishment-Roadshow Productions-Triple Eight Corp., 132 min./105 min./132 min. (av. épilogue). - av. Liv Ullmann (Joan, pseudo Jean VIII/John Anglicus/Jean l'Anglais/Jeanne la Papesse), Olivia de Havilland (la Mère supérieure), Trevor Howard (le pape Léon IV), Lesley Anne Down (Cecilia), Patrick Magee (le vieux moine), Franco Nero (Louis II le Jeune, roi d'Italie et empereur d'Occident), Martin Benson (Lothaire II, son père), Peter Arne (Richard), Maximilian Schell (Adrien, le moine peintre), Andre Morell (Louis II de Germanie), Kurt Christian (prince Charles, futur Charles III le Gros), Jeremy Kemp (le père de Jeanne), Terence Hardiman (le cardinal Anastase), John Byron (le cardinal Jérôme), Richard Bebb (le seigneur du manoir), Natasa Nicolescu (la mère de Jeanne), Sharon Winter (Jeanne enfant). - Partie moderne : Keir Dullea (Dr. Stevens, psychiatre), Robert Beatty (Dr. Corwin, psychiatre).
Synopsis : L'Empire franc au IXe siècle. Orpheline d'un prédicateur itinérant anglais, Jeanne est violée par trois moines et entre traumatisée dans les ordres. Elle y devient la maîtresse du moine Adrien, un peintre. En 840, à la mort de Louis le Pieux, fils de Charlemagne et empereur d'Occident, ses fils Lothaire et Charles se disputent le trône impérial ; le premier a gagné les Saxons à sa cause en autorisant le culte de Wotan et ceux-ci incendient le monastère. Adrien et Jeanne échappent au massacre général et pour faciliter leur fuite, la religieuse se coupe les cheveux et se fait passer pour un moine : Jeanne devient Jean. Un évêque lui donne l'ordination pour entendre la confession des guerriers mourants et, devenue Père, elle commence à prêcher avec un succès croissant. Le pape Léon IV, malade, la nomme " cardinale " et en fait son secrétaire privé, puis la désigne comme successeure à son décès en 853. La papesse Jeanne couronne Louis II le Jeune, fils de Lothaire, empereur du Saint-Empire. Toutefois, l'empereur reconnaît en le nouveau souverain pontife la jeune femme rencontrée et aimée jadis dans un monastère et Jeanne répond avec passion à ses avances. Lors d'une cérémonie en août 858 à Rome pour célébrer la victoire de Louis II sur les Sarrasins, elle se trahit en accouchant en pleine procession et finit lapidée par la foule pour avoir trompé l'Église sur son sexe.
La légende (qui s'est développée à partir de 1255 dans la Chronica universalis de Jean de Mailly) dit que, vers 850, une fille originaire de Mayence en Allemagne, nommée diversement, aurait entrepris avec son amant des études de science et de philosophie en Angleterre, puis à Athènes sous l'identité de Johannes Anglicus ; à Rome, où l'on appréciait son érudition et sa piété, elle serait entrée à la Curie et aurait accédé à la papauté, puis aurait donné naissance à un enfant pendant la procession de la Fête-Dieu. En vérité, aucune chronique ne laisse un interstice - entre la mort de Léon IV et l'élection de Benoît III - dans lequel le pontificat de Jeanne pourrait s'insérer et la légende, qui connaît différentes version mais une trame commune, comporte de nombreux anachronismes (Oxford, la plus ancienne université anglaise, et la Fête-Dieu, instaurée en 1264, ne datent que du XIIIe siècle). Elle sera reprise à des fins polémiques par Guillaume d'Ockham, Jan Hus, Calvin, l'Église anglicane, etc., et tirerait son origine du surnom donné de son vivant au pape Jean VIII pout sa faiblesse face à l'Église de Constantinople. Il renverrait également aux inversions des valeurs rituelles typiques des carnavals et de la culture populaire au Moyen Âge.
C'est un habitué du blockbuster à l'internationale, le Britannique Michael Anderson (Around the World in 80 Days d'après Jules Verne), qui chapeaute cette sage illustration de la légende de la papesse Jeanne, sujet jusqu'à présent " tabou ", mais que la contestation de la " flower generation ", Che Guevara et les barricades de mai 68 mettent au goût du jour. Anderson vient de démontrer sa connaissance de l'univers catholique romain avec The Shoes of the Fisherman (Les Souliers de saint Pierre, 1968) où Anthony Quinn incarnait un pape ukrainien (fictif) au cœur de la guerre froide. Le scénario est signé John Briley (Gandhi, Cry Freedom) et le tournage se fait en avril-mai 1971 aux studios de Bray à Windsor, à Chypre et en Roumanie (Brasov, Risnov en Transylvanie), la Toscane ayant été éprouvée par un tremblement de terre. Liv Ullmann, vedette et ex-épouse d'Ingmar Bergman, incarne l'imposteur (Vanessa Redgrave, Helen Mirren et Susannah York se sont battues pour le rôle), entourée d'une brochette de stars comme Olivia de Havilland, Trevor Howard et Maximilian Schell, mais le public boude et la presse se déverse en sarcasmes faciles, peu intéressée à la brûlante création androgyne de l'actrice norvégienne et à ses efforts d'éclairer la condition de la femme dans une société où le sexe faible ne serait rien (ce qui est contesté par les historiens d'aujourd'hui). En 2009, dans une tentative de sauver les meubles, la production réintroduit dans sa restauration du film - à présent rebaptisé She... Who Would Be Pope - le montage initial assez hardi que les distributeurs avaient écarté en 1972 par crainte de désarçonner le spectateur (au désespoir de Liv Ullmann et John Briley). L'action médiévale y est insérée en flash-back ou flash-forward dans un récit-cadre situé au XXe siècle au cours duquel une prédicatrice protestante américaine proche des hippies et qui se croit la réincarnation de la papesse est suivie par deux psychiatres (Keir Dullea et Robert Beatty). Mais ces acrobaties narratives n'attirent pas de nouveaux spectateurs. - DE: Pabst Johanna, IT: La papessa Giovanna.
Liv Ullman dans « Pope Joan » de Michael Anderson (1972)
1974(tv) Bertoldo e il suo re (IT) de Silverio Blasi
Radiotelevisione Italiana (RAI due 15.1.74), 55 min. - av. Piero Mazzarella (Bertoldo Bertoldino), Paolo Carlini (le roi lombard Alboïn), Enrica Bonaccorti (la reine Rosemonde).
A Vérone en 570, le vilain Bertoldo, capitaine à la cour du roi lombard Alboïn, se fait bien voir avec ses proverbes et aphorismes. Il devient conseiller du roi, à la colère de la reine qui aurait bien voulu le faire pendre à un prochain arbre. Habitué à ne consommer que des navets et des haricots, Bertoldo ne supporte pas la nourriture sophistiquée de la cour et en meurt. Une lecture critique de l'œuvre de Giulio Cesare della Croce (cf. film de 1936) réalisée par le scénariste attitré de Francesco Rosi (Lucky Luciano, Cadaveri eccellenti, etc.), écrite par Ghigo De Chiara et concoctée pour un programme culturel de la RAI. Remake cf. Mario Monicelli en 1984.
1976(tv) Le Jeune Homme et le Lion / The Young Man and the Lion / Der junge Mann und der Löwe (FR/GB/CH/DE/CA) de Jean Delannoy
TF1 (Claude Désiré)-Télécip (Rolland Gritti), Paris-BBC-SSR-TV60 München-Société Radio Canada (TF1 22.12.76), 2h52 min. (2 parties). - av. Georges Wilson (Charlemagne), Catherine Rethi (Désirée, princesse lombarde), Janós Kovács (l'archevêque Turpin), Lajos Mezei (le pape Hadrien Ier), Lajos Meran (Didier, roi des Lombards), Endre Katai (Carloman, frère de Charlemagne). - A la mort de son frère Carloman, Charlemagne part en guerre contre son ancien beau-père, Didier, roi des Lombards dont il s'approprie la couronne de fer à Pavie. A Rome, il reçoit le soutien du pape Hadrien. - Le tournage s'effectue en Hongrie, dans les studios Mafilm à Fót, à Budapest et dans les plaines de la Puszta (parc national Hortobágy) pour le siège de Pavie. Commentaire détaillé, cf. Moyen Age : France.
1984* Bertoldo, Bertoldino e Cacasenno (IT) de Mario Monicelli
Luigi et Aurelio De Laurentis/Filmauro (Roma), 126 min. - av. Ugo Tognazzi (Bertoldo), Maurizio Nichetti (Bertoldino, son fils), Alberto Sordi (Frère Cipolla da Frosolone), Lello Arena (le roi lombard Alboïn), Pamela Denise Roberts (la reine Rosemonde/Magonia), Annabella Schiavone (Marcolla), Margherita Pace (Menghina) Isabelle Illiers (la princesse Anatrude), Donald Michael Stumpf (Ruperzio), Carlo Bagno (le chambellan), Giuseppe Terranova (le chancelier), Carlo Colombardo (Rosso Malpelo).
Quatrième version filmée des farces picaresques imaginées par Giulio Cesare della Croce (1550-1609), une suite de pitreries situées aux VIe siècle à la cour du roi lombard Alboïn à Vérone (cf. film de 1936), mais illustrée cette fois par un cinéaste de renom (I soliti ignoti, La grande guerra, Brancaleone), célèbre pour son mordant, ses provocations et sa vision très critique de l'Histoire du pays. Le thème du film est la description en termes populaires et burlesques du rapport entre le pouvoir du palais, où les têtes tombent très facilement, et la sagesse populaire des paysans. Ravi des tours du rusé Bertoldo, originaire du village d'Aquamorta, le roi finit par lui donner une baronnie, mais la vie près du trône ne lui convient pas et il dépérit. Alboïn, le cœur brisé, écrira son épitaphe. - Parmi les scénaristes, on retrouve Suso Cecchi D'Amico, la fidèle collaboratrice de Visconti. Tournage en Eastmancolor au château d'Alboïn à Forte de Exilles (Val di Susa, dans le Piémont), à Vérone et dans le Frioul (marais de Marano Lagunare, les rives de la Stella) ainsi qu'à Uchisar en Cappadoce (Turquie). Exploitation limitée.
1993® (tv) Inside the Vatican (CA) de John McGreevy. - av. Jacques Godin (Charlemagne). - Divers épisodes de l'histoire du Vatican : en l'an 800, le pape Léon III couronne Charlemagne empereur d'Occident. - cf. 5. Rome.
Hommage aux historiens médiévistes : « Magnificat » de Pupi Avati (1993).
1993* Magnificat (IT) de Pupi Avati
Antonio Avati, Giorgio Leopardi/Duea Film-Istituto Luce-Italnoleggio Cinematografico-Penta Film-Union P.N., 110 min./95 min. - av. Luigi Diberti (Gomario Grifone, seigneur de Malfole), Arnaldo Ninchi (Folco), Dalia Dahav (Rozal), Massimo Bellinzoni (Baino), Lorella Morlotti (Venturina), Massimo Sarchielli (le père de Margherita), Brizio Montinaro (le seigneur de Campodose), Marcello Cesena (Agateo), Consuelo Ferrara (l'abbesse), Eleonora Alessandrelli (Margherita), Davide Celli (Bagnaro), Vincenzo Crocitti (Agnello), Mario Patanè (Benigno), Andrea Scorzoni (le jeune seigneur de Manfole), Sofia Spada (Martinella), Nando Gazzolo (narration).
Synopsis : En Ombrie à la fin du Xe siècle. Durant la Semaine Sainte, diverses personnes se rendent à Malfole où s'élèvent le monastère et l'abbaye de la Visitation hébergeant la tunique de la Sainte Vierge, déposée jadis par un pèlerin du Proche-Orient. Roza, concubine royale enceinte de neuf mois, atteint les lieux avec sa suite pour assurer la succession du roi. De son côté, Gomario Griffone, seigneur libertin des lieux, entouré de ses enfants illégitimes, attend la mort au pied du monastère où il est né et où est ensevelie son épouse. Cheminant depuis la vallée de Montefiore et accompagnée de son frère, Margherita, 14 ans, va devenir novice, soi-disant en offrande de sa famille à l'Église, en réalité en échange d'un moulin. Folco et son apprenti Baino, bourreaux assermentés, font le tour des seigneureries pour exécuter les sentences de mort et sont ce jour-là contraints de décapiter une jeune " sorcière ". Un moine voyageur se rend au monastère pour enregistrer le décès de divers membres de sa communauté et meurt " non enregistré ", ignoré par tout le monde. Alors que commencent les festivités officielles, perdue parmi la foule, seule la jeune Margherita, la " novice forcée " qui rêve de liberté, entrevoit un signe du Ciel, signe d'espérance et de libération.
Une tentative de Pupi Avati (et de son frère Antonio, scénariste-producteur) d'illustrer sans fards et à travers divers questionnements ce qui définit l'homme médiéval, sa quête orientée vers l'au-delà et le spirituel, sa raison d'être, et ce qui le distingue de celui des temps modernes. Un hommage aux historiens médiévistes d'aujourd'hui qui est un véritable ovni - sélectionné au Festival de Cannes 1993 - dans la filmographie de ce cinéaste surtout porté sur le fantastique, le Grand-Guignol et l'érotisme. En cela une œuvre de maturité aussi inattendue qu'injustement oubliée. Sissi Paravicini reçoit le Ciak d'Oro 1994 pour les meilleurs costumes. Tournage en Technicolor à Todi, au couvent de Montesanto, à Gualdo Cattaneo et au château de Speltara (Ombrie).
1993Il giorno del porco (Le Jour du Cochon ou le monde fantastique de Hieronymus Bosch) (IT/DE/RO) de Sergio Pacelli
Diego Pacelli/Europa Film S.r.l.-Kino Center Boyana (Sofia), 91 min. - av. Sergio Pacelli (Sarchis), Katherine Berg (Luna), John Philip Law (Azazel), Lea Lander (la Mère supérieure), Javor Milucev (Aros), Emy Valentino (Gesa), Stoyko Peev (Drapis), Stoyan Aleksiev (Lucisperio), Ognyan Kamenarski (Brigos).
Fable philosophique située au Xe siècle à propos de la légende de Sarchis ou Sarkis, le roi infirme et bossu de Corbio (Latium). Son frère, le roi précédent, a été tué par le séduisant prince Azazel qui a convaincu la population que leur monarque a été transformé en un porc par sorcellerie. S'étant s'emparé du trône, Azazel a accordé à ses sujets une fête de débauche absolue, mais la peur de perdre son royaume et la vie le pousse à chercher l'aide de Sarkis, héritier légitime de la couronne - qui le tue. Trois démons se présentent à Sarkis et lui accordent un vœu sans lui en dire le prix. Sarkis choisit de guérir de sa malformation. Il recouvre brusquement la santé, tandis que tous les habitants de Corbio sont frappés de malformations. - Un conte semi-fantastique du dramaturge Sergio Pacelli (cousin du pape Pie XII et fondateur du Teatro da Camera à Rome), tourné en Bulgarie en s'inspirant de motifs de Hieronymus Bosch (v. 1450-1516).
Christian Brendel en Charlemagne à la télévision (1994).
1994*(tv) Charlemagne, le prince à cheval / Carlo Magno, la corona e la spada / Karl der Grosse / Carolus Magnus (FR/LX/IT/DE) mini-série de Clive Donner
Lux Spa (Alessandro Jacchia)-Pathé Télévision (Janine Langlois-Glandier)-Rai Uno (Ettore Bernabei)-FR2-FR3-Beta Films (TSR 9.2.94 / TF1 28.2.94 / Rai Uno 20.2.-6.3.94 / Arte 30.4.-2.5.04), 3 x 1h30 min. - av. Christian Brendel (Charles Ier, roi des Francs et des Lombards, devenu Charlemagne), Anny Duperey (Bertrade de Laon dite Berthe au Grand Pied), Lino Capolicchio (le pape Léon III), Gilles Gaston-Dreyfus (l'historien Eginhard/Einhard), Carole Richert (Himiltrude), Chris Campion (Pépin le Bossu, son fils), Nils Tavernier (Carloman/Karlmann, frère cadet de Charlemagne), Corinne Touzet (Irène la Superbe, impératrice de Byzance), Frank Finlay (Alcuin de York), Sergio Fantoni (le pape Hadrien Ier), Simona Cavallari (Ermengarde), Remo Girone (le roi Désiderius), Remo Girone (le roi Didier).
Charlemagne épouse la princesse lombarde Ermengarde, " une jument en parfaite santé et bien dressée ", fille du roi Didier. Ce dernier ayant envahi les États du pape, Charles sauve le souverain pontife, conquiert Pavie, destitue Didier et coiffe la couronne lombarde. Il épouse la princesse souabe Hildegarde. A Rome, la faction byzantine s'attaque au nouveau pape, Léon III, lui crevant les yeux et cherchant à lui arracher la langue. Conformément au pacte de Quierzy qui lie les Francs à l'Église romaine, Charles abandonne sa mère mourante et sauve le pontife au cours d'un procès public. La flotte byzantine rebrousse chemin. Le jour de Noël de l'an 800, le pape, miraculé, dépose sur sa tête la couronne d'empereur d'Occident, créant ainsi la base du Saint-Empire Romain. - Commentaire détaillé cf. Moyen Age : France.
2007(tv-df) The Lombards (US) de Nick Gardner
Série " The Barbarians ", épisode no. 6, Robert Gardner-History Channel-A&E Home Video (History Channel 7.3.07), 52 min. - av. Bob Dowing (narration). - Docu-fiction tourné en Lituanie avec reconstitutions et acteurs muets : les Lombards d'Alboïn s'installent en Italie du Nord.
2009Die Päpstin / Pope Joan / La papessa / La papisa / La mujer papa (La Papesse Jeanne) (DE/GB/IT/ES) de Sönke Wortmann
Oliver Berben, Martin Moszkowicz/Constantin Film (München)-Medusa Film-Ikiro Films-ARD Degeto Film-Dune Films, 149 min. - av. Johanna Wokalek (Johanna von Ingelheim), Iain Glen (son père), Jördis Triebel (sa mère), David Wenham (le comte Gerold), John Goodman (le pape Serge II), Anatole Taubman (l'anti-pape Anastasius), Edward Petherbridge (Aesculapius/Esculape), Oliver Nägele (l'évêque Fulgentius), Oliver Cotton (Arsenius), Nicholas Woodeson (Arighis), Alexander Held (Lothaire Ier, roi d'Italie et co-empereur d'Occident), Tigerlily Hutchinson (le futur pape Jean, enfant), Lotte Flack (Johanna enfant), Marian Meder (Arn), Richard van Weyden (Eusthasius), Christian Redl (l'abbé de Fulda), Frank Kessler (le roi des Normands), Marc Bischoff (Odon), Claudia Michelsen (Richilde), Iain Glen (le prêtre du village).
Johanna von Ingelheim, la prétendue papesse Jeanne, serait née sur le Rhin en 814 d'un père adorateur de Wotan, peu après la mort de Charlemagne. Un massacre perpétré par les Normands la pousse à entrer dans un monastère bénédictin de Fulda en tant que Frère Johannes Anglicus. Ses connaissances médicales la mènent à Rome, au chevet du pape Serge II dont elle devient le médecin personnel jusqu'à son décès. Elle lui succède, mais sa liaison secrète avec le comte Gerold et les conspirations de l'anti-pape Anastase la perdent. Elle fait une fausse couche dans la rue et meurt tandis que Gerold est tué dans un guet-apens.
Une nouvelle version de la légende de la papesse Jeanne (cf. supra, 1972) qui aurait pu donner une œuvre importante si elle était restée en mains de Volker Schlöndorff (Oscar et Palme d'or à Cannes pour Le Tambour). Ce dernier met en chantier son film dès 2003, écrit par Michael Hirst d'après un roman de Donna Woolfolk Cross (Pope Joan, 1996). Très ambitieux, budgété à 20 millions d'euros, il doit être produit par la Ufa Filmproduktion à Potsdam et Senator Films, auxquels se joignent Constantin Film (Munich), Medusa Film (Silvio Berlusconi) et Filmax Madrid. Le rôle-titre revient à Franka Potente (révélée dans Lola rennt et The Bourne Supremacy à Hollywood). Le tournage est prévu pour mai 2007 aux studios de Babelsberg-Berlin (dont Schlöndorff assume la direction), à Sofia en Bulgarie et en Italie lorsque Constantin Film se met en tête de produire simultanément une télé-série formatée pour le petit écran avec des fonds destinés au grand. Après quatre ans de vains efforts, Schlöndorff et son actrice se fâchent et claquent la porte. Ayant récolté quelques succès commerciaux sur place, Sönke Wortmann prend la relève avec de nouveaux partenaires financiers (on renonce à la série). Il filme d'août à novembre 2008 aux studios Atlas à Ouarzazate (Maroc), puis en Allemagne (monastères de Gernrode et Ilsenburg, château de Querfurt, Pforta et Dahlem). Mais la gentille Johanna Wokalek dans le rôle-titre ne fait pas le poids, malgré ses efforts à propager un message en faveur de l'émancipation féminine. La mise en scène de Wortmann se concentre sur l'enfance de Jeanne/Johanna, tandis que la complexité et les subtilités de la haute politique à Rome lui échappent totalement. Restent des relents d'anticléricalisme simplet et une vision caricaturale du Moyen Âge, où tout le monde est miséreux et méchant sauf l'héroïne et ceux qui lui sont proches. Amen.
2011(tv-mus) Adelaide di Borgogna [Adélaïde de Bourgogne] (IT) de Pier' Alli (th) et Tiziano Mancini (vd)
Unitel-Rossini Opera Festival Pesaro, 137 min. - av. Daniela Barcellona (Othon), Jessica Pratt (Adelaide), Bogdan Mihai (Adelberto), Nicola Ulivieri (Berengario/Bérenger), Jeannette Fisch (Eurice, mère d'Adalberto), Francesca Pierpaoli (Iroldo), Clemente Antonio Daliotti (Ernesto).
Créé en 1817, l'opéra en 2 actes de Gioachino Rossini met en scène Adélaïde de Bourgogne (v. 931-999), une des femmes les plus influentes de l'Europe médiévale: reine d'Italie, puis reine de Germaine, enfin impératrice du Saint-Empire en 962 et mère d'Othon II. Ayant favorisé de manière décisive l'ordre monastique de Cluny, elle sera canonisée en 1097 par le pape Urbain II. - Le livret de Giovanni Federico Schmidt débute en 950, lorsque l'usurpateur Berengario/Béranger, seigneur d'Ivrée, ayant empoisonné Lotario/Lothaire II, roi d'Italie, veut forcer sa veuve, la reine Adelaide, à épouser son fils Adalberto, ce qu'elle refuse. Il craint cependant l'intervention d'Othon le Grand, roi d'Allemagne, qui s'est épris d'Adelaide à Canossa où Berengario lui tend un piège. Mais Othon parvient à s'échapper et capture Berengario au cours d'une bataille décisive et épouse Adélaïde qu'il emmène en Allemagne où elle mettra au monde le futur Othon II.
2013(tv) Karl der Grosse (Charlemagne) (DE/AT) mini-série de Gabriele Wengler
Bernd Wilting, Nikolaus Wisiak, Christoph Weber/Taglicht Media (Köln)-PreTV (Wien)-Westdeutscher Rundfunk (WDR)-Servus TV-Arte Deutschland (Arte 20.4.13 / ARD+Servus TV 1.5.13), 3 x 52 min./2h35. - av. Alexander Wüst (Charlemagne), Peter Matic (Eginhard/Einhard, son biographe), Regina Fritsch (Bertrade de Laon, dite Berthe au Grand Pied), Daniel Doujenis (Desiderius), Rainer Frieb (le pape Léon III), Bernhard Majcen (le pape Hadrien Ier).
À la veille des festivités du " Karlsjahr " à Aix-la-Chapelle en 2014 qui célèbrent les 1200 ans du décès de Charlemagne, Arte et WDR sortent une production ambitieuse livrant le dernier état de l'historiographie. La production fait amplement appel à l'infographie pour les panoramas de Rome, de Pavie ou de Saragosse, les campements militaires, les batailles et la traversée des Alpes, quoiqu'avec un bonheur inégal (les paysages révèlent l'artificialité du numérique). La majorité des séquences de fiction - soit 80% du film - sont réalisées dans le Haut-Adige (Tyrol du Sud) avec 150 figurants, dans le Val Sarentino, à Bolzano, Aldein, aux châteaux de Burg Lichtenstein et Rappottenstein (y compris la forêt de Waldviertel), à l'abbaye cistercienne de Zwettl et dans les Dolomites (Seiser Alp). Commentaire détaillé cf. Moyen Age : France.
2017La Papesse Jeanne / Joan the Pope (FR) de Jean Breschand
Stéphane Jourdain, De Gaulle Eid/La Huit Production-CINED Productions-Centre National du Cinéma et de l'Image Animée, 92 min. - av. Agathe Bonitzer (Jeanne), Sabine Haudepin (la Mère supérieure), Grégoire Tachnakian (Fromentin), Roman Kané (Florus), Bruno La Brasca (le pape Léon IV), Francis Coffinet (l'évêque affable), Mostefa Djadjam (l'évêque sévère), Daniel Isoppo (le père moine), Pierre-Laurent Santelli (l'ermite), Adèle Sossard-Giannesini (la soeur d'Albi), Christelle Benielli (soeur Innocente), Lola Bergoin-Graziani (soeur Octave), Eglantine Labille (soeur Prudente), Jean-Pierre Lanfranchi (le prieur), Frédéric Poggi (le moine docte).
Auteur de courts métrages et documentaires, Jean Breschand aborde sa première fiction avec cette troisième mouture de la légende qui montre cette fois Jeanne dans une féminité assumée, tournant le dos au dogme et entraînant la fonction papale vers l'humilité, l'empathie et la sensualité. Sa Jeanne est une belle ingénue tentant de vivre un féminisme heureux. L'intensité fait défaut, mais reste la question de la place des femmes posée au christianisme. Le scénario puise dans La Papesse Jeanne du romancier grec Emmanuel Roïdis (1866), ouvrage très critique envers l'Église et traduit en français notamment par Alfred Jarry en 1908. Tourné avec peu de moyens de mai-juin en Corse (L'Île Rousse, Cap Corse, Corte), le film décroche le Prix de la Création de la Fondation Gan et le Prix Gérard Frot-Coutaz au Festival de Belfort.