IX - PROCHE- ET MOYEN-ORIENT MUSULMAN

5. Contes et légendes d’Orient

5.3. La légende de Kaïs (Madjnûn) et Laila

La tragédie d’amour la plus populaire du Moyen-Orient - de l’Asie centrale au Maghreb -, qui trouve probablement ses racines dans la Perse babylonienne. L’action se situe dans le Nejd, au centre de la péninsule arabique, sous les Omeyyades. Qays [Kaïs] ibn al-Mulawwah, un beau jeune homme issu d’une grande famille bédouine, tombe éperdument amoureux de sa cousine Laila [Leyla] al-Amriyya, son amie d’enfance. Ne pouvant dissimuler son émotion, il écrit de nombreux poèmes dans lesquels il clame et chante sa flamme brûlante ainsi que son désir d’épouser sa bien-aimée. Mais il se heurte aux traditions nomades qui veulent que les mariages soient arrangés par le chef de famille ; sa passion est unanimement condamnée comme un affront. Le père de Laila refuse de lui donner la main de sa fille et séquestre cette dernière, placée sous bonne garde. Dévoré par sa passion, Kaïs erre désormais en guenilles, renonce à s’alimenter et s’adonne à une création poétique foisonnante dans laquelle il revit l’embrasement illimité de son amour ; on le surnomme « le fou » (Majnûn). Envoyé en pèlerinage à la Mecque (ou dans un temple, selon les versions), ses prières et sa vue sont habitées par Laila. Lorsqu’un de ses compagnons l’avertit de la visite impromptue de sa cousine, il refuse de la voir, car « Laila m’empêcherait un instant de penser à l’amour de Laila ». Désespérée, la cousine se marie sur ordre paternel et quitte la région tandis que Kaïs-Majnûn se retire dans le désert, acceptant pour seuls compagnons les animaux sauvages. On retrouvera le corps du « fou de Laila » sans vie avec, contre lui, un dernier poème dédié à son amour. D’autres versions montrent Kaïs agonisant sur la tombe de Laila, morte de chagrin.
La légende des amoureux qui ne peuvent s’unir que dans l’au-delà fut propagée oralement par les Bédouins au fil de leur déplacements et conquêtes, jusqu’à sa versification définitive en langue persane (Leyli o Majnoun) par le poète et maître soufi Nizâmî Gandjavi en 1188, dans le cadre de son recueil poétique intitulé Le Khamseh, un des sommets des récits d’amour courtois de l’ésotérisme musulman. (Ouvrage qui contient également le récit de Khosrô et Shîrîn, cf. supra). Cette célébration de l’unio mystica avec le Divin est reprise par d’autres soufis, notamment les Perses Rûzbehân Baqlî Shîrâzî (XIIe s.) ou Djalâl ad-Dîn Rûmî (XIIIe s.), l’Andalou Ibn Hazm (Xe siècle), le turcophone Mehmet Fuzûli d’Azerbaidjan (XVIe s.), les Indiens Amir Khosrau (XIIIe s.) et Mian Mohammad Bakhsh (XIXe s.). La matière a inspiré plus prosaïquement le compositeur Uzeyir Hajibeyov en 1908 pour un opéra en 4 actes (le premier de l’Orient musulman) ; en 1916, le poète égyptien Ahmed Shawqî avec Majnoun Laïla (Le Fou de Laïla), sa première pièce ; un poème symphonique de Gara Garayev en 1947, un ballet de Sergej Balassanjan en 1960, un autre de Kasyan Goleizovsky en 1964 et le roman de l’historien arabisant français André Miquel, Laylâ, ma raison, en 1984.
1922Laila Majnu / Laila and Majnu (IN) de Jeejeebhoy Jamshedji Madan
Jal Ariah, Jamshedji Framji Madan/Madan Theatres Ltd. (Calcutta), 9 bob. – av. Harry B. Waring (Kaïs, dit al-Majnûn, « le fou »), Patience Cooper (Laila), Jeanetta Sherwin, Miss Dot Foy.
1927Laila Majnu / Laila and Majnu (IN) de Manilal Joshi
Excelsior Film Co., 2970 m. (muet). – av. Zubeida Begum Dhanrajgir (Laila), Shahazadi, Madanrai Vakil.
1931Laila Majnu / Laila and Majnu (IN) de Kanjibhai J. Rathod
Krishnatone Pictures-Bharat Movietone, Bombay (parlé hindi). – av. Rafiq Ghaznavi (Kaïs, dit al-Majnûn, « le fou »), Jahanara Kajjan (Laila), Rampyari, Rafiq Ghaznavi, Haider Shah, Fatehsingh, Mangle. – Un échec au box office.
1931Laila Majnu / Laila and Majnu (IN) de Jeejeebhoy Jamshedji Madan
Jal Ariah, J. J. Madan/Madan Theatres Ltd. (Calcutta) (parlé hindi). – av. Master Nissar (Kaïs, dit al-Majnûn, « le fou »), Jahanara Kajjan (Laila), Miss Shahla, Schahla [=Khurshid Begum]).
Déjà productrice de la version muette de 1922, Madan Theatres Ltd. fait sensation avec ce remake sonore grâce à l’apport des vedettes chantantes Master Nissar (première superstar du cinéma sonore indien) et Jahanara Kajjan.
1933Laila Majnun (SG) de B. S. Rajhans
Chisty/Motilal Chemical Company of Bombay (Singapour) (parlé malais). – av. M. Suki (Kaïs, dit al-Majnûn, « le fou »), Fatimah Jasmin (Laila), Syed Ali Mansoor Al-Attas. – Premier long métrage produit en Malaisie, interprété par des membres de l’opéra de Singapour.
1936/37Laila Majnu / Leyli va Majnun / Laili-o-Majnoon / Layla and Majnun (IR/IN) d’Abdolhossein Sepanta
Abed Basravi/East India Film Studios (Calcutta), 145 min. – av. Abdolhossein Sepanta (Kaïs, dit al-Majnûn, « le fou »), Fakhr Jabbar Vaziri, Abed Basravi, Manuchehr Arian.
Une version parlée persan (« Iranian Talkie »), produite par le pionnier du cinéma iranien Sepanta (grand spécialiste de Firdousi et de la littérature pré-islamique) en coopération avec la diaspora iranienne de Calcutta. Avec ce film, Sepanta espère créer les bases d’une industrie cinématographique à Téhéran, mais les autorités iraniennes, alors hostiles au cinéma, font la sourde oreille et le film est à peine distribué.
1939Qays wa Layla (Kaïss et Laïlah) (EG) d’Ibrahim Lama
Condor Films (Le Caire), 105 min. – av. Badr Lama (Kaïs, dit al-Majnûn, « le fou »), Amina Rizq (Laïla), Abdel Meguid Chukri, Bishara Wakim, Abbas Fares, Mahmoud El-Meligui, El-Sayed Ziada.
1940Laila Majnu (IN) de Dharamveer Singh
(Punjab).
1941Laila Majnu (IN)
Sarhad Pictures (parlé pushtu).
1945Laila Majnu (IN) de Nayyar & Nazir
Hind Pictures (parlé hindi). – av. Swarnalatha (Laïla), Prem Nazir (Kaïs, dit al-Majnûn, « le fou »), M. Esmail, K. N. Singh, Maqbool, Gope, Khalil, Anita Sharma, Rajrani.
1948Layla al-âmiriyyah (Laïlah l’Amirienne / Princesse Leila) (EG/SY/LB) de Niazi Mostafa
Société Syro-Libanaise pour le cinéma, 115 min. – av. Kouka Ibrahim (Laila), Yahya Chahine, Mahmoud El-Meligui, Rafia El-Chal, Ibrahim Emara, Mohammed Nihad, Ali Rouchdi, Reyad Al-Kassabgui, Chafik Noureddine, Hosni Claude, Abdallah Al-Hussaini.
1949Laila Majnu / Laila and Majnu (IN) de P. S. Ramakrishna Rao
P. S. Ramakrishna Rao, Bhanumathi Ramakrishna/Bharani Pictures, Chennai (parlé telugu-tamoul), 171 min. – av. Paluvayi Bhanumathi (Laila), Rajanala Akkineni Nageshwara Rao (Kaïs, dit al-Majnûn, « le fou »), Chilakalpud Seeta Rama Anjaneyulu (Rakkin Prabhu), Sriranjani (Zarina), Mukkamala Krishna Murthy (Ameer Sarvar), Arani Satyanarayana (Ammer Zamri), Seetharam (Moulvi), Kasturi Siva Rao (Anwar), Hemalatha (Begum), Surabhi Balasaraswathi (Zohrah), K. V. Subba Rao (Kubilaï Khan), Kasturi Siva Rao, Lalita Devi, Mohammad Rafi, Padmini, Shirandjani Jr., Lalita et Padmini (danseuses).
Considéré comme la meilleure version du conte produite dans le sud de l’Inde, ce film (qu’interprète Paluvayi Bhanumathi, l’épouse du réalisateur) présente quelques variantes : Kaïs rencontre Laila à Damas, où il étudie. Â son grand désespoir, la jeune fille est mariée au prince Bakht, de la famille royale d’Irak, mais elle se refuse à lui et rejoint Kaïs dans le désert pour mourir à ses côtés.
1950Laila Majnu (IN) de F. Nagoor
Balaji Pictures, Madras/Chennai (parlé tamil). – av. Pasupuleti Kannamba (Laila), Nagercoil Sudarlaimuthu Krishnan (Kaïs, dit al-Majnûn, « le fou »), Padmini.
1953Laila Majnu / Laila and Majnu (IN) de Gelaram Khetarpal Amarnath
P. N. Arora/All India Pictures (parlé hindi), 133 min. – av. Nutan (Laila), Shammi Kapoor (Kaïs, dit al-Majnûn, « le fou »), Ullhas, Om Prakash, Vasti, Begum Para, Ratan Kumar, Kammo.
1956Leyli va Majnun (IR) d’Ali-Mohammad Nurbakhsh
Zohreh Film (Téhéran), 120 min. – av. Mohsen Farid (Kaïs, dit al-Majnûn, « le fou »), Hushang Mansuri, Mahvash, Hadi Taheri, Akzhar Bichareh, Gholam-Hossein Naghshineh.
1957Laila Majnu (PK) d’Anwar Kamal Pasha
A. Kamal Pasha Prod. (Lahore) (parlé urdu). – av. Bahar Begum (Laila), Aslam Pervaiz (Kaïs, dit al-Majnûn, « le fou »), Ilyas, Shola.
1957Ishq-e-Laila (PK) de J. C. Anand-Munschi Dil
J. C. Anand Liberty Films (Lahore). – av. Sabiha Khanum (Laila), Santosh Kumar (Kaïs, dit al-Majnûn, « le fou »), Ajmal, Allaudin. – Le couple vedette du jeune cinéma pakistanais, Sabiha et son époux Kumar.
« Qays wa Layla » (1959/60) d’Ahmed Dia Eddine.

1959/60*Qays wa Layla (Kais et Laïlah) (EG) d’Ahmed Dia Eddine
Gabriel Talhami, Al-Saïd Sadek, Haig Kevorkian/Aflam Gabriel Talhamy (Le Caire), 110 min. – av. Choukri Sarhane (Kaïs, dit al-Majnûn, « le fou »), Magda Al-Sabbahi (Laila), Omar Al-Hariri (Ward, mari de Laila), Mahmud Al-Sabbaa, Wedad Hamdi, Sahid Khalil, Ezzedine Islam, Mohammed Abaza, Rafeya Al-Shal, Nagwa Fouad, Ali Rouchdi, Mohammed Tewfik, Mohammed Sobeih, Abbas Farès.
Une version en Eastmancolor adaptée de la pièce d’Ahmed Chawqi (1916). « Le film, se souvient A. Raafat Bahgar, rencontra un grand succès grâce à l’exploit, sur le plan poétique, de chacun des interprètes (…), mais grâce également à des scènes comme la folie de Kaïs récitant des poèmes sur la tombe de sa bien-aimée Laïla, morte de chagrin après avoir été séparée de lui » (Egypte : 100 ans de cinéma, éd. Magda Wassef, Institut du Monde Arabe, Paris, 1995, p. 182). Choukri Sarhane et Magda Al-Sabbahi reçoivent le prix d’interprétation au Festival afro-asiatique du Caire en 1960. Prix du meilleur film égyptien de la saison 1960/61 au IXe Festival organisé par la Centrale Catholique du Cinéma Égyptien (C.C.E.C.).
1960Laïla i Madjnun / Leili i Medzhnun (SU) de Tatiana Berezantseva et Gafar Valamat-Sadeh
Tadjikfilm Studio, Stalinabad (Douchanbé), 78 min. – av. Sharaf-banú Turdieva (Laïla), Bogodur Dzhurabaiev (Kaïs, dit al-Majnûn, « le fou »), Vladimir Kormilin (Ibi-Salam), Gazi Niyazov (Noufal), Khadjikul Rakhmatullaiyev (le père de Kaïs).
Un ballet cinématographique en Sovcolor d’après le poème de Nizâmi Gandjavi, sur une musique de Sergej Balassanjan. – DE-RDA : Leili und Medshnun.
1961Skazanie o lubvij [La Légende de l’amour / Les Amours de Laïlah et Madjnoun] (SU) de Latif Safarov
Azerbaïdjanfilm (Bakou), 96 min. – av. Nadar Shashik-Ogly (Kaïs, dit al-Majnûn, « le fou »), Kima Mamedova (Laïla), Gadji Abbassov (Zaïd), Rafik Tagiyev, Gourgen Tonunz. – Tourné en Sovcolor.
1962Laila Majnu (IN) de Pulloottupadathu Bhaskaran
B. N. Konda Reddy, P. Bhaskaran/Kerala Pictures (parlé malayalam). – av. Prem Nazir (Kaïs, dit al-Majnûn, « le fou »), Lakshmanan Vijayalakshmi (Laïla), Thikkurissi Sukumaran Nair (Sarvari, son père), Sathyan (Baqthum, prince d’Irak), T. S. Muthaiah (Amir Ameeri, père de Kaïs), Chandni (Zarina), Adoor Bhasi, Master Radhakrishnan, Sobha, Bahadoor, Shantha, Baby Vilasini, S. A. Jameel, Kochappan, Kodungallor Ammini Amma, Laila.
Produit conjointement par le chef opérateur Konda Reddy et le poète, chansonnier et producteur Bhaskaran, ce film est la première version parlée malayalam ; elle a été tournée aux Studios Vauhini, au Kerala, avec des extérieurs dans le Rajastan, et obtiendra un succès considérable. Quelques variantes dans le scénario : en voyant le désespoir des amoureux, le père de Kaïs, Amir Ameeri, un modeste marchand, se jette aux pieds du père de Laila, le richissime Sarvari établi à la Mecque, et le supplie d’approuver le mariage. Sarvari se laisse attendrir, mais Baqthum, un prince irakien qui vient de se séparer de sa concubine Zarina, exige Laila pour épouse. Laila se marie mais refuse de se donner à lui et rejoint Kaïs dans le désert où les deux périssent dans une tempête de sable.
1962Laila Majnun (SG) de Balakrishna Narayan Rao
Cathay-Keris Co. (Singapour).
1969Nai Laila naya Majnu (PK) de Munnawer Rashid
Niazi Malik Prod. (Lahore). – av. Nasima Khan, Aaliya, Kamal, Lehri.
1970Leyli va Majnun (IR) de Siyamak Yasami
Puria Film, 90 min. – av. Behruz Vosughi, Afarin, Reza Beyk-Imanverdi, Sohra Abisoy, Rafi Holaty, Victoria, Akbar Khajavi, Arman, Habibollah Bolur, Homayun Behdaran, Joleh, Ahmad Ghadakchian.
1973Laila Majnoo (PK) de Riaz Ahmad
(parlé panjabi). – av. Deeba Begum (Laila), Ali Ejaz (Kaïs, dit al-Majnûn, « le fou »), Zeenat Begum, Haidar.
1973/74Dastaan-e-Laila Majnun (IN) de R. L. Desai
R. L. Desai Co. (parlé hindi). – av. Kanwaljeet Singh (Kaïs, dit al-Majnûn, « le fou »), Anamika Saha (Laila), Kanwaljit N. Singh, Jayshree T., B. M. Vyas, S. N. Tripathi, Dulari, Dheeraj Kumar.
1974Laila Majnu (PK) de Hassan Tariq
(parlé urdu). – av. Wajeed Murad (Kaïs, dit al-Majnûn, « le fou »), Rani (Laila), Shahid, Zammurad.
1975Laila Majenun (ID) de Sjuman Djaya
Artis Jaya Film-Matari Film (Jakarta). – av. Farouk Afero, Achmad Albar, Rini S. Bono, Pong Harjatmo, Ida Kusumah, Aedy Moward, Sentot S., Soultan Saladin, Meike Sondakh, Kusno Sudjanwadi, Deddy Sutomo Parto Tegal.
« Laila Majnu » (1976) de Harnam Singh Rawail.

1976Laila Majnu (IN/DE-RDA/SU) de Harnam Singh Rawail
Seroo Daryani & Ram B.C./Nand Mirani Bhagwan S.C.-De Luxe Films, 141 min. (parlé hindi et urdu). – av. Rishi Kapoor (Kaïs, dit al-Majnûn, « le fou »), Ranjeeta Kaur (Laïla), Danny Denzongpa (le prince Bahksh), Ranjeet [=Gopal Bedi] (Tabriz, le frère de Laila), Asrani (Kamraj), Aruna Irani (Zarina), Achala Sachdev (la mère de Laïla), Paintal (Jafran), Raza Murad (Mastan), Iftekhar (l’émir Sharwari), Preeti Ganguli (Gulbadan), Mumtaz Begum (la grand-mère de Laïla), Sunder, Farooque Shorty, Jagdish Raj, Dhanna, Kamal Deep, Tom Alter, Ram Avtar, Dilip Dutt, Hari Om, Feroz, Baby Kim, Master Tito, Kamal Kapoor, Sudhir, Abrar Alvi.
Cette superproduction bollywoodienne coproduite par l’URSS et l’Allemagne de l’Est est filmée en Eastmancolor dans les ateliers à Bombay (Chandivali Studio, Essel Studio, Filmistan Studio, R. K. Studios, Shree Sound Studio) et à Tardeo (Famous Cine Studio), avec son lot de mélopées (Madan Mohan, le compositeur, décède en cours de route et doit être remplacé par Jaidev). Le film, écrit par Abrar Alvi (un fidèle collaborateur de Guru Dutt), reprend d’autres variations de la légende accumulées au fil des siècles : Bien qu’ils appartiennent à des clans ennemis depuis des générations (les Amaris et et les Sharwaris), les enfants Kais et Laila vont à l’école dans la même madrassa ; l’enseignant leur demande d’écrire plusieurs fois le nom d’Allah sur leurs feuillets, mais, distrait, Kaïs écrit à la suite celui de Laila. Lorsque le maître furieux frappe violemment la paume du garçon, stupeur, c’est la main de Laila qui se met à saigner. L’incident miraculeux effraie la parenté, le père de Laila, soucieux de sa réputation, retire sa fille de l’école. Ils se revoient adultes et c’est le coup de foudre mutuel. Tabriz, le frère colérique de Laila, assassine le père de Kaïs et ce dernier le tue à son tour. Kaïs est exilé dans le désert. – Le film est resté inédit en Allemagne de l’Est.
1976Laila Majnu (IN) de Sachin Adhikari
(parlé bengali). – av. Jahar Roy.
1979Laila Majnu (BD) d’Ibne Mizan
(Bangladesh)
1982Laila Majnu ki Nai Nautanki / The Folk Tale of Laila and Majnun (IN) de Muzaffar Ali
(parlé hindi). – av. Anupam Kher (Kaïs, dit al-Majnun, « le fou »), Asha Tiwari (Laila).
1986Love and God / Kais aur Laila (IN) de Karimuddin Asif, Mohd Mehdi Rizvi et Akhtar Asif
K. C. Bokadia, Akhtar Asif Pictures (parlé urdu), 141 min. – av. Nimmi [=Nawab Banoo] (Laila), Sanjeev Kumar (Kaïs, dit al-Majnûn, « le fou »), Jayant (l’émir de Bassorah, père de Laila), Nasir Hussain (l’émir du Yémen, père de Kais), Pran (Ign-e-Salaam), Lalita Pawar (la mère de Kaïs), Amjad Khan (l’esclave éthiopien), Simi Garewal (Gazala), Achla Sachdev, Asha, Agha, Murad, Nazima (Nauheed), Randhir.
Le film place l’intrigue dans un contexte plus dramatique (les deux familles respectives de Kaïs et Laila se haïssent et s’affrontent avec leurs hommes de main armés lorsque le jeune héros tente de revoir sa bien-aimée à Bassora, où elle est séquestrée), Kaïs est grièvement blessé par la garde de l’autre clan. Le script souligne la dimension métaphysique et symbolique du récit (visible déjà dans le titre) et reprend l’épisode miraculeux de l’enfance à la médersa et de la main ensanglantée (cf. supra, film de 1976) ; à la fin, Laila s’en va prier dans un dargâh (tombe d’un saint soufi) dans le désert où, épuisée, elle rend l’âme aux côtés de Kaïs.
L’histoire de production de cet ouvrage est longue et accidentée : le film est commencé en 1963 (en Eastmancolor) sous la direction de Karimuddin Asif (responsable de la superproduction historique Mughal-e-Azam / Akbar le Grand, 1960), avec le fameux cinéaste-comédien Guru Dutt, en fin de carrière, dépressif et alcoolique, et Nimmi dans les rôles des amants ; le suicide de Dutt, en octobre 1964, compromet tout. Asif retourne toutes les séquences où apparaît Dutt, remplacé par Sanjeev Kumar, mais le réalisateur décède lui-même en mars 1971, à l’âge de 47 ans, et le tournage est à nouveau interrompu. L’assistant d’Asif, Mohd Mehdi Rizvi, filme des séquences encore manquantes, mais l’œuvre reste partiellement inachevée. En 1986, la veuve du réalisateur, Akhtar Asif, sort le film dans une version plus ou moins complète, ayant retrouvé et remonté trois copies différentes.
1989Qays wa Layla / Majnun Layla / Layla, ma raison / Layla, mia ragione (TN/DZ/FR/IT) de Tayeb Louhichi
Tanit Production (Tunis)-Centre Algérien pour l’Art et l’Industrie Cinématographique (CAAIC)-Centro Orientamento Educativo (COE)-ENPA (Alger)-Atria Film (Paris), 107 min./90 min. – av. Safy Boutella (Kaïs, dit al-Majnûn, « le fou »), Anca Nicola (Laïla), Abderrahman Al-Rashi (le père de Laila), Tarik Akan (le père de Kaïs), Mouna Noureddine (la mère de Laila), Fatma Ben Saidane (Amina, la nourrice muette), Fatima Helilou (la mère de Kais), Hichem Rostom (le mari de Laila), Sid Ahmed Agoumi (l’envoyé du prince).
Adaptée du roman Laïla, ma raison d’André Miquel (1984) et filmée avec une lenteur toute mesurée dans le Sahara tunisien, cette production offre un éclairage plus moderne et quasi contestataire de la légende (éloge de la tolérance et des marginaux, appel à la liberté face aux coutumes archaïques). Les poèmes scandaleux de Kaïs, ode au corps de la jeune femme, vont à l’encontre des bonnes mœurs et le père offusqué de Laila, musulman rigide, interdit à Kaïs de la revoir. Kaïs s’obstine jusqu’à la folie ; son absence d’autoréflexion, sa fragilité psychologique et ses idées désincarnées le mènent à sa perte, tandis que ses vers le rendent célèbre. Quant à Laila, objet d’amour, recluse et soumise, elle doit s’effacer. But de toutes les incartades de Kaïs, elle demeure absente, voilée, enfermée, obligée de se marier avec un inconnu. Quand Kaïs apprend la nouvelle, il sombre dans le désespoir le plus profond, se brûle les mains et décide de rester pour toujours sur le lieu où il a assisté au départ définitif de Laila. Un matin, il retourne dans le désert. Amina, sa nourrice muette, retrouve ses traces et reste à ses côtés, devenant jusqu’à sa mort le seul lien qui le rattache au monde des hommes. Le film n’évite pas toujours les facilités et clichés de la belle photographie, mais la force du jeu de Safy Boutella, un compositeur, arrangeur, musicien et metteur en scène algérien, emporte l’adhésion. L’œuvre est présentée à la Mostra de Venise 1989 et au Festival des 3 Continents à Nantes 2016, elle remporte le Grand Prix du Public à Milan 1990 (Festival du cinéma africain) et se voit primée au festival de Ouagadouglou 1991 (meilleur son et meilleure image). – DE : Layla.
1992Laila Majnu (IN)
av. Sridevi [=Shree Amma Yanger] (Laila).
2007 – [Aaja Nachle / Come, Let’s Dance (IN) d’Anil Mehta ; Aditya Chopra Prod., 146 min. – av. Konkona Sen Sharma (Laila), Kunal Kapoor (Kaïs, dit al-Majnûn, « le fou »), Jugal Hansraj (le frère de Laila), Divya Dutta (la mère de Laila). – Une production chantante et dansante de Bollywood (Film City Bombay) racontant comment un chorégraphe établi à New York rentre en Inde, à Ajanta, pour y monter un grand spectacle sur Kaïs et Laila.]
2010(tv) Majnoun Leila (LB)
Marwa Group-Future Television-Murr Television. – av. Rita Barsona (Laila), Yorgo Chalhoub (Kaïs, dit al-Majnûn, « le fou »). – Télésérie libanaise.