IX - PROCHE- ET MOYEN-ORIENT MUSULMAN

5. Contes et légendes d’Orient

5.5. Nasreddine Hodja / Goha

- aussi appelé Nasr ed-Dîn Khodja [Hodja], ou Nasriddin Affandi en Ouzbekistan, Gohâ en Égypte, Djeha ou Joha dans le Maghreb, Ch’hâ dans la tradition populaire juive et Srulek en Pologne. C’est le Till l'Espiègle du Moyen-Orient, tour à tour poète farceur et roublard, sage et philosophe (formé à Konya chez les derviches, dit-on), laid (parfois), couard et subversif, bouffon insolent, anti-héros populaire qui pourfend avec humour et une intelligence faussement naïve l'oppression, la corruption, l'injustice et la vanité des puissants dans tout le monde musulman, d’Albanie jusqu’en Mongolie … quand il ne tient pas tête à de terribles envahisseurs comme le Turco-Mongol Tamerlan (au XIVe siècle). Ses attributs : un énorme turban et un âne. Il feint la folie ou le crétinisme pour transmettre ses leçons de vie et bousculer les conventions établies. L’imaginaire populaire a attribué à ce sage excentrique d’innombrables aventures cocasses ; à Boukhara, une statue lui rend hommage. Une datation est impossible : selon certaines sources, il aurait vécu au VIIIe siècle à Koufa (Irak), d’autres tombes le situent en Anatolie ou en Algérie au XIIIe siècle. Une autre source encore place son parcours à la fin de la période des Mamelouks, avant la conquête ottomane, soit au XVIe siècle. La vérité est que Nasreddine et ses « sublimes paroles et idioties » (Jean-Louis Maunoury) sont de partout et de tous les temps, comme le rappelle aussi Faouzi Skali, spécialiste du soufisme, dans son Sagesses et facéties de Joha - 70 contes spirituels et leurs messages cachés (Le Courrier du Livre/Trédaniel, Paris 2023).
1929Gohâ (EG) de Jacques Schutz
Alvisi Orfanelli, Jacques Schutz, Giaccomo Puccini/Société du Film artistique égyptien, Le Caire. – av. Gabriel Naoum, Fouad Helmi. – Les débuts du cinéma populaire égyptien (muet) sous les auspices de producteurs italiens et français.
1932Gohâ wa Abu Nawwâs (Goha et Abou Nawwâs) (EG) de Manuel Vimance
av. Khaled Chawki, Ismail Zaki. – L’amitié entre Goha et le « poète ivrogne » Abu Nawwâs est mise à mal par leurs fiancées respectives. Décédé vers 815 à Bagdad, l’authentique Abu Nouwâs/Nawwâs est célèbre pour ses vers érotiques et bacchiques ; personnage haut en couleurs, il apparaît également dans plusieurs contes des Mille et Une Nuits.
1933[Gohâ wa Abu Nawwâs mousawirân (Goha et Abu Nawwâs photographes) (EG) de Manuel Vimance. – av. Ismael Zaki, Khaled Chawki. – Comédie moderne, preuve que les deux protagonistes appartiennent à toutes les époques.]
1938Nastradin Hodzha i Hitâr Petâr [=Nasreddin Hodja et Pierre l’Espiègle] (BG) d’Alexander Vasov
Alexander Yanakiev Prod. (Sofia). – av. Stoan Bachvarov (Nasreddine), N. Gavazova (sa femme), Asen Kandurov (Hitâr Petâr/Pierre le rusé), Tseja Ivanova (sa femme), Itko Stoyanov (Bakalinat Kir Yani), Pop Trifon (le pope), Asparuh Temelkov, Dimitar Keranov, Georgi Markow, Encho Tagarov, Simeon Yotov, Nikola Gavazov, St. Yordanov, Ev. Valkov, Hristo Hristov.
Personnage du folklore bulgare sous le régime ottoman, l’employé de ferme Pierre l’Espiègle alias Hitâr Petâr est ici le compagnon constant, l’adversaire noble et l’ami fidèle de Nasreddine dans leur lutte commune contre l’injustice sociale. Synthèse de plusieurs saynètes, incidents et anecdotes amusantes, le film se moque des autorités turques, des riches propriétaires bulgares et du clergé grec (en incluant plus de quatre-vingt proverbes).
1940-42Nasrettin Hoca dügünde [=Nasreddine à la fête de circonsision] (TR) de Muhsin Ertugrul et Ferdi Tayfur
Ihsan Ipekçi, Kani Ipekçi/Ipek Film (Istanbul). – av. Hazim Körmükçü (Nasreddine), Necla Sertel, Sait Köknar, Resit Gürzap, Kani Kipçak, Sami Ayanoglu, Yasar Özsoy, Muazzez Arçay, Sükriye Atav, Resit Baran, Sait Kaya, Sadettin Kaynak, Müfit Kiper, Müzzeyen Senar, Zati Sungur, Ferdi Tayfur, Yasar Özsoy.
1943*Nasreddin v Bukhare [=Nasreddine à Boukhara] (SU) de Yakov Aleksandrovic Protazanov et Nabi Ganiev
Tachkent Film Studio-Uzbekkino, 2339 m./89 min. – av. Lev Sverdlin (Nasreddine), Konstantin Mikhailov (l’émir de Boukhara), M. Mirzakarimova (Gouldjane), Emmanuil Geller (Djaffar), Vassili Saïtchikov (Niyaz, père de Gyuldjan), Stepan Kayukov (le vizir Bakhtiar), Matvei Lyarov (Arslanbek), Nikolaï Volkov (Hussein-Husliya), A. Talitov (Yusup), Asad Ismatov (Ali), Ivan Bobrov, M. Mirakilow, Rakhim Pirmukhamedov.
 Synopsis : Nasreddine se rend à Boukhara sur son petit âne. L’émir est en train d’y présider un procès, car Niyaz, le potier, a une dette envers le riche usurier Djaffar et le jugement lui ordonne de lui rendre son argent dans l’heure. Le pauvre potier n’a pas d’argent et doit donc tomber en esclavage avec sa fille Gouldjane, destinée à devenir la concubine de l’affreux usurier. Nasreddine enlève Guldjane, dont il est tombé amoureux. Djaffar rapporte les faits à l’émir qui demande aussitôt que l’on se saisisse de l’insolent qui a osé contrevenir à la loi et perturber la paix sociale. Nasreddine prend la fuite, puis se déguise en savant astrologue de Damas afin de sauver sa bien-aimée, enfermée cette fois dans le harem personnel de l’émir. Promu conseiller royal, le faux astrologue fait libérer plusieurs prisonniers politiques, organise l’évasion de Guldjane à la barbe du satrape stupide et de son gros vizir, puis sauve ses amis en se constituant prisonnier. On condamne Nasreddine à mort par noyade, mais c’est Djaffar qui est enfermé dans le sac jeté à l’eau par les bourreaux de l’émir, tandis que Nasreddine se mêle aux badauds et prend discrètement le large avec Guldjane.
À partir de cet ultime film de Yakov Protazanov – découvreur d’Ivan Mosjoukine, vétéran prestigieux du cinéma russe (depuis 1912) puis soviétique -, Nasreddine devient un héros récurrent du cinéma communiste dans les républiques d’Asie, une sorte de personnage-soupape comique qui permet de dénoncer par le ridicule les dérapages d’un régime férocement oppressif tout en prenant la défense des défavorisés et participer ainsi à la « lutte des classes » officielle. Sujets et ateliers des républiques limitrophes prennent de l’importance, les studios de Moscou et de Leningrad ayant été déplacés à l’Est en raison de l’avancée de la Wehrmacht. Le scénario est une adaptation de Quelqu’un troubla la fête/L’Agitateur, un récit satirique tiré du roman Le Conte de Nasreddine (1940) de Leonid Soloviev (lui-même coscénariste). Le tournage a lieu aux studios de Tachkent, en République d’Ouzbékistan, avec Lev Sverdlin (un disciple de Meyerhold et Maïakovski) dans le rôle-titre, malicieux et pétillant à souhait ; Protazanov, qui a souffert d’une crise cardiaque (il décédera deux ans plus tard), est assisté du cinéaste ouzbèque Nabi Ganiev. En 1946, Soloviev est accusé par Staline de conspirer contre l’URSS et l’écrivain sera interné dans plusieurs goulags jusqu’en 1954, date à laquelle il fera paraître la deuxième partie de son roman, Le Prince enchanteur, filmé en 1959 (cf. infra). – DE-RDA : Nasreddin in Buchara, GB : Adventures in Bokhara.
1946Pokhozhdeniya Nasreddina [=Les Aventures de Nasreddine] (SU) de Nabi Ganiyev
Uzbekfilm-Tachkent Studios-Soyuzdetfilm, 79 min. – av. Razak Khamrayev (Nasreddine), Rakhim Pirmukhamedov (Bezborodi, l’imberbe), Abid Djalilov (Agabek), Yuldus Ryzayeva (Zulfi), Kabil Halikov (Saïd), Khaila Ganiyeva (Arzibibi), Seifi Alimov (l’agent de change), Saat Talipov (le bey Agabek).
Synopsis : En passant devant un village de Kokand, Nasreddine sauve la vie du jeune Saïd qui lui apprend les méfaits du bey Agabek, le propriétaire du lac voisin. Celui-ci exige des paysans qui doivent se servir de l’eau du lac une somme d’argent inabordable ou la livraison d’une fille du village. Quinze jeunes filles ont déjà été sacrifiées à la lubricité d’Agabek, et maintenant c’est le tour de Zufli, la fiancée de Saïd. Exploitant l’extrême cupidité et la bêtise du bey, Nasreddine lui échange le lac contre son âne qu’il fait passer pour le prince de Khorezme enchanté par le Mauvais Esprit. Il fait ensuite cadeau du lac à tous les villageois en les enjoignant de ne jamais considérer l’eau comme leur bien, mais de s’en servir en commun. – Suite du film de 1943 (cf. supra), également tiré d’épisodes de l’œuvre de Leonid Soloviev (1940). – DE-RDA : Nasreddins Abenteuer.
1947Gohâ wa-l-sab’banât (Goha et les sept filles) (EG) de Fouad Al-Gazaerli
Aflam Film El-Gazaerli (Le Caire), 105 min. – av. Serag Mounir (Goha), Mimi Chakib, Beba Faz Eddine, Ahmed El Biya.
1952Mismar Goha (Le Clou de Goha) (EG) d’Ibrahim Emara
av. Abbas Faris (Goha), Shadyah, Kamal Al-Chennawi, Zaki Rustom, Chahrazade, Ismail Yasseen.
Dans la ville de Koufa, en Irak, sous l’occupation ottomane. Goha, un saint homme, est affairé à consoler ses concitoyens victimes de la corruption du pouvoir et leur rappeler les sages préceptes de la religion. Le gouverneur turc le fait incarcérer, mais avec l’aide de son beau-fils, Goha parvient à le ridiculiser et à faire rire ses concitoyens. Comédie satirique d’après un roman de l’écrivain égypto-indonésien Ali Ahmed Bakathir.
1954Nasrettin Hoca / Nasreddin Hodja (TR) de Talât Artemel
Halk Film (Istanbul). – av. Talat Artemel (Nasreddine), Halide Piskin, Fatma Andaç, Melahat Içli, Atif Kapan, Muhterem Nur, Nimet Alp, Muharrem Gürses, Turhan Göker, Ali Küçük.
1954Nasrettin Hoca ve Timurlenk [=Nasreddine Hodja et Tamerlan] (TR) de Faruk Kenç
Volkan Film (Istanbul), 71 min. – av. Ismail Dümbüllü (Nasreddine), Halide Piskin, Zeki Alpan, Ali Üstuntas, Alev Elmas, Salih Tozan, Sahin Atesalp, Tamer Baki, Inci Birol, Münevver Coskun, Vehdi Eskin, Adil Güldürür, Muzaffer Hepgüler, Aydin Ince, Cemal Karakas, Vedat Karaokçu, Alev Koral, Hüseyin Mat.
Anatolie en 1402, après la bataille d’’Ankara. En le distrayant par ses farces et des musiciens, Nasreddine tient tête au terrible conquérant turco-mongol Tamerlan (Timour Lang) et parvient même, à conserver la sienne sur ses épaules grâce à son humour, à sa malice et à sa sagesse. Par la même occasion, il sauve la vie de plusieurs de ses compatriotes emprisonnés.
1957[Animation : Molla Nasreddin (IR) d’Esfandiar Ahmadie, Iranian Ministry of Culture, c.m.]
1958**Gohâ / Goha le Simple (FR/TN) de Jacques Baratier
Armand Becué/Films Franco-Africain-Union Générale Cinématographique (UGC)-Secrétariat d’État à l’information du Gouvernement Tunisien (Béchir Ben Yahmed), 83 min. – av. Omar Sharif (Goha), Zina Bouzaïane (Fulla), Gabriel Jabbour (Sayed Khamis), Lauro Gazzolo (Taj-el-Ouloum), Daniel Emilfork (l’aveugle Ibrahim), Claudia Cardinale (Amina, l’amie de Fulla), Annie Legrand (Loulou), Fatna Bent’Lahsen (Chams), Hassiba Rochdi (la tante de Fulla), Ahmed Bouleïman (le premier maître), Taha Bel Hadj (le deuxième maître), Mohamed Bel Hadj (le troisième maître), Mohamed El Medeb (le quatrième maître), Zohra Faiza (Farideh), Mohamed Bouchakour (Mounir), Ahmed Bouraoui (le barbier), Salah El Meddi (le père de Fulla), Ahmed Zogdan (le patron du café), Fatma (Anisseh), Ito Ben Lahsen (Chams), Jean Laugier (l’écrivain public).
Synopsis : Goha, pauvre garçon naïf et ignorant, ne sait rien de la vie et ne se sépare jamais de son âne. Il semble poursuivre son ombre au lieu de travailler et de devenir un homme. Dans le voisinage de Goha habite Taj-El-Ouloum, un savant respecté et admiré de tous. Vieillissant, il veut se remarier. Ses femmes lui choisissent comme nouvelle épouse une toute jeune fille, Fulla. Mais bientôt celle-ci s’ennuie dans le palais de son vieil époux. Elle cherche à combler le vide de sa vie et s’éprend de Goha qui répond aussitôt à son amour. Trompant la vigilance paternelle, il revient la voir chaque nuit. Lorsque Taj-El-Ouloum découvre son infortune, il répudie Fulla. Tandis que Fulla est mise à mort par son père, Goha est chassé de la maison paternelle et devient la honte du village.
Conte tragique d’une beauté limpide et d’une émouvante simplicité, « Goha » est le premier long métrage de Jacques Baratier, franc-tireur nomade du jeune cinéma français. À ses yeux, le film représente « le malaise d’un homme dans la société, le désir d’une vie en poésie. » Baratier demande à l’auteur dramatique libanais Georges Schéhadé de lui confectionner un scénario (inspiré fort lointainement) de Le Livre de Goha le Simple, un roman des Égyptiens francophones Albert Adès et Albert Josipovici. Ce roman, paru en 1919, préfacé par Octave Mirbeau, traduit en sept langues et nominé au Prix Goncourt, aligne une suite de variations autour de l’ingénu folklorique Goha. Schéhadé transforme le héros en un simple d’esprit sans rémission. « Dans le livre, raconte Baratier, Goha était devenu tragique, car les auteurs avaient mis leur mysticisme juif. Schéhadé, qui était libanais, l’a ré-arabisé, dirigé vers un Orient plus arabe. De sorte que le film a trois sources : une source musulmane, une source juive et enfin une source chrétienne orientale, celle de Schéhadé qui est issu d’une famille arabe depuis plusieurs siècles. » La version parlée arabe du script est confiée à Mustapha Farsi. Le financement est laborieux ; en Afrique du Nord, seule la Tunisie, venant d’accéder à l’indépendance, entre en matière. Pour incarner Goha, Baratier engage Omar Sharif, vedette révélée par Youssef Chahine au Caire, mais encore inconnue en Occident (né Michel Chalhoub à Alexandrie, le comédien est un chrétien libanais fraîchement converti à l’islam pour pouvoir épouser la star égyptienne Faten Hamama) ; quoique le rôle soit très éloigné de sa personnalité, Sharif se laisse convaincre. Pour le rôle de Fulla, Baratier envisage une jeune Sicilienne de Tunis, Claudia Cardinale, 20 ans, mais les autorités locales exigent l’engagement d’une Tunisienne, la danseuse Zina Bouzaïane, et elle doit se contenter d’un rôle secondaire (elle percera en Italie dès l’année suivante).
Le tournage en Agfacolor se déroule de mars à juin 1957 en décors naturels à Hammamet, Tunis, Kairouan, Ras El Djebel et Djerba. Le film sort sous pavillon tunisien au Festival de Cannes, en avril 1958, où il récolte le prix Premier regard « pour son originalité poétique et la qualité exceptionnelle des dialogues de Schéhadé », le prix de la photographie (Jean Bourgoin), ainsi que plusieurs critiques dithyrambiques. Georges Sadoul se dit fasciné par ses tonalités : « Chaque image est un ravissement où chantent l’azur, l’orange, le pourpre, la menthe et la plus belle des couleurs : le blanc » (Les Lettres françaises) ; Jean-Luc Godard (Arts) déclare : « ‘Goha’ est un film presque incritiquable. Il ressemble à l’Albatros de Baudelaire. Sa beauté est aussi maladroite que belle sa maladresse. » Plus mitigé, François Truffaut estime néanmoins qu’« il y a plus de poésie dans ‘Goha’ que dans les autres films du festival » (Cahiers du Cinéma no. 84, juin 1958), son mentor André Bazin parle d’une « entreprise bouleversante de nouveauté et de sincérité » (France Observateur), tandis que Jacques Audiberti salue « un film qui a l’odeur des fées » (Arts, 8.4.59). Mais le distributeur français attend un an avant de l’exploiter en salles à Paris où, sorti en plein essor de la Nouvelle Vague, il a du mal à trouver son public. Le film est aussi mal reçu au Maghreb, car son héros ne correspond nullement à l’image attendue du J’ha tunisien, séduisant, plein d’esprit et de malice. « En dépit de cet échec, note Bernard Bastide, « ‘Goha’ aura joué un rôle important, en prouvant que l’on pouvait représenter l’Afrique du Nord autrement qu’avec des clichés, en jetant les bases d’une industrie cinématographique locale et en ouvrant la voie à de futures coproductions franco-tunisiennes » (Cinémathèque Française, 10.2.11). Acclamé au Caire, le film est interdit par la censure au Liban. – IT. I giorni del amore.
1959Nasreddin v Khodjent, ili Otcharovannyi prints [Nasreddine à Khodjent ou Le Prince enchanté] (SU) d’Amo Bek-Nazaryan et Erazm Karamyan
Tadjikfilm Studio, Stalinabad (Douchanbé), 85 min. – av. Gurgen Tonunts (Nasreddine), Marat Aripov (Saffar, le voleur de Bagdad), Stalina Azamatova (Zumrad), Takhir Sabirov (Rashid, prince héritier de Boukhara), Shamsi Dzhurayev (Komil-Bek), Dilbar Kasymova (l’épouse de Nasreddine), Mukhamedzhan Kasymov (le khan de Khodjent), Abdulkhair Kasymov (le devin).
Synopsis : Alors qu’on le croit mort, noyé sur ordre de l’émir de Boukhara, Nasreddine se rend incognito à Khodjent, au nord du Tadjikistan, où, fidèle à lui-même, il aide les faibles et sans défense, et rétablit la justice. Il y rencontre Saffar, le légendaire voleur de Bagdad, se lie d’amitié avec lui et ensemble, ils escroquent gaiement les édiles corrompus que le tyran local, le khan de Khodjent, a mis en place pour s’enrichir aux dépens de la population. Nasreddine s’improvise conseiller avisé du khan. Attendu avec crainte, Rashid, le stupide et arrogant prince héritier de Boukhara, s’est déguisé en pauvre pèlerin pour surprendre ses hôtes, mais la milice, qui ignore ses traits, le déclare fou et le jette en prison, tandis que le voleur de Bagdad prend sa place. Accueilli avec faste, celui-ci destitue le khan et le fait mettre en chaînes, puis, avec l’aide de Nasreddine, libère les 40 jeunes filles réduites en esclavage parce que leurs familles ne pouvaient pas payer les impôts indécents levés par le tyran. À titre personnel, le voleur se réserve la jolie Zumrad, la fille plus que consentante du boulanger.
Un film en Sovcolor tiré de la deuxième partie du roman Le Conte de Nasreddine de Leonid Soloviev, intitulé Le Prince enchanté (cf. supra, film de 1943) … un texte rédigé dans le goulag de Dubravlag vers 1950, et publié pour la première fois en 1954. « Conte » ou règlement de « comptes » ? Du cinéma un peu bancal, moral et bavard, mais les têtes enturbannées et édentées n’ont rien d’hollywoodien, et les coupoles de mosquées sont authentiques. En revanche, petit clin d’œil sympathique, le voleur de Bagdad est grimé et costumé exactement comme Douglas Fairbanks dans le film muet de 1924 ! – DE-RDA : Nasreddin in Chodshent.
1959(tv) Nasreddin und der Wucherer [=Nasreddine et l’usurier] (DE-RDA) d’Ursula Nonnewitz
Deutscher Fernsehfunk (DFF 24.4.59), 52 min. – av. Ralph Bregazzi (Nasreddine), Friedrich W. Dann, Walter E. Fuss, Peter Paul Goes, Peter Groeger, Peter Kalisch, Günter Margo, Fritz Melchior, Frank Michelis, Helga Piur, Gerhard Schinschke.
1965Nasreddin Hoca / Nasreddin Hodja (TR) de Yavuz Yalinkiliç
Erten Film (Istanbul). – av. Ismail Dümbüllü (Nasreddine), Gürdai Onur, Mürüvet Sim, Ali Ekdal, Timuçin Caymaz.
Nasreddine baillonné est pris pour cible par la soldatesque (« Les 12 tombeaux de Nasreddine Hodja »).
1966Dvanadeset [12] mogil Khodzhi Nasreddina [=Les douze tombeaux de Nasreddine Hodja] (SU) de Klimenti Mints
Tadjikfilm Studio (Douchanbé), 74 min. – av. Bashir Safar Ogly (Nasreddine), Stalina Azamatova (Zarina Burkhanova), Nikolay Kuzmin, Klimenti Mints, Rakhim Pirmukhamedov, Nozukmo Shomansurova, Aleksei Smirnov, Lev Stepanov, Evgeniy Vesnik, Mikhail Aronbayev.
Le film se déroule en deux temps : la première partie se joue à Boukhara dans le passé légendaire, alors que Nasreddine essaie toujours d’échapper à la mort pour ses « crimes » contre les dirigeants. Il est promené dans la cité, bâillonné sur son âne. Alors qu’il est condamné à être décapité, le fer de la hache s’envole et assomme le tyran ; précipité dans le vide depuis une tour, il tombe dans la litière d’une belle de passage ; son écartelage aboutit à une catastrophe pour l’assemblée, etc. La deuxième partie se déroule dans le présent : Nasreddine (statufié) saute de son piédestal et se promène à travers les rues de la ville moderne pour constater que le pouvoir lui est toujours aussi hostile…
1968(tv) Gohâ (TN) de Noureddine Chouchane
TVT (Tunis). – av. Abdellatif Hamrouni (Goha).
1971Nasrettin Hoca (TR) de Melih Gülgen
Topkapi Film (Istanbul). – av. Ismail Dümbüllü (Nasreddine), Mürüvet Sim, Yesim Yükselen, Aziz Basmaci, Hayri Caner, Dogan Tamer, Münir Özkul, Mehtap Anil, Nazan Gürsoy.
1977Pervaya lyubov Nasreddina [=Le premier amour de Nasreddine] (SU) d’Anvar Turaev
Tadjikfilm Studio (Douchanbé), 75 min. – av. Sokrat Abdukadyrov (Khodja, dit Nasreddine), Nino Dolidze (Souheïl, fille du khan), Ato Mukhamedzhanov (Roustam, le forgeron), Khashim Gadoyev (Talgat-bek), Zafar Javadov (un guerrier montagnard), Farukh Kasymov (le vizir Kara-Buton), Mushrafa Kasymova (Lialak, mère de Nasreddine), Abdusalom Rakhimov (Ilyas), Khaydar Shoymardanov (Mustafa, père de Nasreddine), Makhmudzhan Vakhidov (le derviche).
Une parabole poétique de l’adolescence imaginée par l’écrivain Zulfikarov Timur, filmée en Sovcolor et Sovscope à Isfara, Douchanbé et en Ouzbékistan, à Khiva. – Synopsis : Nasreddine s’ennuie dans le petit village de montagne auprès de ses parents. Ayant sauvé la vie du khan, menacé par un serpent, le jeune Nasreddine est invité au palais où il tombe amoureux de Souheïl, la fille du seigneur. Mais le vizir Kara-Buton se met en travers de leur amour et fait assassiner Roustam, le forgeron qui facilitait leurs rendez-vous secrets. Nasreddine est jeté dans un cachot sous-terrain ; il s’évade, libère les autres détenus et venge le forgeron. Puis, après avoir pris congé de Souheïl et fait ses adieux à son village natal, amer mais devenu plus sage, il commence sa légendaire carrière en s’engageant sur la Route de la Soie.
1984(tv) Nasredin (CZ) de Zdenek Kaloc
Magda Bocková Prod. (Prague), 46 min. – av. Zdenek Junák (Nasreddine), Karel Misurec (l’informateur), Jirí Prichystal (le propriétaire terrien), Josef Karlik (le marchand), Ondrej Mikulásek (le pauvre), Jaroslav Fert (le kadi), Jaroslav Kunes (Kulhavy Timur), Stanislav Zindulka (l’astronome), Jacomir Rostinsky, Milan Vágner et Leopold Franc (les trois vizirs), Zdenek Cernin, Jan Cisárik, Otakar Dadák, Jan Grygar.
1979-1988[Animation : (tv) A fán tí de gùshi (Les histoires d’Afanti) (Chine) de Osamu Tezuka. – Télésérie en 14 épisodes produite à Shanghai (Hanyu pinyin Shànghai meishù dianying zhipiànchang).]
1989Vozvrashtchenie Khodzhi Nasreddina [=Le retour de Nasreddine Hodja] (SU) de Rein Liblic
Gorki Film Studios-Kontakt, 92 min. – av. Ramaz Chkhikvadze, Ildar Shadayev, Gombozhavin Gombosuren, Mark Tumarkhani, Aslan Rakhmatullayev, Seseg Sharapova, Khurgulek Kongar, Anzhela Garibova, Marina Kotiyarova, Zeinab Bangiyeva, Basta Tsydenov, Irina Pantaeva, Tamara Yandiyeva, Makhabbat Samadova.
1993(tv) Faits et dits de Nasreddin (FR) de Pierre-Marie Goulet
Les Films de l’Estran, 6 x 10 min. – av. Jean-Pierre Sentier (Nasreddine), Claude Duneton, Teresa Garcia, Bernard Meulien. Thierry Froidecourt, Lucien Gourong, Mouloud Belaidi, Pierre Maniez. – La sagesse populaire orientale à dimension supranationale. Une série de saynètes courtes filmées à Causse Méjean, en Lozère.
1998(vd) Nasrettin Hoca ve Deli Oglan [=Nasreddine Hodja et le garçon fou] (TR) de Fikret Ertugrul
Fanatik Klasic Film, 59 min. – av. Mehmet Özden (Nasreddine), Osman Gidisoglu, Tolga Öz, Aziz Özuysal, Figen Özmis, Suzan Yurdakul, Sahin Durak, Gözde Çat, Baki Ögut, Necati Kurnaz, Resul Akverdi
1999(vd) Nasrettin Hoca ya Tutarsa [=Nasreddine Hodja et le tuteur] (TR) de Esat Sekerloglu
Fanatik Klasic Film, 82 min. – av. Aziz Özuysal (Nasreddine), Ali Güney, Hanifi Simpil, Cevdet Balikçi, Ihsan Gedik, Mehmet Özden, Kamil Zaim, Mehmet Bereket, Halit Sunal, Sonay Özden, Atilla Yigit, Bilge Sinan.
2004Afandj va Azroil / Khodja Nasreddin i Asrail [=Nasreddine Hodja et Azraël] (UZ) de Hilol Nasimov
Uzbekkino 5-Studiya (Tachkent), 73 min. – av. Radjab Adashev (Nasreddine), Murad Rajabov (Azraël, l’ange de la mort), Erkin Komilov (Padishah/le sultan Hazrat Khizir), Farhod Abdullayev (Begtash), Mudakkas Halikova (la femme âgée de Begtash), Karamat Isamova (la seconde femme de Begtash), Ravhan Slihov (Mullah), Abdunabi Tulyaganov (Ahmad Ali, le voleur), Dilbar Ikramova, Abdusattar Abdullaev.
Nasreddine ruse et négocie avec Azraël, l’ange de la mort qui pénètre dans toutes les demeures (d’après les histoires de l’écrivain ouzbek Gafur Gulam).
2005Nasreddin, son âne et les voleurs (FR) de Michel Garnier
Michel Garnier/Abaca Prod., 11 min. – av. Ali Kilinc (Nasreddine), Gentiane (l’âne), Kamel Benyahia (sa voix).
2016Feitos e Ditos de Nasreddin II (PT) de Pierre-Marie Goulet
António Câmara Manoel/Films DuplaCena Lda., 29 min. – av. Luis Rego (Nasreddine), Teresa Garcia, António Cunha, João Calvário, José Vaz-Zeca, João Raimundo, Adriano Fernandez, Salhal Lahraoui. – Tourné à Mértola, Beja et Alentejo (Portugal), présenté au festival international de Curtas Vila do Conde 2016.