I - LE ROYAUME DE FRANCE

4. LES CROISADES (1095 à 1270)

4.3. La débâcle: les IVe-IXe croisades

4.3.b Le martyre des innocents: la « CROISADE DES ENFANTS »
En 1212/13, dans un élan mystique, des milliers de paysans et d’enfants fanatisés par divers prédicateurs quittent l’Allemagne et la France pour la Terre sainte. La plupart meurent ou sont massacrés en cours de route.
Le naufrage des enfants sur les côtes de la Syrie (« La crociata degli innocenti », 1917).
1915-17La crociata degli innocenti [La Croisade des innocents] (IT) de Gino Rossetti, Alessandro Boutet et Alberto Traversa
Musical-film, Milano, 1583 m. / env. 1h15 - av. Bianca Virginia Camagni (Vanna, la Vampa), Guido Graziosi (Odimondo, le berger), Giulietta De Riso (Gaietta, sa petite soeur), Lea Righelli (Novella, leur mère), Luigi Serventi (le pèlerin). – Synopsis: Le jeune berger Odimondo rencontre Vanna la Vampa (la Flamme), une lépreuse d’une grande beauté qui vit seule dans la forêt. Elle sera guérie, lui confie-t-elle, si elle boit trois gouttes de sang innocent. Le berger apitoyé saigne sa petite sœur Gaietta. Survient un saint pèlerin en route pour Bethléem à la tête d’une croisade d’enfants ; il sauve la vie de Gaietta, marche dans les flammes et baptise Vanna. Tous s’embarquent pour la Palestine, mais l’armateur de la flotte a l’intention de vendre les enfants à des marchands d’esclaves au Proche-Orient. Odimondo défend Vanna, importunée par les marins ivres. Arrivés sur les côtes de la Syrie, les navires se fracassent contre les rochers. Vanna est l’unique survivante du naufrage général. Extasiée, elle remercie le Christ et saint François.
Tiré d’un « mystère en un prologue et quatre actes » du poète national Gabriele D’Annunzio, ce mélo religieux délirant a une genèse non moins laborieuse. Il est commencé début 1915 par Boutet et Rossetti, mais le travail est interrompu suite au décès de Boutet, puis terminé en été par Traversa. Jugé long, pesant et monotone, le film est à peine distribué, deux ans plus tard.
Une croisade d’enfants aux motivations troubles: « Gates to Paradise » d’Andrzej Wajda (1967).
1967*Gates to Paradise / Bramy raju (La Croisade maudite / La Croisade des innocents) (GB/YU) d’Andrzej Wajda
Sam Waynerg/Jointex Film, London-International Artists Productions-Avala Film, Belgrade-Poste Parisien, 1h29 min. - av. Lionel Stander (le moine franciscain), Ferdy Mayne (Ludovic de Vendôme, comte de Chartres et de Blois), John Fordyce (Jacques de Cloyes), Jenny Agutter (Maude de Cloyes), Mathieu Carrière (Alexis Melissen), Pauline Challoner (Blanche), Denis Gilmore (Robert), Janez Vrhovec (François), Kynaston Reeves (supérieur), Dragomir Felba, Gojko Kovacevic, Ljabomir Radavic (trois croisés).
Synopsis: En 1212/13, Jacques de Cloyes, un berger exalté et visionnaire, entraîne un lot grandissant de jeunes gens vers la Terre sainte. Parmi ses proches, on découvre Alexis, un jeune aristocrate grec dont les parents ont été tués par des croisés dévoyés lors du saccage de Constantinople, et qui fut recueilli par leur meurtrier, le comte Ludovic de Vendôme ; Alexis est devenu son amant et son héritier. Il y a parmi eux aussi Blanche et Maude ainsi que son amoureux Robert, le fils d’un meunier. Ils sont encadrés tant bien que mal par un moine franciscain qui s’est joint à la croisade comme confesseur. Enchâssées dans les monologues, commentaires, tentations et doutes de ce moine lucide, les confessions des adolescents révèlent ce qui manque le plus à leur initiative : la pureté du cœur, qui devrait pourtant faire la force du mouvement. La plupart sont motivés par la soif du pouvoir, le désir ou la jalousie. Jacques, leur chef, est perverti par ses ambitions morbides et attire l’attention sexuelle du comte de Vendôme. C’est Alexis qui a insufflé l’idée d’une croisade à Maude et Robert (et non le Saint Esprit, comme ils le croient) lors de leur ébats. Le moine, épouvanté, veut arrêter un mouvement qui, dans ces conditions, ne peut que mal tourner, mais il est emporté par le flot des enfants et assiste impuissant au départ d’un « peuple de chérubins qui s’est mis en marche à l’appel d’un jeune dieu aux passions charnelles. » L’innocence appelée à vaincre les forces du mal n’existe pas, constate-t-il, les agneaux courent à l’abattoir.

Une croisade d’adolescents aux motivations troubles
Ce deuxième film cherchant à ressusciter la croisade des enfants est aussi la deuxième tentative d’Andrzej Wajda, chef de file de la nouvelle cinématographie polonaise, de réaliser un film en dehors de son pays (après « Lady Macbeth de Sibérie » en 1962), tourné en Yougoslavie – près de Podgorica et du lac Skadar (Monténégro) - en Technicolor et Techniscope, avec des capitaux anglais. Wajda en a proposé le sujet à Jerzy Andrzejewski, l’auteur de « Cendres et Diamants », un écrivain catholique taraudé par l’homosexualité et l’ésotérisme, qui lui a d’abord concocté une nouvelle (Vrasta raja), vite transformée en scénario qu’il a co-signé avec Donald Kravanth. Construit sur des retours en arrière, le film fait parler les enfants, se penche sur leurs motivations et questionnements balancés entre impudeur et péché, mensonge et vérité, amour et lubricité. L’action se joue sur quelques heures seulement, et les contours historiques de la fameuse croisade, sa raison d’être, sa tragédie, ne sont ici qu’effleurés.
Dans « Gates to Paradise », Andrzej Wajda illustre une croisade moins innocente qu’il n’y paraît (1967).
 Une fois de plus, le cinéaste porte un regard désillusionné sur la jeunesse, une génération minée de l’intérieur, dont les espoirs sont déçus (« Les Innocents charmeurs », 1960), mais il estime ici avoir raté son sujet: montrer la cruauté d’enfants qui essaient de faire le travail des adultes en voulant mettre de l’ordre dans l’univers. Derrière cet exode juvénile aux motivations irrationnelles, Wajda insinue qu’il y avait un instigateur, une sorte de Gilles de Rais qui levait des armées d’adorateurs, subjugués, à sa merci, et les lâchait sur les routes d’Europe. Le réalisateur semble plus intéressé par la signification politique que par la portée religieuse du récit, le tout nageant dans une certaine ambigüité (la sincérité du moine, les tourments érotiques des meneurs, le lien homosexuel entre Jacques, Alexis et le comte maléfique). On s’attaque aux dogmes, à la crédulité de trop d’idéalistes (selon l’adage « qui trop fait l’Ange fait la Bête »), et les allusions aux « Flower People » du mouvement hippie en Occident sautent aux yeux, mais on peut aussi y lire une dénonciation plus générale du leurre idéologique stalinien, dont la jeunesse de l’Est a largement fait les frais. Film démystificateur, contestataire avant l’heure, et alignant de superbes envolées lyriques (mouvements d’appareils élégiaques, plastique baroque, images très picturales), « Gates to Paradise » décroche une nomination à l’Ours d’or au Festival de Berlin en 1968. Mais sa carrière est brève, tant en Pologne (Wajda finira par renier son travail) qu’à l’Ouest, où l’étrangeté du sujet et ses questionnements dérangeants effrayent les distributeurs. A peine exploitée, l’œuvre sera montrée en Suisse en 1971 et en France en 1979. – DE: Die Pforten des Paradieses.
1987® Lionheart : The Children’s Crusade (Coeur de Lion : la Croisade des enfants) (US/HU) de Franklin J. Schaffner. - av. Eric Stoltz (Robert Nerra), Gabriel Byrne (le Prince Noir), Neil Dixon (Richard Cœur de Lion), Nicola Cowper (Blanche), Dexter Fletcher (Michael), Nicholas Clay (Charles de Montfort), Deborah Moore [=D. Barrymore] (Mathilde de Montfort), Bruce Purchase (Simon Nerra). - Située en 1189, l'action du film reprend des éléments de la croisade des enfants qu'elle mêle aux exploits de Richard Coeur de Lion. - cf. Troisième Croisade.
L’innocence meurtrie: un épisode rayé des manuels scolaires (« La Croisade des enfants » de Serge Moati).
1988*(tv) La Croisade des enfants (FR/CH) de Serge Moati
FR3-La Sept-Hamster-TSR (TSR 1+7.4.88/FR3 7.+14.4.88), 2 x 1h30 min. - av. Simon Duprez (Etienne le berger, dit Etienne de Cloyes), Jean-Claude Drouot (Raoul, son père), Marie Fugain (Isegault Thousel, fille de Payen), Cédric Dumont (Mathieu, fils du baron Hugues), Thierry Magnier (Eric), Robert Hossein (Philippe II Auguste, roi de France), Hervé Rey (Noirot, ex-Rougeaud), Arnaud Liénard (Boulu), Jean-Pierre Bisson (Sire Hugues), Pierre-Loup Rajot (le curé de Cloyes), Yves Beyneton (Goliard, le moine), Dani (une prostituée), Pierre Forget (Payen Thousel, le tanneur), Michèle Goddet (Auviette), Lucky Blondo (le père Rougeaud).
Synopsis: En 1212, au village de Cloyes-sur-le-Loir, dans l’Orléanais, Etienne, un berger affamé de quinze ans, est condamné au pilori par Sire Hugues pour avoir braconné. Le père d’Etienne, Raoul, atrocement estropié lors de la Troisième croisade, brise le pilori et arrache le gant du baron, révélant une main dévorée par la lèpre. Pour Sire Hugues, c’est l’exclusion immédiate, il doit gagner l’hôpital des lépreux, ses affaires sont brûlées. Libéré, Etienne se dit appelé par Dieu afin d’extirper les infidèles du Saint-Sépulcre, car « seule l’innocence peut sauver le monde. Au lieu d’aller délivrer Jésus, mon père est allé piller Byzance, une ville chrétienne ! » Il entraîne avec lui les enfants des villages environnants, petits, grands, éclopés, enthousiasmés par sa ferveur et son message d’espoir. Une armée sans armes se constitue, qui veut réussir là où les adultes ont échoué. En route, des baladins et des prostituées leur emboîtent le pas. À Paris, Étienne affronte la colère du roi Philippe Auguste qui refuse de cautionner cette aberrante entreprise (« la guerre sainte est réservée aux adultes »). Vient le temps de la désillusion et du doute: les obstacles s’accumulent, les troupes royales tentent de disperser les enfants, des brigands les mutilent, des croisés enlèvent Isegault, l’amie d’Etienne. Le moine Goliard s’interroge sur les motivations de cette marche au moment où des chrétiens croisés massacrent d’autres chrétiens, les Albigeois. Décimés par la faim, la maladie, les loups et les brigands, les enfants s’embarquent vers une destinée néfaste.

Une migration jugée trop embarrassante pour les manuels scolaires
Située entre la Quatrième et la Cinquième croisade, la « croisade des enfants » est une expédition millénariste menée par des gens du peuple, le terme « enfant » (« pueri ») pouvant en latin médiéval aussi signifier « les enfants de Dieu », soit des démunis, des paysans pauvres, des serfs ou des domestiques, voire même, selon Georges Duby, des fils puînés exclus de l’héritage familial. Qu’importe, l’interprétation erronée s’impose au point de devenir un mythe - et la transcription saisissante d’une utopie. La dite croisade se compose de deux cortèges qui partent simultanément de France et d’Allemagne. En 1187, Saladin a repris la majeure partie du royaume latin de Jérusalem aux croisés francs. La Troisième croisade a échoué devant les remparts de la Ville sainte, la quatrième a été détournée sur la très chrétienne Constantinople. A la suite de ces défaites attribuées aux querelles royales et à la cupidité des puissants, certaines couches de la population pensent qu’elles sont plus qualifiées que les chevaliers pour délivrer le Saint-Sépulcre par leur pureté et leur humilité. 30’000 enfants ou pauvres partent de France pour la Terre sainte. (L’existence d’Etienne, berger de Cloyes, ainsi que sa rencontre avec le roi à Saint-Denis, est attestée par 38 chroniqueurs.) Ceux qui atteignent Marseille sont embarqués par de riches négociants, Ferreus et Porcus, qui les revendront comme esclaves à Bougie, en Algérie, et à Alexandrie. L’empereur Frédéric II de Hohenstaufen en rachètera sept cents à Bagdad et fera pendre les deux négociants européens. Au même moment, un garçon de douze ou quatorze ans en proie à des visions, Nicolas (Nikolaus), rassemble à Cologne et en Basse-Lorraine deux mille personnes, puis franchit les Alpes. A Rome, le pape Innocent II les exhorte en vain à rentrer chez eux. Le cortège se disperse à Gênes. Aucun ne verra jamais Jérusalem. Cette tragique migration aux odeurs de souffre a longtemps été ignorée des manuels et gommée des chroniques de l’Église. Le phénomène est même occulté jusqu’aux romantiques, car jugé trop embarrassant..

Une fable télévisuelle sur l’innocence meurtrie
Routard pétulant de l’ORTF, Serge Moati réussit un exploit: imposer à la télévision un sujet dont aucune chaîne ne voulait. Au départ, il y a un roman éponyme de Bernard Thomas (journaliste au Canard enchaîné) paru en 1973 chez Fayard, livre que Moati, fasciné par le caractère onirique de l’épopée, adapte avec l’auteur en vue d’un téléfilm. (Le roman de Thomas est lui-même inspiré de la nouvelle La Croisade des enfants de Marcel Schwob, 1896.) En 1980, il effectue des repérages en Yougoslavie, sans suite. Six ans plus tard, après avoir été directeur général de FR3 entre 1981 et 1985, Moati parvient enfin à décrocher un budget de 20 millions de francs, de quoi réunir 300 enfants de six à quinze ans pour un tournage de deux mois et demi. L’historien médiéviste Georges Duby, président de La Sept, s’improvise coproducteur, à la fois une référence et une garantie de sérieux. Le succès international du « Nom de la Rose » de Jean-Jacques Annaud (1986), avec ses interrogations métaphysiques sur fond d’intrigue policière, a raison des dernières réticences de la direction de l’ORTF. Quelques vedettes ornent le générique: Robert Hossein fait le roi de France, la chanteuse Dani une prostituée, et Jean-Claude Drouot, jadis l’idole des jeunes dans le sautillant « Thierry la Fronde » (cf. 7.3), mime à présent un briscard borgne et mutilé. Le tournage s’opère au studio de Joinville, en Limousin, dans le Larzac, à la plage du Baronnet, au mas de la Janine au Grau-du-Roi (Gard), à Brest, aux châteaux de Chazelet (Indre) et de Ferrière. Moati veut une réponse adulte du petit écran aux inoffensives ferrailleries de « Thibaud ou les Croisades », le feuilleton de 1968 {cf. 4.1}. Il conçoit sa « Croisade des enfants » comme un périple initiatique, une épreuve de la pureté face aux réalités brutales du temps. Mais aussi comme la recherche confuse de Dieu, la quête de l’amour et de la fraternité. Certes, ses enfants sont un peu trop beaux, certains même dodus et bronzés, fort éloignés des va-nu-pieds en guenilles qui se seraient acheminés, extatiques et crevotants, vers l’Orient dans l’espoir confus du paradis. Si son film n’évite pas une certaine lenteur, quelques grandiloquences, il frappe toujours par sa candeur, ses accents lyriques. En tant que fable sur l’innocence meurtrie, c’est une œuvre télévisuelle originale, dont le propos et la violence tranchent fortement sur la production courante.
2006(tv) Der Kreuzzug der Kinder (DE) de Reinhold Jaretzky et Martin Papirowski
série « Sphinx – Geheimnisse der Geschichte », Zweites Deutsches Fernsehen (ZDF 12.11.06), 45 min. –L’épisode le plus ruineux de la série docu-fictionnelle « Sphinx », tapageuse et superficielle, initiée en 1994 pour éclairer les « grandes énigmes de l’Histoire ». Ici, toutefois, l’effort visuel est évident, car en plus de l’habituelle brochette de comédiens anonymes dans des rôles muets, la production a rassemblé plus de 600 figurants en costumes, soigné ses extérieurs, et offre des reconstitutions numériques impressionnantes (la traversée des Alpes sous les tempêtes de neige, les chutes mortelles). Le film met en parallèle les deux « croisades des enfants » de l’an 1212. L’allemande part du parvis du dôme de Cologne, où le jeune Nikolaus affirme avoir eu des visions célestes invitant à libérer la Terre sainte, et racontant à la populace crédule que la mer se scindera en deux pour laisser passer les innocents. La moitié meurt dans les Alpes. Simultanément, en partant de Cloyes, Stéphane dirige sa propre troupe d’adolescents à travers la France ; ceux qui ne feront pas naufrage (mille noyés) seront vendus comme esclaves. Une chapelle sur l’île de San Pietro au sud de l’Italie commémore la folie de ces entreprises que le moine Albéric de Troisfontaines commente tristement.
Exaltés et crédules, les enfants vont être vendus à des marchands d’esclaves (« Crusade in Jeans », 2006).
2006Kruistocht in spijkerbroek / Crusade in Jeans / Crusade: A March Through Time / Kreuzzug in Jeans / La Croisade en jeans / Kereszteshadjárat farmerban (NL/GB/DE/LX/BE/HU) de Ben Sombogaart
Kasander Film-Intuit Pictures-Sat 1-DeLux-Marmont Film-Focusfilm, 2h10 min. – av. Joe Flynn (Dolf Vega [=Rudolf Hefting]), Stephanie Leonidas (Jenne), Emily Watson (Mary Vega, mère de Dolf), Michael Culkin (le prêtre Anselmus), Benno Fürmann (Thaddeus), Ophelia Lovibond (Isabella), Herbert Knaup (Carlo Bennatti), Udo Kier (Dr. Lawrence), Robert Timmins (Nikolaus), Jan Decleir (le comte de Rottweil), Ryan Winsley (Vick), Jack Kedge (Carolus), Luke Gell (Bertho), Lajos Kovács (le chevalier Romhild), Jack Wouterse (Rottweil Baker), Mykola Allen (Little Thies), Amy Jenkins (Maria), Christopher Conway (Francis), Herbert Knaup (Carlo Bennatti), Ulli Kinalzik (Bergmeister), Josse De Pauw (l’homme à la hache), Jason Frederick (Paul Donovan), Janieck van de Polder (Pepin).
Synopsis: Dolf Vega, un adolescent du XXe siècle passionné de football se sert de la machine à remonter le temps élaborée par sa mère pour inverser le cours d’un match ; mais il commet une erreur de calcul et se retrouve projeté en 1212, où il est témoin involontaire de la « croisade des enfants » partie de Cologne. En route pour s’embarquer à Gènes vers la Palestine, Dolf découvre effaré le théocentrisme du monde d’autrefois, mais aussi la crédulité et l’obscurantisme qui peut y régner. Peu à peu, il réalise que les réels dangers ne les attendent pas en Terre sainte, mais se nichent parmi les chefs de la croisade, notamment chez le père Anselmus, un prêtre fanatique qui le présente aux autres comme un envoyé du Ciel. Et que les réponses qu’il croit détenir sont peut-être bonnes pour le XXe siècle, mais inadéquates au Moyen Âge, qui a ses propres vérités. Au risque de passer pour un sorcier, il réussit à sauver une majorité d’enfants de l’esclavage.
Un film pour les jeunes qui veut faire réfléchir sur les préjugés, la foi et son instrumentalisation. Il s’agit d’une adaptation d’un livre très populaire de Thea Beckman (1973), lauréat du Prix européen du meilleur roman historique pour la jeunesse, traduit en treize langues. Tourné pour 12 millions d’euros à Rotterdam et environs, à Dresde, Sachse-Anhalt, en Croatie, en Espagne et en Suisse orientale, le film récolte de nombreuses distinctions (Chicago International Children’s Film Festival 207, Golden and Platin Film Netherlands, grand prix du Nederlands Film Festival, nominé aux Rembrandt Awards comme meilleur film néerlandais de l’année). – FR: La Grande Croisade (DVD), ES: Cruzadas: Atrapado en el tiempo.
2021(tv) Das Kreuzzug der Kinder - Märchen oder historische Wahrheit ? (La Croisade des enfants, une légende médiévale?) - 1. Zwischen Mythos und Wirklichkeit (Mythe ou réalité?) - 2. Die Kinderpropheten und der Pabst (Les Enfants-prophètes et le Pape) (DE) de Martin Papirowski
Hans-Hermann Stein/Film Produktion Stein e.K.-men@work Media Services S.R.L.-Westdeutscher Rundfunk (WDR)-Arte (Arte 20.2.21), 52 et 53 min. - Docu-fiction d'enquête avec reconstitutions, infographies et comédiens muets. Cet événement se serait produit entre la Quatrième et la Cinquième Croisade. En 1212 à Cologne, plusieurs milliers d'enfants auraient laissé derrière eux leurs familles pour se lancer sur le chemin de Jérusalem à l'appel prophétique d'un petit berger, afin de libérer la Ville sainte du joug musulman. Ce cortège, parti d'Allemagne sans armes ni nourriture, devrait traverser les Alpes pour rejoindre les côtes méditerranéennes, où la mer allait s'ouvrir devant les croisés innocents pour leur permettre de se rendre à pied jusqu'à Jérusalem... Un second cortège serait parti de France, mené par un autre enfant-prophète. Mais cette mythique "croisade des enfants", dont le récit est ponctué de péripéties relevant du merveilleux, a-t-elle vraiment eu lieu?