I - LE ROYAUME DE FRANCE

10 . LA FRANCE DÉCHIRÊE: LES GUERRES DE RELIGION (De la Saint-Barthélemy à Henri IV)

Gérard Barray est le chevalier de Pardaillan trépidant et excellent escrimeur de deux films de B. Borderie (1962/63).

10 .3 . La saga des « Pardaillan » de Michel Zévaco

Le chevalier Jean de Pardaillan est au centre de dix romans : Les Pardaillan et L’Épopée d’amour (1907), La Fausta  et Fausta vaincue (1908), Pardaillan et Fausta et Les Amours du Chico (1913),  Le Fils de Pardaillan et Le Trésor de Fausta (1916), La Fin de Pardaillan et  La Fin de Fausta (1926). Il est un des trois héros de cape et d’épée les plus célèbres de la littérature française, après d’Artagnan (Dumas) et Lagardère (Féval). Ses exploits, qui prennent passablement de libertés avec l’Histoire, se déroulent sous Henri II (en 1553), François II, Charles IX, Henri III, Henri IV et Louis XIII (pendant la régence de Marie de Médicis, en 1614). Son éternelle adversaire et son amour secret est la redoutable princesse Fausta, une descendante de Lucrèce Borgia élue papesse par un conclave secret (!) et qui envisage au départ d’épouser le duc de Guise pour devenir reine de France après l’élimination du dernier Valois.
1911Le Dernier des Pardaillan (FR)
Etablissement Gaumont S.A. (Paris), 239 m. – En dépit du titre, aucun rapport avec La fin de Pardaillan, roman que Zévaco ne publiera que quinze ans plus tard.
1912Les Pardaillan (FR) de Georges Hatot
Films Jules Tallandier (Paris). – av. Jean Hervé (Jean de Pardaillan), Léo Courtois, Guita Réal. – Un des derniers films de Hatot, un authentique pionnier du cinématographe qui débute chez les Frères Lumière, où il signe le premier péplum, « Néron essayant des poisons sur un esclave », suivi en 1897 de « L’Assassinat du duc de Guise » et d’une « Exécution de Jeanne d’Arc » (1897/98).
1956(tv) O Cavaleiro de Pardaillan [Le Chevalier de Pardaillan] (BR)
TV Tupi São Paulo (mars 1956), feuilleton. – av. José Parisi (Jean de Pardaillan), Wilma Bentivegna (Fausta), Dionísio Azevedo, Nelson Machado. – Une télésérie brésilienne en noir et blanc adaptée de Zévaco par José Soares (en épisodes de 25 min.), inédite en Europe comme aux États-Unis. José Parisi est l’Errol Flynn du petit écran latino-américain des années cinquante, interprétant successivement pour la légendaire TV Tupi Scaramouche, d’Artagnan, Edmond Dantès, Robin des Bois, le Mouron Rouge et Michel Strogoff.
Pardaillan (G. Barray) se mesure aux hommes du duc de Guise pour les beaux yeux d’Isabelle d’Entraigues (Michèle Grellier).
1962Le Chevalier de Pardaillan / Il guascone (FR/IT) de Bernard Borderie
B. Borderie/Florida Films (Paris)-Fono Roma-Lux Film, 89 min. – av. Gérard Barray (Jean de Pardaillan, comte de Margency), Jean Topart (Henri de Guise), Gianna Maria Canale (la princesse Fausta Borgia), Michèle Grellier (Isabelle d’Entraigues/Violetta), Philippe Lemaire (Charles de Valois, duc d'Angoulême), Kirk Morris (Samson), Robert Berri (Belgodère), Guy Delorme (Maurevert), Caroline Rami (Marie-Josèphe Cochy alias La Fourcaude), Raoul Billerey (Jean Bussy-Leclerc), Jacques Seiler (La Pince), Claude Véga (Picouic), Robert Dalban (Landry).
Synopsis : Paris en mai 1588 : l’exil forcé d’Henri III à Chartres, chassé de la capitale par les ultras catholiques de la Sainte Ligue, et la mort prochaine de Catherine de Médicis rendent le trône de France vacant. Soutenu par les finances de la princesse Fausta, le duc Henri de Guise brigue le pouvoir, mais convoite aussi la bohémienne Violetta qui ignore qu’elle est en réalité la fille du comte d’Entraigues, Isabelle (dont les parents furent assassinés à la Saint-Barthélemy). Le duc d’Angoulême la défend contre les sbires de Guise menés par le sinistre Maurevert. Pardaillan surgit, la sauve et en tombe amoureux, mais elle est à nouveau enlevée. Ayant intercepté un convoi d’or destiné à Guise pour le remettre à Henri de Béarn, le futur Henri IV, Pardaillan est capturé et enchaîné au château de Fausta, qui s’apprête à faire exécuter Isabelle-Violetta en place de Grève, sous le déguisement d’une maraude condamnée à mort. Pardaillan pourfend Maurevert qui est venu le tuer, puis, secondé par ses amis Samson, Picouic et d’Angoulême, il empêche le drame, sauve sa belle et le petit groupe s’enfuit pour se rallier au panache blanc du Béarnais.

Un spadassin républicain admiré par Jean-Paul Sartre
Après les balbutiements cinématographiques de 1911/12, Pardaillan se fait attendre un demi-siècle sur les écrans français. Héros imaginaire (quoiqu’Agrippa d’Aubigné et Jules Michelet mentionnent un baron de Pardaillan dans l’entourage d’Henri de Navarre) que Michel Zévaco fait naître en 1549, il anime dix volumes qui forment un véritable feuilleton-fleuve. Gascon comme d’Artagnan et Cyrano, fier, goguenard, superbe, railleur, flambard et modeste à la fois, il met son épée au service de ceux qui n’en ont pas. Dans ses intrigues fourmillantes de ressorts imaginatifs, d’intrigues improbables et de personnages exagérés, Zévaco (1860-1918), journaliste-écrivain foncièrement anarchiste et anticlérical, prend parti contre les « grands » qu’il accuse de ne pas se soucier du peuple qu’ils gouvernent. Les forces de l’ordre et de la justice étant corrompues, il met souvent en relief les qualités des truands, prostituées et autres malandrins, ceux-ci pouvant montrer plus de qualités humaines que les monarques (ses textes paraissent en tranches quotidiennes dans La Petite République de Jean Jaurès dès 1902). Les préoccupations politiques percent à travers la légèreté des récits. Dans Les mots (1964), où il raconte son enfance, Jean-Paul Sartre se fait le grand défenseur des exploits de Pardaillan et de ces « romans de cape et épée républicains » dans lesquels les héros sont les représentants du peuple. Peut-être explique-t-il ainsi involontairement pourquoi le cinéma s’est si longuement abstenu de l’aborder.
Toujours est-il que le paladin fabuleux de Zévaco ressurgit à l’écran dans la lancée des films de cape et épée italo-français initiée par Jean Marais sous la direction d’André Hunebelle (« Le Bossu » en 1959, « Le Capitan » d’après Zévaco en 1960). Incité par le triomphe au box-office de ces bandes, Borderie vient de signer les deux époques des « Trois Mousquetaires » (1961) avec Gérard Barray en d’Artagnan, parallèlement aux aventures de Lemmy Caution alias Eddie Constantine dont il est le spécialiste. Borderie n’a pas la veine historique : pour lui, « Pardaillan » n’est qu’« un film d’humour et d’action en costumes », du Lemmy Caution qui aurait échangé sa cigarette, son whisky et son browning contre complots de boudoir et spaderies. Du cinéma plat, facile, qui évite l’ennui par la constante agitation à l’écran, un festival de bagarres, d’escrime, d’acrobaties, de voltige à cheval et de traquenards dans l’esprit des sérials d’autrefois (Guy Delorme, habitué des combats à l’arme blanche et des cascades équestres, se fait trucider à la rapière par un Pardaillan enchaîné dans son cachot). Le tout est enregistré en Franscope et Eastmancolor en studio à Billancourt et dans une profusion de sites patrimoniaux : châteaux de Biron et de Hautefort, bastide médiévale de Monpazier (Dordogne), Collonges-la-Rouge, Pont du Saillant à Voutezac, Allazac (Corrèze), Moulin de Lartigue à Montauriol (Lot-et-Garonne), dans la Sorgue et à Pont Vieux à Saint-Affrique (Aveyron). Devenu passagèrement le « casse-cou » de charme du cinéma-bis hexagonal, le jeune toulousain Barray marche sur les traces de Marais, avec lequel il croisa le fer dans « Le Capitaine Fracasse » (sous la casaque du duc de Vallombreuse, 1961). Il reprend maître d’armes et cascadeurs de son modèle (Henri Cogan et Claude Carliez), refusant comme lui de se faire doubler dans les scènes dangereuses (on le reverra encore en Scaramouche, en Surcouf, en frère corse). Insolent, mal élevé, bataillard, coureur de jupons invétéré, le Pardaillan de Barray-Borderie fâche à raison les fervents de Zévaco qui ne retrouvent pas leur spadassin au grand cœur, ce « Lagardère qui aurait lu Michelet » (Jean-Louis Bory), ni d’ailleurs aucun des ingrédients faisant le charme des romans. L’intrigue de Fausta (1908) est ici réduite à un squelette, Pardaillan vole Violetta à son ami d’Angoulème (impensable chez Zévaco) et la superbe Gianna Maria Canale en princesse Borgia ne peut que resservir son habituelle routine de femme fatale sulfureuse. – US : Clash of Steel, DE : Der scharlachrote Musketier, ES : La espada redentora.
 la demande d’Henri III, Pardaillan (G. Barray) cherche de l’aide auprès de son cousin de Navarre (Francis Claude).
1963Hardi ! Pardaillan (Les nouvelles aventures du chevalier) / Le armi della vendetta (FR/IT) de Bernard Borderie
B. Borderie/Union Latine Cinématographique (Paris-Marseille)-Euro International Films (Rome), 92 min. – av. Gérard Barray (Jean de Pardaillan, comte de Margency), Valérie Lagrange (la princesse Bianca Farnese), Yvan Chiffre (Yvon, valet de Pardaillan), Guy Delorme (Maurevert), Jean Castelot (Henri III), Isa Miranda (Catherine de Médicis), Jean Topart (Henri, duc de Guise), Francis Claude (Henri de Navarre, futur Henri IV), Philippe Lemaire (Charles de Valois, duc d’Angoulême), Jean-Roger Caussimon (l’astrologue Cosimo Ruggieri), Jacqueline Danno (Catherine de Clèves), Christiane Minazzoli (Catherine de Guise, duchesse de Montpensier), Caroline Rami (La Roussette), Robert Berri (Gueule d’amour), Jacques Mignot (Jacques Clément).
Synopsis : En 1588, Chartres est assiégée par les ultras catholiques du duc de Guise. Sur conseil de Catherine de Médicis, Henri III demande à Pardaillan de traverser les lignes ennemies pour chercher de l’aide auprès de son cousin, Henri de Navarre. En échange, il nommera le chef huguenot dauphin du Royaume. Pardaillan part, escorté de son ami, le duc d’Angoulême, et de Maurevert dont il ignore que c’est l’âme damnée des Guise. Le chevalier échappe aux diverses embuscades que lui tend le traître avec l’appui de Bianca Farnese, l’ambitieuse maîtresse du duc de Guise (qui aspire à devenir reine aux côtés de son amant), et, de retour à Chartres avec l’accord du Béarnais, il déjoue un complot de l’Italienne visant à compromettre Catherine de Clèves, l’épouse de Guise. Ayant appris que le moine fanatique Jacques Clément doit assassiner le roi dans l’église de Chartres, il intervient à temps. Reconnaissant, Henri III lui propose de faire partie des « Quarante-cinq » qui assassineront Guise à Blois, mais Pardaillan refuse cette mission indigne et fuit les mignons royaux qui en veulent désormais à sa vie. Il tombe entre les mains de Maurevert à qui il annonce les projets criminels du souverain. Guise n’en croit rien et le fait enfermer. Une nouvelle évasion ne lui permet pas d’arriver à temps pour empêcher le meurtre. Il sauve toutefois Bianca, que Maurevert voulait faire exécuter sur ordre de Guise.
Avec cet autre épisode, fabriqué pour profiter de l’accueil public du précédent et de la popularité passagère de Gérard Barray, Borderie applique la même recette, en passant à nouveau par une trahison totale des romans et des personnages. L’intrigue foisonnante de Zévaco (on reprend des éléments de la trame de Fausta et de Fausta vaincue) est aplatie, banalisée ; « Hardi ! Pardaillan » ne se veut du reste pas une suite du film de 1962, puisque Fausta, allez savoir pourquoi, est remplacée par l’insipide Bianca, et que le fourbe Maurevert ressuscite. Sans prétention ni grands déploiement de figuration, la bande est au moins dotée d’une verve populaire de bon aloi. Le maître d’armes tient lieu de réalisateur. Côté historique, on assiste donc à la mort du duc de Guise, mais dans le texte de Zévaco, Pardaillan n’est que trop heureux de pourfendre le Balafré de sa propre rapière, ce qu’il fait avant l’intervention des « Quarante-cinq ». Quant à l’authentique Jacques Clément, moine dominicain rattaché à la Ligue catholique, il ne participe pas au régicide manqué dans l’église de Chartres, comme le montre le film, mais tue le roi l’année suivante dans ses appartements à Saint-Cloud (avec, selon Zévaco, l’accord de Pardaillan qui le connaît depuis l’enfance). Borderie tourne en Franscope et Eastmancolor aux studios de Billancourt, en profitant à nouveau de nombreux décors naturels : Brezé, Manoir de Launay à Villebernier, château de Montreuil-Bellay, Chênehutte-les-Tuffeaux, châteaux de Montsoreau et de Boumois (Maine-et-Loire), château de Blois (Loir-et-Cher), château de la Bretesche à Missilac (Loire-Atlantique), où vit le duc de Guise du film, et la collégiale de Candes-Saint-Martin (Indre-et-Loire). – US : The Gallant Musketeer, DE : Der Triumph des Musketiers.
1981(tv) Los Pardaillan (MX)
Imevision Producciones, Mexico (feuilleton). – av. Jaime Moreno (Jean de Pardaillan), Gustavo Rojo (Honoré de Pardaillan, son père), Diana Bracho (Loïse de Montmorency), Fernando Larrañaga (François de Montmorency), María Teresa Rivas (Catherine de Médicis), José Roberto Hill (Henri, duc de Guise), Oscar Bonfiglio (Charles IX), Aarón Hernán (Ruggieri, l’astronome), Maria Rivas (Jeanne de Piennes), Xavier Marc (Maurevert), Rosenda Monteros (Fausta, princesse Borgia), Nadia Haro Oliva (Jeanne d’Albret, reine de Navarre), Juan Antonio Edwards (Charles), Alfonso Meza (Henri de Montmorency).
Feuilleton en couleurs qui s’inspire, comme la série de Josée Dayan sept ans plus tard, du premier cycle de la saga, Les Pardaillan, L’Épopée d’amour, suivi de La Fausta, des romans axés sur les guerres de Religion sous Charles IX. On y conte le mariage secret de François de Montmorency avec Jeanne de Piennes en 1553, la naissance de leur fille Loïse, son enlèvement par Pardaillan père, sa rencontre amoureuse avec le fils, seize ans plus tard. Suivent l’adultère de Catherine de Médicis avec son astronome Ruggieri, ses intrigues criminelles, la mort de Pardaillan père, Honoré, pendant le massacre de la Saint-Barthélemy, enfin le mariage du jeune Jean de Pardaillan avec Loïse de Montmorency. En vedette dans le rôle de Loïse, on découvre la comédienne Diana Bracho (révélée par Arturo Ripstein), fille du cinéaste Julio Bracho, lui-même un des piliers de l’âge d’or du cinéma mexicain dans les années 1940/50. Rappelons qu’à l’instar de Dumas et de Féval, Zévaco jouit au Mexique et en Amérique latine d’un vaste lectorat dont l’engouement se répercute sur l’écran (cf. le film mexicain « Nostradamus » en 1937, le feuilleton brésilien « A Ponte dos Sospiros » en 1981, etc.).
1988(tv) Le Chevalier de Pardaillan (FR) de Josée Dayan
Antenne 2-Société Française de Production (A2 3.1.-11.4.88), 15 x 52 min. – av. Patrick Bouchitey (Jean de Pardaillan, comte de Margency), Philippe Clay (Honoré de Pardaillan, son père), Patricia Millardet (la princesse Fausta Borgia), Pascal Greggory (Charles, duc d’Angoulême, fils naturel de Charles IX), Dominique Blanchar (Catherine de Médicis), François Marthouret (le duc d'Anjou/Henri III), Hugues Quester (Charles IX), Didier Flamant (le duc Henri de Guise), François Darbon (le pape Sixte V), Van Doude (Gaspard II, amiral de Coligny), Valérie Allain (Loïse de Montmorency), Geneviève Mnich (Jeanne de Piennes), Jean-Claude Dreyfus (Jean Bussy-Leclerc), Jean-François Poron (le duc François de Montmorency), Marc Monjou (le maréchal de Damville), Marie Daems (Jeanne d’Albret, reine de Navarre), Caroline Sihol (Mme de Montpensier), Pierre Hatet (Maurevert), Bernard Freyd (Farnèse), Isabelle Le Carn (Catherine de Guise, duchesse de Montpensier), Laurence Vicendon (Marie Touchet, maîtresse de Charles IX), Emmanuelle Meussignac (Violetta), Dora Doll (Catho), Tony Joudrier (Louis de Bourbon, prince de Condé).
Synopsis : Jean de Pardaillan aime Loïse, la fille du duc de Montmorency et de Jeanne de Biennes que ce dernier a répudiée à la suite de basses intrigues. Enlevées, ces dames sont sauvées par Pardaillan père (qui y perd la vie) et fils. Jeanne devient folle, Loïse épouse Pardaillan, mais meurt poignardée par Maurevert, l’âme damnée des Guise. Entretemps, Catherine de Médicis fait empoisonner Jeanne d’Albret, reine de Navarre, et déclenche le massacre de la Saint-Barthélemy. Hanté par cette boucherie, Charles IX meurt et le duc d’Anjou devient Henri III. Quinze ans plus tard, Pardaillan se venge des responsables qui ont brisé sa vie : Maurevert et les Guise qui veulent ravir le trône de France. Guise est aidé par la perfide princesse Fausta. Soutenu par le pape Sixte Quint et le duc d’Angoulême (fils naturel de Charles IX et de Marie Touchet), Pardaillan tue le duc de Guise en combat singulier dans l’antichambre royale (qui l’eût cru), tandis que Henri IV monte sur le trône après l’assassinat d’Henri III.
Adaptation de Les Pardaillan, de L’épopée d’amour et de Fausta et de Fausta vaincue, ce feuilleton est une nouvelle occasion ratée de rendre enfin justice à Michel Zévaco et à son fameux bretteur, plutôt malmené au cinéma. Malgré treize heures d’antenne à sa disposition, Josée Dayan, future spécialiste de la méga-fresque en costumes pour petit écran (« Les Rois maudits » en 2005), doit se contenter ici d’une commande de bas de gamme en vidéo, qu’elle bâcle sans imagination ni rythme aux studios des Buttes-Chaumont et en extérieurs à Beaune, à Château-Neuf-en-Auxois, à Chinon, à Montceau-Echarnant, à Noyers-sur-Serein et à Tours. Quant aux comédiens, ils font du Grand-Guignol : L’âge d’or du feuilleton historique à la télévision française appartient au passé.
1997[*(tv) Pardaillan (FR/DE) d’Edouard Niermans
Le Sabre (Georges Campana)-Canal+-France 2-France 3-Vox (Canal+ 12.1.97), 1h24 min. – av. Jean-Luc Bideau (le chevalier Honoré de Pardaillan), Guillaume Canet (Louis de Pardaillan, son fils), Garance Clavel (Loïse de Montmorency), François Berléand (Henry de Montmorency, comte de Damville), Marcel Bozonnet (François de Montmorency), Mareike Carrière (Jeanne de Piennes), Olivier Claverie (le prêtre), Alain Frérot (l’aubergiste), Miroslav Fantys.
Enfin du Pardaillan cinématographiquement réussi, mis en scène par un réalisateur de talent (« Poussière d’ange », 1987), mais dont l’action est située à Paris en 1630, sous Louis XIII : Louis de Pardaillan, fils du fameux chevalier, sauve Loïse des assassins à la solde de son oncle crapuleux, Henry de Montmorency. Loïse est la fille naturelle de Jeanne de Piennes et de son amour secret, François de Montmorency. Pardaillan junior finit par tuer en duel le félon Henry grâce aux précieuses leçons reçues par son père ; ce dernier, jadis l’artisan peu scrupuleux de la disparition de Jeanne, succombe aux coups d’épée des spadassins ennemis alors qu’il protège les tourtereaux. Le Suisse Bideau (sociétaire de la Comédie-Française), cheveux blancs tombant en mèches effilées et sales sur les épaules, râleur, fort en gueule, la botte percée comme la poche, la morale élastique, fait un Pardaillan senior en bout de course, ému à la découverte de l’amour innocent qui anime son rejeton, alors qu’il pensait en avoir fait un simple « traîne rapière », cynique comme lui. Tourné en République tchèque avec des combats réglés par Michel et Claude Carliez, le film est (très) librement adapté des romans Le Fils de Pardaillan (1916) et La Fin de Pardaillan (1926, qui se déroulent pourtant sous la régence de Marie de Médicis en 1614).]