II - LE ROYAUME D’ANGLETERRE

1. LE MYTHE D’ARTHUR ET LES CHEVALIERS DE LA TABLE RONDE

Hank Martin (Bing Crosby) se réveille au VIe siècle, menacé par un chevalier du roi Arthur (1949).

1.5. « A Connecticut Yankee in King Arthur’s Court (Un Yankee à la cour du roi Arthur) », roman satirique de Mark Twain (1889)

Avec sa satire sociale plutôt complexe qui envoie un homme moderne dans un passé lointain, l’écrivain américain Mark Twain (1835-1910) se moque, d’une part, de ses contemporains, de leur provincialisme et de leur credo simpliste dans le progrès. D’autre part, il souhaite aussi corriger l’image idéalisée que se fait l’Américain d’un Moyen Âge à son avis assez brutal et cruel : l’arturiade élégiaque des ballades de Lord Alfred Tennyson, les romans de Sir Walter Scott et le médiévalisme doucereux dont raffole l’Angleterre victorienne (cf. introduction) sont dans son collimateur ; il place dans le même panier la décadente gentry des ex-colonisateurs et l’aristocratie terrienne des anciens États sécessionnistes du Sud où les récits « réactionnaires » de chevalerie restent très populaires. Mais son héros, représentant de la modernité industrielle et démocratique, est un personnage foncièrement ambigu, car plus Camelot est confronté à ses innovations, plus le chaos s’installe, et même s’il se veut visionnaire et philanthrope, il sème la mort …
Blessé à la tête, Hank Martin, un ouvrier américain du Connecticut à la fin du XIXe siècle, se réveille en Angleterre à la cour du roi Arthur en l'an 529. Après avoir vaincu les chevaliers en tournoi avec son lasso de cow-boy, son phénoménal savoir technique et scientifique lui vaut bientôt le surnom de « Sire Boss » et le roi en fait son conseiller. Pendant trois ans, Hank s’efforce de réformer (c’est-à-dire « américaniser ») le royaume en y introduisant le système scolaire, des lois plus humaines, des usines, en améliorant transports et communication. Il est toutefois contesté par les représentants de l’« obscurantisme », le charlatan Merlin et l’Église corrompue, ainsi que par une partie de la population conservatrice qui désapprouve ses efforts d’abolir le servage (une allusion à l’esclavagisme). En revenant d’un séjour en France, Hank apprend qu’Arthur et ses chevaliers se sont entretués au cours d’un conflit provoqué par Guenièvre et son amant Lancelot. L’industrialisation oppressante et le capitalisme sauvage à l’américaine qu’il a encouragés créent une nouvelle forme de servage qui aboutit à une insurrection de toute la chevalerie. Planqué dans son bunker, Hank contre-attaque à la mitrailleuse et cause la mort de 25'000 hommes, sur quoi Merlin le plonge prudemment dans un sommeil de 1300 ans.
Le roman est un best-seller, adapté plusieurs fois au théâtre. Les transpositions cinématographiques ou télévisuelles (qui, elles, s’adressent à un public peu averti ou juvénile) ignorent les relents misanthropes, antichrétiens et désillusionnés de Twain et se contentent de jouer sur le contraste facile entre d’un côté les concepts progressistes et la technologie des temps modernes et de l’autre un Moyen Age supposé, fait de clichés et d’idées reçues ; ainsi, Hank fait-il passer une éclipse du soleil pour un de ses redoutables tours de magie : il commande aux astres, affirme-t-il, et la cour d’Arthur s’incline, épouvantée (alors que les éclipses sont des phénomènes connus et étudiés depuis la Haute Antiquité). D’où une cascade d’anachronismes plus ou moins drôles, toujours très révélateurs de la décennie où le film a été fait – et du degré d’infantilisme de ses concepteurs comme de leur public cible. Le roman de Twain a été édulcoré en comédie musicale le 3 novembre 1927 par Richard Rodgers (musique) et Lorenz Hart (paroles) sous le titre A Connecticut Yankee, un succès phénoménal à Broadway qui n’a curieusement jamais eu l’honneur du grand écran ; la chorégraphie était signée Busby Berkeley.
1920/21A Connecticut Yankee at King Arthur's Court (US) d’Emmett J. Flynn
William Fox/Fox Film Corp.-The Mark Twain Co., 8 bob./8291 ft./80 min. – av. Harry Myers (Martin Cavendish [=Hank], Sire Boss), Pauline Starke (Sandy, la fille d’Arthur), Charles Clary (le roi Arthur), Rosemary Theby (Morgane Le Fay), William V. Mong (Merlin), Wilfred McDonald (Lancelot du Lac), George Siegmann (Sire Sagramore), Charles Gordon (Clarence, le page), Karl Formes (Mark Twain), Herbert Fortier (Mr. Cavendish), Adele Farrington (Mrs. Cavendish).
Vieux sage hirsute et barbu, Merlin fait sa toute première apparition à l’écran dans cette comédie qui aborde pour la troisième fois l’univers de Camelot dans le cinéma américain, après le Parsifal d’Edison en 1904 et le Lancelot and Elaine de la Vitagraph en 1909 (cf. chap. 1). Le rôle du Yankee fut d’abord proposé à Tom Mix (1919), puis à Douglas Fairbanks, qui le refusa. Harry C. Myers, qui campera plus tard aux côtés de Charles Chaplin l’excentrique millionaire de City Lights (1931), le reprit. Ici, le personnage de Hank, « le Yankee de tous les Yankees » selon Mark Twain, est un jeune riche et oisif qui refuse d’épouser celle que sa mère lui a choisie, est assommé par un cambrioleur pendant la nuit, rêve qu’il découvre Camelot ; Merlin fait condamner l’intrus au bûcher mais celui-ci se sauve en prédisant une éclipse du soleil. Adoubé, Sire Boss modernise le château avec le téléphone, la plomberie et les automobiles. Il livre une bataille victorieuse contre la fée Morgane en plaçant ses chevaliers sur des motocyclettes, puis, de retour au XXe siècle, s’échappe avec l’élue de son cœur, la secrétaire Betty. Les motocyclettes sont une allusion à la bataille d’Argonne (dont la forêt fut ravagée par les obus en 1915), où les bicyclettes de l’armée de secours jouèrent un rôle décisif. Succès critique et public (« la meilleure comédie américaine de l’année après The Kid de Chaplin », selon Photoplay de juin 1921).
Condamné au bûcher pour sorcellerie, Hank (Will Rogers) profite d’une éclipse solaire pour impressionner la cour (1931).
1931*A Connecticut Yankee (Le Fils de l'Oncle Sam chez nos aïeux) (US) de David Butler
William Fox/Fox Film Corp., 96 min. – av. Will Rogers (Hank Martin/Sire Boss, Roger of Claremore), Myrna Loy (Morgane Le Fay), Maureen O'Sullivan (Alisande, la fille d’Arthur), Frank Albertson (Clarence), William Farnum (le roi Arthur), Mitchell Harris (Merlin), Brandon Hurst (Sire Sagramore), Richard Alexander, Stanley Blystone, Ward Bond, Budd Fine, Jerry Frank.
Synopsis : Propriétaire d’un commerce de radios au Connecticut, Hank Martin est assommé par une vieille armure médiévale chez un client dont il répare les installations électriques. Il se réveille en Angleterre à la cour de Camelot. On le condamne au bûcher pour sorcellerie, mais, se souvenant de l’imminence d’une éclipse totale, il prédit l’obscurité éternelle si on le tue. À la réapparition du soleil, Hank est honoré comme un devin. Il défend « la propriété, le soutien des agriculteurs ruinés, la liberté pour l’Irlande, les vins légers et la bière » … et introduit les télécommunications au VIe siècle. Ayant gagné la confiance du roi et pris le titre de Sire Boss, il monte une industrie pour fabriquer des objets dont personne ne saura que faire mais pour lesquels on paiera une fortune : un système de lavage automatique pour armures, le téléphone, les patins à roulettes et la baignoire. Merlin le jalouse. Morgane enlève la princesse Alisande, et, renseignée par Merlin, capture Arthur et Hank. Devenu l’assistant de l’ingénieux yankee, Clarence, le page qui aime la fille du roi, sauve la situation en faisant intervenir des armes révolutionnaires telles que l’ancêtre de la mitrailleuse, du blindé et de l’hélicoptère pour réduire le château de Morgane en ruine. Hank est assommé par les bombes et se réveille au XXe siècle où il retrouve Alisande et Clarence, un couple contemporain qu’il aide à fuguer.
Encouragé par l’accueil public chaleureux du film de 1920, William Fox met sur pied un remake parlant, filmé à Studio City (Fox Movietone). Cette version est restée connue en raison de la participation haute en couleurs du cow-boy philosophe Will Rogers, alors le comique et satiriste politique le plus populaire des États-Unis (avec l’accent traînant de l’Oklahoma). D’origine mi-irlandaise mi-Cherokee, ce vétéran du rodéo recyclé à Broadway et à la radio s’est fabriqué un personnage attendrissant de provincial honnête, timide et faussement naïf, la silhouette trapue, la démarche flegmatique, l’humour enjoué ; il incarne l’esprit individualiste yankee jusque dans ses bizarreries. Son numéro contient des allusions à la crise économique, à la Grande Dépression et à la prohibition (qui sévira jusqu’en 1933), de sorte que son film est l’un des rares à rester, par moments, proche de l’esprit caustique de Mark Twain. (Franklin Roosevelt a du reste pris le terme « New Deal » dans le récit de Twain.) En se faisant adouber, Sire Boss alias Hank déclare qu’il est « comme Mussolini, il ne veut pas un titre, mais simplement être le boss... ». Les diatribes plus acérées et la misanthropie de Twain sont en revanche absents, comme dans toutes les autres adaptations filmées. Myrna Loy et Maureen O’Sullivan (la future Jane de Tarzan) sont particulièrement charmantes, et lorsque la première, en redoutable séductrice, fait rougir Hank avec un baiser, l’écran entier vire au rose… Une farce plaisante, un immense succès à sa sortie et un des dix meilleurs films de l’année selon le New York Times (réédition en 1936, distribution en Amérique latine, en Chine, au Japon et même en Union soviétique), mais qui a aujourd’hui pris un coup de vieux. – GB : The Yankee at King Arthur’s Court, ES : Un yanqui en la corte del rey Arturo, IT : Un americano alla corte di Re Artù, DE : Der Boss : Eine ganz tolle Angelegenheit.
Sire Boss alias Hank Martin (Bing Crosby) et Sire Sagramore (William Bendix) qui se vante de sa capture insolite devant le roi.
1949A Connecticut Yankee in King Arthur's Court (Un Yankee à la cour du roi Arthur) (US) de Tay Garnett
Robert Fellows/Paramount Pictures, 106 min. – av. Bing Crosby (Sire Boss alias Hank Martin), Rhonda Fleming (la princesse Alisande La Carteloise, la nièce du roi Arthur), Sir Cedric Hardwicke (le roi Arthur / Lord Pendragon), Henry Wilcoxon (Lancelot du Lac), Murvyn Vye (Merlin), Richard Webb (Galaad), Virginia Field (Morgane Le Fay), William Bendix (Sire Sagramore), Joseph Vitale (Sire Logris), Julia Faye (Lady Penelope), Alan Napier (le bourreau).
Remake en Technicolor du film de 1931, mais sans l’occasionnelle cocasserie de Will Rogers et agrémenté de cinq chansons de James Van Heusen et Johnny Burke : Bing Crosby, le crooner aux larges oreilles, champion mondial de la vente de disques (White Christmas), oscarisé en 1944 (Going My Way/La Route semée d’étoiles) et alors au sommet de sa carrière, est la vedette absolue du film : il charme les dames de sa voix suave et introduit le « swing » à Camelot... Sa présence décontractée, son aménité nonchalante transforme le film en spectacle « tout public », plaisant et gentillet, mais très loin de l’esprit critique de Twain. Ainsi, toute satire politique a été éliminée : la guerre froide et les cerbères du maccarthysme découragent les plus vaillants. La production a dû également renoncer à la trame et aux airs de la comédie musicale de Rodgers & Hart (A Connecticut Yankee, 1927), car la musique a déjà été utilisée à l’écran l’année précédente par la MGM dans Words and Music (1948) de Norman Taurog, biopic fantaisiste des deux auteurs-compositeurs. Quelques variantes : au début, en 1910, Hank épate les touristes lors d’une visite guidée de Pendragon Castle, en Angleterre, lorsqu’il évoque le roi Arthur et ses proches comme s’il les avait connus. Puis il confie son aventure au propriétaire du château, Lord Pendragon. Au cours de l’action, Hank s’éprend d’Alisande (ou Sandy), la nièce favorite du roi et fiancée de Lancelot. Mais il déconcerte et humilie son rival lors d’une joute où il applique la technique du rodéo avec un lasso, ce qui fâche la belle. Il parvient à sauver Arthur d’un complot de Merlin et Mordred avant de retourner au XXe siècle, où il retrouve la belle Sandy sous les traits de la fille du châtelain.
Le cinéaste Tay Garnett, qui va revenir à l’univers arthurien en 1954 avec le médiocre mais fort amusant The Black Knight (cf. chap. 1), tourne cette comédie sans prétentions d’octobre à décembre 1947 aux studios Paramount à Melrose Avenue, à Sherwood Forest, à Laguna Beach (extérieurs de Camelot) et pour le tournoi à Busch Gardens, Pasadena (Cal.), le tout complété par d’excellents « matte paintings » de Jan Domela, des décors assez opulents mis en valeur par une palette chromatique particulièrement chatoyante. C’est le premier rôle de la ravissante rousse Rhonda Fleming à la Paramount, une star débutante – qui révèle une voix très agréable – engagée au dernier moment pour remplacer Deanna Durbin (qui, elle, a choisi de se retirer du cinéma). A Connecticut Yankee fait un malheur au box-office américain (trois millions de $ engrangés), au point que la Paramount, ravie, offre à Tay Garnett un contrat mirifique de trois films de son choix avec une rémunération de 100'000 $ par mise en scène. Èpris d’indépendance, Garnett refuse et quitte le studio, ce qu’il regrettera plus tard. Quant au périodique satirique Harvard Lampoon, agacé par la niaiserie pleinement assumée du produit, il classe le film parmi les dix plus mauvais de l’année (« Movie Worsts Award »). – IT : La corte di re Artù, ES : Un yanqui en la corte del rey Arturo, DE : Ein Yankee aus Connecticut an König Arthurs Hof / Ritter Hank, der Schrecken der Tafelrunde (tv).
1952(tv) A Connecticut Yankee in King Arthur’s Court (US) de Franklin J. Schaffner
« Studio One », Donald Davis, Dorothy Matthews/Columbia Broadcasting System-Westinghouse (CBS 19.5.52), 51 min. – av. Thomas Mitchell (Hank Martin, Sire Boss), Boris Karloff (le roi Arthur), Loretta Day (la princesse Alisande, la fille d’Arthur), Berry Kroeger (Sire Sagramore), Salem Ludwig (Merlin), Robert Duke (Clarence, le page).
Version télévisée tournée en live, en noir et blanc, sans extérieurs ni changements de costumes, par le futur réalisateur de La Planète des singes (1968) et de Patton (1970). Écrit par Alvin Sapinsley, le téléfilm débute par la visite guidée d’un château anglais où la caméra nous révèle une incongruité, une armure médiévale percée par une balle de fusil… Hank Martin confie la clé du mystère à un compatriote ébahi du Connecticut. Curiosité : Boris Karloff, 65 ans, le monstre iconique de Frankenstein, ici dans la peau d’un roi Arthur comique – rôle qu’il reprendra dans la production de 1955 (cf. infra) –, et donnant la réplique à l’Irlando-Américain Thomas Mitchell, le comédien fétiche de John Ford et de Frank Capra.
1954(tv) A Connecticut Yankee (US) de Fielder Cook
« The Kraft Television Theatre » no. 339 (NBC 8.7.54), 60 min. – av. Jack Livesey (le roi Arthur), Carl Reiner (Sire Kay), Edgar Bergen (Martin Barret), Victor Jory (Merlin), Eva Leonard-Boyne (Guenièvre), Joseph Walsh (Clarence, le page).
Version qui accentue le côté farce, transforme Merlin en personnage comique et place l’épisode de l’éclipse (qui sauve le Yankee) à la fin du récit.
1955(tv) A Connecticut Yankee (US) de Max Liebman et Bill Hobin
« NBC Special », Max Liebman/National Broadcasting Company (NBC 12.3.55), 77 min. – av. Eddie Albert (Martin Barret), Leonard Elliott (Merlin), Gale Sherwood (Morgane Le Fay/Fay Morgan), Boris Karloff (le roi Arthur), Janet Blair (la princesse Sandy, sa fille), John Conte (Sire Kay), Bambi Linn, Rod Alexander, Beverlee Dennis.
Version télévisée de la comédie musicale de Richard Rodgers et Lorenz Hart (1927 et nouvelle version de 1943) : La veille de son mariage avec Fay Morgan, Martin Barrett revoit son ancienne fiancée, Alice Carter. Fay les surprend et assomme Martin avec une bouteille de champagne. Martin rêve qu’il est à Camelot, où il sauve Lady Alisande des griffes de la reine Morgane. Mark Twain est à nouveau totalement édulcoré.
1960(tv) Tennessee Ernie Ford Meets King Arthur (US) de Lee J. Cobb
Roland Kibbee/Hubbell Robinson Productions-Ford Startime (NBC 10.5.60), 2 bob./60 min. – av. Tennessee Ernie Ford (lui-même), Vincent Price (Sire Bors), Alan Young (Clarence), Alan Mowbray (le roi Arthur), Carl Balantine (Merlin), Danny Arnold (Fricke), Robert Emhardt, Kenneth Harp, Mary Menzies, Addison Richards, Alan Young, Joanne Burgin, Ken Carpenter, Donna Cooke, John Dehner (narrateur).
Variante de Mark Twain imaginée par Roland Kibbee (le scénariste de Vera Cruz de Robert Aldrich et de The Crimson Pirate de Robert Siodmak) dans laquelle le chanteur-compositeur de « country music » Tennessee Ernie Ford (célèbre pour son tube Sixteen Tons) est confronté à la cour de Camelot. Curiosité : l’acteur Lee J. Cobb, le plus obtus des « douze hommes en colère » de Sidney Lumet, est au mégaphone.
1964(tv) Un español en la corte del rey Arturo (ES) de Fernando García de la Vega
Série « Escala en Hi-Fi », Televisión Española (TVE 1.1.64 / 8.3.71), 48 min. – av. Joaquín Pamplona (le roi Arthur), Luis Varela, Judye Stephen, Blas Martín, Antonio Alonso, Rafael García, Javier de Paul, Carolina Cromstedt, Guadalupe Vallina, Maria Montez, Jorge del Moral, Margaret B. Peters, Carlos Tamares, Fabián Conde, Maite Tojar, Enrique Echevarría.
Variante musicale en couleurs : un ado ayant trop bu lors d’une surprise party se retrouve à la cour arthurienne après une chute qui l’assomme.
1970[Animation : (tv) A Connecticut Yankee in King Arthur’s Court (AU) de Zoran Janjic; Air Programs International, 74 min. – av. les voix d’Orson Bean, Ron Haddrick, Barbara Llewellyn, John Llewellyn.]
1978[Animation : Bugs Bunny in King Arthur's Court / A Connecticut Rabbit in King Arthur’s Court (US) de Chuck Jones ; Warner Bros. Television, 26 min. – av. la voix de Mel Blanc (tous les rôles). – Dessin animé avec Bugs Bunny, un lapin du Connecticut, Yosemite Sam dans le rôle de Merlin (« Merlin of Monroe » !), Daffy Duck dans celui du roi Arthur, Porky Pig (Sir Loin of Pork) et Elmer Fudd (Sir Elmer of Fudde, le chasseur de dragons). Comme le précise le générique de ce moyen métrage original « produit, réalisé et plagiarisé par Chuck Jones d’après une histoire volée à Mark Twain, tous les événements sont plus ou moins vrais. Les dessins ont été modifiés pour protéger les innocents. »]
1978(tv) A Connecticut Yankee in King Arthur’s Court (US) de Ben Bolt
Série « Once Upon a Classic », Shep Greene, Jay Rayvi, Chiz Schultz/WQED Pittsburgh (PBS 23.5.78), 60 min. – av. Richard Basehart (le roi Arthur), Roscoe Lee Browne (Merlin), Frederick Coffin (Sire Sagramore), Tovah Feldshuh (la princesse Sandy), Paul Rudd (Hank Martin/Sire Boss), Dan Shor (Clarence/Sire Paragraph), Bill Bixby (le présentateur).
Version télévisée peu convaincante, mais avec un certain luxe dans les costumes et Richard Basehart (le clown pathétique de La Strada de Federico Fellini) dans le rôle du roi. Lauréat du George Foster Peabody Award.
1979[The Spaceman and King Arthur /US : The Spaceman in King Arthur's Court / The Unidentified Flying Oddball (Un cosmonaute chez le roi Arthur) (GB) de Russ Mayberry; Disney-20th Century Fox, 93 min. - av. Dennis Dugan, Jim Dale (Mordred), Ron Moody (Merlin), Kenneth More (le roi Arthur), John Le Mesurier (Gauvain). – Niaiserie disneyienne filmée dans les studios de Pinewood.]
Dans le cinéma soviétique, un Yankee (g. bas) sème le désordre à Camelot et intrigue tant Lancelot que Mordred (à dr.) (1987).
1987*Novye priklyucheniya yanki pri dvorje korolya Artura [=Les Nouvelles Aventures d'un Yankee à la cour du roi Arthur] (SU) de Viktor Grès
Mark Grès/Dovzhenko Studios, Kiev, 164 min. – av. Sergej Koltakov (Martin Barret [Hank Morgan]), Aleksandr Kaidanovsky (Lancelot du Lac), Albert Filozov (le roi Arthur), Anastassia Vertinskaja (Morgane Le Fay), Elena Finogeieva (Guenièvre), Mark Gres (Mordred), Vladimir Soshalsky (Sire Sagramore), Evdokiya Germanova (la princesse Sandy), Evgeniy Evstigneev (l’archevêque).
Synopsis : Martin, un pilote américain, fait un atterrissage forcé avec son bombardier dans un désert et, seul survivant, le Yankee découvre un monde parallèle, une quatrième dimension s’ouvrant sur l’univers arthurien. Martin flirte avec la charmante Sandy mais succombe aux charmes de la maléfique fée Morgane. Véritable merveille technologique, son avion enfante à chaque sollicitation un nouveau type d’arme d’extermination massive et finit par se transformer en monstre qui donne naissance à un champignon atomique. Martin ne réussit pas à rendre heureux le roi Arthur et ses sujets à l’aide des merveilles de la civilisation du XXe siècle. Pour impressionner son entourage, le pilote suggère un tournoi peu ordinaire : les armures contre sa mitrailleuse, mais sa tentative de moderniser le royaume « à l’américaine » est rejetée, les vertus d‘antan l’emportent sur son pragmatisme. La victoire revient à Lancelot, modèle d’esprit chevaleresque, qui est à la quête d’une cloche magique dans le désert ; selon la légende, en entendant son tocsin, les aveugles verront, les sourds entendront et tous les humains se comprendront. Seulement, le premier coup de cette cloche tuera le héros qui la fait sonner. Lancelot la trouve, se sacrifie pour l’harmonie universelle et Martin, défait mais plus sage, retourne dans son siècle.
Au lieu de parodier les romans courtois et de démontrer la suprématie de la science sur la superstition, ce film soviétique cherche – comme le fit à son échelle Mark Twain lui-même – à illustrer l’apport également périlleux du progrès qui permet dorénavant l’extermination globale du genre humain. « Il est difficile d’être un dieu », semble dire Viktor Grès en se référant lointainement au fameux roman de science-fiction d’Arcadi et Boris Strougatski (1964). Sa parabole antimilitariste en musique (chantée) – sous-titrée « Fantaisie sur un thème de Mark Twain » – et dont Lancelot est le véritable héros, se veut une méditation visuelle et philosophique sur la place de l’homme dans l’univers. La bande, parfois à la limite de l’expérimental, très atypique dans la production russe du moment mais réalisée avec des moyens importants, a des accents quasi religieux pour conjurer l’apocalypse menaçante. On peut y lire une réponse au « bouclier antimissiles » prôné par Ronald Reagan dans les années 1980 et aux négociations de désarmement atomique entamées entre les deux superpuissances depuis lors.
1988(tv) Jake’s Journey (GB/US) de Hal Ashby
Chris Brown, Allan McKeown, Mike Merson/HTV-Witsend Productions (CBS), 25 min. – av. Graham Chapman (Sir George / la reine), Peter Cook (le roi Arthur), Chris Young (Jake Finley), Lane Smith (Mike Finley), Nancy Lenehan (Jean Finley), Fay Masterson (Sarah Finley), Rik Mayall.
Rejeton d’une famille américaine qui s’établit en Grande-Bretagne, le teenager Jake Flint peine à s’adapter à son nouvel environnement jusqu’au moment où il se trouve propulsé dans le Moyen Age délirant des Monty Python. Le chevalier Sir George le prend sous sa protection et l’emmène sauver une princesse. Il affronte magiciens, ogres et des homards qui parlent… Pilote pour une série américaine produite par CBS, cet épisode inspiré du récit de Mark Twain est tourné à grand frais en Angleterre (1,2 million de $), mais reste inachevé en raison de la mauvaise santé du cinéaste Hal Ashby (Harold and Maude) et de son interprète Graham Chapman (aussi coauteur du script avec David Sherlock).
1989(tv) A Connecticut Yankee at King Arthur's Court (Le Voyage magique au pays du roi Arthur) (US) de Mel Damski
Graham Ford/Consolidated Productions-Schaefer/Karpf Productions-CME Entertainment-NBC (NBC 18.12.89), 95 min. – av. Keshia Knight-Pulliam (Karen Jones), Michael Gross (le roi Arthur), Emma Samms (Guenièvre), Jean Marsh (Morgane Le Fay), Hugo F. Black (Mordred), Whip Hubley (Lancelot du Lac), René Auberjonois (Merlin), Bryce Hamnet (Clarence, le page).
Nouvelle version, destinée aux petites filles, puisque l’héroïne en est cette fois l’Afro-américaine Karen, damoiselle effrontée de 12 ans qui, à la suite d’une chute de cheval, se retrouve propulsée au Moyen Âge où elle se débarrasse de ses ennemis au karaté. Impressionné par sa caméra polaroïd, son walkman et son enregistreur, Arthur la nomme « maître magicien », au grand dam de Merlin. Une ineptie tournée en Hongrie, en Grande-Bretagne et aux USA à l’occasion, qui l’eût cru, du centenaire de la publication du texte de Mark Twain. – DE : Zeitsprung in die Tafelrunde, ES : Una americana en la corte del Rey Arturo.
1991(tv) Good Knight MacGyver (MacGyver le preux) (US) de Michael Vejar
Série « MacGyver » (saison 7, épis. 7-8), Henry Winkler/John Rich Productions-Paramount Television, (ABC 4.+11.11.91), 2 x 48 min. – av. Richard Dean Anderson (Angus MacGyver), Dana Elcar (le roi Arthur), Tim Winters (Merlin), Robin Strasser (Morgane Le Fay), Christopher Collet (Galaad).
L’agent MacGyver reçoit un coup sur la tête et se retrouve à la cour arthurienne où son fabuleux sens du bricolage en fait un chevalier de premier ordre (tournage aux studios Paramount à Hollywood).
1995A Kid in King Arthur's Court / Knightskater (Le Kid et le Roi) (US) de Michael Gottlieb
Tapestry Films-Trimark Pictures-Walt Disney Pictures, 90 min. – av. Thomas Ian Nichols (Calvin Fuller), Joss Ackland (le roi Arthur), Art Malik (Lord Belasco), Paloma Baeza (la princesse Katherine), Kate Winslet (la princesse Sarah), Ron Moody (Merlin), Daniel Craig (Maître Kane).
Variante mise au goût des teenagers de la fin du XXe siècle : Merlin transporte le collégien Calvin à la cour d’Arthur pour sauver Camelot des griffes de Lord Belasco et récupérer la princesse Katherine qui est tombée sous son charme (tournage en Hongrie et en Grande-Bretagne). Unique curiosité, l’apparition dans de petits rôles de Kate Winslet deux ans avant Titanic et de Daniel Craig une décennie avant d’incarner James Bond. – IT : Un ragazzo alla corte di re Artú, ES : Aventuras en la corte del rey Arturo, DE : Knightskater : Ritter auf Rollerblades.
1995(tv+ciné} A Young Connecticut Yankee in King Arthur’s Court (Arbalète et Rock’n’roll) (CA/FR/GB) de Ralph L. Thomas
Filmline International (Movie Network 1.6.95), 95 min. – av. Michael York (Merlin), Paul Hopkins (Galahad), Jack Langedijk (Ulrich), Nick Mancuso (le roi Arthur), Philippe Ross (Hank Martin), Theresa Russell (Morgane Le Fay), Polly Shannon (la princesse Alisande), Ian Falconer (Lancelot du Lac), David Schaeffer (Clarence), Lisa Flores (Guenièvre).
Hank est ici un adolescent presque électrocuté par sa guitare électrique, choc qui le précipite temporairement dans le passé. De toutes les adaptations du récit de Mark Twain, celle-ci possède les décors et les costumes les plus convaincants, une reconstitution soignée tournée en République tchèque et à Montréal, au Canada. – ES : Movida en la corte del Rey Arturo, DE : Mit Vollgas in die Tafelrunde, König Arturs Tafelrunde.
1998(tv) A Knight in Camelot (Le Chevalier hors du temps) (US) de Roger Young
Série « The Wonderful World of Disney », Rosemont Productions-Walt Disney Television (ABC 8.11.98), 90 min. – av. Whoopi Goldberg (Dr. Vivien Morgan), Michael York (le roi Arthur), James Coombs (Lancelot du Lac), Ian Richardson (Merlin), Amanda Donohue (Guenièvre), Robert Addie (Sire Sagramore).
Le dysfonctionnement d’un ordinateur propulse une chercheuse en informatique à la cour du roi Arthur, où elle stupéfie le monde avec son laptop. Un film pour enfants et public peu exigeant. Il est tourné en Angleterre (Newcastle-upon-Tyne) ainsi qu’à Budapest, et fabriqué sur mesure pour la vedette noire Whoopi Goldberg (révélée en 1985 par Steven Spielberg dans The Color Purple). – IT : Un’americana alla corte di re Artù, ES : Desmadre en Camelot, DE : Ein Ritter in Camelot.
2001[Black Knight (Le Chevalier Black) (US) de Gil Junger ; Regency Enterprises-20th Century-Fox, 95 min. – av. Martin Lawrence (Jamal Walker), Marsha Thomason (Victoria), Tom Wilkinson (Sire Knolte), Vincent Regan (Sire Perceval), Kevin Conway (le roi Leo). – Propulsé en Angleterre au XIVe siècle, l’acteur noir Martin Lawrence est placé dans une situation similaire à celle de Hank, mais sans mention du roman de Mark Twain au générique.]