II - LE ROYAUME D’ANGLETERRE

7. EDWARD III DÉCLENCHE LA GUERRE DE CENT ANS (1327 à 1377)


Né en 1312 à Windsor, marié à Philippa de Hainaut. Après la destitution de son père Edward II en janvier 1327, Edward III est couronné à l’âge de 14 ans, mais sa mère Isabelle de France assume la régence aux côtés de son concubin Roger Mortimer. En 1330, Edward s’empare du pouvoir, fait exiler sa mère et juger et exécuter Mortimer (commanditaire des assassins de son père). Ayant restauré l’autorité royale suite au règne paternel désastreux et défait – mais non soumis – le royaume d’Écosse dont l’indépendance est garantie par le traité de Northampton, il fait du royaume d’Angleterre la première puissance militaire d’Europe. Son royaume est alors en conflit larvé avec la France du fait de l’emprise économique de l’Angleterre sur toute la partie occidentale du royaume de France, des Flandres au duché d’Aquitaine (dont les limites territoriales sont vagues, provoquant sans cesse des frictions), et de l’alliance franco-écossaise. Descendant des Capétiens par sa mère (petit-fils de Philippe le Bel), il revendique la couronne de France contre Philippe VI de Valois. En mai 1337, ce dernier s’empare du duché de Guyenne. En réponse à cette confiscation arbitraire, Edward III fait valoir publiquement ses prétentions au trône de France et déclenche ainsi la Guerre de Cent Ans (1337-1453), tandis que l’Europe subit une grave crise économique et sociale ainsi que les ravages de la Peste Noire. Le monarque impose en 1361 l’anglais comme langue nationale (jusqu’à cette date, la langue officielle à la cour anglaise était le franco-normand) ; cette mesure renforce en retour l’anglophobie dans les territoires conquis sur le continent.

En un premier temps, l’écrasante suprématie anglaise se fait sentir sur tous les fronts. Brillant stratège, Edward III coule définitivement la flotte du capétien Philippe VI près de Bruges en 1340. L’armée française subit une autre terrible défaite à la bataille de Crécy le 16 août 1346, marquant le début de la fin de la chevalerie en tant qu’ordre militaire d’élite, mis en déroute par les nouvelles armes de jet (les arcs longs) des Anglais. C’est la victoire de la piétaille sur un idéal chevaleresque qui a empêché toute innovation tactique. La défaite illustre en outre l’unité factice du royaume de France. Ce désastre permet à l’Anglais de s’installer durablement sur le continent, du moins en théorie, car l’ost anglais est touché par la dysenterie et éloigné de ses bases en territoire ennemi.Pour tirer un profit minimal de sa campagne, Edward III décide en septembre 1346 de s’emparer de Calais, un port qui doit servir de base permanente pour envahir la France. Mais la ville, défendue par Jean de Vienne et 200 professionnels des armes, ravitaillée par les corsaires de Boulogne, résiste au siège pendant onze mois. Le Plantagenêt ne tente aucun assaut, afin d’éviter de lourdes pertes, et décide de réduire la cité par la famine ; il accepte toutefois de laisser une bonne partie de la population calaisienne sortir de la ville (les gens les plus démunis, incapables de financer leurs propres provisions). En août 1347, Calais se rend. Contrairement à ce que rapporte le chroniqueur Jean Froissart, Edward III n’exige nullement la tête de six bourgeois : il impose une cérémonie expiatoire à l’issue de laquelle, après avoir traversé la cité la corde au cou, six bourgeois viennent lui demander pardon de l’avoir offensé en résistant aussi longtemps ! (La « scène héroïque » de la reine Philippine de Hainaut se jetant, enceinte, aux pieds de son époux pour obtenir la grâce des six « condamnés » est purement imaginaire.) La ville portuaire restera anglaise jusqu’au milieu du XVIe siècle. Le 19 septembre 1356 à la bataille de Poitiers, Jean II le Bon, nouveau roi de France depuis six ans mais déplorable tacticien, conduit ses troupes, quoique numériquement très supérieures, au désastre ; il est fait prisonnier, ainsi que son fils Philippe et de nombreux membres éminents de la chevalerie française. C’est une catastrophe pour la couronne des Valois capétiens et une indéniable victoire anglaise pour cette première phase de la guerre de Cent Ans, confirmée par la signature du traité de Brétigny en 1360. Jean II le Bon meurt en semi-captivité à Londres quatre ans plus tard. Les dernières années d’Edward III son assombries par des revers militaires, son apathie et une très mauvaise santé. Après de 50 ans de règne, il aura transformé l’Angleterre en puissance industrielle maîtrisant toute la chaîne textile.
EDWARD of Woodstock dit « THE BLACK PRINCE » (Édouard le Prince Noir, 1330-1376), fils aîné d’Edward III
Prince de Galles, le « Prince Noir » tient son surnom de son amure noire et de ses chevauchées sanglantes en territoire français. Il s’illustre dès 16 ans à la bataille de Crécy ; vainqueur de Poitiers, où il capture le roi de France (1356), il devient prince-gouverneur d’Aquitaine et de Gascogne (1362) et défait Bertrand du Guesclin à Najera, en Castille. Ruiné financièrement par cette expédition et rongé par la maladie, il est ramené en Angleterre où il meurt, laissant l’Aquitaine est en pleine débâcle.
1911The Death of King Edward III (US) de James Stuart Blackton
Vitagraph Co. of America, 324 m. – av. Charles Kent (Edward III), Helen Gardner (Alice Perrers de Windsor, sa favorite), William Humphreys.
Diminué par la maladie, Edward III est sous l’emprise de sa très jeune maîtresse, Alice Perrers (1348-1400) qui lui sert de conseillère politique, s’enrichit et lui donne trois enfants à l’insu de la reine. Les derniers temps du monarque sont assombris par le deuil de son fils Edward de Woodstock dit le Prince Noir, héritier du trône emporté par la maladie une année avant lui, en 1376. C’est son petit-fils de dix ans qui lui succède, le futur Richard II. – Filmé dans les studios Vitagraph à Flatbush (Brooklyn).
Henri Etiévant (Edward III) dans une reconstitution spectaculaire du siège de Calais (1911).
1911Le Siège de Calais (FR) d’Henri Andréani
« Série d’Art » Pathé Frères S.A. (Paris), 620 m./2 bob. – av. Georges Dorival (Jean de Vienne, gouverneur de Calais), Henri Etiévant (Edward III), Ernest Maupain (Philippe VI), Léontine Massart (Philippine de Hainaut, reine d'Angleterre).
Le siège de Calais par les Anglais en 1346/47. Philippe VI tente en vain de délivrer la cité affamée qui, après de rudes combats, se voit contrainte de capituler aux conditions implacables que pose le monarque britannique (cf. infra, 1963).
Un des premiers films français à grande figuration (sur modèle italien), Andréani mobilisant des centaines d’hommes et cavaliers en armure pour la bataille perdue de Philippe VI contre les assiégeants anglais à Villeneuve-la-Hardie ainsi que pour l’assaut général des remparts. Aux studios de Joinville, le cinéaste réutilise les décors de son Cléopâtre (1911), transformant le port d’Alexandrie en celui de Calais. Le scénario assez élaboré d’Eugène Creissel et Andréani insiste lourdement sur le geste conciliatoire de la reine d’Angleterre, Philippine de Hainaut, qui sauve les six héroïques bourgeois de Calais de la pendaison : à la veille de la Première guerre mondiale, il s’agit de rappeler à l’opinion publique de l’Hexagone (facilement anglophobe) que la France et la Grande-Bretagne ont signé en avril 1904 un accord d’Entente cordiale face à la menace de la puissance allemande. – US : The Siege of Calais / The Queen’s Pity.
1914La morte di Edoardo III (IT)
Società Italiana Cines, Roma. [film tourné ?]
1948® Du Guesclin (FR) de Bernard de Latour et Pierre Billon. – av. Roger Vincent (Edward de Woodstock dit le Prince Noir). – cf. France, chap. 7 : Guerre de Cent Ans.
1955* The Dark Avenger / The Black Prince / US: The Warriors (L'Armure noire) (GB/US) de Henry Levin
Walter Mirisch/Allied Artists-20th Century-Fox, 1h25 min. – av. Errol Flynn (Edward de Galles, dit le Prince Noir), Michael Hordern (Edward III, son père), Joanne Dru (Lady Joan Holland [Jeanne de Kent]), Peter Finch (le comte Robert de Ville), Noel Willman (Bertrand du Guesclin), Yvonne Furneaux (Marie), Rupert Davies (Sir John Chandos), Patrick Holt (Sir Ellys), Vincent Winter (John Holland), Richard O’Sullivan (Thomas Holland), Leslie Linder (François Le Clerc), Robert Urqhart (Sir Philip), Moultrie Kelsall (Sir Bruce), Fanny Rowe (Geneviève), Alistair Hunter (Sire Lebeau), Ewen Solon (D’Estell), Jack Lambert (Dubois), Christopher Lee (un capitaine de la garde française), Patrick McGoohan (un chevalier anglais).
Synopsis : Après le désastre de Poitiers, Jean II le Bon et son fils cadet Philippe sont prisonniers à Londres, le royaume de France est décapité. Roi d’Angleterre, Edward III a remporté une succession de victoires sur la chevalerie française, mettant un terme à la première partie de la guerre de Cent Ans. En 1358, près d’Auray, en Bretagne, au soir d’une ultime bataille, il libère plusieurs nobles du pays en concordance avec la trêve décrétée et déclare une amnistie générale si ses anciens adversaires déposent les armes. Le comte Robert de Ville refuse de prêter serment et organise secrètement la résistance à l’envahisseur. Edward III devant retourner en Angleterre, il confie à son fils Edward de Woodstock, prince de Galles, la gestion des terres conquises. Les effectifs armés de ce prince-gouverneur d’Aquitaine et de Gascogne sont limités, en fait juste de quoi défendre sa propre forteresse ducale. Une délégation de villageois vient se plaindre des exactions des seigneurs français avoisinants menés par de Ville : recrutements forcés, entraînement militaire clandestin, taxes illicites. Edward y met fin. Lady Joan de Kent, la cousine et amie d’enfance d’Edward, à présent veuve, s’installe avec ses deux enfants dans un château proche. De Ville tente en vain de faire assassiner le prince par des sicaires déguisés en paysans, puis, ayant fait enlever Lady Joan et ses fils, il attire Edward et ses chevaliers dans une embuscade en rase campagne. Ayant échappé à la tuerie, le prince prend le maquis avec son capitaine, Sir John Chandos. Les Français le cherchent partout. Grâce à la complicité d’une servante d’auberge, il s’empare d’une armure noire (d’où le surnom de « Prince Noir » que lui donnera la postérité) et se fait engager incognito dans l’armée rebelle après avoir défait en combat singulier Lebeau, un chevalier français. Admiratif, de Ville le prend dans son état-major et lui révèle l’arrivée imminente des troupes de Bertrand du Guesclin, connétable de France. À l’occasion d’une joute nocturne, du Guesclin reconnaît Edward et celui-ci s’enfuit tout en libérant Lady Joan. Barricadé dans son château, il en organise la défense à un contre dix. Les bombardes mobiles françaises ont raison de la barbacane, mais Edward piège l’ennemi par le feu et ses archers. Du Guesclin est capturé tandis qu’un jet de hache d’Edward tue de Ville. Le « Prince Noir » épouse Lady Joan.
 Production anglo-américaine à la traîne de la grande vague des aventures chevaleresques made in Hollywood, The Dark Avenger est mitonné sur mesure pour Errol Flynn, dont c’est le dernier film en costumes. Trop âgé à son goût pour ce genre de gymnastique (et un peu bouffi par l’alcool), il apparait néanmoins fougueux à souhait et princier dans son armure de métal noire, le visage protégé par un bassinet à bec pointu. Le combat à l’épée de quatre minutes qu’il livre contre Christopher Lee dans un estaminet a de la tenue (Lee en gardera une cicatrice permanente à la main), quoiqu’il soit doublé de loin par le champion britannique d’escrime au sabre Raymond Paul. C’est Henry Levin, prolifique et souvent médiocre homme à tout faire, – on lui doit toutefois une des meilleures adaptations de Jules Verne au cinéma (Journey to the Center of the Earth / Voyage au centre de la terre avec James Mason, 1959) – qui signe la réalisation. La superbe forteresse normande de Torquilstone érigée jadis en grandeur nature sur le « backlot » des studios anglais d’Elstree à Borehamwood pour l’Ivanhoé de Richard Thorpe (1952) se mue en château ducal d’Edward en Aquitaine, assiégé par la chevalerie française ; il s’agit ici bien sûr d’une licence poétique, puisque le Prince Noir et du Guesclin ne se sont affrontés que dix ans plus tard, en Espagne. Vieillie de deux cents ans, la place-forte est affublée d’une vaste enceinte qui pourrait abriter une ville (Bordeaux ?), de parapets, de corbeaux, de mâchicoulis et de tours à bec du XIVe siècle. De quoi soutenir un siège spectaculaire et rondement mené.
Henry Levin voit en The Dark Avenger non pas une leçon d’histoire mais un « western en armure », genre dont il reprend certains principes : rythme, action soutenue et prédominance des extérieurs (dans les parages de Tring, à 50 km au nord de Londres). Cavalcades, poursuites et échauffourées se succèdent en plans généraux dans les dunes verdoyantes du Hertfordshire que le CinemaScope et le Technicolor du chef opérateur Guy Green mettent admirablement en évidence. Le guet-apens en pleine campagne, où Edward et son escorte sont assaillis par une cinquantaine de chevaliers en armure lourde, n’est pas sans rappeler les manœuvres entre Tuniques bleues et Indiens, le panache en plus. Les batailles – avec 100 cascadeurs et 88 chevaux – sont réglées par le réalisateur écossais Alex Bryce (The Black Tulip d’après Dumas, 1937) qui a dirigé les scènes d’action des récents films d’aventures historiques produits par Walt Disney en Angleterre (Robin Hood and his Merry Men, The Sword and the Rose, Rob Roy, Treasure Island). L’ensemble est donc plutôt jouissif et ne mérite aucunement l’oubli dans lequel le film a sombré après des recettes moyennes en Grande-Bretagne et un flop aux États-Unis, où Flynn n’est plus populaire. Le scénario de Daniel B. Ullman (Wichita de Jacques Tourneur) est sans surprises, mais il aligne avec adresse tous les ingrédients espérés. Le camp français n’y est ni caricatural ni diabolisé : du Guesclin est dépeint avec respect à défaut de sympathie, et Robert de Ville (personnage fictif) parle clairement de « ces Anglais installés dans les châteaux et sur les fiefs qu’ils nous ont volés, » justifiant par là l’insurrection.
Certes, l’authentique Edward de Woodstock, dit « the Black Prince » (1330-1376), prince de Galles et duc de Cornouailles, n’avait rien d’un noble défenseur de veuves et d’orphelins ni d’un Robin des bois prenant les humbles paysans d’Aquitaine sous sa défense ! Il tient son surnom de son armure noire et de ses chevauchées sanglantes en territoire ennemi. Spécialiste du pillage en règle (selon la pratique inaugurée par son père), on lui doit plusieurs massacres notables, à Limoges et ailleurs, perpétrés avec ses vassaux gascons – de véritables campagnes de terreur destinées à ébranler l’unité et affaiblir l’économie adverses. Chef de guerre redoutable, adulé en Angleterre, il s’illustre dès seize ans à la bataille de Crécy et remporte celle de Poitiers, où il capture le roi de France (1356). Ayant épousé sa cousine Joan, comtesse de Kent (surnommée « The Fair Maid of Kent », 1328-1385), il tient à Bordeaux, capitale de sa principauté d’Aquitaine, une des cours les plus brillantes de son temps. En 1367, il défait du Guesclin à Najera, en Castille. Ruiné financièrement par cette expédition et rongé par la maladie, il est ramené en Angleterre où il décède une année avant son père, laissant l’Aquitaine en pleine débâcle. Il meurt à 46 ans … l’âge d’Errol Flynn à l’écran. – DE, AT : Der schwarze Prinz, IT : Il vendicatore nero, ES : El principe negro, BE : Le Prince noir.
1958(tv) Die Bürger von Calais (DE) de Frank Lothar
Sender Freies Berlin (ARD 23.10.58), 45 min. – av. Hans Hessling (Jean de Vienne, gouverneur de Calais), Hans Krull (Bertrand du Guesclin), Friedrich Maurer (Eustache de Saint-Pierre), Hans Finohr (Jean d’Aire), Burkhard Wagner, Kurt Waltzmann, Hermann Kiessner (les autres bourgeois), Ernst Jacobi (Jacques de Wissant), Rüdiger Renn (Pierre de Wissant), Robert Taube (le père d’Eustache), Friedrich Schönfelder, Kurt Weitkamp, Erich Gühne, Helmut Hildebrand.
Adaptation du drame homonyme de Georg Kaiser (1914). Le récit des « bourgeois de Calais » (cf. 1963) : Eustache de Saint-Pierre, un des six notables livrés aux Anglais, se suicide pour épargner la mort aux autres, ignorant qu’Edward III les a tous graciés en apprenant la naissance de son fils. Inspiré par la célèbre sculpture d’Auguste Rodin (1885), Kaiser voit en Eustache le « nouvel homme » capable de régénérer les valeurs occidentales … à l’aube de la Première guerre mondiale.
1959(tv) Three Golden Nobles (GB) de David Goddard
David Goddard (BBC 1.11.-19.12.59), 7 x 25 min. – av. Cavan Kendall (Stephen Bellinger), Victoria Watts (Lady Marian), Colin Douglas (le bailli Roger), Nigel Arkwright (John Bellinger, père de Stephen), Lionel Marson (le roi Edward III), Trevor Martin (Gilbert Totteridge), Katherine Parr (la Mère Bellinger), William Simons (Hubert Bellinger), Douglas Blackwell (Adam Breakspear), Eric Holmes (Old William), Frank Atkinson (Simon Reeve), Patrick Troughton (Mad Peter), Ewart Wheeler (Jack le Meunier), Elton Hayes (Jocelyn of Ludlow), Madge Brindley (Mistress Jollybody), Haydn Jones (Giles Langbourne), Tim Hudson (Maître Thomas Lovecote), John Kidd (Humphrey), Frank Seton (Maître Martin), Shirley Lawrence (Cicely Lovecote), John Dunbar (Simon), David Rose (Sir Richard FitzWilliam), John Woodnutt (Maître Hugh of St. Albans), Raymond Rollett (Maître Nigel Merry) et les membres de la Farnham Repertory Company.
Londres en 1357/58. Stephen Bellinger, un jeune serf de 14 ans, très doué en dessin mais condamné à travailler la terre jusqu’à sa mort, rêve de devenir peintre. Il quitte en secret le manoir de son maître parti à la guerre en France pour échapper au cruel bailli. Après son apprentissage chez Maître Thomas Lovecote à Londres, il devient peintre de la cour, retient l’attention du roi Edward III et parvient ainsi à aider la population opprimée et révoltée de son village natal. Stephen sauve la vie de son père, impliqué dans l’insurrection, grâce aux trois pièces d’or que le roi lui avait remises personnellement. De retour de France, le seigneur local libère les villageois de leur servitude. Un feuilleton pour la jeunesse d’après le roman éponyme de Christine Price (1951). – Episodes : 1. « The Painter » – 2. « Escape to London » – 3. « The Painter’s Apprentice » – 4. « Beware the Watch » – 5. « King’s Painter » – 6. « Hue and Cry » – 7. « Freedom ! ».
1963(tv) Un bourgeois de Calais (FR) d’Alain Boudet
Radio-Télévision Française (RTF) (1e Ch. 17.9.63), 2h15 min. – av. Michel Etcheverry (Eustache de Saint-Pierre), Raoul Guillet (Jean de Vienne, gouverneur de Calais), Julien Guromar (Edward III), Paul-Emile Deiber (Philippe VI), Claude Nollier (Bérengère), Judith Magre (Philippine/Philippa de Hainaut, reine d'Angleterre), Yves Kerner (Maury), Jacques Mauclair (Chancelier), Maurice Carrel (Jean d’Aire), René Alone (Jacques de Wissant), Jean-Marc Fertey (Jean de Wissant), Julier Verdier (Andrieu d’Andres).
Synopsis : En 1347, Edward III d'Angleterre assiège Calais depuis 11 mois, ayant juré de l’incendier et de massacrer tous les habitants. A l’intérieur, la situation est désespérée. Jean de Vienne, gouverneur, voudrait conserver la place forte au roi de France, mais les notables réunis en conseil décident de capituler. C’est à Eustache de Saint-Pierre qu’incombe la tâche d’amadouer le souverain anglais et négocier la reddition de la ville. Edward III exige le sacrifice de six bourgeois en échange de la vie de toute la population de Calais. En chemise, la corde au cou, ceux-ci se préparent à l’exécution, mais, attendri par les pleurs de son épouse Philippine, le roi épargne leurs vies. Calais devient anglaise le 3 août 1347 (et le restera jusqu’en 1558). – Dramatique écrite par Jean-Louis Roncoroni à partir des Chroniques de France de Jean Froissart.
1963-66® (tv) Thierry la Fronde (FR) de Robert Guez, Piere Goutaz. – av. Jacques Couturier (Edward, le Prince Noir), Jean Magnan (Geoffrey Chaucer). – cf. France, chap. 7 : Guerre de Cent Ans.
1963(tv) Un bourgeois de Calais (FR) d’Alain Boudet
Radio-Télévision Française (RTF) (1e Ch. 17.9.63), 2h15 min. – av. Michel Etcheverry (Eustache de Saint-Pierre), Raoul Guillet (Jean de Vienne, gouverneur de Calais), Julien Guromar (Edward III), Paul-Emile Deiber (Philippe VI), Claude Nollier (Bérengère), Judith Magre (Philippine/Philippa de Hainaut, reine d'Angleterre), Yves Kerner (Maury), Jacques Mauclair (Chancelier), Maurice Carrel (Jean d’Aire), René Alone (Jacques de Wissant), Jean-Marc Fertey (Jean de Wissant), Julier Verdier (Andrieu d’Andres).
Synopsis : En 1347, Edward III d'Angleterre assiège Calais depuis 11 mois, ayant juré de l’incendier et de massacrer tous les habitants. A l’intérieur, la situation est désespérée. Jean de Vienne, gouverneur, voudrait conserver la place forte au roi de France, mais les notables réunis en conseil décident de capituler. C’est à Eustache de Saint-Pierre qu’incombe la tâche d’amadouer le souverain anglais et négocier la reddition de la ville. Edward III exige le sacrifice de six bourgeois en échange de la vie de toute la population de Calais. En chemise, la corde au cou, ceux-ci se préparent à l’exécution, mais, attendri par les pleurs de son épouse Philippine, le roi épargne leurs vies. Calais devient anglaise le 3 août 1347 (et le restera jusqu’en 1558). – Dramatique écrite par Jean-Louis Roncoroni à partir des Chroniques de France de Jean Froissart.
1968(tv) Die Bürger von Calais (DE) de Heribert Wenk et Wilhelm Speidel
(ZDF 8.9.68), 1h40 min. – av. Alexander Golling (Jean de Vienne), Richard Bohne (Bertrand du Guesclin), Claus Clausen (Eustache de Saint-Pierre), Malte Jäger (Jean d’Aire), Jürgen Wegner (Jacques de Wissant), Kurt Rasche (Andrien d’André), Bruno Schönfeld (le père d’Eustache), Michael Schacht, Wolf Ackva (autres bourgeois), Erika Beilke, Damar Hessenland, Harald Dornseiff, Thomas Stroux, Claudia Golling.
La pièce de Georg Kaiser enregistrée aux Freilichtspiele Schwäbisch Hall (cf. version de 1958).
1968(tv) Die Bürger von Calais (DE) d’Oswald Döpke
(ZDF 12.4.68), 1h20 min. – av. Carl Lange (Eustache de Saint-Pierre), Günther Strack (Edward III, roi d’Angleterre), Erika Pluhar (Philippa de Hainaut, sa femme), Wolfgang Engels (Jean de Vienne, gouverneur de Calais), Irmgard Först (Bérengère), Christian Marguiles (Renaud), Lisa Helwig (Jeanne), Wolfgang Weiser (Philippe), Hans Karl Friedrich (chancelier), Norbert Kappen (Mauny), Hans Hinrich (Jacques de Wissant), Romano Merk (André d’Aire), Heinrich Fürst (Jean d’Aire), Jochen Jahn (Jean de Wissant), Hans Wolfgang Zeiger (Pierre de Fienne).
Dramatique d’après Jean-Louis Roncoroni (cf. version de 1963).
1972/73® (tv) Les Rois maudits – 6. Le Lis et le Lion (FR) de Claude Barma. – av. Jean-Louis Broust (Edward III d’Angleterre), Jean Piat (Robert d’Artois). – cf. France, chap. 6 : Philippe IV.
1984John Wycliffe : The Morning Star (US) de Tony Tew
Ken Curtis, Tony Tew/Gateway Films, 75 min. – av. Peter Howell (Dr. John Wycliffe), Michael Bertenshaw (John Purvey), Barrie Cookson (Dr. Nicholas Hereford), Jeremy Roberts (Throckmorton), Peter J. Cassell (Batka), Mel Churcher (la nièce de Wycliffe), Noel Howlett (Simon Sudbury, archevêque de Canterbury et Lord Chancellor), Robert James (l’évêque William Courtenay, son successeur), Keith Buckley (John of Gaunt), Colin Russell (Squire Newberry), Iain Cuthbertson (le chancelier Rigg).
Les dernières années du théologien et grand précurseur de la Réforme John Wycliffe (Wyclif, Jean de Wiclef, 1324-1384) à Oxford puis à Lutterworth, sa polémique avec l’Église catholique romaine, ses attaques contre la papauté, sa traduction anglaise de la Vulgate bravant l’interdit du Vatican. Paralisé, il ne peut se présenter au procès que lui intente l’Église et il décède peu après. Un de ses disciples, Jan Hus à Prague, périt sur le bûcher (1415). En 1414, le Concile de Constance ordonnera que les ossements déterrés de Wycliffe soient brûlés. Ses écrits lui vaudront le surnom de “l’étoile du matin de la Réforme”. Une production indépendante réservée aux églises protestantes et tournée à Athelhampton House (Dorset).
1988The Navigator : A Mediaeval Odyssey (Navigator : Une Odyssée médiévale) (AU/NZ) de Vincent Ward
John Maynard/Arena Film-The Film Investment Corp. of New Zealand-The Australian Film Commission-The New Zealand Film Commission, 92 min./82 min. – av. Bruce Lyons (Connor), Hamish McFarlane [=Hamish Gough] (Griffin), Noel Appleby (Ulf), Marshall Napier (Searl), Chris Haywood (Arno), Paul Livingston (Martin), Sarah Pierse (Linnet), Jessica Cardiff-Smith (Esmé).
En 1348, la Mort Noire s’abat sur un petit village du comté de Cumbria, dans le nord-ouest de l’Angleterre. Griffin, neuf ans, ne cesse d’être hanté par des visions prophétiques. Suivi de ses frères Connor et Ulf, de Searl, du philosophe Martin et d’Arno, Griffin pénètre après un long périple dans un puits qui doit les conduire de l’autre côté de la terre. Ils s’enfoncent dans les entrailles terrestres – un tunnel spatio-temporel – et aboutissent dans une grande ville de Nouvelle-Zélande... en 1988, où, obéissant aux prophéties du garçon, le groupe de loqueteux venus d’un autre temps forge une croix à accrocher à la cathédrale. Mais la longue quête n’est qu’un rêve, le village médiéval semble sauvé alors que la peste est toujours présente et frappe Griffin. – Le Néo-zélandais Vincent Ward préfère jouer la carte de la psychologie au lieu du grand spectacle voire de l’heroic fantasy pour esquisser la parabole d’une fin de millénaire qui n’a rien à envier à l’obscurantisme habituellement associé au Moyen Âge. Un beau film languissant et funèbre favorisant une esthétique élaborée plutôt que des effets spéciaux, présenté en compétition au Festival de Cannes 1988 et qui récolte le Grand Prix du Public et du Jury au Festival du Film Fantastique de Munich. Les visions d’avenir de Griffin sont en couleurs, l’univers médiéval en noir et blanc. Tournage en Nouvelle-Zélande (Auckland, Tongariro National Park et les caves de Waitomo à Waikato).
1992(tv) Covington Cross (GB/US) de William Dear et Alister Hallum
Gil Grant, Joel Surrow, Aida Young/Gil Grant Productions-Reeves Entertainment Group-Thames Television (ABC 25.8.-31.10.92), 13 x 45 min. – av. Nigel Terry (Sir Thomas Grey), Cherie Lunghi (Lady Elisabeth, sa flamme), Tim Killick (Armus Grey), Jonathan Firth (Richard Grey), Glenn Quinn (Cedric Grey), Ione Skye (Eleanor Grey), James Faulkner (le baron John Mullens), Paul Brooke (le frère), Laura Howard (Alexandra Mullens), Miles Anderson (le roi Edward III).
Sous Edward III, v. 1370. Les aventures quotidiennes de la famille de Sir Thomas Grey, un veuf, de ses fils Armus, Richard, Cédric et William, ainsi que de sa fille Eleanor, au château de Covington Cross. Sir Thomas est en lutte contre son voisin et ennemi, le baron John Mullens qui ne cesse d’intriguer à ses dépens. Une série créée par Gil Grant et filmée en Grande-Bretagne (Allington Castle, Maidstone et Penshurst Place dans le Kent, studios de Shepperton). L’écho est très moyen, seul sept des treize épisodes sont diffusés aux USA.
Episodes : 1.-2. “Armus Returns (Le Retour)” – 3. “Outlaws (Hors-la-loi)” – 4. “Cedric Hits the Road (Cédric prend la route)” – 5. “The Hero (Le Héros)” – 6. “Blinded Passions (Passion aveuglante)” – 7. “The Persecution (Persécution)” – 8. “Evicition (Éviction)” – 9. “The Trial (Le Procès)” – 10. “The Plague (La Peste)” – 11. “Revenge (Revanche)” – 12. “Celebration (Célébration)” – 13. “Brothers (Les Frères)”.
1993Anchoress / La Recluse (GB/BE) de Chris Newby
Paul Breuls, Ben Gibston/Corsan-British Film Institute Production (BFI London)-Upstate Films-Channel Four, 106 min. – av. Natalie Morse (l’ermite Christine Carpenter), Annette Badland (Marie), Toyah Wilcox (Pauline Carpenter), Christopher Eccleston (le prêtre), Brenda Bertin (Meg Carpenter), François Beuckelaers (l’évêque), Gene Bervoets (Reeve), Pete Postlethwaite (William Carpenter), David Boyce (Ragged Martin), Mieke De Groote (sa femme), Ann Way (Alice).
En 1329, dans le village de Shere (Surrey). Christine Carpenter, 14 ans, est une jeune fille qui tombe en extase devant une apparition de la Vierge Marie et qui, sur conseil du prêtre, demande à être emmurée dans une cellule de l’ermitage local afin de rester proche de la mère du Christ. Ses parents protestent en vain, le clergé s’interpose et Christine passe ses jours en prière, vivant de la charité des pèlerins de passage. Lorsque le prêtre condamne la mère de Christine, une guérisseuse, pour sorcellerie, cette dernière s’insurge en vain.
Le premier long métrage de Chris Newby, une oeuvre anticléricale filmée dans un noir et blanc opprimant et des images épurées et poétiques qui évoquent le cinéma austère d’un Carl Theodor Dreyer (La Passion de Jeanne d’Arc). Newby y dénonce luttes de pouvoir de l’Église, superstitions, partriarcat et misogynie d’un Moyen Âge décadent sinon phantasmé. Projeté dans la section « Un certain regard » au Festival de Cannes 1993, phrase de lancement : « Extase et orthodoxie au XIVème siècle ! ».
1997(tv) Bertrand du Guesclin et le Prince Noir – Frères ennemis (FR/GB) de Ludi Boeken
Série « Les Chevaliers », Planète-Raphaël Films-R&B Pictures-BBC-CNC, 53 min. – av. Steve Evans (Bertrand du Guesclin), Darrel Marsh (Edward de Woodstock, le Prince Noir), Hugh Hayes (Sir John Chandos), Karin Eva (Jeanne de Kent, princesse de Galles), Nicholas Palliser.
Docu-fiction avec reconstitutions, réalisée par un ancien grand reporter à la BBC, producteur de Robert Altman (Vincent & Theo) et de Jacques Fansten (La Fracture du myocarde) en 1990. La série Les Chevaliers, conçue avec Eugène Rosow, explique les codes de la chevalerie, ses origines et conte les exploits de ses représentants les plus illustres, du Cid à Federico da Montefeltro.
Un écuyer anglais (Heath Ledger) affronte en lice les champions d’Europe (A Knight’s Tale, 2001).
2001A Knight’s Tale (Chevalier) (US) de Brian Helgeland
B. Helgeland/Black and Blu Entertainment-Columbia-Escape Artists-Finestkind, 2h24 min. – av. Heath Ledger (William Thatcher/Ulrich von Lichtenstein de Gelderland), Rufus Sewell (le comte Adhémar d’Anjou), Shannyn Sossamon (Lady Jocelyn), Paul Bettany (Geoffrey Chaucer), James Purefoy (Sir Thomas Calville, alias Edward de Woodstock, le Prince Noir), Laura Fraser (Kate, la forgeronne), Mark Addy (Roland), Alan Tudyk (Wat), Bérénice Bejo (Christiana), Scott Handy (Germaine), Leagh Conwell (William Thatcher jeune), Christopher Cazenove (John Thatcher), Nick Brimble (Sire Hector), Olivia Williams (Philippa Chaucer).
Synopsis : En France vers 1356. La joute est le divertissement en vogue, mais pour la pratiquer il faut être noble. Lorsque Sire Hector, son seigneur, meurt au cours d’un tournoi, William Thatcher, son écuyer anglais, revêt son armure et triomphe à sa place. Au tournoi de Rouen, il rencontre Geoffrey Chaucer, un potache roux, poète errant et faussaire criblé de dettes qui lui fabrique de faux quartiers de noblesse, faisant de lui le chevalier Ulrich von Lichtenstein. Chaucer devient son héraut. Au fil des joutes et des succès, Ulrich/William se forge une solide réputation, bataillant ferme contre l’arrogant comte Adhémar d’Anjou (qui lui dispute les faveurs de la belle Jocelyn) et affrontant en lice à Lagny-sur-Marne même le redoutable Edward, dit le Prince Noir, dont il gagne l’amitié. Tandis qu’Ulrich est victorieux à Bordeaux, d’Anjou, guerroyant dans le sud de la France avec ses mercenaires, prépare sa revanche. Ulrich remporte un tournoi à Paris, puis gagne Londres, sa ville natale qu’il n’a pas revu depuis sa petite enfance, où il retrouve son vieux père aveugle. Revenu de la bataille de Poitiers (1356), d’Anjou fait suivre Ulrich et le dénonce publiquement comme roturier et usurpateur. Il est condamné au pilori, mais le Prince Noir le délivre et l’adoube. Ulrich se mesure en lice à d’Anjou (qui a tenté de le tuer) et lui fait définitivement mordre la poussière : le fils du peuple écrase l’aristocrate.
Un film de joutes en armure sans prétention mais assez spectaculaire dans ses reconstitutions, historiquement inconsistant et manifestement calibré pour un public jeune. Scénariste-producteur, Brian Helgeland y introduit nombre d’anachronismes intentionnels – coupes de cheveux, coiffures féminines, langage parlé – et notamment de la musique rock (Queen, Eric Clapton, David Bowie, AC/DC, etc.) qui rythme allégrement les tournois, à la joie du public. Chaque combat – réglé avec rythme et efficacité par Allan Graf – se présente comme un match de base-ball en costume médiéval, acclamé par une horde de supporters avinés ; l’entrée en lice des chevaliers n’est pas sans rappeler le début des courses de Ben-Hur. Le scénario aligne non sans ironie quelques noms connus, dont Edward de Woodstock dit le Prince Noir, héritier de la couronne d’Angleterre, et surtout Geoffrey Chaucer (1343-1400), l’auteur, justement, de The Knight’s Tale, le premier des vingt-deux Contes de Canterbury (lui-même basé sur le conte Teseida delle nozze di Emilia de Boccace) ; mais le texte de Chaucer est sans rapport avec le sujet du film. Il en va de même quant à l’authentique Ulrich von Lichtenstein (1200-1278), un fameux chevalier-troubadour autrichien. Notons qu’en 1359, Chaucer fit partie de l’armée anglaise qui envahit la France et y fut capturé lors du siège de Reims ; après sa libération, il séjourna plusieurs années dans l’Hexagone. Tourné en République tchèque, dans les studios Barrandov à Prague où sont recrées des quartiers de Rouen et de Londres, A Knight’s Tale coûte 65 millions de $ et en rapporte près du double. Heath Ledger, la star australienne du film, décédera sept ans plus tard d’une overdose, à l’âge de 28 ans.
DE : Ritter aus Leidenschaft, IT : Il destino di un cavaliere, ES : Destino de caballero.
2001[sortie : 2004] Anazapta / Black Plague (GB/AU) d’Alberto Sciamma
Jason Piette, Michael Lionello Cowan, David Ball/Spice Factory Ltd.-CFI CYF-Great British Films-Enterprise Films, 105 min. – av. Lena Headey (Lady Matilda de Mellerby), Jason Flemyng (Nicholas, son neveux), David La Haye (Jacques de Saint Amant), Ian McNiece (l’évêque), Jon Finch (Sir Walter de Mellerby), Christopher Fairbank (steward de Mellerby), Nick Holder (John Harding), Elihabeth Marmur (Joan), Brendan Charleson (Reeve), Dominic Cooper (un clerc), Anthony O’Donnell (Randall), John Cater (frère Wilfred), Scarlett Sherrington (Amy), Tony Aitken (frère Ignatius), Craig Russell (Thomas Bassett).
En 1348/49, alors que Lady Matilda de Mellerby attend angoissée des nouvelles de son époux qui combat en France, un étranger mystérieux sème la mort dans un village anglais, les cadavres retrouvés sont enflés, la formule magique « Anazapta » est gravée sur leur anatomie. La population se retourne contre Jacques de Saint Amant, l’énigmatique fils d’un chevalier français ramené en otage (pour un échange contre Sir Walter de Mellerby, époux de la châtelaine) et le climat de panique fait ressortir les instincts les plus bas, tous les protagonistes finissant par s’entretuer. Écrit par Alberto Sciamma et Harriet Sand, ce film d’horreur aux images gore et de nature violemment anticléricale se veut une allégorie de la grande épidémie de peste qui emporta la moitié de la population d’Angleterre cette même année. Tournage en pays de Galles. Sortie en dvd en 2003 et en salle en 2004. – DE : Der schwarze Tod, Die Pest – Im Angesicht des schwarzen Todes.
2004(tv) The Black Death / Der schwarze Tod (La Mort Noire) (GB) de Peter Nicholson
Granada-Channel Four-ZDF-Arte (Arte 15.5.04), 55 min. – av. Simon Thorp (Gabriele De Mussis), Vincent Carmichael (Giovanni Boccaccio), Philip Madoc (Gentile Da Poligno), Jonathan Firth (Louis/Lodewijk Heyligen), Patrick Toomey (Robert of Avesbury), Nicholas Rowe (Gui de Chauliac), Timothy Watson (bailli de la cour), Dorian Lough (Nicholas Deney), Susan Engel (Lady Rose de Saxham à Walsham Manor), Mark Tandy (frère John Clynn), Denis Lawson (narration).
Docu-fiction : en 1347, la peste bubonique s’abat sur l’Europe et décime près de la moitié de sa population. 50% des habitants de Florence périssent, Venise compte 90'000 victimes. Robert of Avesbury, historien anglais (décédé en 1359), gardien du Registre de la Cour de Canterbury et chroniqueur scrupuleux du règne d’Edward III, détaille l’arrivée de la « Mort Noire » en Angleterre, en juin 1348 dans le port de Melcombe Regis (Weymore). L’épidémie s’étend du Dorset au Devon, Bristol perd 40% de sa population. Londres est ravagé à partir de fin septembre. En 1349, l’épidémie s’étend à tout le pays, avec, pour conséquence l’arrêt des campagnes militaires en France et la révolte paysanne de 1381.
2005® (tv) Les Rois maudits / The Curse of the Templars (FR/IT) de Josée Dayan. – av. Aurélien Wilk (Edward III d’Angleterre). – cf. France, chap. 6 : Philippe le Bel.
2010Black Death (Peste Noire / Une odyssée en enfer) (GB/DE) de Christopher Smith
Douglas Rae, Robert Bernstein, Jens Meurer, Phil Robertson/Ecosse Films (London)-Zephyr Films-Egoli Tossell Film AG-HanWay Films, 102 min./97 min. – av. Eddie Redmayne (le moine Osmund), Sean Bean (Ulric), Carice Van Houten (la druidesse Langiva), Kimberley Nixon (Averill), David Warner (l’abbé), John Lynch (Wolfstan), Tim McInnerny (Hob), Andy Nyman (Dalywag), Johnny Harris (Mold), Tygo Gernandt (Ivo), Jamie Ballard (Griff), Emun Elliott (Swire), Daniel Steiner (un moine).
En 1348, dans une Angleterre ravagée par la peste bubonique, Osmund, un jeune moine doutant de sa foi sert de guide à un commando de mercenaires qui cherche à localiser un village reculé dont les habitants résistent à l’épidémie. Mandaté par l’évêque, le chef de ces coupe-jarrets, le redoutable Ulric, veut y enquêter sur d’étranges phénomènes (on dit que les morts y reviennent à la vie) et dénicher le nécromancien responsable du fléau. Il débarque dans un paisible village, une petite communauté rurale et animiste que dirige la belle druidesse Langiva. Très vite, il s’avère que la férocité des chrétiens n’a rien à envier à la cruauté des païens, chaque faction rivalisant de barbarie, Ulrich est une brute fanatique, Langiva une diablesse sadique. Seul rescapé du massacre, Osmund a laissé son âme dans l’aventure : plein de haine, il passera le reste de ses jours à brûler des femmes… Un « thriller surnaturel » tiré d’un scénario original de Dario Poloni, du travail solide qui séduit les amateurs de fantastique horrifique et d’affrontements sanglants. Tournage en Allemagne, dans la Saxe-Anhalt (palais de Blankenburg, châteaux de Querfurt et d’Arnstein, monastère de Hamersleben, Zehdenick, le village médiéval d’Ukranenland). – DE : Der schwarze Tod, ES : Black Death: un viaje al infierno, IT : Black Death – Un viaggio all’inferno.
2012(tv) World Without End / Die Tore der Welt (Un monde sans fin) (CA/DE/GB) minisérie de Michael Caton-Jones
Ridley Scott, Tony Scott, Rola Bauer, David W. Zucker, Tim Halkin, Jonas Bauer, John Weber, Howard Ellis, Arnie Gelbart/Scott Free Productions (London)-Tandem Communications (München)-Take 5 Productions (Toronto)-Galafilm Productions (Montreal)-SAT.1 Produktion (Showcase [CA] 4.9.-23.10.12 / ORF2 18.10.12 / Sat.1 3.12.12 / Channel Four 4.9.12), 8 x 45 min., 374 min. – av. Blake Ritson (le roi Edward III), Aure Atika (la reine-mère Isabelle de France), Hannes Jaenicke (Roger Mortimer, comte de March, son amant), Ben Chaplin (Sir Thomas Langley alias le roi Edward II), Romy Caton-Jones (la petite princesse Joan d’Angleterre), Miranda Richardson (Cécilia, la Mère prieure), Peter Firth (Sir Roland, comte de Shiring), Oliver Maltman (Richard, son fils, évêque de Shiring), Cynthia Nixon (Petranilla, tante de Caris), Rupert Evans (le sacristain puis prieur Godwyn, son fils), Charlotte Riley (Caris Wooler/la Lainière), Oliver Jackson-Cohen (Ralph Fitzgerald), Tom Weston-Jones (Merthin Fitzgerald), Nora von Waldstätten (Gwenda la Saxonne), Tom Cullen (Wulfric de Wigleigh), Andrew Bicknell (Sir Gerald Fitzgerald, père de Merthin), Megan Follows (Lady Maud, mère de Merthin), Carlo Rota (Edmund Wooler/le Lainier, père de Caris), Ian Pirie (Elfric le Bâtisseur/Builder), Indira Varma (Mattie la Sage/Wise), Kostja Ullmann (Holger, frère de Gwenda), John Owens (Carlus, moine aveugle), Sarah Beck Mather (Annet), Daniel Ainsleigh (William), Hera Hilmar (Margery, épouse de Sir Roland), Sally Bankes (Madge Webber), Neil Bell (Sim Chapman), Diana Kent (Rose), Tatiana Maslany (sœur Meir), Jason Langley (Matthias), Sarah Gaddon (Lady Philippa, épouse du comte William), Richard Durden (Sir Henry), David Bradley (frère Joseph), John Rado (frère Murdo), Caroline Boulton (sœur Elizabeth, espionne de Godwyn), Iván Fenyö (Alan Fernhill), Jude Wright (Sam enfant), David Oakes (Henri de Mons, évêque de Kingsbridge), Gaston Vadasz (l’archevêque de Canterbury), Laura Lock (Odila), Steward Scudamore (Bonaventura Carolli), Grant Stimpson (Gregory Longfellow), Attila C. Arpa (gén. Lecoursy), André Hennicke (Joby, père de Gwenda la Saxonne), Fernanda Dorogi (Silvia Christi, épouse italienne de Merthin), Duncan Bell (Saul Whitehead), Kevin Moore (le prieur Anthony), Max Jacobs Bownas (Luke Webber), Dan Cade (Handsome Jim).
Synopsis : L’action se déroule 150 ans après le premier volet du cycle des Kingsbridge Novels (cf. infra) et s’étire sur une période d’un quart de siècle, soit de l’aube de la Guerre de Cent Ans aux ravages de la Peste Noire en Europe. La ville de Kingsbridge appartient au prieuré des lieux. Le prieur responsable, frère Anthony, est un gestionnaire hostile à toute innovation. Shiring, la cité voisine, est au contraire une ville libre où la guilde est souveraine et dont la foire florissante est très appréciée par les grands marchands.
Isabelle de France (Aure Atika) et son amant Roger Mortimer écrasent les troupes royales d’Edward II.
 En automne 1326, les troupes royales d’Edward II sont défaites par l’armée de mercenaires que commandent son épouse Isabelle de France (surnommée la « Louve de France ») et l’amant de cette dernière, Roger Mortimer. Edward II est emprisonné. La reine fait couronner son rejeton royal, Edward III, 14 ans, puis se déclare régente du royaume. C’est sur son autorité que Sire Roland, opportuniste corrompu, retourne à Kingsbridge en novembre 1327 avec le titre de nouveau comte de Shiring et la mission de traquer et pendre les derniers partisans de l’ancien roi, monarque dont on murmure qu’il aurait été assassiné dans sa cellule. Sire Roland s’empare du château local, fait exécuter son prédécesseur, le comte Gerald Fitzgerald, mais épargne ses fils, Ralph, qui devient son écuyer, et Merthin, placé comme apprenti-charpentier chez Elfric le Bâtisseur. Ces deux jeunes gens, à présent frères ennemis, ont auparavant été témoins d’un étrange incident en forêt : Sir Thomas Langley, un chevalier blessé au bras par un carreau d’arbalète, se défait de ses poursuivants et enterre un objet mystérieux. Témoin direct du meurtre d’Edward II, le chevalier demande ensuite à entrer dans les ordres et devenir moine sous le nom de frère Thomas ; la reine, dit-il, financerait sa subsistance au prieuré depuis Westminster.
Rendu méfiant, Edward III fait pendre Roger Mortimer et, furieuse, la reine-mère ordonne à Sir Roland de saigner Kingsbridge, ville restée fidèle à son ex-époux, mais elle ne peut toucher aux résidents du prieuré. Parmi les nombreuses victimes de Sir Roland figure Edmund Wooler (le lainier). Sa sœur Petranilla et sa fille Caris rachètent sa liberté au prix fort ; Edmund vivra, les jambes brisées. La sournoise Petranilla s’est introduite dans son ménage en empoisonnant sa belle-sœur. Jeune fille vive et intelligente, Caris s’intéresse à la médecine – profession interdite aux femmes - et étudie en secret auprès de la guérisseuse Mattie la Sage. Au prieuré, Caris est parvenue à sauver la vie du mystérieux chevalier dont frère Joseph, un abruti rétrograde, a amputé le bras gangréné. Admirative, Cecilia, la Mère prieure, voudrait la garder à ses côtés, mais la famille du lainier est à présent ruinée et Caris contrainte d’épouser Elfric, l’employeur brutal de Merthin. Lorsqu’elle défend ce dernier, dont les dons d’architecte sont manifestes, son mari la bat et la jette à la porte ainsi que Merthin qui a pris sa défense.
Lors de la fête du printemps 1330, le comte Roland, 50 ans, émet le souhait de se marier et son fils Richard, évêque de Shiring, lui déniche une épouse, Margery, qu’il s’empresse de prendre dans son lit. Gwenda la Saxonne est vendue par son père à un paysan en échange d’une vache ; elle se lie avec Wulfric, un paysan du village de Wigleigh condamné au pilori pour s’être battu avec Ralph et dont elle a payé la libération. Godwyn, le cousin de Caris et le fils de Petranilla, est sacristain au prieuré où il se montre d’une intransigeance fanatique envers les femmes et les juifs ; pervers hypocrite et misogyne, il assouvit ses penchants sexuels en cachette alors que sa mère ambitionne de le voir en prieur. Caris est horrifiée d’apprendre qu’à l’initiative de Godwyn, Mattie a été condamnée au gibet pour sorcellerie. La foule jubilante assiste à son exécution sur le vieux pont en bois de la cité quand celui-ci s’effondre au moment crucial, entraînant de nombreux citadins dans les flots. Petranilla en profite pour noyer le vieux prieur Anthony, tandis que Caris sauve la vie du comte Roland, blessé au crâne.
En 1337, comme Edward III refuse d’envahir Calais et de marcher sur Paris, sa mère fabrique un « signe du Ciel » et le roi, crédule, déclare la guerre à la France. Caris (qui se passionne pour les plantes inconnues et étudie des ouvrages latins traduits de l’arabe) convainc Mère Cecilia de construire un hospice pour les malades. Godwin utilise tromperies et chantage pour se faire élire prieur des lieux, instaure un régime de terreur, sépare moines et moniales par un mur, ordonne la pendaison des prostituées et vise la mitre d’évêque. Merthin, qui avait repéré les fissures de l’ancien pont, gagne le concours pour en édifier un nouveau, cette fois en pierre, à la colère du comte Roland qui craint que cette construction n’appauvrisse la ville rivale de Shiring, son comté.
Afin de soutenir l’effort de guerre de son fils en France, la reine augmente les impôts et le comte Roland ordonne l’arrêt des travaux du pont. L’impitoyable Ralph est nommé prévôt avec autorité sur le village de Wigleigh. Wulfric est privé des terres héritées de son père ; il est consolé par Gwenda, qui lui donnera deux fils. Petranilla voudrait reconquérir le comte Roland, son ancien amant, mais devant son rejet, elle lui envoie une lettre anonyme dévoilant l’adultère de son épouse enceinte ; le comte tue Margery. Mère Cecilia s’oppose à Godwyn qui cherche à détourner l’argent destiné à l’hospice pour se construire un palais personnel en pierre ; il n’hésite pas pour cela à assassiner un religieux et incendier des archives, tandis que Petranilla empoisonne son propre frère Edmund à la demande de son rejeton. Ralph abuse de son autorité, réquisitionne la laine des commerçants sans les payer. Arrêté pour le viol d’une paysanne, Annet, il échappe au gibet en s’engageant dans l’armée du roi embourbée en France. En quête de recrues, Edward III est de passage à Kingsbridge où Caris le soigne d’une blessure de guerre infectée ; pour empêcher la jeune femme de s’attirer les faveurs royales et annihiler ainsi les projets de son fils, Petranilla empoisonne William, le frère du comte Roland que Caris est en train de soigner. Godwyn accuse Caris de meurtre et de sorcellerie ; sur les conseils de Mère Cecilia et de frère Thomas, Caris sauve sa vie en prenant le voile, ce qui signifie qu’elle ne pourra accompagner son amour Merthin qui s’exile à Florence.
Sept ans plus tard, Edward III est pris en tenaille par les Français sur les rives de la Somme, Philippe VI de Valois exige sa reddition. Ralph, qui s’est révélé un guerrier redoutable, sauve l’armée anglaise par une attaque surprise à l’aube qu’appuient ses redoutables archers (en fait un amalgame des batailles du gué de Blanchetaque et de Crécy, livrées les 24 et 26 août 1346). La victoire tombe à pic : Godwyn s’est emparé d’un héritage qu’a fait Mère Cecilia et celle-ci a envoyé Caris et sœur Meir en France pour demander au roi de protéger le prieuré et son hospice à venir. En découvrant les atrocités de la guerre, Caris perd la foi, se console dans les bras de sa consœur, puis obtient d’Edward III, soulagé de pouvoir rentrer au pays, la lettre royale tant désirée. Les travaux de Godwyn sont stoppés, mais Ralph a obtenu le titre de comte et fait à nouveau régner l’arbitraire. À présent architecte reconnu, Merthin rentre de Florence, sa femme italienne et sa fille y ont succombé à la peste. À Westminster, Isabelle de France veut reprendre la guerre, mais son fils fait exiler la mégère malfaisante de la cour. À partir de février 1342 (historiquement 1347), la Peste Noire ramenée du continent par les soldats décime un tiers de la population d’Angleterre. Le roi perd sa petite fille, la princesse Joan. Mère Cecilia meurt, Caris lui succède ; sœur Meir a surpris les frères Thomas et Mathias enlacés au lit, mais Caris garde l’affaire secrète.
Alors que l’hospice devient une nécessité, Godwyn, qui s’est longtemps opposé aux règles sanitaires strictes exigées par Caris, s’enfuit avec une vingtaine de religieux, emportant les trésors du prieuré et abandonnant la ville à l’épidémie. À l’ermitage de Saint-John-in-the-Forest, il enterre son butin dans une tombe, tue le supérieur et laisse tous les moines périr de la peste. Caris et frère Thomas qui dirigent la cité ravagée le retrouvent à moitié fou, mais toujours en vie. Petranilla survit, elle aussi, à la peste qu’elle transmet pour se venger au comte Roland, le père de son enfant illégitime, Ralph ; ce dernier fut jadis adopté secrètement par l’ancien comte de Shiring. Nouveau comte de Shiring, Ralph s’apprête à punir les serfs survivants de Wigleigh (dont Wulfric) qui ont quitté leurs fermes sur instigation de Caris pour cultiver les terres abandonnées, mais Holger (fils de Gwenda) et ses archers paysans le mettent en fuite. La paysannerie se révolte, Ralph en appelle au roi. De son côté, frère Thomas sort de l’anonymat, récupère l’objet enfouis, un sceau royal, et révèle à Caris et Merthin son identité : il est le roi Edward II, bien vivant. Emprisonné, il a tué jadis le véritable Sir Thomas Langley, son geôlier chargé par la reine de l’assassiner, et, passant pour mort, il s’est réfugié au prieuré. En découvrant le sceau sur le document libérant Kingsbridge de la tutelle du prieuré, Edward II réalise que son père est toujours en vie, à l’abri des murailles de la cité, et que sa présence est une menace pour sa couronne. De concert avec Ralph, il ordonne à son armée de détruire la ville insoumise et de tuer tous ses habitants. Sir Thomas, Wulfric et Merthin organisent la résistance après avoir neutralisé Godwyn qui voulait faire brûler Caris, celle-ci ayant quitté le voile pour rejoindre son amoureux. L’assaut est sanglant mais la ville tient bon. Petranilla se suicide tandis que Caris se défend contre les assauts de Godwyn qu’elle finit par tuer avec un crucifix en bronze. Ralph est abattu par une flèche. Les deux rois, père et fils, s’affrontent incognito à l’épée. Le fils est désarmé, mais le père se livre à lui pour préserver la paix du royaume et sauver la cité. Edward III décapite son géniteur, puis ordonne la retraite. Kingsbridge est désormais une ville libre, une ère nouvelle et prospère peut commencer.
Le succès de l’écrivain britannique Ken Follett, spécialiste du romanesque historisant, est à son apogée avec la parution de World without End/Un monde sans fin (2007), un ouvrage de plus de mille pages vendu à 10,4 millions d’exemplaires. Il s’agit d’un produit typique de l’usine Follett, entreprise qui compte 22 collaborateurs en tous genres et un historien. Le roman fait suite à un autre best-seller, Pillars of the Earth Les Piliers du Ciel, publié en 1989 et situé au XIIe siècle sous Étienne de Blois (cf. supra). Ces deux grandes chroniques consacrées à un microcosme médiéval développent vies et conflits privés de personnages fictifs installés dans la ville également fictive de Kingsbridge, le tout sur une toile de fond plus ou moins authentique. Elles seront du reste suivies d’un troisème opus en 2017, A Column of Fire/Une colonne de feu, qui se déroule également à Kingsbridge, cette fois au milieu du XVIème siècle sous les reines Mary Tudor et d’Elizabeth Ière, sur fond de guerres de religion (série tv mise en chantier en 2020 mais stoppée par le Covid-19).
Lorsque le prestigieux producteur et cinéaste Ridley Scott (Alien, Gladiator, Kingdom of Heaven), le réalisateur Michael Caton-Jones (Memphis Belle, l’excellent Rob Roy avec Liam Neeson), Ken Follett himself et le scénariste américain John Pielmeier s’attaquent à World without End pour en faire une luxueuse minisérie en huit chapitres (6h30), ils sont forcés de réduire l’intrigue originale d’un bon tiers, tant la matière est volumineuse (le livre audio dure à lui seul 54 heures). Parmi les nombreuses altérations, signalons que dans le roman, Caris a une sœur, Alice ; Lolla, la fille italienne de Merthin, survit à l’épidémie ; l’ignoble Godwyn meurt de la peste ; sa mère Petranilla complote mais ne commet aucun assassinat ; le comte Roland et l’évêque de Kingsbridge tombent à la bataille de Crécy, tandis que Ralph sauve la vie du prince de Galles, ce qui lui vaut d’être adoubé ; plus tard, Gwenda lui tranchera la gorge. Mais les principaux changements se situent dans la dernière partie : les connaissances médicales de Caris, consignées dans un ouvrage novateur qui fait autorité, gênent l’Église qui lui retire en un premier temps la charge de l’hôtel-Dieu. Soutenu massivement par les habitants de la ville, Merthin obtient toutefois de l’évêque l’autorisation de bâtir un nouvel hospice dont la directrice laïque sera sa femme Caris, en échange de quoi il reconstruit la tour effondrée de la cathédrale de Kingsbridge, qui deviendra ainsi l’édifice le plus haut du royaume. Frère Thomas finit ses jours au prieuré en 1361, sénile et dans l’anonymat ; Merthin tient sa promesse et transmet une lettre du défunt au roi dans laquelle celui-ci apprend que son géniteur s’est volontairement retiré du monde après la tentative d’assassinat ourdie par son épouse.
La saga romanesque est tournée de juillet à décembre 2011 en Hongrie (Kingsbridge reconstruit sur les terrains des Korda Studios dans la périphérie de Budapest à Etyek, à Ocsa et à Fót), puis en Slovaquie (château de Bojnice, cathédrale St. Elisabeth à Kosice) et en Autriche. L’investissement est de taille (36 millions de €/44 millions de $), le casting adroit (Ben Chaplin en énigmatique chevalier, Miranda Richardson en Mère supérieure, le tandem maléfique que forment Rupert Evans et Cynthia Nixon) et la réalisation très soignée, avec quelques moments forts comme l’effondrement du pont et surtout une bataille haletante en France où l’on sent la patte et l’efficacité graphique de Ridley Scott. L’initiative générale serait intéressante si elle était honnête, mais la série pèche par un scénario au schématisme facile, encombré de personnages secondaires sans intérêt et répétitif à plusieurs niveaux. Le récit aligne en effet une psychologie aussi binaire que rigide (les bons sont bons, les méchants d’une noirceur abyssale et indestructibles), sans une once d’humour ni de développement émotionnel ou d’étoffe humaine. La société est divisée entre naïfs et pervers, superstitieux proches du crétinisme et manipulateurs, le peuple est un ramassis de moutons et les seigneurs sont des tyranneaux vicelards et égoïstes. De sempiternels retournements de situation (les exécutions se succèdent aux empoisonnements et aux viols) sont censés tenir le spectateur en haleine sans autre motivation que de faire durer le spectacle, et les plus fourbes survivent même à la peste. Le tout nage dans un océan d’anticléricalisme viscéral typique de Ken Follett, toujours prêt à asséner son agnosticisme jalonné d’idées reçues, de travestissements et de contestations à la mode (féminisme doucereux, homosexualité). Les hommes d’église sont tous bornés, ambitieux, fanatiques ou démagogues. La série livre ainsi une image extrêmement réductrice d’un Moyen Âge en fait agonisant, un univers déliquescent que l’on oppose opportunément à la supériorité des Temps Nouveaux (la médecine basée sur un savoir livresque et celle basée sur l’observation, etc.). « Ce n’est pas le Moyen Age qui est dépassé, résume Niklaus von Ferstenberg dans Der Spiegel, mais les projections qu’en fabrique notre époque » (3.12.12). Reste le clou de la fin avec son revirement abracadabrant introduit par la réapparition du « roi mort » et le bain de sang général qui s’ensuit. Certes, l’intrigue du « masque de fer » dans le Vicomte de Bragelonne malmène, elle aussi l’Histoire, seulement voilà : Ken Follett et son scénariste ne sont pas Alexandre Dumas ! Ce qui peut être crédible et émouvant chez l’un est ici simplement grotesque. Le public ne s’y trompe pas : l’audimat est décevant, la série n’attire que la moitié des spectateurs de The Pillars of the Earth en 2010. D’avis général, ce serait « une version bon marché de Game of Thrones, sans les dragons ». Prix de consolation au Festival de Télévision de Monte-Carlo (2013).
Episodes : 1. « Knight (Le Chevalier) » – 2. « King (Le Roi) » – 3. « Prior (Le Prieur) » – 4. « Check (Échec) » – 5. « Pawns (Les Pions) » – 6. « Rook (La Tour) » – 7. « Queen (La Reine) » – 8. « Checkmate (Échec et Mat) ».
IT : Mondo senza fine, ES : Un mundo sin fin.
2017® (tv) La Guerre des trônes – 1. La Guerre est déclarée (1328-1364) (FR) série d’Alain Brunard et Vanessa Pontet. – av. Yannis Bougeard (Edward III Plantagenet), Alexandre Borras (son fils Edward de Galles, dit le « Prince Noir »). – cf. France, chap. 7 : Guerre de Cent Ans.