II - LE ROYAUME D’ANGLETERRE

17. L’ANGLETERRE DEVIENT UNE GRANDE PUISSANCE : ELIZABETH Ire (1558 à 1603)

17.2. La vie énigmatique de William Shakespeare

La vie du grand poète et dramaturge – auteur de 39 comédies, pièces historiques et tragédies, de 154 sonnets et de nombreux poèmes – est entourée d’épais mystères. On le sait baptisé le 26 avril 1564 à Stratford-upon-Avon (où il serait né), et il y décède le 23 avril 1616 à l’âge de 52 ans. Fils d’un gantier, tanneur prospère mais peu instruit, il épouse à dix-huit ans Anne Hathaway qui lui donne trois enfants, Susanne (mariée au docteur John Hall), Judith (mariée à Thomas Quiney) et Hamnet, un fils qui mourra à l’âge de onze ans de causes inconnues. Mais son existence morne et boutiquière soulève toujours des interrogations : comment cet autodidacte issu d’un petit bourg de province, qui ne parle ni le grec ni le latin ou le français et n’a jamais quitté l’Angleterre a-t-il pu se muer en magistral poète élisabéthain, à la culture débordante, aux emprunts littéraires internationaux ? Ses parents comme son épouse et ses enfants étaient illettrés. On ignore tout de sa vie entre 1585 et 1592, quand il se fait connaître à Londres comme acteur et auteur dramatique. Il s’impose définitivement avec Romeo and Juliet et rejoint en 1594 la « Troupe du Chambellan (Lord Chamberlain’s Men) » de Richard Burbage qui jouit du parrainage royal et qui construira en 1599 le légendaire Globe Theatre, dans le quartier de Southwark, au sud de la Tamise. Par ailleurs, on n’a de lui aucun manuscrit, rien qu’une signature gribouillée ici ou là, et son apparence physique n’est décrite dans aucune source d’époque (excepté un portrait datant de 1610, découvert et authentifié en 2006 dans la famille d’Alec Cobbe). L’inadéquation flagrante entre une œuvre baroque d’une folle intelligence, d’un discernement psychologique rare, d’une érudition étourdissante et un comédien et homme d’affaires terne et vétilleux (co-gestionnaire du Globe) a très tôt suscité des doutes quant à la paternité des écrits. Sa vie est tellement pleine d’ombres que, depuis le milieu du XIXe siècle, certains historiens ont pu soutenir qu’il n’était que le prête-nom du véritable auteur de ses pièces. En 1902, Mark Twain s’empare de la controverse dans un texte intitulé Is Shakespeare Dead ? et ironise avec sagesse : « Les pièces de Shakespeare n’ont pas été écrites par Shakespeare mais par quelqu’un d’autre qui avait le même nom... », tandis que Henry James parle de « l’imposture la plus énorme et la plus géniale jamais servie au public ». Parmi les noms avancés pour la paternité possible de ses œuvres figurent le philosophe et homme d’État Sir Francis Bacon (1561-1626), le dramaturge Christopher Marlowe, le parlementaire et diplomate Sir Henry Neville (1564-1615), William Stanley, comte de Derby (1561-1642), le traducteur, poète et auteur dramatique John [Giovanni] Florio (1553-1625) et surtout le comte d’Oxford, Edward de Vere (1550-1604) dont les « oxfordiens » se font les défenseurs (appuyés par Sigmund Freud et Walt Whitman), mais les milieux universitaires (« stratfordiens ») considèrent de manière quasi unanime qu’il n’existe aucune raison valable de remettre en doute la paternité des œuvres, d’autres roturiers ayant aussi manifesté des talents littéraires peu communs (Jonson, Marlowe, Milton, Dickens, etc.). L’énigmatique personnage féminin qui hante 26 de ses sonnets d’amour, « the Dark Lady », et le jeune homme désigné sous le qualificatif de « the Fair Youth » restent également des inconnus. En matière de religion, la vie publique de Shakespeare est celle d’un fidèle de l’Église d’Angleterre, mais son père et sa mère étaient des catholiques dévots, son cousin Robert Southwell est un martyr canonisé par le Vatican et il ne subsiste aucune indication permettant d’établir sa foi intime. On ignore presque tout de sa fin de vie – il semble s’être retiré dans son village de Stratford vers 1613 (aucune pièce ne lui est attribuée après cette date) – ni de quoi il est décédé. Son œuvre théâtrale sera publiée à partir de 1623. Les autres dramaturges du théâtre élisabéthain – plusieurs apparaissent dans les films biographiques sur le barde – sont notamment CHRISTOPHER MARLOWE (1564-1593), auteur d’un Faust (cf. Renaissance : Allemagne), d’un Edward II (cf. fin des Plantagenêts) et d’un Jew of Malta (cf. Renaissance : Italie, Malte) ; BEN JONSON (1572-1637), auteur de Volpone (cf. Renaissance : Italie/Venise), JOHN WEBSTER (v.1580-v.1624), auteur de The Duchess of Malfi (cf. Renaissance : Italie septentrionale) ; et JOHN FORD (1586-1639), auteur de Tis Pity She’s a Whore (cf. Renaissance : Italie/Parme et Mantoue, et Absolutisme : Suède s. Gustaf III). Les rares films ou téléfilms biographiques de fiction portant sur ces auteurs sont intégrés au corpus ci-dessous. RAPPEL : les filmographies des drames de Shakespeare situés ailleurs qu’en Angleterre ou en Écosse sont à rechercher sous : Romeo and Juliet (Roméo et Juliette) cf. Renaissance : Italie/Vérone The Two Gentlemen from Verona (Deux gentilhommes de Vérone) cf. Renaissance : Italie/Vérone The Merchant of Venice (Le Marchand de Venise) cf. Renaissance : Italie/Venise Much Ado About Nothing (Beaucoup de bruit pour rien) cf. Renaissance : Italie/Messine – Sicile All’s Well That Ends Well (Tout est bien qui finit bien) cf. Renaissance : France/Charles V, guerre de Cent Ans Ces filmographies sont traitées sommairement et sans souci d’exhaustivité, compte tenu de l’abondante littérature existante en la matière. Seules les pièces ayant un minimum de bases historiques sont prises en considération.
1907Shakespeare écrivant « La mort de Jules César » / La Mort de Jules César (FR) de Georges Méliès
Star Film (Paris), 105 m./3 min. – av. Georges Méliès (William Shakespeare).
Shakespeare peine à rédiger sa pièce et s’endort. Dans son rêve, il rencontre Brutus, Cassius, Casca, César et revoit l’assassinat du dictateur ; quand il se réveille enthousiaste, il se jette sur une tranche de pain que lui apporte un domestique et se met au travail.
1912® Queen Elizabeth (GB/FR) de Louis Mercanton. – av. Paul Guidé (William Shakespeare).
1913Racconto d’inverno (Conte d’hiver) (IT) de Baldassare Negroni
Milano Films (Milano), 1024 m. – av. Pina Fabbri, V. Cocchi.
Shakespeare (interprète inconnu) reçoit ses amis et leur raconte la trame de The Winter’s Tale. À la fin, tout le monde applaudit le poète.
1914The Life of Shakespeare / US: Loves and Adventures in the Life of Shakespeare (GB) de J. B. McDowell, Frank R. Growcott
British & Colonial Films (London), 5000 ft./1524 m./90 min. – av. Albert Ward (William Shakespeare), Sybil Hare (Anne Hathaway), Aimee Martinek (Elizabeth Ire), George Foley (Sir Thomas Lucy), M. Gray Murray (Sir Hugh Clopton), Miss Bennett (Charlotte Clopton), Eva Bayley (Mrs. Shakespeare).
Premier biopic du barde, tourné pour la somme alors exorbitante de 4000£ dans les studios de Hoe Street à Walthamstow (Londres) et en extérieurs à Stratford (avec les meubles de la maison d’Anne Hathaway) en utilisant un système sonore primitif baptisé « Voxograph ».
1916Master Shakespeare, Strolling Player (US) de Frederick Sullivan
Edwin Thanhouser/Thanhouser Film Corp. (New Rochelle), 5000 ft./5 bob. – av. Lawrence Swinburne (William Shakespeare), Florence La Badie (Miss Gray), Robert Vaughn (ltn. Stanton), Robert Whittier (Sir Francis Bacon).
Synopsis : Aux États-Unis en 1910. Miss Brodie est persuadée que les pièces généralement attribuées à Shakespeare ont en réalité été écrites par Sir Francis Bacon, Lord Chancelier du royaume, un sujet controversé qui provoque la rupture de la jeune femme avec son fiancé, le lieutenant Stanton, partisan inconditionnel de Shakespeare. Stanton est transféré à la frontière mexicaine où il est blessé lors d’une bataille. En apprenant la nouvelle, Miss Gray s’évanouit et rêve qu’elle se trouve à l’époque élisabéthaine. Francis Bacon lui fait intensément la cour, elle découvre sa jalousie maladive de Shakespeare et apprend qu’il a soudoyé un courtisan afin qu’il l’accuse publiquement d’avoir volé les pièces de Bacon ; ce dernier tente de l’enlever, Shakespeare la sauve. La reine Elizabeth honore le barde à la cour. En se réveillant, Miss Brodie se réconcilie avec son fiancé bientôt rétabli.
Une pièce de Philip Lonergan filmée à East Mayport en Floride et à New Rochelle (NY) pour marquer le 300e anniversaire de la mort de Shakespeare. Lonergan a également écrit l’adaptation de King Lear (1916) d’Ernest C. Warde pour Thanhouser.
1916® The Real Thing at Last. The « Macbeth » Murder Mystery (GB) de L. C. MacBean [et Sir James Matthew Barrie]. – av. Leslie Henson (William Shakespeare).
1922Glastonbury Past and Present (GB) de H. O. Martinek
The Glastonbury Pageant Film Committee, 1227 m. – av. Neil Curtis (William Shakespeare), P. Mason (Sir Walter Raleigh), Ethel D. Hanson (la veuve), R. M. Stenner (Jenkins, un paysan), Ada Hersey (Mrs. Jenkins), Sebastian Evans (Squire), J. F. Barker (Collin), M. Walker (Letty), Rev. L. S. Lewis (l’évêque).
Shakespeare et Raleigh assistent à une représentation théâtrale dans le vieux Glastonbury.
1922Shakespeare re-visits Stratford-on-Avon (GB)
Série « Around the Town » no. 110, Gaumont Film Company, 97 m. – av. les membres de la « Will Shakespeare » Company.
Reconstitution d’épisodes de la vie de Shakespeare, ses amours avec Anne Hathaway, son départ pour Londres en compagnie de Philip Henslowe, etc.
1924Old Bill Through the Ages (GB) de Thomas Bentley.
Ideal Film Co. (London), 2377 m. – av. Austin Leigh (William Shakespeare), Franzi Carlos (Anne Hathaway), Gladys Ffolliott (Elizabeth Ire), William Pardue (l’Amérindien), Arthur Cleave (Burt), Jack Denton (Alf), Cecil Morton York, Douglas Payne, Clive Currie, Wally Bosco, Cyril Dane, Bruce Bairnsfather.
Comédie burlesque : mobilisé dans les tranchées en 1914, Old Bill revoit en rêve les moments marquants de l’histoire de la Grande-Bretagne. Elizabeth l’envoie à Stratford pour inviter Shakespeare à se rendre à la cour. Le barde est d’abord réticent, mais il se plie au désir de la reine et récite un passage de Hamlet. Il est interrompu par Sir Walter Raleigh et des Amérindiens qui initient la reine au tabac, puis par Sir Francis Drake qui reçoit l’ordre de défendre Plymouth contre l’Armada... Le film est basé sur une série de dessins de l’humoriste Bruce Bairnsfather (aussi auteur du scénario) publiés hebdomadairement dès 1914 dans le magazine The Bystander.
1928® Erik XIV (SE) de Sam Ask, Otto Berch. – av. Anders Sten (William Shakespeare). – cf. Absolutisme: Suède.
1935Immortal Gentleman (GB) de Widgey R. Newman
Bernard Smith Co., 61 min. – av. Basil Gill (William Shakespeare/Malvolio), J. Hubert Leslie (Michael Drayton), Edgar Owen (Ben Jonson/Mercutio), Rosalinde Fuller (Ophelia/Juliet/une Lady), Dennis Hoey (Fred, un soldat/Toby Belch), Anne Bolt (Jane/Maria), Terence de Marney (Sir Harry Morton/Hamlet/Romeo), Derrick de Marney (James Carter/Tybalt), Leo Genn (Shylock/un marchand), Ivan Berlyn (le père/Aguecheek), Dennis Wyndham (le voyageur), Fred Rains (un pauvre), Bertram Dench, Noël Birkin, Cyril Hay, Robert Ashby, Peggy Bolton, Stella Dauncey.
En 1606 dans une taverne à Southwark, le poète discute de son œuvre avec ses confrères Ben Jonson et Michael Drayton. La physiologie pittoresque de la clientèle lui rappelle des personnages de ses divers drames (un sosie de Falstaff s’assied sur le siège réservé au poète qui, lui, reconnaît sa Juliette sous les traits d’une jeune fille et Hamlet en buveur mélancolique, etc.) et chacun récite des passages des divers drames et comédies du barde. L’alcool aidant, Jonson incite tout le monde à chanter « Sigh no more, ladies » et lorsque sa cousine Jane trouve Shakespeare affalé, elle le croit mort, mais celui-ci la rassure en lui disant qu’il est immortel. – Un film anglais très peu connu (il a passé inaperçu en salle), tourné en octobre-novembre 1935 sous le titre de travail de Will Shakespeare, d’après un scénario de John Quin. Widgey R. Newman a surtout réalisé des films de série B (« quota quickies »).
1936Master Will Shakespeare (Maître Will) (US) de Jacques Tourneur
Série « An MGM Miniature », Jack Chertok/Metro-Goldwyn-Mayer, 11 min. – av. Anthony Kemble-Cooper (William Shakespeare), Lionel Belmore (Richard Burbage, le manager), Charles Coleman (John Decker), Francis X. Bushman Jr. (un chevalier), John George (un citadin), Hary Wilson (un paysan), Carey Wilson (narration).
Une brèvissime biographie écrite par Richard Goldstone et tournée pour 10'000 $ en trois jours à Culver City afin de servir de bande promotionnelle à la superproduction MGM de Romeo and Juliet de George Cukor (avec Norma Shearer et Leslie Howard), en utilisant une partie des décors et quelques extraits muets. Cantonné dans le département des courts métrages, le jeune Jacques Tourneur fait ainsi ses gammes (à côté de Fred Zinnemann et de George Sidney) ; il bénéficie d’une liberté créative totale quant au casting, aux cadrages, aux éclairages et mouvements d’appareil déjà très personnels. Un petit tour de force, fluide et clair, dont le récit commence et s’achève à Stratford-upon-Avon, avec un Shakespeare solitaire et mélancolique. Après son mariage avec Anne Hathaway, le poète se rend à Londres, travaille comme souffleur au Burbage’s Blackfriars Theatre et écrit son premier succès, Henry VI. C’est le début d’une carrière d’auteur dramatique, d’acteur, de metteur en scène et bientôt de co-propriétaire du Globe Theatre.
1938(tv) Will Shakespeare (GB) de George More O'Ferrall
George More O’Ferrall/BBC Television (BBC 3.4.38), 60 min. – av. Henry Oscar (William Shakespeare), Margaret Rawlings (Mary Fitton, « the Dark Lady »), Margaretta Scott (Anne Hathaway), Nancy Price (Elizabeth Ire), Esmond Knight (Christopher Marlowe), Barbara Everest (Mrs. Hathaway), Basil Gill (Henslowe), Eugene Leahy (Landlord), Robin Maule (un garcon).
La pièce de Clemence Dane (alias Winifred Ashton), Will Shakespeare: An Invention in Four Acts (1921), enregistrée live aux studios BBC d’Alexandra Palace (North London). Une pièce qui fait appel aux mythes biographiques sur le barde, notamment en ce qui concerne sa relation avec trois femmes, Anne Hathaway, Mary Fitton (peut-être la mystérieuse « Dark Lady » ?) et la reine Elizabeth, enfin ses contacts avec Christopher Marlowe.
1938(tv) The Wooing of Anne Hathaway (GB) de Herbert Farjeon, Herbert M. Prentice
Stephen Thomas, Lanham Titchener/BBC Television (BBC 27.11.38), 75 min. – av. Myrtle Richardson (Anne Hathaway), Clement McCallin (William Shakespeare), Russell Waters (John Lane), Gavin Dyer (Bartholomew Hathaway), Brenda Bruce (Katharine Hathaway), Alan Robinson (Sir Thomas Lucy), Bertram Heyhoe (Thomas Rogers), John Phillips (Thomas Heming, des Lord Leicester’s Players), Dorothy Evans (Frances Lane), Mavis Walker (Joyce Clopton), Edward Jewesbury (Robert Debdale), Irene Eisinger.Le drame historique en trois actes de Grace Carlton (1937) dans une mise en scène de la Birmingham Repertory Theatre Company. On y conte la relation entre Anne et le jeune Will Shakespeare dans la maison des Hathaway à Stratford-upon-Avon entre 1581 et 1597. Shakespeare épouse Anne pour la protéger de son nom lorsqu’elle est soupçonnée d’avoir participé à un complot catholique contre la reine.
1939(tv) The Dark Lady of the Sonnets (GB) de George More O'Ferrall
BBC Television (BBC 26.2.39 / 6.3.39), 25 min. – av. Helen Haye (Elizabeth Ire), Henry Oscar (William Shakespeare), Angela Baddeley (The Dark Lady), Reginald Purdell (Beefeater, gardien de la Tour de Londres).
Une comédie en un acte de George Bernard Shaw (1910) écrite pour développer le projet d’un Shakespeare National Theatre (1910) et enregistrée live aux nouveaux studios de télévision BBC d’Alexandra Palace (North London). – Sur la terrasse du palais de Whitehall vers 1600. Shakespeare a rendez-vous avec la mystérieuse Dark Lady (la Dame Noire, la belle inconnue des sonnets 127 à 152), mais la dame voilée qu’il aborde et couvre de compliments est nulle autre que la reine Elizabeth. Jalouse, The Dark Lady révèle à la reine que l’individu qui lui parle n’est qu’un simple comédien. Elizabeth exige des excuses, Shakespeare lui répond avec insolence que sa famille est plus respectable que la sienne et que son titre à elle, princesse Tudor, n’est qu’un accident de naissance. The Dark Lady est choquée par autant de franchise, mais la reine, amusée, lui pardonne. Shakespeare se plaint auprès de la souveraine : ses plus mauvaises pièces sont les plus populaires (As You Like It, Much Ado About Nothing), mais il est fier de celles qui montrent des personnages féminins intelligents comme All’s well that End’s Well. Si la reine voulait bien fonder un Théâtre National, il pourrait créer plus de pièces selon son goût au lieu de chercher à plaire aux masses. Elizabeth répond qu’elle va y réfléchir, mais pense que son trésorier y sera opposé et qu’il faudra bien encore trois siècles pour que cette idée s’impose. Puis elle tance le gardien de la Tour qui a laissé entrer Shakespeare sans permission...
1944® Time Flies (GB) de Walter Forde. – av. John Salew (William Shakespeare).
1946(tv) The Dark Lady of the Sonnets (GB) de George More O'Ferrall
BBC Television (BBC 7.6.46), 25 min. – av. Henry Oscar (William Shakespeare), Lesley Deane (The Dark Lady), Dorothy Black (Elizabeth Ire), Alban Blakelock (Beefeater, gardien de la Tour de Londres).
La comédie en un acte de George Bernard Shaw (1910), diffusée le premier jour de la reprise des programmes télévisuels de la BBC après la guerre. La mise en scène sera reprise pour une rediffusion avec Denis Webb dans le rôle de Shakespeare. Cf. supra téléproduction de 1939.
1946Un drama nuevo (ES) de Juan de Orduña
Juan de Orduña, Miguel Tudela/Producciones Orduña Films P.C.-Pico Films-POF, 2517m./92 min. – av. Jesús Tordesillas (William Shakespeare), Roberto Font (l’acteur Yorick), Irasema Dilián (Alicia, son épouse), Manuel Luna (Walton), Fortunato Bernal (Henry Wriothesley, comte de Southampton, protecteur du « Globe »), Julio Peña (Edmund), Ricardo Acero (un auteur), Nicolás D. Perchicot (Pedro), Fernando Aguirre (le secrétaire), José Franco (le Lord), Mary Rosa (une danseuse), Julio Peña (Edmund), Antonio Casas (George), Arturo Marín (Lord Stanley), María Cañete (Anna), Rosalía Campomanes (Lady Capulet), Alfonso de Córdoba (le domestique), Félix Fernández (Lord Sullivan), José Díaz Quesada, Gabriel Algara.
En 1605 au « Globe Theatre », William Shakespeare prépare la mise en scène d’une nouvelle tragédie dans laquelle le comte Octavio est trompé par son épouse. L’acteur comique Yorick, le bouffon de la troupe, supplie le dramaturge de lui confier le rôle principal, ce qui réveille l’envie de son collègue Walton, vedette du « Globe » qui convoite, lui aussi, ce rôle très dramatique. Shakespeare donne le rôle à Yorick après quelques verres de vin espagnol. Par esprit de vengeance, Walton s’arrange pour que Yorick découvre qu’Alicia, sa femme, a une liaison avec Edmund, son fils adoptif, et que le couple se prépare à fuguer. Pendant la première, la réalité se mélange tragiquement à la fiction, Yorick déclame ses accusations avec une véhémence et un talent insoupçonnés, le public l’applaudit. Fou de jalousie, le bouffon devenu tragédien tue Edmund, tandis qu’à l’extérieur du théâtre, Shakespeare terrasse Walton en duel. – Une adaptation très fidèle de la pièce Un drama nuevo (Un drame nouveau), tragédie en trois actes de Manuel Tamayo y Baus (1867), interprétée ici par le comédien mexicain Roberto Font et l’Italienne Irasema Dilián (Abismo de pasion de Luis Buñuel). Le tournage a lieu aux studios C.E.A. Ciudad Lineal à Madrid, où l’intérieur du « Globe » a été fidèlement reconstitué par Sigfrido Burmann, le décorateur attitré des grandes fresques historiques du franquisme et plus tard de Sergio Leone (Pour une poignée de dollars). Médailles du Cìrculo de Escritores Cinematográficos pour la meilleure mise en scène, la meilleure musique (Juan Quintero Muñoz) et le meilleur interprète (Manuel Luna). Prix du Sindicato Nacional del Espectáculo pour le meilleur film.
1951(tv) Pray You, Look In ! (GB) de Rex Tucker
(BBC 6.5.51), 30 min. – av. James Dale (William Shakespeare), Peter Doughty (Sir John Finnit).
1953(tv) William’s Other Anne (GB) de Peter Graham Scott
« Wednesday Theatre », BBC Television (BBC 4.3.53), 30 min. – av. John Gregson (William Shakespeare), Irene Worth (Anne Whateley), David Horne (John Shakespeare), Josephine Tweedy (Marion), Fanny Carby (Joan), Richard Wattis (Francis Hughley, l’instituteur), Joan Young (Mistress Whateley).
La pièce d’Ivor Brown (1947) relate la relation – peut-être imaginaire – du poète avec sa première fiancée, Anne Whateley (1561-1600), avec laquelle il aurait rompu pour épouser Anne Hathaway. Huit ans plus tard, il retourne à Stratford où il retrouve Anne Whateley sur le point d’épouser un maître d’école. Les deux se réconcilient et le poète sauve le père d’Anne de la banqueroute provoquée par la mère de celle-ci.
1953(tv) Will Shakespeare (GB) de Rudolph Cartier
BBC Television (BBC 24.5.53), 105 min. – av. Peter Wyngarde (William Shakespeare), Valerie White (Anne Hathaway), John Colicos (Christopher Marlowe), Mary Clare (Elizabeth Ire), Enid Lindsay (Mrs. Hathaway), Elizabeth Sellers (Mary Fitton, la « Dark Lady »), Peter Augustine (Hamlet), Margot Field (Cléopâtre), Nora Gaussen (Ophélie), Michael Godfrey (Othello), Walter Gotell (Shylock), Vernon Smythe (Jules César), Hugh Stewart (Falstaff), Irene Sutcliffe (Desdémone), Grace Webb (Portia).
La pièce de Clemence Dane (alias Winifred Ashton), Will Shakespeare: An Invention in Four Acts (1921), cf. supra, la téléproduction de 1938.
1954(tv) The First Command Performance of "Romeo and Juliet", 1597 (US) de Sidney Lumet
Série « You Are There » no. 47, Charles W. Russell/CBS Broadcasting Inc. (CBS 21.2.54), 30 min. – av. Douglass Watson (William Shakespeare/Mercutio), Mildred Dunnock (Elizabeth Ire), Kendall Clark (Francis Bacon), Jerome Kitty (Robert Devereux, comte d’Essex), Herbert Rudley (Sir Walter Raleigh), Rod Steiger (Romeo/Richard Burbage), Ken Walken (Juliette), John Baragrey, Bramwell Fletcher, Richard Newton.
Le 26 décembre 1597, la pièce de Shakespeare est sélectionnée par la reine pour être jouée à la cour à Greenwich. Un reportage-fiction présenté et commenté par Walter Cronkite, d’après un scénario d’Abraham Polonsky, non crédité au générique car placé sur la « liste noire » pour sympathies communistes. Sidney Lumet, futur réalisateur de cinéma (Twelve Angry Men/Douze hommes en colère en 1957, Network en 1976) et pionnier de la télévision américaine tourne cet épisode aux studios Grand Central Terminal à Manhattan-New York ; Rod Steiger fait ses débuts au petit écran sous sa direction.
1955(tv) The Dark Lady of the Sonnets (GB) de Douglas Allen« BBC Sunday-Night Theatre » (BBC 2.10.55), 30 min. – av. Beatrix Lehmann (Elizabeth Ire), Alan MacNaughtan (William Shakespeare), Barbara Murray (The Dark Lady), George Woodbridge (Beefeater, gardien de la Tour de Londres).
La comédie en un acte de George Bernard Shaw (1910), cf. supra téléproduction de 1939.
1957® The Story of Mankind (US) d'Irvin Allen. - av. Reginald Gardiner (William Shakespeare).
1961® Mary Had a Little... (GB) d’Edward Buzzell. – av. Tony Thawnton (William Shakespeare).
1961® (tv) Sir Francis Drake (Sir Francis Drake, le corsaire de la reine) (GB) télésérie de Peter Graham Scott, etc. – av. Philip Guard (Johnny Factotum alias William Shakespeare, épis. 19).
1964(tv) The Man Shakespeare (GB) de Hal Burton
Hal Burton/BBC Television (BBC Two 25.4.64), 55 min. – av. Roger Croucher (William Shakespeare), Carlo Cura (Shakespeare enfant), Mervyn Pascoe (John Shakespeare, son père), Eirene Beck (Mary Shakespeare, sa mère), Claire Pollock (Ann Hathaway, sa femme), Paul Harris (Richard Burbage), Giles Havergal (John Heminge), Leader Hawkins (Henry Condell), Elric Hooper (Robert Armine), David Bedard, John Bromley, Susanne Burden, John Carlin, Julian Colvin, Martin Cookson, Charles Eley, Peter Forest, Eric Francis, Ian Frost, Winifred Hill, John Howard, Derek Johns, Molly Kenny, Ken Lawrence, Hugh Lund, Lilian Padmore, Leslie Pitt, Gareth Robinson, Elizabeth Wade, Bill Wiesener, Philip Yardley.
Docu-fiction diffusé pour les 400 ans de la naissance de Shakespeare.
1965(tv) The Executioners (GB) de Richard Martin
Série « Doctor Who: The Chase » (saison 2, épis. 30) (BBC 22.5.65), 25 min. – av. William Hartnell (Doctor Who), Jacqueline Hill (Barbara Wright), Hugh Walters (William Shakespeare), Roger Hammond (Francis Bacon), Vivienne Bennett (Elizabeth Ire).
Dans les premiers épisodes de cette fameuse série de science-fiction, Doctor Who, qui voyage dans le temps, choisit la cour d’Angleterre au XVIe siècle et assiste à la scène suivante : Francis Bacon présente son compagnon et rival Shakespeare à la reine qui le questionne à propos du personnage de Falstaff, car celui-ci ressemblerait à Sir John Oldcastle, un rebelle et un hérétique exécuté en 1417. Elizabeth pardonne ce faux pas, admet avoir bien ri avec Falstaff et propose à Shakespeare de montrer le pathétique bouffon en amoureux, ce que le barde fera avec The Merry Wives of Windsor. En partant, Bacon suggère à son confrère d’écrire aussi un drame sur le prince Hamlet du Danemark ; Shakespeare est hésitant, mais il se laisse finalement convaincre.
1966(tv) The Dark Lady of the Sonnets (US)
« New York Television Theatre », WNDT Newark-National Educational Television/NET Playhouse (NET 31.10.66), 30 min. – av. Brian Bedford (William Shakespeare), Nancy Marchand (Elizabeth Ire), Diana Muldaur (The Dark Lady).
La comédie en un acte de George Bernard Shaw (1910), cf. supra téléproduction de 1939.
1966(tv) Smuglaya ledi sonetov [The Dark Lady of the Sonnets] (SU) d’Aleksandr Belinsky
Leningradskoe televidenie, 37 min. – av. Sergey Yurskiy (William Shakespeare), Emma Popova (Elizabeth Ire), Natalya Tenyakova (The Dark Lady), Yuriy Kornev (le gardien de la Tour).
La pièce de George Bernard Shaw (1910) à la télévision soviétique, cf supra téléproduction de 1939.
1968[projet inabouti : Will / The Bawdy Bard (GB/US) de Joseph L. Mankiewicz. – Une production très ambitieuse de Kenneth Hyman et William Conrad en collaboration avec le British National Theatre à Londres, d’après un scénario d’Anthony Burgess (auteur du roman Nothing Like the Sun : A Story of Shakespeare’s Love Life, 1964) et rédigé sous la supervision du grand Mankiewicz (All About Eve). Le tournage doit se faire en Grande-Bretagne, mais le budget de 14 millions de $ pour une durée de 3h30 est estimé trop élevé.]
1972(tv) Un drama nuevo (ES) de José Zamit
« Teatro de siempre », Televisión Española (TVE 28.2.72). – av. Antonio Ferrandis (le comédien Yorick), Tina Sáinz (Alice), Francisco Merino (William Shakespeare), Carlos Mendy (Walton), Fernando Sotuela (Edmund), Manolo Garco (un auteur), Vicente Haro (le secrétaire), José Luis Argüello, Emilio Mellado.
Le drame de Manuel Tamayo y Baus (1867), déjà porté à l’écran en 1946 (cf. supra).
1974(tv) Witness to Yesterday : William Shakespeare (CA) d’Arthur Voronka
Tom Moore, Arthur Voronka/Look Hear Productions-Global Television Network (Global 26.3.74), 30 min. – av. Barry Morse (William Shakespeare), Patrick Watson (l’interviewer).
Shakespeare est interviewé par un journaliste-vedette de la télévision canadienne.
1977(tv) Henry Winkler Meets William Shakespeare (US/CA) de Jeff Bleckner
« CBS Festival of Lively Arts for Young People » (saison 4, épis. 5) (CBS 20.3.77), 60 min. – av. Tom Aldredge (William Shakespeare), George Ede (Falstaff), Kevin Kline (Petruccio), Henry Winkler (Romeo), William Sadler, Bruce Weitz.
Présenté par Henry Winkler, Shakespeare explique lui-même son théâtre à la jeunesse.
1978* (tv) Will Shakespeare / IT : William Shakespeare / US : Life of Shakespeare / vd : William Shakespeare, His Life & Times (GB/IT) minisérie de Mark Cullingham, Robert Knights et Peter Wood
Cecil Clarke, Peter Roden, Lorna Mason, Lew Grade/Associated TeleVision (ATV)/ATV Network Ltd.-RAI Radiotelevisione Italiana (ITC 13.6.-18.7.78 / RAI 24.9.-29.10.78), 6 x 60 min. – av. Tim Curry (William Shakespeare), Ian McShane (Christopher Marlowe), John McEnery (Hamnet Sadler), Paul Freeman (Richard Burbage), André Morell (Edward Alleyn), John Bailey (Sir Francis Walsingham), Simon MacCorkindale (Sir Thomas Walsingham), Meg Wynn Owen (Anne Hathaway), Patience Collier (Elizabeth Ire), Keith Baxter (Robert Devereux, comte d’Essex), Julian Curry (Sir Robert Cecil), Nicholas Clay (Henry Wriothesley, comte de Southampton), Lynette Davies (Elizabeth, comtesse de Southampton), Bill Paterson (le roi James I), John McEnery (Hamnet Sadler), John Normington (Alex Cooke), Ron Cook (Jack Rice), Richard Cordery (Henry Condell, acteur-éditeur), Roger Lloyd-Pack (Jack Heminge, acteur-éditeur), Janet Spencer-Turner (Mary Fleminge, “The Dark Lady”), Thorley Walters (Mr. Justice Fleminge, son mari), Ronald Herdman (Sam Crosse), Michael Hadley (Augustine Phillips), Derek Royle (William Kempe), Matthew Taylor (Hercules), Val Clover (Mary Howard), André Morell (Edward Alleyn), Simon Rouse (Ingram Frizer), Robert Harris (Lord Chief Justice), Louise Breslin (Judith Sadler), Fred Bryant (William Slye), Terence Conolay (John Davenant), Jeffery Dench (Lord Keeper Sir Thomas Egerton), Laurie Goodie (Sir Gily Merrick), Milton Johns (Dr. Alcibiades), Lila Kaye (Mistress Dainey), Annette Lynton (Susanna Shakespeare), Joshua White (Hamnet Shakespeare), John Labanowski (Nicholas Skeres), Margaret Lang (Celia Felton), Geraldine Moffat (Eleanor Bull), Robert O’Mahoney (Robert Poley), Ian Sharrock (Nathan Field).
Cette minisérie britannique curieusement coproduite avec l’Italie a été conçue par Sir John Clifford Mortimer, juriste, auteur dramatique, romancier, scénariste (Bunny Lake Is Missing d’Otto Preminger, Tea With Mussolini de Franco Zeffirelli) et président du Royal Court Theatre à Londres. Son récit ne s’embarrasse pas de la jeunesse à Stratford-upon-Avon et commence d’emblée dans la capitale en 1590, au théâtre « The Dead Shepherd ». Chacun des six épisodes biographiques de la série tourne autour de la genèse – largement imaginaire – d’une pièce, celle-ci étant marquée par des expériences personnelles et intimes du barde (notamment Richard III, As You Like It, A Midsummer Night’s Dream, Henry IV et King Lear) ; Mortimer se sert des légendes colportés sur Shakespeare depuis quatre siècles, évoquant notamment un apprentissage au « Rose Theatre » auprès de Christopher Marlowe, une amitié intense (homosexuelle ?) avec Henry Wriothesley, comte de Southampton auprès duquel Shakespeare apprend à fréquenter le beau monde, et l’amour porté à la mystérieuse « Dark Lady » des sonnets qui est ici Mary Fleminge, l’épouse négligée d’un juge âgé, celle-ci s’étant éprise du barde après l’avoir admiré en Tybalt dans Romeo and Juliet. Sir Francis Walsingham, chef des services secrets, paie Marlowe pour espionner des subversifs catholiques, activité qui entraîne l’assassinat de l’écrivain et laisse Shakespeare sans ami – mais aussi sans rival. Il fait venir son fils Hamnet, dix ans, à Londres où l’adolescent est emporté par la peste (?). La compagnie des « Chamberlain’s Men » dont il fait partie est mêlée à la rébellion d’Essex en janvier 1601, ce dernier ayant invité les comédiens à jouer Richard II, tragédie qui décrit l’abdication forcée du souverain et par laquelle il prépare les Londoniens à un coup d’État. Walsingham intervient, l’acteur Augustine Phillips meurt sous la torture, Essex et Southampton sont condamnés à mort tandis que Shakespeare doit se défendre et clame son innocence devant la reine (épisode inventé). La troupe est finalement réhabilitée et joue à la cour la veille de l’exécution d’Essex. Les œuvres de Shakespeare sont publiées dans des éditions clandestines et Southampton, ayant survécu à la Tour, est devenu le favori de James Ier après le décès d’Elizabeth ; il persuade le roi de donner à la troupe de Shakespeare le nom de « The King’s Men » ; la dramaturge retourne toutefois à Stratford-upon-Avon où il assiste au mariage de sa fille Susanna.
L’entreprise télévisuelle est ambitieuse, avec des reconstitutions très soignées dans les ruelles poisseuses et bondées de Londres, mais la réalisation reste strictement illustrative. Quant à l’interprète principal, Tim Curry, c’est un habitué du petit écran qui s’est rarement égaré au cinéma, où il campa notamment le Dr. Frank-n-Furter, le savant cinglé dans la bizarrerie musicale The Rocky Horror Picture Show en 1975 (on le retrouvera en cardinal de Richelieu dans The Three Musketeers de Stephen Herek, 1993). Tournage en couleurs dans les studios Associated TeleVision (ATV) à Elstree. – Épisodes : 1. « Dead Shepherd » – 2. « Aims for Oblivion » – 3. « Of Comfort and Despair » – 4. « The Loved Boy » – 5. Rebellion’s Masterpiece » – 6. « The Living Record ».
1978® Alex and the Wonderful Doo-Wah Lamp (US) de Nick De Noia. – av. Dennis Ferden (William Shakespeare).
1979(tv) Shakespeare on Love (US) de Steven Allen
Série « Meeting of Minds » (PBS 9.+16.6.79), 2 x 55 min. – av. Harris Yulin (William Shakespeare), Jayne Meadows Allen (the Dark Lady of the Sonnets), Anthony Caruso, William Marshall, Charles Lanyer, Fred Sadoff.
1979(tv) Un drama nuevo (ES) d’Alberto González Vergel
« Estudio 1 », José Luis Argote/Televisión Española (Madrid) (TVE 23.5.79), 102 min. – av. Javier Loyola (le comédien Yorik), Ana María Vidal (Alice), Gabriel Llopart (William Shakespeare), Antonio Jabalera (Edmund), Estanis González (Walton), Enrique Navarro (un auteur), Lucio Romero (Traspunte), Tony Valento (le secrétaire).
Le drame de Manuel Tamayo y Baus (1867), déjà porté à l’écran en 1946 et en 1972 (cf. supra).
1987® (tv) The Comedy of Errors (US) de Gregory Mosher, Robert Woodruff. – av. Timothy Daniel-Furst (William Shakespeare).
1993® (tv) King & Queens [of England] (GB) de Graham Holloway. – av. Ian Brooker (William Shakespeare), Tim Meacock (Christopher Marlowe).
1995® The Fifteen Minute Hamlet (US) de Todd Louiso, c.m. – av. Xander Berkeley (William Shakespeare).
1995(vd) William Shakespeare : The Bard of Avon (GB) de Jeremy Freeston
Série « The History Makers », Jeremy Freeston/Castle-Cromwell Productions, 55 min. – av. Danny Davies (William Shakespeare), Hu Pryce (Ben Johnson), Terry Molloy (narration), Stanley Wells et Robert Smallwood (commentaires).
Docu-fiction sans surprises.
1996® Lover’s Not (US) de Peter Shaner. – av. Byrne Piven (William Shakespeare).
1998** Shakespeare in Love (US/GB) de John Madden
David Parfitt, Donna Gigliotti, Harvey Weinstein, Edward Zwick, Marc Norman/The Bedford Falls Company (E. Zwick)-Miramax Films-Universal Pictures, 123 min. – av. Joseph Fiennes (William Shakespeare), Gwyneth Paltrow (Viola de Lesseps/Thomas Kent), Judi Dench (Elizabeth Ire), Rupert Everett (Christopher Marlowe), Joe Roberts (John Webster jeune), Ben Affleck (Ned Alleyn/Mercutio, acteur), Colin Firth (Lord Wessex), Simon Callow (Sir Edmond Tilney, censeur et Maître des Festivités), Geoffrey Rush (Philip Henslowe, Rose Theatre), Martin Clunes (Richard Burbage, Curtain Theatre), Jim Carter (Ralph Bashford), Antony Sher (Dr. Moth), Imelda Staunton (Nurse), Tom Wilkinson (l’usurier Hugh Fennyman), Mark William (Wabash), Daniel Brocklebank (Sam Gosse), Nicholas Le Prevost (Sir Robert de Lesseps), Jill Baker (Lady de Lesseps), Patrick Barlow (Will Kempe), John Inman (Lady Capulet sur scène), Sandra Reinton (Rosaline), Paul Bigley (Peter).
Synopsis : Londres en 1593. Deux théâtres se partagent la faveur du public : sur la rive nord de la Tamise le « Curtain » de Richard Burbage, cautionné par la reine, et sur la rive sud le « Rose » de Philip Hendowe (Park Street). Tous deux sollicitent les meilleurs auteurs dramatiques du moment, Christopher « Kit » Marlowe et le jeune William Shakespeare, fauché et harcelé par ses commanditaires. William obtient de Henslowe une avance pour écrire la comédie Roméo et Ethel, la fille du pirate. En panne d’inspiration, il se cherche une muse qu’il finit par trouver en la personne de Viola de Lesseps, fille d’un riche marchand promise à l’arrogant Lord Wessex (fictif) avec la bénédiction royale. Viola en revanche rêve d’un grand amour et de devenir une actrice (profession alors interdite aux femmes), si possible dans une pièce de son idole, Shakespeare, dont elle vénère les sonnets. Travestie en jeune homme sous le nom de « Thomas Kent », elle auditionne et est engagée pour jouer Roméo, tandis que la vedette de la troupe, Ned Alleyn, doit se contenter du rôle de Mercutio. Les répétitions commencent sur une ébauche de texte. Shakespeare découvre bientôt que sa muse et Thomas Kent ne font qu’un et avec la complicité de la nourrice de Viola, mais aussi grâce à un balcon accessible à tout bon grimpeur, une relation aussi passionnée qu’illicite s’épanouit entre les deux jeunes gens. Par voie de conséquence, la pièce devient Roméo et Juliette, une comédie virant progressivement au tragique sous la pression des circonstances et dont le dramaturge reprend les situations et les dialogues. Soupçonné par Wessex d’être l’amant de Viola, Shakespeare se fait passer pour Marlowe. Lorsque ce dernier est poignardé dans une taverne, Shakespeare croit que Wessex en est l’assassin, mais après un bref duel, le malentendu est éclairci. Le futur dramaturge John Webster révèle publiquement que Thomas Kent est une fille et le « Rose » est fermé pour immoralité sur ordre du Maître des Festivités. Le « Curtain » offre généreusement ses tréteaux afin de sauver la nouvelle pièce. Entre-temps, ayant appris que Shakespeare est déjà marié (avec Anne Hathaway à Stratford-upon-Avon), Viola se résout à épouser Wessex et à le suivre en Virginie. Juste avant son embarquement pour les Amériques, elle se rend à la première de la pièce et remplace au pied levé l’acteur chargé d’incarner Juliette face à l’auteur déguisé en Roméo. Après une représentation triomphale à laquelle la reine Elizabeth a assisté incognito, Shakespeare est mandaté pour écrire La Nuit des Rois, une comédie dont l’héroïne s’appelle Viola (à nouveau une femme déguisée en homme) et qui sera représentée à la cour à Greenwich. La reine décrète que Shakespeare a gagné son pari contre Wessex en démontrant avec brio que le théâtre peut exprimer la quintessence de la passion amoureuse.
 Tiré d’un brillant scénario de l’Américain Marc Norman et du dramaturge tchéco-britannique Tom Stoppard – qui a auparavant écrit et réalisé une variante de Hamlet sous le titre de Rosencrantz and Guildenstern Are Dead (Lion d’or à Venise, 1990) – , Shakespeare in Love connaît un faux départ. Le film est mis en chantier par Edward Zwick pour Universal en octobre 1992 aux studios de Pinewood près de Londres, avec Daniel Day-Lewis (Shakespeare), Julia Roberts (Viola) et Simon Callow (Philip Henslowe). L’acteur principal ayant renoncé au rôle, tout s’effondre à six semaines du début du tournage, malgré d’onéreux décors déjà érigés et tous les costumes créés. Tour à tour, Kevin Reynolds et Kenneth Branagh tentent vainement de réanimer l’entreprise. Six ans plus tard, John Madden reprend le projet – dont personne ne veut – avec une partie de l’ancienne équipe, un nouveau casting, un nouveau partenaire financier (Harvey Weinstein de Miramax) et un tournage sur les terrains des studios de Shepperton, dans le Surrey, où l’on a reconstruit dix-sept bâtiments d’époque, dont deux théâtres, un bordel, une taverne, un marché et la mansarde de Shakespeare (du 12 mars au 10 juin 1998, avec retakes en novembre). Le manoir des de Lesseps est trouvé à Broughton Castle (Oxfordshire), les rives de la Tamise sont photographiées à Barnes, la Grande Galerie du Middle Temple à Londres sert de décor pour la salle des banquets du palais de Whitehall, le feu d’artifice royal de Greenwich se tient à Hatfield House (Hertfordshire), le Grand Will se recueille au prieuré de St. Bartholomew the Great et Viola épouse Wessex à Eton College (Berkshire). Natif de Portsmouth, Madden est un familier du prodige de Stratford-upon-Avon, ayant dirigé pendant quatre ans la Oxford and Cambridge Shakespeare Company avant de passer à la BBC puis au cinéma. Il engage Joseph Fiennes, qui vient de camper Robert Dudley, favori de la reine, dans Elizabeth de Shekhar Kapur aux côtés de Cate Blanchett, pour interpréter le jeune barde, très crédible dans ses doutes comme dans ses enthousiasmes (Kenneth Branagh et Jude Law ont été pris en considération pour le rôle). À ses côtés, Gwyneth Paltrow (après le refus de Kate Winslet et de Jodie Foster), qui a séduit le public et les inconditionnel(le)s de Jane Austen deux ans auparavant avec Emma de Douglas McGrath. Colin Firth, savoureux, fait son époux cocu et arrogant. John Madden confie le rôle de la reine Elizabeth à Dame Judi Dench (« M » dans la franchise des James Bond) ; l’année précédente, la comédienne a déjà interprété sous la direction de Madden une autre souveraine de taille, la reine Victoria dans Mrs. Brown (La Dame de Windsor). Ses huit minutes de film sous le maquillage épais d’une dea ex machina en costume-paon lui vaudront l’Oscar du meilleur second rôle, autoritaire, consciente de sa dignité mais aussi farceuse et à l’occasion pétrie d’humour (elle s’arrête devant une flaque d’eau, dix courtisans se précipitent en sacrifiant leurs précieux manteaux, mais elle est plus rapide et enjambe joyeusement la flaque d’eau en disant « trop tard ! »).
 Mise en abyme truffée d’érudition joyeuse (apport déterminant de Tom Stoppard), comédie troussée avec vigueur, le film se veut à la fois une célébration de l’amour, du devoir et de la puissance de l’art, mais aussi une réflexion amusée sur les rapports entre la vie et la création poétique. L’œuvre est parsemée d’annotations satiriques ou cocasses sur les débuts du show-business, sur les requins du milieu et la difficulté de faire accepter l’art scénique dans une Londres étouffée par la peste bubonique et les puritains, n’était l’engouement marqué de la souveraine pour le théâtre (Elizabeth Ire était bon public et adorait surtout les comédies où elle riait aux éclats). On y apprend que les représentations ne duraient que trois jours : le premier suffisait à rembourser les frais généraux, le second à payer les acteurs et le troisième à régler l’auteur. Les confrères de Shakespeare sont au rendez-vous : Christopher « Kit » Marlowe, 29 ans, est bel et bien mort au cours d’une rixe dans une taverne en 1593 (mais il n’a pas soufflé à son confrère le titre de la pièce !) et le futur dramaturge John Webster (v.1580-v.1624), dont les tragédies sont jalonnées d’épisodes atroces, est présenté ici comme un adolescent sadique, mouchard et voyeur ; parmi les acteurs, stars de l’époque, on retrouve Ned Alleyn et le comique William Kempe. Précisons juste quelques irrégularités que l’on mettra au compte de la fantaisie de l’auteur : Elizabeth Ire n’a jamais mis les pieds dans un théâtre (les représentations se faisaient à la cour) et la Virginie dont se targue Wessex ne prit son essor en tant que colonie qu’à partir de 1607 et on n’y trouvait pas encore de plantations de tabac. Enfin et surtout, l’intrigue du drame de Shakespeare n’a bien sûr pas été modelée au cours de ses propres aventures sentimentales, chaotiques et fiévreuses, mais inspirée par un conte italien de Luigi da Porto (Historia novellamente ritrovata di due nobili amanti, v. 1530) qui fut traduit en anglais et en vers par Arthur Brooke en 1536 sous le titre de The Tragical History of Romeus and Juliet. En 1582, William Painter en proposa une version en prose dans son Palace of Pleasure. Shakespeare emprunta aux deux, mais il approfondit la trame en développant les personnages secondaires (Mercutio, Pâris). Probablement rédigée entre 1591 et 1595, la pièce fut publiée pour la première fois en in-quarto en 1597. Mais qu’importe, ce tourbillon enjoué de « coups de théâtre », de travestissements et de confusion des sexes permet de tricoter avec panache l’historique et le fantaisiste, le romanesque et le vraisemblable dans un esprit finalement assez proche du grand barde. John Madden réussit à divertir avec goût, allégresse et intelligence, son livre d’images a de la classe, et on ne pourra que regretter un petit trop de scènes d’étreintes et d’ébats clandestins.
Le public et la critique sont enthousiastes. Concocté avec un investissement de 47,9 millions de $, Shakespeare in Love fait une récolte pharamineuse de 290 millions en recettes mondiales. La moisson des prix est également impressionnante, à Hollywood avec sept Oscars - meilleur film, interprète féminine (Gwyneth Paltrow), meilleur second rôle (Judi Dench), scénario, décors (Martin Childs), musique et costumes – ainsi que six nominations (réalisation, Geoffrey Rush, photo, montage, maquillages et son), mais aussi trois Golden Globes (meilleur film, G. Paltrow, scénario, et trois nominations). À Londres, trois BAFTA Awards (meilleur film, Judi Dench, montage et 11 nominations). Le scénario, qui décroche aussi l’Ours d’argent au festival de Berlin, sera adapté pour la scène par Lee Hall et la pièce montée avec un égal succès au Noël Coward Theatre à Londres en juillet 2014.
CA (Québec) : Shakespeare et Juliette, ES : Shakespeare enamorado.
1999(tv) The Timekeepers of the Millenium : William Shakespeare (GB) de Graham C. Williams
Vanessa Hill/Foundation TV Productions-New Millenium Experience Company-Carlton Television (ITV 10.10.99), 25 min. – av. Phil Cornwell (William Shakespeare), Leslie Grantham (Fat Dennis).
Programme pour la jeunesse. Deux marionnettes voyagent dans le temps et rencontrent le barde au Globe.
1999® (tv) Blackadder Back and Forth (GB) de Paul Weiland. – v. Colin Firth (William Shakespeare).
1999® Sofies Verden (NO) d’Erik Gustavsson. – av. Mark Tandy (William Shakespeare).
2000® Sonnet 138: When My Love Swears (GB) de Roderick Ellis. – av. Ilan Dwek (William Shakespeare).
2000To Be Or Not To Be (BE) de Peter Woditsch
Sophimages (Bruxelles)-Fonds Film in Vlaanderen, 12 min. – av. Peter van den Eede (William Shakespeare), Damiaan De Schrijver, Sien Eggers, Valentijn Dhaenens, Sus Slaets, Amor Mistiaen. – Aux sources de l’inspiration shakespearienne : l’évocation des heures qui ont précédé l’écriture du fameux monologue d’Hamlet.
2000(tv) William Shakespeare (GB) de Jonathan Miller
London Weekend Television-NVC Arts. – Anthony Holden (William Shakespeare), Jonathan Miller, Glenda Jackson, Germaine Greer, Jonathan Miller. – Docu-fiction.
2002® (tv) Elizabeth Rex (CA) de Barbara Willis Sweete. – av. Peter Hurt (William Shakespeare).
2005* (tv) A Waste of Shame : The Mystery of Shakespeare and His Sonnets (GB) de John McKay
Chrissy Skinns, Richard Fell, Sally Woodward Gentle/BBC Television-The Open University (BBC Four 22.11.05), 90 min. – av. Rupert Graves (William Shakespeare), Tom Sturridge (William Herbert, comte de Pembroke, “The Fair Youth”), Indira Varma (Lucie, “The Dark Lady”), Zoë Wanamaker (Mary Herbert, comtesse de Pembroke), Anna Chancellor (Anne Shakespeare-Hathaway), Andrew Tiernan (Ben Johnson), Nicky Henson (John Shakespeare), Alan Williams (George Wilkins, dramaturge), Nicholas Rowe (Richard Burbage, acteur), John Voce (William Kempe, acteur comique), Tom Hiddleston (John Hall, médecin et gendre de Sh.), Ian Hughes (Thomas Thorpe, éditeur), Rasmus Hardiker (Ned Bounty), Clem Tibber (Hamnet Shakespeare, fils de William), Christopher Fairbanks (un médecin), Tom Mison (Young Blood), Evie Butcher (Judith Quiney-Shakespeare, fille de William), Alice Butcher (Susanna Hall-Shakespeare, fille de William).
Le romancier et scénariste William Boyd s’attaque aux deux personnages énigmatiques des fameux Sonnets pour tenter un portrait psychologique de l’auteur à partir de l’identité supposée ou fantasmée de « the Dark Lady » et de « the Fair Youth ». L’action débute en 1596, lorsque décède son fils adolescent Hamnet et que Shakespeare se rend à Stratford-upon-Avon où il retrouve son épouse Anne Hathaway, mégère acariâtre qui le couvre de reproches pour ses absences, ne voulant pas comprendre que son gagne-pain est à Londres. En 1597, Mary Sidney, comtesse de Pembroke, lui verse une somme substantielle pour qu’il encourage son fils (William Herbert, futur comte Pembroke) à se marier à travers la création de 17 sonnets d’amour. Le barde rencontre le jeune aristocrate et, troublé par sa beauté androgyne (un rappel de son fils récemment disparu ?), il va s’enivrer dans le bordel tenu par son ami et confrère George Wilkins. Il y rencontre une prostituée débarquée de France, Lucie, une métisse indienne à la noire chevelure qui lui tourne la tête. Lorsque Pembroke se rend à Londres en compagnie d’autres jeunes nobles, Shakespeare les introduit chez Wilkins, mais le comte se distancie progressivement du barde et prend Ben Jonson pour compagnon de foire. Shakespeare apprend que Lucie, dont il est follement épris, a quitté la maison close et est à présent entretenue par Pembroke. Dévoré de jalousie et d’amertume, il écrit la pièce Measure for Measure. En 1609, lorsque Lucie rentre en France et qu’une épidémie de peste entraîne la fermeture des théâtres, Shakespeare, se sentant malade, retourne à Stratford-upon-Avon où son gendre, John Hall, un médecin, lui prescrit du mercure pour combattre non la peste mais sa syphilis. Il se met alors à travailler à la publication de ses Sonnets qui reflètent la triangulation amoureuse passionnée et destructrice qui l’a consommé au mitan de sa vie.
La majorité des points évoqués dans le film demeure évidemment sujette à caution, mais cette fiction produite par la chaîne culturelle BBC Four dans le cadre de l’« Open University » dénote une approche qui se veut relativement sérieuse. Rubert Graves, l’inspecteur Lestrade de la série Sherlock (2010-2017) s’éprend ici de la belle Indira Varma, remarquée dans Kama Sutra de Mira Nair (1996), dans la série Rome (2005) et qui incarnera Ellaria Sand dans Game of Thrones.
2007(tv) The Shakespeare Code / Love’s Labour’s Won / Theatre of Doom (GB/CA) de Charles Palmer
Série « Doctor Who » (série 3, épis. 2), Phil Collinson, Russell T. Davies, Julie Gardner/BBC Wales-Canadian Broadcasting Corp. (BBC One 7.4.07), 45 min. – av. Den Lennox Kelly (William Shakespeare), Angela Pleasence (Elisabeth Ire), David Tennant (Dr. Who), Freema Agyeman (Martha Jones).
Dans la nouvelle franchise de la série science-fictionnelle des « Doctor Who » (initiée en 1963), le Docteur, célèbre voyageur dans le temps, emmène sa compagne Martha Jones en l’an 1599 près du Globe Theatre à Southwark. Ils y rencontrent un William Shakespeare harcelé par une sorcière du nom de Lilith qui tente de lui faire produire une suite à Love’s Labour’s Lost (Peines d’amour perdues) intitulée Love’s Labour’s Won (comédie qui passe pour perdue). Le barde est séduit par Martha, flirte avec elle et la fait apparaître dans ses sonnets en tant que « Dark Lady ». Un épisode fantasque écrit par Gareth Roberts et enregistré en août-septembre 2006 aux Upper Boat Studios à Trefforest (pays de Galles), à Coventry, à Warwick et au nouveau Globe à Londres.
2007Miguel y William / Michael & William (ES/GB/[US]) d’Inés París
Juan Luis Galiardo, Antonio Saura, José Velasco, Eduardo Baura/Zebra Producciones (Madrid)-Future Films (London)-Miguel y William Producciones S.L.-Warner Bros. (Hollywood), 102 min. – av. Juan Luis Galiardo (Miguel de Cervantès), Will Kemp (William Shakespeare), Elena Anaya (Doña Leonor de Vibero), Geraldine Chaplin (la duègne), Josep Maria Pou (Don Antonio de Celaya, duc d’Obando), Malena Alterio (Doña Magdalena de Obando, sa fille), Miriam Giovanelli (Doña Consuelo de Obando, sa fille), Jorge Calvo (Sancho), Carolina Lapausa (Juana), Oscar Hernández (le médecin), José Luis Torrijo (le prieur), Juan Fernández (Don Francisco de Iniesta, Grand Inquisiteur), Javier Perdomo (l’aide-inquisiteur), Fernando Conde (père Leonor), María Parra (Petronilla), Javier Aller (le bouffon), Denis Rafter (un vendeur à Londres).
Synopsis : À Londres en 1590, le jeune Shakespeare, 26 ans, auteur de comédies populaires, rencontre furtivement la séduisante Leonor de Vibero, sur le point de retourner en Castille sur ordre paternel pour y épouser le duc d’Obando, qu’elle n’a jamais vu. Séducteur impénitent, William la suit. Au château ducal, elle découvre que son futur mari est riche, vieux et fort laid. Le duc offre l’hospitalité à un ami d’antan, Miguel de Cervantès, 43 ans, manchot depuis la bataille de Lépante ; ses œuvres n’étant pas populaires, l’auteur du Don Quichotte est en crise, a renoncé à l’écriture et vivote comme collecteur de taxes. Bien décidée à devenir duchesse, Leonor convainc Miguel de créer une pièce à l’occasion de son mariage dans un mois, et elle fait de même avec William (que le duc appelle « Sispir »). Charmés par la belle manipulatrice, les deux poètes unissent leurs efforts créatifs, l’un apportant profondeur et sagesse, l’autre le sens théâtral et l’humour. En l’absence du duc, le Grand Inquisiteur cherche à arrêter Miguel, mais Leonor parvient à le corrompre en lui cédant une précieuse broche de la famille Obando. Persuadé qu’elle a donné le bijou à l’un de ses amants, le duc menace Leonor du gibet si elle ose se présenter aux épousailles sans la broche. Miguel et William pourchassent donc l’inquisiteur, mais celui-ci a revendu l’objet à Doña Magdalena, une des deux filles du duc, opposée à un mariage qui la priverait du rang et de la fortune ducale. Lors du spectacle organisé par les deux poètes, mêlant commedia dell’arte et le tragique d’Othello, ils récupèrent le bijou et sauvent la tête de Leonor. Le duc meurt d’une crise cardiaque à l’instant où le « oui » fatidique est prononcé devant le prêtre et l’impertinente duchesse hérite du château. Ayant découvert « le sens tragique de l’existence » pendant son séjour ibérique, William se console au lit avec l’autre fille du défunt, Consuelo, qui était sur le point d’entrer dans les ordres, tandis que Miguel se remet à écrire.
Cette farce romantico-farfelue parlée espagnol et anglais est signée Inés París, réalisatrice connue à Madrid pour quelques comédies irrévérencieuses (A mi madre le gustan las mujeres/Ma mère préfère les femmes, 2002) ; l’idée de réunir les deux géants de la littérature européenne (décédés le même jour, le 23 avril 1616) provient du comédien vétéran et producteur Juan Luis Galiardo qui incarne ici Cervantès et qui a aussi joué Don Quichotte au cinéma six ans plus tôt. À ses côtés figurent l’Anglais Will Kemp et la fougueuse Castillane Elena Anaya, déjà réunis en 2004 dans le film de vampires américain Van Helsing de Stephen Sommers. Dans un rôle comique, Geraldine Chaplin campe une duègne grimaçante, givrée et aboyante (son ex-beau-fils, Antonio Saura, coproduit avec sa société Zebra). Le tournage, budgété à 6 millions d’euros, se fait du 27 février au 7 avril 2006 pour les intérieurs aux studios d’El Alamo à Madrid, puis aux splendides châteaux de Loarre (Hoya de Huesca, Aragon) et de Guadamur (Tolède), à Almagro, Ruidera, Campo de Criptana (Castille-La Manche) et Talamanca de Jarama (Madrid). Enfin, la musique est de Stephen Warbeck, oscarisé en 1998 pour Shakespeare in Love. Hélas, tous ces ingrédients très prometteurs, épicés de renvois amusants, tantôt littéraires (le personnage de Sancho, les moulins de La Manche, les citations d’Hamlet) ou anachroniques (William sifflote « Rule Britannia ») ne suffisent pas vraiment à faire décoller une comédie qui se voudrait moderne et provocatrice, mais qui est surtout bancale, mal écrite et mal dirigée : Inés París n’est pas Lubitsch, ni Blake Edwards, ni même Philippe de Broca. Dépassée par l’ampleur manifeste du projet, la cinéaste parvient rarement à exploiter la vis comica inhérente au sujet. Ce qui se voulait une célébration impertinente du triomphe de l’imagination se réduit à une décevante bouffonnerie.
2009® (tv) Shakespeares Sonette (Les Sonnets de Shakespeare) (DE) de Robert Wilson. – av. Inge Keller (William Shakespeare), Jürgen Holtz (Elizabeth Ire).
2011® Anonymous / Anonymus (GB/DE/US) de Roland Emmerich. – av. Rhys Ifans (Edward de Vere, comte d’Oxford), Sebastian Armesto (Ben Johnson), Rafe Spall (William Shakespeare), Tristan Gravelle (Christopher Marlowe), Robert Emms (le dramaturge Thomas Dekker), Tony Way (Thomas Nashe, poète et pamphlétaire), Alex Hassell (Gabriel Spenser), Mark Rylance (Henry Condell, acteur), John Keogh (Philip Henslowe, imprésario), Lloyd Hutchinson (Richard Burbage). – Illustration de la « théorie oxfordienne » selon laquelle Edward de Vere, dix-septième comte d’Oxford, serait le véritable auteur des œuvres signées par le médiocre comédien Shakespeare. – Cf. Elizabeth Ire.
2011(tv) Das Shakespeare Rätsel / The Shakespeare Enigma (L’Énigme shakespearienne) (DE) d’Eike Schmitz
Eike Schmitz, Marliese Schwab, Cora Szielasko/Atlantis Film-Zweites Deutsches Fernsehen (ZDF 25.4.11), 43 min. – av. Eike Schmitz (Sir Francis Walsingham), Alex Villiers-Dunn (William Shakespeare jeune), Michael Brooks (Christopher Marlowe), Christopher Harvey (John Shakespeare), Richard Bellay Nunn (Richard Burbage), Joseph Taylor (Thomas Kyd), Mathieu Honoré (Chief Agent), Gerd Heidenreich (narration).
Docu-fiction sur l’identité énigmatique de Shakespeare, sa jeunesse et ses débuts à Londres dont on ne sait presque rien, ses liens mystérieux avec Christopher Marlowe (auteur dramatique et agent secret ?), décédé au moment où perce Shakespeare, etc. Tournage à Stratford-upon-Avon et dans les studios de Babelsberg avec une interview du cinéaste Roland Emmerich en train de filmer Anonymous (cf. supra s. Elizabeth Ire).
2011(tv) Being Shakespeare (GB) de John Wyver
Howard Panter, Adam Speers, Evanna White/Act Productions-Ambassador Theatre Group-Illuminations Television Ltd. (tv 31.1.12), 109 min.- av. Simon Callow (William Shakespeare / un comédien).
Interprété par Simon Callow dans un « one-man show » qui est en soi un véritable tour de force, et écrit par Jonathan Bate, cette captation prise dans un théâtre londonien retrace la vie du barde de sa naissance à son enterrement tout en présentant des extraits de ses pièces les plus connues.
2013® Only Lovers Left Alive (Les Derniers Amants) (GB) de Jim Jarmush. – av. John Hurt (Christopher Marlowe). – Un film de vampires dans lequel Jim Jarmush fait apparaître Marlowe, le dramaturge, poète et traducteur, précurseur de la tragédie moderne et père fondateur du drame élisabéthain, auteur d’un Faust (cf. Allemagne) et d’un Edward II (cf. Fin des Plantagenêt), mort en 1593 au cours d’une rixe dans une auberge. Dans le film, après avoir vécu plusieurs siècles en suceur de sang, Marlowe, ami et mentor d’un couple vampire, tombe malade en raison d’un lot de sang contaminé ; avant de mourir, il révèle qu’il a secrètement écrit la plupart des pièces de Shakespeare.
2014(tv) The Mysterious Mr. Webster (GB) de Rachel Jardine
Rachel Jardine/BBC Arts Production, Bristol (BBC4 – 25.5.14), 60 min. – av. Ben Addis (John Webster).
Docu-fiction minimaliste sur le dramaturge John Webster (v.1580-v.1624) dont les tragédies comme The Duchess of Malfi (La Duchesse d’Amalfi, 1614) sont jalonnées d’épisodes sanglants. Présentation et scénario de James Shapiro.
2015Bill (GB) de Richard Bracewell
Richard Bracewell, Tony Bracewell, Alasdair Flind, Charles Steel/BBC Films-Cowboy Films-Punk Cinema, 94 min. - av. Mathew Baynton (William "Bill" Shakespeare), Simon Farnaby (le comte de Croydon), Martha Howe-Douglas (Anne Hathaway), Jim Howick (Christopher Marlowe), Laurence Rickard (Sir Francis Walsingham), Ben Willbond (Philippe II d'Espagne), David Crow (Ramon), Jamie Demetriou (Sergio), Damian Lewis (Sir Richard Hawkins), Helen McCrory (Elizabeth I), Justin Edwards (Sir Francis Drake), Sophie Sanderson (Judith), Rufus Jones (Sir Walter Raleigh).
Les comédiens de la série comique "Horrible Histories" destinée aux adolescents malmènent l'histoire et la jeunesse supposée de Shakespeare. Chaque acteur joue plusieurs rôles; les extérieurs sont filmés entre autres dans le Yorkshire, à Peckham, au Wead and Downland Open Air Museum (West Sussex) et au "Shakespeare's Globe". Amusant, mais pas à la hauteur des Monty Python. Nominé pour l'"Evening Standard British Film Award" comme meilleure comédie.
2016(tv) Cunk on Shakespeare (GB) de Lorry Powles
Sam Ward, Annabel Jones/House Of Tomorrow (BBC Two 11.5.16), 29 min. – av. Christopher Young (William Shakespeare), Clara Shepard (Anne Hathaway), Diane Morgan (Philomena Cunk).
Docu-fiction parodique avec des interviews menés par une journaliste imaginaire, Philomena Cunk, aussi idiote qu’ignare.
2016® (tv) Shakespeares letzte Runde (La Dernière Tournée de Shakespeare) (DE) de Akiz [Achim Bornhak]. – av. Alexander Scheer (William Shakespeare).
2016-2018(tv) Upstart Crow (GB) télésérie de Matt Lipsey (saison 1), Richard Boden (saisons 2 et 3)
Gareth Edwards, Myfanwy Moore/BBC Comedy Production, London (BBC Two 9.5.-13.6.16 / 11.9.-25.12.17 / 29.8.-25.12.18), 18 x 30 et 2 x 40 min. (trois saisons). – av. David Mitchell (William Shakespeare), Liza Tarbuck (Anne Hathaway), Harry Enfield (John Shakespeare, père du poète), Paula Wilcox (Mary Arden, la mère du poète), Helen Monks (Susanna Shakespeare, fille de William et Anne), Joe Willis (Hamnet Shakespeare), Rosanna Beacock (Judith Shakespeare), Gemma Whelan (Kate), Rob Rouse (Ned Bottom), Tim Downie (Christopher “Kit” Marlowe), Mark Heap (Robert Greene), Peter Hamilton Dyer (Sir Francis Bacon), Adama Harley (Henry Wriothesley, comte de Southampton, “The Fair Youth”), Domenic Coleman (Henry Condell), Montserrat Lombard (Emilia Lanier, “The Dark Lady of the Sonnets”), Dan Tetsell (le comte d’Oxford), Emma Thompson (Elizabeth Ire), Noel Fielding (Thomas Morley), Jocelyn Jee Esien (Lucy), Kenneth Branagh (Colin/l’étranger).
« Upstart crow » (trad. : la « corneille arriviste » ou le « coq hautain ») est le surnom que l’écrivaillon pamphlétaire Robert Greene (1558-1592) a donné à son rival, le jeune Shakespeare, dans un pamphlet intitulé Greene’s Groats-Worth of Wit (1592). Produite par la BBC et diffusée dans le cadre du 400e anniversaire de la mort du dramaturge, la sitcom parodique de Ben Elton illustre les mésaventures imaginaires de Shakespeare sur le modèle rigolard de Blackadder (1983/89) dont Elton était un des co-auteurs. Shakespeare y cherche à se faire un nom à Londres tout en essayant de ne pas négliger son rôle d’époux et de père de famille à Stratford-upon-Avon, ce que lui reproche son clan. Le premier épisode le montre en manque d’inspiration pour Romeo and Juliet, aux prises avec un comédien enragé et embarrassé par les suggestions débiles de sa famille pour l’intrigue de sa pièce. Une fois celle-ci couchée sur papier, le manuscrit disparaît, serait-ce Marlowe qui l’a volé ? Comment un provincial comme Shakespeare doit-il s’habiller quand il est invité chez Lord Southampton ? Comment parler de l’assassinat de Jules César sans fâcher la reine Elizabeth ? Anne est furieuse de ne pas figurer dans les sonnets de son mari et ne manque pas de critiquer ses nouveaux écrits, tandis que la visite d’un exotique prince marocain du nom d’Otello à Londres pousse le barde, devenu grassouillet comme son épouse, à écrire une tragédie, etc. En passant, la sitcom ridiculise Donald Trump, le sexisme, les abus pédophiles des prêtres catholiques et le Brexit. Elton transforme le tout en une pièce de théâtre, The Upstart Crow, présentée en février 2020 au Gielgud Theatre (West End, London), également interprétée par David Mitchell.
Épisodes : 1. « Star-Crossed Lovers » – 2. « The Play’s the Thing » – 3. « The Apparel Proclaims the Man » – 4. « Love Is Not Love » – 5. « What Bloody Man Is That ? » – 6. « The Quality of Mercy » /–/ 7. « The Green-Eyed Monster » – 8. « I Know Thee Not, Old Man » – 9. « I Did Adore a Twinkling Star » – 10. « Food of Love » – 11. « Beware My Sting ! » – 12. « Sweet Sorrow » – 13. « A Christmas Crow » /-/ 14. « Lord, What Fools These Mortals Be ! » – 15. « Wild Laughter in the Throat of Death » – 16. « If You Prick Us, Do We Not Bleed ? » – 17. « Sigh no More » – 18. « The Most Unkindest Cut of All » – 19. « Go On and I Will Follow » – 20. « A Crow Christmas Carol ».
2017(tv) Will (US) minisérie de Shekhar Kapur (1-3,10), Elliott Lester (4,5), Magnus Martens (6,7), Jonathan Teplitzky (8-9)
Shekhar Kapur, Andrew Wood, Jill Bilcock, Mary Richards/TNT-Monumental Television-Startling Television-Sir Weighty Tomes Enterprises-Studio T (TNT 10.7.-4.9.17), 10 x 55 min. – av. Laurie Davidson (William Shakespeare), Olivia DeJonge (Alice Burbage), Ewen Bremner (Richard Topcliffe, « chasseur de prêtres » et tortionnaire), Mattias Inwood (Richard Burbage, The Globe), Jamie Campbell Bower (Christopher Marlowe), Scott Handy (Sir Francis Bacon), Rupert Young (Sir Walter Raleigh), William Houston (William Kempe, acteur), Lukas Rolfe (Presto), Max Bennett (Père Robert Southwell, missionnaire jésuite), Colm Meaney (James Burbage, The Theatre), Nancy Carroll (Ellen Burbage), Michael Nardone (Sir Edward Arden), Jamie Beamish (Augustine Phillips, acteur), Nicholas Farrell (Sir Francis Walsingham), Nicholas Woodeson (Philip Henslowe, imprésario), Henry Lloyd-Hughes (Edward Alleyn, acteur), Bruce MacKinnon (Robert Greene, pamphlétiste), Charlie Roe (Henry Leeds), Deirdre Mullins (Anne Shakespeare-Hathaway), James Berkery (Jeremy Knightstand), Zubin Varia (Sir Edward Kelley/Edward Talbot, occultiste), Jasmin Savoy Brown (Lady Emilia Lanier-Bassano, poétesse), Kenneth Collard (Justice Young), Leon Annor (Marcus), Vauxhall Jermaine (Demetrius), Leonardo Dickens (Hamnet Shakespeare), Deirdre Mullins (Anne Shakespeare), Cleopatra Dickens (Judith Shakespeare), Phoebe Austen (Susanne Shakespeare), Susie Trayling (Constance Topcliffe), Dominic Herman-Day (Wesley Topcliffe), Rosie Knightley (Beth Topcliffe), Ben Fox (John Shakespeare), Amanda Lawrence (Mary Shakespeare), Richard Durden (Lord Fortescue), Marina Baibara (la duchesse de Suffolk), Will Irvine (Samuel Ward), Oliver Wellington (Benjamin Forthright), Tadhg Murphy (Baxter).
Synopsis : « Before he was Shakespeare, he was ... Will » (publicité). En 1589, Will, vingt ans et catholique de Stratford-upon-Avon, débarque à Londres. La capitale est ravagée par la violence, les conflits religieux et la peste. Soutenu secrètement par Christopher Marlowe, il entre dans la troupe de théâtre de James Burbage et crée sa première pièce, Edward III, un succès qui lui permet de faire vivre sa femme et ses trois enfants. Marqué par le décès du dramaturge-maison Baxter, il révèle à son amie Alice, fille de Burbage, les liens de sa famille avec le prêtre et poète jésuite Robert Southwell, un cousin recherché par la police qui lui propose de collaborer avec les factions papistes. Alice, dont il tombe amoureux, l’aide à écrire The Two Gentlemen of Verona en copiant l’intrigue d’une pièce espagnole. Sa fréquentation de l’astronome-occultiste John Dee entraîne l’intervention du sinistre « chasseur de prêtres catholiques » et tortionnaire Richard Topcliffe qui lui demande d’écrire une pièce anticatholique pour contrer la propagande de Southwell ; il met son cousin en garde mais risque lui-même l’arrestation et la mort sous la torture. L’arrivée inattendue d’Anne Shakespeare-Hathaway force le jeune poète à choisir entre son épouse légitime et Alice. Le théâtre de Burbage est détruit par les flammes, Lord Fortescue le reconstruit pour y présenter A Midsummer Night’s Dream, tandis que Marlowe fréquente les cercles satanistes afin d’y trouver l’inspiration pour son Doctor Faustus et entame une descente aux enfers qui lui coûtera la vie. Après l’exécution d’un autre martyr catholique, Will démasque Southwell sous les traits démoniaques de Richard III, ce qui n’échappe pas à Sir Francis Walsingham, le puissant chef des services secrets qui révoque le tortionnaire. Convertie au catholicisme, Alice quitte le pays aux côtés de Southwell.
Shekhar Kapur, le réalisateur bollywoodien qui s’est fait remarquer sur le marché occidental grâce à deux longs métrages assez originaux consacrés à la Reine Vierge et interprétés par Cate Blanchett, Elizabeth (1998) et Elizabeth : The Golden Age (2007), se replonge dans le XVIe siècle anglais finissant avec cette télésérie américaine clairement adressée à la « génération Z ». Le scénario de Craig Pearce nous plonge dans un Londres au jeunisme appuyé, limite néo-punk-rock, tout en ressuscitant conflits et persécutions religieux parsemés de scènes de torture particulièrement « gore ». Autour du jeune Will – présenté comme un catholique secret, assertion jamais prouvée – s’agitent Robert Southwell (1561-1595), son cousin canonisé par l’Église catholique, condamné pour trahison et exécuté par pendaison, mais aussi l’imprésario James Burbage, charpentier visionnaire et constructeur du tout premier théâtre à Londres, sa fille rebelle Alice qui, étant femme, n’est pas autorisée à jouer sur scène, ainsi que son fils Richard Burbage, comédien imbu de lui-même et porté sur l’overplaying. Cité Renaissance-post moderne, Londres est peuplé de hipsters multi-culti et colorée à l’indienne, comme si tout le monde s’était donné le mot pour se teindre les cheveux et s’habiller à fêter le carnaval (avec The Clash dans la bande-son). Mauvais calcul : budgétée à 75 millions de $ et tournée en septembre-novembre 2016 aux Dragon Studios à Bridgend (Llanharan, pays de Galles) et à Lacock (Wiltshire), la série, complaisante et pleine de clichés, doit être stoppée à la fin de la première saison faute de téléspectateurs.
Épisodes : 1. « The Play’s The Thing » – 2. « Cowards Die Many Times » – 3. « The Two Gentlemen », – 4. « Brave New World » – 5. « The Marriage of Two Minds » – 6. « Something Wicked This Way Comes » – 7. « What Dreams May Come » – 8. – 9. « Play the Devil » – 10. « Once, Bright Angel ».
2017® Daggers in Men’s Smiles (US) de Lia Rose Dugal. – av. Noah Fitterer (William Shakespeare).
2017® (tv) El ministerio del tiempo : 26. Tiempo de esplendor (ES) d'Oskar Santos. - av. Nick Devlin (William Shakespeare).
2017Will at Work with the Lord Chamberlain’s Men (US) de Joe Quartararo
Thomas D. White/Loose Moon Productions, 12 min. – av. Mike Roche (William Shakespeare), John L. Payne (Richard Burbage), T. D. White (Thomas Pope), Jenne Marie Vath (Augustine Phillips), Rocco Cafferelli, Zachary Tuckness.
Au Globe Theatre en 1599, la troupe des « Lord Chamberlain’s Men » vient de jouer A Midsummer Night’s Dream avec Shakespeare dans le rôle Titania (!). Le barde réunit les comédiens sur scène et commence dans la bonne humeur les répétitions de Henry V. Court métrage tourné à Staten Island (New York).
2018* All Is True (Shakespeare, l’homme derrière le masque) (GB) de Kenneth Branagh
Kenneth Branagh, Ted Gagliano, Tamar Thomas/TKBC Prod. (London)-Sony Picture Classic, 101 min. – av. Kenneth Branagh (William Shakespeare), Judi Dench (Anne Hathaway-Shakespeare), Ian McKellen (Henry Wriothesley, comte de Southampton), Jack Colgrave Hirst (Tom Quiney), Gerard Horan (Ben Jonson), Lydia Wilson (Susanna Jall-Shakespeare), Kathryn Wilder (Judith Quiney-Shakespeare), Jimmy Yuill (Edward Woolmer), Hadley Fraser (John Hall), Alex Macqueen (Sir Thomas Lucy), Nonso Anozie (un acteur jouant Aaron), John Dagleish (Rafe Smith).
Synopsis : Le 29 juin 1613, le théâtre du Globe que dirigeait Shakespeare est entièrement détruit par un incendie pendant la représentation de Henry VIII. Le dramaturge, à 49 ans et au faîte de sa gloire, saisit ce prétexte pour décider de cesser d’écrire. Il quitte Londres et retourne à New Place, sa luxueuse propriété à Stratford-upon-Avon où il retrouve sa famille qu’il avait peu vue depuis presque deux décennies et qui n’est pas enchantée de son apparition. C’est l’occasion pour lui de se remettre en question à divers sujets qui le hantent. Ainsi, la mort à onze ans de son fils bien-aimé, Hamnet, décédé en son absence en 1596 ; ainsi le sort de ses deux filles dont l’ainée, Susanna, a fait un mariage difficile avec un puritain austère, le médecin John Hall (qui estime que le théâtre est le mal), et de la seconde, Judith, qui est restée célibataire et semble cacher un lourd secret ; ainsi son propre mariage avec Anne, de huit ans son aînée, une paysanne terre-à-terre et analphabète qui lui reproche d’avoir délaissé leur foyer et fait égoïstement passer son art avant sa famille. Adulé par une partie de la population de Stratford mais critiqué par une clique de puritains hypocrites et avides de ragots, Shakespeare se sent incompris et passe les jours à cultiver son jardin autour de la tombe de Hamnet. Au tribunal, il défend Susanne, faussement accusée d’adultère, et découvre un talent de poétesse chez Judith qui n’a pourtant pas eu la possibilité de s’instruire. Le vieux comte de Southampton, auquel le dramaturge avait adressé jadis ses 154 sonnets, vient en visite et Anne réalise que les rumeurs d’autrefois à propos d’une relation homosexuelle entre son mari et l’aristocrate pourraient bien être vraies. Elle pardonne et se réconcilie avec son époux qui trouve progressivement la sérénité, tandis que Judith se décide à épouser Thomas Quiney, un vigneron et marchand de tabac au passé accidenté et qui la met enceinte. Judith révèle à son père que Hamnet, son frère jumeau, n’est pas mort de la peste, mais s’est suicidé. En avril 1616, Ben Jonson rend visite à son ancien confrère – qui n’a plus jamais repris la plume – mais Shakespeare se sent mal et s’alite. Avant de mourir, il constate que Susanna a appris à lire et à écrire à sa sœur et à sa mère et les trois femmes récitent ensemble un passage de Cymbeline lors de l’enterrement du barde.
L’acteur et metteur en scène anglais Sir Kenneth Branagh a consacré à Shakespeare une partie substantielle de sa carrière à l’écran en réalisant et en interprétant Henry V (son premier long métrage, 1989), puis Much Ado About Nothing (1993), Hamlet (1996), Love’s Labour’s Lost (1999), As You Like It (2006), enfin via la télévision et le « Branagh Theatre Live », The Winter’s Tale (2015) et Romeo and Juliet (2016). Impressionné par le scénario de Ben Elton, l’auteur de la sitcom parodique Upstart Crow (2016-18, cf. supra) sur le ménage agité des Shakespeare-Hathaway entre Stratford et Londres, mais loin de l’hilarité populaire de cette émission, il aborde ici les trois dernières années de la vie du dramaturge, dont on ne sait presque rien (on ignore même de quoi il est mort). All Is True est le titre alternatif de la pièce Henry VIII, une des dernières de Shakespeare jouées au Globe. Elton et Branagh ne cherchent aucunement à idéaliser l’« immortel barde » mais à dresser le portrait pénétrant d’un homme déçu de lui-même, le cœur brisé et tourmenté par ses manquements de père de famille ; un portrait forcément imaginaire, car on ne sait ni pourquoi il a arrêté d’écrire et quitté Londres ni s’il a vraiment été obsédé par la mort inexpliquée de son fils ni quelles étaient les relations avec sa femme. Tournées en été 2018 au manoir tudorien de Dorney Court (Buckinghamshire), ces retrouvailles entre Kenneth Branagh et Shakespeare ne bénéficient que d’une sortie très confidentielle et d’une carrière minimaliste. Mais en conférant au poète en fin de vie une personnalité aussi émouvante qu’inattendue, le film trouve un équilibre assez captivant dans sa manière de tisser des liens entre l‘homme et son œuvre. De très belles reconstitutions et des images soignées reflètent le climat morose d’un provincialisme oppressant dans lequel s’épanouissent trois acteurs de grand calibre, Branagh, Dame Judi Dench dans le rôle de l’épouse délaissée et Sir Ian McKellen en vieil aristocrate décati.
2020® Shakespeare’s Sh*tstorm (US) de Lloyd Kaufmann. – av. Frazer Brown (William Shakespeare).
Shakespeare et la fille de sa logeuse confinés à Londres pendant l’épidémie de 1603.
2020(tv) Upstart Crow – Lockdown Christmas 1603 (GB) de Richard Boden
Gareth Edwards, John Cole/BBC Studios (BBC Two 21.12.20), 29 min. – av. David Mitchell (William Shakespeare) Gemma Whelan (Kate), Rodney Earl Clarke (le chanteur au balcon).
Un épisode spécial du sitcom comique Upstart Crow (cf. supra, 2016-18) qui se déroule à Londres pendant les fêtes de Noël 1603 lors de l’épidémie de peste. Shakespeare et Kate, la fille de sa logeuse, subissent le quinzième confinement imposé et pour passer le temps, le Barde essaie d’écrire une « pièce écossaise » sur un certain Macbeth pour gagner les faveurs du nouveau roi, James Ier, mais l’inspiration n’est pas au rendez-vous... Amusant mais un peu répétitif dans ses allusions au confinement mondial dû au Covid-19 de 2020.
2023(tv-df) Shakespeare, Rise of a Genius (GB) de Julian Jones
Luke Boneham, Alice Boorman/72 Films production (BBC2 8+15+20.ll.23), 3 x 60 min. - av. Daniel Boyarsky (William Shakespeare), Gergely Máté Kiss (Richard Burbage), Szomori Béla (Lord Chamberlain), Dánel Baki (Henry Condell), Tibor Gadácsi (Earl of Essex), Eszter Petrány (le reine Anne), Màté Kovàcs (King James). - Docu-fiction tourné en Hongrie.