II - LE ROYAUME D’ANGLETERRE

18. ÉCOSSE, IRLANDE ET PAYS DE GALLES


Dans le domaine audiovisuel, l’histoire de ces trois nations d’origine celte est étroitement liée à celle de l’Angleterre dans la mesure où aucune des trois régions n’est économiquement en mesure de s’offrir une industrie du cinéma idoine et durable, capable de chanter son passé. Par conséquent, les sujets comme leur fabrication ont presque toujours dépendu de Londres, de ses producteurs et des goûts du public britannique en général. À quelques exceptions près, ce sont donc les relations mouvementées, voire conflictuelles de ces peuples avec l’Angleterre qui constituent la matière principale des films qui suivent.

Au Ve siècle, les Gaels peuplent l’ÉCOSSE ou Calédonie, région périphérique et inhospitalière dont les Romains ont fini par se désintéresser. Au Moyen Âge, ces terres sont composées de Celtes (les Pictes, Bretons et Scots venus d’Irlande) et des Nordiques. En 563, le moine irlandais Columcille ou Colomba fonde un monastère chrétien sur l’île d’Iona, abbaye prestigieuse. Unis dès le début du onzième siècle, ces différents royaumes autochtones sont absorbés par celui des Scots et forment la Scotia ou Alba, dont MACBETH deviendra un des rois en 1040. L’Écosse s’anglicise sous l’influence de la princesse Margaret, épouse de Malcolm III, et durant les règnes successifs de leurs fils, Edgar, Alexandre Ier et David Ier. Le système féodal anglo-normand prévaut à travers le royaume. Les ordres religieux celtes sont supprimés, l’église remodelée conformément aux pratiques catholiques. À la Cour, la langue normande supplante le gallois, tandis que l’anglais se répand dans les zones frontalières et les plaines. David Ier instaure également diverses réformes juridiques, législatives et administratives sur le modèle anglais et encourage l’Écosse à commercer avec son puissant voisin. Les relations avec l’Angleterre se gâtent lorsque les deux royaumes se disputent le comté du Northumberland. La paix revient en 1237, mais en 1286, Alexandre III meurt sans héritier, laissant le trône à sa petite-fille, l’infante Margaret. Pour assurer la continuité de la lignée, les nobles écossais décident de marier la jeune fille (sept ans) au fils du roi d’Angleterre Edward Ier dit « Longshanks » (cf. chap. 6). Lors du mariage en 1290, la jeune reine Margaret Ière a sept ans et le prince Edward, son mari anglais, six ans. Les Écossais encadrent ces noces du traité de Birgham qui garantit l’indépendance de l’Écosse quoi qu’il arrive, en se protégeant des revendications anglaises. Or la reine Margaret décède la même année et les revendications du trône côté écossais refont surface, déclenchant la guerre d’Indépendance. Pas moins de treize prétendants se disputent la Couronne dont Robert the Bruce, seigneur d’Annandale, et John de Balliol, seigneur de Galloway ; la situation semblant dégénérer, les nobles demandent l’arbitrage d’Edward « Longshanks » qui profite de cette vacance pour s’imposer en tant que « Lord Paramount » du pays et s’emparer du pouvoir grâce à sa puissante armée. Une partie de la noblesse écossaise se rallie à lui et prête allégeance à son représentant John de Balliol, proclamé roi d’Écosse en 1292 lorsqu’il reconnaît Edward comme son suzerain. L’Écosse devient royaume vassal. Cependant une fraction importante de l’aristocratie et la majorité du peuple écossais refusent l’humiliante domination anglaise. Balliol leur donne raison en 1295 en concluant une alliance (« Auld Alliance », la « Vieille Alliance ») avec la France de Philippe le Bel, alors en lutte avec l’Angleterre. La première phase de cette guerre d’indépendance s’achève par la défaite de Balliol. Edward « Longshanks » ayant écrasé les Écossais à Dunbar en avril 1296, annexe l’Écosse à l’Angleterre. Un an plus tard, le patriote WILLIAM « BRAVEHEART » WALLACE prend les armes et remporte en septembre 1297 une victoire surprenante à Stirling. Il rétablit la souveraineté écossaise au nom de Balliol (prisonnier à Londres) et reçoit le titre de Gardien de l’Écosse. Mais vaincu en 1298 à Falkirk, il est trahi en 1304 par les nobles écossais, condamné à Londres pour trahison ; sa mise à mort est destinée à marquer les esprits : il est châtré et éviscéré vivant. ROBERT BRUCE (ROBERT THE BRUCE), descendant de David Ier, prend alors la tête de la résistance. Chef charismatique, il est couronné Robert Ier d’Écosse en mars 1306 et lance sans tarder une campagne de guérilla contre le nouveau roi d’Angleterre, Edward II. Le 24 juin 1304, les Écossais écrasent les Anglais à Bannockburn, mais la guerre continue encore pendant une décennie, marquée par la création du Parlement d’Écosse. En 1328, les régents du jeune Edward III signent finalement le Traité de Northampton qui garantit l’indépendance de l’Écosse. Mais un an plus tard, l’Angleterre envahit une fois encore l’Écosse dans le but de restaurer un roi qui lui est soumis, perpétuant un interminable conflit entre les deux nations qui ne s’éteindra provisoirement qu’avec l’accession au trône de James Ier, fils de Mary Stuart et roi d’Angleterre et d’Écosse, en 1603.

Cf. aussi : MARY STUART, LA DERNIÈRE REINE D’ÉCOSSE (1560 à 1587) – chap. 17.1

En IRLANDE, la civilisation celte dure près de mille ans, avec des clans qui vont progressivement fusionner pour constituer quatre royaumes : l’Ulster, le Leinster, le Munster et le Connacht (Connaught). Les Romains n’y pénètreront jamais. Au début du Ve siècle, un Roi suprême étend son pouvoir sur toute l’île et siège à Tara, capitale du royaume de Mide. Vers 450, saint Patrick (Padraig) y introduit le christianisme, seul épisode que le cinéma semble avoir retenu, le mythe de Tristan et Iseut mis à part (cf. chap. 1). L’Irlande résiste tant bien que mal aux invasions vikings, mais à la fin du XIIe siècle, l’Angleterre entreprend sa conquête, envahissant d’abord l’ouest de l’île. En 1494, la couronne anglaise déclare sa domination sur toute l’île et en 1541, Henry VIII prend le titre de roi d’Irlande, ouvrant la porte à la colonisation et confiscation systématique de terres, surtout en Ulster. Les colons, des communautés d’identité anglaise et protestante, modifient la démographie de l’île et s’opposent aux intérêts des habitants originels, d’identité gaélique et catholique. Elizabeth Ire entre en conflit avec les barons irlandais – à leur tête HUGH O’NEILL LE GRAND, COMTE DE TYRONE (Aodh Mór O Néill) qui conteste l’autorité de Londres et accueille les mercenaires catholiques de Philippe II d’Espagne sur l’île. Instigateur de la « guerre de Neuf Ans » (1595-1603), armé par l’Espagne et l’Écosse, Tyrone anéantit l’armée anglaise à la bataille de Yellow Ford (1598), contraint le comte d’Essex à une trêve humiliante, fait occuper la ville de Kinsale par les Espagnols, puis, écrasé à la bataille de Kinsale, il fait sa soumission à Londres. En 1607, il s’enfuit sur le continent et gagne Rome où il décède en 1616.

Le PAYS DE GALLES (Wales / Cymru) – séjour légendaire d’Arthur et de Merlin (cf. chap. 1) – est d’abord constitué de nombreuses principautés indépendantes qui résistent longtemps aux attaques des Saxons et se réunissent finalement sous le prince gallois LLEWELYN LE GRAND (Llywelyn ab Iorweth, v. 1173-1240), qui renforce sa position politique en épousant Jeanne d’Angleterre (Siwan princesse de Gwynedd), la fille légitimée du roi Plantagenet Jean sans Terre. Mais en 1282, la victoire d’Edward Ier « Longshanks » sur son petit-fils Llywelyn le Dernier, dernier prince indépendant, achève la conquête du pays de Galles par les Anglais.
1911La pietra di Scone / La pietra d’alcone (IT) de Mario Caserini
Società Italiana Cines, Roma, 312 m.
Histoire de la pierre sacrée de l'abbaye de Scone (au nord de Perth) qui servit pendant des siècles au couronnement des rois d’Écosse et que Kenneth, roi d'Ecosse en 850, prit aux Irlandais. En 1296, Edward Ier d'Angleterre la place à Westminster après la conquête de l'Écosse, où elle sert désormais à couronner les rois d'Angleterre. Selon la légende, la pierre aurait été trouvée par le patriarche biblique Jacob (qui l’utilisa comme oreiller lors de son ascension en songe) et emporté en Égypte ; un prince grec, gendre du pharaon, l’aurait ensuite transporté en Espagne d’où, en 700 av. J.C., le roi d’Irlande Semon Brech l’aurait déposé sur le mont Tara.
1911La bonté de Jacques V (FR) de Georges Denola
Pathé Frères S.A. (Paris) no. 4450, 235 m./8 min. – Anecdote tirée de la vie de James V d’Ecosse (1512-1542). Maxwell, un jeune paysan écossais, tombe aux mains de bandits qui exigent une rançon. Désespérée, sa fiancée Dora supplie le roi de l’aider. Afin d’éprouver la sincérité de la jeune femme, James V se déguise en mendiant et lui demande l’aumône, puis, satisfait, il paye la rançon du captif et unit les amoureux.
1911Robert Bruce, épisode des guerres de l'indépendance écossaise (FR) d’Albert Capellani
SCAGL-Pathé Frères S.A. (Paris), 405 m. – av. Paul Capellani (Robert the Bruce / Robert Ier d’Écosse), Louis Ravet, Henri Étiévant, Georges Baud, Darmody, René Nadir.
En 1306, Robert Bruce [Robert de Brus] est couronné roi d’Écosse à Scone, succédant ainsi au gardien du royaume, Wallace « Braveheart », exécuté à Londres sur ordre d’Edward Ier d’Angleterre (cf. films de 2018 et 2019). L’élection du nouveau roi déchaîne la fureur de John Comyn le Roux, qui avait espéré ceindre la couronne. Épousant la cause de son ami Comyn, John de Lorne [John d’Argyll] trahit, pour le venger, la cause de l’indépendance écossaise et se rallie aux Anglais. Après la défaite des Écossais, Isabelle de Mar, la femme de Bruce, et William Douglas, son principal lieutenant, sont faits prisonniers. Étant parvenu à fuir et à se réfugier dans les Highlands, Bruce reprend courage après un moment de désespoir, et, à la tête de quelques partisans, il réussit à déjouer les pièges que lui tend John de Lorne et à délivrer Isabelle. – Un scénario du romancier et auteur dramatique Romain Coolus, ami de Jules Renard, Tristan Bernard, Alfred Jarry et Toulouse-Lautrec, filmé à Joinville-le-Pont.
Lochinvar (William Russell) danse avec Ellen (Marguerite Snow) avant de l’enlever.
1911Young Lochinvar / Lochinvar (US)
Edwin et Gertrude Homan Thanhouser/Thanhouser Film Corporation (New York), 1 bob./1000 ft./10 min. – av. William Russell (Lochinvar), Marguerite Snow (Ellen Graema de Netherby).
Première adaptation de Lochinvar, une ballade de Sir Walter Scott extraite de Marmion. A Tale of Flodden Field (1808) et développée plus tard sous forme de roman par Joyce E. Preston Muddock. – En Êcosse en 1513. Lochinvar, un jeune guerrier des Highlands redouté sur les champs de bataille, aussi hardi qu’audacieux, retourne à Netherby Hall pendant les festivités nuptiales de son amour d’enfance, Ellen, que ses parents ont contrainte d’épouser un quidam indigne d’elle. Furieux, le maître des lieux l’interroge quant aux raisons de sa présence provocante et ses intentions. Lochinvar est venu sans armes. Il danse avec Ellen qui est émue aux larmes et lui propose de fuguer. Le couple si parfaitement assorti charme tous les invités jusqu’au moment où il quitte soudainement la salle des fêtes et s’échappe à cheval. Le clan de Netherby poursuit les fugitifs en vain : il ne reverra plus jamais la belle, devenue l’épouse de Lochinvar.
Photo-Historic Motion Picture Company, Dublin/New York, 4 bob./552 ft.
Au Ve siècle, Patrick, un jeune chrétien écossais, fils d’un décurion, est enlevé et réduit en esclavage par des pirates irlandais ; il leur échappe, entre dans les ordres, est ordonné évêque et revient des années plus tard christianiser l’Irlande, succédant à Palladius qui, le premier, évangélisa l’île. Il chasse les serpents de l’Île Verte.
Annoncée dans la presse comme un « Deuxième Jeu de la Passion », cette hagiographie est réalisée notamment sur les rives des lacs de Killarney et au St. Kevin’s Oratory à Dublin. La publicité de l’époque précise qu’il s’agit d’« un film authentiquement irlandais, écrit et produit par un Irlandais, filmé sur les lieux mêmes où a enseigné l’apôtre, joué par des paysans irlandais habillés de costumes historiques fabriqués en Irlande ». Que dire de plus ? Un spectacle particulièrement prisé chaque année pendant la fête de Saint Patrick à Dublin, à Belfast, à Cork – et à New York.
Le roi d’Écosse tiraillé entre les guerres dqe clans des Highlands et des Lowlands (« The Lady of the Lake »).
1912The Lady of the Lake [La Dame du Lac] (US) de James Stuart Blackton
James Stuart Blackton, Albert A. Smith/Vitagraph Co. of America (New York), 972 m. – av. Edith Storey (Ellen Douglas), Harry T. Morey (James Fitz-James alias le roi James V d'Ecosse), Ralph Ince (James Douglas, comte d’Angus), Harry Northrup (Roderick Dhu), Earle Williams (Malcolm Graeme), Julia Swayne Gordon (Lady Margaret, mère de Roderick), Tefft Johnson (Allan-Bane, le ménestrel), Frank Newburg (Malise), William Humphreys.
Synopsis : Vers 1530, alors que James Fitz-James, un chevalier inconnu – en réalité le roi d’Écosse James V (père de Mary Stuart) -, chasse le cerf sur les rives de Loch Katrine, son cheval meurt d’épuisement. Une jeune femme, Ellen Douglas, prend Fitz-James dans sa barque et le conduit sur une île abritant un repaire de Highlanders qu’il suspecte être celui de son pire ennemi, James Douglas, et où on lui offre l’hospitalité. James s’éprend d’Ellen, mais celle-ci a deux autres amoureux : le féroce Roderick Dhu du Clan Alpine, seigneur des lieux qui vit de massacres et de pillages infligés par vengeance héréditaire aux paysans saxons du Sud, et le jeune Malcolm Graeme, qu’elle aime en retour. L’homme qui compte toutefois le plus à ses yeux, c’est son géniteur James Douglas, hors-la-loi du Clan Douglas persécuté par le roi. Ayant chassé son rival Malcolm, Roderick demande la main d’Ellen, l’union de son clan Alpine et des Douglas pouvant entraîner un soulèvement général contre la couronne en main des Lowland Scots. Fidèle au roi malgré tout, Douglas refuse de marchander sa fille et se terre tandis que Roderick mobilise ses guerriers pour renverser James V. Le roi revient incognito sur l’île pour déclarer son amour à Ellen, mais celle-ci décline par amour pour Malcolm ; déçu, Fitz-James lui donne une bague lui garantissant la protection de la couronne, puis blesse mortellement Roderick en combat singulier, mettant ainsi fin à l’insurrection. Entre-temps, James Douglas s’est constitué prisonnier, et comme Malcolm, également capturé, il est condamné à mort. Mais arrivé au château royal de Stirling, Fitz-James se fait reconnaître, annonce à Ellen terrorisée que son père a été pardonné et bénit son mariage avec Malcolm.
Une épopée en vers de Sir Walter Scott (Lady of the Lake. A Poem, 1810), récit en six chants adapté au cinéma par Beta Breuil et filmé aux studios Vitagraph de Flatbush à Brooklyn par le cofondateur de la firme, l’Anglo-américain Stuart Blackton. Selon le folklore local, James V avait l’habitude de parcourir anonymement son royaume. En 1819, Gioachino Rossini s’inspire du poème romantique de Scott pour son opéra en deux actes La Donna del Lago (livret de Andrea Leone Tottla) en modifiant notamment les noms : Roderick Dhu devient Rodrigo, Ellen devient Elena et Fitz-James est baptisé Uberto. Henry Siddons transforme la ballade en pièce de théâtre (1811) et Franz Schubert composera sept chansons en 1825 pour accompagner l’intrigue (Sieben Gesänge aus Walter Scotts « Fräulein am See »).
1913The Fate of a King / Le Destin d'un roi (GB/FR) d’A. E. Coleby
Frank Powell/Britannia Films (London)-Pathé Frères S.A. (Paris, cat. no. 5990), 490 m./env. 20 min.
Intelligent, poète, le roi d’Écosse James [Jacques] Ier (1394-1437) est très populaire mais haï par ses cousins et divers nobles du royaume, car il a combattu des unités écossaises aux côtés de Henry V en France ; son oncle Walter Stewart, comte d’Atholl, et Sir Robert Graham complotent sa perte. En février 1437, lors d’un voyage du souverain, de la reine Joan Beaufort et de leur suite au monastère dominicain de Blackfriars à Perth, la sorcière Tigella le supplie de rebrousser chemin s’il veut échapper à la mort. Agacé, le roi fait enfermer dans un cachot cette Cassandre qui l’a suivi jusqu’au réfectoire du couvent. La nuit tombée, les conspirateurs forcent les verrous de la chambre à coucher ; une demoiselle d’honneur de la reine, Catherine Douglas, se sacrifie en passant le bras dans les mortaises de la porte tandis que James parvient à se réfugier par une trappe dans une des cryptes du couvent, là-même où est emprisonnée Tigella. Mais le comte d’Atholl découvre le stratagème et assassine le monarque piégé. – Cette reconstitution du meurtre de James Ier est produite par la filiale anglaise de Pathé aux studios d’Alexandra Palace à Muswell Hill (Haringey, London).
Whitman[-Warren] Features Company-Juno Films, 3 bob./3000 ft.
Film pratiquement inconnu inspiré de la ballade de Sir Walter Scott (synopsis cf. film de 1912), auquel Moving Picture World reproche un abus d’intertitres et un manque de cohésion dramatique (8.11.13).
Gaumont Pictures, 680 m./2100 ft. – av. Godfrey Tearle (Lochinvar), Peggy Hyland (Ellen Graeme de Netherby).
La ballade de Sir Walter Scott (synopsis cf. 1911 et 1923).
1913Lady of the Lake (US)
Whitman[-Warren] Features Company-Juno Films, 3 bob./3000 ft.
Film pratiquement inconnu inspiré de la ballade de Sir Walter Scott (synopsis cf. film de 1912), auquel Moving Picture World reproche un abus d’intertitres et un manque de cohésion dramatique (8.11.13).
1915Lochinvar (GB) de Leslie Seldon-Truss
Gaumont Pictures, 680 m./2100 ft. - av. Godfrey Tearle (Lochinvar), Peggy Hyland (Ellen Graeme de Netherby).
La ballade de Sir Walter Scott (synopsis cf. 1911 et 1923).
1920In the Days of Saint Patrick / Aimsir Padraig (GB/IR) de Norman Whitten
Norman Whitten/General Film Company of Ireland-Janion Ltd. (Dublin), 1360 m./5 bob./69 min. – av. Ira Allen (saint Patrick), J. B. Carrickford (saint Martin), George Braime (le pape Célestin Ier, 422/432), George Griffin (Laoghaire, Grand-Roi d’Irlande), Vernon Whitten (saint Patrick à 10 ans), Gilbert Green (saint Patrick à 16 ans), Alice Cardinall (Concessa, sa mère), Patrick McDonnell (son père adoptif), Alice Keating (Lupita, sa sœur de lait), Dermot McCarthy (Calpurnius), Ernest Matthewson (l’évêque Tussach), Maude Hume (la reine), Herbert Mayne (Gornias, l’ermite aveugle), T. O’Carroll Reynolds (le pirate Niall of The Nine Hostages), Eddie Lawless (Milcho, roi de Dal Riada), C. Byrne (Benignus).
Le film le plus ambitieux réalisé en Irlande à l’époque du muet retrace la vie du saint patron de l’île, de son enfance au pays de Galles (où il accomplit ses premiers miracles) à son enlèvement par des pirates avec sa sœur de lait Lupita, son rachat au marché d’esclaves par Milcho, roi de Del Riada, qui l’engage comme gardien de porcs. Après six ans d’esclavage, il parvient à s’évader, suivant les indications des anges qui l’amènent à un navire de marchands à Killala Strand. Il étudie à Marmoutier, en France, et le pape Célestin à Rome l’ordonne évêque. Patrick retourne alors en Irlande, où il commence par domestiquer les serpents, puis rend visite à son ancien maître Milcho, vieillard si terrifié par la nouvelle religion qu’il boute le feu à sa demeure. Suivent la conversion du roi d’Irlande Laoghaire à Tara, la tentative d’assassinat par empoisonnement fomentée par les druides du roi et la destruction du grand sanctuaire celte de Mag Slecht. L’épilogue consiste en diverses vues de mémorial, le tombeau à Downpatrick, la dévotion des pèlerins à Croagh Patrick, la cathédrale d’Armagh, etc.
Llewellyn (Charles Ashton), dernier roi du Pays de Galles, n’est plus qu’un vassal du roi d’Angleterre.
1922The Last King of Wales (GB) de George Ridgwell
Série « The Romance of British History », Edward Godal/British & Colonial Kinematograph Company Ltd., 635 m./17 min. – av. Charles Ashton (le roi Llewellyn le Dernier), Cynthia Murtagh (la reine Aliénor/Eleanor de Montfort, son épouse), Reginald Fox (Edward Ier d’Angleterre), Malvina Longfellow (Éléonore de Castille), Grey Murray (Robert Burnell, Lord Chancelier).
Synopsis : Lorsqu’Edward Ier revient de la neuvième Croisade pour monter sur le trône d’Angleterre après le décès de son père, Henry III, il trouve son royaume affaibli par la rébellion et le chaos social. Llewellyn, roi du Pays de Galles (Llewellyn ap Gryffydd, 1228-1282), aime profondément Éléonore de Montfort et a aidé le père de celle-ci, Simon de Montfort, à affronter Henry III. Mais Simon a perdu la vie sur le champ de bataille et Llewellyn n’est à présent plus qu’un vassal du roi d’Angleterre. Comme la veuve de Simon refuse de donner sa fille en mariage à un simple vassal, Llewellyn prend les armes, mais ses alliés l’abandonnent, tandis qu’Éléonore est capturée en mer par les Anglais. Edward confie sa captive à la reine Éléonore de Castille. Apprenant cela, Llewellyn se soumet, paie une lourde rançon et fait la paix à la cour de Westminster en signant le traité d’Aberconwy (1277). A nouveau réuni avec sa bien-aimée (qu’il épousera l’année suivante), il déclare en s’adressant à Edward Ier : « C’est en étant indulgent qu’un roi se fait des amis ! »
Dans ce produit intitulé fort à propos « Romance of British History », Llewellyn, impulsif et barbare (costumé comme une mixture de clansman écossais, de centurion romain et de viking) affronte Edward, qui lui est ici un monarque sage, habile, pacifique et sensible, bref, un modèle d’humanité civilisée. On omet de signaler que le dernier roi de Galles finira assassiné le 11 décembre 1282 dans une embuscade à Aberedw et que le fils d’Edward Ier sera le premier Anglais à porter le titre de prince de Galles. Quant au frère de Llewellyn, David, qui a pris la tête du nouveau soulèvement cette même année, il sera capturé en 1283, pendu sans que mort s’en suive, éventré, émasculé, démembré et décapité... (comme William « Braveheart » Wallace). Le film, statique et maladroit, est tourné dans les studios de Walthamstow à Londres. L’Américaine Malvina Longfellow a percé en Grande-Bretagne en interprétant deux fois la sulfureuse Lady Hamilton au cinéma (1919), George Ridgwell a signé deux sérials remarqués de Sherlock Holmes (1923/23), et le scénariste du film, Eliot Stannard, est surtout connu pour avoir collaboré neuf fois avec Alfred Hitchcock entre 1925 et 1929 (notamment pour The Lodger, The Ring et The Manxman, ses chefs-d’œuvre muets).
1923Young Lochinvar (GB) de Will P. Kellino
Sir Oswald Stoll/Stoll Film Company (London), 5061 ft./84 min. – av. Owen Nares (Lochinvar), Gladys Jennings (Ellen/Helen Graeme de Netherby), Dick Webb (Musgrave), Cecil Morton York (Johnstone), Charles Barratt (Alick Johnstone), Bertie Bright (Brookie the Whistler), Lionel Braham (Jamie the Ox), Dorothy Harris (Cecilia Johnstone), J. Nelson Ramsay (Graeme).
Promis depuis sa naissance à Cecilia, la fille de Johnstone de Lockwood, Lochinvar arrive au château de Lockwood où il s’éprend de Helen, la fille de Graeme de Netherby. Ce dernier est également en visite avec Musgrave, le fiancé de Helen. Lors d’une dispute entre les deux rivaux, Musgrave est traîtreusement blessé par le frère de Cecilia, Alick. Ayant appris d’une sorcière que Helen est en péril, Lochinvar se rend d’urgence à Netherby Hall alors que Helen est sur le point de signer son contrat de mariage. Lochinvar fugue avec elle.
Tourné en juillet 1923 dans les environs du village écossais d’Aberfoyle (Stirling) et dans les studios de Cricklewood près de Londres, le film est un produit typique de Stoll Film, alors la plus importante société cinématographique de Grande-Bretagne, spécialisée dans la superproduction en costumes. La ballade de Sir Walter Scott (1808, cf. film de 1911) ne livrant pas assez de matière pour un long métrage, la scénariste Alicia Ramsey étoffe l’intrigue avec divers passages du roman Young Lochinvar. A Tale of the Border country que Joyce E. Preston-Muddock a tiré du texte de Scott tout en ajoutant des scènes comiques avec Brookie the Whistler et Jamie the Ox, les valets du héros. Le réalisateur W. P. Kellino (qui a signé l’année précédente un Rob Roy pour Stoll) photographie divers paysages impressionnants et même des scènes de bataille à grande figuration. Un succès particulièrement populaire au Nord de l’Angleterre, où le film est projeté, comme il se doit, avec un accompagnement aux cornemuses.
1923The Fair Maid of Perth [La Jolie Fille de Perth] (GB) d’Edwin Greenwood
Jack Buchanan/Anglia Films (London), 6 bob. 5500 ft./1676 m. – av. Sylvia Caine (Lady Catherine Glover), Russell Thorndike (l’apothicaire Henbane Dwining), Lionel d’Aragon (Black Douglas), Tristram Rawson (Henry Gow/Smith), Lionelle Howard, Charles Barratt, Wallace Bosco, Jack Denton, Leal Douglas, Kate Gurney, Lionelle Howard, Donald Macardle, Sidney Paxton.
Synopsis : À Perth, en Écosse, en 1396. En pleine nuit, aidé de cinq compagnons armés, David Stuart, duc de Rothsay, déjà marié et fils du roi Robert III, tente d’enlever une bourgeoise, Catherine Glover, la plus jolie fille de la ville. Un autre prétendant de Catherine, son voisin le bouillant forgeron et armurier Henry Smith, met la bande en déroute et tranche la main de Sir John Ramorny, grand écuyer du prince Stuart. Enfin, il y a un troisième prétendant, le jeune montagnard celte Conachar, apprenti chez le père de la belle. Cette dernière se trouve précipitée au cœur des tempêtes que provoquent les rivalités amoureuses, les ambitions politiques et les persécutions qui commencent à s’abattre sur les précurseurs de la Réforme, tel le chartreux Clément Blair. Rothsay, le débauché, paie une deuxième tentative de rapt de sa vie et l’esclandre public provoqué par ces divers esprits belliqueux aboutit à la tristement fameuse bataille de clans de North Inch, spectacle public qui coûte la vie aux deux-tiers des participants. Catherine pardonne à Smith son tempérament batailleur et celui-ci ayant renoncé au maniement des armes, elle l’épouse.
Adaptation du roman The Fair Maid of Perth, or St. Valentine’s Day (La Jolie Fille de Perth ou le Jour de la Saint-Valentin) de Sir Walter Scott (1828) qui a inspiré – très librement – à Georges Bizet l’opéra en quatre actes La Jolie Fille de Perth (1867), sur un livret de Jules-Henry Vernoy de Saint-Georges et Jules Adenis (cf. captation télévisée de 1998). Le cinéma britannique bricole la présente adaptation cinématographique, une version lamentable à en croire la critique de l’époque, filmée aux studios de Beaconfield (Buckinghamshire) et qui n’a pas trouvé d’exploitant avant octobre 1925.
1926The Fair Maid of Perth (GB) de Miles Mander
Dr. Lee De Forest/De Forest Phonofilm (London), c. m. – av. Louise Maurel (Lady Catharine Glover).
Ce court métrage inspiré d’un passage du roman de Sir Walter Scott (synopsis cf. film de 1923) marque les premiers essais de cinéma sonore en Grande-Bretagne, effectués aux Clapham Studios à Cranmer Court.
Le roi d’Écosse (Percy Marmont) et la dame du lac (Benita Hume).
1928The Lady of the Lake (GB) de James A. FitzPatrick
Michael Balcon, James A. FitzPatrick/Gainsborough Pictures, 5’168 ft./1675 m./57 min. – av. Percy Marmont (James FitzJames, chevalier de Snowdon alias le roi James V d'Écosse), Benita Hume (Ellen Douglas), Haddon Mason (Malcolm Graeme), Lawson Butt (Roderick Dhu), James Carew (Lord Moray), Hetta Bartlett (Margaret, mère de Roderick), Leo Dryden (Allan Bayne), Sara Francis (Blanche of Devon), James Douglas (Douglas), J. Nelson Ramsay (Brian).
La ballade romantique de Sir Walter Scott (synopsis cf. film de 1912). Idole du public britannique, le jeune premier Percy Marmont, qui interprète le roi, a son heure de gloire sous la direction de Frank Borzage (Daddy’s Gone A-Hunting, 1925), de Victor Fleming (Lord Jim, 1925) et plus tard surtout avec Alfred Hitchcock (Rich and Strange en 1931, Secret Agent en 1936, Young and Innocent, 1937). Tournage aux studios d’Islington avec des extérieurs écossais très pittoresques filmés autour du lac de Loch Katrine (Stirling), hélas l’unique mérite de cette production médiocre et sans imagination qui utilise les vers de l’auteur pour ses intertitres. Ressortie sonorisée en 1931, avec bruitages, chœurs, musique martiale et cornemuses.
1939® The Private Lives of Elizabeth and Essex (La Vie privée d'Élisabeth d'Angleterre) (US) de Michael Curtiz. – av. Alan Hale (Hugh O’Neill le Grand, comte de Tyrone). – En Ulster, Tyrone résiste aux Anglais menés par Essex. – Cf. chap. 17 : Elizabeth Ire.
1953(tv) Lochinvar (US) de Leslie Arliss
Série « Douglas Fairbanks, Jr., Presents » (saison 1, épis. 7), Douglas Fairbanks Jr. Productions (NBC 7.1.53), 23 min. – av. Douglas Fairbanks Jr. (Lochinvar), Eileen Moore (Lady Ellen Graeme de Netherby), Leslie Perrin (Roderick), Charles Carson (Lord Netherby Duncan), Mary Germaine (Lady Jeanne).
Un employé amoureux s’endort et rêve qu’il est le héros de Walter Scott (synopsis cf. film de 1911).
« Father Payton’s Family Theatre » Films-Family Rosary Crusade-Roland Reed Productions, Hollywood (Syndicated 17.3.53), 31 min. – av. Richard Hale (saint Patrick), Leif Erickson (Laera, roi d’Irlande), Jeanne Cagney (la reine Engussa), Rhys Williams (l’archidruide), Peter Miles (Benignus), Pat O’Malley (Caplat), Tudor Owen (Cormac), Kirby Grant (Clément), John Doucette (Fergus-og), Stephen Roberts (Lomond), William Haade (Mantan), Tom Browne Henry (Lochru), Leslie O’Pace (Lucath), Todd Karns (Paul), Wendy Howard (Eithne), Kathleen Case (Felimia), Herry Lauter (Fiacc Mac Dega), Walter Coy (Conall), Leonard Penn (Duff), John Dierkes (Brian), Anthony Joachim (Crimmon), William Bakewell (Ciaran), Nolan Leary (Neil).
Irlande en 433 : saint Patrick se défie des druides et introduit le christianisme dans l’Île Verte. Une hagiographie dégoulinante de saint Patrick (scénario : Fred Niblo Jr.) produite par le père Patrick Payton (« Family Theatre ») de la Congrégation de la Sainte Croix et destinée aux circuits catholiques.
Série « The Hallmark Hall of Fame » no.103 (NBC 14.3.54). – av. Patrick O'Neal (saint Patrick), Lois Hall.
Saint Patrick explique le christianisme aux druides.
1954(tv) The Road to Tara (US) d’Albert McCleery
Série « The Hallmark Hall of Fame » no.103 (NBC 14.3.54). - av. Patrick O'Neal (saint Patrick), Lois Hall.
1963® Father Came Too ! (GB) de Peter Graham Scott. – av. John Bluthal (Robert the Bruce).
1966The Fighting Prince of Donegal (Le Prince Donegal) (GB/US) de Michael O'Herlihy
Walt Disney, Bill Anderson/Walt Disney Production-Buena Vista, 112 min. – av. Peter McEnery (Hugh Roe O'Donnell), Susan Hampshire (Kathleen McSweeney), Tom Adams (Henry [Hugh] O’Neill), Andrew Keir (Lord Henry McSweney), Norman Wooland (Sir John Perrott), Catherine Lacey (Elizabeth Ire), Gordon Jackson (cpt. Leeds), Richard Leech (Phelim O’Toole), Marie Kean (Lady Ineen O’Donnell), Peter Jeffrey (un sergent), Bill Owen (officier James Powell), Peggy Marshall (la princesse Ineen), Fidelma Murphy (Moire), Maurice Roëves (Martin), Donal McCann (Sean O’Toole), Maire O’Neill et Maire ni Ghrainne (les soeurs de Moire).
L’authentique Red Hugh Roe O’Donnell (Aodh Ruadh Uî Domhnaill, 1572-1602), prince catholique de Tyrconnell, prend la tête de l’insurrection contre le gouvernement anglais d’Irlande à partir de 1593, et, de 1595 à 1603, aide à mener la Guerre de neuf ans : en rébellion ouverte contre Londres, ses forces s’emparent de Connacht, puis, unies avec les armées de Hugh O’Neill, comte de Tyrone, battent les troupes anglaises de Sir Henry Bagenal à Clontibret ; leur plus grande victoire a lieu en août 1598 à Yellow Ford, où l’armée anglaise venue libérer Armagh est anéantie et l’occupant près d’être totalement expulsé de l’Île Verte. Cependant, en 1599, l’avancée de O’Donnel est stoppée avec l’arrivée de l’expédition anglaise du favori de la reine Elizabeth, Robert Devereux, comte d’Essex, qu’il maintient pourtant en échec. Une alliance des Irlandais avec les troupes espagnoles du général Don Juan Aguila débarquées sur l’île ne modifie pas la situation, O’Donnell est battu à Kinsale en 1602 et s’embarque pour l’Espagne afin de demander le soutien de Philippe III à Valladolid ; il y meurt à l’âge de 29 ans, probablement empoisonné par un espion anglais. Autant pour l’Histoire.
Tout en s’inspirant (fort librement) du roman Red Hugh, Prince of Donegal de Robert T. Reilly, les productions Walt Disney édulcorent le sujet pour l’adapter à leur public familial et le scénario s’étire inutilement, mais le résultat se laisse voir. – Synopsis : En 1587, Hugh, le jeune prince de Donegal, propose aux clans irlandais prêts à la guerre de renégocier un traité avec la reine Elizabeth ; il se lie d’amitié avec Lord McSweeney et s’éprend de sa fille Kathleen. Piégé par un navire anglais, il est incarcéré au château de Dublin d’où il parvient à s’évader après s’être duellé contre son pire ennemi, le capitaine Leeds, représentant temporaire du vice-roi. Apprenant que Leeds s’est emparé du château de Donegal où Kathleen et sa mère se sont barricadées, O’Donnel investit la place par la ruse. Il défait Leeds, auquel il laisse la vie sauve après l’avoir contraint d’accepter les conditions de paix des tous les clans... Voilà tout ce que le cinéma parvient à tirer de la matière de la Guerre de neuf ans : pauvre Irlande ! Cela dit, Le Prince Donegal, premier long métrage de cinéma du téléaste hollywoodien Michael O’Herlihy (né à Dublin), est une bande de cape et d’épée agréable à l’œil et parfois même assez violente. Elle a été concoctée en Technicolor de fin août à novembre 1965 en Grande-Bretagne, dans les studios de Pinewood et en extérieurs dans le domaine royal du Grand Parc de Windsor (Berkshire), dans les collines de Cotswolds (Northleach), les landes de Chobham Common (Surrey) et à Burnham Beeches (Buckinghamshire). Il s’agit en fait d’un téléfilm que Disney diffusa en salle. Les spectateurs boudent ce mélange modeste de Robin des Bois et de Rob Roy (rebelles célébrés dans deux autres films de Disney, en 1951 et en 1953).
DE, AT : Donegal, König der Rebellen, ES : El principe de Donegal, IT: Il principe di Donegal.
1968-1970(tv) The Borderers (GB) série de Peter Graham Scott (1), Moira Armstrong (3,7,10,11), Eric Price (4,5,6,8), James Gatward (2,9,12,13), Lennie Mayne (14,17,18,21,26), Roger Jenkins (15,18,22,24) et Ken Hannam (16,20,23,25)
Peter Graham Scott (1-13), Anthony Coburn (14-26), Michael Glynn (BBC Two 31.12.68-25.3.69 / 1.6.-31.3.70), 26 x 50 min. – av. Iain Cuthbertson (Sir Walter Ker of Cessford), Edith MacArthur (Margaret Ker, la mère), Michael Gambon (Gavin Ker), Joseph Brady/James Garbutt (Rab), John Byron (Sir John Forster), Ross Campbell (Jamie Ker), Ian McCulloch (Robin Graham), Nell Brennan (Agnes Ker), David Davies (Lisle), Margaret Greig (Grizel Ker), James Cairncross (le comte de Maitland), Iain Agnew (Clemy Crozier), Tom Fidelo (Hector Turnbull), Roger Avon (Ker of Fernihurst), Heather Bell (Ellie Telfer), Keith Bell (Mario Vecchi), Russell Waters (Pringle, clerc de Cessford), Kenneth Farrington (David Johnstone), Vivien Heilbron (Lady Helen), Henry Gilbert (Edward Percy), Desmond Gill (Martin Ridley), Margaret Boyd (Mistress Beattie), Andrew Downie (Longmuir), Archie Duncan (Andrew Johnson), Roy Boyd (Robbie), Eric Flynn (Arnold Foster), Denise Buckley (Lady Mary Fleming), Roger Delgado (Sieur Le Trompeur), Robert James (Maitland of Lethington), Monique LeMaire (Mary Stuart, reine d’Écosse), Ellen MacIntosh (Lady Isobel Ker), Maev Alexander (Jess Heriot), Robin Askwith (Hewie Heriot), Bob Grant (William Peck), Kevin Collins (Adam), Andrew Keir (Elliott of Blackwood), Denis Quilley (Johnstone of Drumrig), Joan Alcorn (Lady Ruth), Gaye Brown (Mistress Mary), Walter Gotell (Scott of Branxholm), Edwan MacColl (Tam o’ the Haums), James Cairncross (Rutherford of Hunthill), Robert Cartland (Armstrong of Broadshaw), Norman Rossington (Elliot of Burnhead), John Anderson (The Sea-Cole Man), Iain Blair (Warden Sergeant), Katy Gardiner (Kirstie Johnstone), Dan Meaden (Jan Huysman), George Murcell (Dand Johnstone), Eric McCaine (John Hume), Conrad Phillips (Sir Gervase Warren), Gerry Slevin (Scott of Branxholm), Peter Miles (cpt. Bessancourt).
Les guerres turbulentes, brigandages et raids de clans dans le Cumberland, à la frontière anglo-écossaise (Middle March) au XVIe siècle, axé autour de quelques personnages historiques comme Sir Walter Ker[r] de Cessford (c.1508-1581), shérif (« warden ») de Liddesdale. Le clan des Kers de Slitrig dirigé par l’ainé, Gavin, lutte contre Sir Walter of Cessford, un cousin tyrannique, lui-même à la recherche d’un traître à la cour de Mary Stuart (épis. 18). Toute la série se déroule au moment critique de la compétition entre l’Angleterre d’Elizabeth Ire et de l’Écosse de Mary Stuart et des luttes entre catholiques et protestants (une série partiellement perdue, imaginée par Bill Craig).
Première saison : 1. « Vengeance » – 2. « Truce » – 3. « Witch-hunt » – 4. « Treason » – 5. « Fugitive » – 6. « Stranger » – 7. « Hero » – 8. « Bloodfeud » – 9. « Giant » – 10. « Wedlock » – 11. « Outlaw » – 12. « Justice » – 13. « Dispossessed » – Seconde saison : 14. « The Siege of Cocklaws » – 15. « Survival Day » – 16. « Snatch » – 17. « What a Vengeance Upon England » – 18. « Among the Eagles » – 19. « Plot Counterplot » – 20. « The Quacksalver » – 21. « To the Gallows Tree » – 22. « A Woman or an Epitaph » – 23. « Hostage » – 24. « Where the White Lillies Grow » – 25. « The Terror of the March » – 26. « The Sea-Cole Man ».
DE: Die Männer von Cumberland, ES: Los hombres de la frontera.
1971® Elizabeth R (GB) minisérie de Claude Whatham, etc. – av. Patrick O’Connell Hugh O’Neill le Grand, comte de Tyrone). – En Ulster, Tyrone résiste aux Anglais menés par Essex. – Cf. chap. 17 : Elizabeth Ire.
1975® (tv) The Coming of the Cross (GB) d’Alan Gibson. – Jim Norton (Cuthbert de Lindisfarne, moine et évêque). – cf. chap. 2 : Les îles britanniques.
1975(tv) The Wallace (GB) de Donald McWhinnie
Série « Churchill’s People » no. 10, Gerald Savory/BBCtv (BBC 3.3.75), 53 min. – av. Stephen Murray (le roi Edward Ier), Brian Cox (William Wallace dit Braveheart), Ralph Truman (le comte de Surray), Fulton Mackay (Robert Wishart, évêque de Glasgow), John Cairney (James Stewart, Steward d’Écosse), Stuart McGugan (Auchinleck), Leon Sinden (Hugh de Cressingham, trésorier d’Écosse), Lucy Appleby (la reine Margaret d’Écosse), Trader Faulkner (Sir Peter Malory), Michael McKevitt (Sir John Menteith), Robert Tayman (Percy), James Cosmo (Robert the Bruce), Denis McCarthy (William de Ormesby), Jack Galloway (Sir Andrew de Moray), Malcolm Hayes (Lennox), Stuart Mungall (John III Comyn le Rouge, Lord of Badenoch), Jack McKenzie (le comte de March), Jack Watson (Jop), Tom Watson (Hob), John Dunn-Hill (Tam).
Synopsis : Opportuniste et tourmenté par le souvenir de l’assassinat brutal de son épouse par les Anglais, William Wallace, un chevalier du Lanarkshire, se laisse persuader par Wishart, évêque de Glasgow, de défendre l’indépendance de l’Écosse en s’en prenant à la ville de Lanark et à son shérif anglais. Cressingham, le trésorier anglais de l’Écosse, appelle le Edward Ier au secours. Le roi lui envoie une armée sous les ordres du vieux comte de Surrey. Ses troupes sont battues à Stirling Bridge par Sir Andrew de Moray, mais ce dernier est tué et Wallace se heurte aux divisions des clans écossais qui s’avèrent incapables d’exploiter leur victoire. Edward Ier prend la situation personnellement en main et écrase un Wallace désespéré à Falkirk. En 1303, traqué, trahi par les siens, livré à l’ennemi par Sir John Menteith, Wallace est jugé à Westminster et sauvagement exécuté par les Anglais à Londres l’année suivante. L’évêque Wishart se tourne alors vers Robert Bruce, plus patient et réfléchi, pour poursuivre la lutte d’indépendance des Écossais. – Tiré de A History of the English-Speaking People de Winston Churchill (1956-58), cet episode de la série Churchill’s People est écrit par John Prebble et enregistré au BBC Television Centre de Shepherd’s Bush à Londres.
1982Hero (GB) de Barney Platts-Mills
Andrew St. John/Maya Films-Channel Four Films-British Film Institute, 92 min. – av. Derek McGuire (Dermid O’Duinne), Caroline Kenneil (la princesse Grannia), Alastair Kenneil (Fionn MacCumhaill/Finn MacCool), Stewart Grant (O’Shin/Osin), « Harpo » Hamilton (Oscar), Danny Melrose (le page), Samuel Z. Colclough (Moden), Bill Dunn (Miodac), Billy McColm (le ménestrel irlandais), Phil Ashmore.
Le guerrier Dermid O’Duinne échappe à des brigands et entre au service du redoutable seigneur Fionn MacCumhaill. Il passe sa première nuit au château dans les bras d’une vieille femme qui s’est transformée par magie en une jeune beauté. Lorsque Fionn exige cette femme dans sa couche, O’Duinne la lui cède, mais la sorcière punit ce dernier en lui jetant un sort avant de disparaître : il sera désormais irrésistible pour toute femme qu’il rencontrera. La princesse Grannia, fille du Grand Roi, croise son regard et s’éprend mortellement de lui ; les deux sont forcés de prendre la fuite, car Fionn a vainement demandé la main de la princesse depuis des années. Les amants traqués se terrent dans des grottes, changeant d’abri toutes les nuits. Fionn finit par retrouver son rival, agonisant, grièvement blessé par un sanglier géant. Dermid meurt dans les bras de Grannia, qui est enceinte de lui.
Un film fantastique parlé entièrement en gaélique ancien, interprété par des non-professionnels de Glasgow et tourné par un jeune documentariste primé à Locarno (Léopard d’or pour Private Road, 1971), ancien collaborateur de Stanley Kubrick et directeur du British Film Institute. Le film, rarissime, production indépendante dont l’élaboration a pris deux ans, est présenté en compétition à la Mostra de Venise en 1982. Pour son scénario, Platts-Mills s’est inspiré de récits tirés des quatre volumes bilingues de Popular Tales of the West Highlands (1860-61) de John Francis Campbell (alias Iain Frangan Caimbeul ou Young John of Islay), spécialiste de la culture celte, mêlés à l’ancien mythe irlando-écossais des amours tragiques de Dermid et Grannia (Diarmuid Ua Duibhne et Gráinne), mythe qui pourrait avoir influencé celui de Tristan et Iseut.
DE-RDA (tv) : Der frühe Schrei des Reihers.
Le Roi des Faucons (G. Emanuel), la princesse Viola (Markéta Hrubesowá) et son amoureux Jan (Jiri Pomeje).
1989Jestrábí moudrost / Jastrzebia madrosc [La Sagesse de l'autour/La Sagesse du faucon] (CS/PL) de Vladimír Drha
Filmové Studio Barrandov (Prague)-Zespól Filmowy « Profil » (Varsovie), 88 min. – av. Markéta Hrubesová (la princesse Viola), Grzegorz Emanuel (le prince Christophe / le roi, son père), Jirí Pomeje (Martin, le forgeron), Piotr Rzymyszekiewicz (Jan, fils de l’oiseleur), Ladislav Lakomy (Ordon, conseiller royal), Nela Boudová (Anna), Eugeniusz Kujawski (le roi Ubald), Katerina Besserová (la reine), Eva Malatová (la nourrice), Pavel Pípal (Ptacnik, l’oiseleur), Eva Mtalová, Václav Burkert (la créature), Vlaislav Fedorowicz, Pavel Novy.
Une vieille ballade irlandaise revue par le cinéma tchéco-polonais. – Le tyrannique Roi des Faucons dont l’orgueil le prive d’amour, d’amis et de pouvoir subit une malédiction, car un hiver éternel règne sur son royaume. Selon une prophétie, tant que son fils nouveau-né ne lèvera pas son épée contre son père, le printemps ne reviendra pas. La mère meurt en couches et le roi ordonne à son conseiller Ordon de tuer l’enfant, mais la nourrice le sauve et l’abandonne devant la cabane d’un oiseleur. Celui-ci lui donne le nom de Christophe et l’élève avec son propre fils Jan. Vingt ans plus tard, le roi suit les conseils du perfide Ordon et déclare la guerre au roi voisin Ubald dont il envahit le royaume. Au cours des combats, Christophe tue le roi, son géniteur, et Ubald gagne la bataille. Jan et Christophe s’éprennent de la fille d’Ubald, Viola ; celle-ci donne sa bague à Jan, mais doit suivre Christophe qui hérite du trône paternel. Le Vieux Faucon apparaît au jeune souverain et lui révèle les moyens magiques de dominer le monde entier par le feu, sauf les cœurs. Ordon, qui a entendu la conversation, persuade Christophe qu’Ubald est un ennemi et qu’il faut l’anéantir par les flammes. À peine Ubald, venu pour les noces de sa fille, a-t-il péri que le visage de Christophe se couvre de plumes et qu’il se transforme progressivement en homme-faucon. Terrifiée, Viola s’échappe du château avec son amoureux Jan et le forgeron Martin tandis que la neige et la glace envahissent à nouveau le royaume. Pour sauver le pays, Viola retourne sur ses pas, mais Christophe, à présent sous la domination des faucons, ne peut plus être aidé. Ordon est tué par Martin lorsqu’il tente de s’emparer du trône et, en mourant, Christophe retrouve ses traits humains. Martin pose la couronne sur la tête de Jan et s’en va.
La production en Tchécoslovaquie subit un retard de vingt-quatre mois en raison de deux hivers sans neige et le tournage a lieu au château de Svihov près de Klatovy, à la forteresse de Kestrany vers Pisek, sur les côtes de la mer Baltique en Pologne ainsi que dans les studios de Barrandov (Prague) et de Filmowe Profil. À force d’attendre, le cinéaste Jaromil Jirès, qui a mis le film en chantier, doit se retirer pour des raisons de santé et cède sa place à Vladimir Drha. Plusieurs scènes du film sont si crues et dures qu’elles sont coupées : le jeune public est terrifié par les images du roi dont le visage se transforme en celui d’un oiseau de proie.
DE : Der Falkenkönig, titre international: Hawk Wisdom.
1990(tv) Border Warfare (GB) minisérie de John McGrath
Freeway Films (Channel Four 10.2.90), 3 x 60 min. – av. Derek Anders (Irish Angus / Robert the Bruce / John Knox), Juliet Cadzow (Elizabeth Ière), Maria Miller (Mary Stuart), John Purcell (David Ier / Henry II), Bill Riddoch (William Lyon / Henry VIII), Dave Anderson (Bon Accord). – Histoire des relations mouvementées entre l’Écosse et l’Angleterre du XIIIe siècle aux années 1980.
1992(tv-mus) La donna del lago (IT) de Werner Herzog (th) et Ilio Catani (tv)
Giancarlo Bertelli, Gabriella Pagliani/Teatro alla Scala (Milano)-RAI (Radiotelevisione Italiana)-Gruppo ENI, 167 min. – av. Rockwell Blake (Sir Umberto di Snowdon alias James V d’Écosse), Giorgio Surjan (Douglas d’Angus), Chris Merritt (Rodrigo di Dhu), June Anderson (Elena, la Dame du Lac), Martine Dupuy (Malcolm Groeme), Marilena Laurenza (Albina), Ernesto Gavazzi (Serano), Ferrero Poggi (Bertram).
L’opéra de Rossini inspiré par The Lady of the Lake de Sir Walter Scott (synopsis cf. film de 1912), mis en scène au Teatro alla Scala par le célèbre cinéaste allemand Werner Herzog (auteur d’Aguirre, de Nosferatu, etc.) et sous la direction musicale de Riccardo Muti.
1994** Braveheart (US) de Mel Gibson
Mel Gibson, Alan Ladd Jr., Stephen McEveety, Bruce Davey/Icon Productions (M. Gibson)-The Ladd Company-B.H. Finance C.V.-Paramount, 225 min. (vers. longue), 178 min – av. Mel Gibson (William Wallace dit Braveheart), Sophie Marceau (Isabelle de France, princesse de Galles), Patrick McGoohan (Edward Ier d'Angleterre), Catherine McCormack (Murron MacClannough-Wallace [=Marion Braidfute]), Angus McFadyen (Robert the Bruce, futur Robert Ier d’Ecosse), Ian Bannen (son père, le comte Carrick Robert the Bruce), Bernard Horsfall (John de Balliol, roi d’Ecosse), Peter Hanly (le prince Edward, futur Edward II), David O’Hara (Stephen d’Irlande), Brendan Gleeson (Hamish Campbell [=Andrew de Moray]), James Cosmo (Campbell père), James Robinson (William Wallace jeune), Sean Lawlor (Malcolm Wallace), Sandy Nelson (John Wallace), Mhairi Calvey (Murron MacClannough jeune), Seán McGinley (MacClannough), Ian Bannen (le lépreux), Brian Cox (Argyle Wallace), Gerda Stevenson (la mère MacClannough), Andrew Weir (Hamish jeune), Alan Tall (Stewart l’aîné), Alun Armstrong (Mornay), John Kavanagh (Craig), Stephen Billington (Phillip, amant du prince Edward [=Piers Gaveston]), Rupert Vansittart (Lord Bottoms), Martin Dunne (Lord Dolecroft), Martin Murphy (Lord Talmadge), Richard Leaf (John of Brittany, gouverneur d’York et neveu du roi), Martin Dunne (Lord Dolecroft), Jeanne Marine (Nicolette).
Synopsis : En 1280, le roi Edward Ier « Longshanks », brutal et impitoyable, entreprend de conquérir l’Écosse dont le souverain est mort sans laisser d’héritier. Après que sa famille ait été décimée par les Anglais, le petit William Wallace est recueilli par son oncle qui lui donne une solide éducation humaniste. À son retour, le jeune homme trouve son pays livré aux pillages, à l’arbitraire et aux exactions des occupants surpuissants, Edward Ier ayant accordé à ses barons le droit de cuissage lors de tous les mariages locaux. William se tient à l’écart du conflit jusqu’au jour où son épouse secrète Murron MacClannough est égorgée par le shérif William de Heselrig parce qu’elle s’est refusée à la soldatesque. Wallace s’introduit subrepticement dans la place forte du shérif à Lanark et passe toute la garnison anglaise par les armes, à la stupéfaction générale. Ce raid redéclenche la guerre d’indépendance écossaise (initiée par le roi Balliol l’année précédente). Avec son fidèle compagnon Hamish Campbell, Wallace organise une armée de volontaires recrutés parmi les divers clans ou venus d’Irlande. L’aristocratie locale, menée par le vieux comte Bruce, prétendant à la couronne d’Écosse, se méfie de ce bouillant roturier qui se fait appeler « Braveheart » (coeur vaillant) alors que ses pairs souhaiteraient plutôt temporiser par un compromis avec l’occupant.
Braveheart avec sa fiancée assassinée (Catherine McCormack) et la reine Isabelle de France (Sophie Marceau).
 En septembre 1297, Wallace écrase une armée anglaise de dix mille hommes à Stirling Bridge en appliquant la ruse et des tactiques nouvelles (infanterie aux longues lances), puis envahit le nord de l’Angleterre (Northumberland et Cumberland) où il s’empare et met à sac la ville d’York, puis envoie la tête du gouverneur au roi. « Braveheart » est adoubé par les siens. Fou de rage que son fils, l’efféminé prince Edward, n’ait pas su défendre la ville, « Longshanks » défenestre l’amant de ce dernier et envoie sa belle-fille, la princesse française Isabelle, négocier avec William. La jeune femme éprouve d’emblée un immense respect pour le fier rebelle et lorsqu’elle apprend que les négociations cachent un piège, elle le fait aussitôt avertir. En avril 1298, Edward organise une deuxième invasion de l’Écosse (avec l’aide de troupes irlandaises et de renforts de France) et affronte Wallace victorieusement à Falkirk, une déroute écrasante due à la défection des nobles écossais en pleine bataille. Le jeune Robert the Bruce, qui a rallié le camp anglais sur ordre de son père, est pris de remords et permet à William de s’enfuir dans les Highlands d’où celui-ci lance des expéditions punitives contre les traîtres Lochlan et Mornay. Isabelle est à nouveau chargée de négocier, le met en garde contre les assassins payés par « Longshanks » et, cette fois, cède à son attirance pour William. Ce dernier accepte ensuite de rencontrer Bruce, lequel est, sans le savoir, complice d’un traquenard perfide mis sur pied par son propre père. William est capturé et emprisonné à Londres (en 1305), où il refuse de signer un serment d’allégeance qui lui éviterait la torture avant l’inévitable exécution et recrache la drogue que lui a fait avaler Isabelle pour atténuer ses douleurs à venir. Alors qu’Edward Ier agonise sur son lit de mort, paralysé et incapable de parler, Isabelle lui souffle dans l’oreille que l’héritier au trône d’Angleterre qu’elle porte dans son ventre est l’enfant du rebelle écossais, ce qui mettra un terme à sa lignée. Le roi s’étrangle et trépasse tandis que William périt sous d’affreuses tortures sur la place publique à Londres, découpé à la hache en hurlant « liberté ! » au lieu de « pitié ». À l’instant où il rend l’âme, il a une vision de sa bien-aimée Murron dans la foule.
Ce second film réalisé par l’acteur américano-australien d’origine irlandaise Mel « Mad Max » Gibson marque les débuts de Sophie Marceau dans une superproduction internationale (à 72 millions $) et le retour remarqué sur grand écran de Patrick McGoohan, le héros de la série culte The Prisoner qui incarne ici un terrifiant « Longshanks ». Mel Gibson est conscient d’être trop âgé pour le rôle-titre et souhaiterait un Braveheart incarné par Daniel Day-Lewis, Liam Neeson, Jeff Bridges ou Christophe Lambert, mais la Paramount refuse de financer le film sans sa présence en tête d’affiche. Le tournage se déroule de juin à octobre 1994, d’abord en Écosse (Glen Nevis, Aonach Eagach, Loch Leven, Glen Coe) où sont filmées les scènes autour du village natal de William, puis, pour des raisons de taxes et de figuration, surtout en Irlande où sont reconstitués la majorité des autres décors : les châteaux de Dunsoghly (County Dublin) et de Trim (County Meath), restaurés ou modifiés par le chef décorateur Tom Sanders (Dracula de Coppola), deviennent les châteaux d’Edimbourg et d’York ; à Trim, toute la façade du castel en ruines doit être reconstruite à partir de moulages de plâtre. La cour de l’abbaye de Bective (Meath) figure celle du château de « Longshanks » à Londres, tandis que l’église Saint Nicholas du château de Dunsany (Meath) représente Westminster ; le saut dans le vide de Braveheart est filmé à Blessington Lakes. Quant aux intérieurs, ils sont réalisés aux studios d’Ardmore à Bray. Les batailles de Stirling Bridge et de Falkirk sont enregistrées dans la campagne environnante (plaine de Curragh, County Kildare, et Ballymore Eustace) avec un contingent de 1700 volontaires de l’armée irlandaise et 150 chevaux, combats orchestrés avec maestria par Simon Crane (plus tard directeur des batailles de Saving Private Ryan, 1998, de Troy, 2004, et des cascades de divers James Bond, Indiana Jones, etc.) ; l’empalement de la cavalerie anglaise à l’aide de longues perches de bois épointées est tourné avec des équidés mécaniques propulsés sur des rails (postproduction en Arizona). Gibson tient à montrer l’extrême brutalité des combats avec un maximum de réalisme, des scènes de boucheries où l’on voit tomber des têtes, des bras, des jambes, des mains. N’empêche, sa bataille de Stirling Bridge est une des batailles médiévales à la fois les plus spectaculaires, dramatiquement les plus élaborées et les plus réussies que nous ait donné le septième Art, digne de celles d’Alexandre Newski (1938) de S. M. Eisenstein ou de Henry V (1944) de Laurence Olivier. Elle exprime avec puissance toute la fureur et la soif de vengeance, mais aussi l’intelligence tactique des Highlanders après un siècle de rapines, de viols et d’humiliations subies. Quant aux effroyables tortures subies par le héros à Londres (émasculation, éviscération), Gibson les filme en détail mais se voit contraint d’en couper une bonne partie après l’accueil négatif du public de la preview.
A Stirling Bidge, l’armée anglaise (haut) est anéantie grâce à l’ingéniosité tactique des Écossais.
 Le script de Randall Wallace (réalisateur-scénariste de The Man in the Iron Mask en 1998 qui fera de d’Artagnan le géniteur secret de Louis XIV !) et de Gibson ne s’embarrasse guère de vérité historique. Pour les deux scénaristes, le divertissement romantique et l’efficacité dramatique au service de la légende priment sur toute considération historique. Randall Wallace s’est basé principalement sur The Actes and Deidis of the Illustre and Vallyeant Campioun Schir William Wallace, long poème épique d’Henry le Ménestrel (ou « Blind Harry », Harry l’Aveugle) écrit vers 1477, soit 172 ans après la mort du chevalier écossais ; ses informations sont approximatives et parfois carrément fantaisistes (Braveheart devant les remparts de Londres), et, sans complexes, les cinéastes décident de n’en faire qu’à leur tête. Selon les connaisseurs, le film, aussi jouissif soit-il, batterait tous les records de travestissement à l’écran. Ainsi, le droit de cuissage (ius primae noctis) évoqué au début du film ne fut jamais appliqué ni en Grande-Bretagne ni en Irlande, et on n’a trouvé à ce jour aucune preuve qu’il ait même existé au Moyen Âge (sans doute une invention du XIXe siècle) ; Wallace n’était pas un simple paysan mais un propriétaire terrien des Lowlands issu de la petite noblesse ; il n’a ni conquis la ville d’York – les Écossais n’avaient pas les moyens de mener un siège – ni tué son gouverneur, John of Brittany ; aucun Écossais ne portait le kilt (introduit au XVIe siècle) ou affichait d’archaïques peintures de guerre pictes ; la liaison d’Isabelle de France avec le rebelle écossais est inventée de toutes pièces car les deux ne se sont jamais rencontrés : au moment de la défaite du héros à Falkirk, Isabelle était agée de trois ans et n’avait pas encore mis les pieds en Angleterre ; le prince Edward n’épousa Isabelle qu’en 1308, après les décès de son père et de Wallace; Edward III est décédé à la guerre deux ans après la mise à mort de Wallace ; « Braveheart » était en fait le surnom attribué à Robert the Bruce, et l’utilisation inattendue des perches contre la cavalerie lourde anglaise (un mur dense de lances dite formation « du schiltron ») fut une des astuces de Bruce à la bataille de Bannockburn et non celle de Wallace à Stirling Bridge (le film ignore d’ailleurs le pont de Stirling, qui fut déterminant pour la victoire) ; passé à l’ennemi, Bruce ne combattit pas Wallace à Falkirk – où ne participèrent pas non plus d’Irlandais - et ce dernier séjourna pendant quatre ans en exil en France avant d’être capturé à son retour en Écosse ; contrairement à ce que montre le film, le père de Robert the Bruce ne fut pas impliqué dans sa capture, étant décédé deux ans auparavant : c’est Sir John de Menteih qui piègea Wallace à Glasgow en 1305. Enfin, la sortie du film provoque des protestations chez les nationalistes écossais irrités par le portrait peu flatteur de leur « héros national » Bruce, tandis que la presse à Londres – The Economist, The Guardian, The Times – taxe Gibson d’anglophobe. Enfin, le film est boycotté par la communauté gay aux USA en raison de la représentation caricaturale du prince Edward et de son favori Phillip (Edward était vraisemblablement bisexuel : il produisit cinq enfants, dont un illégitime).
Mais Gibson n’a que faire de ces broutilles. Inspiré par le Spartacus de Stanley Kubrick et comme lui épris de « liberté » (notion anachronique pour l’époque de Braveheart), Gibson se présente en tête brûlée à la crinière de lion, hardi, vengeur et tonitruant. Sa prestation trahit un ego surdimensionné et, déjà, une fascination suspecte pour la cruauté qui annonce les excès sanguinolents de The Passion of the Christ (2004) et d’Apocalypto (2006). Intégriste catholique issu d’une famille ultraréactionnaire, il imagine un Wallace christique, un martyre « national » masochiste cherchant la « purification par la douleur » et priant le Ciel de lui « donner la force » ; en bonne logique, son ennemi Edward Ier est décrit comme un « psychopathe détraqué » (Gibson dixit), alors que le monarque était un homme certes colérique, implacable et parfois cruel, mais aussi pieux, fidèle à son épouse adorée, et qu’il participa avec elle à la Neuvième Croisade en Palestine où il développa des dons de stratège militaire peu communs. Cela dit, Gibson assure le spectacle avec brio. Son épopée est pleine d’énergie, de magnifiques paysages et d’intermèdes lyriques délicats (soutenus par la fort belle musique de James Horner, compositeur oscarisé pour Titanic deux ans plus tard), restituant la sauvagerie du temps avec éclat et parfois humour (les fantassins de Wallace soulevant leurs kilts pour exhiber leurs postérieurs à l’ennemi). Quant aux batailles, dont les mouvements stratégiques sont bien expliqués, elles restent parmi les plus crues, les plus réalistes et les plus impressionnantes qu’on ait vues au cinéma. Braveheart remporte cinq Oscars à Hollywood (meilleur film, réalisation, photo, son, maquillages) sur dix nominations (dont scénario, costumes, montage et musique), trois BAFTA Awards à Londres (photo, costumes, son), un Golden Globe (Gibson) et un Writers Guild of America Award pour Randall Wallace. Le film se classe au treizième rang des plus grands succès d’écran de l’année 1995 avec une recette de 210 millions de $. Il suscite mondialement un grand engouement pour l’Ecosse et son histoire mal connue et booste les offices du tourisme locaux.
1995/96(vd) The Bruce (GB/US) de Bob Carruthers, David McWhinnie et Brian Blessed
Bob Carruthers, David McWhinnie, David Flitton, Gary Russell/Bruce Pictures-Cromwell Productions Ltd.-Lamancha Productions, 107 min. – av. Sandy Welch (Robert the Bruce, futur Robert Ier d’Ecosse), Brian Blessed (Edward Ier d’Angleterre), Hildegard Neil (la reine Eleanor de Castille), Richard Brimblecome (prince Edward, futur Edward II), Pavel Douglas (John III Comyn the Red, Lord of Badenoch), Ronnie Browne (Maxwell), Oliver Reed (Robert Wishart, évêque de Glasgow), Conor Chamberlain (Elizabeth Bruce), Ross Dunsmore (Nigel Bruce), Michael Van Wijk (Henry de Bohun), Kern Falconer (Black Douglas), Heather Flannagan (Majorie Bruce), Dee Hepburn (Mary Bruce), John Hoye (Edward James), Michael Leighton (Aubrey), Gary Andrew, Steven Clark, Vincent Faber, Graeme Ford, Paul Kerr, Rae Stewart, Allan Sutherland, Simon Lee, Graeme Mackenzie.
Après la mise à mort cruelle de William Wallace par Edward Ier « Longshanks », Robert Bruce (1274-1329) soulève les clans et se fait couronner roi d’Écosse à Scone en 1306. La conquête du royaume, comté après comté jusque dans les Highlands du Nord, en Argyll et au Galloway, est plus aventureuse et s’achève lorsqu’il remporte une victoire décisive contre l’armée anglaise d’Edward II à Bannockburn, le 24 juin 1314. – Un téléfilm sur le héros national écossais mis sur pied à la hâte pour profiter du succès de Braveheart, dont cette production aussi modeste que décevante, financée avec des fonds privés en Écosse, se voudrait la suite. Une vision manichéenne, les Anglais y sont bien sûr méchants, les Ecossais sans exception héroïques, et pour faire réaliste, tout le monde est sâle et mal rasé. Seuls les comédiens Brian Blessed en roi d’Angleterre haut sur jambes et Oliver Reed dans la peau de l’évêque de Glasgow Robert Wishart, un des principaux partisans de Wallace et Bruce, sortent du lot, plongés dans un magma d’images floues. Bruce est idéalisé à souhait, on passe sous silence le meurtre de son rival potentiel John III Commyn le Rouge dans l’abbaye de Grayfriars, assassinat qui lui vaut la haine de la famille Comyn et l’excommunication du pape. Filmé à Blackness Castle (Falkirk), Doune Castle (Stirling), Drummond Castle (Dunfermline, Fife) et Neidpath Castle (Peebles). – DE: The Bruce – Kampf für Schottlands Freiheit; Robert the Bruce – König von Schottland.
1997(tv) Roar (US/AU) de Ralph Hemecker (1), Rick Rosenthal (2), Ian Toynton (3, 10, 11), Lou Antonio (4), Tucker Gates (5), Thomas J. Wright (6), Jefery Levy (7, 13), Félix Enríquez Alcalá (8), David S. Jackson (9), Michael Nankin (12)
Howard Grigsby/Universal TV-Sea Change Productions (Fox Channel 14.7.-5.9.97), 13 x 55 min. – av. Heath Ledger (Conor, prince d’Eire), Lisa Zane, Sebastian Roche (Longinus), Vera Farmiga (Catlin), John Saint Ryan (Fergus), Alonzo Greer (Tully), Leo Taylor (le roi Gar) Lisa Zane (la reine Diana), Patrick Dickson (le roi Derek), Virginia Hey (la reine Una), Peter McCauley (Culann / Brach).
En Irlande au Ve siècle, une tribu celte dirigée par le prince Conor, un orphelin de 20 ans, affronte des légions romaines venues de Grande-Bretagne. Ajout d’un élément surnaturel : le principal adversaire de Conor est le centurion romain Longinus, âgé de 400 ans, maudit parce que jadis, à Jérusalem, il perça de son pilum le flanc du Christ sur la croix... Un mélange fantasque de Braveheart, de Star Wars, d’Excalibur et de Conan destiné à des adolescents (très) peu regardants. Tournage dans le Queensland, en Australie. La série fait un flop aux États-Unis et ne dure qu’une saison (aux USA, les 8 premiers épisodes sont diffusés en 1997, les 5 suivants en 2000 seulement). Nota bene : Aucune trace d’incursion romaine n’a été retrouvée en Irlande (l’avancée de Rome n’est pas allée plus loin que le sanctuaire druide de l’île de Mona, Anglesey).
Épisodes : 1. (pilote) – 2. « Projector » – 3. « The Chosen » – 4. « Banshee » – 5. « Doyle’s Solution » – 6. « Red Boot » – 7. « The Spear of Destiny » – 8. « The Eternal » – 9. « Tash » – 10. « Traps » – 11. « Daybreak » – 12. « The Cage » – 13. « Sweet Bridget ».
1998(tv-mus) La Jolie Fille de Perth (FR) de Pierre Jourdan
Le Théâtre Français de la Musique-France 3-TF1 (FR3 oct. 98), 152 min. – av. Inva Mula (Catherine Glover), Charles Workman (Henry Smith, le forgeron), Jean-François Lapointe (David Stuart, duc de Rothsay), Sonia de Beaufort (Mab, reine des gitans), Armand Arapian (l’apprenti Ralph), Christian Tréguier (Simon Glover, père de Catherine), Paul Kirby, Florian Westphal.
Captation de l’opéra de Georges Bizet inspiré par le roman The Fair Maid of Perth de Sir Walter Scott (cf. film de 1923) et mis en scène au Théâtre Impérial de Compiègne. Peu d’Écosse, une absence totale de couleur locale ou historique, des personnages vaguement inspirés de Scott pour un livret qui se plie surtout aux règles de l’opéra français et de l’opéra-comique. Au mieux, un hommage détourné au grand romancier écossais.
1998/99(tv) Mystic Knights of Tir Na Nog (Les Chevaliers de Tir Na Nog) (US/IR) série de Kevin Barker (12-14,21-23,28,31-33,37,43-45), Tim Conrad (15,16,18,24-26,30,36,38,40-42,46,47), Gabe Torres (9-11,17,19,20), Robert Hughes (1-3,27,29,39), Greg Wheeler (4,5), Declan Rex(48-50) et Jeremiah Cullinane (6-8)
Haim Saban, Robert Hughes, Lauren A. Levine, Morgan O’Sullivan, James Flynn/Saban International Entertainment (Los Angeles)-Sharpmist III Ltd. (Bray)-Metropolitan Films (Fox Kids Network 12.9.98-7.5.99), 50 x 22 min./version vidéo : 77 min. – av. Lochlainn O’Mearáin (Rohan), Stephen Brennan (le roi Conchobar), Lisa Dwan (princesse Deirdre, sa fille), Vincent Walsh (Angus, l’ami de Rohan), Justin Pierre (prince Ivar), Kelly Campbell (la fée Aideen), Charlotte Bradley (Maeva, reine de Temra), Eric O’Quinn (Lugad), Ned Dennehy (le génie Mider), Barry Cassin (le druide Cathbad), Gerry O’Brien (Torc, général de Temra), Peadar Lamb (Fin Varra, roi de Tir Na Nóg), Ben Palmer (Garrett, prince de Rheged), Rachel Mooney (une elfe).
Une série pour la jeunesse dont les principaux épisodes sont tirés très librement du Cycle d’Ulster (Rúraíocht), un des quatre grands cycles de la mythologie irlandaise dont l’action se déroule pendant le règne du roi Conchobar mac Nessa, et où apparaissent le chef des druides Cathbad, la terrible Maeva (Maevé) ou Medb, reine du Connacht, et la malheureuse princesse Deirdre (dont le sort est chanté par W. B. Yeats, 1907), qui se suicide pour échapper aux avances sexuelles de Conchobar ; la série transforme cette dernière en fille de ce même roi. Dans la mythologie irlandaise, Tír na nóg (le pays de l’éternelle jeunesse) est un des noms de l’Au-delà. La série, très naïve et relativement fauchée, est tournée sur place en Irlande dans les studios Ardmore à Bray et dans le parc national du comté de Wicklow. C’est surtout un prétexte pour inonder le petit écran d’effets spéciaux peu sophistiqués. – Synopsis : La reine Maeva de Temra cherche à conquérir le pacifique royaume de Kells du roi Conchobar, et le mauvais génie Mider lui donne pour cela une Pierre runique qui lui permet de créer par magie une myriade de monstres. Conchobar compte sur Rohan, apprenti druide, son ami l’ex-voleur Angus, le prince Ivan et Deirdre, princesse de Kells, pour repousser l’agression de Maeva. Le groupe pénètre dans le royaume de Tír Na Nóg où le roi Fin Varra le met d’abord à l’épreuve, puis lui confie des armes magiques pour maîtriser les quatre éléments et venir à bout des créatures monstrueuses de la reine. Rohan découvre un allié en Lugad, créature mi-homme mi-démon, qui est son demi-frère, car les deux sont les fils abandonnés de Maeva.
Épisodes : 1. « Legend of the Ancient Scroll (La Légende de l’ancien parchemin) » – 2. « Tir Na Nóg » – 3. « The Fire Dragon of Dare (Le Dragon de l’audace) » – 4. « Tash Hound of Temra (Le Vampire foudroyant) » – 5. « Ivar and the Sea Serpent (Le Serpent marin) » – 6. « The Wolf in the Rocks (Le Loup des rochers) » – 7. « The Taming of Pyre Pt.1 (La Rencontre avec Pyre, p.1) » – 8. « The Taming of Pyre Pt.2 (La Rencontre avec Pyre, p.2) », – 9. « Draganta » – 10. « War of the Little People (La Guerre du petit peuple) » – 11. « Dragon’s Fury (La Fureur du Dragon) » – 12. « Tyrune » – 13. « Tyrune Returns (Le Retour de Tyrune) » – 14. « Aideen and the Stone Princess (Aideen et la princesse de pierre) » – 15. « Battle of the Druids (Le Combat des druides) » – 16. « Queen Deirdre (Sa Majesté la princesse) » – 17. « Night of the Spirits (La Nuit des esprits) » – 18. « Aideen’s Choice (Le Choix d’Aideen) » – 19. « Divide & Conquer (Diviser pour mieux conquérir) » – 20. « Eye of the Beholder (Les Espions de Maevé) » – 21. « Garrett and the Princess (Le Prince) » – 22. « The Traitor of Kells (La Naufragée) » – 23. « The Fifth Knight (Le cinquième chevalier) » – 24. « The Mystic Knight of Forest » – 25. « Egg of the Dragon » – 26. « The Drageen » – 27. « A King’s Ransom » – 28. « The Curse of Kells » – 29. « The Trial of Angus » – 30. « Mider : King of Temra » – 31. « The Buckler of Bre » – 32. « Ivar’s Revenge » – 33. « King’s Bride » – 34. « All Kings Great and Small » – 35. « The Wish » – 36. « The Lost King » – 37. « Friends for Life » – 38. « The Prisoner Prince » – 39. « Shipwrecked » – 40. « Rohan’s Doubt » – 41. « The Barrow of Balin » – 42. « Dark Rider » – 43. « The Warrior of Temra » – 44. « Battle Fury » – 45. « Lugad’s Challenge » – 46. « The Mark of Destiny » – 47. « The Queen Mother » – 48. « Knight in the Forest » – 49. « The Final Battle » – 50. « Banished ».
DE : Mystic Knights – Die Legende von Tir Na NoG.
2000(tv) St. Patrick : The Irish Legend (US/IR) de Robert C. Hughes
0000 – Robert C. Hughes/Fox Film Channel-Sharpmist III Ltd. (Fox Family Channel 12.3.2000 / RTE Two 17.3.01), 92 min. – av. Patrick Bergin (saint Patrick), Malcolm McDowell (l’évêque Quentin), Alan Bates (Calpurnius, père de Patrick), Susannah York (Concessa, mère de Patrick), Luke Griffin (Patrick jeune), Eamon Owens (Benignus), Chris McHallem (Auxilius), Michael Caven (Iserninus), Stephen Brennan (Briain), Ned Dennehy (Lucet Mael), Maria Hayden (Niala), Pat McGrath (Millihus), Niall O’Brien (Longhaire), Ryan Smith (Brian jeune), Alan Stanford (Paladius).
La vie du saint filmée sur place (studios d’Ardmore à Bray, comté de Wicklow), avec des simplifications pour les familles américaines, une montagne d’anachronismes (une Bible reliée à disposition de n’importe qui, divisée en chapitres et en vers avant le XVIIe siècle, etc.) et une bonne dose d’effets spéciaux réservés aux miracles : Patrick interrompt de sa voix tonnante un sacrifice humain perpétré par d’ignobles druides (sur une femme hurlante, cela va de soi), des éclairs détruisent les idoles, ses compagnons renversent les mégalithes tandis que le moine en colère casse les autels d’un coup de son énorme marteau. Ailleurs, les missionnaires dévots (forcément insensibles aux coups d’épée) se métamorphosent en daims pour échapper à leurs assaillants et ridiculisent les magiciens locaux comme dans un bon vieux film colonialiste de l’entre-guerre. Tout ce qui relève du druidisme est caricatural ou imbécile (les cérémonies de transe rappellent le vaudou et on invoque « le seigneur des bas-fonds »). L’Église anglaise jalouse les succès de Patrick en Irlande, où il règnerait en maître, sans se référer à ses supérieurs, jusqu’au jour où le pape lui-même le nomme évêque… Le casting, pourtant de qualité (Bergin, McDowell, Bates, York), ne parvient jamais à compenser la platitude de la réalisation. Décidément, le saint patron de l’Île Verte méritait mieux que cette gluante bondieuserie.
2001(vd) St. Patrick (GB) de David Tennant
Janson Video, 46 min. – av. Nicholas McCarthy (saint Patrick.).
Docu-fiction dans lequel intervient notamment Michael Slavin, l’auteur de The Book of Tara (1996).
2004Patrick (IR/US) de Pamela Mason Wagner
Hallmark Entertainment, 60 min. – av. Seán T. O'Meallaigh (le jeune Patrick), Gabriel Byrne (la voix de saint Patrick), Peadar Cox (saint Patrick vieux), Domhnall O'Loingsigh (un roi irlandais), Margaret Linnane (la Vierge), John Clancy (le roi Coroticus), Paul Sanders (l'évêque), Noel O'Todirisg, Mick Molloy (marchands d'esclaves), Peter Pringle, Mike Vernon, Scottie Prendegast. Liam Neeson (narration).
La vie de saint Patrick, un spectacle de famille filmé en Irlande en Technicolor.
2004(tv) Oain Glyn Dwar and the Battle for Wales (GB) de Deborah Perkin
Série « Battlefield Britain », BBC Wales (BBC Two 20.8.04), 55 min. – av. Simon Armstrong (Owain Glyn Dwr/Owen Glendower), Brendan Charleson, Ceris Jones, Craig Russell.
Docu-fiction présenté par Peter et Dan Snow, avec reconstitutions numériques.
2006(tv) The Three Lives of William Wallace (GB) de Ross Harper
Saltire Television-BBC Scotland (BBC4 3.5.06), 55 min. – av. Michael Carter (William Wallace, dit Braveheart) et les membres de The Swords of Dalriada, Ross Harper (narration).
Docu-fiction avec reconstitutions et acteurs.
2006(tv) Owain Glyndwr – the Last Welsh Prince (GB) de Jeff Morgan
Green Bay Prod.-BBC Wales (BBC Four 4.5.06), 55 min. – av. Dafydd Emyr (Owain Glyndwr, dernier prince de Galles), Huw Edwards (présentation).
Docu-fiction avec reconstitutions et acteurs. Glyndwr (1359-1416), ou Owen Glendower dans Henry IV de Shakespeare, est le dernier aristocrate gallois à se faire appeler « prince de Galles ». Il déclenche la révolte des barons gallois contre l’emprise anglaise de son pays après la chute de Richard II et combat vainement Henry IV.
2007(tv) King of Scots (Duel pour le royaume d’Écosse : Le combat de Robert Bruce) (GB) de Gerard Costello
Gerard Costello/Saltire Television Production (Glasgow)-BBC Scotland-Journeyman Pictures (Arte 1.1.11), 59 min. – av. Jimmy Chisholm (Robert the Bruce), Jonathan Battersby (Edward Ier « Longshanks »), James McAnerney (Jean de Bailleul), Nick Cowell, Kenny Blyth, Douglas Russell et les membres de The Clanranald Trust for Scotland.
Docu-fiction : lorsque les Anglais font main basse sur l’Écosse, Robert Bruce se propose comme roi, mais Edward Ier préfère couronner Jean de Bailleul, jugé faible et donc facile à manipuler. Peu de temps après, Bailleul se retourne contre les Anglais alors que Robert s’allie avec Edward Ier contre son compatriote rival ... avant de s’en prendre perfidement à Albion, devenant au passage un symbole de l’indépendance écossaise. Un film brouillon pour une histoire d’alliances, de trahisons, de contre-trahisons et autres meurtres scabreux. Tourné à Dumfries (Crichton Memorial Church). – DE : Duell der Könige : Kampf um Schottland.
2008[Animation : ** The Secret of Kells / Brendan et le Secret de Kells (IR/FR/BE) de Tomm Moore et Nora Tworney ; Les Armateurs-France 2 Cinéma (Paris)-Vivi Film (Bruxelles)-Cartoon Saloon (Dublin), 75 min. – av. les voix d’Evan McGuire/Robin Trouffier (Brendan), Christen Mooney/Clara Poincaré (la fée Aisling), Brendan Gleeson/Féodor Atkine (l’abbé Cellach), Mick Lally/Dominique Collignon-Maurin (frère Aidan). – Un hommage à l’histoire culturelle de l’Irlande, récit alerte, cocasse et émouvant autour d’un enfant moine, d’une petite fée sylvestre, d’une abbaye menacée par les Vikings et le célèbre Livre de Kells (Grand Évangéliaire de saint Colomban). Au IXe siècle, alors que l’abbé Cellach s’active à la construction d’une enceinte qui protégera des Danois l’abbaye fortifiée de Kells, son neveu, le moinillon Brendan, est fasciné par le travail du maître enlumineur Aidan ; afin de poursuivre sa tâche, il lui faut s’emparer du talisman de Crom après s’être enfoncé dans une forêt enchantée pleine de dangers… Un dessin tout en entrelacs, avec des couleurs flamboyantes qui évoquent les merveilles du cèlèbre manuscrit conservé à l’université du Trinity College de Dublin, illustration sans pareille des Quatre Évangiles. Nominé aux Oscars 2010, Prix du public au festival d’Annecy 2009. – DE : Brendan und das Geheimnis von Kells.]
2013(vd-mus) La donna del lago / The Lady of the Lake (GB) de Sue Judd (vd) et John Fulljames (th)
Frances Whitaker/Royal Opera House (London), 200 min. – av. Joyce DiDonato (Elena, la Dame du Lac [=Ellen Douglas]), Juan Diego Flórez (Sir Umberto di Snowdon alias James V d’Écosse), Daniela Barcellona (Malcolm), Simón Orfila (Douglas D’Angus, père d’Elena), Colin Lee (Rodrigo), Justina Gringyte (Albina), Robin Leggate (Serano), Christopher Lackner (un barde), Pablo Bernsch (un soldat du roi).
Captation de l’opéra de Gioachino Rossini et Andrea Leone Tottola tirée de The Lady of the Lake de Sir Walter Scott (synopsis cf. film de 1912) et mise en scène au Royal Opera House.
2014(tv) Battle of Kings : Bannockburn (CA) de Ben Mole
Craig Ferguson, David Glover/Arcadia Content-SkyVision-History Channel (22.6.14), 90 min. – av. Adrian Bouchet (Robert the Bruce), David M. Cvet (Edward Ier), Mark Richard Hayes (Edward Bruce), Iain Goodwin (John Comyn), Robert Bell (Sir Roger de Kirkpatrick), Jordan Heron (Sir Christopher Seton), Christos Lawton (Edward II), Marcello Walton (Sir Philip Mowbray, seigneur de Stirling Castle), Barbara Orr (Isabelle MacDuff), Alan Emrys Prile (Sir James Douglas), Colin Hudson (Piers Gaveston), Charlie Allan (le Templier), Justine Kerr (Juliana de Goldingham), Dale Gienow (Humphrey de Bohun, comte de Hereford), Lucas LePine (le comte de Gloucester), Scott McRiner (Robert de Clifford), Martin Gold (Sir Alexander Seton), Wayne Rogers, Charlie Allan, Brian Stobie, Alan Stobie.
Docu-fiction ultra-nationaliste tourné à Halifax (Nova Scotia). Les événements qui aboutissent en juin 1314 à la bataille de Bannockburn, où les six mille soldats écossais de Robert Bruce réussissent à prendre en tenaille l’armée ennemie d’Edward II forte de près de 20'000 hommes, soit quatre fois supérieure, en utilisant des formations de piquiers pour briser les charges de cavalerie. Une victoire décisive pour assurer l’indépendance temporaire de l’Écosse.
2015(tv) After Braveheart / After Bannockburn : War of the Three Kings (IR/GB) minisérie de Maurice Sweeney
Stephen Rooke, Seone Robertson/Tile Films-Caledonia TV-RTÉ-BBC Scotland-BBC Northern Ireland-Broadcasting Authority of Ireland (RTÉ One 15.1.15 / BBC Two 13.3.15), 115 min./2 x 59 min. – av. Clive Russell (Robert the Bruce), Douglas Russell (Edward the Bruce), Stuart McKinnon (Maon), Gerry O’Brien (Domhnall O’Neill), Boyd Rankin (Richard de Burgh), Robert O’Mahoney (Gerald of Wales), Jamie Biddulph (soldat écossais), Heather Jane Peacock (un enfant), Brian Cox (narration) et les reconstituants de Irish Arms, The Clanranald Trust for Scotland, Claiomph et Ardglass Vikings.
Docu-fiction avec Clive Russell (Brynden Tully dans Game of Thrones). – La victoire des Écossais à Bannockburn en 1314 ne signifie pas la fin de la guerre d’indépendance contre les Anglais. Robert Bruce, à présent le roi Robert Ier, sait que sa couronne n’est pas assurée. Sans héritier mâle, il fait désigner comme successeur son frère Edward Bruce et ensemble ils décident l’année suivante de bouter l’Anglais hors de l’Irlande afin de fonder un empire celte qui puissse tenir tête à la domination anglaise sur les Îles britanniques. À la tête des forces des Lowlands et de l’Écosse gaélique, ils envisagent d’établir pour la famille Bruce un royaume permanent en Irlande. Pour ce faire, ils doivent réconcilier les chefs indigènes irlandais et remplacer leurs rivalités ancestrales par une autorité royale suffisamment forte pour pouvoir conquérir Dublin et les autres centres urbains où siègent les seigneurs anglo-normands vaussaux du roi d’Angleterre. Edward Bruce débarque avec une armée de 6000 hommes et, se présentant comme un “libérateur”, il est reconnu en juin 1315 comme roi d’Irlande à Dundalk. Mais n’ayant pas envisagé la moindre statégie, ses efforts n’aboutissent pas et la Grande Famine qui dévaste l’Europe (1315-1317) paralyse son armée. Edward est tué par les Anglais en octobre 1318 lors de la bataille de Faughart, sa tête est envoyée à Londres. La fin d’un rêve qui aurait pu changer l’Histoire et voit périr le dernier roi d’Irlande, un Écossais ! – IT: La Guerra d’indipendenza scozzese.
Chris Pine joue Robert the Bruce dans « Outlaw King » (2018).
2018* Outlaw King (Outlaw King : Le Roi hors-la-loi) (GB/US) de David Mackenzie
David Mackenzie, Gillian Berrie, Brian Coffey, Danny McGrath/Sigma Films-Anonymous Content-Clockwork Sessions (Netflix 9.11.18), 137 min., 121 min. – av. Chris Pine (Robert the Bruce), Stephen Dillane (le roi Edward Ier), Rebecca Robin (la reine Marguerite d’Angleterre), Aaron Taylor-Johnson (James Douglas, Lord de Douglas),Florence Pugh (Elizabeth de Burgh, épouse de Robert the Bruce), Josie O’Brien (Marjorie Bruce), James Cosmo (Sir Robert VI de Brus, Lord Annandale, père de Robert the Bruce), Billy Howle (Edward, prince de Galles, futur Edward II), Callan Mulvey (John III Comyn, Lord de Badenoch), Paul Blair (William Lamberton, évêque de St. Andrews), Sam Spruell (Aymer de Valence, comte de Pembroke), Jonny Phillips (Richard de Burgh, comte d’Ulster), Ben Clifford (Piers Gaveston, comte de Cornouailles), Jamie Maclachlan (Roger de Mowbray), Duncan Lacroix (Henry de Percy, baron Percy), Kevin Mains (John Macduff, comte de Buchan), Steven Cree (Sir Christopher Seton), Tony Curran (Angus Og Macdonald, Lord d’Islay), James Cosmo (Robert Bruce Senior), Alastair Mackenzie (John Strathbogie, comte d’Atholi), Lorne MacFadyen (Neil Bruce), Jack Greenlees (Alexander Bruce), Chris Fulton (Euan Bruce), Jamie Michie (Gilbert de la Hay, baron d’Errol), Gilly Gilchrist (Maol Choluim I, comte de Lennox), Daniel Jackson (Sir Ingram de Umfraville), Duncan Airlie James (Henry de Beaumont, baron Beaumont), Victoria Liddelle (Margaret de Burgh), Gemma McElhinney (Lady Christina Seton), Stephen McMillan (Drew Forfar, Squire), Stephen McCole (le chambellan Seamus Barber), Meg Fraser (Aileen Walker), Elaine McKergow (Gayle Irvine), George Docherty (Iain Calder), Robin Laing (l’évêque de St. Andrews), Laurie Ventry (John de Kininmund, évêque de Brechin), Matt Stokoe (le baron John Segrave), Ron Donachie (Robert Wishart, évêque de Glasgow), Niall Greig Fulton (Patrick de Dunbar, comte de March), Rab Affleck (Alexander le Scrymgeour), Kim Allan (Isabella Macduff, comtesse de Buchan), Tam Dean Burn (John Macdougall d’Argyll), Benny Young (Lord Simon Fraser), Clive Russell (Lord Mackinnon of Skye), Jenny Hulse (Aine Macdonald, Lady d’Islay), Frank Gilhooley (Thomas Dickson).
Synopsis : Au château de Kildrummy (Aberdeenshire) en 1305. Robert Bruce, comte de Carrick, qui s’est soumis au roi Edward Ier en 1301, épouse en secondes noces la filleule de ce dernier, Elizabeth de Burgh. Il rompt toutefois son serment de fidélité envers la couronne d’Angleterre après l’exécution cruelle de William Wallace, dont le cadavre écartelé est exhibé publiquement et provoque des remous parmi la population. Il décide d’organiser une insurrection générale contre l’occupant. Comme le baron John Comyn III de Badenoch (neveu de l’ancien roi Balliol) menace de révéler ses intentions à Londres, il le tue dans l’église de Greyfriars à Dumfries, ce qui entraîne une guerre des clans. Edward Ier a vent de la rébellion, déclare Bruce hors-la-loi et envoie son fils, le prince de Galles, à la tête d’une armée en Écosse avec l’ordre de ne pas faire de quartier. À Scone, Bruce est couronné roi d’Écosse, mais la majorité de ses fidèles succombe à une attaque surprise des Anglais à Methven et à Dalrigh en été 1306 ; Bruce parvient à s’échapper et à mettre en sécurité son épouse Elizabeth et sa fille d’un premier mariage, Marjorie, ainsi que son frère Nigel, puis se réfugie sur l’île d’Islay (Hébrides) ; Alexander Bruce, autre frère de Robert, périt en route. Le prince Edward assiège Kildrummy Castle où, sadique et psychotique, il fait pendre Nigel et transférer Elizabeth et Marjorie en Angleterre. Marjorie y est placée dans un couvent tandis qu’Elizabeth, qui a refusé d’annuler son mariage avec Bruce, est enfermée dans une cage suspendue. Tooujours fugitif, Bruce débarque en février 1307 dans le Sud-Ouest du pays avec de nouvelles troupes recrutées des îles occidentales, reprend Kildrummy et opte désormais pour une tactique de guérilla. L’année suivante, Edward « Longshanks » décède en Écosse et Edward II, qui lui succède sur le trône, prend la direction des opérations militaires. En mai 1307, Bruce décide de l’affronter sur le champ de bataille à Loudoun Hill, même si les forces anglaises sont six fois supérieures. La cavalerie lourde anglaise est anéantie par les fantassins écossais, mais malgré la déroute de ses troupes, Edward II refuse de s’enfuir et affronte Bruce seul en combat singulier. Bruce le met à terre mais lui laisse la vie sauve et l’autorise même à retourner à Londres. – L’épilogue rappelle qu’Elizabeth Bruce a été libérée dans le cadre d’un échange d’otages, qu’Edward II a péri de la main de ses propres barons en 1318 et que, trois siècles plus tard, James Ier Stuart, fils de Mary Stuart et successeur d’Elizabeth Ière, a unifié les couronnes des deux pays.
Cette superproduction de Netflix exploitée en salle comme à la télévision a coûté la bagatelle de 120 millions de $ et a été tournée – d’août à novembre 2017 – presque entièrement en Écosse (Stirling, Linlithgow Palace, église de St. Michael, châteaux de Borthwick, Doune, Craigmillar, Blackness, l’abbaye de Dunfermline, la cathédrale de Glasgow, les parcs de Muiravonside Country et Mugdock Country prés de Glasgow pour la bataille de Loudoun Hill, à Aviemore, sur l’île de Skye (Talisker, Coral Beach, Quiraing)), à Glen Coe, Loch Lomond, Gargunnock, à l’université de Glasgow et en Angleterre (le village de Berwick-upon-Tweed dans le Northumberland). C’est également un Écossais qui la réalise : David Mackenzie, auteur de Comancheria/Hell or High Water, un excellent thriller remarqué au Festival de Cannes 2016 dans la sélection « Un certain regard » et qui décroché quatre nominations à l’Oscar 2017. Mackenzie reprend la vedette de ce film de petits truands, Chris Pine, pour camper le héros en titre, tandis que Stephen Dillane (le roi Stannis Baratheon dans Game of Thrones) interprète Edward Ier. La fresque, riche en séquences spectaculaires, ne cherche pas à illustrer toute la carrière de Bruce mais s’arrête sept ans avant sa victoire à Bannockburn (juin 1314), victoire qui parachève l’indépendance du pays. On relève quelques inexactitudes au niveau du scénario : ainsi, Bruce épouse Elizabeth de Burgh trois ans avant le début du film. A Loudon Hill, les scénaristes (Bathsheba Doran et Mackenzie) fabulent quand ils placent le prince Edward à la pointe de l’armée anglaise (il n’était alors pas encore roi, son père étant en vérité décédé plusieurs mois après la bataille), qu’on le montre se mesurer personnellement à Bruce et que, battu, les vainqueurs écossais laissent repartir un pareil otage après tant d’années d’oppression et de sang versé ! L’authentique Edward II n’était ni cruel ni tyrannique, n’avait pas un tempérament belliqueux et rechignait même à assumer les responsabilités de son rang ; on vantait plutôt sa générosité avec son entourage. Quant à Bruce, dépeint comme un patriote idéaliste, c’était un homme plutôt calculateur et ambitieux. La faiblesse du film, pourtant de très bonne tenue et aux reconstitutions impeccables (historiquement bien plus sérieuses que Braveheart), tient à certaines simplifications ainsi qu’à l’angélisation excessive de Bruce et la diabolisation de ses adversaires. Les caractères ne sont pas assez développés pour émouvoir (la relation amoureuse Bruce-Elizabeth), l’ensemble paraît à la fois trop court pour restituer les méandres de l’intrigue (il y aurait matière à une minisérie) et trop spectaculaire pour le petit écran. Le film a sa première aux festivals de Toronto et de Londres et récolte des critiques mitigées mais globalement positives.
2018(tv) Rise of the Clans – 1. The Bruce Supremacy (GB) de Craig Collinson
Rachel Bell, Richard Downes/BBC Studios-Pacific Quay Productions (BBC1 Scotland 3.12.18), 59 min. – av. David Paisley (Robert the Bruce), Dòmhnall Eòghainn Mackinnon (Edward Bruce), Calum Paul (Neil Campbell), Stuart Nixon (Angus Og MacDonald), Catriona Lexy Campbell (Christiana of the Isles), Christian Zanone (John Comyn), Antony Rossell (John of Lorne), Derek Shipway (Alexander Seton), Robert Jessiman (Walter Stewart), Neil Oliver (narrateur).
Docu-fiction sur Robert Bruce, sa lutte pour la couronne d’Écosse et sa relation mouvementée sinon dramatique avec John Comyn et les divers chefs de clans des High- et Lowlands.
Sous Robert III d’Écosse, la justice entre clans se rend en lice (« Rise of the Clans », 2018).
2018(tv) Rise of the Clans – 2. Brothers at War (GB) de Craig Collinson
Rachel Bell, Richard Downes/BBC Studios-Pacific Quay Productions (BBC1 Scotland 10.12.18), 59 min. – av. Gordon Millar (Walter Stewart, comte d’Atholl), Hannah Young (la reine Joan Beaufort), Kieran Baker (James Ier d’Écosse), Prentice Cunningham (le jeune James Ier), Andrew John Noble (Murdac, duc d’Albany), Aaron Clelland (prince David), Ian Pow (Sir Robert Graham), Steve Merton (Robert, duc d’Albany), John Webster (Robert III), Charlie « Chick » Allan (le forgeron), Malin Heen-Allan (Annabella), Dòmhnall Eòghainn Mackinnon (Donald MacDonald), Charlie Smart (Robert Atholl), Josie Duncan (harpiste), Neil Oliver (narrateur).
Docu-fiction : le deuxième épisode de cette minisérie suit la montée au pouvoir du clan pas toujours très recommandable des Stewart/Stuart, clan qui va devenir la dynastie royale d’Écosse. Une ascension souvent sanglante, marquée par des dissensions constantes. Sous le roi Robert/Raibeart III (né John Stewart, 1390/1406), la justice se fait non pas au tribunal mais en lice, par l’épée : c’est une justice de clan, non une justice royale. Ainsi, en septembre 1396 dans la plaine de North Inch à Perth, la bataille qui oppose trente représentants du clan Kay/Quhele à trente du clan Chartan devant tous les dignitaires du royaume, le roi compris, qui y assistent comme à un spectacle. Quand il ne reste plus qu’un survivant du clan Kay face à onze combattants du clan Chattan, il prend la fuite. Ayant annoncé la mauvaise nouvelle aux gens de sa tribu, il est tué en châtiment de sa couardise... Un demi-siècle plus tard, en 1437, le roi James Ier est assassiné au couvent de Perth par un Stewart rival, son oncle Walter, comte d’Atholl (cf. supra, The Fate of a King, 1913). La reine veuve, l’Anglaise Joan Beaufort, survit à ses blessures, fait condamner et exécuter le comte d’Atholl après trois jours de tortures particulièrement atroces à Edimbourg, puis assure la régence d’Écosse au début de la minorité de son fils James II. – Les épisodes 1 et 3 sont consacrés respectivement à Robert the Bruce (The Bruce Supremacy) et à Mary Stuart (A Queen Betrayed).
2019Robert the Bruce (US) de Richard Gray
Angus Macfadyen, Carter Boehm, Sharon Cox, Mike Gillespie/Yellow Brick Films LLC, 124 min. – av. Angus Macfadyen (Robert the Bruce), Jared Harris (John Comyn), Anna Hutchison (Morag), Zach McGowan (Brandubh), Mhairi Calvey (Elizabeth de Burgh, épouse de Robert the Bruce), Patrick Fugit (Will), Gabriel Bateman (Iver), Shane Coffey (Finley), Kevin McNally (Seán), Daniel Portman (Angus McDonald), Jared Harris (John Comyn), Gianni Capaldi (David McDonald), Stephen Murphy (Black Comyn), Judah Nelson (Hamish), Diarmaid Murtagh (Sir James Douglas), Branndon Lessard (Carney), Anthony J. Sharpe (Jacobus Cryer), Emma Kenney (Briana), Melora Walters (Ylfa).
Après de sérieux revers contre les armées d’Edward Ier à Methven et à Dalrigh en été 1306, Robert Bruce est à présent un hors-la-loi dont la tête a été mise à prix, poursuivi dans son propre pays par des chasseurs de primes. Grièvement blessé et seul, il trouve refuge dans la ferme d’une jeune veuve, Morag, vivant avec trois enfants, son fils, son neveu adolescent et une nièce. La paysanne le cache et le soigne, bien que son clan se soit aligné sur l’Angleterre. Au contact avec ces gens simples, Bruce comprend la nature profonde du patriotisme écossais, ce qui l’incite à reprendre le combat pour la victoire et l’indépendance de son royaume.
Dirigé par l’Australien Richard Gray, le comédien Angus Mcfadyen est connu pour avoir interprété Robert the Bruce dans Braveheart de Mel Gibson (cf. 1994) et il est ici également producteur et co-scénariste. Il s’agit pour lui montrer Bruce non pas en héros mais dans toute sa vulnérabilité. Hélas, les bons sentiments ne suffisent pas à sauver ce film dont la facture manque de nerf et de vivacité. Tournage en février-mars 2019 en Écosse dans le village médiéval de Duncarron près de Falkirk et aux États-Unis dans les paysages enneigés du Montana (Yellowstone River Valley près de Livingstone).
2020/21(tv) In den Fängen der Wikinger (Prisonniers des Vikings) (DE/AT/CZ) de Stefan Ludwig
Série “Universum History”, Nikolaus et Ingrid Kingohr/ZDF-ORF-Arte-TG4-Ceská televize-Abumedia-Interspot (Arte 16.1.21), 52 min. – av. Cat Williams (Melkorka), Rickie N’Neill (Findan), Michael J. Cloke (Höskuldr), Brian Comerford (Findan vieux).
Docu-fiction : La spectaculaire expansion des Vikings entre le VIIIe et le Xe siècle repose largement sur la traite des êtres humains. Pratiqué de manière occasionnelle, elle complète les revenus des guerriers pendant les mois creux. Les esclaves (les thralls) – qui représentent jusqu’à un quart de la population – sont revendus parfois directement à leurs familles, en échange de rançons, ou échangés sur des marchés à Birka, Dublin ou Istanbul. Le film retrace l’histoire de l’Irlandais Findan ou Fintan (vers 803-878), originaire de Leinster, et de sa sœur Melkorka qui sont capturés par des Vikings et emmenés dans les îles Orcades, au nord de l’Écosse. Findan parvient à échapper à ses ravisseurs, se rend en pèlerinage à Rome, devient moine à l’Abbaye de Farfa en Italie, puis se joint à un groupe d’ermites sur une île du Rhin à Rheinau, près de Schaffhouse en Suisse où il vit volontairement emmuré pendant vingt-deux ans. Il sera béatifié par l’Église irlandaise.

18.1. Macbeth, roi d’Écosse – vu par Shakespeare


L’authentique Macbeth MacFinlay (en gaélique : MacBethad mac Findlaích), né vers 1005, est comte (Mormaer) de Moray en 1032 et marié à Gruoch ingen Boite. Celle-ci est une petite-fille de Kenneth III, assassiné par Malcolm II, le grand-père du roi Duncan Ier (Donnchad mac Crinain). En 1040, le roi Duncan envahit le comté de Moray, mais il est battu et tué à Pitgaveny par les troupes de Macbeth, et ce dernier monte sur le trône d’Écosse (ou d’Alba, en gaélique). Le règne de Macbeth est relativement pacifique et sans oppositions notables pendant dix-sept ans, les Écossais gardent de lui le souvenir d’un bon monarque ; n’étant pas un usurpateur et ayant repoussé toutes les tentatives pour le renverser, il se rend même en pèlerinage à Rome en 1050 où l’on vante sa générosité envers les pauvres. Mais en juillet 1054, à Dunsinane près de Scone, Macbeth doit faire face à une coalition anglo-scandinave menée par Siward/Sigurd, comte de Northumbrie, vassal d’Edward le Confesseur. Cette défaite le contraint à céder la partie sud de son royaume au fils de Duncan, Malcolm (futur Malcolm III Canmore). Trois ans plus tard, en août 1057, il tombe à la bataille de Lumphanan près d’Aberdeen en affrontant une armée menée par Malcolm ; celui-ci cherche en priorité à se débarrasser de Lulach, le fils adulte de la veuve de Macbeth et de son premier mari, rejeton que ses partisans menacent de déclarer roi à Scone. Macbeth est enterré au monastère d’Iona, où sont ensevelis tous les rois d’Écosse. Quelques mois plus tard, Lulach, successeur de Macbeth, meurt dans une embuscade.

Autour de 1606, alors que les thèmes écossais sont à la mode (sous le règne de James Ier Stuart, roi écossais d’Angleterre et d’Irlande), William Shakespeare crée le drame « The Tragedy of Macbeth » en s’inspirant très librement des « Chroniques d’Holinshed » parues en 1587. Sous sa plume, l’interminable guerre des clans se métamorphose en tragédie psychologique aux relents fantastiques appréciés par le public élisabéthain. Le régicide étant présenté comme une inversion de l’ordre de la nature, James Ier se voit flatté dans sa répression des complots contre la Couronne. Et puisque la tradition donne Banquo pour un lointain ancêtre de la maison Stuart, son rôle change : de complice de Macbeth, il en devient la victime.

La trame est la suivante :La Norvège et l’Écosse se livrent une bataille où Macbeth, thane (baron) de Glamis et cousin du roi Duncan Ier , ainsi que le général Banquo s’illustrent par leur courage et leur loyauté. L’envahisseur norvégien est anéanti. Sur le chemin du retour, Macbeth rencontre trois sorcières juchées sur une colline. Elles lui prédisent qu’il sera Thane de Cawdor, puis roi d’Écosse, mais que la descendance de Banquo lui succédera. Macbeth assiste à l’exécution du Thane de Cawdor qui a trahi la couronne et le roi le nomme à sa place. Macbeth, perturbé par les étranges propos des sorcières, en parle à son épouse. Dévorée d’ambition et pressée de voir s’accomplir la prophétie qui fera de lui un monarque, Lady Macbeth pousse son mari à assassiner Duncan qui est venu passer une nuit à Cawdor, sur la route d’Inverness. Macbeth poignarde Duncan, son cousin, durant son sommeil et attribue le régicide à deux gardes qu’il supprime aussitôt, tandis que, méfiants, les deux fils du décédé, Malcolm et Donalbain, s’enfuient en Angleterre et en Irlande. Rongé par le remords (« le sang appelle le sang »), Macbeth devient la proie d’hallucinations et croit voir le spectre du roi assassiné à son banquet de couronnement. Il ordonne le meurtre du fidèle Banquo, qui connaît la teneur de la prophétie, mais le fils de ce dernier, Fleance, lui échappe. Lady Macbeth tente vainement de ramener son mari à la raison, persécuté par le fantôme de son ami assassiné. Installé au château royal de Dunsinane, il devient un tyran sanguinaire tandis que les soupçons qui l’accusent du régicide s’accumulent. Consultées, les sorcières lui annoncent que « nul homme né d’une femme » ne pourra le blesser, et que rien de mal ne peut lui arriver tant que « la forêt de Birnam ne s’est pas mise en marche vers la colline de Dunsinane ». Macduff, contre lequel les sorcières l’ont mis en garde, parvient à s’enfuir et Macbeth ordonne l’exécution de sa femme, de ses enfants et de toute sa maisonnée. Lady Macbeth sombre dans la démence avant de se suicider. Macduff jure de se venger et rejoint Malcolm, l’héritier légitime du royaume qui a organisé une armée pour destituer le monstre ; toute la noblesse écossaise apporte son soutien au prétendant, de même que le comte de Northumberland, l’Anglais Siward. Leurs soldats qui marchent vers le château de Dunsinane se dissimulent sous des branches d’arbres coupées dans le bois de Birnam. Macbeth prend peur, le combat s’engage. Après avoir tué le fils de Siward, il se trouve face à face avec Macduff qui lui révèle qu’il est né par césarienne, donc pas « né d’une femme » et le décapite. Malcolm invite l’assemble à assister à son couronnement à Scone.

En 1847, Giuseppe Verdi compose un opéra en 4 actes dont le livret (signé Francesco Maria Piave) suit assez fidèlement la trame de Shakespeare.

Nota Bene : la liste des captations et dramatiques de la pièce de Shakepeare (et de l’opéra de Verdi) à la télévision n’est pas exhaustive.
1905Duel Scene from Macbeth / A Scottish Combat (US)
Série « Fights of Nations », American Mutoscope & Biograph Co. (New York), 21 ft./6 m.
Macbeth tue le jeune Siward avant d’être tué à son tour par Macduff. Le duel final de la pièce où les trois comédiens s’affrontent en kilt devant la caméra Mutograph (rivaux de Thomas A. Edison), scène enregistrée au dernier étage d’un établissement de la Biograph à Broadway.
1908Macbeth, Shakespeare's Sublime Tragedy (US) de James Stuart Blackton
James Stuart Blackton, Albert A. Smith/Vitagraph Co. of America (New York), 257 m./9 min. – av. William V. Ranous (Macbeth), Louise Carver (Lady Macbeth), Paul Panzer (Macduff), Charles Kent (Banquo / le roi Duncan), Florence Lawrence et Florence Turner (des invitées au banquet), Édouard de Max.
Dix-sept scènes du drame filmées dans les studios Vitagraph de Flatbush à Brooklyn. Lors de leur projection à l’exposition de Chicago, les images montrant le duel entre Macbeth et Macduff et l’assassinat de Duncan sont jugées trop violentes et coupées par la censure. Entre 1908 et 1912, la Vitagraph, qui fait partie du puissant consortium de la Motion Picture Patents Company, ne sort pas moins de 12 films inspirés par les pièces de Shakespeare.
1909Macbeth (FR) d’André Calmettes
Louis Nalpas/Société du Film d'Art-Pathé Frères S.A. (Paris), no. 3314, 325 m. (17 tableaux). – av. Paul Mounet-Sully (Macbeth), Jeanne Delvair (Lady Macbeth).
Film photographié dans les studios de Neuilly.
1909Macbeth / Lady Macbeth (IT) de Mario Caserini
Società Italiana Cines (Roma), 1450 ft./442 m. – av. Ettore Pesci (Macbeth), Maria Gasparini (Lady Macbeth).
Tournage dans les studios de la Via Appia Nuova à Rome, film distribué en Grande-Bretagne et aux États-Unis.
1911Macbeth (GB) de Francis Robert Benson
Co-operative Cinematograph Co. (London), 1360 ft./415 m./14 min. – av. Francis Robert Benson (Macbeth), Constance Benson (Lady Macbeth), Murray Carrington, Guy Rathbone, Nora Lancaster, Eric Maxim.
Tournage par la troupe de la Stratford Memorial Theatre Company que dirige F. R. Benson.
1913Macbeth (DE) d’Arthur Bourchier
Internationale Film-Industrie GmbH (Heidelberg), 4700 ft./1433 m./5 bob. – av. Arthur Bourchier (Macbeth), Violet Vanbrugh (Lady Macbeth).
Tournage au château de Heidelberg, à Bushey (Hertfordshire, GB) et à Hardenberg (Pays-Bas) sous la direction de l’acteur et directeur de théâtre anglais Arthur Bourchier (payé 4000 £), qui donne ici la réplique à son épouse, Violet Vanbrugh. Le film est un échec commercial, la critique déplore une narration maladroite.
1915Macbeth (FR) de Charles Le Bargy
Charles Jourjon/Société Française des Films Éclair (Paris), 3230 ft./985 m./3 bob. – av. Georgette Leblanc Maeterlinck (Lady Macbeth), Séverin-Mars (Macbeth), Julien Duvivier (le prince Donalbain, fils de Duncan).
Une version tournée par le comédien Charles Le Bargy dans les studios Éclair d’Épinay et dans le cloître et les ruines de l’église abbatiale de Saint-Wandrille (Normandie). Elle est adaptée par le poète George Maeterlinck, dont l’épouse tient le rôle de Lady Macbeth. Macbeth est interprété par l’acteur-fétiche d’Abel Gance (J’accuse, La Roue). Le futur cinéaste Julien Duvivier fait ses débuts à l’écran en cotte de mailles sur une rossinante, un des rares chevaux pas encore réquisitionnés par l’armée (en temps de guerre).
Herbert Beerbohm Tree et Constance Collier dans le « Macbeth » perdu de John Emerson (1916).
1916Macbeth (US) de John Emerson [et David Wark Griffith]
David Wark Griffith, Harry E. Aitken/Reliance Motion Picture Corp.-Triangle Film Corporation, 8 bob. – av. Herbert Beerbohm Tree (Macbeth), Constance Collier (Lady Macbeth), Wilfred Lucas (Macduff), Spottiswoode Aitken (Duncan), Lawrence Nowskowski (Malcolm), Ralph Lewis (Banquo), Mary Alden (Lady Macduff), Olga Grey (Lady Agnes), Bessie Buskirk (Donalbain), Jack Conway (Lennox), Seymour Hastings (Ross), Karl Formes (l’évêque), Jack Brammal (Seyton), L. Tylden, Scott McKee et Jack Leonard (les trois sorcières), Raymond Wells (Thane of Cawdor), Erich von Stroheim.
Interprète légendaire de Macbeth, Falstaff ou Shylock, mais aussi d’Ibsen et de Shaw (Pygmalion) au théâtre à Londres, Herbert Beerbohm Tree est invité en Californie pour ce film – avec un salaire alors mirifique de 10'000 $ – dont le tournage s’étire sur trois mois, en intérieurs aux Fine Arts Studios sur Sunset Boulevard (Hollywood) et avec des batailles spectaculaires réalisées à Iverson Ranch (Chatsworth, L.A.). Le séjour du célèbre histrion met toute la colonie britannique de Los Angeles (« the Hollywood Raj ») en effervescence et on le voit souvent en compagnie de son jeune compatriote Charles Chaplin. La production est chapeautée par le père du cinéma américain, D. W. Griffith, par ailleurs très occupé à fignoler sa propre mégafresque Intolerance dont les gigantesques décors babyloniens voisinent le château de Macbeth. Voulant marquer le tricentenaire de la mort de Shakespeare, Griffith a confié la réalisation du Macbeth à un de ses disciples, John Emerson, qui, avec sa future épouse, la scénariste et romancière Anita Loos (auteure de Gentlemen Prefer Blondes), travaillent simultanément à la tragédie écossaise du Barde comme aux finitions et au montage d’Intolerance. Les intertitres de Macbeth sont signés « William Shakespeare et Anita Loos » (sic), la photo est en mains des futurs cinéastes Victor Fleming (Gone With the Wind) et George W. Hill, la réalisation de deuxième équipe (scènes de foules) incombe à Erich von Stroheim ; un autre futur réalisateur, Jack Conway (Viva Villa !), campe Lennox tandis que l’acteur Monte Blue (White Shadows in the South Seas) double Beerbohm Tree pour les cascades. Ce dernier ne réalise pas toujours que le film est muet et s’obstine à réciter la totalité de ses longues tirades devant une caméra vide. Aussi ses confrères sont-ils terrorisés à l’idée qu’il découvre la superchérie lors de la première projection ; en vain : lorsqu’apparaît le mot « fin », ils découvrent l’acteur profondément endormi ! Mauvais présage, car le film n’attire pas grand monde aux États-Unis où, l’action étant passablement sanglante, les exploitants de certaines salles le couplent avec une comédie burlesque ... pour rehausser l’humeur du public. À Londres, Macbeth ne reste qu’une semaine à l’affiche du His Majesty’s Theatre que dirige Beerbohm Tree, au lieu des dix semaines prévues. (Film perdu.)
Edmund Grenn dans une parodie de « Macbeth » (1916).
1916The Real Thing at Last. The « Macbeth » Murder Mystery (GB) de L. C. MacBean [et Sir James Matthew Barrie]
Gerald Malvern, A. E. Matthews/British Actors Film Company (London), 30 min. – av. Edmund Gwenn (Macbeth / Rupert K. Thunder sur scène), Nelson Keys (Lady Macbeth), Godfrey Tearle (Macduff), Owen Nares (Banquo), Norman Forbes (Duncan), Caleb Porter, George Kelly et Ernest Thesiger (les trois sorcières), Gladys Cooper, Teddie Gerard et Pauline Chase (les trois sorcières américaines), Frederick Volpe (le meurtrier), A.E. Matthews et Marie Lohre (les assassinés), Moya Mannering et A. E. Matthews (les messagers), Irene Vanbrugh et Eva Rowland (les Ladies), Arthur Shirley (un courtisan), Florence Alliston (un enfant), Leslie Henson (Charlie Chaplin / William Shakespeare / un page).
Apprenant que D. W. Griffith est sur le point de porter à l’écran Macbeth à Hollywood (cf. supra) et fasciné par le cinématographe, le romancier Sir James Matthew Barrie, l’auteur mondialement célèbre de Peter Pan, imagine une réponse satirico-burlesque aux ambitions américaines, sous-titrée A Suggestion for the Artists of the Future. L’acteur Edmund Gwenn – dans ses débuts à l’écran – alias le producteur américain (fictif) Rupert K. Thunder y présente et commente en live une adaptation filmique de Macbeth qui devrait mieux correspondre à la sensibilité du public anglais, tout en mettant en parallèle la conception « sensationnaliste » américaine et l’understatement britannique. En Grande-Bretagne, Lady Macbeth s’essuie délicatement les goutelettes de sang sur ses doigts, en Amérique il lui faut des seaux d’eau. Les sorcières anglaises dansent autour d’un petit chaudron, à Hollywood elles deviennent des « dancing beauties » batifolant dans une piscine. « Si vous voyez la forêt de Birnam se déplacer, c’est du tout cuit ! » annonce un messager. La distribution comprend quatre meurtriers, deux assassinés, un assassin volontaire, un assassiné-plus-tard, un presque assassiné, un assassiné inutilement et trois assassins spécialisés. Macbeth et Macduff duellent dans un fossé, tandis qu’aux USA Macbeth chute depuis un gratte-ciel. Dans une fin alternative, le commentaire anglais regrette que « la demeure élégante des Macbeth ne soit plus un havre de bonheur » tandis qu’en Amérique, les Macbeth se repentent, se reconcilient avec Macduff et tout finit en happy-end, avec, au piano, la chanson La vie est trop brève pour se disputer (Life’s Too Short to Quarrel).
Tourné aux Bushey Studios (Hertfordshire), dans le nord de Londres, le film – aujourd’hui hélas perdu – est confié officiellement au réalisateur écossais L.C. MacBean, mais selon divers témoins, Barrie, auteur du scénario, en aurait lui-même réalisé la majeure partie. The Real Thing at Last est présenté le 7 mars 1916 au London Coliseum dans le cadre d’une soirée du YMCA (aide aux soldats en guerre) en présence la reine Mary, de la princesse Mary et du prince Albert (futur George VI). On ignore si Ses Majestés ont souri.
1922Macbeth (DE) de Heinz Schall
Elel-Film, Filmindustre (Heidelberg), 5 actes/916 m. – av. Eugen Klöpfer (Macbeth), Albert Steinrück, Fritz Kaufmann.
1922Macbeth (GB) de Harry B. Parkinson
Série « Tense Moments from Great Plays », Master Films (London)-British Exhibitors, 1175 ft./358 m. – av. Russell Thorndike (Macbeth), Sybil Thorndike (Lady Macbeth).
Court-métrage filmé aux studios de Cranmer Court (Clapham) avec la crème des comédiens de théâtre britannique, ici Russel Thorndike (également auteur des romans de Doctor Syn) et sa sœur Sybil pour laquelle G. B. Shaw allait créer sa pièce Saint Joan deux ans plus tard.
1937(tv) Macbeth (GB) de George More O’Ferrall (tv) et Michel St. Denis (th)
BBC Television Service-Old Vic Theatre, London («Scenes from Shakespeare») (BBC 3.12.37), 30 min. – av. Laurence Olivier (Macbeth), Judith Anderson (Lady Macbeth), George More O’Ferrall (présentation).
Diffusion de divers extraits de la pièce jouée à l’Old Vic avec Laurence Olivier et rassemblés pour les tâtonnements de la télévision britannique, le tout enregistré aux premiers studios de la BBC à Alexandra Palace (Musway Hill, Londres).
1946Macbeth (US) de Thomas A. Blair
David Bradley/Willow Productions, 70 min. – av. David Bradley (Macbeth), Jain Wilimovsky (Lady Macbeth), Louis Northrop (Duncan), J. Royal Mills (Malcolm), William Bartholomay (Macduff), Grosvenor Glenn (deuxième assassin), Virginia Nelson (Lady Macduff), J. Norton Dunn (Seyton), J. Royal Mills (Malcolm).
Une production d’amateurs de la Northwestern University (Chicago) tournée à Winnetka (Illinois) en 16mm sous la direction du cinéaste indépendant David Bradley, auteur d’un Peer Gynt d’après Ibsen (1941) et d’un Julius Caesar d’après Shakespeare (1950), chaque fois avec le jeune Charlton Heston dans le rôle-titre ; dans Macbeth, Heston est le créateur des costumes.
Macbeth (Orson Welles) halluciné, hanté par ses crimes, inquiète ses proches.
1947/48** Macbeth (US) d’Orson Welles
Orson Welles, Richard Wilson, Charles K. Feldman, Herbert Yates/Mercury Productions-Literary Classics Productions-Republic Pictures, 107 min./89 min./114 min. – av. Orson Welles (Macbeth), Jeannette Nolan (Lady Macbeth), Erskine Sanford (Duncan), Roddy McDowall (Malcolm), Dan O'Herlihy (Macduff), Edgar Barrier (Banquo), Erskine Sanford (Duncan), John Dierkes (Ross), Keene Curtis (Lennox), Peggy Webber (Lady Macduff / une sorcière), Brainerd Duffield et Lurene Tuttle (les autres sorcières), Lionel Braham (le général anglais Siward), Archie Heugly (le jeune Siward), Christopher Welles (l’enfant de Macduff), Morgan Farley (le médecin), Alan Napier (le saint père), George Chirello (Seyton).
Après les déboires, conflits et complications de The Lady from Shanghai au début 1947, Hollywood rejette Orson Welles, dont l’indiscipline, les exigences « déraisonnables » et l’originalité provocatrice irritent tout l’establishment. Welles parvient néanmoins à intéresser la modeste Republic Pictures, petit studio spécialisé dans le sérial et le western de série B, pour un Macbeth dont il s’improvise lui-même producteur. C’est le premier film hollywoodien inspiré de Shakespeare depuis une décennie et la Republic y voit – à peu de frais, s’entend (750'000 $) – l’aubaine d’un gain de prestige. Welles reprend à l’écran une pièce qu’il a déjà mise en scène au théâtre à l’âge de 21 ans à New York en avril 1936 (transposée en Haïti avec des acteurs noirs et rebaptisée Vodoo Macbeth), puis à la radio en 1937 et en 1940, enfin au printemps 1947 à Salt Lake City dans le cadre de l’Utah Centennial Festival. Il en assume l’adaptation, les décors, les costumes et s’adresse pour la distribution prioritairement aux comédiens de sa troupe du Mercury Theatre (dont Jeannette Nolan en fielleuse Lady Macbeth et Alan Napier). Il donne aussi sa chance à un jeune chef opérateur prometteur, John L. Russell (Psycho de Hitchcock, 1960) et à l’acteur Dan O’Herlihy, le futur Robinson Crusoé de Luis Buñuel. Après quatre mois de répétitions en costumes, le tournage – dont les dialogues sont enregistrés en play-back – se fait en un temps record, en vingt-et-un jours, de fin juin à la mi-juillet 1947, sur un plateau des studios de la Republic à North Hollywood. Après quoi le stupéfiant créateur de Citizen Kane s’exile à Rome, d’où, au grand désarroi de la Republic, il gère jusqu’en juin 1948 montage, finitions sonores et la musique qu’il confie au compositeur français Jacques Ibert, auteur d’opéras, de ballets et de partitions pour les films de Pabst, Duvivier et Maurice Tourneur.
 Welles endosse le rôle du roi meurtrier, les yeux écarquillés par l’angoisse, et afin de masquer la pauvreté matérielle des décors et de la figuration, plonge sa tragédie dans une brume où se confondent le ciel et la terre, où le bien et le mal ne seraient pas encore séparés, où la lande et le château forment un même espace. Il crée ainsi un climat curieusement expressionniste, une atmosphère fantasmagorique et mortuaire, un univers de cauchemar, barbare, insolite (arbres tordus et calcinés, roches rugueuses, grottes ruisselantes d’eau, pans de murailles en carton-pâte représentant des vestiges sans âge). C’est un enchevêtrement de galeries, de caves et de cavernes qui traduisent l’étouffement progressif du meurtrier dans les méandres de son âme. Pour les costumes aussi, la valeur expressive prime sur la vraisemblance historique et les acteurs sont vêtus de peaux de bêtes, coiffés de casques à corne, la couronne de Macbeth est étrangement difforme sinon disproportionnée. Quant aux dialogues, ils sont rocailleux, parfois à peine audibles, car parlés avec un fort accent écossais (les « r » roulants) afin d’accentuer le côté fruste et sauvage de l’ensemble, et noyés dans le sifflement du vent. De son propre aveu, Welles vise un mélange visuel entre Les Hauts de Hurlevent et La Fiancée de Frankenstein, cherchant à tout prix à ne pas tomber dans l’académisme sage des lectures habituelles de Shakespeare, notamment le théâtre élégant et précieux d’un Laurence Olivier qui, selon l’enfant terrible d’Hollywood, s’accorde peu avec les histoires tourmentées du dramaturge. Son film, dit-il, se veut l’esquisse au fusain, violente et hallucinée, d’un grand drame élisabéthain. Comme la remarqué jadis Alexis de Tocqueville, en Amérique, les grandes tragédies de Shakespeare, qu’elles soient malmenées ou non, sont presque aussi « populaires » depuis le XIXe siècle que la Bible et nullement stigmatisées par l’étiquette élitaire que lui accolent les Britanniques (on se souviendra du Joe MacBeth de Ken Hughes en 1955 qui se déroule dans le milieu des gangsters à Chicago). Ponctuée de monologues mentaux, la vision wellesienne exhale le bruit et la vanité ; l’abstraction claustrophobe des décors traduit le drame intérieur des âmes noircies par le crime, c’est la malédiction visualisée, une plongée poétique dans une Écosse du fond des temps, d’avant l’Histoire. Le ciel est absent et le spectateur peine à savoir si l’action se déroule en intérieurs ou en extérieurs, et si le dialogue est dit ou seulement pensé. Stylistiquement, Welles réduit au maximum le découpage, cumule les plans très longs, multiplie les mouvements de caméra : son film commence par un plan-séquence virtuose de dix minutes. Comme le relève Jean-Pierre Berthomé, afin de mieux faire ressortir le thème du libre arbitre du protagoniste, le cinéaste centre son adaptation sur le conflit entre le chaos des forces surnaturelles (les sorcières et leurs fourches pointues, les fantômes des victimes, la « forêt en marche ») et l’ordre nouvellement amené par le christianisme (présent visuellement par les nombreuses croix celtiques au bout des lances), puis forge un rôle de prêtre ascétique aux longues tresses, inexistant chez Shakespeare, dont il emprunte le dialogue à divers personnages de la pièce et qui mourra de la main du despote après avoir découvert le régicide (Orson Welles au travail, av. F. Thomas, Cahiers du cinéma, Paris, 2006, p. 146). C’est un climat de confusion morale où la bestialité et la tyrannie sont les deux faces d’une même monnaie.
 Dire que ce Macbeth baroque déconcerte critiques et public relève de la litote. Pour son exploitation aux États-Unis, il est réduit de 107 minutes à un montage de 89 minutes avec une synchronisation sans « écossismes » et la Republic rentre ainsi de justesse dans ses frais. Fraîchement accueilli au Festival de Venise 1948 (où est aussi projeté le plus « respectable » Hamlet d’Olivier), le film est retiré de la compétition. L’œuvre est surtout un échec critique à sa sortie en salle dans les pays anglo-saxons, mais récolte un succès d’estime en France, où elle suscite discussions et vives polémiques dans les milieux cinéphiliques. Le Parti Communiste Français bolchévisé, Georges Sadoul en tête, déteste le film, accusant Welles de plagier outrageusement Eisenstein et son Ivan le Terrible (1944) tandis qu’André Gide fulmine : « Je suis incapable d’exprimer tout le mal que je pense de ce Macbeth de bazar ! » (il est vrai que le cinéma n’est pas la préoccupation majeure du prix Nobel de la littérature). Jean Cocteau, au contraire, vante « ce spectacle étrange et magnifique », cette « force sauvage et désinvolte », et se dit fasciné par une caméra « placée toujours à l’endroit exact où la destinée attend ses victimes ». Marcel Carné et Robert Bresson admirent la radicalité esthétique du film ; enfin, face aux reproches de détournement du texte (déplacements des épisodes, etc.), le jeune critique François Truffaut décrète que « Wells et Will [Shakespeare] sont frères, pas concurrents. » Aujourd’hui restauré dans sa forme et sa durée originelle, le Macbeth de Welles, dernière réalisation américaine de Welles avant l’éblouissant Touch of Evil en 1957, est considéré comme le plus grand film expérimental tourné dans le cadre du système des studios hollywoodiens et une tentative unique de transcender les barrières entre le classique, l’avant-garde et la culture populaire.
1949(tv) Macbeth (US) d’Anthony Brown (th), Owen Davis (th) et Garry Simpson (tv)
« Philco Television Playhouse », Harold McGee/Showcase Productions (NBC 1.5.49), 60 min. – av. Walter Hampden (Macbeth), Joyce Redman (Lady Macbeth), Walter Abel (Macduff), Leo G. Carroll (Duncan), Philip Truex (Malcolm), David Wayne (Banquo), Alexander Clark (Lennox), Ben Lackland (Seyton).
Première transmission de la pièce à la télévision américaine.
1949(tv) The Tragedy of Macbeth (GB) de George More O’Ferrall
British Broadcasting Company (BBC 29.2.49), 118 min. – av. Stephen Murray (Macbeth), Ruth Lodge (Lady Macbeth), Arthur Wontner (Duncan), Patrick Macnee (Malcolm), Esmond Knight (Banquo), Peter Mullins (Donalbain), Mark Dignam (Macduff), Alan Stebbings (Fleance), Charles Doran (Siward, comte de Northumberland), Patrick Troughton (Seyton), Margaret Vines (Lady Macduff).
Première transmission intégrale de la pièce en Grande-Bretagne, enregistrée aux studios de la BBC d’Alexandra Palace, Muswell Hill (London).
1950(tv) Macbeth (US) de Lew Brown
« The Kraft Television Theatre », saison 3, épis. 34, Stanley Quinn/J. Walter Thompson Agency (NBC 10.5.50), 60 min. – av. E. G. Marshall (Macbeth), Uta Hagen (Lady Macbeth), Chet Stratton (Macduff), Phillip Huston (Banquo), Philip Faversham (Marshall).
1951(tv) Macbeth (US) de Yul Brynner
Peter Frye/Série « Sure As Fate », saison 1, épis. 14 (CBS 9.1.51), 60 min. – av. John Carradine (Macbeth), Judith Evelyn (Lady Macbeth), Dennis Patrick (Macduff), Jack Manning (Malcolm), Claude Traverse (Banquo), Gordon Lacy (Donalbain), Jon Lormer (le roi Duncan), Marian Seldes (Lady Macduff), Francis L. Sullivan (présentation).
Avant d’aborder le grand écran, Yul Brynner est un téléaste assez réputé à New York (de 1949 à 1953). L’année 1940/41 lui porte chance : il décroche le rôle du roi de Siam dans le musical The King and I de Rogers-Hammerstein qui sort en mars 1951 à Broadway, avec le succès que l’on sait et l’engagement subséquent à Hollywood.
1951(tv) Macbeth (US) de Franklin J. Schaffner
« Studio One » no. 123, saison 4, épis. 6, CBS Television Network (CBS 22.10.51), 60 min. – av. Charlton Heston (Macbeth), Judith Evelyn (Lady Macbeth), Darren McGavin (Macduff), Peter Boyne (Banquo), Virginia Mattis (Lady Macduff), Noel Leslie (Duncan), Michael Jay (Fleance).
Charlton Heston, cinq ans avant sa percée à l’écran dans The Ten Commandments de Cecil B. DeMille, joue sous la direction du futur cinéaste de Planet of the Apes (1968), Patton (1970) et Papillon (1973). Judith Evelyn reprend le rôle de Lady Macbeth qu’elle vient de jouer au petit écran sous la direction de Yul Brynner (cf. supra).
1953(tv-mus) Macbeth (US) de John Bloch (th) et Kirk Browning (tv)
Samuel Chotzinoff/NBC Opera Television Theatre (NBC 28.11.53), 90 min. – av. Warren Galjour (Macbeth), Patricia Neway (Lady Macbeth), Lee Case (Banquo), William Boehm (Macduff), David Williams (Malcolm).
Premier enregistrement télévisuel de l’opéra de Giuseppe Verdi.
1954(tv) Macbeth (US) de George Schaefer
« The Hallmark Hall of Fame », Maurice Evans Productions-Hallmark Productions (NBC 28.11.54), 103 min. – av. Maurice Evans (Macbeth), Judith Anderson (Lady Macbeth), Staats Cotsworth (Banquo), House Jameson (Duncan), Richard Waring (Macduff), Roger Hamilton (Malcolm), John Reese (Fleance), Jane Rose, Frieda Altman et Mau Shearer (les trois sorcières).
En 1960, George Schaefer réalisera une nouvelle version du drame pour « The Hallmark Hall of Fame » (cf. infra), également avec Maurice Evans et Judith Anderson, mais en couleurs.
1954(tv) Macbeth (BR) de Dionísio Azevedo, Cassiano Gabus Mendes
Série « TV de Vanguarda » (TV Tupi 2.10.54). – av. Dionisio Azevedo (Macbeth), Márcia Real (Lady Macbeth), Jaime Barcellos (Duncan), Lima Duarte (Macduff), Luis Gustavo (Malcolm), Francisco Negrão (Banquo).
1955(tv) Macbeth (CA) de David Greene
Série « Folio », David Greene/Canadian Broadcasting Corporation (CBC 25.9.55), 105 min. – av. Barry Morse (Macbeth), Katharina Blake (Lady Macbeth), Patrick Macnee (Macduff), John Drainie (Banquo), Frank Peddie (Duncan), Douglas Rain (Malcolm), Margery Weston (Lady Macduff), Jeremy Wilkin (Donalbain).
1957[Kumonosu-Jo (Le Château de l'araignée), film japonais d’Akira Kurosawa. – av. Toshiro Mifune (Taketoki Washizu [=Macbeth]), Isuzu Yamada (AsajiWashizu [=Lady Macbeth]), Minoru Chiaki. – Un chef-d’œuvre austère et ramassé : Macbeth transposé dans le Japon médiéval, Shakespeare revisité par le théâtre nô, l’Écosse déménage au pied du mont Fuji. Le drame est construit autour de la métaphore de la toile d’araignée : « forêt de l’Aragne » labyrinthique et enchantée, rets minutieux de l’épouse ambitieuse tissant sa toile maléfique jusqu’à ce qu’un fouillis de flèches cloue le renégat meurtrier aux murs de son château.]
Maria Casarès et Daniel Sorano dans le « Macbeth » télévisé de Claude Barma (1959).
1959* (tv) Macbeth (FR) de Claude Barma
Radiodiffusion Télévision Française (RTF) (1e Ch. 20.10.59), 106 min. – av. Daniel Sorano (Macbeth), Maria Casarès (Lady Macbeth), Roger Coggio (Malcolm), Philippe Noiret (Macduff), Jean Paul Thomas, Jean Topart (Banco), Marcelle Ranson, Madeleine Marion et Valérie Quincy (les trois sorcières), Yves Barsacq (le serviteur), Robert Fontanet (Angus), Georges Riquier (le médecin), Monique Chaumette (la dame d’honneur), Pierre Réal (le soldat), Jean-Paul Thomas (Donalbain), Robert Porte (Ennox), Jean-Baptiste Thierrée (Fléance), Pierre-Aimé Touchard (présentation).
Pionnier des très riches heures de la télévision publique, Claude Barma filme le drame de Shakespeare en noir et blanc, privilégiant une mise en scène sobre dans le jeu des acteurs et dans les décors afin de faire ressortir la psychologie des personnages. La traduction française de Jean Curtis a déjà été présentée sur scène en juillet 1954 au festival d’Avignon par Jean Vilar et son Théâtre National Populaire. Au petit écran, Daniel Sorano en Macbeth succède à Vilar (1954) et Alain Cuny (1956) sur les planches, tandis que le rôle de Lady Macbeth semble coller à la peau de Maria Casarès, magnifique tragédienne qui l’interprète dès la création au TNP ; d’autres comédiens de la mise en scène originelle du TNP reprennent du service : Topard, Coggio, Noiret. Dans le rôle de Fléance, on découvre l’acteur et écrivain Jean-Baptiste Thierrée, mari de Victoria Chaplin et père de James Thierrée. La dramatique est enregistrée aux studios des Buttes-Chaumont à Paris et sort avec une musique de Georges Delerue, sur le point de devenir le plus important compositeur du cinéma français (Hiroshima mon amour, Jules et Jim). L’influence (assumée) du Macbeth d’Orson Welles est sensible dans la présence des escaliers, du clair-obscur, du gros plan, des longues focales et des peaux de bêtes évocatrices d’une société primitive, des emprunts qui permettent à Barma d’échapper au « théâtre filmé » et de ne pas révéler les limites de l’espace scénique. « Nous avons beaucoup à faire pour restaurer la patrie et la société » dit Malcolm, « c’est une cruelle époque où nous sommes traîtres sans le savoir, où nous écoutons les rumeurs de la crainte, sans savoir ce qu’il faut craindre ». Ces propos traduits très librement renvoient le téléspectateur de façon récurrente à la situation politique française contemporaine (l’arrivée du général de Gaulle). Ils reflètent « la culpabilité et les angoisses d’une nation hantée par la guerre, en proie à une crise militaire et gouvernementale et à une guerre coloniale et ‘raciale’ qui refuse de dire son nom » (Sarah Hatchuel, Nathalie Vienne-Guerrin, Victoria Bladen, Shakespeare on Screen : Macbeth, Universités de Rouen et du Havre, 2014).
1960* (tv+ciné) Macbeth (US/GB) de George Schaefer
Phil C. Samuel, George Schaefer, Sidney Kaufman/Grand Prize Films-Hallmark Hall of Fame Productions (NBC 20.11.60), 108 min./tv USA: 80 min. – av. Maurice Evans (Macbeth), Judith Anderson (Lady Macbeth), Michael Hordern (Banquo), Ian Bannen (Macduff), Jeremy Brett (Malcolm), Malcolm Keen (Duncan), Barry Warren (Donalbain), Valerie Taylor, Anita Sharp-Bolster et April Olrich (les trois sorcières).
Une production télévisée de prestige, filmée en Technicolor en juin 1960 avec des extérieurs en Écossse (le château d’Hermitage à Newcastleton) et en Grande-Bretagne. Le succès est si grand que le téléfilm sera aussi exploité en salles aux États-Unis (1963). Schaefer (qui signe l’adaptation avec Anthoy Squire) reprend dans les rôles principaux Maurice Evans et Judith Anderson, comédiens qu’il avait déjà dirigés pour la télévision dans la version Hallmark de 1954 (cf. supra). Pour les cinéphiles, Judith Anderson reste l’inoubliable et terrifiante gouvernante de Rebecca d’Alfred Hitchcock (1940). Le réalisateur décroche le prix de la Director’s Guild of America et son film est invité au Festival de Berlin en 1961 ainsi qu’au Shakespeare Film Festival de Wiesbaden en 1964.
1960(tv) Macbeth (IT) d’Alessandro Brissoni
Radiotelevisione Italiana (RAI), Roma (Programma Nazionale 4.11.60), 128 min. – av. Enrico Maria Salerno (Macbeth), Elena Zareschi (Lady Macbeth), Tullio Carminati (Duncan), Silvano Tranquilli (Malcolm), Manlio Busoni (Banquo), Aldo Giuffré (Macduff), Lucia Catullo (Lady Macduff).
Sean Connery en Macbeth à la télévision canadienne (1961), peu avant sa percée dans le rôle de James Bond.
1961(tv) Macbeth (CA) de Paul Almond
Paul Almond, Robert Allen/Canadian Broadcasting Corporation (CBC 22.1.61), 85 min. – av. Sean Connery (Macbeth), Zoe Caldwell (Lay Macbeth), William Needles (Banquo), Ted Follows (Macduff), Robin Gammell (Malcolm), Powys Thomas (Duncan), Sharon Acker (Lady Macduff), Bernard Behrens (Lennox), Ray Bellew (Donalbain), Natalia Butko, Jacqueline Ivings et Victoria Mitchell (les trois sorcières).
Une curiosité : Sean Connery, fervent patriote écossais mais pas encore une star (il affrontera le Dr. No en James Bond 007 l’année suivante), tourne cette version pour la télévision canadienne à Toronto (Ontario).
1963(tv-mus) Macbeth (DE) de Karl O. Koch
Westdeutscher Rundfunk (WDR 13.10.63), 135 min. – av. Carl Darrow (Macbeth), Erika Wien (Lady Macbeth), Walter Kreppel (Banquo), Herbert Schachtschneider (Macduff), Rolf Scharre (Duncan), Richard Vroomen (Malcolm).
L’opéra de Giuseppe Verdi.
1964(tv) Macbeth (DE) de William Dieterle
Hessischer Rundfunk (Frankfurt am Main) (HR3 17.11.64), 103 min. – av. Hanns Otto Ball (Macbeth), Barbara Rütting (Lady Macbeth), Joachim Böse (Macduff), Hilde Mikulicz (Lady Macduff), Dieter Hufschmidt (Malcolm), Wolfgang Kaven (Donalbain), Otto Mächtlinger (Banquo), Hans Musäus (Duncan), Andromache Anognostopoulos et Ingrid Heitmann (les sorcières).
Captation de la mise en scène du Festival de Bad Hersfeld dont le cinéaste germano-américain Dieterle (The Life of Emile Zola, 1937, The Hunchback of Notre-Dame, 1939, Portrait of Jenny, 1949) assume la direction à son retour en RFA.
1964[Istana berdarah, film malaisien de Hussain Haniff. – av. Yusof Latiff, Salleh Melan, Fatimah Ahmad. – Macbeth transposé à Singapour.]
1966(tv) Macbeth (GB) de Michael Simpson
Série « For School and Colleges » (BBC One 11.+18.+25.10+8.11.66), 4 x 30 min. – av. Andrew Keir (Macbeth), Ruth Meyers (Lady Macbeth), Donald Eccles (Duncan), Anthony Bate (Macduff), Peter Diamond (Macdonald), Patrick Godfrey (Lennox), James Grout (Banquo), Nigel Lambert (Donalbain).
1970(tv) Macbeth (GB) de John Gorrie
Série « Play of the Month », Cedric Messina/BBC Television (BBC One 20.9.70), 120 min. – av. Eric Porter (Macbeth), Janet Suzman (Lady Macbeth), John Alderton (Malcolm), Michael Goodliffe (Duncan), John Thaw (Banquo), John Woodvine (Macduff), Rowena Cooper (Lady Macduff), Robin Browne (Donalbain), Sylvia Coleridge, Daphne Heard et Hilary Mason (les trois sorcières).
Macbeth (Jon Finch), le roi assassin, se fait couronner après avoir posé les pieds sur la pierre sacrée de Scone (1971).
1971*** The Tragedy of Macbeth (Macbeth) (GB/US) de Roman Polanski
Andrew Braunsberg, Timothy Burrill, Hugh M. Hefner/Playboy Enterprises-Caliban Films Ltd.-Columbia Pictures, 140 min. – av. Jon Finch (Macbeth), Francesca Annis (Lady Macbeth), Martin Shaw (Banquo), Nicolas Selby (Duncan), John Stride (Ross), Stephan Chase (Malcolm), Terence Bayler (Macduff), Paul Shelley (Donalbain), Maisie MacFarquhar, Elsie Taylor et Noelle Rimmington (les trois sorcières), Noel Davis (Seyton), Sydney Bromley (Porter), Richard Pearson (le médecin), Keith Chegwin (Fleance), Andrew Laurence (Lennox), Bernard Archard (Angus), Bruce Purchase (Caithness), Frank Wylie (Menteith), Diane Fletcher (Lady Macduff), Mark Dightam (son fils), Vic Abbott (Cowdor), Michael Balfour et Andrew McCulloch (les assassins), Patricia Mason.
À ce jour peut-être la plus satisfaisante adaptation du drame, avec le film de Justin Kurzel (2015) et, dans un registre très à part, de la version d’Orson Welles (1948). Traumatisé suite au meurtre sauvage de son épouse Sharon Tate, enceinte, et de ses amis par la secte satanique de Charles Manson en août 1969, Roman Polanski surmonte tant bien que mal son état dépressif en s’attelant à une adaptation quasi thérapeutique de Macbeth à laquelle collabore son ami, le critique de théâtre Kenneth Tynan, spécialiste du Barde et directeur du Royal National Theatre à Londres. Depuis qu’il a découvert, adolescent fasciné, le Hamlet cinématographique de Laurence Olivier (1948), film revu, dit-il, plus d’une vingtaine de fois, il rêve de porter à l’écran une pièce de Shakespeare. Le cinéaste de Rosemary’s Baby peine toutefois à décrocher un financement ; Paramount, Universal et MGM se désistent, mais Hugh Hefner, le patron hédoniste du magazine Playboy qui vient de créer un département de cinéma au sein de son empire, accepte de produire le film en investissant 60% du budget (3,1 millions $).
Polanski opte pour le grand spectacle, aussi visuel et aussi peu théâtral que possible (les monologues sont tous mentaux), d’où le soin apporté à la reconstitution inhabituellement minutieuse des coutumes (la pierre de Scone au couronnement), des décors, costumes, armes et accessoires médiévaux du XIe siècle, à la figuration importante, au naturalisme cru et à la violence graphique des combats ; l’affrontement final entre Macbeth et Macduff (5 minutes) dans la cour du château de Dunsinane qui se termine par une spectaculaire décapitation est d’un vérisme saisissant, très loin des coups de rapière d’un Errol Flynn. Le cinéaste détaille l’assassinat de Duncan comme de Banquo, scènes en coulisses, seulement décrites dans la pièce, et le bain de sang lors du massacre de Lady Macduff, de ses enfants et de toute sa maisonnée à Fife évoque irrésistiblement celui de Sharon Tate, tandis que tueries collectives, exécutions et cruautés diverses – les chiens lâchés contre un ours enchaîné, le cauchemardesque sabbat des sorcières nues et obscènes – qui se succèdent font écho aux graves turbulences politiques de la décennie (assassinats des Kennedy, de Martin Luther King, guerre du Vietnam). Le vent, la pluie diluvienne, les éclairs, la musique folklorique mais parcimonieuse du Third Ear Band rythment les images. Souvent, le souci profond du détail et le réalisme exacerbé de Polanski défient les pudibonderies de la censure, car au Moyen Âge, par exemple, les nobles dormaient nus sur la paille, entourés d’animaux domestiques. Toutefois, cette vision paroxystique reste toujours très respectueuse du texte, et s’il arrive au cinéaste de jouer avec l’outrance, frôlant à l’occasion le Grand-Guignol, l’inventivité de sa mise en scène et la splendeur insolente de ses images confèrent un souffle rare à cette lugubre tragédie, contée par une caméra agile, nerveuse, parfois portée à la main. Le film se termine par une scène inédite (et muette) dans laquelle Donalbain, frère cadet de Malcolm, l’héritier du trône, va consulter à son tour les trois sorcières : une conclusion inquiétante sinon pessimiste reflétant un climat de trahison sans fin. Ainsi, l’illusion trompeuse des prédictions côtoie la sombre réalité du pouvoir.
Les nuits de Macbeth et son épouse baignent dans le sang de leurs victimes jusqu’au dénouement.
 Comme le relève Jan Kott dans son Shakespeare, notre contemporain (1962), cette pièce qui commence et s’achève par un carnage n’est ni la tragédie de l’ambition ni celle de la peur : elle a pour seul thème le meurtre, au cœur d’un monde noyé dans le sang. C’est un univers obsessionnel, aux nuits dont le sommeil a été chassé, envahi par l’idée du meurtre et la peur du meurtre. Aux reproches d’un excès de brutalités et d’hémoglobine, Polanski répond plus d’une fois « je connais la violence, vous auriez dû voir ma villa en automne dernier... » ou évoque les officiers SS qui ont vandalisé sa demeure familiale quand il était enfant, à Varsovie en 1939, voire les sévices du KGB après la « libération » de sa patrie. De manière générale, il estime, lui aussi, que Macbeth est « une pièce qui baigne dans le sang », et au cinéma, dit-il, ne pas montrer le crime est une couardise, une tricherie, le spectateur doit éprouver le dégout devant le meurtre et l’agonie de la victime. Pour jouer le couple maudit, il envisage d’abord Tuesday Weld (mais elle refuse d’apparaître nue dans la scène de somnambulisme), puis Marianne Faithfull (trop accro à l’héroïne), et face à elles, Timothy Dalton ou Nicol Williamson. En fin de compte, le cinéaste choisit deux interprètes relativement jeunes (moins de 30 ans), quasi inconnus et dont la beauté physique doit contraster avec la malignité de l’âme : ce sont des « gamins peureux », un couple à peine sorti de l’adolescence, elle psychopathe douce et frêle mais rongée par l’ambition, lui d’une monstrueuse naïveté. Enfermés dans leur château, ils suscitent autant qu’ils les subissent hallucinations et cauchemars démentiels. Jon Finch, qui décroche le rôle-titre, vient d’être remarqué dans deux films d’épouvante de la Hammer (The Vampire Lovers de Roy Ward Baker et The Horror of Frankenstein de Jimmy Sangster, 1970) tandis que Francesca Annis en est à ses débuts et n’arrivera en tête d’affiche qu’en 1984 avec Dune, le conte de science-fiction de David Lynch ; Polanski la connaît depuis six ans, l’ayant d’abord choisie en 1965 pour Repulsion, rôle finalement confié à Catherine Deneuve avec qui le cinéaste (qui ignorait encore l’anglais) pouvait converser en français. Le tournage s’opère en écran large Todd-AO 35 de novembre 1970 à avril 1971 (vingt-quatre semaines), d’une part aux studios anglais de Shepperton, d’autre part en extérieurs dans le pays de Galles (château de Harlech [pour Dunsinane], Blaenau Ffesstiniog, Morfa Bycham, Penrhyndeudraeth, Porthmadog, Talsarnau, Black Rock Sands, Parc Nationl de Snowdonia) ainsi que dans le comté de Northumberland (châteaux de Lindisfarne [pour Glamis] et Bamburgh [aussi pour Dunsinane], l’église de St. Aidan à Bamburgh et Haugterslaw près de North Charlton). Les conditions atmosphériques exécrables – il pleut souvent – y retardent le travail et, et à la demande des financiers, le tâcheron Peter Collinson est chargé de finaliser certaines scènes en studio (ce qui ne se fera pas, les acteurs s’y opposant) ; les aléas météorologiques transforment les décors naturels en bourbier, mais leur confèrent en même temps un supplément de réalisme dont Polanski sait brillamment user.
Sorti en décembre 1971 à New York, le film est un grave échec public aux USA, où les spectateurs se montrent soit choqués soit indifférents : Shakespeare reste un plaisir pour les « cultivés » qui vont au théâtre, et ceux-ci boudent facilement le cinéma qui s’en inspire. Agacés par les insolences de ce Polonais exilé, les plumitifs de service se font la tâche facile en ironisant sur la présence « dévalorisante » au générique du patron de Playboy et de Kenneth Tynon, auteur de la revue théâtrale érotique O Calcutta ! (d’où la nudité) et évoquent systématiquement les tueurs-es de Manson ou le diabolique bébé de Rosmary pour expliquer l’hécatombe et le surnaturel horrifique du film, oubliant que ces éléments sont tous ancrés dans la pièce et dans son contexte historique. Pourtant, au même moment, des films aussi controversés et aussi violents que A Clockwork Orange de Stanley Kubrick ou Straw Dogs de Sam Peckinpah sont encensés. Macbeth est projeté hors compétition au Festival de Cannes 1972, obtient un BAFTA Award pour les costumes tandis que le National Board of Review lui décerne deux prix (catégorie « meilleur film » et « un des dix meilleurs films de l’année »). Malgré une carrière honorable en Europe, la production comptabilise une lourde perte de 3,5 millions de $ et l’industrie du cinéma évite dorénavant les drames de Shakespeare comme la peste : Kenneth Branagh devra attendre dix-huit ans avant de pouvoir réaliser son Henry V. Revu aujourd’hui, le film de Polanski a fort bien vieilli. Les critiques de la nouvelle génération et plusieurs cinéastes réputés comme John Sayles s’en sont fait les ardents défenseurs, affirmant qu’au vu de ses qualités artistiques et de sa grande fluidité narrative, on pourrait croire, par moments, que Shakespeare a conçu son œuvre plutôt comme un film que comme une pièce de théâtre. Un compliment de taille.
1972(tv-mus) Macbeth (GB) de Michael Hadjimischev (th) et David Heather (tv)
Humphrey Burton Prod.-Southern Television (ITV), 148 min. – av. Kostas Paskalis (Macbeth), Josephine Barstow (Lady Macbeth), James Morris (Banquo), Keith Erwen (Macduff), Ian Caley (Malcolm).
L’opéra de Giuseppe Verdi joué au festival de Glyndebourne (East Sussex).
1975(tv) Macbeth (IT) de Franco Enriquez
(RAI due 20.+21.2.75), 60 + 77 min. – av. Glauco Mauri (Macbeth), Valeria Moriconi (Lady Macbeth), Gianni Giuliano (Malcolm), Carlo Hintermann (Duncan), Gianni Cavina (Banquo), Odino Artiolo (Donalbain), Franco Alpestre (Macduff).
1976(tv-mus) Macbeth (IT) de Giorgio Strehler (th) et Carlo Battistoni (tv)
Teatro alla Scala-Radiotelevisione Italiana (RAI 1.76), 154 min. – av. Piero Cappuccilli (Macbeth), Shirley Verrett (Lady Macbeth), Nicolai Ghiaurov (Banquo), Veriano Luchetti (Macduff), Antonio Savastano (Malcolm).
La mise en scène de l’opéra de Giuseppe Verdi à la Scala de Milan, dans une mise en scène du légendaire Giorgio Strehler et une direction musicale de Claudio Abbado.
1979* (tv) Macbeth / A Performance of Macbeth (GB) de Trevor Nunn (th) et Philip Casson (tv)
Trevor Nunn, Verity Lambert/Royal Shakespeare Company-Thames Television (ITV 4.1.79), 145 min. – av. Ian McKellen (Macbeth), Judi Dench (Lady Macbeth), Roger Rees (Malcolm), Bob Peck (Macduff), Griffith Jones (Duncan), John Woodvine (Banquo), Susan Drury (Lady Macduff), Greg Hicks (Donalbain).
Une mise en scène mémorable de Trevor Nunn sur une scène tournante, sans public, la caméra fixée sur Sir Ian McKellen et Dame Judi Dench, exceptionnels dans leurs rôles. Le tournage a lieu sur le planches de The Other Place (Royal Shakespeare Company) à Stratford-upon-Avon.
1981(vd) Macbeth (US) d’Arthur Alan Seidelman
Bard Productions Ltd. (The Bard Series)-Century Home Video, 132 min. – av. Jeremy Brett (Macbeth), Piper Laurie (Lady Macbeth), Simon MacCorkindale (Macduff), Allan Oppenheimer (Duncan), Barry Primus (Banquo), Richard Alfieri (Malcolm), Millie Perkins (Lady Macduff).
1982(tv) Macbeth (US) de Sarah Caldwell (th) et Kirk Browning (tv)
Lincoln Center for the Performing Arts New York (Alpha Repertory TV Service, 3.3.82), 148 min. – av. Philip Anglim (Macbeth), Maureen Anderman (Lady Macbeth), J. Kenneth Campbell (Macduff), John Vickery (Malcolm), Fritz Sperberg (Banquo), Kelsey Grammer (Lennox).
Enregistré au Vivian Beaumont Theatre (Lincoln Centre for the Performing Arts).
1982(tv) Macbeth (HU) de Béla Tarr
Magyar Rádió és Televizi (Budapest) (MRT 16.3.83), 72 min. – av. Gyórgy Cserhalmi (Macbeth), Erzsébet Kutvölgyi (Lady Macbeth), István Dégi, István Dégi, Imre Csuja, Gyula Maár, Attila Kaszás, Géza Rácz, Ferenc Bencze.
Une curiosité du cinéaste hongrois, connu pour ses audaces, ses provocations et son goût de l’expérimentation extrême. Son Macbeth télévisé ne comporte que 2 plans, le premier (avant le générique) de 5 minutes, le second de 67 minutes ! Un film clivage dans son œuvre, rarement vu, projeté en hommage lors de rétrospectives au Museum of Modern Art (octobre 2001) et au Festival international de Moscou (2011).
1983(tv) Macbeth (GB) de Jack Gold
« The Shakespeare Plays », Shaun Sutton/BBC-Time Life Television Productions (BBC 5.11.83), 148 min. – av. Nicol Williamson (Macbeth), Mark Dignam (Duncan), Jane Lapotaire (Lady Macbeth), James Hazedine (Malcolm), Ian Hogg (Banquo), Tony Doyle (Macduff), Alistair Henderson (Fleance), John Rowie (Lennox), Tim Bowles (Donalbain), Jill Baker (Lady Macduff), Brenda Bruce, Eileen Way et Anne Dyson (les trois sorcières).
1987** Macbeth (FR/IT/DE/US) de Claude d'Anna
Henry Lange, Pierre Drouot, Christine Jimenez/Dedalus-S.F.P.C.-TF1 Films Production-Unitel-ACE, 133 min. – av. Leo Nucci (Macbeth), Shirley Verrett (Lady Macbeth), Antono Barasorda (Malcolm), Philippe Volter [voix : Veriano Luchetti] (Macduff), Johan Leysen [voix : Samuel Ramey] (Banquo), Nicolas Sansier (Fleance), Grégoire Baldari, Anna Caterina Antonacci, Sergio Fontana.
Le cinéaste français Claude d’Anna crée une somptueuse version filmée de l’opéra de Giuseppe Verdi, accompagnée par l’orchestre et le chœur du Théâtre communal de Bologne (dir. Riccardo Chailly). Shirley Verrett, la tigresse afro-américaine, et Leo Nucci, le lion d’Emilie Romagne, sont les atouts de ce film-opéra sorti à la suite du Don Giovanni de Joseph Losey (1978), de La Traviata de Franco Zeffirelli (1982) et de Carmen de Francesco Rosi (1983) où d’Anna présente Macbeth comme un impuissant que sa compagne contrôle par le sexe et pousse au crime. Tout le film porte l’empreinte de la mort, qui surprend et frôle le passant. Le décor est ruisselant, sombre, sale, envahi peu à peu par les rats et les sorcières, des corps en décomposition de soldats trucidés jonchent la route de Macbeth dans le prélude d’ouverture. Des sorcières, on ne voit que le blanc de leurs yeux et le rouge de leurs lèvres qui s’entrouvrent en découvrant leurs mâchoires à demi édentées ; elles guettent, faisant leur sarabande sous le château de Macbeth, dans des images d’un bleu glacial. Les extérieurs sont tournés au château fort de Bouillon dans les Ardennes belges, jadis le fief du croisé Godefroy de Bouillon. Film présenté hors compétition en ouverture du festival de Cannes (1987). En 2000, d’Anna mettra en scène l’opéra de Verdi au Teatro Massimo Bellini de Catane.
1987(tv-mus) Macbeth (DE/GB/FR) de Luca Ronconi (th) et Brian Large (tv)
RM Arts-ZDF-La Sept, 149 min. – av. Renato Bruson (Macbeth), Mara Zampieri (Lady Macbeth), James Morris (Banquo), Dennis O’Neill (Macduff), Goetz Rose (Duncan), David Griffith (Malcolm), Claus Endisch (Fleance).
L’opéra de Giuseppe Verdi représenté à la Deutsche Oper Berlin.
1997Macbeth (GB) de Jeremy Freeston [et Brian Blessed]
Cromwell Productions Ltd.-Lamancha Productions-Grampian Television-SBL-Shakespeare Memorial Theatre Company, 129 min. – av. Jason Connery (Macbeth), Helen Baxendale (Lady Macbeth), Graham McTavish (Banquo), Kenny Bryans (Macduff), Ross Dunsmore (Malcolm), John Corvin (Duncan), Brian Blessed (Edward le Confesseur, roi d’Angleterre).
Une version « celtique » du drame shakespearien, financé par des donateurs en Écosse (500'000 $), avec le fils de Sean Connery dans le rôle-titre (Sean interpréta Macbeth à la télévision canadienne en 1961, cf. supra). La production est filmée en Écosse (au Blackness Castle, Falkirk, et à l’abbaye de Dunferline) avec tout le folklore des lieux et en Angleterre (château de Warwick, Warwickshire). Le film connaît une exploitation limitée en salle en Grande-Bretagne et ne sortira qu’en vidéo aux États-Unis. Une curiosité : le personnage d’Édouard le Confesseur, roi d’Angleterre (v.1004-1066) et fondateur canonisé de l’abbaye de Westminster, est mentionné dans la pièce de Shakespeare mais n’y apparaît pas ; ici il est joué par Brian Blessed, géant corpulent de nombreux films d’aventures (le père de Kevin Costner dans Robin Hood, Prince of Thieves).
1998(tv) Macbeth (CA) de Michael Bogdanov
Channel Four Films-English Shakespeare Company (Granada Television 15.1.98). – av. Sean Pertwee (Macbeth), Greta Scacchi (Lady Macbeth), Lorcan Cranitch (Macduff), Jack Davenport (Malcolm), Michael Maloney (Banquo), Philip Madoc (Duncan), Dorian Lough (Seyton), Ruth Gemmell (Lady Macduff).
2001[Makibefo, film anglo-franco-malgache d’Alexander Abela. – av Martin Zia, Neoliny Dety, Victor Raobelina. – Macbeth transposé dans un village de pêcheurs du sud de Madagascar, parlé malgache.]
2002[Yellamma, film indien de Mohan Koda. – av. Nasser, Revathy, Sonali Kulkarni. – Macbeth transposé dans l’Andhra Pradesh (sud de l’Inde), parlé telugu.]
2004[Macbeth, film suédo-norvégien de Bo Landin et Alex Scherpf. – av. Toivo Lukkari, Anitta Suikkari. – Transposition en Laponie, parlé sámi.]
2011(vd+ciné) Macbeth (GB) de Phyllida Loyd (th) et Sue Judd (tv)
Royal Opera House (London)-EMI Classic, 170 min. – av. Simon Keenlyside (Macbeth), Liudmyla Monastyrska (Lady Macbeth), Raymond Aceto (Banquo), Steven Ebel (Malcolm), Dimitri Pittas (Macduff), Ian Lindsay (Duncan).
L’opéra de Giuseppe Verdi au Royal Opera Hous à Covent Garden dans une mise en scène de Phyllida Lloyd, la réalisatrice féministe « dans le vent » de la comédie musicale Mamma Mia ! (2008) et du biopic The Iron Lady (2011), deux films portés par Meryl Streep.
Le couple Macbeth (Michael Fassbender et Marion Cotillard) aux funérailles de leur enfant (2015).
2014/15* Macbeth (GB/FR/US) de Justin Kurzel
Iain Canning, Laura Hastings-Smith, Emile Sherman, Andew Warren/See-Saw Films (London-Sydney)-DMC Film-Anton-Film 4-Creative Scotland-StudioCanal (Paris), 113 min. – av. Michael Fassbender (Macbeth), Marion Cotillard (Lady Macbeth), Sean Harris (Macduff), Elizabeth Debicki (Lady Macduff), David Thewlis (Duncan), Jack Reynor (Malcolm), Paddy Considine (Banquo), Lochlann Harris (Fleance), Hilton McRae (Macdonwald), David Hayman (Lennox), Kayla Fallon, Lynn Kennedy et Seylan Baxter (les trois sorcières), Amber Rissmann (l’enfant sorcière), Brian Nickels (la Thane de Cawdor), James Harkness (Angus), Ross Anderson (Rosse), Scott Dymond (Seyton), Maurice Roëves (Menteith), Jack et Frank Madigan (Macbeth enfant).
À instigation de Iain Canning, producteur de The King’s Speech (2011), l’adaptation cinématographique très prometteuse du drame est proposée à l’athlétique comédien germano-irlandais Michael Fassbender qui se fit jadis remarquer en guerrier spartiate dans le péplum 300 de Zack Snyder (2007), puis, plus récemment, en ignoble esclavagiste dans Twelve Years a Slave de Steve McQueen (2013). Tous deux choisissent Justin Kurzel comme réalisateur, un Australien dont le premier long métrage, l’éprouvant Les Crimes de Snowtown (2011), s’attache à la séduction du Mal, illustrant la perversion d’une famille au nom d’une prétendue pureté. Devenue une star internationale, la Française Marion Cotillard (rôle d’Édith Piaf dans La Môme, 2007, Midnight in Paris de Woody Allen, 2011) décroche le rôle de Lady Macbeth en remplacement de Natalie Portman et malgré son léger accent, crédible car l’ancienne noblesse écossaise avait des liens étroits avec la France. Le tournage s’effectue en trente-six-jours, de février à avril 2014, entièrement en extérieurs et dans des conditions climatiques extrêmes ; on filme dans les landes d’Écosse (Sligachan Glen, Old Man of Storr, Glen Brittle, The Quiraing sur l’île de Skye dans les Hébrides), en Angleterre au château de Bamburgh (Northumberland), à Hankley Common à Elstad (Surrey) puis dans la cathédrale d’Ely (Cambridgeshire) dont l’intérieur est transformé en salle du palais royal.
Le scénario rend le couple des Macbeth psychiquement plus fragile et sa dérive maléfique plus plausible en commençant par l’enterrement de leur enfant en bas âge (rajout apocryphe). Ils forment un couple uni pour le pire, effondré, qui cherche à combler un vide en prenant sa revanche sur ce coup du sort. Ainsi, « le leitmotiv de l’enfant et de l’héritier absent, apparition spectrale qui vient les hanter ou rival trop réel [Fleance] à éliminer, devient omniprésent » (Norbert Creutz). Pour Kurzel, Macbeth souffre en outre d’un désordre post-traumatique aggravé par la guerre civile contre le traître Macdonwald, bataille qu’il gagne non sans peine au nom de Duncan et au cours de laquelle plusieurs combattants à peine adolescents périssent. Il y a chez cette brute en gambison (pourpoint rembourré en coton épais), cheveux fous, l’épée fixée au dos, chez ce tyran par obligation un enfant qui sommeille, une candeur secrète qui le pousse à croire aux contes qu’on lui narre. Quant à son épouse vipérine, elle s’adonne au culte des forces démoniaques (« venez, esprits qui nourrissez les pensées meurtrières » susurre-t-elle accroupie au sol d’une église), puis, devenue folle, se poignarde après avoir assisté à l’atroce mise à mort de Lady Macduff et de ses trois enfants, brûlés vifs sur le bûcher. À la fin du drame, au lieu des arbres qui se déplacent comme l’avaient prédit les sorcières, vision annonçant l’avancée de l’armée ennemie, Kurzel a imaginé un incendie qui amène la forêt de Birran sous forme de cendres, embrase les cieux et enflamme le château, cadre apocalyptique pour le duel final. Dans la pièce, Macbeth est décapité par Macduff. Pas dans le film où, mort, le roi monstrueux reste agenouillé, la tête basse, sur un champ de bataille que voile un intense brouillard dans lequel se sont effacés guerriers, sorcières et maléfices.
Fassbender et Marion Cotillard sont des silhouettes fortes, hiératiques, comme enveloppées dans les superbes panoramas désertiques des Highlands écossais qui offrent la seule et rare source de lumière du film ; les intérieurs, à peine visibles, sont éclairés par quelques torches ou bougies. Le combat entre l’obscurité des décors et le rouge des meurtres en est d’autant plus saisissant. On vit dans les fourrures, la couronne royale est faite d’os, on court à la bataille en désordre, la face peinturlurée, en hurlant, en grimaçant dans un staccato de clichés ultraviolents qui rappelle la brutalité de blockbusters récents comme Mad Max, Braveheart ou Lord of the Rings, avec giclures de sang à gogo et chairs ouvertes. Les échauffourées guerrières souffrent hélas de tous les maniérismes à la mode, réduites qu’elles sont à une suite ininterrompue de ralentis et de temporalité chamboulée dont l’esthétique masque mal la gratuité. De temps à autre, le goût des effets visuels digitalisés (avec d’interminables plans silencieux) et la musique pseudo-folklorique de Jed Kurzel, frère de Justin, handicapent la narration, mais cette stylisation excessive ne va heureusement pas jusqu’à étouffer le texte, pourtant sérieusement écourté. On ne sera pas étonné d’apprendre qu’en 2016, le quatuor Fassbender-Cotillard-Kurzel-Arkapaw (photo) enchaînera avec le blockbuster Assassin’s Creed, fantaisie uchronique bruyante inspiré d’un jeu vidéo et qui fera un flop. Macbeth est sélectionné au Festival de Cannes 2015 et décroche six nominations aux British Independant Film Awards. Malgré un accueil critique en général assez positif, le film passe inaperçu lors de son exploitation en salles et perd de l’argent (16 millions $ de recettes sur un investissement de 20 millions $), confirmant en quelque sorte la malédiction qui pèse sur cette tragédie de Shakespeare à l’écran.
2015[A Floresta Que Se Move, film brésilien de Vinicius Coimbra. – av. Gabriel Braga Nunes, Ana Paula Arosio. – Macbeth à Rio de Janeiro.]
2020/21** (tv) The Tragedy of Macbeth (US) de Joel Coen
Joel Coen, Scott Rudin/Scott Rudin Productions (Apple TV 14.1.22). – av. Denzel Washington (Macbeth), Frances McDormand (Lady Macbeth), Brenand Gleeson (Duncan), Corey Hawkins (Macduff), Moses Ingram (Lady Macduff), Harry Melling (Malcolm), Lucas Barker (Fleance), Kathryn Hunter (les trois sorcières), Ralph Ineson, Brian Thompson, Alex Hassell (Ross), Sean Patrick Thomas (Monteith), Miles Anderson (Lennox), James Udom (Seyton), Matt Helm (Donalbain).
Un projet solo de Joel Coen, réalisé pour la première fois sans son frère Ethan, et avec Frances McDormand, l’épouse de Joel. L’Afro-Américain Denzel Washington fait Macbeth. "Les personnages sont plus âgés que dans d'autres adaptations de la pièce", précise Coen, "les Macbeth ont traversé les tempêtes, ils n'ont pas d'enfants et ne peuvent imaginer en avoir, leur ambition est teintée de désespoir ... ils sont tourmentés par la fuite du temps". Le cinéaste conçoit la pièce comme le pur ancêtre des romans noirs américains, les "thrillers" de Dashiell Hammett et James McCain. Noir et blanc soigné (références: Murnau, Les Nibelungen de Lang, Night of the Hunter de Charles Laughton), acteurs en gros plans, décors minimalistes qui tendent à l'abstraction, refus de tout réalisme, plongée dans un monde onirique. Pour les décors, pas de château mais l'idée d'un château, pas une lande, mais l'idée d'une lande, des paysages à la géométrie mystérieuse où le texte résonne avec une rare intensité, mêlé visuellement à l'angoisse des contes gothiques. Le film est entièrement tourné à Los Angeles, notamment aux studios de la Warner Bros. à Burbank. À la fin mars 2020, le tournage est stoppé en raison de la pandémie de Covid-29, puis reprend et s’achève à la fin juillet. Un bref triomphe aux festivals de Londres et de New York, puis, hélas, la cage des programmations télévisuelles.