I - LA FRANCE

3. LOUIS XIV, LE "ROI-SOLEIL" (1661 à 1715)

3.3. "Angélique, marquise des Anges" de Serge et Anne Golon

série de 13 romans de Serge et Anne Golon (commencée en 1957) : les mésaventures d’Angélique de Sancé de Monteloup, amoureuse dépitée, femme rebelle, épouse révoltée et veuve entreprenante. Traduction en 159 langues pour 80 millions de lecteurs. Les cinq films de cape et d'épée à l'eau de rose avec la pulpeuse Michèle Mercier, tous signés Bernard Borderie, attirent à leur tour 11 millions de Français dans les salles.
1964Angélique, marquise des Anges / Angélique / Angelica (FR/DE/IT/ES) de Bernard Borderie 
B. Borderie, Francis Cosne, Ottavio Poggi/Franco London Films-Francos Films (Paris)-CICC Films (Paris)-Les Films Borderie-Gloria Film GmbH München-Liber Film Roma-Pro Artis Ibérica, 115 min. – av. Michèle Mercier (Angélique Sancé de Monteloup), Robert Hossein (Joffrey de Peyrac), Jean-Louis Trintignant (le poète crotté), Madeleine Lebeau (la Grande Mademoiselle), Jacques Toja (Louis XIV), Robert Porte (Philippe d’Orléans, frère du roi), François Maistre (prince de Condé), Claire Athana (la reine Marie-Thérèse d’Espagne), Giuliano Gemma (Nicolas Merlot dit Calembredaine), Jean Rochefort (l’avocat François Desgrez), Claude Giraud (Philippe de Plessis-Bellières), Jacques Castelot (l’archevêque de Toulouse), Bernard Woringer (Bernard d’Andijos), Jean Ozenne (marquis de Plessis-Bellière), Bernard Lajarrige (baron Sancé de Monteloup, père d’Angélique).
« Vignette érotique des années soixante, Michèle Mercier se dénude et se rhabille : voilà toute l’action. Une poupée chiffonnée, lutinée, rudoyée par une kyrielle de soupirants libidineux et rigolos, parmi lesquels le Roy en personne, moustache coquine en permanente impeccable… » (Télérama, 11.4.07). Une mise en scène plate et purement illustrative, une reconstitution de photo-roman. Synopsis: Lors d’une visite chez ses cousins, les Plessis-Bellières, Angélique Sancé de Monteloup découvre un terrible complot fomenté par plusieurs grands du royaume, dont le prince de Condé et des membres de la Fronde, visant à empoisonner au vitriol le futur Roi Soleil. Elle cache et garde les preuves de la trahison, mais ses proches l’envoyent dans un couvent pour éviter d’être assassinée. A sa sortie quatre ans plus tard, Angélique se voit mariée par son père, ruiné, au riche comte de Toulouse, Joffrey de Peyrac, un gentilhomme boiteux et défiguré par une cicatrice. Le mariage se fait par procuration, à travers Bernard d’Andijos. La laideur de Peyrac ne lui inspire d’abord que répulsion, mais elle apprend à le connaître et à l’aimer, ils ont deux enfants. De retour de Saint-Jean-de-Luze où il a épousé l’infante d’Espagne Marie-Thérèse, Louis XIV s’arrête au château de Peyrac. La fortune et la beauté de l’épouse de son hôte suscitent l’envie du roi qui fait embastiller Peyrac, accusé de sorcellerie (il pratique l’alchimie). Angélique se rend à Paris, refuse les avances du monarque, échappe à des attentats hors du Louvre menés par les comploteurs d’antan et charge l’avocat François Desgrez de défendre son époux. Les témoins de la défense disparaissent, l’avocat est arrêté à son tour. Peyrac est condamné à mort au cours d’un simulacre de procès et brûlé vif en place de Grève. Anéantie, Angélique rejoint le repaire de Nicolas Merlot, un brigand, ami d’enfance et ancien amoureux.
Tournage en Dyaliscope et Eastmancolor en Bourgogne, à l’abbaye de Fontenaye (Côte d’or), à Ancy-le-Franc (Yonne), au château de Marigny-le-Cahouët (Côte d’or), à Pérouges (Ain), aux châteaux de Tanlay (Yonne) et d’Esclimont (Yvelines), à Versailles (Bassin de Latone, Tapis vert, cour du château), à Montbard, dans la carrière de Marmagne et aux studios de Boulogne et de Cinecittà. Le rôle, exposition d’une sensualité facile et envahissante, a été conçu à l’origine par Roger Vadim pour Brigitte Bardot, qui le refusa sur un coup de tête. Le film fait un carton d’audience dans toute l’Europe, avec 3 millions de spectateurs en France seulement, plus de 3 millions en RFA (prix « Goldene Leinwand – L’Écran d’or » 1966) et une recette record de 1,2 milliards de lires en Italie. Pourtant, la co-romancière Anne Golon gardera longtemps un goût amer de cette transposition à l'écran: "Ça a été une tragédie, dit-elle. Le scénariste (Pascal Jardin) a choisi les extraits des livres qu'il jugeait forts. A ses yeux, Angélique était une petite pute. La production a engagé une actrice très belle, mais qu'on a enfermée dans un rôle de nunuche." Enfermée dans son rôle, Michèle Mercier va voir sa carrière rapidement péricliter.
1964Merveilleuse Angélique / Angélique 2. Teil / La meravigliosa Angelica (FR/DE/IT) de Bernard Borderie 
B. Borderie, Francis Cosne/ Francos Films (Paris)-CICC Films (Paris)-Les Films Borderie-Gloria Film GmbH München-Fono Roma-S.N Prodis, 105 min. – av. Michèle Mercier (Angélique de Peyrac), Claire Morier (Ninon de Lenclos), Giuliano Gemma (Calembredaine alias Nicolas Merlot), Claude Giraud (Philippe de Plessis-Bellières), Jean-Louis Trintignant (Claude Le Petit), Jacques Toja (Louis XIV), Jean Rochefort (Desgrez), Charles Régnier (Conan Becker), Serge Marquand (Jactance), François Maistre (prince de Condé).
Son inestimable Joffrey ayant été occis en place de Grève, Angélique, décidée de venger son époux, confie ses deux enfants à une femme sûre et traîne misère auprès de la gueuserie parisienne où elle grimpe l’échelle sociale d’amant en amant. Tournage : Abbaye de Fontenay (Côte d’or), Marigny-le-Cahouet (id.) et Cinecittà. Prix « Goldene Leinwand » 1967 en RFA (plus de 3 millions de spectateurs).
1965Angélique et le Roy / Angélique und der König / Angelica alla corte del re (FR/DE/IT) de Bernard Borderie 
B. Borderie, Francis Cosne/ Francos Films (Paris)-CICC Films (Paris)-Les Films Borderie-Gloria Film GmbH München-Liber Film Roma, 104 min. – av. Michèle Mercier (Angélique de Peyrac), Robert Hossein (Joffrey de Peyrac), Sami Frey (Bachtiary Bey), Jean Rochefort (Desgrez), Jacques Toja (Louis XIV), Estella Blain (Mme de Montespan), René Lefevre (Colbert), Joëlle Bernard (La Voisin), Claire Athana (la reine, Marie-Thérèse), Claude Giraud (Philippe de Plessis-Belllières), Fred Williams (prince Vladimir Stanislas Racoczi).
A peine veuve du maréchal Plessis-Bellières, Angélique est mandée par Louis XIV pour amadouer Bachtiary Bey, l’ambassadeur de Perse qui tombe sous son charme… Mais Joffrey de Peyrac refait surface, c’est un homme déjà mort qui a été brûlé à sa place. – L’épisode reprend la fameuse « affaire des poisons ». Tournage : châteaux de Chantilly (Oise), d’Esclimont (Eure-et-Loir), de Marigny-le-Cahouët (Côte d’or), de Senlis (Oise) et de Versailles, abbaye de Fontenay (Côte d’or), studios d’Epinay et de Cinecittà. Pour cet épisode et les deux suivants, le scénario est du romancier Pascal Jardin. Recettes en Italie : 950 millions de lires. Prix « Goldene Leinwand » 1968 en RFA (plus de 3 millions de spectateurs).
1967Indomptable Angélique / Unbezähmbare Angélique / L’indomabile Angelica (FR/DE/IT/TN) de Bernard Borderie 
B. Borderie, Francis Cosne, François Chavane/ Francos Films (Paris)-CICC Films (Paris)-Les Films Borderie-Gloria Film GmbH München-Fono Film Roma-Termini ABC Tunis, 85 min. – av. Michèle Mercier (Angélique de Peyrac), Robert Hossein (Joffrey de Peyrac), Ettore Manni (Jason), Christian Rode (duc de Vivonne), Roger Pigaut (Pierre Mathieu, marquis d’Escrainville).
Angélique affronte le duc de Vivonne, intendant général des galères et frère de la Montespan, et le marquis corsaire d’Escrainville. Joffrey est vivant, il est devenu le Rescator, pirate redouté, et Angélique écume les mers à sa recherche. Enlevée, violée, battue, vendue sur un marché aux esclaves, mais toujours indomptable. Tournage à Cinecittà, en Sardaigne et en Tunisie, à Sidi Bou Saïd (marché d’esclaves).
1967Angélique et le sultan / Angélique und der Sultan / Angelica e il Gran Sultano (FR/DE/IT) de Bernard Borderie 
B. Borderie, Francis Cosne, François Chavane/Francos Films (Paris)-Cinéphonic Paris-CICC Films (Paris)-Les Films Borderie-KG Divina Film München-Gloria Film GmbH München-Fono Film Roma, 105 min. – av. Michèle Mercier (Angélique de Peyrac), Robert Hossein (Joffrey Peyrac), Jean-Claude Pascal (Osman Ferradji), Aly Ben Ayed (le sultan Moulay El-Raschid), Roger Pigaut (Pierre-Marie d’Escrainville), Jacques Santi (comte de Vateville), Helmut Schneider (Colin-Paturel), Ettore Manni (Jason), Erno Crisa (ambassadeur turc), Wilma Lindamar (Leïla Aïcha), Gaby Mesee (favorite du sultan).
Angélique est, une fois de plus, enlevée, par des barbaresques cette fois, qui la mettent en vente sur le marché aux esclaves d’Alger : elle devient la perle rousse du harem du sultan, mais Joffrey (qui détient le secret de la pierre philosophale) la délivre. Tournage à Cinecittà et en Tunisie (Sidi Bou Saïd, ribat de Monastir, amphithéâtre d’El Jem, corbeille de Nefta, baie de La Marsa). Un sixième volet de la saga, « *Angélique la rebelle / Angélique, die Rebellin » (prod. Divina) est abandonné, le cinquième n'ayant pas eu le succès public escompté.
1967Anjelik Osmani saraylarinda [Angélique dans les palais ottomans] (TR) d’Ülkü Erakalin 
Müfit Ilkiz-Fatih Film. – av. Sevda Ferdag (Angélique de Peyrac), Tamer Yigit (Osman Bey), Turgut Özatay, Kadir Savun, Süha Dogan, Atilla Ergün, Feridun Colgecen. – Le scénariste Bülent Oran reprend les personnages d’Anne et de Serge Golon pour les transporter à Istanbul : prisonnière à la cour des Ottomans, Angélique est sauvée par Osman Bey, qui s’est épris d’elle (refonte des romans « Indomptable Angélique » et « Angélique et le sultan »).
1968Anjelik ve Deli Ibrahim [Angélique et le sultan Ibrahim] (TR) de Süha Dogan 
Müfit Ilkiz-Fatih Film. – av. Sevda Ferdag (Angélique de Peyrac), Tanju Korel (Sahin Bey), Ergun Köknar (le sultan Ibrahim), Güven Erte, Meltem Mete. – Angélique, fort à l’aise en terre ottomane, tourne la tête du sultan Ibrahim (1640/1648). Qui l’eut cru ? A Istanbul, tout est possible.
2012/13*Angélique, marquise des Anges - 1e partie (FR/DE/AT/BE/CZ) d’Ariel Zeitoun 
Emmanuel Jacquelin, A. Zeitoun/A.J.O.Z. Films-Climax Films (Bruxelles)-EuropaCorp (Luc Besson)-France 3 Cinéma-Mona Film-Wally Film (Prag-Barrandov), 113 min. – av. Nora Arnezeder (Angélique de Peyrac), Tomer Sisley (marquis Philippe de Plessis-Bellière), Gérard Lanvin (Joffrey de Peyrac), Olivier Gourmet (l’avocat François Desgrez), Salomé Degeer (Angélique jeune), David Kross (Louis XIV), Mathieu Kassovitz (Nicolas/Calembredaine, roi de la Cour des Miracles), Eric De Staercke (baron de Bancé), John Dobrynine (M. de La Reynie), Jean-Louis Sbille, Patrick Descamps (l'archevêque de Toulouse), Matthieu Boujenah (marquis d'Indigos), Miguel Herz-Kestranek (marquis de Plessis-Bellière père), Julian Weigend (Fouquet), Louis Storme (Colbert), Rainer Frieb (le cardinal Mazarin), Alain Robert (Flipot), Florence Coste (Margot), Michel Carliez (chevalier de Germontaz), Bruno Georis (Gaston), Fabrice Rodriguez (le prince de Condé).
Dans les grandes lignes, l'intrigue est identique à celle de la version de Borderie en 1964, mais la facture est d'une autre trempe! Ariel Zeïton réussit un excellent film de cape et d'épée, bien rythmé, très soigneusement reconstitué, et magnifiquement campé par Nora Arnezeder et Gérard Lanvin. Angélique est enfin représentée en femme intelligente et moderne (et non seulement provocante, niaise, potiche et soumise au désir des hommes), à la joie d'Anne Golon, sa créatrice de 92 ans qui a toujours honni les cinq films interprétés par Michèle Mercier. L'Angélique de Zeitoun colle davantage à l'image de pionnière du féminisme du livre, et Peyrac, plus âgé, plus marqué, est aussi plus convaincant dans son combat pour les Lumières et contre le fanatisme religieux. Signe des temps, l'anticléricalisme est plus virulent, Peyrac lit Copernic, Galilée, les lettres de Ninon de L'Enclos sont cachées à l'intérieur d'une Bible, tout cela à la barbe de la Sainte Inquisition dont le siège est à Toulouse. Co-financé par Luc Besson (Europacorp) pour 15 millions d’euros, ce remake salutairement modernisé est tourné en en octobre-novembre 2012 en Tchéquie (studios Wally Film à Barrandov, Prague, Krivoklat, Kost, Telc, Kromeriz, Pernstejn, Tocnik), en Autriche (Schloss Rosenburg et Eckartsau, Burg Kreuzenstein), en Belgique, aux châteaux d’Attre (Brugelette) et de Beloeil (Hainaut) et en France (châteaux de La Rochefoucauld et de Verteuil).- Initialement (2008), Ariel Zeitoun devait seulement produire le film, la réalisation incombant à Jean-Jacques Annaud (2 longs métrages sont prévus).