I - LA FRANCE

4. LA RÉGENCE DE PHILIPPE, DUC D'ORLÉANS (1715 à 1723)

Cartouche (Jean-Paul Belmondo) demande des comptes à l’aristocratie (« Cartouche » de Philippe de Broca, 1961).

4.2. Cartouche, le bandit

Louis-Dominique Bourguignon, dit Cartouche (1693-1721). - Dépouillant toutes les célébrités du royaume (entre autres Charles de Rohan), ses exploits audacieux font rire le Régent. Dénoncé par ses propres hommes, il meurt sur la roue.
1909Cartouche, roi des voleurs (FR)
Pathé Frères S.A. (Paris) no. 2654, 295 m.
1911Cartouche (FR) de Gérard Bourgeois 
Henri Joseph Joly/Société des Phonographes & Cinématographes Lux (Paris).
1934Cartouche (FR) de Jean Daroy 
Films A.L.B., 91 min. – av. Paul Lalloz (Cartouche), Jacqueline Mignac (Anne Saint-Serge), Lucien Blondeau (capt. Saint-Serge), Léna Roussika (bohémienne), Lucas Gridoux, Mila Parély (Jeanneton). – Tournage dans le Nivernais, les parages de Nevers et aux studios de Neuilly.
1948 [sortie : 1950]Cartouche, roi de Paris (FR) de Guillaume Radot 
Radot-Midi Cinéma Location, 80 min. – av. Roger Pigaut (Cartouche), Jean Davy (Philippe d’Orléans, le régent), Renée Devillers (comtesse de Barabère), Jacques Castelot (duc de Maine), Pierre Palau (Anselme Bourguignon), Claire Duhamel (Henriette, sa fille), Pierre Stephen (M. de Lignières), René Worms (le cardinal Guillaume Dubois), Jacky Flint (Naïla).
Cartouche ayant révélé au Régent le complot du duc de Maine pour le renverser, il échappe ici au supplice de la roue, c’est un comparse (le comte Horn, espion de Lignières) qui meurt à sa place ! Le bandit est déporté en Louisiane. Tournage aux studios des Buttes-Chaumont.
1953Le avventure di Cartouche / Cartouche (Un émule de Cartouche) (IT/US) de Gianni Vernuccio et Steve Sekely 
Giorgio Venturini-RKO Radio Pictures, 85 min. – av. Richard Basehart (Cartouche, alias le comte Jacques de Maudy), Patricia Roc (Violante), Massimo Serato (duc Henri de Vaubranche), Akim Tamiroff (marquis de Salpière), Isa Barzizza (Lucile).
Accusé d’un crime dont il est innocent, Cartouche retourne à Paris pour démasquer le coupable : un récit échevelé sans rapport avec le légendaire bandit. Tourné en Ferraniacolor dans les studios FERT à Turin (Sekely signe la version internationale).
1961**Cartouche (FR/IT) de Philippe de Broca 
Alexandre Mnouchkine, Georges Dancigers/Les Films Ariane-Filmsonor-Mondex Film-Vidès (Rome), 115 min. – av. Jean-Paul Belmondo (Dominique dit Cartouche), Claudia Cardinale (la gitane Vénus), Odile Versois (Isabelle de Ferrussac), Philippe Lemaire (Gaston de Ferrussac), Jean Rochefort (La Taupe), Jess Hahn (La Douceur), Marcel Dalio (Malichot), Noël Roquevert (sergent recruteur).
A Paris, Cartouche supplante le truand despotique Malichot, chef des « coquillards » dont il ne supporte pas les méthodes injustes et s'engage dans l'armée, le temps d'y dérober la caisse du régiment, mais perd la belle gitane Vénus, qui lui a sauvé la vie lors d’un guet-apens. Le bandit endeuillé se change en justicier: il pare le corps de Vénus de tous les bijoux volés et l’installe dans un carrosse qu’il immerge dans un lac…
Philippe de Broca (dont c’est le quatrième film) récupère Belmondo de son projet avorté des « *Trois Mousquetaires », réunit un gros budget de 400 millions de francs, hérite du scénariste Charles Spaak (responsable de la note antimilitariste qui enfonce un peu des portes ouvertes), mais impose un dialoguiste de son choix, l’éblouissant Daniel Boulanger qui transforme Cartouche en bandit anarchiste, héros d’un film tragi-comique. « Cartouche n’était pas le défenseur de la veuve et de l’orphelin, mais un brigand, précise le cinéaste. S’il prenait l’argent aux riches, c’est simplement parce qu’il n’en trouvait pas chez les pauvres ! » Ayant débuté comme une farce, son film progresse de la pochade au burlesque, puis à la comédie, pour aboutir au drame et à la tragédie, magnifiée par une conclusion à la fois ultra-romantique et désespérée. Broca prévoyait son film comme le premier volet d’un diptyque aux accents de plus en plus lyriques et qui se terminerait par l’exécution de Cartouche, après que celui-ci ait trahit tous ses amis. De quoi désemparer le public du samedi soir, et le succès modéré du film fit qu’il n’y eut jamais de suite. Telle quelle, l’œuvre est inventive, rapide, brillante, parfois proche de « Fanfan la Tulipe » (auquel Broca rend hommage à travers le personnage incarné par Noël Roquevert), mais son arrière-fond mélancolique, son élégance visuelle et la constante présence de la mort lui confèrent une dimension inhabituelle dans le cinéma français, avec des accents dignes des opéras de Verdi. Belmondo, le desperado de la Nouvelle Vague, plus Pierrot le Fou que Robin des Bois, multiplie les exploits acrobatiques au gré de sa fantaisie ou de ses coups de cœur (ses duels ne sont pas loin de valoir ceux d'un Gene Kelly). Tournage en Eastmancolor et Dyaliscope aux studios d’Epinay et en extérieurs à Béziers et Pézenas (Languedoc-Roussillon), à La Couvertoirade et sur le plateau du Larzac (Midi-Pyrénées), au château de Guermantes (Seine-et-Marne), à Hermenonville et Senlis (Oise) et dans la région parisienne.
2000[(tv) Cartouche, prince des faubourgs (FR) d’Eric-Paul Marais et Xavier Giacometti (Teletoon) ; Vif 2.KG-Vif 3.KG-Xilam Animation-Storimages, 26 x 30 min. – Dessin animé.]
2009(tv) Cartouche, le brigand magnifique (BE/FR) mini-série d’Henri Helman 
DEMD Prod.-Espace Image-RTBF (TVB1 10.11.09 / TSR1 21.11.09 / FR2 21.12.09), 101 + 98 min. – av. Frédéric Diefenthal (Cartouche), Juliette Lamboley (Juliette), Estelle Vincent (Isabelle), Gwendoline Hamon (Diane), Grégory Fitoussi (La Reynie), Pierre Gérard (Philippe d’Orléans, le régent), Patrick Fierry (cardinal Guillaume Dubois), François Levantal (marquis d’Argenson, ministre de la Sécurité), Eric Bougnon (La Guigne), Mark Grosy (Timour).
Un film sympathique qui emprunte moins à l'histoire qu'aux relectures contemporaines du mythe, présentant un justicier alerte et impavide, héraut des sans-grades, bien sûr adulé du bas peuple et étonnamment versé dans la diatribe prérévolutionnaire. Comme de bien entendu, les "cartouchiens" ne s'attaquent qu'aux nantis et répugnent à occire des innocents... Tournage en Gironde (châteaux de Roquetaillade à Mazère), à Taillan Médoc, Générac, Frontenac, Hostens et Le Porge), en Aquitaine, à Bordeaux et en Dordogne (châteaux de Bourdeilles, Puyguilhem, Commarques, Hautfort, prieuré de Merlande, Breuil, Sarlat, abbaye de Cadouin, grotte de Castel Merle).