I - LA FRANCE

6. LOUIS XVI (1774 à 1792)

6.7. "Les Deux Orphelines" d'Ennery et Cormon

Mélodrame d'Adolphe Philippe d'Ennery et Eugène Cormon paru en 1874. - En 1783, deux sœurs orphelines, dont l’une, la douce Louise, est aveugle, sont séparées dans le Paris libertin de l’Ancien Régime. Le marquis de Presle, un dépravé, fait enlever la candide Henriette, tandis que Louise, abandonnée, tombe entre les mains de la Frochard, une horrible mégère de la pègre parisienne qui la contraint à mendier. Mais tout finira bien grâce à la vaillance du chevalier de Vaudrey.
1902Duel Scene from « The Two Orphans » (GB) de William Haggar 
Haggar & Sons, 30 m.
1909/10Les Deux Orphelines (FR) d’Albert Capellani 
SCAGL-Pathé Frères no. 1753 (20 tableaux), 2000 m. – av. Gabrielle Rosny, Lucy Fleury, Delphine Renot, Edmond Duquesne, Georges Dorival, Jacques Villa.
1911The Two Orphans (Les deux orphelines) (US) d’Otis Turner et Francis Boggs 
Selig Polyscope Co., 3061 ft./3 bob. – av. Winnifred Greenwood (Louise Girard), Kathlyn Williams (Henriette Girard), Thomas Carrigan (Roger de Vaudrey), Charles Clary (comte de Lignières), Leighton Stark (Jacques Frochard), Rex De Rosselli (marquis de Presle), James O’Burrell (Pierre Frochard), Lillian Leighton (La Frochard). – Tourné aux studios Selig d’Alessandro Street à Los Angeles.
1915The Two Orphans (Les Deux Orphelines) (US) d’Herbert Brenon 
Fox Film, 7 bob. – av. Theda Bara (Henriette Girard), William E. Shay (Roger de Vaudrey), Jean Sothern (Louise Girard), Frank Goldsmith (marquis de Presles), Herbert Brenon (Pierre), Gertrude Berkeley (La Frochard), Sheridan Block (comte de Lignières). – Tourné à Fort Lee, New Jersey, et au Québec (Canada).
1918Le due orfanelle (IT) d’Eduardo Bencivenga 
Caesar Film, 2658 m. – av. Enna Saredo (Louise Girard), Irma Berrettini (Henriette Girard), Guido Trento.
1920Cele doua Orfeline – A ket arva (RO) d’Eugen Janovics 
Transsilvania-Cluj, 3 bob. – av. Lili Poor (comtesse de Lignières), Erzsi Baroti (Henriette Girard), Margit Izsaki (Louise Girard), Ödön Rethely (Roger de Vaudrey), Ferenc Taray, Margit Miklossy (La Frochard).
1921**Orphans of the Storm (Les Deux Orphelines) (US) de David Wark Griffith 
D. W. Griffith Productions-United Artists, 150 min. – av. Lillian Gish (Henriette Girard), Dorothy Gish (Louise Girard), Joseph Schildkraut (Roger de Vaudrey), Frank Losee (comte de Lignières), Katherine Emmett (comtesse de Lignières), Morgan Wallace (marquis de Presle), Lucille La Verne (La Frochard), Monte Blue (Danton), Sidney Herbert (Robespierre), Lee Kohlmar (Louis XVI).
Plutôt que le mélodrame si populaire d’Ennery et Cormon, Griffith voulait d’abord faire un film sur la Révolution française avec Lillian Gish et Monte Blue. Ses banquiers le découragent. Il décide donc de déplacer l’intrigue de la pièce de 1784 à la veille de la Révolution (Henriette et Louise deviennent donc des « orphelines de la tempête ») et introduit des considérations politiques qui lui vaudront quelques altercations avec les distributeurs français (le film sera mutilé et transformé pour ne pas choquer les monarchistes dans l’Hexagone). La vision des événements historiques est schématisée jusqu’au délire : Robespierre représente l’anarchie (et le bolchévisme) : comme Louis XVI, le nouveau tyran ne supporte pas ceux qui pensent autrement que lui. Danton, en revanche, est « l’Abraham Lincoln de France » (un ancien avocat, comme lui), et il rencontre Lafayette et Jefferson à Versailles. C’est Danton qui dirige l’assaut à la Bastille (amalgame avec les Tuileries), tandis que Robespierre attend prudemment l’issue des combats pour intervenir. C’est encore Danton qui, à l’issue d’un vibrant plaidoyer, sauve la tête des deux orphelines et provoque la chute de Robespierre (sic), entraînant l’avènement d’une « véritable démocratie » (re-sic : et Napoléon ?). Un morceau d’anthologie : sa chevauchée digne d’un western à travers Paris est montée en parallèle avec les préparatifs de l’exécution des sœurs (gros plans de plus en plus rapprochés de la main du bourreau qui va actionner la guillotine) ; il parvient bien sûr à empêcher le drame à la dernière seconde.
Pour sa superproduction, Griffith aménage dans ses studios personnels à Mamaroneck (New York) sur un terrain de 5,6 hectares un coin du Jardin du Palais-Royal et surtout la grande Place de la Révolution (l’actuelle place de la Concorde) où se dresse la guillotine ; le Louvre et la Bastille, en revanche, ne sont que des miniatures. Un des plus gros succès commerciaux de Griffith (mais aussi le dernier) : ayant coûté un million de dollars, il en rapportera le double. Ce ne sera toutefois pas assez pour sortir son studio des chiffres rouges. La fougue et la maestria du spectacle, la beauté formelle des compositions, le luxe de détails, le sens inné du décor (l’influence du « Madame Dubarry » de Lubitsch s’y fait sentir), ainsi que la sincérité et l’émotion des sœurs Gish font pardonner et les artifices et les aberrations de l’intrigue. De l’histoire pour rire, mais du grand cinéma.
1923[Povere bimbe ! (Les Deux Orphelines) (IT) de Giovanni Pastrone, Gero Zambuto ; Itala Film Torino, 4296 m. – av. Linda Pini (Henriette Girard), Franz Sala (Jacques Frochard), Fernanda Fassy (Louise Girard), Lido Manetti (Roger de Vaudrey), Ettore Piergiovanni (Pierre Frochard), Léonie Laporte (La Frochard), Gero Zambuto (Anatole Guichet). – Action transposée au XIXe siècle.]
1933Les Deux Orphelines (FR) de Maurice Tourneur 
Pathé-Natan, 87 min. – av. Rosine Deréan (Louise Girard), Renée Saint-Cyr (Henriette Girard), Jean Martinelli (Roger de Vaudrey), Pierre Magnier (comte de Lignières), Emile Saulieu (marquis de Presle), Yvette Guilbert (La Frochard), Gabriel Gabrio (Jacques).
Le soin et la rigueur d’un grand cinéaste au service d’un mélo éculé. Tourné aux studios Pathé-Natan à Joinville-le-Pont et dans le parc de Versailles. Débuts à l’écran de Renée Saint-Cyr.
1942Le due orfanelle (IT) de Carmine Gallone 
Grandi Film Storici-SAFIC, 85 min. – av. Alida Valli (Henriette Girard), Maria Denis (Louise Girard), Osvaldo Valenti (Pierre), Roberto Villa (Roger de Vaudrey).
Alida Valli, 21 ans, fille d’un baron autrichien (de son vrai nom Alida Maria von Altenburger), est particulièrement gracieuse dans cet enième remake tourné à Cinecittà par un vieux routier du genre. Gallone, qui l’a déjà dirigée dans « Manon Lescaut » en 1940, a été frappé par son élégance naturelle et son aisance à porter le costume. Visconti s’en souviendra dans « Senso ».
1944Las dos huérfanas (MX) de José Benavides 
Filmadera Mexicana, 135 min. – av. Susana Guizar (Louise Girard), Julian Soler (Pierre), Maria Elena Marquez (Henriette Girard), Rafael Baledon (Roger de Vaudrey), Anita Blanche (La Frochard), Miguel Arenas (comte de Lignières).
1948Al-Yatîmatayn (Les Deux Orphelines) (EG) d’Hassan Al-Imam.
av. Faten Hamama, Souraya Helmy, Negma Ibrahim.
1954Le due orfanelle / Les Deux Orphelines (IT/FR) de Giacomo Gentilomo 
Rizzoli Film (Angelo Rizzoli)-Francinex (Robert Chabert), 95 min. – av. Miriam Bru (Henriette Girard), Milly Vitale (Louise Girard), André Luguet (comte de Lignières), Franco Interlenghi (Roger de Vaudrey), Gabrielle Dorziat (La Frochard), Jacques Casstelot (marquis de Presle), Nadia Gray (Diane de Vaudrey, comtesse de Lignière). – Tournage en Eastmancolor à Cinecittà, avec des dialogues français d’Yves Mirande.
1959(tv) Le due orfanelle (IT) de Guglielmo Morandi
(RAI 14.12.59). – av. Giulia Lazzarini (Henriette Girard), Franca Badeschi (Louise Girard), Roldano Lupi (comte de Lignières), Alberto Lupo (Roger de Vaudrey), Elisa Cegani.
1961(tv) Les Deux Orphelines (FR) de Jean-Marie Coldefy
(ORTF 25.11.61). – av. Anne Doat (Louise Girard), Marianne Lecène (Henriette Girard), Margot Lion (La Frochard), Véronique Silver, Louis Arbessier (Roger de Vaudrey), Gianni Esposito, Henri Virlojeux.
1965Les Deux Orphelines / Le due orfanelle (FR/IT) de Riccardo Freda
Comptoir Français du Film Prod. (R. de Nesle)-Cine Italia-Roal, 97 min. – av. Sophie Darès (Henriette Girard), Valérie Ciangottini (Louise Girard), Mike Marshall (Roger de Vaudrey), Jacques Castelot (marquis de Presle), Simone Valère (comtesse de Lignière), Jean Desailly (comte de Lignière), Alice Sapritch (La Frochard), Jean Carmet (Picard), Riccardo Freda (Louis XVI).
Premier film de Freda en France (qui s’amuse à faire le monarque devant la caméra), tourné en quatre semaines en Eastmancolor et Dyaliscope dans une propriété privée de la région parisienne.
1976Le due orfanelle / Los dos huérfanas (Unidas por el destino) (IT/ES) de Leopoldo Savona 
Cine Uno-Copercines, 90 min. – av. Isabella Savona (Marianne [=Henriette Girard]), Patrizia Gori (Louise Girard), Evelyn Stewart [Ida Galli], Andrés Resino (Roger), Alfredo Pea (Pierre).
1981(tv) Les Deux Orphelines (FR) de Gérard Thomas
(A2 12.7.81). – av. Catherine Duvenier (Henriette Girard), Aurore Prieto (Louise Girard), Jean-François Bahon (Pierre), Yves Brainville (comte de Lignières), Patrick Cartié (Roger de Vaudrey).