IV - L’ITALIE

1. HÉGÉMONIE ESPAGNOLE ET ÉTATS RÉGIONAUX AU XVIIe SIÈCLE

« I promessi sposi » (1941) de Mario Camerini.

1.2. "I promessi sposi" d'Alessandro Manzoni

Roman paru en 1825 (trad. française: "Les Fiancés"). - En Lombardie entre 1626 et 1630, dans le duché de Milan sous domination espagnole (triangle Côme-Milan-Bergame). Fiancés, deux villageois, Renzo Tramaglino et Lucia Mondella sont séparés par le tyrannique Don Rodrigo, seigneur local qui veut épouser Lucia. Il interdit à Don Abbondio, le curé du petit village de Lecco, de célébrer leur mariage. Contraints de quitter la région, Lucia et sa mère Agnese, aidées par le frère capucin Cristoforo, se réfugient au couvent de Monza, tandis que Renzo se rend à Milan pour plaider sa cause. Don Rodrigo fait alors enlever Lucia par le mystérieux Innominato, autre seigneur, avec la complicité de quelques nonnes de Monza. Chevalier tourmenté spirituellement, l’Innomato est converti par le bon cardinal Federigo Borromeo/Borromée (1564-1631), et relâche Lucia. L’irruption de mercenaires allemands pillards (c’est la Guerre de Trente Ans), la famine et la grande épidémie de peste qui se répand dans la région retardent les retrouvailles et le mariage de Renzo et Lucia.
Ouvrage patriotique militant pour le Risorgimento, le roman-fleuve de Manzoni critique les Autrichiens à travers les Espagnols. Malgré sa vision théologique chrétienne de l'Histoire (foi et charité), l'auteur est aussi influencé par les conceptions historiques de son siècle: Manzoni livre un roman social réaliste, un "roman des rapports de force" (Italo Calvino).
1908I promessi sposi (Les Fiancés) (IT) de Mario Morais 
Comerio ; Milano, 235 m.
1911I promessi sposi (IT) d’Ugo Falena 
Film d’Arte Italiana.
1913I promessi sposi (Les Fiancés) (IT) d’Eleuterio Rodolfi 
Ambrosio, Torino, 1587/1800 m (6 actes) / 60 min.. – Gigetta Morano (Lucia), Mario Voller-Buzzi (Renzo), Ersilia Scalpellini, Bianca Schinini, Umberto Scalpellini (Don Abbondio), Eugenia Tettoni (sœur Gertrude, de Monza), Antonio Grisanti (Innominato), Luigi Chiesa (Don Rodrigo), Edoardo Rivalta (cardinal Federigo Borromeo).
Les sociétés turinoises Ambrosio et Pasquali (cf. infra) rivalisent pour porter le chef-d'oeuvre de Manzoni à l'écran, la première bénéficiant d'une adaptation particulièrement habile d'Arrigo Frusta.
1913I promessi sposi (IT) d’Ubaldo Maria Del Colle, Ernesto Maria Pasquali 
Pasquali e C., Torino, 1450/2000 m (6 actes). – av. Cristina Ruspoli (Lucia), Giovanni Ciusa (Renzo), Giovanni Enrico Vidali (Innominato), Luigi Mele (Egidio), Enrico Bracci (Don Abbondio), Maria Gandini (sœur Gertrude, de Monza), Orlando Ricci (cardinal Federigo Borromeo), Ugo Pardi [=Umberto Paradisi] (Don Rodrigo).
1922*I promessi sposi (IT) de Mario Bonnard 
Bonnard-film, Roma (2 parties), 1640 m. + 2176 m. – av. Emilia Vidali (Lucia), Domenico Serra (Renzo), Nini Dinelli, Mario Parpagnoli (Don Rodrigo), Rodolfo Badaloni (Innominato), Umberto Scalpellini (Don Abbondio).
La dernière superproduction du cinéma muet italien: Bonnard propose un film de plus de trois heures, réduit à 2h20, avec des scènes de foule et une longue séquence de bataille de lansquenets. L'utilisation novatrice de la caméra et l'approche psychologique placent cette version très au dessus des précédentes, même si le succès commercial fut limité. Remonté et distribué par Pittaluga en version sonore en 1934.
1941**I promessi sposi (Les Fiancés) (IT) de Mario Camerini 
Riccardo Gualino/Lux Film, 112 min. – av. Gino Cervi (Renzo), Dina Sassoli (Lucia), Armando Falconi (Don Abbondio), Enrico Glori (Don Rodrigo), Carlo Ninchi (Innominato), Luis Hurtado (père Cristofor), Ruggiero Ruggieri (le cardinal Federigo Borromeo), Evi Maltagliati (sœur Gertrude de Monza), Gilda Marchiò (Angese, mère de Lucia), Ines Cristina Zacconi (Perpetua), Franco Scandurra (comte Attilio), Giacomo Moschini (dott. Azzeccagarbugli).
La version la plus célèbre et artistiquement la plus aboutie, quoique académique, tournée à Cinecittà (les quartiers du vieux Milan reconstruits en bois) et sur les rives du lac de Come. Pour éviter les foudres de la censure, l’adaptation gomme toutefois les éléments jugés trop subversifs de Manzoni (le petit peuple abusé par les tyrans locaux), le rôle peu glorieux de l’Église (Don Abbondio, le prêtre couard) et l’épisode de sœur Gertrude, la religieuse dépravée de Monza. Un record d’affluence en salle.
1963I promessi sposi / Los novios / Promesa sagrada (Les Fiancés) (IT/ES) de Mario Maffei 
Cineproduzione Emo Bistolfi-Copercines, 106 min. – av. Gil Vidal (Renzo), Maria Silva (Lucia), Maonolo Monroy (Don Rodrigo), Carlo Campanini (Don Abbondio), Ivo Garrani (l’Innominato), Ilaria Occhini (sœur Gertrude, de Monza), Arturo Dominici (cardinal Federigo Borromeo).
Version en Eastmancolor et Cinemascope, tournage à Tolède et aux studios Titanus-Fornesina à Rome, avec le Français Gil Vidal et l’Espagnole Maria Silva.
1967(tv) I promessi sposi (Les Fiancés) (IT) de Sandro Bolchi
(RAI 1.1.67), 8 épisodes. – av. Nino Castelnuovo (Renzo), Paola Pitagora (Lucia), Massimo Girotti (père Cristoforo), Lilla Brignone (Agnese), Gianni Bonagura (Tonio), Luigi Vannuchi (Don Rodrigo), Carlo Cataneo (comte Attilio), Tino Carraro (Don Abbondio).
Un budget important (500 millions de lire) pour une illustration fidèle mais sans surprises, avec Castelnuovo, le jeune premier des "Parapluies de Cherbourg" (1964) de Jacques Demy.
1989(tv) I promessi sposi / The Betrothed / Die Verlobten (Les Fiancés) (IT/DE/NL/YU) de Salvatore Nocita 
RAI1-Hermes-Bayrischer Rundfunk-Gevest-RTV (RAI 10.12.89), 5 x 90 min. / 8 x 52 min. – av. Danny Quinn (Renzo), Delphine Forest (Lucia), F. Murray Abraham (Innominato), Helmut Berger (Egidio), Mathieu Carrière (comte Attilio), Burt Lancaster (le cardinal Federigo Borromeo), Alberto Sordi (Don Abbondio), Jenny Seagrave (sœur Gertrude, de Monza), Fernando Rey (l’oncle d’Attilio), Valentina Cortese (Donna Prassede), Franco Nero (frère Cristofero).
Casting prestigieux et international (avec Danny Quinn, fils d’Anthony), durée maximale, tournage en Lombardie (Mantoue).
1990(tv) I promessi sposi (Trio) (IT) de Massimo Lopez, Anna Marchesini, Tullio Solenghi
(RAIuno 10.11.90), 5 x 90 min. – av. Anna Marchesini (Lucia), Tullio Solenghi (Renzo), Massimo Lopez (Don Abbondio / Don Rodrigo), Pippo Baudo, Wanna Marchi. – Parodie du feuilleton précédent, avec anachronismes.
2002(tv) Renzo e Lucia (Renzo et Lucia) (IT) de Francesca Archibugi 
Raffaello Monteverde-Together Productions International-Victory MMF-Media Trade (RAI 13.1.04), 2 x 90 min. – av. Stefano Scandaletti (Renzo), Michela Macalli (Lucia), Paolo Villaggio (Don Abbondo), John Gottfried (Innominato), Laura Morante (Virginia), Stefania Sandrelli (Agnese), Stefano Dionisi (Egidio Osio), Toni Bertorelli (Padre Cristoforo), Giglio Alberti (Griso), Laura Betti (mère supérieure). – Tournage en Lombardie (Cremona, Dascio).
et dérivés :
1909L’Innominato (IT) de Mario Caserini 
Cines, Roma, 258 m. – av. Fernanda Negri-Pouget (Lucia). – Lucia, une nonne du couvent de Monza, est enlevée par les sbires de l’« Innommé » et enfermée dans son château. Le cardinal Borromée intervient personnellement auprès du bandit pour la faire relâcher, et ce dernier se convertit.
1941Il cavaliere senza nome (Le Chevalier sans nom) (IT) de Ferrucio Cerio 
Antigono Donati/INAC-SAGIF, 85 min. – av. Amedeo Nazzari (Francesco Bernardino Visconti, dit l’Innominato), Mariella Lotti (Isabella de Serra), Carlo Tamberlani (Gomez della Nevada), Neda Naldi (Doa Sol, la duchesse de Milan), Corrado Racca (le duc de Milan), Mario Ferrari (l’ambassadeur de Gênes), Corrado Racca (l’ambassadeur de Milan), Guglielmo Barnabò (marquis Serra, père d’Isabelle).
Se faisant passer pour l’ambassadeur de Gênes en 1660, Francesco Bernardino Visconti arrive dans le duché de Milan pour voir sa fiancée Isabella. Démasqué par un rival, il le tue ainsi que, accidentellement, le père de sa fiancée, le duc de Serra. Effondrée, Isabella se retire dans un couvent, tandis que Visconti, rongé de douleur, devient l’« innommé », le personnage désespéré de « I promessi sposi » de Manzoni : le scélérat suicidaire qui transgresse toutes les lois, celui qui contre les volontés d’autrui et qui sera, dans le roman, sauvé par les paroles de Lucia. Ce film d’aventures retraçant la jeunesse d’une des figures les plus complexes et intéressantes du roman, est tourné à peu de frais aux studios Titanus à Rome afin de profiter de la publicité faite autour de « I promessi sposi » de Camerini (cf. supra). Le personnage évoqué par Manzoni a véritablement existé : né en 1579, Francesco Bernardino Visconti a renoncé à une vie de crimes après sa rencontre avec le cardinal Borromée en mai-juin 1615 (soit avant l’intrigue des « Fiancés »). *« L’Innominato / L’Anonyme » sera aussi un projet italo-français inabouti de Marc Allégret (mai 1954), avec Gino Cervi, Lise Bourdin et Gérard Landry.
1962La notte dell’Innominato (IT) de Luigi Demar [=Luigi Latini De Marchi] 
Tabor Film, 90 min. – av. Dan Harrison (Esteban, l’Innominato), Charito Ruiz Maldonado (Esmeralda), Mirko Ellis (le gouverneur), Fosco Giachetti, Lorella De Luca, Claudio Ruffini, Anita Todesco, Anna Bolens, Thea Valentino, Igino Bonazzi, Ariano Praga, Renato Rossini.
Le destin d’un des personnages de « Promessi sposi », en prenant un maximum de libertés avec le texte de Manzoni (cf. supra, "Il cavaliere senza nome", 1941). La nuit de l'enlèvement de Lucia au monastère de Monza, Esteban, dit l'Innominato (celui qui n'a pas de nom) se remémore son passé, lorsqu'il faisait partie d'une caravane de gitans andalous campant aux portes de Milan avec sa mère, sa fiancée Maria Dolores et la soeur de celle-ci, Carmencita. Amoureuse d'Esteban, cette dernière fait tout pour empêcher le mariage et au cours d'une échauffourée qu'elle a provoquée, Maria Dolores est tuée par des brigands; les caravanes tsiganes sont détruites et les quelques survivants, dont Esteban et sa mère, sont contraints de fuir. Carmencita devient l'épouse du gouverneur et Esteban un hors-la-loi qui vole le blé et l'or espagnols pour les donner au peuple affamé. Victime de la vengeance de Carmencita, la mère d'Esteban est arrêtée, accusée de sorcellerie et exécutée. Esteban devient le terrible Innominato, craint de tous, jusqu'à sa conversion après une rencontre avec le cardinal Federico Borromée, agencée par Lucia. - Modeste et médiocre bande d'aventures de cape et d'épée, filmée en Eastmancolor et Totalscope en extérieurs à Turin.
1972La colonna infame (IT) de Nelo Risi 
Venturini-Filmes, 105 min. – av. Helmut Berger (le juge Arconati), Vittorio Caprioli (Guglielmo Piazza), Francisco Rabal (Giacomo Mora), Lucia Bosè (Chiara, sa femme), Pier Luigi Aprà (sénateur Monti), Feodor Chaliapin (Federico, cardinal-archevêque de Milan).
En 1630, Milan est ravagé par la peste. Commissaire à la santé publique, Guglielmo Piazza est accusé de propager la contamination, sur le témoignage erroné de deux femmes qui l’ont vu badigeonner un mur avec de la graisse. Il crie son innocence, mais cède à la torture et implique dans son crime imaginaire un pauvre barbier, Giacomo Mora. Les deux sont condamnés au bûcher. Filmé à Cinecittà. (d’après un roman homonyme d’Alessandro Manzoni paru en 1840).