VIII - L’AUTRICHE DES HABSBOURG ET L’EUROPE CENTRALE

5. MARIA THERESIA et FRANZ I. (1740 à 1780)

5.2. "Der Rosenkavalier (Le Chevalier à la rose)" de Richard Strauss

opéra de Richard Strauss et Hugo von Hofmannsthal (1911). – Au début du règne de Marie-Thérèse. La maréchale-princesse Marie Therese von Werdenberg, la quarantaine, a pris un jeune amant de dix-sept ans, Octavian, pendant que son époux la délaisse en chassant dans les forêts de Croatie. L’arrivée impromptue du cousin volage de la maréchale, le baron Ochs, contraint Octavian à se déguiser en soubrette, stratagème qui entraîne une cascade de quiproquos. Désargenté, Ochs veut épouser Sophie, la jeune fille de M. de Faninal, un nouveau-riche récemment anobli. Mais celle-ci s’éprend d’Octavian, et la maréchale, résignée, mélancolique, lui cède son amant après avoir dupé l’encombrant Ochs. Cinéma seulement :
1911Der Rosenkavalier (DE) d’Oskar Messter ; Messter’s Projection GmbH (Berlin), 1 bob.
1925/26*Der Rosenkavalier. Eine Komödie für Musik (Le Chevalier à la rose) (AT) de Robert Wiene ; Pan-Film AG (Wien), 2900 m. / 75 min. – av. Huguette Duflos (princesse Marie Therese von Werdenberg, la Maréchale), Paul Hartmann (le maréchal de Werdenberg), Jacques Catelain (le comte Octavian Rofrano), Michael Bohnen (baron Ochs auf Lerchenau), Elly Felicie Berger (Sophie von Faninal), Friedrich Feher (Valzacchi), Karl Forest (M. von Faninal), Carmen Cartellieri (Annina), Viktor Kutschzera (père de la Maréchale). – Une version muette de l’opéra qui prend quelques libertés avec le livret de Hofmannsthal, en faisant notamment intervenir le maréchal lui-même. Celui-ci a quitté son épouse au lendemain de la nuit de noces pour guerroyer contre les Prussiens ; il combat depuis quatre ans, quand des espions de la police des mœurs instaurée par l’impératrice Marie-Thérèse (Valzacchi et Annina) lui signalent la probable infidélité de sa femme. Jaloux, il rentre au château à Vienne après avoir remporté une grande victoire contre Frédéric le Grand (séquence de bataille) et, lors d’un bal masqué dans les jardins du château, croise le fer avec Octavian. Mais Sophie sauve la situation et, par la même occasion, innocente la maréchale qui retrouve son époux. – Signé par l’auteur du célèbre « Cabinet du docteur Caligari » (1919), ce film de prestige, hybride mais visuellement chatoyant, est mis en chantier pour fêter les quinze ans de l’œuvre de Strauss-Hofmannsthal et sort en première mondiale à l’Opéra de Dresde, sous la direction musicale de Richard Strauss lui-même (ayant rearrangé la musique en fonction de l’action du film, évidemment delestée des parties chantées). Ludwig Nerz et Wiene ont écarté le scénario original mais trop complexe de Hugo von Hofmannsthal, auquel le poète travaillait depuis 1923. L’affiche réunit deux vedettes françaises, Huguette Duflos et Jacques Catelain, et les comédiens semblent parfois adapter leur gestuelle à la partition ; décors et costumes sont du prof. Alfred Roller qui avait déjà collaboré à la première de l’opéra en 1911, mise en scène par Max Reinhardt. Le tournage s’effectue aux ateliers Listo et Vita-Rosenhügel et Schönbrunn à Vienne, puis en extérieurs aux palais baroques de Schönbrunn et de Belvedere, ainsi qu’à Dürnstein pour les séquences militaires réunissant plusieurs centaines de figurants. Localement un grand succès public et critique.
1962Der Rosenkavalier (Le Chevalier à la rose) (GB) de Paul Czinner ; P. Czinner Productions-Poetic Films-J. Arthur Rank Organisation, 193 min. – av. Elisabeth Schwarzkopf (princesse Marie Therese von Werdenberg, la Maréchale), Otto Edelmann (baron Ochs auf Lerchenau), Sena Jurinac (comte Octavian Rofrano dit Quinquin), Erich Kunz (Herr von Faninal), Annelise Rothenberger (Sophie von Faninal), Judith Hellwig (Dame Marianne Leitmetzerin), Renato Ecolari (Valzacchi), Hilde Rossel-Majdan (Annina). – Le réalisateur austro-hongrois Paul Czinner – dont les débuts au cinéma remontent à 1919 – capte l’opéra de Strauss à l’écran, filmé en Eastmancolor au nouveau Festspielhaus de Salzbourg et en utilisant des techniques nouvelles de prises de vue (avec six caméras) ; l’Orchestre philharmonique de Vienne est dirigé par Herbert von Karajan. Bref, un document exceptionnel.