IX - LES ROYAUMES DE POLOGNE ET DE BOHÈME

7. LE ROYAUME DE BOHÈME avant l'annexion par l'Autriche en 1620

Monarques : Rodolphe II de Bohème (1576/1612), Matthias II (1612/1619), Friedrich von der Pfalz (1619/20). A partir de 1620 (guerre de Trente Ans, défaite à la bataille de la Montagne Blanche), la Bohème passe sous l’hégémonie des Habsbourg.
1945*Rozina sebranec (Rozina la bâtarde / Rosine, l’enfant trouvée) (CS) d’Otakar Vávra 
Státni filmova vyroba, 88 min. – av. Marie Glázrová (Rozina), Zdenek Stepánek (le prieur), Ladislav Bohác (Niccolo), Frantisek Kreuzmann (Jean Karf), Jan Pivec (Petmebily), Sasa Rasilov (frère Bartolo), Gustav Hilmar.
Prague en 1618 : la tragédie d’une enfant trouvée, au début de la Guerre de Trente Ans (d’après le roman de Zigmund Winter). Rozina est l'objet d'incessantes railleries des villageois, certains l'appellent "bâtarde", car, enfant, elle fut retrouvée par un prieur et recueillie au prieuré. Les hommes la courtisent assidûment, mais c'est un jeune Italien de passage, Niccolo, qui obtient son amour. Niccolo disparaît en Italie malgré sa promesse de mariage, et Rozina, dépitée, épouse un riche notable. Lorsque Niccolo revient, la passion de Rozina prend le dessus, elle trompe son mari qui la chasse. Niccolo veut se venger du prieur qui l'a éconduit et, aidé par des brigands, il donne l'assaut au prieuré. Rozina tente de sauver son ancien bienfaiteur mais elle périt durant le combat, comme son amant.
1966(tv) Ein Bruderzwist in Habsburg (AT/DE) de Kurt Meisel (tv), Kurt Horwitz (th), Franz Reichert (th)
Burgtheater Wien-Zweites Deutsches Fernsehen (ZDF)-Österreichischer Rundfunk (ORF) (ORF 27.3.66). - av. Attila Hörbiger (l'empereur Rodolphe II de Habsbourg), Robert Lindner (Matthias, son frère), Gerhard Geisler (Max), Achim Benning (Ferdinand), Heinz Ehrenfreund (Leopold), Alexander Trojan (Don César, fils naturel de Rodolphe), Heinz Moog (l'évêque Melchior Klesel), Heinz Woester (le duc Julius von Braunschweig), Hlemut Janatsch (Heinrich Matthes Thurn), Karl Blühm (le comte Schlick), Viktor Braun (Seyfried Breuner), Peter Jost (le colonel Wallenstein), Hans Thimig (Wolf Rumpf), Hanns Obonya (Prokop).
La tragédie de Franz Grillparzer (1848, jouée en 1872): Rodolphe II, empereur du Saint-Empire, a transféré la résidence impériale à Prague (1583). Quoique catholique rigoureux, grandi en Espagne, il apprécie les arts (protecteur du Caravage), les sciences, l'astrologie et l'alchimie, et tolère même les Luthériens. Par ailleurs, c'est un souverain misanthrope, introverti, colérique et compatissant. Encouragé par l'évêque ambitieux Kiesel, son frère Matthias, général couvert de gloire contre les Turcs (1604), se dresse contre lui. Matthias s'allie aux Hussites et marche sur Prague, où Rodolphe, inconscient du danger, songe à créer un Ordre des Chevaliers de la Paix. Matthias le fait enfermer à Prague et dirige le royaume depuis Vienne. En 1612, il devient empereur à la mort de Rodolphe, une tâche qui l'effraie.
1982*Poslední propadne peklu [Le Dernier ira en enfer] (CS) de Ludvik Ráza 
Filmové Studio Barrandov, 83 min. – av. Michaela Kudlácková (Magdalena), Ivan Vyskocil (Matous Psík), Bruno Oja (Hoff), Jiri Holy (Kasehrnek), Boris Rösner.
En 1611 pendant la Guerre de Trente Ans : les armées des princes protestants de Passau (Bavière) envahissent la Bohème, Prague est saccagée, les troupes du roi de Hongrie les repoussent. La population doit se protéger des deux ennemis. Un musicien ambulant, Matous, et une fillette de douze ans, Magdalena, survivent aux remous meurtiers.
1987(tv) Spanelé v Praze [Des Espagnols à Prague] (CS) d'Oldrich Danek
Ceskoslovenská Televize, 53 min. - av. Jírí Adamíra (Don guillén de San Clemente, ambassadeur d'Espagne à Prague, 1550-1608), Hana Maciuchová (Marie de Pernstejn, veuve de Vratislav II, née Maria Manrique de Lara y Mendoza). - Prague en 1603, sous l'empereur Rodolphe III, roi de Bohème et de Hongrie, qui n'oublie jamais sa stricte éducation espagnole. Un duel de dialogues entre Don Guillén, l'ambassadeur vieillissant d'Espagne qui reproche à Mme de Pernstejn d'avoir un amant, Karl de Liechtenstein (d'après une pièce et le scénario d'Olrich Danek).
Le ghetto juif de Prague en émoi (Paul Wegener, 1920).
Rodolphe II (Harry Baur) sous le choc (J. Duvivier, 1936).

7.1. La légende hébraïque du "Golem"

Prague vers 1610. En révolte contre l’empereur Rodolphe II de Habsbourg, roi de Bohème (1552-1612) et monarque féru d'alchimie, les Juifs oppressés se servent d’une créature en argile à la puissance surhumaine, le Golem, créée par le kabbaliste Yehouda Loew, pour se protéger. Mais la créature leur échappe et sème la terreur. Une vieille légende, mais aussi un roman de Gustav Meyrink (1915) et une pièce de Jiri Woskovec et Jan Werich (1931). Versions se déroulant au XVII e siècle seulement :
1914/15[Der Golem (DE) de Henrik Galeen. - av. Paul Wegener (le Golem), Lyda Salmonova, Cart Ebert, Henrik Galeen. - Action située dans les temps modernes, pour raisons financières.]
1917[Der Golem und die Tänzerin (DE) de Paul Wegener. - av. Paul Wegener (le Golem), Lyda Salmonova (la danseuse Olchewska), Rochus Gliese, Paul Davidson, Wilhelm Diegelmann. - Action située dans les temps modernes.]
1919Alraune und der Golem (DE) de Nils Chrisander
Deutsche Bioscop GmbH (Berlin). - av. Uschi Elleot, Ilse Wilke, Paul Wegener (?).
Isabella, la fille du baron tsigane Michael, fait appel au Golem et à la Mandragore Alraune pour sauver son père, condamnée au gibet. Un récit inspiré par Achim von Arnim et Hanns Heinz Ewers, tourné aux ateliers Bioscop à Neubabelsberg (Potsdam).
1920**Der Golem, wie er in die Welt kam (DE) de Paul Wegener et Carl Boese 
Paul Davidson/Projektions-AG Union (PAGU) Berlin, 5 actes/1922 m./85 min. – av. Paul Wegener (le Golem), Albert Steinrück (le rabbin Yehouda Loew), Lyda Salmonova (Myriam, sa fille), Ernst Deutsch (Famulus), Otto Gebühr (Rodolphe II de Habsbourg), Lothar Müthel (le chevalier Florian), Loni Nest (la petite fille), Hans Sturm (vieux rabbin), Dore Paetzold, Greta Schröder, Max Kronert.
Lorsque le rabbin kabbaliste Loew lit dans les étoiles que la communauté juive de Prague est en danger, il crée le Golem en appliquant d’anciennes formules magiques. Le Golem sauve la vie de l’empereur Rodolphe II, et celui-ci retire son ordre d’expulser les Juifs de Prague. Mais lorsqu’un assistant du rabbin utilise la créature pour se débarrasser d’un rival en amour pour la main de Myriam, le Golem se rend indépendant, terrorise la population et incendie la ville. Il est terrassé par une petite fille qui, pour jouer, lui enlève l’étoile magique fixée sur sa poitrine et à travers laquelle le rabbin lui avait donné la vie. Le monstre en argile tombe et se brise.
Grand classique du cinéma fantastique allemand, magnifiquement photographié par Karl Freund (en clairs-obscurs violents, ombres démesurées, plans décadrés), avec des décors expressionnistes tridimensionnels signés Hans Poelzig et Kurt Richter, des costumes de Rochus Gliese, et un scénario de Wegener et Henrik Galeen : l’élite du muet germanique au rendez-vous pour une légende cauchemardesque, assimilation flamboyante du baroque et du gothique qui suscite un univers à la fois ténébreux et halluciné. C’est la coexistence du ghetto des sortilèges, où le peuple grouille dans les ruelles tortueuses et de vieux sages s’adonnent à leurs mystérieuses incantations, et le lieu du pouvoir abosulu, le palais de Hradcin, bâtisse orgueilleuse de la Renaissance abritant sous ses oripeaux florentins les élégants et les riches de la terre. Wegener calque sur cette trame légendaire le thème romantique de la créature artificielle qui échappe à son maître et se transforme en monstre malfaisant : c’est le début d’une longue carrière à l’écran (de la femme-robot de Metropolis à Frankenstein). Tourné dans les studios et sur les terrains de la Ufa-Union à Berlin-Tempelhof. – Nota bene : Wegener est impliqué dans deux films précédents sur le Golem, mais qui se déroulent dans les temps modernes, « Der Golem » (1914) coréalisé avec Henrik Galeen, et « Der Golem und die Tänzerin » (1917).
1921Der Dorfgolem / Des Golems letztes Abenteuer (AT) de Julius Szomogyi
Alexander Kolowrat/Sascha-Filmindustrie (Wien), 2 bob.
Le Golem est exhibé dans une foire et vendu à un paysan qui l'exploite dans sa ferme.
1935/36*Le Golem / Golem (FR/CS) de Julien Duviver 
AB Film-Barrandov (Frank Kassler, Charles Philipp, Josef Stein), 102 min. – av. Harry Baur (Rodolphe II de Habsbourg), Ferdinand Hart (le Golem), Charles Dorat (le rabbin Jacob), Roger Duchesne (Trignac), Raymond Aimos (Toussaint), Roger Karl (le chambellan impérial Philipp Lang), Jany Holt (Rachel), Germaine Aussey (comtesse Katharina Strada, 1579-1629), Jan Cerny (Johannes Keppler), Gaston Jaquet (Friedrich, chef de la police), Truda Grosslichtová (Mme Benoit), Marcel Dalio.
Duvivier transforme l’empereur Rodolphe, ami de l’astronome Johannes Keppler (1551-1630) et protecteur des savants de son époque, en despote contre lequel s’insurge la communauté juive de Prague, dont le ghetto est ravagé par la peste et la famine. Hystérique et débraillé, l’empereur vit dans la crainte du Golem, dont tout le monde cherche à s’emparer, y compris la comtesse Strada, concubine impériale, pour empêcher le mariage de Rodolphe avec Isabelle d’Espagne. Lorsque les Juifs arrêtés vont être exécutés, Rachel, la fille du rabbin, réveille la légendaire créature. Le Golem détruit le palais impérial et fait périr le chancelier crapuleux Lang (juif renégat), les ministres et tous les sbires dans un carnage de sang. Rodolphe est remplacé par l’archiduc Mathias. Une œuvre bancale par son mélange incongru de drame et de comédie, une farce tragi-comique sauvée parfois grâce à la présence tonitruante de Harry Baur en monarque ivre. On eût souhaité une prise de position plus nette face au totalitarisme antisémite, mais la proximité de la frontière allemande peut expliquer le résultat timoré. Tourné aux studios Barrandov à Prague d’après la pièce de Jiri Woskovec et Jan Werich (1931), adaptée par Duvivier et André-Paul Antoine.
1951Císaruv pekar a pekaruv císar (Le Golem / Le Boulanger de l’empereur) (CS) de Martin Fric 
Ceskoslovensky Státni-Film,148 min. – av. Jan Werich (Rodolphe II de Habsbourg / le boulanger Matthieu/Matej), Marie Vásová (comtesse Katharina Strada), Natasa Gollová (Katerina/Sirael), Bohus Záhorsky (le chambellan impérial Philipp Lang), Zdenek Stepánek (maréchal Hermann Christoph, comte de Rusworm), Borhus de Brahe (Bohus Hradil), Bohumir Bezouska (Hans von Aachen), Frantisek Cerny (l’alchimiste Scotta).
Comédie satirique en Agfacolor sur l’abus de pouvoir. Épouvantablement colérique, crédule, faible et sans descendance, l’empereur a deux obsessions qui lui font négliger les misères de ses sujets : trouver l’elixir de jeunesse et donner la vie à un Golem. Obnubilé par ses alchimistes, pseudo-magiciens et autres charlatans, il ne voit pas que ses ministres intrigants cherchent également à s’emparer du Golem pour déclencher une guerre lucrative. Suite à un immense imbroglio, le boulanger Matthieu (incarcéré pour avoir distribué à la population affamée du pain destiné au souverain) est pris pour l’empereur, dont il est le sosie, et montre à celui-ci comment gouverner. Représentant du petit peuple, il parvient également à dompter la force du Golem au profit de la communauté.
Un scénario de Jiri Brdecka (d’après la pièce d’avant-guerre de Jan Werich) pour une comédie située entre fable politique et opérette, mais qui ne tient pas toutes ses promesses. Les cinéastes souhaitent établir un parallèle entre la puissance magique du Golem et la bombe atomique dont certains veulent se servir pour leurs plans d’hégémonie mondiale, tandis que l’énergie nucléaire devrait être utilisée paficiquement au profit de l’humanité. Les références au peuple juif ont été prudemment gommées. Tournage aux Statni Film Studios à Prague.
1967(tv) Le Golem (FR) de Jean Kerchbron
ORTF (2e Ch. 18.2.67), 115 min. - av. André Reybaz (Athanase Pernath/le Golem), Pierre Tabard (l'étudiant Charouzek), Michel Etcheverry (Hillel), Magali Noël (Angelina, comtesse Wetzel), Marika Green (Myriam), Georges Douking (Zwarck), François Vibert (Wassertrum), Françoise Winskill (Rosina), Alfred Baillou (Jaromir), Serge Merlin (Loisa), Pierre Tabard (Charouzek).
Le texte de Gustav Meyrink adapté par Jean Kerchbron et dialogué par Louis Pauwels: il s'agit de loin de l'adaptation la plus fidèle du roman très touffu de Meyrink, tous les autres films s'inspirent plutôt de la vieille légende. Passionné d'occultisme et d'ésotrisme, Meyrink n'utiisa que partiellement ce mythe ancestral, mais l'intégra avec habileté dans les événements affectant la vie d'Athanase Pernach dans la Prague moderne. Un téléfilm austère et complexe, présenté aux spectateurs par Louis Pauwels.
1968Posledni Golem épisode de Prazské Noci (Les Nuits de Prague) (CS) de Jiri Brdecka 
Filmové studio Barrandov. – av. Josef Bláha (rabbin Jehoudi Loew), Martin Ruzek (l’empereur Rodolphe II de Habsbourg), Jana Brezkova, Jan Klusak (rabbin Neftali Ben Chaim), Viktor Maurer (Jizochág), Lucie Novot (fille muette), Ladislav Gzela (le peintre milanais Giuseppe Arcimboldo, 1527-1593), Milan Mach.
Film en quatre épisodes, dont celui du Golem écrit et réalisé par Brdecka.
2000(tv) The Golem (US) de Scott Wegener 
David Garrison Productions (Channel 9 22.4.00), 120 min. – av. Richard L. Arthur (rabbin Jehouda Loew), Steve Ratcliffe Jr. (Yossel, le Golem), Emma Carlson—Berne (Rivka), Ernie Rowland (père Thaddée, un ermite fou), Stephen Jutras (Yitzchak Katz), George Fee (Lamech), Liam Helmes (Caine), Marc Epplenhill (Nock), Jeff Horick (Vagon), Jim Stump (l’empereur Rodolphe II de Habsbourg), Mark Yungblut (Maximilien Ier, duc de Bavière), Jon Huffman (l’astronome danois Tycho Brahe, 1546-1601).
Le film du Californien Scott Wegener (petit-neveu de Paul Wegener), monté avec des moyens privés, est pratiquement terminé en 1998 lorsque l’ordinateur qui contient la matrice implose, réduisant la majorité du travail à néant. Il faut deux ans supplémentaires pour restaurer le film, tourné avec 147 acteurs dans une ferme de Warren County (New York), à Paramount’s Kings Island (Cincinnati) où l’on reconstruit le ghetto de Prague, et en Tchécoslovaquie. Emmy Award pour la production, la photo et l’éclairage.