XI - LA SCANDINAVIE: ROYAUMES DE SUÈDE ET DU DANEMARK

Charles XII observe le champ de bataille de Narva en 1700 (« Karl XII » de John W. Brunius, 1925).

4. KARL XII (1697 à 1718)

CHARLES XII, né en 1682, fils de Karl XI. Monté sur le trône à l’âge de quinze ans, chef militaire responsable de l’apogée et de la fin de la Suède en tant que grande puissance européenne. De 1700 à 1721, il mène la Seconde guerre du Nord contre l’agression d’une coalition formée par le Danemark, la Saxe-Pologne, la Russie, le Brandebourg et Hanovre. Fougueux, austère, misogyne (il ne se maria jamais et n’eut aucun enfant), brillant tacticien et chef de guerre mais médiocre diplomate, ce « Napoléon scandinave » connaît son Austerlitz en novembre 1700 à Narva en Estonie (où, à la pointe de 9000 hommes, il met en fuite 40’000 Russes) et son Waterloo à Poltava, neuf ans plus tard : s’étant rendu maître de la Pologne et marchant sur Moscou, puis obliquant vers l’Ukraine, il épuise son armée qui, après une ultime victoire contre les Russes à Holowczyn (juillet 1708), est définitivement écrasée par Pierre le Grand en juillet 1709 (cf. Russie 3). Les Suédois se rendent à Perevolochna, l’armée est démembrée ; accompagné d’une centaine de fidèles (les « Carolins ») et des cosaques alliés de Mazeppa, le roi s’exile alors à Bender en Moldavie, dans l’Empire ottoman, avec l’intention de pousser Constantinople à attaquer les Russes. Les Turcs battent Pierre le Grand, qui obtient en échange de concessions territoriales la neutralité des Ottomans dans le conflit qui l’oppose à Stockholm. En 1713, le sultan Ahmed III fait prisonnier Charles XII, puis l’expulse de son empire l’année suivante. Quatre ans plus tard, lors d’une nouvelle campagne punitive contre les Danois, le roi tombe sur le front norvégien, dans des circonstances jamais élucidées (une balle ennemie ou suédoise ?). A son décès, la Suède exsangue renonce au pouvoir absolu et devient pendant plus d’un demi-siècle une monarchie constitutionnelle ; Georg von Görtz, son ministre, est décapité. Le trône revient à sa sœur Ulrique-Éléonore, qui est contrainte d’abdiquer en faveur de son mari, FRÉDÉRIC I er de Suède (1720/1751).
1924Carl XII :s Kurir / Axel Roos [Le Courier de Charles XII] (SE) de Rudolf Anthoni 
Lars Björk/Filmindustri AB Triumvir, 1751 m./64 min. – av. Gösta Ekman (adj. Axel Roos), Tottan Skantze (comtesse Maria Sobieska), Hilda Castegren (Aurora Sobieska, sa belle-mère), Victor Lundberg (baron Alexis Potocki), Nils Asther (Stanislaus Potocki, son neveu), René Björling (Anna Björnhufvud), Anton de Verdier (Charles XII), Linde Klinckowström (aristocrate polonaise).
En février 1713, lors de leur exil à Bender, en Moldavie ottomane, Charles XII et ses fidèles sont attaqués par les Turcs ; l’adjudant Axel Roos, de la garde royale, sauve par trois fois la vie du monarque, mais les adversaires sont trop nombreux. Avant de se rendre au sultan Ahmed, Charles XII charge Axel d’une dépêche urgente à remettre au Conseil à Stockholm, dans laquelle il explique sa situation. Axel doit pour cela traverser des territoires ennemis ; les Polonais comme les Russes tentent de l’intercepter, ainsi que des brigands. Éprise de lui, la comtesse polonaise Maria Sobieska l’aide à remplir sa mission.
Tourné aux studios de Råsunda, et au Riddarhuset à Stockholm, avec deux futures vedettes du cinéma muet, Gösta Ekman (le Faust de F. W. Murnau) et Nils Asther, partenaire de la Garbo à Hollywood. Adaptation du poème « Axel » d’Esaias Tegnér (1821), qui s’inspire des exploits de l’authentique Axel Erik Roos (1684-1765), héros suédois de la Seconde guerre du Nord, baron, colonel de la cavalerie de Scanie, gouverneur de Dalsland et messager secret du roi. Il participa au siège de la forteresse de Fredriksten en Norvège où Charles XII trouva la mort.
En 1700, à la pointe de 9’000 hommes, Karl XII met en fuite 40’000 Russes de Pierre le Grand à Narva, en Livonie.
1925*Karl XII / Carl XII – 2e partie : Karl XII / senare delen (Le Calvaire d’un héros. L’Épopée de Charles XII, roi de Suède) (SE) de John W. Brunius, [Lupu Pick, Henrik Galeen] 
Herman Rasch/Historisk Film, 2029 m. + 1696 m./24 bob. – av. Gösta Ekman (Charles XII), Bengt Djurberg (Sven Björnberg), Augusta Lindberg (Dame Kerstin Ulfclou at Berga), Mona Mårtenson (Anna Ulfclou), Harry Roeck Hansen (Erik Ulfclou), Axel Lagerberg (John Ulfclou), Paul Seelig (Bengt Ulfclou), Ragnar Billberg (Hans Küsel), Palle Brunius (Lill-Lasse Ulfclou), Nicolai de Seversky (le tsar Pierre le Grand), Märta Ekström (Catherine Skovorotski, son épouse), Tor Weijden (Auguste le Fort, roi de Saxe et de Pologne), Pauline Brunius (Aurora Königsmark), Einar Fröberg (Fredrik IV de Danemark), Märta Lindlöf (reine-mère Hedvig Eleonora), Åsa Törnekvist (princesse Hedvig Sofia), Rudolf Wendbladh (sultan Ahmed III), Tyra Dörum (Kajsa), Edit Rolf (princesse Ulrika Eleonora), Paul Lane (prince Stanislav Poniatovski), Gabriel Alw (Emmanuel Swedenborg), Märta Ekström (Catherine I re de Russie), Sven Bergvall (Ivan Mazeppa), Nika de Seversky (Ayecha), Mignon Georgian (sa sœur), Josef Fischer (Grand Vizir), Alf Lindgren (prince Alexej), Birger Lyne (Saschar), Hugo Björne (prince Fredrik de Holstein-Gottorp), Gustaf Ranft (gén. Hans Wachtmeister), Gösta Ericsson (prince Max de Württemberg), Thor Modéen (von Görtz), Gustaf Runsten (Kristoffer Polhem), Georg Fundquist (col. Düring).
Monté sur le trône à l’âge de quinze ans, Charles XII hérite d’un immense royaume, qu’il cherche à agrandir encore par diverses opérations armées autour de la mer Baltique. Suivent les expéditions militaires contre les Danois, les Russes, les Saxons et les Polonais, la victoire à Narva, la défaite désastreuse de Poltava contre les Russes, la fuite en Turquie, le retour en Suède, l’invasion de la Norvège et la mort du roi pendant le siège de Fredrikssten. Parallèlement aux étapes historiques connues, le film relate le destin de la famille des Ulfclou, seigneurs du domaine de Berga. En visite, le jeune roi sauve la vie du cadet, Lasse, blessé à la chasse par un ours. La sœur de Lasse, Anna, aime un chevalier du roi, Sven Björnberg, mais sa mère Dame Kerstin, lui préférerait Hans Küsel. Anna et Sven se marient à la veille de la guerre. En Russie, Sven est capturé et torturé, Anna retourne seule à Berga. Lasse accompagne le roi dans son exil turc avec la belle Ayecha. Le couple tente de défendre Charles XII contre les intrigues du Grand Vizir à la cour du sultan à Constantinople. Après avoir couvert les Ulfclou d’or et de privilèges, le roi sauve une fois encore la vie à Sven lors de l’invasion de la Norvège.
Impressionné par l’ampleur du dyptique nationaliste « Fridericus Rex » (1922) d’Arzén von Cserépy, le producteur suédois Herman Rasch confie d’abord sa fresque patriotique, censée ressusciter l’ancienne grandeur de la Suède, à l’Allemand Lupu Pick, assisté de Henrik Galeen ; mécontent du travail fait à Berlin, Rasch interrompt la production et remet alors son film à John Wilhelm Brunius, le pionnier-vétéran de la Filmindustri AB Skandia, un solide artisan qui livre de l’ouvrage surtout illustratif. Le scénario est signé par le romancier Hjalmar Bergman. Le tournage a lieu aux studios de Råsunda, en extérieurs à Skokloster, Danderyd, Visby, Östersund, Åreskutan, Frösunda, Nynäs et Stockholm, puis en Allemagne à Krumhübel (Silésie) et en studio à Berlin, à Fredrikshald en Norvège et à Istanbul. Les batailles – la charge de cavalerie au galop de Narva est particulièrement impressionnante – sont enregistrées dans la région d’Uppsala avec des régiments de l’armée suédoise. Le film est un succès retentissant en Suède, mais, beaucoup trop coûteux (plus d’un million de couronnes), il ne rentrera jamais dans ses frais. Une version sonorisée de 136 minutes sortira en 1933 et sera brièvement distribuée aux Etats-Unis.
Alliance avec le hetman cosaque Mazeppa en 1709. – A Bender, Karl XII est attaqué par les Turcs. (J. Brunius, 1925).
1936® August der Starke (DE) de Paul Wegener. – av. Günther Hadanle (Charles XII). – cf. Allemagne (3).
1938Eli Sjursdotter / Den siste karolinen (NO/SE) de Leif Sinding, Arne Bornebusch (vers. suéd.) 
Merkur Film A/S-AB Svea Film-Scandinave Biograf, 79 min. – av. Sonja Wigert (Eli Sjursdotter), Ingjald Haaland (Sjur Halgutusvein, son père), Sten Lindgren (Per Jönsa/Jonsen), Kari Grønn (Margit), Ottar Wicklund (Tor Nordlien), Sven Magnusson (Hans Hansson), Henrik Schildt (Jussi Nilsfolk), Arne Lindblad (Silver-Sima), Tryggve Larssen (Kobberkløveren), Einar Vaage (Soland Hovstrøen), Karin Vaage (Solveig), Finn Lange (le pasteur).
En Norvège en 1719, lors d’un hiver particulièrement rude, les troupes d’occupation suédoises de Karl XII traversent les montagnes de Tydal. Beaucoup périssent par le froid, les paysans les chassent. Dans la région de Trøndelag, le soldat suédois Per Jönsa, épuisé et gelé, est soigné par Eli Sjursdotter, à la colère de son père qui hait l’envahisseur. Per et Eli deviennent amants et trouvent refuge en Suède. Tourné aux studios de la Norsk Film à Jar, à Tydal, Rørosvidda, Sanderstølen et Valdres (Norvège), d’après le roman éponyme de Johan Falkberget (1913).
1949Svenske ryttaren [Le Cavalier suédois] (SE) de Gustaf Edgren 
AB Kungsfilm, 88 min. – av. Elisabeth Söderström (Agneta von Kreschwitz/Agneta Gyllensten Crona), Carl-Henrik Fant (Jacob), Åke Söderblom (Stenius/Lergöken), Gull Natorp (comtesse Gyllencrona), Gunnel Broström (Lisa la Noire), Harry Ahlin (comte Saltza), Sture Erikson (Mickel), Barbro Nordin (Margareta), Ingemar Pallin (Christian de Thornefeldt/Henrik Lettnoff).
Une aristocrate raconte l’étrange histoire de son père, appelé « le cavalier suédois », un soldat réputé et décoré de l’armée de Charles XII qui fut tué en 1709 à la bataille de Poltava. Les derniers temps de sa vie, elle ne le vit que de nuit, en secret… L’énigme cache une histoire de fausse identité, d’amour et de culpabilité entre un jeune seigneur arrogant, Christian de Thornefeldt, un déserteur, et le vagabond et voleur Henrik qui lui a sauvé la vie et va prendre sa place. Tourné aux studios de Råsunda, en extérieurs à Uppsala, Nynäshamn, Ösmo, Torekov et au château de Vik, d’après le roman « Der schwedische Reiter » de Leo Perutz (1936).
1968® Hrabina Cosel (La Comtesse Cosel) (PL) de Jerzy Antczak. – av. Daniel Olbrychski (Charles XII). – cf. Allemagne (3).
1969(tv) Epitaph für einen König [Épitaphe pour un roi] (DE) de Fritz Umgelter
(BR 16.3.69), 75 min. – av. Karl Diess (Charles XII), Luitgard Im (Ulrike), Monika Bleibtreu (Katharina Lecsinska), Werner Kreindl (comte Arvid Horn), Johannes Nicoll (baron Gyllenborg), Richard Münch (baron Görtz), Rolf Boysen (Emmanuel Swedenborg), Hans Christian Rudolph (Feif), Jörg Pleva (Luxembourg), Herbert Weicker (Hultmann).
Adaptation de la pièce « Karl XII » d’August Strindberg (1901). L’écrivain rompt avec l’héroïsation du personnage, se dresse avec rage contre le culte ultranationaliste en vogue et présente sur scène un monarque âgé, introverti, en conflit avec ses sujets réduits à la misère par d’interminables guerres, à la tête d’un royaume qui n’est qu’un amas de décombres. A ses yeux, Charles XII fut « la ruine de la Suède, un grand délinquant, un ruffian, l’idole des voyous, un simulateur. »
1983Kalabaliken i Bender – Karl XIIs vikt i guld [Tumulte à Bender] (SE) de Mats Arehn 
Viking Film-Europa Film, 97 min. – av. Gösta Ekman (Charles XII), Lasse Åberg (sgt. Gustaf Lagercrona), Lars « Brasse » Brännström (l’aide-de-camp Kruus), Ayse Emel Mesci Kuray (princessse turque Serina), Sten Ljunggren (colonel Grothusen), Lars Amble (l’aumônier Agrell), Sture Hovstadius (gén. Lagercrona), Donald Arthur (prince Poniatowski), Carl-Gustaf Lindstedt (Hultman, le cuisinier), Walter Gotell (Grand Vizir).
Une version comique et parodique de l’escarmouche de Bender : après la défaite de Poltava en 1713, Charles XII fuit les armées de Pierre le Grand et se réfugie à Bender, en Moldavie ottomane, où sa présence embarrassante et coûteuse fâche le sultan Ahmed III. Le sultan lui propose un mariage avec la princesse Serina s’il quitte son empire. Escortée par deux soldats suédois, Lagercrona et Kruus, la princesse se met en route pour Bender. Le périple est aventureux, car des agents secrets anglo-russes sabotent la démarche et, à bout de patience, le sultan s’empare de Charles XII et de sa petite armée d’exilés par la force. – Tourné à Budapest et aux studios Europa à Bromma (Stockholm). Gösta Ekman junior joue Charles XII, rôle que son grand-père (homonyme) avait tenu dans le dyptique muet de 1925 (cf. supra).
1986® (tv) Peter the Great (Pierre le Grand) (US) de Marvin J. Chomsky et Lawrence Schiller. – av. Christoph Eichhorn (Charles XII), cf. Russie (3).
2001® Molytva za Hetmana Mazepu [Une prière pour l’hetman Mazeppa] (RU) de Youri Ilyenko. – av. Nikita Dzhygourda (Charles XII), Bogdan Stoupka / Sergej Martchenko / Philip Ilyenko (Ivan Mazeppa),– Allié aux Suédois, le chef cosaque Mazeppa fuit avec le roi Charles XII après sa défaite à Poltava et se réfugie avec lui dans l’Empire ottoman, cf. Russie (3.1).
2006® (tv) Wrath of the Tsar (US) de Don Campbell. – av. Pavl Sergienko (Charles XII), cf. Russie (3).
2007® Sluga Gosudarev / The Sovereign’s Servant (Fantassins, seuls en première ligne) (RU) d’Oleg Ryaskov. – av. Eduard Flerov (Charles XII). – L’affrontement de deux duellistes français exilés en Russie par Louis XIV, où, sur ordre de Versailles, l’un prend parti pour Pierre le Grand tandis que l’autre prête allégeance à Charles XII de Suède. Tous deux se retrouvent face à face sur le champ de bataille de Poltava en Ukraine en 1709, où l'armée suédoise est annihilée, affrontement majeur mettant pour toujours fin à la prépondérance militaire de la Suède et forçant Charles XII à l'exil. – Cf. Russie: Pierre le Grand.