XIII - AMÉRIQUE DU NORD

2. LES PREMIERS COLONS ET LA FONDATION DE LA NOUVELLE-FRANCE, LA NOUVELLE-ANGLETERRE ET LA NOUVELLE-HOLLANDE

2.6. "The Scarlet Letter" de Nathaniel Hawthorne

(« La Lettre écarlate », roman paru en 1850). Dans la colonie puritaine de Boston en 1642, Hester Prynne, convaincue d’adultère, est sommée de livrer le nom de son amant. Son mari Roger, qu’elle croyait mort, revient après plusieurs années de captivité chez les Indiens pour découvrir sa femme sur le pilori, tout juste sortie de prison, la lettre infâmante A (pour Adultère) brodée sur la poitrine et un bébé dans les bras. Il décide de démasquer le coupable – que Hester a refusé de dénoncer – en prenant pour son enquête l’identité du docteur Chillingworth. Pendant sept ans de solitude et de souffrance, Hester vit avec sa fille, Pearl, à la limite de la colonie, dans une chaumière entre mer et forêt, subissant insultes et vexations. Le jeune pasteur Dimmesdale, le « saint de Boston », souffre d’un mal mystérieux et Chillingworth, soupçonnant l’homme d’Église tourmenté d’être le géniteur de Pearl, le soumet à un interrogatoire incessant. A bout de nerfs, le pasteur finit par gravir les marches du pilori, confesse publiquement sa faute et meurt dans les bras de Hester.
1908The Scarlet Letter (US) de Sidney Olcott 
Kalem Co., 900 ft. – av. R. Mansfield (Hester Prynne).
1911The Scarlet Letter (US) de Joseph Smiley, George Loane Tucker 
IMP, 305 m. – av. Lucile Young (Hester Prynne), King Baggot (Arthur Dimmesdale), Anita Hendrie, Robert Z. Leonard, J. Farrell MacDonald, William Robert Daly.
1913The Scarlet Letter (US) de David Miles 
Kinemacolor Prod., 1095 ft. – av. Linda Arvidson (Hester Prynne), Charles Perley (Arthur Dimmesdale), M. J. McQuarrie.
Un des trois films américains de fiction à utiliser le procédé anglais Kinemacolor de Theo Bouwmeester, et donc une des toutes premières productions américaines en couleurs. La star du film était l'épouse du cinéaste D. W. Griffith, Linda Arvidson.
1917The Scarlet Letter (US) de Carl Harbaugh 
Fox Film, 5 bob. – av. Mary Martin (Hester Prynne), Stuart Holmes (Arthur Dimmesdale), Dan Mason, Kittens Reichert, Edward N. Hoyt.
1920The Scarlet Letter (US)
Selznick Prod. (série « Herbert Kaufman’s Weekly »), c.m.
1922The Scarlet Letter (GB) de Challis Sanderson 
Master, 365 m. – av. Sybil Thorndike (Hesther Prynne), Tony Fraser (pasteur Arthur Dimmesdale), Dick Webb (Roger Chillingworth), Rice Cassidy.
Victime du puritanisme à Boston : Lillian Gish dans « The Scarlet Letter » de Victor Sjöström (1926).
1926***The Scarlet Letter (La Lettre écarlate) (US) de Victor Sjöström 
Metro-Goldwyn-Mayer, 8229 ft./9 bob./98 min. – av. Lillian Gish (Hesther Prynne), Lars Hanson (rév. Arthur Dimmesdale), Henry B. Walthall (Roger Prynne/Dr. Roger Chillingworth), Karl Dane (Giles), William H. Tooker (le gouverneur).
Un chef-d’œuvre américain du maître du cinéma suédois (« Les Proscrits », « La Charrette fantôme »), tourné à Iverson Ranch, Chatsworth et aux studios MGM de Culver City. Le film s’est fait à l’initiative de Lillian Gish, l’ancienne vedette de Griffith, qui facilite également l’engagement de son partenaire suédois Lars Hanson (« La Légende de Gösta Berling »), du Danois Karl Dane et du costumier suédo-danois Max Rée. Sjöström (américanisé en Seastrom) stigmatise férocement l’obscurantisme religieux et exalte par contraste la toute-puissance de l’amour : à la peinture crue du puritanisme, des cœurs durcis par l’envie, l’hypocrisie et la mesquinerie, le cinéaste oppose la beauté éthérée des paysages en fleurs, la lumière de la peinture flamande (photo : Hendrik Sartov), l’innocence radieuse de Lillian Gish, le lyrisme enfiévré des images de la passion. La jeune Hester a couru le jour du Seigneur et, pire, s’est regardée dans un miroir ; des paroissiens indignés la dénoncent au révérend Dimmesdale, elle mérite la prison, mais le pasteur accouru pour admonester la femme-enfant perd la tête. La fin du récit est légèrement modifié : les amants veulent s’enfuir en Europe, mais, pris de remords lors de son sermon d’adieu, Dimmesdale ouvre sa chemise et révèle à la congrégation effarée la lettre A qu’il s’est brûlée dans la poitrine ; peu après, il succombe de sa blessure auto-infligée.
« Réservé pour adultes » annonce la publicité d’époque, par crainte des réactions des ligues puritaines, mais le grand succès public et critique du film balaye les réticences, et même Louis B. Mayer, chef de studio timoré, réactionnaire et inculte, doit reconnaître la qualité exceptionnelle de la collaboration Sjöström-Gish-Hanson (qui culminera l’année suivante avec « The Wind »).
1934The Scarlet Letter (US) de Robert G. Vignola 
Darmour-Majestic Pictures, 69 min. – av. Colleen Moore (Hester Prynne), Hardie Albright (rév. Arthur Dimmesdale), Henry B. Walthall (Roger Prynne/Dr. Roger Chillingworth), Alan Hale (Bartholomew Hockings), William Farnum (gouv. Bellingham), Cora Sue Collins (Pearl).
Une autre découverte de Griffith, Colleen Moore, figure dans cette première version parlée du roman, filmée à Sherman Oaks, Calif., aux Darmour Studios et à Pioneer Village (Forest River Park) à Salem, Massachusetts. Henry B. Walthall reprend le rôle du mari qu’il interprétait déjà dans le chef-d’œuvre muet de 1926. Plus fidéle au roman, la production sonore est aussi visiblement plus modeste et souffre d’une narration traînante et d’inserts humoristiques déplacés (Alan Hale & William Kent font les pitres) ; curieusement, le scénario excuse les austères mœurs puritaines décrites comme « une nécessité pour l’époque » – allez savoir pourquoi ! Le dernier rôle de Colleen Moore.
1950(tv) The Scarlet Letter (US) de Franklin J. Schaffner 
« Studio One » (CBS 3.4.50), 60 min. – av. Mary Sinclair (Hester Prynne), John Baragrey, Richard Purdy. – Adaptation de Joseph Liss.
1954(tv) The Scarlet Letter (US)
« Kraft Television Theatre » (26.5.54). – av. Kim Stanley (Hester Prynne), Leslie Nielsen (Arthur Dimmesdale), Margaret Wycherly, Bramwell Fletcher.
1973*Der scharlachrote Buchstabe (La Lettre écarlate) (DE/ES) de Wim Wenders 
Filmverlag der Autoren-WDR-Elias Querejeta Producciónes Cinematograficas-PIFDA, 94 min. – av. Senta Berger (Hester Prynne), Hans Christian Blech (Chillingworth), Lou Castel (rév. Arthur Dimmesdale), Yella Rottländer (Pearl), William Layton (Bellingham), Rüdiger Vogler (le marin).
Tiré d’une pièce de Tankred Dorst et Ursula Ehler (« Der Herr klagt über sein Volk in der Wildnis Amerika ») d’après le roman de Hawthorne. Ce troisième long métrage de Wenders est un travail de commande de la télévision du Westdeutscher Rundfunk, sérieusement handicapé par des compromissions de casting avec le coproducteur espagnol. Tournage à Cologne (studio) et en Espagne (Almeria, Coruña et Playa de Santa Comba en Galice). Un échec public.
1977(tv) La Lettre écarlate (FR) de Marcel Cravenne
(TF1 231.8.77), 105 min. – av. Dominique Vincent (Hester Prynne), Maurice Garrel (Chillingworth), Pierre Arditi (rév. Arthur Dimmesdale), Nathalie Peny (Pearl), Jean Davy (révérend Wilson), Roger Weber (le gouverneur Bellingham), Jean-Claude Jay (le narrateur), Lucienne Lemarchand (Dame Hibbins), Yves Bureau (un puritain), Andrée Champeaux et Héléna Manson (des commères), Christine Gagneux (la jeune femme), Jacques David (capitaine), Jean-Louis Legoff (le geôlier), Jean Puybernau (le sacristain), Jacques Bouvier (l'artisan), Michel Bonnet (le valet).
Une rendition très scrupuleuse du roman (filmée en extérieurs), qui s'attache au ressenti des personnages tout en instillant une atmosphère étrange qui rappelle "Les sorcières de Salem" de Raymond Rouleau (1957).
1978(tv) La letra escarlata (ES)
série « Novela » (TVE), 50 min. – av. Enric Arredondo, Nadala Batiste, Carme Fortuny, lfred Lucchetti, Carlos Lucena, Biel Moll, Angels Moll, Miguel Palenzuela, Roger Ruiz, Mercedes Sampietro, Lluis Torner.
1979(tv) The Scarlet Letter (US) de Rick Hauser 
WGBH Boston Prod. (PBS 2-5.4.79), 4 x 50 min. – av. Meg Foster (Hester Prynne), John Heard (rév. Arthur Dimmesdale), Kevin Conway (Roger Chillingworth), Joseph Sommer (Nathaniel Hawthorne), Elisa Erali (Pearl), Ralph Drischell (Sexton), C. K. Alexander (gouv. Bellingham), Naomi Thornton (Goodie Cranwell), Penelope Allen (Mrs. Hibbins).
1994/95*The Scarlet Letter (Les Amants du Nouveau Monde) (US/CA) de Roland Joffé 
Andrew G. Vajna-Cinergi Pictures-Allied Stars-Hollywood Pictures, 135 min. – av. Demi Moore (Hester Prynne), Robert Duvall (Roger Prynne/Chillingworth), Gary Oldman (rév. Arthur Dimmesdale), Joan Plowright (Harriet Hibbons), Lisa Jolliff-Andoh (Mitubah), Edward Hardwicke (Gouv. John Bellingham), Robert Prosky (révérend Horace Stonehall), Tim Woodward (Brewster Stonehall).
Une adaptation honnête mais au goût du jour, prenant de nombreuses libertés envers l’œuvre originale (une fin heureuse, l’attaque surprise des Algonquins empêchant l’exécution des amants), des allusions à la chasse aux sorcières, au problème indien, aux esclaves noirs, etc. Moins un film sur la faute et la honte que sur les amours interdites, le tout embelli par des images léchées et esthétisantes. Tourné en Technicolor et écran panoramique au Canada, sur la côte Pacifique (île de Vancouver, Oyster River, Strathcona Provincial Park en Colombie Britannique) et sur la côte Atlantique (village de Shelburne et Yarmouth en Nouvelle-Ecosse).