XIV - PAVILLON NOIR: ÉPOPÉES MARITIMES DU XVIIe-XVIIIe s.

2. LES GRANDS ROMANS DE PIRATERIE

Peter Blood (Errol Flynn) s’empare d’un navire et devient pirate : « Captain Blood » de Michael Curtiz (1935).

2.2. "Captain Blood" de Rafael Sabatini

"Captain Blood: His Odyssey", roman paru en 1922. - En 1685, sous Jacques II d’Angleterre (pendant la rebellion de Monmouth), Peter Blood, un médecin irlandais, est injustement condamné aux galères pour avoir soigné un insurgé protestant. Vendu au vicieux colonel Bishop, un riche colon de l’île de la Barbade, il fait évader les esclaves lors d’une attaque des Espagnols et devient pirate pour se venger ; son navire porte le nom de la belle Arabella Bishop, la nièce de son tortionnaire. Cependant, lorsque la flotte française attaque Port-Royal, il sauve la ville. Jacques II ayant été destitué au profit d’une monarchie constitutionnelle, Blood est gracié et nommé gouverneur de la Jamaïque. Avec Blood, le romancier italo-britannique Sabatini crée l’archétype du pirate justicier, chevaleresque et séducteur – même si c’est l’authentique pirate Henry Morgan (cf. 1.1) qui a servi de modèle pour son personnage. – Suites : les romans « Captain Blood Returns » (1931) et « Fortunes of Captain Blood » (1936).
1924*Captain Blood. The Enthralling Tale of a Plunderer’s Love for a Monarch’s Daughter (Le Capitaine Blood) (US) de David Smith et Albert Edward Smith 
Vitagraph Co. of America, 11 bob./118 min. – av. J. Warren Kerrigan (Dr. Peter Blood), Jean Paige (Arabella Bishop), Wilfrid North (colonel Bishop), Charlotte Merriam (Mary Traill), James Morrison (Jeremy Pitt), Allan Forrest (Lord Julian Wade), Bertram Grassby (Don Diego), Jack Curtis (Wolverstone), Henry A. Barrows (Lord Willoughby), Boyd Irwin (cpt. Olivier Levasseur), Otis Harlan (Corliss), Otto Matiesen (Lord Jeffreys), Robert Bolder (amiral Van Der Kuylen), Templar Saxe (gouverneur Steed), Frank Whitson (baron de Rivarol), Omar Whitehead (Don Miguel), Muriel Paull (Hélène d’Ogeron), George Lewis (Henri d’Ogeron).
Une illustration assez fidèle et ample du roman de Sabatini, avec des batailles navales mouvementées qui ne manquent pas d’un certain panache pour l’époque, ayant nécessité trois navires, dont l'imposant galion déjà utilisé dans "The Courtship of Myles Standish" de Frederic Sullivan en 1923 (en revanche, les bateaux miniatures sont bien repérables). La faiblesse majeure du film tient au casting : Kerrigan en perruque bouclée n’a guère de charisme (à l'origine, on avait vainement proposé le rôle à Rudolph Valentino), et les autres acteurs laissent indifférent, de sorte que les séquences à terre ainsi que l’idylle Blood-Arabella manquent singulièrement de relief. Le rôle de Blood a été écrit pour John Barrymore, mais la star ne peut se libérer à temps. Le tournage se fait aux studios Vitagraph à Los Angeles et en extérieurs à Newport Bay (Calif.) ; David Smith étant tombé malade, son frère, le producteur Albert E. Smith, le remplace passagèrement (le film ne subsiste qu’à l’état de fragment de 30 minutes).
1935***Captain Blood (Le Capitaine Blood) (US) de Michael Curtiz 
Harry Joe Brown/Warner Bros. (Hal B. Wallis, Jack L. Warner)-First National-Cosmopolitan Picture (W. R. Hearst), 119 min. – av. Errol Flynn (Dr. Peter Blood), Olivia de Havilland (Arabella Bishop), Lionel Atwill (col. Bishop), Basil Rathbone (cpt. Olivier Levasseur), Vernon Steele (Jacques II d’Angleterre), Ross Alexander (Jeremy Pitt), Guy Kibbee (Hagthorne), Henry Stephenson (Lord Willoughby), Robert Barrat (Wolverstone), Donald Meek (Dr. Whacker), J. Carrol Naish (Cahusac), Pedro de Cordoba (Don Diego), David Torrence (Andrew Baynes), Frank McGlynn Sr. (révérend Ogle), George Hassell (gouverneur Steed), Colin Kenny (Lord Chester Dyke), Halliwell Hobbes (Lord Sunderland), Leonard Mudie (Lord George Jeffreys, dit le « juge sanglant »).
Bridgewater (Somerset), en Angleterre en automne 1685 : la rébellion de Monmouth contre Jacques II Stuart (cf. Angleterre 4) a été écrasée et les tribunaux des « Assises sanglantes » sèment la mort. Ayant soigné un rebelle au roi, le médecin irlandais Peter Blood est condamné à la pendaison, puis, sa peine ayant été commuée, il est vendu comme esclave à Port-Royal, à la Jamaïque. Son acquéreur est la ravissante Arabella Bishop, nièce d’un grand propriétaire terrien, l’impitoyable et sadique colonel Bishop, qui a le fouet facile. Blood flirte avec Arabella et se rend bientôt indispensable en soignant le gouverneur Steed atteint de goutte. En secret, il prépare son évasion. Lors de l’attaque nocturne de pirates espagnols, Blood réunit ses compagnons d’infortune et s’empare du galion ennemi. Puis, constituant une confrérie de boucaniers désormais sans patrie, l’équipage improvisé hisse le pavillon noir. De gibier, Blood devient chasseur et écume les Caraïbes, son nom fait trembler. A Port-Royal, le gouverneur Steed est destitué et remplacé par le colonel Bishop qui jure de pendre son ancien esclave. A l’île de la Tortue, le repaire des hors-la-loi, le fameux pirate français Olivier Levasseur (cf. 1.4) propose à Blood de s’associer avec lui, ce que ce dernier accepte avec réticence. Levasseur arraisonne un navire anglais à bord duquel se trouve un émissaire du roi, Lord Willoughby, et Arabella. Blood veut racheter la femme à son associé, mais doit pour cela le tuer en duel sur l’île de Virgen Magra. Arabella clame son mépris pour le pirate. Blood insiste néanmoins pour la ramener saine et sauve à Port-Royal, sachant qu’il risque ainsi sa propre vie. Lord Willoughby lui annonce que l’Angleterre et la France sont en guerre, qu’à Londres, Jacques II a été chassé du trône par Guillaume d’Orange, et lui propose de rentrer dans la Marine royale. En s’approchant de Port-Royal, Blood découvre que la ville, sans défense, est sous l’attaque de deux vaisseaux de guerre français. Il parvient à les anéantir par la ruse, tout en coulant son propre navire. Bishop est destitué de son poste pour avoir préféré chasser le pirate avec sa flotte plutôt que défendre sa colonie. Il est remplacé par Blood qui l’appelle ironiquement « mon oncle ».
Un film qui marque un tournant non seulement dans la production Warner Bros., firme surtout spécialisée dans le drame social et la comédie musicale, mais dans le genre du film d’aventures hollywoodien en général, dont il est à la fois l’archétype et un fleuron incontournable. La Warner, qui a acquis les droits du roman de Sabatini lors du rachat de la Vitagraph Co. en 1925, prévoit un budget important de 750’000 dollars (qui va gonfler à 1,2 millions) et offre le rôle du pirate improvisé à Robert Donat, le récent comte de Monte-Cristo (1934). Mais celui-ci doit rester en Angleterre pour des raisons de santé. Brian Aherne refuse, Leslie Howard, George Brent (et pour le rôle d’Arabella, Marion Davies et Jean Muir) ne font pas l’affaire non plus, ou ne veulent pas se commettre dans un vulgaire film d’aventures. Mervyn LeRoy impressionne plus de 24 bobines de tests avec divers acteurs. Le temps presse, les décors sont construits. Hal Wallis prend alors le risque considérable de confier sa production à deux inconnus, le Tasmanien Errol Flynn, 25 ans, encore imberbe, le cheveu long, et la débutante Olivia de Havilland, 19 ans, virginale et d’origine anglaise. Leurs accents n’ont rien d’américain, la chimie entre les deux fonctionne immédiatement, le magnétisme, la fougue juvénile et l’élégance naturelle de Flynn envoûtent le public : le couple perce du jour au lendemain, ils feront huit films ensemble. Stakhanoviste et perfectionniste, Michael Curtiz dirige sa star d’une main de fer, lui inculque la discipline, le pousse à progresser au point où, après quelques semaines, le studio, connu pour sa pingrerie, autorisera le cinéaste hongrois à retourner les premières scènes enregistrées. Parallèlement, Flynn et son adversaire à l’écran, le Sudafricain Basil Rathbone, suivent des cours intensifs d’escrime avec Fred Cavens, le célèbre maître d’armes belge de Douglas Fairbanks. Curtiz crée un spectacle débordant d’énergie, d’intensité émotionnelle et d’invention visuelle : ses plans sont composés et éclairés avec une imagination foisonnante, dynamisés par des mouvements d’appareil complexes, auxquels répondent les décors expressionnisants, stylisés d’Anton Grot et la musique électrifiante du compositeur d’opéra autrichien Erich Wolfgang Korngold qui fera, elle aussi, école (sa partition a été écrite en trois semaines seulement). L’adaptation de Casey Robinson simplifie l’intrigue de Sabatini, éliminant plusieurs personnages et situations secondaires (les Ogeron à Tortuga, le sinistre baron de Rivarol, Blood au service de Louis XIV, l’assaut de Cartagène et Maracaïbo) au profit d’un approfondissement psychologique des héros. Parallèlement, il introduit et amplifie une dimension politique qui fait écho aux événements en Europe et annonce l’engagement antifasciste de la Warner comme des nombreux Européens qui y travaillent : Blood combat toute forme d’absolutisme (Jacques II, les Espagnols, le pirate français Levasseur) au nom d’une confrérie proto-démocratique dont le médecin-capitaine établit les règles lors d’un long discours à son équipage, inexistant chez Sabatini.
Le tournage s’opère sur huit des plus vastes plateaux des studios de Burbank et de Sunset Boulevard (avec jusqu’à 2500 figurants), sur les anciens terrains de la Vitagraph à Prospect Avenue (East Hollywood) et en extérieurs à Corona, Three Arch Bay à Laguna Beach (le duel Blood-Levasseur) et Palm Canyon près de Palm Springs (Calif.) ; Jean Negulesco est l’assistant de Curtiz. Le galion « Cinco Llagas » est reconstruit en grandeur nature sur le plateau 3 à Burbank, tandis que les plans généraux des batailles maritimes sont orchestrées avec des navires miniatures, les savants trucages photographiques de Fred Jackman et, selon des rumeurs non vérifiées, quelques plans empruntés au « The Sea Hawk » muet de Frank Lloyd (1924), à « The Divine Lady » (1927) du même Lloyd et à la version muette de « Captain Blood » (1923). Immense succès critique et populaire (ayant coûté 995'000 $, le film atteint une recette mondiale de 2'475'000 $), « Captain Blood » décroche cinq nominations à l’Oscar 1935, du jamais vu pour ce type de production : meilleur film de l’année (c’est « Mutiny on the Bounty » qui l’emporte), meilleure réalisation (John Ford gagne), meilleur scénario, meilleure musique, meilleur montage son. Tombé en désuétude depuis la fin du muet et le départ de Fairbanks, le genre cape et épée refleurit à Hollywood. – N.B. Le film fera l’objet d’une adaptation radiophonique mise en ondes par Cecil B. DeMille, avec Flynn, de Havilland et Rathbone (« Lux Radio Theater », 60 min., CBS 22.2.1937).
« Fortunes of Captain Blood » (1950).
« Captain Blood Returns » (1952).
« Il figlio del capitano Blood » (1961).
1950Fortunes of Captain Blood (Les Nouvelles Aventures du capitaine Blood) (US) de Gordon Douglas 
Harry Joe Brown/Columbia Pictures, 91 min. – av. Louis Hayward (Dr. Peter Blood), Patricia Medina (Isabelita Sotomayor, nièce du gouverneur), George Macready (Marquis de Riconete, gouverneur de La Hacha), Curt Bois (Carlos II d’Espagne), Lowell Gilmore (George Fairfax), Alfonso Bedoya (Carmillo), Dona Drake (Pepita Rosados), Wilton Graff (cpt. Alvarado), Lumsden Hare (Tom Mannering).
Charles II d’Espagne charge le marquis de Riconete de capturer le capitaine Blood, ennemi de la couronne. Une partie de l’équipage du fameux pirate tombe dans le piège du négrier George Fairfax et se trouve réduite en esclavage dans la colonie espagnole de La Hacha, dans les Caraïbes. Ils sont torturés, mais refusent de révéler où se trouve leur capitaine. Isabelita, la nièce du marquis, aime Fairfax contre la volonté de son oncle. Les soldats du marquis le blessent en cherchant à l’arrêter. Entre-temps, déguisé en marchand de fruit, Pedro Morales alias Blood mène son enquête à terre pour délivrer ses hommes qu’il parvient à sortir de prison avant de se mesurer victorieusement au vaisseau du marquis.
Gordon Douglas, briscard du film d’action et de la série B, dirige ces nouvelles aventures avec savoir-faire, handicapé par la minceur du budget (Rafael Sabatini meurt trois mois avant la sortie du film). Le Sud-africain Louis Hayward et Patricia Medina remplacent Errol Flynn et Olivia de Havilland dans une série de petits films d’aventures en costumes de la Columbia : le couple a du charme, Hayward manie l’épée avec aisance, mais la qualité des scripts laisse sérieusement à désirer.
1952Captain Pirate / Captain Blood Returns / GB : Captain Blood, Fugitive (Les Évasions du capitaine Blood) (US) de Ralph Murphy 
Harry Joe Brown/Columbia Pictures, 85 min. – av. Louis Hayward (Dr. Peter Blood), Patricia Medina (Isabella), John Sutton (cpt. Hilary Evans), Ted de Corsia (cpt. Easterling), Charles Irwin (Angus McVickers), Rex Evans (gouverneur Henry Carlyle), Malú Gatica (Amanda), George Givot (Tomas Velasquez), Ian Wolfe (le vice-roi), Maurice Marsac (Coulevain).
Premières aventures de Blood en Technicolor, d’après le roman « Captain Blood Returns ». Rétabli dans ses droits, Peter Blood a mis fin à sa carrière de flibuste. En 1690, médecin établi à la Jamaïque où il soigne des esclaves noirs fugitifs, Blood est accusé du sac de Carthagène à la veille de son mariage avec Doña Isabella. Le capitaine anglais Hilary Evans le fait arrêter malgré ses protestations d’innocence et emmener sur un navire en partance pour l’Espagne, où il sera jugé. Alertés, des anciens compagnons se mêlent à l’équipage, le libèrent et prennent le commandement du navire sous pavillon noir. Entre-temps, Isabella est jetée en prison pour complicité. Blood enquête de port en port pour démasquer et châtier les véritables coupables. Il finit par surprendre le pirate Coulevain et son commanditaire, le capitaine Evans (qui se faisait passer pour Blood), alors qu’ils s’apprêtent à détruire le vaisseau chargé d’or du nouveau vice-roi espagnol à Puerto Bello, au Panama.
Un gentil film de série réalisé paresseusement sur le « backlot » de la Columbia et qui réunit à nouveau le tandem Hayward-Medina. Quelques images en noir et blanc de « Fortunes of Captain Blood » de 1950 apparaissent dans un flash-back, et les scènes d’abordage sont empruntées à « The Golden Hawk » (1952) de Sidney Salkow.
1956(tv) Captain without a Country (US) de Roy Del Ruth 
série « Conflict » no. 4, Warner Bros. Presents/Roy Huggins Prod. (ABC 30.10.56), 60 min. – av. Jacques Sernas (Dr. Peter Scott [=Peter Blood]), Inger Stevens (Lady Arabella Bishop), Anthony Eustrel, Tudor Owen.
Un médecin ayant pris les armes est banni aux Antilles pour rébellion contre la couronne. Scénario de Charles Bennett et Casey Robinson, d’après le roman « Captain Blood » de Rafael Sabatini. Tourné aux studios Warner Bros. à Burbank, avec de nombreux extraits du film de 1935.
1961Il figlio del capitano Blood / El hijo del capitán Blood / Son of Captain Blood (Le Fils du capitaine Blood) (IT/ES) de Tulio Demicheli 
Harry Joe Brown/Compagnia Cinematografica Mondiale-Benito Perojo, 90 min. – av. Sean Flynn (Robert Blood), Alessandra Panaro (Abigaïl), José Nieto (cpt. Toresilla/Malagon), Ann Todd (Arabella Blood, mère de Robert), John Kitzmiller (Moïse), Roberto Camardiel (Orguelthorpe).
A Port-Royal en 1712. Arabella, veuve du capitaine Blood, refuse de réduire son personnel à la condition d’esclave et déclenche l’ire des autorités anglaises. En route pour l’Europe où il veut étudier la médecine, son fils Robert Blood est capturé et torturé par le pirate Toresilla, l’ancien ennemi de son père. Il s’échappe, apprend que les biens de sa mère Arabella ont été confisqués sur ordre du gouverneur de la Jamaïque et cingle vers Port-Royal, mais la ville est détruite par un tremblement de terre. Le gouverneur périt écrasé. Robert sauve sa mère et Abigaïl, et obtient la grâce du roi.
Port-Royal fut effectivement détruit par un tremblement de terre suivi d’un tsunami, mais vingt ans plut tôt, en 1692. La seule particularité de cette bande routinière relève de la curiosité : Sean, l’unique fils d’Errol Flynn et de Lili Damita, 20 ans, joue le fils du célèbre pirate; il a bien le charme de son géniteur, mais hélas pas son charisme (et en fait, il n'a nulle ambition d'être acteur). Le producteur du film, Harry Joe Brown, qui a déjà produit le classique « Capitaine Blood » de 1935, organise le tournage en Eastmancolor et Dyaliscope dans les studios C.E.A. à Madrid, à Dénia près d'Alicante et au large de la Costa del Sol. La superbe frégate "Marcel B. Surdo", vue dans "John Paul Jones" (1958) de John Farrow et "Billy Budd" (1961) de Peter Ustinov, devient ici le vaisseau "Peter Blood". Dégoûté du cinéma après huit films de série B du même acabit, Sean embrassera la carrière d’aventurier, chasseur de tigres au Pakistan, guide de safari en Tanzanie, enfin reporter-photographe au Viêt-Nam. Il sera capturé et tué par les Khmers rouges en 1971. – Nota bene : en 1960, André Hunebelle envisage un remake de l’original, annoncé dans la presse anglo-saxonne sous le double titre de « Captain Blood/The Invincible Swordsman ». Sans suite.
1991(tv+ciné) Odisseya Kapitana Blada / L’Odyssée du capitaine Blood (SU/FR) d’Andreï Prachenko 
Arlette Guedj/Televidenye Sovietskovo Soyusa-Goskino-Yalta Films-SFP-ORTF (Russiya 1.1.91 / FR3 10.3.92), 72 min. + 78 min. – av. Yves Lambrecht (Dr. Peter Blood), Valérie Jeannet (Arabella Bishop), Leonid Yarmolnik (cpt. Olivier Levasseur), Aleksandr Pashutin (col. Bishop), Albert Filosov (Beins), Mindaougas Zapas (vicomte Jeremy Pitt), Georgi Dvornikov (Drake), Andre Dubovski (Lord Julian Wade), A. Yurenev (Lord Guildow), G. Kachin (cpt. Gobart), V. Shurko (gouverneur de la Barbade), Ramses Djabrailov (Ogl), Pavel Remezov (Wolverstone), Victor Demertash (Cahuzac), Georgi Dvornikov (Drake), Y. Sisto (Mary Frake), Coraly Zahonero (Hélène d’Ojeron), Frédéric Constant (Henri d’Ogeron), A. Ivanov (gouverneur d’Ogeron), H. Kromova (la tante de Blood).
Adaptation assez fastueuse et scrupuleuse du roman, sur un scénario de Natalia Kourtchanina dialogué par Marcel Jullian, et qui diffère sur plusieurs points du film d’Errol Flynn. Prachenko illustre le début du soulèvement de Montmouth dans les rues de Bridgewater en juillet 1685, sous les fenêtres de Blood, qui vit alors chez sa tante. Comme dans le roman, arrivé à la Barbade, Blood n’est pas acheté par Arabella, et devenu pirate, il ne se bat pas contre Levasseur pour sauver Arabella, mais pour récupérer Hélène et son frère Henri d’Ogeron, enfants rançonnés du gouverneur français de Tortuga. Il ne tue pas Levasseur lors du duel, mais le blesse et lui coupe l’oreille (la crapule finira pendue à la Réunion en 1730). Suivent le raid de Blood sur les mines d’or espagnoles de Misaboa, au large du Pérou, la trahison de Levasseur et celle du colonel Bishop, devenu gouverneur de la Barbade. A la fin, Blood renonce à sa réintégration dans la Marine royale anglaise qui le place à la botte de l’ignoble Bishop. Celui-ci ordonne son arrestation, mais Blood est sauvé in extremis par son équipage et gagne le large. Il a la bonne surprise de découvrir Arabella qui l’attend dans sa cabine.
Yves Lambrecht fait un Blood distingué, impavide, la voix toujours douce et la langue bien pendue : un ennemi intraitable de toute forme d’absolutisme. Une coproduction franco-soviétique d’honnête facture, solide, carrée, quoique sans la verve, le nerf et l’imagination visuelle de la version Michael Curtiz (1935), tournée avec quelque moyens (trois galions, des abordages plutôt réussis) à Cuba, à Yalta sur la mer Noire et dans les studios Gorki de Moscou.