XII - LES ÉTATS-UNIS AU XIXe SIÈCLE

2. LE « RÈGNE » DICTATORIAL D’ANDREW JACKSON - 1829/1837

L’assaut final des Mexicains dans « The Alamo » de John Wayne (1960)

2.3. FORT ALAMO et l’indépendance du Texas (1836)

Au Texas, territoire appartenant à la République du Mexique (qui a gagné sa liberté contre l’Espagne en 1822), le général mexicain ANTONIO LOPEZ DE SANTA ANNA (1794-1876) cherche vainement à endiguer l’immigration illégale des Américains, mais sa politique centralisatrice provoque la sécession des 30’000 Texans anglo-saxons. En 1829, les Etats-Unis ont proposé sans succès de racheter le territoire. Le général SAMUEL HOUSTON (1793-1863) et STEPHEN AUSTIN (1793-1836) proclament arbitrairement l’indépendance du Texas en 1833, entraînant l’intervention de l’armée mexicaine. Dirigés par le colonel WILLIAM BARRETT TRAVIS (1809-1836), les 187 défenseurs américains du fort ALAMO, une mission désaffectée à San Antonio de Bixar, périssent tous (parmi eux les aventuriers Davy Crockett et Jim Bowie) héroïquement en soutenant un siège de 13 jours contre les 5000 Mexicains du général Santa Anna, du 24 février au 6 mars 1836. L’assaut du fort a lieu peu avant l’aube et dure une heure. Resté passif durant le siège, Sam Houston rassemble alors ses troupes, bat l’armée mexicaine et capture Santa Anna lors de la bataille de San Jacinto (21 avril 1836), une victoire décisive qui fait de lui le héros de la révolution. Sam Houston devient le premier président de la République du Texas (1836/38). – Suite cf. infra, Sam Houston et la guerre américano-mexicaine de 1846/47.

Rectification impérative : selon les manuels scolaires du Texas, l’épisode d’Alamo représente « le prix élevé qu’il faut parfois payer pour la liberté »... la dite "liberté" signifiant le fait d'appartenir désormais aux États-Unis. Chaque décennie a sa propre version cinéma du mythe créateur du Texas. Tous les films présentent les Américains comme libérateurs, alors qu’ils sont en fait des colons, des affairistes et des envahisseurs. De 1821 à 1835, près de 30 000 colons affluent au Texas, région dépeinte comme un pays de cocagne. Cette fièvre ne tarde pas à indisposer le gouvernement mexicain, car les "Anglos" forment les trois quarts de la population locale. Leurs syndicats contrôlent illégalement de vastes étendues du territoire, s'appuyant sur de solides réseaux de contrebande; ils s'y livrent à une spéculation foncière sauvage avec le concours de négociants et de banquiers américains.
Quant à la "liberté" défendue par les Texans à Alamo, c’est en particulier celle de pouvoir posséder des esclaves noirs… L’esclavage a été aboli au Mexique en 1829 par le président Vicente Guerrero, mais, sans le moindre égard pour les autorités centrales, des planteurs de Louisiane, du Tennessee, du Mississippi sont accourus par centaines avec leur main-d'oeuvre servile, et le pays compte 5000 esclaves noirs illégaux en 1834. Jim Bowie, un des "martyrs" d'Alamo, était un magouilleur crapuleux et un ex-marchand d'esclaves notoire. Bowie et ses frères spéculaient sur les esclaves amenés par le pirate Jean Lafitte à la Nouvelle-Orléans et les revendaient en Louisiane pour financer leurs entreprises immobilières.


Par ailleurs, les colons yankee rechignent à payer leurs impôts et ne font plus mystère de leurs revendications autonomistes. Le 6 février 1830, le vote d'une loi de colonisation à Mexico inaugure un tournant répressif en abrogeant toutes les conventions foncières encore non signées, en levant la plupart des exemptions fiscales, en interdisant l'entrée de nouveaux esclaves et en frappant d'ostracisme les immigrants clandestins. Appuyé par les conservateurs et investi des pleins pouvoirs, Santa Anna règne, selon les Américains, en "dictateur" (en fait, il n'exerça la présidence par intérim que quelques mois en 1833, et fut plutôt un réformateur). En été 1835, ses soldats tentent vainement de mettre fin à la contrebande et de collecter des impôts dans les ports d'Anahuac et de Galveston. Les colons brûlent l'effigie du général, c'est le début de l'insurrection. À Alamo, Travis et Bowie désobéissent à Houston en transformant la mission en forteresse et en cherchant seuls l’affrontement avec les Mexicains. L'armée de Santa Anna n'est en réalité qu'un ramassis de recrues engagées à la hâte et parfois de force, sans expérience, mal vêtues et équipées d'armes désuètes. La propagande américaine transformera cette troupe de va-nu-pieds en ennemi valeureux et puissants. Houston, quant à lui, refuse de prendre la menace de Santa Anna au sérieux et traite Travis de "menteur". Le fort est pris après un unique assaut d’infanterie. Jim Bowie est paralysé au lit pendant tout le siège, souffrant de la fièvre typhoïde. Contrairement à une légende tenace, Davy Crockett est capturé vivant avec sept autres défenseurs du fort et fusillé.
1911The Immortal Alamo / Fall of the Alamo (US) de William F. Haddock 
Star Film Co. (Gaston Méliès), 1000 ft. – av. Francis Ford (Davy Crockett), Gaston Méliès, William Clifford (col. William Barrett Travis), William Carroll (ltn. Almaron Dickinson), Edith Storey (Susannah Dickinson).
Le film reconstitue le siège d’Alamo et la bataille de San Jacinto. Filmé à San Antonio et à la mission San José, Texas.
1912The Spanish Revolt of 1836 (US)
Kalem, 1 bob. – av. Alice Joyce.
1914The Siege and Fall of the Alamo / The Fall of the Alamo (US)
State of Texas Prod., 5 bob. – av. Ray Myers (Davy Crockett). – Le film reconstitue le siège d’Alamo et la bataille de San Jacinto.
1915The Martyrs of the Alamo or The Birth of Texas (La Naissance du Texas) (US) de William Christy Cabanne, supervision : David Wark Griffith 
Fine Arts Co.-Triangle Film, 5 bob. – av. Walter Long (gén. Antonio López de Santa Anna), Sam de Grasse, Fred Burns, Alfred Paget (Jim Bowie), Alfred D. Sears (Davy Crockett), Tom Wilson (Sam Houston), Ora Carew (Susannah Dickinson), John Dillon (col. William Barrett Travis).
Supervisé de loin par Griffith (occupé à « Intolerance »), le spectacle belliciste est une ode assez ignoble à la suprématie blanche, Santa Anna étant dépeint comme un ogre avide d’orgies, de femmes et de téquila. La rebellion des Texans est ici une guerre raciale. Le sous-titre renvoie à The Birth of a Nation, où l’interprète de Santa Anna (Walter Long) campa le Noir violeur de femmes blanches. Tourné aux Fine Arts Studios à Hollywood.
1917The Conqueror (US) de Raoul Walsh 
Standard Pictures-Fox Film, 8 bob. – av. William Farnum (Sam Houston), Jewel Carmen (Eliza Allen), Charles Clary (Sidney Stokes), James A. Marcus, Owen Jones (James Houston, le père de Sam).
La jeunesse de Samuel Houston, son premier mariage avec Eliza Allen et son combat contre des maraudeurs mexicains au Texas, aidé par ses amis Cherokees.
1926Davy Crockett at the Fall of Alamo (US) de Robert North Bradbury 
Anthony J. Xydias/Sunset Pictures, 6 bob./5540 ft. – av. Cullen Landis (Davy Crockett), Kathryn McGuire, Joe Rickson (col. William Barrett Travis), Bob Fleming (Jim Bowie), Fletcher Norton (gén. Antonio López de Santa Anna), Ralph McCullough (col. Bonham), Anne Berryman, Jay Morley.
1937Heroes of the Alamo / Remember the Alamo (US) de Harry L. Fraser 
Anthony J. Xydias/Sunset Pictures-Columbia, 75 min. – av. Earl Hodgins (Stephen F. Austin), Lane Chandler (Davy Crockett), Roger Williams (Jim Bowie), Rex Lease (col. William Barrett Travis), Bruce Warren (Almerian Dickinson), Ruth Findlay (Susannah Dickinson), Marilyn Haslett (Angelina Dickinson), Edward Peil Sr. (Sam Houston), Julian Rivero (gén. Antonio López de Santa Anna), Earle Hodgins (Stephen Austin).
Almerian et Susannah Dickinson sont les héros de cette version sonore (par ailleurs très fauchée), et non pas Crockett, Travis et Bowie. La production reprend les séquences de bataille de Davy Crockett at the Fall of Alamo (1926).
1938The Fall of the Alamo / Alamo : Shrine of Texas Liberty (vd) (US) de Stuart Paton 
H. W. Kier/National Pictures, 2 bob./45 min. – av. Coates Gwynne (col. William Barrett Travis), Sterling Waters (Davy Crockett), J. R. Klumpp (Jim Bowie), Florence Griffith (Susannah Dickinson), Paul Willett (gén. Antonio López de Santa Anna). – Film à but didactique tourné à San Antonio et à la mission San José, Texas.
1939*Man of Conquest (US) de George Nicholls, Jr. [Joseph Kane, B. Reeves Eason] 
Sol C. Siegel/Republic Pictures, 97 min. – av. Richard Dix (Sam Houston), Gail Patrick (Margaret Lea), Joan Fontaine (Eliza Houston), Edward Ellis (président Andrew Jackson), Victor Jory (col. William Barrett Travis), Robert Armstrong (Jim Bowie), Robert Barratt (Davy Crockett), C. Henry Gordon (gén. Antonio López de Santa Anna), Ralph Morgan (Stephen Austin).
Les exploits de Sam Houston (qui deviendra en 1847 le premier gouverneur du nouvel État du Texas) contre les Indiens Creek, son amitié avec le futur président Andrew Jackson, ses déconvenues conjugales qui brisent sa carrière de gouverneur du Tennessee, sa vie chez les Indiens Cherokee, le mouvement insurrectionnel au Texas et le siège d’Alamo, enfin la bataille de San Jacinto, victoire définitive des Texans sur les armées mexicaines de Santa-Anna. Une tranche de vie aventureuse, de 1812 à 1836, filmée en janvier-février 1939 à Sonora, à San Joaquin Valley, à Pioneer (Amador County, Calif.) et aux studios Republic. Joseph Kane et B. Reeves Eason dirigent les combats, secondés par Yakima Canutt (cascades). Un des meilleurs rôles de Richard Dix, énergique et convaincant.
Sam Houston, ambassadeur des Cherokee (Richard Dix, g.) et Andrew Jackson dans « Man of Conquest » (1939)
1953(tv) The Defense of the Alamo (February 23, 1836) (US) de Sidney Lumet 
série « You Are There » . 17 (CBS 24.5.53), 30 min. – Docu-fiction: l'événement représenté come un reportage du téléjournal de la CBS, commenté en direct par Walter Cronkite.
1953*The Man from the Alamo (Le Déserteur de Fort Alamo) (US) de Budd Boetticher 
Aaron Rosenberg/Universal International Pictures, 79 min. – av. Glenn Ford (John Stroud [=Moses Rose]), Julia Adams, Chill Wills, Trevor Bardette (Davy Crockett), Stuart Randall (Jim Bowie), Arthur Space (col. William Barrett Travis), Howard Negley (gén. Sam Houston).
John Stroud, un homme de la garnison de Fort Alamo qu’assiègent les Mexicains, a été tiré au sort : plutôt que de rester et mourir en défendant le fortin, il est chargé d’aider les civils et familles américaines à l’extérieur, menacés par des maraudeurs américains. Sa présence parmi les survivants suscite incompréhension et mépris. Les événements lui donneront raison, il peut tuer les assassins de son épouse avant de rejoindre l’armée de Sam Houston. Le script s’inspire d’événements authentiques : Moses Rose, un garçon tiré au sort parmi les insurgés texans fut l’unique survivant (son rôle sera tenu par Frankie Avalon dans le film de John Wayne en 1960). Tourné en Technicolor aux studios de Universal-City et à Chatsworth.
1955® Davy Crockett, King of the Wild Frontier (Davy Crockett roi des trappeurs) (US) de Norman Foster ; Walt Disney Prod. (tv-Disneyland Series, épisode Davy Crockett at the Alamo (ABC 23.2.55). – av. Fess Parker (Davy Crockett), Kenneth Tobey (Jim Bowie), Don Megowan (col. William Barrett Travis). – Premier film à montrer Davy Crockett mourant sur les remparts d’Alamo (recrées très approximativement en studio, en Technicolor). – cf. infra, bio Davy Crockett.
1955**The Last Command (Quand le clairon sonnera) (US) de Frank Lloyd [et William Witney]
Frank Lloyd/Republic Pictures (Herbert J. Yates), 110 min. – av. Sterling Hayden (Jim Bowie), Anna Maria Alberghetti (Consuela), Richard Carlson (col. William Barrett Travis), Arthur Hunnicutt (Davy Crockett), J. Carrol Naish (gén. Antonio López de Santa Anna), Virginia Grey (Susannah Dickinson), Hugh Sanders (Sam Houston), Otto Kruger (Stephen Austin).
Le siège d’Alamo vécu du point de vue de Jim Bowie (Travis n'a qu'un rôle épisodique et Davy Crockett, personnage plutôt comique, n'apparaît que dans la dernier tiers du récit). Un projet ambitieux de la Républic, confié au vétéran anglo-américain Frank Lloyd (Mutiny on the Bounty, 1935), 68 ans, un spécialiste du film en costumes qui sort de sa retraite. Sterling Hayden accepte d'interpréter le légendaire aventurier pour se "blanchir" après les attaques de la Commission des activités anti-américaines de McCarthy. Pour Herbert J. Yates, patron de la Republic, le projet est surtout destiné à couler celui de John Wayne qui est en chantier depuis 1948 (cf. infra); la société pille sans vergogne le script que James Edward Grant a concocté pour Wayne après que l'acteur-fétiche de Ford se soit disputé avec Yates et ait regagné sa liberté.
L’action de ce film par ailleurs assez bavard se concentre sur les raisons du siège, les tensions politiques et les drames de la vie privée de Jim Bowie six mois avant les affrontements, un éclairage tout à fait original qui cherche à expliquer les raisons de tous les concernés. Après avoir combattu pendant des années aux côtés du général Santa Anna, un compagnon d'armes qui lui témoigne beaucoup d'amitié (fait peu connu mais authentique), Bowie traverse le Texas pour rentrer auprès de sa femme mexicaine et ses enfants, au Mexique. (Son passé de marchand d'esclaves est passé sous silence...) Il est témoin des exactions du gouverneur militaire local à San Antonio, fait libérer le bouillant avocat William Travis et le politicien Stephen Austin. Santa Anna lui apprend le décès de sa famille, victime d'une épidémie, et tente de le consoler. Toutefois, choqué par l'arrogance du dictateur envers la population, Bowie se sent libre de rallier le camp des rebelles, participe à l'attaque d'un détachement de cavalerie gouvernementale et devient le représentant officiel de Sam Houston lorsque ceux-ci se retranchent dans le fortin improvisé d'Alamo. Santa Anna le supplie de ne pas rester dans le fort. Le siège est bref, les murs sont fragiles, Bowie est blessé à la cuisse en tentant de récupérer un canon à l'extérieur des fortifications. Personne ne survit à l'unique assaut de l'armée mexicaine…
Un des films les plus chers – deux millions de $ – de l’histoire de la Republic (tournage en Trucolor à Brackettville, Texas, et aux studios Republic), lancé simultanément dans 300 salles au Texas. Lloyd étant tombé malade, William Witney (champion du sérial et du western de série B) réalise la plupart des scènes d’action et la bataille avec 400 figurants, dynamique, brutal, très réaliste et nettement plus proche du déroulement authentique des faits que le film de John Wayne. Arthur Hunnicutt campe le Davy Crockett le plus authentique, le plus juste vu à l'écran. Facteur plutôt rare, digne d'être relevé: Lloyd évite toute effusion sentimentale ou patriotarde, ses héros meurent sans discours ni appels au drapeau. Mais hormis ses combats, le film reste formellement assez terne et son échec au box-office est total, la critique boude (c'est l'unique production hollywoodienne de catégorie A à laquelle le New York Times ne consacre pas une seule ligne !). Ces pertes financières entraînent à terme le déclin de la Republic.
1956The First Texan (Attaque à l’aube) (US) de Byron Haskin 
Walter Mirisch/Allied Artists Pictures, 82 min. – av. Joel McCrea (Sam Houston), Felicia Farr, Jeff Morrow (Jim Bowie), William Hopper (col. William Barrett Travis), David Silva (gén. Antonio López de Santa Anna), James Griffith (Davy Crockett), Dayton Lummis (Stephen Austin), Carl Benton Reid (président Andrew Jackson), Rodolfo Hoyos Jr. (colonel Cos).
Apprenant l’anéantissement d’Alamo, le cpt. Eugene Chimene et le gén. Sam Houston jurent vengeance, surprennent l’armée mexicaine à San Jacinto et capturent le général Santa Anna (1836). Tourné en CinemaScope et Technicolor avec de la cavalerie à Thousand Oaks, San Fernando Valley, Agoura Hills et aux studios Republic, mais le scénario est boiteux (le spectateur peine à comprendre pourquoi Houston attend si longtemps pour réagir au massacre d’Alamo), et, malgré la présence de Joel McCrea, le film est un retentissant échec public.
1957® (tv) The Adventures of Jim Bowie (US) de Lewis R. Foster (ABC, 25 min.). – av. Scott Forbes (Jim Bowie), Denver Pyle (Sam Houston), Rodolfo Hoyos (gén. Antonio López de Santa Anna), Charles MacArthur (Jefferson Davis), George Dunn (Davy Crockett). – Jim Bowie en Louisiane en 1830, puis au Texas sous Santa Anna. – cf. infra, bio Jim Bowie.
1957(tv) Sam Houston’s Decision (US) de Don Taylor 
série « Telephone Time », Hal Roach Studios (ABC 10.12.57), 30 min. – av. Don Taylor (Sam Houston), Arthur Hanson, Kenneth Patterson, Arthur Space, James Westerfield, Dave Willock. – Alors qu’Alamo est assiégé, Houston décide d’affronter les Mexicains avec sa petite armée.
Les défenseurs légendaires de Fort Alamo : Jim Bowie, Davy Crockett et William Barrett Travis (1960)
1960***The Alamo (Alamo) (US) de John Wayne 
Batjac Productions (John Wayne)-United Artists, 199 min./167 min./140 min. – av. John Wayne (Davy Crockett), Richard Widmark (Jim Bowie), Laurence Harvey (col. William Barrett Travis), Richard Boone (Sam Houston), Frankie Avalon (Smitty), Linda Cristal (Flaca), Patrick Wayne (cpt. James Bonham), Joan O’Brien (Susannah Dickinson), Ruben Padilla (gén. Antonio López de Santa Anna), Ken Curtis (ltn. Almaron Dickinson), Carol Baxter, Joseph Calleia (Juan Nepomuceno Seguin).
Sans conteste l’évocation la plus prestigieuse et la plus flamboyante du siège d’Alamo, avec une armée de 2295 figurants, un fort entièrement reconstruit à Brackettville (Texas), des intérieurs aux Samuel Goldwyn Studios, un tournage en Technicolor et Todd-AO 70mm, une musique et des chansons particulièrement entraînantes de Dimitri Tiomkin ("The Green Leaves of Summer", "The Ballad of the Alamo"), un budget de 12 millions de $. On a droit à de somptueuses scènes de bataille (en réalité, il n’y eut qu’une seule et unique charge d’infanterie, qui vint à bout de toute résistance, et l’artillerie que Wayne attribue généreusement à Santa Anna aurait réduit la forteresse en ruines en moins de 15 minutes !). Quelques plans auraient été filmés par John Ford, en visite sur le plateau (ce qu'affirme Widmark mais conteste Wayne).
Le rêve de John Wayne, la star républicaine et ultra-nationaliste qui tente de monter son film pendant plus d’une décennie « pour donner espoir et courage aux nations menacées par le communisme » (scénario de James Edward Grant), notamment aux studios Republic, où Herbert J. Yates tentera de lui voler son projet (cf. supra, The Last Command, 1955). Un hymne naïf à la liberté, croulant sous les inexactitudes historiques, réactionnaire en diable, sentimental, tonitruant et héroïsant, mais pourvu d’un puissant souffle épique, visuellement splendide (photo: William H. Clothier, le chef opérateur de Wellman, Boetticher, Ford) et soutenu par une mise en scène et un sens du tableau souvent inspirés. Persuadé que ses héros combattaient pour la « liberté », le réalisateur finit par entraîner l'adhésion, malgré un début lent et bancal (l'esquisse d'une idylle avec une belle Mexicaine, les beuveries des brailleurs du Tennessee, etc.). Belle interprétation de Wayne, Widmark et Harvey (en Travis complexe, ingrat, jamais flatté). Malgré six nominations à l’Oscar (meilleur film, musique, photo, montage, etc., et une statuette pour la bande sonore), un échec au box-office, et la ruine de Wayne. Un film évidemment banni au Mexique.
1966(tv) The Alamo (US) de Sobey Martin 
série « The Time Tunnel », Irwin Allen-20th Century Fox (ABC 9.12.66), 50 min. – av. James Darren, Robert Colbert, Rhodes Reason (col. William Barrett Travis), Jim Davis (Jim Bowie), Rodolfo Hoyos (cpt. Rodiguez) – Alamo à neuf heures de l’assaut final (voyage à travers le temps).
1969Viva Max (US) de Jerry Paris 
Commonwealth United, 93 min. – av. Peter Ustinov, Pamela Tiffin, Jonathon Winters, John Astin, Kennan Wynn. – Parodie du siège d’Alamo : le sanctuaire du patriotisme texan est « délivré » par un général mexicain (Ustinov) !
1971(tv) The Siege of the Alamo (March 5, 1836) (US) de Burt Brinckerhoff 
série « You Are There », Vern Diamond Prod. (CBS 9.10.71), 30 min. – av. Fred Gwynne (Davy Crockett), Philip Bosco (Sam Houston), Roger Davis (William Travis), Melissa Murphy (Susannah Dickinson), Bernard Kates (Jim Bowie), Manuel Sebastian (gén. Antonio López de Santa Anna), Arny Freeman (Louis Rose), Tom Atkins (Almeron Dickinson), Hector Helias (col. Almonte), James Hall (James Bonham).
L'événement représenté comme un reportage du téléjournal de la CBS, commenté en direct par Walter Cronkite (script: Walter Bernstein).
1973Los Amigos / Deaf Smith and Johnny Ears (IT) de Paolo Cavara 
C.C. Prima-Co.-Idea Film, 97 min. – av. Antony Quinn (Erastus « Deaf » Smith), Franco Nero (Johnny Ears), Pamela Tiffin (Susie), Ira von Fürstenberg (Hester McDonald Morton), Franco Graziosi (gén. Lucius Morton). – Deux aventuriers au service de Sam Houston en 1834 (tourné en Espagne).
1982(tv) Seguin (US) de Jesus Salvador Trevino 
série « American Playhouse » no. 3 (PBS 26.1.82), 90 min. – av. A. Martinez (col. Juan Nepomuceno Seguin), Edward James Olmos (gén. Antonio López de Santa Anna), Henry Darrow (Don Erasmo Seguin), Rose Portillo (Maria Gertrudis Flores de Seguin), Robert Viharo, Pepe Serna, Enrico Castillo.
La vie du révolutionnaire tejano Juan Nepomuceno Seguin (1806-1889), premier à organiser l’opposiiton contre Santa Anna (1934), affronte le gén. Cos à San Antonio avec 160 volontaires tejanos (1935), quitte Alamo pour chercher du renfort auprès de Houston et participe à la victoire de San Jacinto ; il est nommé sénateur de la République du Texas. Chassé du Texas par ses anciens amis anglo-saxons, il combat les Américains au Mexique en 1846.
1982(vd) Texas and Tennesse, A Musical Affair (US) de Lee Bernhardi 
Billy Galvin, Jim Owens/Syndicated Television-Multimedia Program, 120 min. – av. Jimmy Dean (col. William Barrett Travis), Jerry Reed (Davy Crockett). – Episode d’Alamo (15 min.) filmé à Brackettville, Texas.
1985(tv) Alamo Jobe (US) de Michael D. Moore 
série « Amazing Stories (Histoires fantastiques) », Amblin Entertainment (Steven Spielberg)-Universal Television (NBC 20.10.85), 25 min. – av. Kelly Reno (Jobe Farnum), Richard Young (Davy Crockett), William Boyett (col. William Barrett Travis).
Jobe, un adolescent du Tennessee qui combat aux côtés de Crockett, Bowie et Travis à Alamo, s’égare temporairement au XXe siècle parmi les touristes visitant les sites historiques du drame à San Antonio. Une uchronie amusante d'après un idée de Steven Spielberg; quelques images de l'assaut final sont reprises de The Alamo (1960) de John Wayne.
1986(tv) The Alamo : Thirteen Days to Glory (Les Treize Jours d’Alamo) (US) de Burt Kennedy [batailles : John Elsenbach] 
Briggle-Hennessy-Carrothers (NBC 26.1.87), 180 min. – av. James Arness (Jim Bowie), Brian Keith (Davy Crockett), Raul Julia (gén. Antonio López de Santa Anna), Alec Baldwin (col. William Barrett Travis), Lorne Greene (Sam Houston), Kathleen York (Susannah Dickinson), Michael Wren (Nepomuceno Seguin).
Les plans généraux des batailles sont extraites de The Last Command de Frank Lloyd et William Witney (1955), le tournage se fait dans les décors édifiés pour le film de John Wayne (1960) à Brackettville, Texas.
1986(tv) Houston : The Legend of Texas / Gone to Texas : The Sam Houston Story (US) de Peter Levin 
Frank Q. Dobbs/J. D. Feigelson Prod.-Taft Entertainment Pictures-CBS Special (CBS 22.11.86), 180 min. – av. Sam Elliott (Sam Houston), Claudia Christian (Eliza Allen), Donald Moffat (col. John Allen), Devon Ericson (Tiana Rogers), William Russ (col. William Barrett Travis), James Stephens (Stephen F. Austin), Richard Yniguez (gén. Antonio López de Santa Anna), Michael Beck (Jim Bowie), Bo Hopkins (col. Sidney Sherman), G. D. Spradlin (président Andrew Jackson), Peter Gonzales Falcon (Juan Nepomuceno Seguin).
Période de 1829-1863, le siège d’Alamo, la vie Houston avec les Cherokees, ses démélés avec Andrew Jackson, sa rencontre avec Jim Bowie, la guerre américano-mexicaine. En 1861, Houston refuse de défendre le Texas esclavagiste et prend sa retraite. Filmé au Texas, notamment au Sam Houston Park à Houston.
1987Alamo ... The Price of Freedom (US) de Kieth Merrill 
IMAX-Rivertheatre Associates-Texas Cavalcade Corp., 48 min. – av. Enrique Sandino (gén. Antonio López de Santa Anna), Casey Biggs (col. William Barrett Travis), Steve Sandor (Jim Bowie), Merrill Connally (Davy Crockett), Clara Peacock (Susannah Dickinson), Derek Cabellero (Juan Nepomuceno Seguin).
Film en format géant IMAX destiné aux projections quotidiennes du cinéma de San Antonio/Rivertheatre Mall (à côté du mémorial d’Alamo), tourné au Texas en réutilisant les décors de John Wayne à Brackettville.
1995(tv) James A. Michener’s Texas (Texas) (US) de Richard Lang 
Howard Alston/Republic-Aaron Spelling Television (ABC 16.-17.4.95), 189 min. – av. Stacey Keach (Sam Houston), Chelsea Field (Mattie Quimper), Rich Schroeder, Patrick Duffy (Stephen F. Austin), David Keith (Jim Bowie), Maria Conchita Alonso, Benjamin Pratt, Anthony Michael Hall, John Schneider (Davy Crockett), Grant Shaw (col. William Barrett Travis), Randy Travis (capt. Sam Garner, chef des Texas Rangers), Lloyd Battista (gén. Antonio López de Santa Anna), Miguel Sandoval (gén. Cos), Benjamin Pratt (Benito Garza), Roland Rodriguez (Juan Nepomuceno Seguin).
La genèse tragique du futur État américain, république déchirée par les conflits et dont la destinée est représentée à travers le drame des membres d'une famille issus de mariages mixtes mexicano-américains obligés de s'entretuer; les protagonistes disparaissent tous progressivement. Période 1821 à 1846, les batailles d’Alamo et de San Jacinto, la création des Texas Rangers. Une fresque qui ne lésine ni sur la violence graphique (avec un excès de ralentis bien inutiles) ni sur les séquences spectaculaires, tournée sur place (Alamo Village à Brackettville, Devil’s River Ranch, Rancho Rio Grande).
1996(vd) The Alamo (US) de Craig Haffner 
Greystone Communication-Arts & Entertainment Network, 100 min. – av. Tom Berenger (narration). – Docu-fiction avec reconstitutions, comédiens anonymes et extraits de The Alamo de John Wayne (1960) et The Martyrs of the Alamo (1915).
1996(tv) The Battle of the Alamo (US) de Nina Gilden Seavey et Paul Wagner 
Discovery Channel Pictures-Discovery Communications-George Washington University Center for History in the Media (Discovery Ch. 9.3.96), 47 min. – av. Jeff Bearden, Robert Chambers, Julie Eisenberg, Rudy Elizondo, Adam Domingez, Charles Lara, Jeffrey William Hunt, Hal Holbrook (narration). – Docu-fiction avec comédiens anonymes et reconstitutions filmées à Brackettville (Alamo Village), Texas.
1998(tv) Two for Texas (Les Rebelles du Texas) (US) de Rod Hardy 
Dennis Bishop/Bleecker Street Films-Turner Network Television (TNT 18.1.98), 92 min. – av. Kris Kristofferson (Hugh Allison), Scott Bairstow (Son Holland), Peter Coyote (Jim Bowie), Tom Skerritt (Sam Houston), Marco Rodriguez (gén. Antonio Lopez de Santa Ana), Karey Green (Susannah Dickinson).
En 1836, deux bagnards évadés de la Louisiane rejoignent l’armée de Sam Houston et combattent à San Jacinto.
2000(tv) A Line in the Sand (US) de William Fruet 
Série « Dear America », Deborah Forte, Bill Siegler, Martha Atwater/HBO Television-Scholastic Entertainment (HBO 10.4.00), 26 min. – av. Amy Stewart (Lucinda Lawrence), Scott Wickware (Davy Crockett), Tamsin Kelsey (Mama Lawrence), Adrian Hough (Papa Lawrence), Stephen McCarthy (Willis Lawrence), Ari Cohen (Isaac), Inga Cadranel (Esperanza), Kristin Adams (Mittie Roe), Joel Hechter (défenseur d'Alamo), Trevor McCarthy (un messager). – Une jeune femme de Gonzales, ville texane non loin d’Alamo, est témoin du siège. Film de famille adapté du livre A Line in the Sand de Sherry Garland.
2003(tv) Remember the Alamo (US) de Joshua Alper 
Greystoke Communications (History Channel 16.12.03), 120 min. – av. Dennis Quaid (narration). – Docu-fiction avec reconstitutions et acteurs anonymes.
2003/04**The Alamo (US) de John Lee Hancock 
Texia Prod.-Imagine Entertainment-Touchstone Pictures (Walt Disney), 137 min. – av. Dennis Quaid (Sam Houston), Billy Bob Thornton (Davy Crockett), Jason Patric (James Bowie), Patrick Wilson (col. William Barrett Travis), Emilio Echevarria (gén. Antonio López de Santa Anna), Jordi Mollà (Juan Nepomuceno Seguin), Laura Clifton (Susannah Dickinson), Emily Deschanel (Rosanna Travis), Rance Howard (gouverneur Smith), Cástulo Guerra (gén. Manuel Castrillon).
Probablement le film le plus honnête, le plus cinglant et le plus exact historiquement sur le siège d'Alamo. En plein sursaut patriotique après le 11 septembre, Disney annonce ce film mis en chantier par Ron Howard sur un scénario initial de l'irréductible John Sayles. Après l’invasion de l’Afghanistan, le budget du film est réduit, la direction est confiée au Texan Hancock. Sorti en plein marasme irakien, le film fait un bide monumental en raison de son révisionnisme historique bienvenu qui met en avant les circonstances équivoques du conflit et l’existence comme les motivations pas toujours glorieuses ni honnêtes de ses protagonistes. Travis abandonne son épouse enceinte, Bowie est un ex-esclavagiste et propriétaire terrien corrompu, Davy Crockett est un pantin qui finit prisonnier par les Mexicains et que Santa Ana fait fusiller, Sam Houston est un politicien buté, alcoolique et rusé (modèle: George Bush) qui utilise le massacre des défenseurs d’Alamo pour galvaniser l’opinion publique dans sa guerre contre le Mexique. L’affrontement armé se résume très justement à un seul assaut nocturne. La reconstitution de la victoire de Houston à San Jacinto est filmée près de Bartrop (Texas). Les spectateurs américains refusent le film en bloc.
2015(tv) Texas Rising (US) mini-série de Roland Joffé
A+E Studios-ITV Studios America-Thinkfactory Media (History Channel 25.5.-15.6.15), 5 x 120 min. - av. Bill Paxton (Sam Houston), Jeffrey Dean Morgan ("Deaf" Smith), Olivier Martinez (gén. Antonio Lopez de Santa Anna), Kris Kristofferson (président Andrew Jackson), Darby Hinton (président David G. Burnet), Thomas Jane (James Wykoff), Crispin Glover (Mosley Baker), Jeremy Davies (Ephraim Knowles), Chad Michael Murray (Mirabeau Lamar), Jonathon Schaech (col. Sidney Sherman), Rpb Morrow (col. James Fannin), Geoffrey Blake (col. George Hockley), Max Thierot (Jack Hays), Robert Baker (Bigfoot Wallace), Gerardo Taracena (Manuel N. Flores), Alixandra von Renner (Susanna Dickinson).
Au lendemain de la bataille d'Alamo, Sam Houston crée les Texas Rangers et bat les troupes mexicaines du général Santa Anna à San Jacinto, créant ainsi les fondements de la future République du Texas. Fresque télévisée tournée à Durango, au Mexique, avec Bill Paxton, un lointain cousin de Sam Houston. Une vision un peu manichéenne du conflit, plus proche de John Wayne que de la complexité historique et bourrée d'inexactitudes historiques. L'ensemble est figé, mais le casting est convainquant et le déroulement des combats à San Jacinto et plutôt bien mené par le cinéaste Roland Joffé (The Killing Fields, 1984, Mission, 1986, Vatel, 2000) et ne manque pas de panache. - Episodes: 1. "From the Ashes" - 2. "Fate and Fury" - 3. "Blood for Blood" - 4. "Vengeance Is Mine" - 5. "Rise of the Republic".
2016(tv) The Alamo (US) de John Terlesky
série "Timeless", saison 1, épis. 5, MiddKid Productions-Kripke Enterprises-Davis Entertainment-Universal Television-Sony Pictures Television (NBC 31.10.16), 43 min. - av. Abigail Spencer (Lucy Preston), Matt Lanter (Wyatt Logan), Malcolm Barrett (Rufus Carlin), Paterson Joseph (Connor Mason), Goran Visnjic (Garcia Flynn), David Chisum (William Barret Travis), Alex Fernandez (gén. Santa Anna), Chris Browning (Jim Bowie), Jeff Kober (Davy Crockett), Hector Hugo (Patrick Ramsey). - Un trio de voyageurs est témoin du courage des défenseurs d'Alamo.