II - L’EMPIRE BRITANNIQUE
9. LES INDES BRITANNIQUES (« THE RAJ »)
La Compagnie anglaise des Indes gouverne le sous-continent. N’obéissant qu’à ses propres lois commerciales et administratives, elle s’arroge le droit, en toute impunité, de piller et d’exploiter les ressources naturelles et humaines du pays. Afin de contrôler la population, elle crée sa propre armée, composée de soldats autochtones, hindous et musulmans, appelés Cipayes. En 1802, l'armée de la Compagnie britannique des Indes orientales est plus puissante que celle du Royaume-Uni, son empire terrestre plus vaste que celui de la Couronne et son chiffre d'affaires représente la moitié du commerce du Royaume-Uni. L'objectif initial de cette entreprise créée en 1600, à la fin du règne d'Élisabeth Ière, était de contrecarrer le monopole hollandais sur le commerce des épices. De fil en aiguille, la Compagnie séduit, subvertit ou attaque l'un après l'autre les souverains indiens locaux, jusqu'au célèbre sultan Tipu du Mysore, brillant allié des Français, en 1799.
Le gouverneur Lord Wellesley (futur duc de Wellington, 1798/1805) impose le protectorat britannique à Mysore, à Hyderabad et au Grand Moghol à Delhi, inaugurant le démembrement progressif de l’Empire marathe, qui disparaît à son tour après la défaite des Marathes à Puna en 1819. En 1845-49, le Pendjab sikh passe à son tour aux mains des Anglais. Le gouvernement de Lord Dalhousie (1848/56) pratique l’annexion pure et simple des royaumes sans souverains « légitimes » ou, selon ses critères, mal administrés. Les dirigeants de la Compagnie plongent ainsi l'Inde dans l'anarchie et la misère jusqu'à la prise de contrôle par la Couronne en 1859. En 1877, l’East India Company est dissoute suite à la révolte des Cipayes (la Grande Mutinerie de 1857-59, cf. infra), première guerre d'indépendance qui est écrasée dans le sang, et la reine Victoria se fait proclamer Impératrice des Indes, confirmant la mainmise officielle du Royaume-Uni sur tout le territoire indien.
Le gouverneur Lord Wellesley (futur duc de Wellington, 1798/1805) impose le protectorat britannique à Mysore, à Hyderabad et au Grand Moghol à Delhi, inaugurant le démembrement progressif de l’Empire marathe, qui disparaît à son tour après la défaite des Marathes à Puna en 1819. En 1845-49, le Pendjab sikh passe à son tour aux mains des Anglais. Le gouvernement de Lord Dalhousie (1848/56) pratique l’annexion pure et simple des royaumes sans souverains « légitimes » ou, selon ses critères, mal administrés. Les dirigeants de la Compagnie plongent ainsi l'Inde dans l'anarchie et la misère jusqu'à la prise de contrôle par la Couronne en 1859. En 1877, l’East India Company est dissoute suite à la révolte des Cipayes (la Grande Mutinerie de 1857-59, cf. infra), première guerre d'indépendance qui est écrasée dans le sang, et la reine Victoria se fait proclamer Impératrice des Indes, confirmant la mainmise officielle du Royaume-Uni sur tout le territoire indien.
Réception d’une délégation britannique (« The Charge of the Light Brigade » de Michael Curtiz, 1937)
Nota bene : on trouvera également dans les chapitres qui suivent, mais placés entre crochets, quelques films d’aventures situés en Inde coloniale dont l’action se déroule au début du XXe siècle. Nous estimons que l’esprit de ces films et la nature de leur contenu appartiennent clairement au siècle précédent.
9.1. Le protectorat britannique à Mysore, Hyderabad et Delhi et le démembrement de l’Empire marathe
1931 | Amirkhan (IN) de Ganpat Shinde Hindustan Cinema Film Co., 10’325 ft. – av. Kishori Pathak (Amir Khan), Gotiram, Sakharam Jadhav, Shelar, Anasuya, Mathura. L’aventurier afghan Amîr Khan (1768-1834), chef de guerre musulman des Pindarî, est le fondateur de la principauté de Tonk (Rajasthan) après avoir été vaincu par les Britanniques en 1817. |
1974 | (tv) Le Soleil se lève à l’Est (FR) de François Villiers ORTF-Antenne 2 (A2 14.3.-25.4.74), 6 x 52 min. – av. Julian Mateos (André Ventura), François Dunoyer (gén. Jean-François Allard), Sead Jaffrey (Ranjit Singh, roi du Pendjab à Lahore), Zahira (Yasmina), Jorge Rigaud (Miraflor), Ingeborg Schöner (Charlotte Honigberger), Colin Mann (Chester), Shaï Holsaert (Amrita), José Maria Cafarell (Allard père). En 1815, deux aventuriers français, ex-officiers napoléoniens entrent au service du roi sikh du Pendjab pour repousser l’invasion afghane et conquérir le Cachemire à la barbe des Anglais. – Ancien aide de camp du général Brune, l’authentique général Allard (1785-1839) s’embarqua vers l’Asie après le retour des Bourbons et entra au service du maharaja de Lahore, Ranjit Singh, auprès duquel il représenta le gouvernement français tout en s’opposant dans la mesure de ses moyens à la pénétration anglaise en Inde. Selon des rumeurs, il aurait été assassiné par des agents britanniques. La télésérie lui prête un amour avec une Tropézienne ; en vérité, Allard épousa la princesse Bannou pan Deï, fille du maharaja, qui lui donna six enfants. Tournage en Inde, grand succès public. |
1983 | *(tv) La Nouvelle Malle des Indes / Wettlauf nach Bombay (FR/DE/AT/CH/IT/IN) de Christian-Jaque TF1-ZDF-ORF-SRG-Rizzoli-TeleMünchen-Technisonor-NFCD (TF1 5.1.-16.2.82 / ZDF 29.11.-8.12.81), 7 x 52 min. / 4 x 88 min. – av. Christian Kohlund (ltn. Thomas Waghorn, 1800-1850), Jean-Pierre Bouvier (Martial de Sassenage, botaniste), Manfred Seipold (Taylor), Lionel Vitrant (Joseph), Nello Pazzafini (Bartholdo), Roger Carel (Fontanier). En 1829, un lieutenant de marine britannique, Thomas Fletcher Waghorn (1800-1850), et un botaniste relient Londres à Bombay en bâteau à vapeur en 35 jours, au lieu des trois mois qu’il fallait auparavant, en passant par le cap de Bonne-Espérance. Un excellent feuilleton d’aventures exotiques, digne de Jules Verne, tourné par un jeune réalisateur de 77 ans, Christian-Jaque, en Europe, en Tunisie (pour l’Egypte) et en Inde, au Rajasthan (pour Bombay). |
1961 | Kittur Chanamma / Rani Chanamma (IN) de Budugur Ramakrishnaiah Panthulu Padmini Pics, 187 min (Kannada/Tamil). – av. B. Saroja Devi (la reine Chanamma), Rajkumar (Sangolli Rayanna, son général), M. V. Rajamma, Leelavathi, Balkrishna, Narashimhraju. – En 1824, Channama (ou Chennamma), la légendaire reine de Kittur, mène son peuple au combat contre la British East India Company. Elle est capturée au cours de la bataille et emprisonnée à Fort Bailhongal où elle meurt en 1829. |
2006 | *(tv) Sharpe’s Challenge (GB/US) de Tom Clegg Malcolm Craddock, Muir Sutherland/Celtic Films Entertainment-Picture Palace (ITV1 23.-24.4.06 / BBC America 2.-3.9.06), 2 x 70 min. / 138 min. / 101 min. (BBC America). – av. Sean Bean (ltn. col. Richard Sharpe), Daragh O’Malley (sgt. Patrick Harper), Toby Stephens (col. William Dodd), Padma Lakshmi (Madhuvanthi), Karan Panthaky (le maharaja Khande Rao), Shruti Vyas (Lalima), Aurélien Recoing (col. Pierre Gudin), Lucy Brown (Celia Burroughs), Michael Cochrane (gén. Sir Henry Simmerson), Aly Khan (ltn. Mohan Singh), Hugh Fraser (le duc de Wellington), Peter Symonds (gén. Burroughs), Thierry Hancisse (sgt. Jacques Bonnet), Peter Hugo Daly (sgt. Shadrach Bickerstaff). En 1803, en plein conflit avec les princes marathes, la Compagnie des Indes perd le fort Chalalgaon, dont les habitants sont massacrés par le renégat anglais William Dodd au service du maharaja de Farraghur ; seul le sergent Sharpe échappe miraculeusement à la mort… Deux ans après Waterloo, en 1817, le duc de Wellington renvoie le lieutenant-colonel Sharpe au Rajasthan où le fils du maharaja, Khande Rao, menace les intérêts britanniques. Ce dernier s’est retranché dans sa forteresse inexpugnable où il héberge un contingent d’anciens soldats de Napoléon qui l’aident à organiser une armée capable d’écraser les troupes de l’East India Company que commande le général Burroughs. Celia Burroughs, sa fille, a été enlevée par le jeune maharaja et celui-ci menace de la tuer si les Britanniques attaquent. Sharpe et son ami Harper s’introduisent dans la place forte en se faisant passer pour des déserteurs et y découvrent le sinistre Dodd, promu général et qui est la véritable tête pensante de la rébellion… Après neuf ans d’absence, Richard Sharpe – héros d’une des séries les plus populaires de Grande-Bretagne, avec 5 saisons et 14 films illustrant les combats contre Napoléon (cf.) – revient sur les petits écrans (toujours sous les traits de Sean Bean, et dirigé par Clegg). C’est un soldat à la retraite, veuf, fatigué après presque deux décennies de guerre, avec autant d’ennemis en face que dans les rangs britanniques où règnent incompétence, morgue, racisme et corruption, mais qui reprend du service uniquement pour sauver son camarade d’antan, Patrick Harper (les conflits en Inde ne concernent, dit-il, « que les riches et les puissants »). On précise à plusieurs reprises que les Anglais ne sont là « que pour piller », et que l’hostilité des rajahs est le fruit de leur politique visant à « diviser pour régner ». Une bande d’aventures efficace, souvent assez violente (on exécute les prisonniers en leur plantant un clou dans la tête), véhiculant une vision critique de l’impérialisme. Filmé à grands frais, avec 4000 figurants, au Rajasthan (Jaipur, Fort Amber, Fort Mehrangarh à Jodhpur). Adaptation libre de trois romans de Bernard Cornwell, « Sharpe’s Tiger », « Sharpe’s Triumph » et « Sharpe’s Fortress ». |
2008 | (tv) Sharpe’s Peril (GB/US) de Tom Clegg Malcolm Craddock, Muir Sutherland/Celtic Films-Picture Palace-BBC America (ITV1 2.11.08), 2 x 90 min. / 102 min. (vers. internationale). – av. Sean Bean (ltn. col. Richard Sharpe), Daragh O’Malley (sgt. Patrick Harper), Michael Cochrane (gén. Sir Henry Simmerson), Velibor Topic (col. Alexeï Dragomirov), Beatrice Rosen (Marie-Angélique Bonnet), Raza Jaffrey (Lance Naik Singh), Steve Speirs (sgt. Wormwood), David Robb (major Tredinnick), Caroline Carver (Mrs. Tredinnick), Luke Ward-Wilkinson (Beauclere), Pascal Langdale (major Joubert), Nandana Sen (Maharini Padmini), David Henry (le vicomte Sedgefield), Ulhas Tayad (Chitu). En route pour Madras en 1819 pour regagner l’Angleterre, Sharpe et son ami Harper se rangent cette fois-ci du côté des indigènes opprimés contre les officiers vénaux et arrogants de l’East India Company que commande le détestable colonel Dragomirov. Celui-ci s’avère peu enclin de protéger la population terrorisés par les brigands de Chitu. S’étant attiré la haine du sergent raciste Wormwood, Sharpe risque sa vie après avoir découvert le trafic d’opium que le major Joubert et Dragomirov ont mis sur pied avec leurs officines en Chine… La suite de « Sharpe’s Challenge », filmée à Khajuraho et à Orchha (Madhya Pradesh). Un tableau révisé, « politically correct » de la présence britannique en Inde, compte tenu de la population multi-ethnique de Grande-Bretagne aujourd’hui. |
2009/10 | Veer (IN) Anil Sharma Vijay Galani Moviez, 155 min. – av. Salman Khan (le prince Veer Pratap Singh), Mithun Chakraborty (Prithvi Singh, son père), Sohail Khan (Punya Singh, frère de Veer), Jackie Shroff (Gyanendra Singh, rajah de Madhavgarh), Zarine Khan (princesse Yashodhara, sa fille), Tim James Lawrence (James Fraser, gouverneur britannique du Rajasthan), Lisa Lazarus (Lady Angela Fraser), Neena Gupta (mère de Veer). En 1825 au Rajasthan, le prince Veer, fils du grand guerrier pindari Prithvi Singh, célèbre pour s’être opposé à l’avancée britannique, reprend les armes afin de libérer le royaume râjasthâni de Madhavgarh, puis l’Inde entière de l’envahisseur occidental. Le rajah de Madhavgarh s’allie cependant avec les Anglais et condamne Veer à mort. Celui-ci se réfugie dans le désert de Thar avec son frère Punya. Ils enlèvent la princesse Yashodhara, dont Veer s’éprend, tandis que le rajah fait exécuter 4500 Pindaris. En attaquant massivement le fort du rajah, Veer trouve la mort, ainsi que le rajah et le gouverneur anglais. – Salman Khan, qui est derrière cette fresque très mal reçue par la critique en Inde, emprunte des éléments de récit à « Tarass Boulba » de Gogol. Tournage à Bombay, Jaipur (Amber Fort) et Bikaner. |