II - L’EMPIRE BRITANNIQUE
11. LA NOUVELLE-ZÉLANDE
La résistance opiniâtre des guerriers maoris (« Utu » de Geoffrey Murphy, 1983)
11.2. Les GUERRES MAORIES (1843/1848 et 1860/1869)
1922 | The Birth of New Zealand (NZ) de Harrington Reynolds Tiki Films, 132 min. – av. Stella Southern, Norman French, Harrington Reynolds, George Kingsland, Maisie Carte. Différents épisodes de la colonisation : après la découverte par le capitaine Cook, l’annexion de l’île par le gouverneur Hobson, le pillage de Kororareka, le traité de Waitangi, Auckland en 1842 et Gabriel’s Gully Gold Rush (la ruée vers l’or) à Otago. |
1925 | Rewi’s Last Stand (NZ) de Rudall Charles Hayward Maori War Films Ltd., 8000 ft. – av. Frank Remo (Dr. Wake), Nola Casselli (Cecily Wake), M. Millington (Jessica Wake), Eric Yates (col. Grey), Fred Mills (col. Dobby), Wightman McCombe (Sir George Grey, gouverneur de Nouvelle-Zélande), Rewi Maniapoto (chef Abe), Hitiri Paerata (chef Mita), Mr. Alexis (major Gustavus Von Tempsky, des Forest Rangers), Chas Archer (gén. Cameron). En hiver 1863, la colonie d’Auckland est menacée par la rébellion maorie et le proconsul britannique Sir George Grey cherche à négocier. Fille d’un médecin, Cecily s’éprend de Kenneth Gordon qui rejoint le corps des « Forest Rangers » du commandant von Tempsky et participe à la bataille d’Orakau en 1863 contre le chef maori Rewi Maniapoto. Remake sonore en 1940 (cf.). |
1927 | The Te Kooti Trail (NZ) de Rudall Charles Hayward Whakatane Films, 6975 ft./103 min. – av. Jasper Calder, Billie Andreasson, Arthur Lord, Eric Yandell, Te Pairi Oterangi (Te Kooti Arikirangi Te Turuki), Tina Hunt (Monika), Mary Kingi (Erihpeti), Tom McDermott (Gilbert Mair), Patiti Warbrick (Taranahi), H. Redmond (Jean Guerrin) Le chef politique et religieux maori Te Kooti (1814-1893) attaque des colons blancs appelés « Pakeha » à Mill Farm (1876) près de Whakatane pour récupérer les terres maories volées. |
1930 | The Romance of Maoriland (NZ) d’Edward T. Brown E. T. Brown Pictures, 11300 ft. (inédit). – av. Patch Mason, Tom Campbell. – Le traité de Waitangi entre les Maoris et les Anglais. |
1940 | **Rewi’s Last Stand / GB : The Last Stand (NZ) de Rudall Charles Hayward R. Hayward Prod.-Frontier Films Ltd., 64 min. – av. Leo Pilcher (Robert Beaumont), Ramai Te Miha (Ariana), Stanley Knight (Ben Horton), John Gordon (brig. gén. Carey), Phoebe Clarke (Mrs. Morgan), Tom Moisley (Old Tom), Henare Toka (Tama te Heu Heu), col. J. D. Swan (gén. Cameron), Rauriti Te Huia (Rewi Maniapoto), C. Selwyn Wood (Rev. John Morgan). Amoureux, Robert et Ariana sont séparés par les guerres anglo-maories de 1863. Le chef Rewi Maniapoto exige d’Ariana, une princesse « Rangitira », qu’elle prenne les armes aux côtés des siens, tandis que Robert s’enrôle dans un régiment britannique, espérant ainsi la revoir lors des affrontements. Elle survit au terrible siège du pâ (fortin) d’Orakau où 300 Maoris résistent héroïquement à 2000 Anglais pendant trois jours (31 mars-2 avril), puis épouse Robert. – Une version parlante du film de 1925, incluant cette fois une romance inter-ethnique (Ramai Te Miha est l’épouse du cinéaste). La fresque, réalisée pour commémorer les cent ans du traité de Waitangi et financée partiellement par la Te Awamutu Historical Society, est tournée dans la région de Te Awamutu et aura une distribution internationale. |
1955 | The Seekers / US : Land of Fury (Moana, fille des tropiques) (GB) de Ken Annakin George H. Brown Prod.-The Rank Organization-Group-Fanfare, 90 min. – av. Jack Hawkins (Philip Wayne), Glynis Johns (Marion Southey), Laya Raki (Moana), Inia Te Wiata (Hongi Tepe), Noel Purcell (Paddy Clarke). En 1820, le marin Wayne, sa fiancée Marion et une poignée d’autres Anglais s’établissent parmi les Maoris, la cohabitation est bonne jusqu’au jour où un sorcier incite la tribu à les massacrer tous ; seul le bébé des Wayne survit. Un commentaire final assez délirant explique que la société guerrière maorie a été sauvée de l’autodestruction par les bienfaits du christianisme. Une œuvre mensongère et raciste dont Annakin s’avoue peu fier. Le premier film en Eastmancolor tourné en Nouvelle-Zélande (Whakatane, lac Rotoiti, Rotorua, Huka Falls, Wairoa, White Island), complété par du studio à Pinewood, d’après le roman de John Bodie/Guthrie (1952). |
1981 | Pictures (NZ) de Michael Black Pacific Films, 87 min. – av. Kevin J. Wilson (Alfred Burton), Peter Vere-Jones (Walter Burton), Helen Moulder (Lydia Burton), Elizabeth Coulter (Helen Burton), Terence Bayler, Matiu Mareikura. Les frères Burton, pionniers de la photographie en Nouvelle-Zélande, sont les témoins de la répression sauvage des Maoris après la fin des conflits. |
1983 | Savage Islands / US : Nate and Hayes (Les Pirates de l’Ile Sauvage) (NZ/AU) de Ferdinand Fairfax Phillips-Whitehouse, 101 min. – av. Tommy Lee Jones, Michael O’Keefe, Max Phipps, Jenny Seagrove, Grant Tilly. – En 1850, des affrontements entre pirates, missionnaires et indigènes sur les îles Fidji. |
1983 | **Utu (NZ) de Geoffrey Murphy Glitteron-Utu Prod.-New Zealand Film Commission, 118 min. – av. Anzac Wallace (Te Wheke), Bruno Lawrence (Williamson), Wi Kuki Kaa (Wiremu), Tim Elliot (le colonel Elliot), Kelly Johnson (ltn. Scott), Tania Bristowe (Kura), Ilona Rodgers (Emily Williamson), Mereta Mita (Matu), Faenza Reuben (Hersare), Tom Poata (Puni). En 1873, Te Wheke, un caporal maori, éclaireur de l’armée coloniale britannique, s’insurge après le massacre des habitants de son village par les Anglais. Commence alors la longue traque de l’indomptable rebelle sous la direction de Williamson (un fermier dont il a tué la femme), une Maorie d’une tribu rivale (dont il a tué les parents) et le lieutenant Scott (dont il a abattu l’amie indigène, Kura). Surpris et encerclés dans le bush, les rebelles se défendent avec férocité, l'arrogant colonel Elliot est abattu. Capturé, Te Wheke est exécuté par son propre frère, selon les rites maories. Te Wheke est un personnage fictif, mais son modèle historique est le légendaire chef maori Te Kooti (cf. film de 1927), instigateur du massacre de la baie de la Pauvreté en novembre 1868. À la fois patriote, monstre et martyr, Te Wheke fait un anti-héros fascinant, une sorte de Geronimo tatoué qui ne vit plus que pour la vengeance (le sens du mot « utu ») ; il décapite sauvagement un pasteur devant ses ouailles puis tient un sermon à la congrégation médusée. A la tête de sa petite armée, il tue tous les Pakehas (colons blancs) qui croisent son chemin. Le film le plus cher tourné par les Néo-Zélandais (3 millions de $) et un succès considérable sur place et en Australie (dix semaines à Brisbane). Passionnant et brutal. Nominé au prix Fantasporto de l’International Fantasy Film Festival de Porto 1986 (meilleur film). |
2005 | **River Queen (NZ/GB) de Vincent Ward [et Alun Bollinger] Silverscreen Films-Film Consortium-Endgame Entertainment, 113 min. – av. Samantha Morton (Sarah O’Brien), Kiefer Sutherland (Pvt. Doyle), Cliff Curtis (Wiremu), Temuera Morrison (le chef Te Kai Po), Anton Lesser (Baine), Rawiri Pene (le garçon), Stephen Rea (Francis O’Brian), Wi Kuki Kaa (Old Rangi), Mark Ruka (Hone), Mikaila Hutchinson (Sarah jeune), Grayson Putu (Wiremu jeune), Tyson Reweti (Tommy jeune), Laura Coyte Douglas (Theresa). En 1854, Sarah O’Brien, fille d’un chirurgien militaire irlandais, se trouve déchirée entre son père, les colons blancs (dont le fusilier désabusé Doyle qui l’aime) et le Maori qui lui a donné un fils avant de mourir. L’enfant est enlevé par son grand-père, et Sarah le recherche pendant six ans en territoire maori. Quand elle le retrouve enfin dans une cache du chef Wiremu (le frère de son amant décédé), l’adolescent refuse de la suivre et veut combattre les Britanniques qui envahissent la forêt vierge. Prise dans une bataille sanglante, déstabilisée, elle tente de sauver et son fils, et Wiremu, et Doyle, et sa propre peau. Une quête identitaire psychologiquement un peu confuse (à l’instar de l’héroïne) que la splendeur époustouflante des images d’Alun Bollinger, les effets de montage et les accents lyriques de la mise en scène panthéiste (le leitmotiv de la rivière, les hallucinations, les rêves prémonitoires) n’arrivent pas toujours à sauver. Selon Ward, la barbarie, la trahison et la torture sont ici dans les deux camps, et les seuls gagnants du terrible conflit civilisationnel sont les survivants (Sarah et Wiremu). Même le soldat Doyle, un Irlandais à la botte des Anglais qu’il déteste, souffre dans ses choix. Original mais décevant. Filmé en Nouvelle Zélande (studios de Wellington, Whanganui National Park, Manganuioteao River, Patea Bay, Pipiriki, Raetihi, Rangitikei et Wanganui River, Waimarino). Deux New Zealand Screen Awards 2006 (photo, costumes) et cinq nominations (film, décors, Samantha Morton, Rawiri Pene, Cliff Curtis), Gobelet d’Or au Shanghai International Film Festival (musique). |