Ia - NAPOLÉON ET L'EUROPE

2. VIE SENTIMENTALE ET FAMILLE

2.1. Désirée Clary

Bernardine-Eugénie-Désirée Clary, maréchale Bernadotte, princesse de Pontecorvo et reine de Suède et de Norvège. Fille d’un riche négociant de soie à Marseille, Désirée est d’abord courtisée par Joseph Bonaparte (futur roi de Naples, puis d’Espagne), mais ce dernier reporte son amour sur sa sœur aînée, Julie Clary, qu’il épouse en 1794. Une année plus tard, le 21 avril 1795, Désirée se fiance officiellement avec le frère cadet de Joseph, Napoléon, 23 ans, le nouveau général d’artillerie de l’armée de l’Ouest. En octobre, après avoir rencontré Joséphine de Beauharnais dans les salons de Barras à Paris, Napoléon rompt ses fiançailles, non sans mauvaise conscience. En août 1798, à Sceaux, Désirée épouse le général Jean-Baptiste Bernadotte (1763-1844), à qui elle donnera un fils, Oscar. Bernadotte suit Bonaparte (avec lequel les rapports sont difficiles) en Italie et le Directoire le nomme ministre de la guerre. Napoléon le ménage, en souvenir de Désirée : quoique ayant refusé de participer au coup d’État du 18 brumaire, Bernadotte entre au Conseil d’État et obtient le commandement de l’armée de l’Ouest. Sous l’Empire, il devient gouverneur de Hanovre, reçoit le bâton de maréchal, combat à Austerlitz. Napoléon le fait prince de Pontecorvo (1806). En 1810, alors qu’il est en semi-disgrâce à Paris (peu satisfait de ses prouesses militaires, Napoléon lui a retiré par deux fois son commandement), le parti suédois pro-français lui propose de se porter candidat à l’élection du nouveau prince héritier de Suède. Il est élu contre toute attente et, en août, le couple Bernadotte se rend à Stockholm avec l’assentiment de Napoléon, qui espère ainsi gagner un allié solide au nord de l’Europe. Adopté par le roi Charles XIII, Bernadotte prend le nom de Charles-Jean ; en raison de la débilité de son père adoptif, le prince royal dirige les affaires du royaume dès 1811 et participe au Blocus continental contre l’Angleterre. S’il se voit forcé de renoncer à la Finlande (que la Russie a investie), il espère au moins récupérer la Norvège, danoise depuis trois siècles. Napoléon s’y oppose (le Danemark est un allié) et Bernadotte se désolidarise de l’Empire. En 1813, il rejoint la Sixième coalition anti-française, prenant la direction de l’armée alliée du nord de l’Allemagne. En 1814, après la chute de Napoléon, il envahit la Norvège avec l’appui (promis en 1812) de 40 000 soldats russes et s’en rend maître en quinze jours. Quatre ans plus tard, Bernadotte devient souverain des royaumes unis de Suède et de Norvège sous le nom de Karl XIV Johan.
Le couple Bernadotte n’est pas heureux en ménage. En Suède, Désirée n’apprécie ni le climat ni la famille royale ni le protestantisme qu’on cherche à lui imposer. En 1811, après cinq mois passés à Stockholm, elle retourne vivre seule à Paris dans son hôtel particulier au 28, rue d’Anjou (faubourg Saint-Honoré) où elle se maintient malgré la désapprobation de Napoléon et l’adhésion de la Suède à la coalition ennemie. Parmi ses amants, on compte en 1819 le ministre des Affaires étrangères de Louis XVIII, Armand de Vignerot du Plessis, duc de Richelieu, avec lequel elle a une liaison tapageuse. (Mariana Koskull est, elle, la maîtresse de Bernadotte.) Désirée ne retourne en Suède qu’en 1822 pour assister aux fiançailles de son fils avec Joséphine de Leuchtenberg, fille d’Eugène de Beauharnais ; c’est alors qu’elle est couronnée reine de Suède et de Norvège sous le nom de Desideria, mais elle refusera toujours d’apprendre le suédois et, par la suite, tentera en vain d’abdiquer. À la mort de son époux, en 1844, son fils accédera au trône sous le nom d’Oscar Ier. Désirée passera les dernières années de sa vie à Stockholm dans un isolement croissant, survivant à son époux, à sa sœur Julie et à son fils. La dynastie des Bernadotte règne toujours.
1927® Napoléon (FR) d’Abel Gance. – av. Anabella (Désirée Clary).
1938La sposa dei re [= L’Épouse des rois] (IT) de Duilio Coletti
Aprilia Film-Iris Film, 68 min. – av. Elsa De Giorgi (Désirée Clary), AUGUSTO MARCACCI (Napoléon), Mario Pisu (Jean-Baptiste Bernadotte), Laura Solari (Julie Clary), Dina Perbellini (Françoise Clary-Somis, la mère), Nita Gualdi (Pauline Bonaparte), Achille Majeroni (Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord), Norma Nova (Joséphine de Beauharnais), Emilio Cigoli (Joseph Bonaparte), Calisto Bertramo (François Clary, le père), Ernesto Calindri, Pia De Doses, Massimo Pianforini, Ernesto Torrini.
Synopsis : Désirée et Julie Clary, les deux sœurs d’un riche marchand de textile à Toulon (sic), s’éprennent de deux frères corses sans le sou, Napoléon et Joseph Bonaparte. Julie épouse Joseph, mais Désirée perd son amoureux lorsque celui-ci est nommé général et part à la guerre. Se couvrant de gloire en Italie et en Égypte, Napoléon en oublie sa petite fiancée qui l’attend fidèlement à Toulon. Lorsque Désirée apprend qu’il a épousé Joséphine et s’apprête à se faire couronner empereur, elle sombre dans la dépression ; l’amitié du comte Bernadotte la réconforte. Quand, plus tard, Napoléon la revoit à Paris, il se découvre toujours amoureux d’elle, mais consent à son mariage avec Bernadotte. Aux Tuileries, Désirée risque son honneur en défendant avec véhémence celui de Pauline Bonaparte, dont la cour désapprouve le comportement libertin. Ayant appris son geste courageux, Napoléon, ému et reconnaissant, autorise le couple Bernadotte à briguer la couronne de Suède.
Un film plutôt raté (de l’aveu de son réalisateur Duilio Coletti, solide artisan du cinéma populaire, ici à ses débuts). La bande est tournée à peu de frais à Cinecittà d’après la comédie éponyme en 3 actes d'Ugo Falena (1926), un pionnier du cinéma muet italien, auteur dramatique et imprésario théâtral décédé en 1931. L’adaptation est signée Coletti et Primo Zeglio, autre futur factotum du cinéma-bis, qui fonctionne aussi comme assistant-réalisateur. Curiosité liée au nationalisme mussolinien, les prénoms du couple Bernadotte sont italianisés : Désirée devient Desiderata et Jean-Baptiste, Giovanbattista. L’interprète de Napoléon, Augusto Marcacci, a joué Talleyrand dans Campo di maggio (Les Cent-Jours) de Giovacchino Forzano en 1936 (cf. p. 611). Quant à la vedette du film, la jolie Elsa de Giorgi, elle jouera également Betsy Balcombe, le dernier flirt de l’Empereur déchu, dans Sant’Elena, piccola isola de Renato Simoni (1943) (cf. p. 640).
1942*Le Destin fabuleux de Désirée Clary (FR) de Sacha Guitry [et René Le Hénaff]
Édouard Harispuru/Compagnie Commerciale Française Cinématographique (CCFC), 117 min. – av. JEAN-LOUIS BARRAULT / SACHA GUITRY (Bonaparte/Napoléon), Carlettina / Geneviève Guitry / Gaby Morlay (Désirée Clary enfant/adolescente/adulte), Jacques Varennes (Jean-Baptiste Bernadotte), Aimé Clariond (Joseph Bonaparte), Lise Delamare (Joséphine de Beauharnais), Noël Roquevert (Joseph Fouché), Jean Périer (Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord), Georges Grey (Jean-Andoche Junot), Georges Spanelly (Louis-Nicolas Davout), Jean Davy (Louis-Alexandre Berthier), Robert Favart (Jean Lannes), Yvette Lebon/Camille Fournier / Yolanda Fax (Julie Clary/Julie Bonaparte, reine d’Espagne/Julie à neuf ans), Jean Hervé (François-Joseph Talma), Georges Toureil (Pierre Cambronne), Gaston Mauger (Louis XVIII), Roger Vincent (Charles XIII, roi de Suède), Jean Fontagnères (François-René de Chateaubriand), Jeanne Fusier-Gir (Albertine, la servante), Maurice Lagrenée (Armand de Vignerot du Plessis, duc de Richelieu), Coquelin (le greffier), Pierre Magnier (François Clary, le père), Germaine Laugier (Françoise Clary-Somis, la mère), Renaud Mary (François Antommarchi), Maurice Teynac (maréchal Auguste de Marmont), Léon Walther (le baron Carl Otto Mörner), Jean Darcante (gén. Léonard Duphot), Paul Oettly (le chambellan-traducteur), René Fauchois et Jacques Berthier (conseillers), Bernard Daydé (le petit Oscar Bernadotte), Robert Dartois (M. Poquelin), Maurice Devienne (le maire, Etienne Bouvet), Philippe Richard (le roi Louis-Philippe).
Le 8 mai 1941, tout juste un an après la capitulation, Sacha Guitry présente Vive l’Empereur !, une comédie en cinq actes créée au Théâtre de la Madeleine à Paris ; les Allemands en font interdire le premier titre, Le Soir d’Austerlitz. Manifestement, la matière irrite l’occupant (le vivat ne s’adresse pas au Führer) et Guitry se promet de ne plus la lâcher. Fin 1941, il porte à l’écran le destin de la fiancée délaissée de Bonaparte dans les studios Gaumont aux Buttes-Chaumont, afin d'échapper aux sollicitations de plus en plus pressantes de la société allemande Continental d’Alfred Greven (qui dépend indirectement de Goebbels). En début d’année, Greven a proposé trois millions de francs à Guitry, qui n’a rien tourné depuis l’armistice. Ne voulant à aucun prix travailler pour les Allemands, ce dernier offre son projet sur Désirée au producteur Édouard Harispuru pour un prix dérisoire, signe un contrat antidaté, boucle son scénario en trois semaines et réquisitionne devant la caméra sa quatrième épouse Geneviève ainsi que son ancienne flamme, Gaby Morlay. Le premier tour de manivelle est fixé au 6 décembre (« quatre jours après l’anniversaire d’Austerlitz », note Guitry), et le Dr. Dietrich, de la Propagandastaffel, y assiste avec son état-major. On débute exprès par la scène où Bernadotte, vainqueur des troupes prusso-suédoises du colonel Carl Carlsson Mörner à Lübeck en novembre 1806, invite ce dernier à vivre dans sa maison (réquisitionnée) et lui rend son épée : « Je ne suis pas venu ici pour faire du bien – mais j’ai l’intention de faire le moins de mal possible – et je m’abandonne à l’espoir de vous faire oublier les malheurs de la guerre en vous donnant de constants témoignages de ma bienveillance et de ma courtoisie. Les habitants de Lübeck sont placés sous la protection de Sa Majesté l’Empereur, et tout soldat français pris à piller ou à voler dans les maisons de la ville sera tenu pour criminel et passé par les armes ! » L’allusion est transparente. (Notons que le film confond le colonel Mörner avec le baron Carl Otto Mörner qui proposera à Bernadotte le trône de Suède en juin 1810.) Guitry entend opposer aux visées impérialistes du Troisième Reich une figure impériale nettement plus recommandable – et du cru : « Napoléon fut l’un des plus grands soldats de tous les temps », reconnaît l’ambassadeur anglais à l’annonce de son décès. En introduction, le cinéaste précise, à travers les propos de papa Clary à ses fillettes : « La France, c’est le plus beau pays du monde. Et si jamais vous la voyez dans le malheur, ne vous effrayez pas plus qu’il ne faut. Relisez son histoire : elle s'en tire toujours ... » En pleine apogée de la Révolution nationale pétainiste, le cinéaste introduit également quelques répliques subversives, écrites pour choquer : « La République est morte. Vous aurez tout fait pour sauver la République, dont vous voyez bien qu’elle était condamnée. Ce n’est pas la République qu’il convenait de sauver, c’est la France ... Erreur de croire qu’en sauvant le régime, on sauve la nation. Être républicain, ce n’est qu’une opinion. »
Le scénario est d'abord refusé par la censure nazie qui craint curieusement que Guitry ne ternisse l'image de l'Empereur, ici un personnage pathétique, victime de complots perpétuels, malmené par ses proches et poursuivi par la haine des époux Bernadotte qu'il a pourtant comblés d'or et d'honneurs durant quinze ans. « Je ne me marie pas, je me venge ! », avoue la petite bourgeoise marseillaise en épousant son futur maréchal (dont la secrète ambition est d'écarter Napoléon afin de monter lui-même sur le trône de France en 1814). L’intérêt national dont se réclament les protagonistes n’est qu’un prétexte visant à satisfaire ambitions ou rancœurs personnelles. Guitry envisage de montrer « l’étalage de la grandeur historique pervertie par la spéculation et la mesquinerie » (Noël Simsolo) et signe un film amer, plein d’allusions politiques voilées sur les rapports vainqueurs-vaincus. Comme le souligne Jacques Lourcelles dans son Dictionnaire du cinéma (1992), Guitry conjugue ici les thèmes du hasard et de la prédestination qui l’ont toujours fasciné, quitte à réinventer les chronologies et à s’aventurer dans l’uchronie. Il réutilise le procédé inauguré dans Remontons les Champs-Élysées (1938) : un conteur – lui-même – travaillant à son bureau commente l’aventure à laquelle sa voix va servir de fil conducteur.
Le film débute à Marseille en 1788. Bernadotte, sergent fourrier muni d’un billet de logement, se fait éconduire par Monsieur Clary qui ne veut pas de troufion sous son toit, mais la petite Désirée, 11 ans, est impressionnée par le beau militaire et conserve précieusement son billet ... qui lui servira de carte de visite. Six ans plus tard, Joseph Bonaparte rencontre et épouse Julie Clary, tandis que son frère Napoléon, un disciple de Rousseau (son « seul rêve ici-bas, dit-il, est de posséder une petite terre » dont il dirigerait lui-même l’exploitation), se fiance avec Désirée. Suivent de longs mois de silence, puis la rupture. Mais en mars 1796, Désirée rencontre Napoléon, Joséphine de Beauharnais et Bernadotte chez sa sœur à Paris. Désirée à son ex-fiancé : « Aussi longtemps que je vivrai, je vous ferai du mal. » – Napoléon : « Aussi longtemps que je vivrai, je vous ferai du bien. » – Guitry, passant de l’ironie au sarcasme : « Ils tinrent parole l’un et l’autre. » D’emblée, le républicain Bernadotte se montre hostile à Bonaparte qu’il considère comme un danger public (« il a une âme de dictateur »), fréquente le salon de Madame Récamier, conspire avec les royalistes, se ligue contre ses ennemis, à l’instar de son épouse que Napoléon surnomme « ma petite espionne » et dont il conserve pourtant en cachette une boucle de cheveux dans un médaillon. L’animosité viscérale entre le Corse et le Béarnais repose sur une rivalité à la fois amoureuse et politique. « Oui, Bernadotte », dit Napoléon dans une tirade avec laquelle Guitry, sans doute, s’identifie entièrement, « vous aurez tout fait pour sauver la République. Donc vous voyez bien qu’elle était condamnée. Ce n’est pas la République qu’il convenait de sauver, mon ami, c’était la France. C’est une grande et commune erreur de croire qu’en sauvant le régime, on sauve la Nation. Être républicain, ce n’est qu’une opinion. » Au fil des ans, Désirée, plus rancunière que jamais, développe une mentalité de concierge médisante et hypocrite, tandis que Bernadotte, arriviste envieux, est bombardé prince, puis maréchal. Le trône des Vasa est pour lui un détour afin de mieux frapper l’Empire, et au lendemain des revers de Napoléon en Russie, Désirée pousse son mari à faire rentrer la Suède dans la coalition contre la France. Après Waterloo, tout bascule.
Située après 1821, la dernière partie du film montre les Bernadotte en proie aux remords d’avoir tant maltraité leur bienfaiteur ; à Stockholm, le vieux couple ne trouve plus ni paix ni sommeil, s’efforçant à expier vingt-cinq années d’ingratitude et le « crime » d’avoir souhaité le malheur du grand homme. Lui cherche à se persuader qu’il n’a pas trahi l’Empereur : « Nous nous sommes détestés tous les deux, j’ai agi en Suédois, mais je n’ai jamais cessé de penser en Français. » Pour sa part, la « petite fiancée de Napoléon » a plaidé en vain la cause du proscrit de Sainte-Hélène dans tous les salons, jusqu’auprès d’un Louis XVIII forcément évasif, car personne ne songe à adoucir son exil. Emporté par les trémolos de son discours, Guitry se risque à suggérer que Désirée, sexagénaire ratatinée, serait allée secrètement se jeter aux genoux du roi Louis-Philippe, le suppliant de faire revenir les cendres de l’Empereur à Paris, « sur les bords de la Seine, au milieu de ce peuple français [qu’il a] tant aimé ». À cette occasion, le cinéaste se laisse aller à un panégyrique de Napoléon où la vénération confine à l'idolâtrie ; il modifiera quelque peu son point de vue – admettons qu’il fut de circonstance, en 1941 – dans la longue biographie filmée qu'il consacrera au « Petit Tondu » en 1954. Il est piquant, dans ce contexte, de comparer l’image de Talleyrand, présenté ici comme « pervers, prestigieux, subtil » avec celle, autrement plus flatteuse, que le génial auteur-interprète offrira dans Le Diable boiteux en 1948 (cf. p. 181) et dans sa fresque napoléonienne de 1954 (cf. p. 17). Mais on n’est jamais à une contradiction près, et Guitry affiche sa totale liberté narrative en plaçant le générique du film carrément au milieu du récit ; puis, d’humeur ludique, il interrompt l'action pour demander aux jeunes acteurs de céder leurs rôles à des camarades un peu plus mûrs : Geneviève Guitry fait place à Gaby Morlay, Jean-Louis Barrault (un « Chat Botté » acceptable, anguleux quoique trop souriant) à Guitry, qui, à défaut de ressemblance physique, suggère avec une surprenante conviction l'autorité, la démarche et le magnétisme de l'Empereur. Le procédé a été inauguré déjà en 1937 dans Les Perles de la couronne, où le Napoléon d’Emile Drain succédait au Bonaparte de Barrault, et il sera repris dans son Napoléon avec Daniel Gélin et Raymond Pellegrin.
Ce n’est pas du meilleur Guitry, loin s’en faut, le film est longuet, facilement bavard et solennel, et les sœurs Clary ne sont guère séduisantes, mais l’éclairage tant historique qu’idéologique qu’il fournit est passionnant à suivre. Et les dialogues, très souvent, font mouche. – AT : Napoleon’s Braut, Mademoiselle Desiree, SE : Den förste Bernadotte (= le premier Bernadotte), US : Mademoiselle Desiree.
1954® Napoléon (FR) de Sacha Guitry. – av. Dany Robin (Désirée Clary).
Devenu Premier Consul, Napoléon (Marlon Brando) cherche à manœuvrer son ancienne fiancée, Désirée Clary (Jean Simmons) (Désirée de Henry Koster, 1954).
1954*Désirée (Désirée) (US) de Henry Koster
Julian Blaustein/20th Century-Fox, 110 min. – av. Jean Simmons (Désirée Clary), MARLON BRANDO (Napoléon), Michael Rennie (Jean-Baptiste Bernadotte), Merle Oberon (Joséphine de Beauharnais), Cameron Mitchell (Joseph Bonaparte), John Hoyt (Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord), Elizabeth Sellars (Julie Clary), Cathleen Nesbitt (Madame Mère, Laetitia Bonaparte-Ramolino), Richard van Cleemput (Lucien Bonaparte), Larry Craine (Louis Bonaparte), Florence Dublin (Élisa Bonaparte), Charlotte Austin (Pauline Bonaparte), Judy Lester (Caroline Bonaparte), Peter Reynolds (Jérome Bonaparte), Edith Evanson (la reine-mère de Suède, Hedwige de Schleswig-Holstein Gottorp), Carolyn Jones (Thérésa Tallien), Sam Gilman (Joseph Fouché), Dorothy Neumann (la reine Sophie de Suède), Siw Paulsson (la princesse Sofia Albertina de Suède), David Leonard (Paul Barras), Lester Matthews (Armand de Caulaincourt), Colin Kenny (gén. comte Nicolas Léonard Bagert Beker), Leonard George (le pape Pie VII), Violet Rensing (Marie-Louise d’Autriche), Alan Napier (Jean-Étienne Despréaux), Isobel Elsom (Françoise Clary-Somis, la mère), Richard Deacon (Etienne Clary), Nicolas Koster (Oscar Bernadotte, fils de Désirée), Richard Garrick (le comte Michel Regnaud de Saint-Jean d’Angély), Peter Bourne (le comte Magnus Brahe), Louis Borel (le baron Carl Otto Mörner), Evelyn Warden (Marie), A. Cameron Grant (Montel), Gene Roth (Magnus Gustav von Essen).
La rencontre de Napoléon, de Marlon Brando et du CinemaScope (32 ans après la Polyvision de Gance) ne produit pas d'étincelles, mais le résultat mérite néanmoins le détour pour diverses raisons. L'argument sentimental de ce Désirée provient du best-seller éponyme de la romancière autrichienne Annemarie Selinko (10 millions d’exemplaires vendus, traduit en plus de 25 langues). Persécutée par les nazis, l’écrivaine (qui a épousé un diplomate danois) a travaillé pour la résistance à Copenhague, été appréhendée par la Gestapo et est parvenue à fuir en Suède avec son mari. Son roman, elle l’a rédigé en exil à Stockholm, en hiver 1944/45, et l’opposition entre « la petite républicaine de Marseille perdue à la cour royale de Suède et un dictateur qui bafoue les droits de l'homme » (Selinko) se réfère indirectement à un contexte très contemporain. Le livre est d’abord publié en allemand en 1951 ; la romancière l’a dédié à sa sœur Liselotte Roeders-Selinko, assassinée à Auschwitz en octobre 1944. La Century-Fox en acquiert immédiatement les droits cinématographiques ; Anatole Litvak se propose de le filmer en Europe (novembre 1953) et le patron du studio, Darryl F. Zanuck, envisage Laurence Olivier et Vivien Leigh en époux Bernadotte, et Jay Robinson en Napoléon (test peu concluant) ; Audrey Hepburn est également prise en considération pour le rôle-titre, mais elle est bloquée sous contrat à la Paramount, tandis que Montgomery Clift décline de jouer l’Empereur. Entre-temps, la mise au point du procédé CinemaScope et le triomphe mondial de l’écran panoramique avec le péplum The Robe (La Tunique) de Henry Koster bouleverse la donne. Désirée sera donc une somptueuse production en CinemaScope, en couleurs De Luxe et son stéréophonique (budget : 4 millions $), Koster remplaçant Litvak aux commandes. Né à Berlin, Koster – alias Hermann Kosterlitz – a également fui le nazisme, mais, ce que Zanuck ignore, c’est un passionné de l’épopée napoléonienne, grand collectionneur de bibelots impériaux à Hollywood (comme Robert Florey), et responsable de deux autres films en la matière, Die letzte Kompagnie en 1930 (cf. p. 372) et The Naked Maja en 1958 (cf. p. 491). Daniel Taradash est chargé de l’adaptation, un scénariste progressiste qui vient de remporter l’Oscar pour From Here to Eternity (Tant qu’il y aura des hommes) (1953) de Fred Zinnemann.
Le casting définitif se règle rapidement : le couple Bernadotte et Joséphine de Beauharnais sont interprétés par trois Britanniques : Jean Simmons, vedette de La Tunique et de The Egyptian (Sinouhé l’Égyptien), et Michael Rennie, saint Pierre dans La Tunique, mais surtout connu des aficionados pour son extraterrestre Klaatu dans Le Jour où la Terre s’arrêta de Robert Wise (1951), enfin la magnifique Merle Oberon, l’ancienne star et épouse du producteur Alexander Korda dont les traits exotiques (elle est née en Inde de mère anglo-sri-lankaise) évoquent l’origine martiniquaise de l’impératrice. Reste à trouver le bon Napoléon, choix déterminant pour le succès du film. Koster veut un profil romain, celui de Marlon Brando qui fut un remarquable Marc-Antoine dans le Jules César de Mankiewicz. Brando rechigne, ce rôle iconique lui fait peur ; les nababs d’Hollywood le savent aussi génial qu’imprévisible et incontrôlable. Ayant fait faux-bond sur le plateau de The Egyptian, où il dut être remplacé en catastrophe par Edmund Purdom (piètre substitut), il est à présent acculé par la Fox qui lui réclame deux millions de dollars pour rupture de contrat. Menacé de prison lorsqu’il déserte à nouveau le studio, il se résigne à interpréter le mythique général, quitte à tourmenter son réalisateur dont il ignore les directives et qui, plus d’une fois, baisse les bras et le laisse agir à sa guise – souvent pour le bien de la scène. En raison de la lourdeur des nouvelles caméras anamorphiques, Koster a renoncé à des prises de vues en Europe ; les intérieurs de Mme Tallien et Barras au château de Grosbois, le grand salon des Tuileries (coûts : 55 000 $), la Malmaison et sa terrasse prennent vie sur les plateaux californiens de la Fox à Century City, Westwood, Los Angeles, plus quelques extérieurs à Monterey et à Lone Cypress, Pebble Beach (scènes d’Elbe, coupées). Fred Fox, qui dirige la seconde équipe, est envoyé en France filmer (avec doublures) des paysages à Saint-Cloud, à la Malmaison et dans les faubourgs de Paris qui sont insérés dans l’action. Il n’y a pas de séquences guerrières, mais comme le Napoléon français de Sacha Guitry, produit cette même année, le Désirée américain anime scrupuleusement le tableau du sacre à Notre-Dame immortalisé par David et s'inspire dans ses compositions de la peinture du XIX e siècle, de Joséphine à la Malmaison de Prud’hon au Napoléon à Fontainebleau de Delaroche.
Fidèle au texte de Selinko, le film de la Fox prend le contre-pied de la bande de Sacha Guitry (cf. supra), en illustrant le journal intime – fictif – de l’héroïne. On passera sur les enjolivures de détail, décelables également chez Guitry : en vérité, Napoléon ne fit la connaissance des Clary qu’un mois après le mariage de son frère avec Julie, et ses sentiments réels pour Désirée relèvent plus de l’aimable badinage et du tuteur attentionné que de l’amour, qui comptait peu dans ses calculs plus ou moins inconscients (il était simultanément l’amant de Louise Turreau, la femme d’un Conventionnel). Dans le film, la candide Désirée et son Bernadotte beau et intègre sont dépeints comme les victimes d'un Napoléon modelé selon le cliché réducteur du cinéma anglo-américain : un militaire fascinant entraîné sur la mauvaise pente par sa soif compulsive de conquêtes. Mais les libertés prises avec l’Histoire dépassent ici la simple licence poétique puisqu’elles contribuent en fin de compte à la déformation des faits comme à la désinformation d’un public non averti – et le cas présent est particulièrement représentatif. En mars 1794 déjà, quand débute le film, Bonaparte annonce à la famille Clary réunie (la mère, le frère et les deux sœurs) qu’il « est » la Révolution française. Conscient de sa destinée, il fait partie des hommes qui font l’Histoire et, petite idée personnelle, il veut pousser à une guerre offensive en Italie, car « c’est notre devoir sacré de répandre en Europe parmi tous les peuples nos grands principes de liberté, égalité et fraternité, avec, s’il le faut, le secours du canon ! ». Or (comme l’a fort bien démontré Patrice Gueniffey), Bonaparte, qui était d’abord soldat, n’aimait ni la Révolution ni les révolutionnaires, et ne croyait pas en leurs idéaux, nullement dupe de la duplicité de certains de ses thuriféraires : une pareille identification est donc abusive. Ensuite, l’Italie est présentée comme un pays victime d’un redoutable prédateur ; le film omet de préciser que l’Italie est tenue par les Autrichiens, principal ennemi de la Première Coalition anti-française ; en balayant les armées austro-piémontaises, le Corse d’origine toscane Buonaparte, considéré sur place comme un « fils de l’Italie », sera acclamé en libérateur, notamment à Milan et à Bologne. Comme c’est le cas dans bien des fictions américaines du moment (en pleine guerre froide), le film profite de ce passage pour rappeler la menace du totalitarisme révolutionnaire d’obédience communiste : Bonaparte, un Staline en puissance ?
Arrêté après la chute de Robespierre, puis relaxé, Napoléon part pour Paris où il oublie opportunément sa petite provinciale dans le lit de la vicomtesse de Beauharnais. Désirée, qui s’est faufilée dans les élégants salons de Mme Tallien grâce à la complicité amusée de Bernadotte, surprend son fiancé infidèle, asperge Joséphine de champagne, s’enfuit, veut se jeter dans la Seine – mais Bernadotte, une fois de plus, intervient salutairement. En avril 1798, à la Malmaison à la veille de la campagne d’Égypte (destinée, bien sûr, à amener « l’ordre et la paix par la conquête »), Désirée échappe aux avances discrètes de « l’Homme du Destin », toujours secrètement amoureux, et accepte d’épouser Bernadotte. Ce dernier refuse de participer au coup d’État du 18 brumaire, mais Napoléon, qu’il a qualifié de dictateur, reconnaît sa valeur militaire et l’intègre à son gouvernement (« Je vous assure de ma loyauté, lui dit le futur roi de Suède, mais je ne puis vous promettre mon affection »). Le 2 décembre 1804, Désirée, bonne catholique, est scandalisée par l’auto-couronnement de l’Empereur (la romancière comme son scénariste ignorent que ce geste politique se fit d’entente avec le Saint-Père). Le film passe illico à la répudiation de Joséphine cinq ans plus tard. Désirée console son ancienne rivale aux Tuileries – où, l’ayant surprise, Napoléon, le mufle, la contraint à lui apprendre à danser la valse viennoise : cette musique lui sera utile pour charmer Marie-Louise. « Napoléon prépare un nouveau bain de sang en Europe », murmure Bernadotte, inquiet, avant d’émigrer en Suède enneigée avec sa petite femme. Mais comme Sissi à la cour des Habsbourg, l’ingénue ne se fait pas au protocole et à l’étiquette rigide de la famille royale des Vasa ; elle regagne seule Paris. À son retour de Russie, le 18 décembre 1812, Napoléon, épuisé, mal rasé, accompagné de Caulaincourt, lui rend visite et se plaint du comportement de son époux à Stockholm. Le scénario aligne alors quelques affirmations cocasses : Bernadotte aurait rencontré le tsar avant la bataille de la Moskova, lui aurait conseillé d’incendier Moscou pour que ses compatriotes n’y puissent hiverner (et le comte Rostopchine, alors ?), puis suggéré de faire prisonnier l’Empereur pendant la retraite. En vérité, Bernadotte se contenta, dans une lettre datée du 24 avril 1812, de recommander à Alexandre « d’éviter les grandes batailles » contre l’armée française, de « travailler ses flancs » et de l’« harasser par des marches et contremarches ». À la mi-août, le tsar rencontra encore Bernadotte à Turku (capitale de la Finlande) pour obtenir de la Suède la garantie de l’inviolabilité de la Finlande, ce qui lui permit d’alléger son dispositif militaire à la frontière nord et transférer ses troupes finlandaises au sud de Moscou.
La fin du film cumule les contre-vérités : Bernadotte aurait envahi le territoire français avec ses régiments suédois en 1814 (au contraire : il refusa de participer à la campagne de France) et aurait été présent à l’abdication de Napoléon à Fontainebleau avec une délégation coalisée (sic). Ce dernier l’aurait traité de « plus illustre traître que la France ait jamais connu » ! – ce à quoi le Bernadotte hollywoodien répond : « L’Histoire déterminera qui de nous est un traître, mais si vous y trouvez quelque satisfaction, apprenez qu’après votre départ je quitterai la France et n’y reviendrai jamais plus. » Suit une ellipse (l’héroïne noircit son journal) jusqu’au 28 juin 1815, après Waterloo. Napoléon, nous apprend-on, s’est barricadé à la Malmaison avec le reste de son armée (sic), et les coalisés menacent de détruire Paris s’il ne quitte pas la France (re-sic). Impuissante, la Chambre charge Désirée d’inciter Napoléon à se rendre et d’empêcher ainsi le massacre (en vérité, Napoléon avait déjà abdiqué une semaine plus tôt, à Paris, sans Mme Bernadotte). Elle se déplace seule à la Malmaison où l’Empereur déchu la reçoit sur une vaste terrasse, sous un ciel crépusculaire de studio. Il lui parle de son rêve d’une Europe unie et, doté de pouvoirs de voyant surprenants, se rebiffe à l’idée d’être exilé à Sainte-Hélène ! Finalement, il lui confie son épée (« Ne la tenez pas comme un parapluie ») puis, à voix basse, rassure Désirée comme le public féminin en salle : leurs fiançailles à Marseille, jadis, ne se firent « pas seulement pour la dot » ... La Marseillaise résonne au lointain (ce qui doit enchanter Louis XVIII). Mais laissons le mot de la fin à un hilarant slogan publicitaire de la Fox : « Napoléon avait deux buts dans sa vie, la conquête de Désirée et celle du monde entier ... »
Ironie mise à part, le film de Koster (un solide technicien, fiable à défaut d’être inspiré) est agréablement décoratif, soigné et pondéré comme un produit de luxe, quoique assez languissant sur la fin. Au départ, Taradash, le scénariste, souhaitait mettre en avant le personnage de Bernadotte et son opposition politique, mais il se heurta au veto de son patron, Zanuck. Visant le marché mondial, ce dernier savait que les spectateurs en Europe comme aux États-Unis seraient attirés en priorité par la présence de Napoléon et Taradash dut entièrement remanier son texte pour placer l’Empereur au premier rang et raconter sa carrière à travers les points de rencontre avec son ex-fiancée, une dame a priori inconnue du grand public. Privé de scènes fortes, Michael Rennie sort perdant (il disparaît à dix minutes de la fin) ; Jean Simmons, jolis minois, spontanée et romanesque, et surtout Merle Oberon en émouvante Joséphine, séduisent. Mais c’est la performance de Marlon Brando, avec son profil de médaille (faux nez) et un jeu dominé par l’underplaying, qui porte le film. La ressemblance physique est souvent frappante (bien que Brando soit plus massif) ; de surcroît, l’acteur trouve d’emblée le ton juste du Bonaparte de vingt-cinq ans tel que l’ont retenu ses contemporains : impérieux, ne souffrant aucune discussion, même lorsqu’il s’adresse à plus important que lui (il joue le rôle avec un accent anglais impeccable). Pourtant, ce despote amoureux, altier, solennel et solitaire, qui sait être brusque et théâtral dans ses colères, apparaît tout en nuances, jamais caricatural. Ainsi que le décrit Florence Colombani (Anatomie d’un acteur : Marlon Brando, Paris, 2013), c’est un charmeur tout sauf romantique, « sa bouche sourit, mais ses yeux restent graves », comme si l’amour demeurait le cadet de ses soucis ; ses proclamations mégalomanes sont prononcées d’une voix douce, sans arrogance, et son visage imprégné de tristesse enfouie traduit la complexité d’un Bonaparte « humain, sensible, épris sans doute plus qu’il ne le sait lui-même » (id.). En revanche, à la veille de son couronnement, lorsque, excédé, il adoube ses sœurs récalcitrantes en leur administrant à chacune une tape ridicule sur la tête, c’est non seulement l’arbitraire du pouvoir qui ressort, mais le sarcasme d’un général et metteur en scène sans illusions sur la nature humaine. Par son jeu intuitif, Brando réussit ainsi à corriger, du moins partiellement, le portrait simpliste du scénario. Distribué dans le monde entier, Désirée fait un score estimable au box office (recettes nationales US : 4,5 millions de $) et décroche deux nominations à l’Oscar 1955 pour les décors et les costumes (signés René Hubert).
1964® (tv) I Grandi Camaleonti (IT) d’Edmo Fenoglio. – av. Claudia Baiz (Desirée Clary).
1971(tv) El primer amor de Desirée (ES) de Manuel Aguado
Televisión Española, série « Novela » (TVE 21.6.-9.7.71), 15 x 25 min. – av. Enriqueta Carballeira (Désirée Clary), JOSÉ MARIA RODERO (Napoléon), Francisco Piquer (Jean-Baptiste Bernadotte), Elvira Quintillá (Joséphine de Beauharnais), Ana del Arco (Marie), Mónica Randall (Julie Clary), Piedro Osinaga (Joseph Bonaparte), Mercedes Barranco (Thérésa Tallien), Ricardo Lucía (Joseph Fouché), Enrique Vivo (François-Joseph Lefebvre), Pedro Sempson (Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord), Antonio Acebal (Paul Barras), José Caride (Ferdinand), Daniel Dicenta (Étienne Clary), Juan José (Oscar Bernadotte, duc de Sudermanie bébé), Miguel Angel (Oscar enfant), José Miguel (Oscar adolescent), José Manuel Cervino (comte Magnus Brahe), Alberto Bove (col. Bredd), Mario Alex (le prince Leopold von Hessen-Homburg), José Luis Barcelo (baron von Friesendorf), Valentin Tornos (le chambellan de Charles XIII de Suède).
Le premier amour de Désirée, selon la pièce inédite de Pedro Gil Paradela, filmée (vidéo) dans les studios TVE de Prado del Rey à Madrid pour l’émission quotidienne « Novela », et interprétée par l’actrice madrilène María Enriqueta Carballeira Troteaga. La télésérie débute à Marseille, narre le mariage de Désirée avec Bernadotte, la naissance en 1799 puis l’enfance de leur fils Oscar, filleul de Napoléon et futur Oscar I er, roi de Suède et de Norvège en 1844.
1971(tv) King Bernadotte / Kungen Bernadotte (GB/SE) de Kenneth Shepheard
Série « Chronicle », Paul Johnstone/BBCtv-Sveriges Television (BBC2 18.12.71), 50 min. – av. Bernard Keeffe (narration et scénario), Magnus Magnusson (narration). – Docu-fiction avec reconstitutions et comédiens anonymes dans les rôles de Désirée et Bernadotte.
1974® (tv) Napoleon and Love – 1. Rose (GB) de Reginald Collin ; Thames Colour Television Production (ITV 5.3.74), 52 min. – av. IAN HOLM (Napoléon), Karen Dotrice (Désirée Clary), Lorna Heilbronn (Julie Clary), Edward De Souza (Joseph Bonaparte). – Dans cette série britannique déclinant les amours de Napoléon, le segment sur Désirée fait à peine sept minutes ... c’est dire l’importance portée à ce marivaudage : Marseille en mars 1795, les Clary refusent d’accueillir un deuxième Bonaparte dans la famille, Napoléon se plaint à son frère Joseph, car il a besoin d’une femme et d’une dot et ne souhaite pas perdre de temps à les trouver. Les Clary ne voulant pas d’un général sans emploi, Napoléon décide de gagner Paris pour débloquer sa situation professionnelle, au grand dam de Désirée, d’avance jalouse des « belles femmes » qu’il y rencontrera. Au début de l’épisode, Napoléon batifole avec sa fiancée au lit, une licence hardie, comme en atteste le passage d’une lettre que le jeune général écrira le 7 juin 1795 depuis Paris en lui rappelant « ces promenades où l’amour nous unissait sans nous contenter » (Détails sur la série, cf. p. 25).
2009(tv) Die Bernadotte-Dynastie – Das Geheimnis der schwedischen Monarchie (Bernadotte et la monarchie suédoise) (DE) de Gerold Hofmann
Karl-Martin Lötsch/FTS Media (Arte 22.4.09), 52 min. – av. Thomas Schmuckert (Jean-Baptiste Bernadotte), NICOLA DEVICO MAMONE (Napoléon), Frank Witter (Régis de Cambacérès), Sven Rothkirch (le comte Magnus Brahe), Chris Dehler.
Docu-fiction qui met également en avant le politicien et militaire Magnus Brahe (1790-1844), le principal adversaire suédois de Napoléon à partir de 1813. Désirée, qui a déserté Stockholm pour Paris en 1811 et n’y reviendra que onze ans plus tard, n’apparaît pas.
2015(tv) Désirée Clary : Marseillaise... et Reine de Suède ! (FR) de Marie-Laurence Rincé et Xavier Lefebvre (fict.)
Série "Secrets d'Histoire" présentée par Stéphane Bern, Laurent Menec/Société Européenne de Production (Jean-Louis Remilleux)-France Télévisions (FR2 25.8.15), 95 min. - av. Clémence Laveissière (Désirée Clary), Thomas Barraud (Bernadotte), JEAN-MICHEL MARNET (Napoléon Bonaparte), Luc Matard (le duc de Richelieu), Christian Bourdel, David Emmanuel, Valérie Faure-Miller, Leopold Hedengren, Anne-Laure Maudet, Thibault Patan, François Pilot Cousin.
Docu-fiction tourné en France et en Suède, selon la formule rôdée de "Secrets d'Histoire" et avec un Stéphane Bern pour guide enthousiaste à travers palais et châteaux. Ce portrait d'une midinette extravagante bombardée reine n'évite pas quelques approximations et simplifications romanesques; il décrit le malaise de la bourgeoise marseillaise à la cour de Stockholm, son retour en France où elle devient la "petite espionne" de Bernadotte comme de Napoléon, sa passion dévorante pour le duc de Richelieu, Premier ministre et ministre des Affaires étrangères de Louis XVIII qu'elle harcèle jusqu'à la mort (il succombe à une crise cardiaque), son retour en Suède lorsque son fils Oscar se marie avec la petite-fille de Joséphine de Beauharnais, etc. Les reconstitutions sont plutôt chiches et maladroites, complétées par des extraits de Le Destin fabuleux de Désirée Clary (1941) de Sacha Guitry, Désirée (1954) de Henry Koster, La Révolution française (1989) de Robert Enrico et R. T. Heffron, Napoléon (tv 2002) d'Yves Simoneau, Napoleon (tv 2007 de Nick Murphy et Le Comte de Monte-Cristo (tv 1998) de Josée Dayan.