Ia - NAPOLÉON ET L'EUROPE

2. VIE SENTIMENTALE ET FAMILLE

2.4. Marie-Louise d’Autriche

Fille aînée de l’empereur François Ier, archiduchesse d’Autriche, princesse de Hongrie et de Bohème, impératrice de France et duchesse souveraine de Parme, Plaisance et Guastalla. Petite-nièce de Marie-Antoinette, elle grandit avec la détestation du peuple français. En 1810, à l’âge de dix-sept ans, Marie-Louise est contrainte d’épouser pour raison d’État l’« ogre » tant décrié dans sa famille, cet « Antéchrist » qui se serait fait Turc en Égypte, qui battrait ses ministres et aurait tué de ses propres mains deux de ses généraux ! Le mariage est une initiative de Metternich, le nouveau ministre autrichien des Affaires étrangères, pour se concilier le vainqueur de Wagram. L’union permet à Napoléon, 40 ans, de sceller la paix ainsi qu’une alliance qu’il espère plus étroite avec l’ennemi héréditaire de la Révolution, d’entrer dans le cercle fermé des dynasties immémoriales (Louis XVI devient feu son grand-oncle), et surtout de fonder lui-même sa propre dynastie (« c’est un ventre que j’épouse », dit-il peu élégamment avant de rencontrer l’élue). Après un mariage par procuration à Vienne, Marie-Louise reçoit un accueil chaleureux à Strasbourg ; la cérémonie religieuse est célébrée au Louvre dans un salon transformé en chapelle.
Mère du Roi de Rome en 1811, elle connaît selon toute vraisemblance une union conjugale assez heureuse (et flatteuse) avec le maître de l’Europe qui la couvre d’attentions, de cadeaux prestigieux ; ayant exhumé l’étiquette de la cour des Bourbons, l’Empereur fait même réaménager pour elle le Grand Trianon de Versailles. Dévouée, attentive, timide et dévote, elle tutoie son mari (à la surprise des courtisans) et elle l’appelle « Nana » ou « Popo ». Elle refuse de l’influencer politiquement comme le lui a demandé Metternich. Mais les Français n’adoptent pas l’« Autrichienne » : les bonapartistes regrettent Joséphine, les républicains haïssent la parente de la reine décapitée et les monarchistes lui reprochent de fournir aux Bonaparte une sorte de légitimation au trône.
Marie-Louise est proclamée deux fois régente (un pouvoir toujours refusé à Joséphine), en 1813 et en janvier 1814, lorsque les armées coalisées envahissent la France et que Napoléon s’absente pour leur faire face, sans se douter qu’il ne la reverra plus. Elle se montre loyale (« Je voudrais pouvoir trouver en ce moment plus que jamais le moyen de te donner des preuves de mon tendre amour et de tout mon attachement », lui écrit-elle), préside le Conseil et intervient même auprès de son père pour tenter de le fléchir. Napoléon ayant ordonné que ni elle ni son fils ne tombent en mains étrangères, elle quitte Paris pour Blois le 29 mars, puis, lorsque son époux abdique, elle cherche protection auprès de son père à Rambouillet : le piège se referme. L’empereur d’Autriche promet fallacieusement à son gendre que Marie-Louise pourra très vite rejoindre ses États de Parme et, plus tard, l’île d’Elbe. Le 2 mai, elle franchit le Rhin – pour ne plus revenir. Elle reste en liaison épistolaire avec son conjoint exilé, échanges d’abord très affectueux, puis de plus en plus espacés (des lettres transmises en cachette par Teodor Laczynski, le frère de Maria Walewska). Après les Cent-Jours, le contact se rompt : la sachant frivole et faible, Metternich a placé auprès d’elle un coureur de jupons réputé, le comte Adam-Albert de Neipperg, avec mission de la détourner de Napoléon et d’empêcher à tout prix un voyage à l’île d’Elbe. Consolée puis séduite par Neipperg, espionnée par Metternich et couverte d’affection par son père, Marie-Louise manifeste bientôt une attitude désinvolte face à son mari qui scandalise non seulement les Français, mais aussi sa tante, la vieille reine Marie-Caroline de Naples, pourtant hostile à Napoléon. En 1815, le Congrès de Vienne lui confirme l’attribution des duchés de Parme, Plaisance et Guastalla. En gagnant l’Italie, elle doit toutefois abandonner à Schönbrunn le jeune Roi de Rome, son fils que l’Autriche tient à surveiller de près. En 1821, Marie-Louise épouse morganatiquement son amant Neipperg qui lui donnera trois enfants (dont deux nés en 1817 et 1819 déjà). Elle règne en souveraine éclairée à Parme où elle se préoccupe d’hygiène, d’hôpitaux, de la condition des femmes et de l’aménagement de la cité. Veuve pour la seconde fois en 1829, elle se remarie une troisième fois avec le comte Charles-René de Bombelles.
1910® L’Aigle et l’Aiglon (FR) d’André Calmettes. – av. Magda Simon (Marie-Louise).
1911® Madame Sans-Gêne (FR) d’André Calmettes. – av. Aimée de Raynal (Marie-Louise).
1913® Hearts of the First Empire (US) de William J. Humphrey. – av. Edith Storey (Marie-Louise).
1914® Napoleone (IT) d’Edoardo Bencivenga. – av. Matilde Granillo (Marie-Louise).
1914® L’Aiglon (FR) d’Emile Chautard. – Jeanne Kerwich (Marie-Louise).
1915® I soldatini del Re di Roma (IT) d’Eleuterio Rodolfi. – av. Cesira Lenard (Marie-Louise).
1920® Der Herzog von Reichstadt (AT) de Hans Otto Löwenstein. – av. Käte Schindler (Marie-Louise).
1921® L’Aiglonne (FR) d’Emile Keppens, René Navarre. – av. Liane Guntry (Marie-Louise).
1921® L’Agonie des Aigles (FR) de Dominique Bernard-Deschamps. – av. Denise Séverin-Mars (Marie-Louise).
1923® A Royal Divorce (GB) d’Alexander Butler. – av. Mary Dibley (Marie-Louise).
1925® Madame Sans-Gêne (US/FR) de Léonce Perret. – av. Suzanne Bianchetti (Marie-Louise).
1929® Napoleon auf Sankt Helena (DE/FR) de Lupu Pick. – av. Stella Harf (Marie-Louise).
1931® L’Aiglon (FR) de Victor Tourjanski. – av. Jeanne Heldia (Marie-Louise).
1931® Der Herzog von Reichstadt (FR/DE) de Victor Tourjanski. – av. Lien Deyers (Marie-Louise).
1934**So endete eine Liebe (La fin d’un amour / BE : Ainsi finit un amour) (DE) de Karl Hartl
Arnold Pressburger, Gregor Rabinowitsch, Fritz Klotzsch/Cine-Allianz Tonfilm GmbH (Berlin), 94 min. – av. Paula Wessely (l’archiduchesse Marie-Louise), Willi Forst (le duc Franz von Modena), Gustav Gründgens (Klemens Wenzel von Metternich), Franz Herterich (l’empereur François Ier), Rose Stradner (l’impératrice Maria Ludovika), Erna Morena (Joséphine de Beauharnais), Maria Koppenhöfer (Madame Mère, Laetitia Bonaparte-Ramolino), Edwin Jürgensen (Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord), Gustav Waldau (Friedrich Gentz, conseiller de la cour), Helmuth Rudolph (officier), Erich Dunskus, Olga Engl, Rudolf Essek, Angelo Ferrari, Hugo Flink, Alfred Gerasch, Josef Peterhans, Leo Peukert, Louis Ralph, Jakob Tiedtke, Franz W. Schröder-Schrom.
Synopsis : À Paris, le 15 décembre 1809 aux Tuileries, le mariage de Napoléon et de Joséphine est officiellement dissous devant Talleyrand et la famille impériale réunie. À la Hofburg à Vienne, Metternich reçoit une missive de Talleyrand : « Ma tâche est finie, à vous de jouer ... » L’omnipotent ministre des Affaires étrangères consulte la liste de son conseiller pour décider d’une épouse putative pour Napoléon, une Habsbourg capable de lui donner un héritier, et se fixe sur l’archiduchesse Marie-Louise, 19 ans, délicieuse, capricieuse et parlant six langues (quoique « les langues ne seront pas de première utilité ... »). Son père, l’empereur François I er n’en sait rien, lui qui a promis à Marie-Louise qu’elle pourra épouser l’élu de son cœur. Il est choqué (« ma fille à un fils d’avocat corse ? ») et Metternich lui explique que la demande du maître de l’Europe correspond à un ultimatum et qu’il faut à présent penser non en Autrichien ou en Rhénan, mais en Européen. L’empereur se résigne. Son ministre charge Franz, duc de Modène, jeune homme désœuvré (car son duché a été confisqué par les Français), couvert de dettes et qui tue le temps à Vienne comme maître de ballet, de présenter la requête napoléonienne à sa cousine Marie-Louise.
Vivant dans la peur, ayant fui la Grande Armée et attendant le signal du retour, la famille impériale séjourne dans sa résidence d’été à Ofen (Buda), en Hongrie. La mission diplomatique de Franz y est particulièrement délicate : il doit défendre Napoléon qui lui a tout pris et si nécessaire embellir son image, car Marie-Louise est sous l’influence de sa nouvelle belle-mère, l’impératrice Maria Ludovika de Modène, la troisième épouse de François I er et sœur de Franz, la santé fragile ; c’est une ennemie farouche de la France républicaine, traumatisée par le désastre à Wagram et l’humiliation du traité de Schönbrunn. À table, en famille, la prière quotidienne du repas se termine par « ... et protège-nous de Napoléon », et quand la nombreuse progéniture de l’Empereur joue à la guerre, on ne trouve personne pour incarner l’ogre français : c’est Marie-Louise qui doit s’y coller, coiffée d’un bicorne. Cette dernière embrasse Franz sur la bouche lorsqu’il apparaît : il est son amour d’enfance, ils se sont fait jadis des promesses que le cousin volage a oubliées. Ému, Franz ne sait comment aborder l’épineuse question du mariage politique qui ferait de l’élue « la première femme d’Europe » (Marie-Louise, ne se doutant de rien : « La pauvresse ! »). Franz succombe à la passion au cours de longues promenades sentimentales dans le parc. L’impératrice Maria Ludovika décrit l’idylle naissante à son époux de plus en plus embarrassé, car les noces par procuration avec Napoléon ont déjà été fixées au 11 mars 1810 dans l’église des Augustins à Vienne ; le conquérant français sera représenté par son ancien adversaire, l’archiduc Charles. Lorsque Maria-Ludovika apprend que François I er veut « sauver la paix de l’Europe en immolant sa propre fille », elle est terrassée par de violentes fièvres et délire. Marie-Louise devine tout, catastrophée, mais son père lui laisse la décision finale. Franz lui lit une lettre de Napoléon qui lui est adressée, elle titube. Arrive Metternich, autoproclamé « ministre sans cœur », qui lui explique la situation, tandis qu’à Vienne, l’empereur d’Autriche, aujourd’hui réduit à un « mendiant couronné », raisonne le duc de Modène qui s’est introduit de force dans son cabinet (montage parallèle). Très digne, Marie-Louise remercie Franz de lui avoir caché la véritable raison de sa visite et procuré ces quelques jours de bonheur, puis, la mort dans l’âme, elle se plie à la raison d’État. La cérémonie nuptiale aux Augustins, déjà appliquée jadis pour le mariage de l’infortunée Marie-Antoinette, se déroule en grande pompe. La cour est triste, l’ambiance glaciale. En pleine liturgie, Napoléon apparaît brièvement en surimpression (acteur inconnu), marchant vers l’objectif et tendant sa main au son de la Marseillaise. Marie-Louise s’agenouille devant l’autel. Panoramique subjectif sur les cierges, le visage du Christ dans l’abside et, au-dessus, l’injonction « Porte ta croix » (Matthieu 16:24). Fin.
Le film, forcément inédit en France (mais pas dans les autres pays francophones), est captivant à plus d’un titre. Sur le plan technique et artistique d’abord, cette production 100% allemande est une réussite, un mélodrame intimiste d’une grande sensibilité, magnifiquement photographié par un des futurs as de Hollywood, l’Austro-Hongrois Franz Planer (le chef opérateur de Max Ophuls, Robert Siodmak, William Wyler, Fred Zinnemann, Nicholas Ray, etc.). Le Viennois Karl Hartl, ancien assistant d’Alexander Korda, est à Berlin un réalisateur commercial très demandé, en particulier depuis le triomphe à la Ufa de sa bande de science-fiction FP1 antwortet nicht/IF1 ne répond plus (1933). Il affectionne les larges mouvements d’appareils et de grue et se plaît ici à arpenter les couloirs de palais en dynamisant l’espace par une suite très habile de plans généraux ou rapprochés. Ses acteurs sont dirigés avec doigté, sans insistance ni effusions ou lourdeurs, aidé en cela par la maîtrise du script de Walter Reisch, autre Viennois de Hollywood (Gaslight de Cukor, Ninotchka de Lubitsch). Parmi les acteurs, on retrouve Gustaf Gründgens, jouissif en Metternich vaniteux et machiavélique, et la Viennoise Rose Stradner (bientôt Mme Joseph L. Mankiewicz) dans le rôle de l’impératrice maladive Maria Ludovika. Enfin les vedettes, Willi Forst et Paula Wessely, encore des Autrichiens. Forst, idole de ces dames (Bel Ami), a, le premier, réussi à détourner Paula Wessely du théâtre et vient de lui confier le rôle principal dans son chef-d’œuvre, le mélo fin-de-siècle Maskerade. Consacrée vedette du jour au lendemain, la Wessely confirme, avec ce second rôle à l’écran, la subtilité et la fraîcheur juvénile de son jeu. Tous sont réunis sous le label de la société Cine-Allianz que le tandem russo-hongrois Rabinowitch et Pressburger vient de fonder dans la capitale allemande, et Forst y a attiré ces talents contre la promesse de pouvoir, par la suite, passer définitivement derrière la caméra. Pourtant, le moment est fort mal choisi : Goebbels procède à l’alignement idéologique de toute la cinématographie du Reich. Les nouvelles lois raciales menacent Planer, Reisch et les deux producteurs et ces derniers comptent en fait déplacer au plus vite leur société à Vienne (pour autant que le film soit favorablement accueilli), d’où le choix d’un sujet idoine, voire de circonstance. Tourné en août-septembre 1934 aux ateliers Tobis (Jofa) à Berlin-Johannisthal et en extérieurs au palais de la Résidence à Wurtzbourg, en Bavière, « So endete eine Liebe » devient un des plus grands succès populaires de 1934 dans le Reich. Mais les noms des collaborateurs « non aryens » sont éradiqués des affiches et de la publicité. La version anglaise prévue ne verra jamais le jour. Pour la petite histoire : Paula Wessely, épouse d’Attila Hörbiger, est la grande-tante de Mavie Hörbiger, qui jouera à son tour Marie-Louise dans la télésérie européenne Napoléon avec Christian Clavier en 2002 (cf. p. 30).
Reste le sujet lui-même – et son éclairage. La romance douce-amère entre la jeune Marie-Louise et son séduisant Franz est bien sûr inventée de toutes pièces, mais elle permet d’élaborer un drame du renoncement à faire pleurer Madelon. Duc de Modène et archiduc d’Autriche né à Milan, l’authentique François IV (1779-1846) fut un des défenseurs les plus réactionnaires et les plus tyranniques de l’Ancien Régime et, à partir de 1821, un persécuteur sanguinaire des Carbonari et des partisans de la Nouvelle Italie ; choquée par ses excès, la Grande-Bretagne en vint à rompre les relations diplomatiques avec son duché. C’était à la fois le cousin et l’oncle (en tant que frère de la nouvelle impératrice) de Marie-Louise. Compte tenu de l’endoctrinement subi dans son milieu familial, cette dernière se soumit à contrecœur à cette union censée sceller la paix entre les deux pays. « Je sais qu’à Vienne ils me voient déjà mariée avec le grand Napoléon, j’espère que cela ne se fera pas », écrivit-elle à une amie en janvier 1810. La suite des événements démontra que son aversion pour l’« ogre corse » n’était pas aussi enracinée que cela.
Vu le nouveau climat politique de l’Allemagne en 1933/34, la trame en apparence défavorable aux Français peut obéir à un certain opportunisme conjoncturel, tout en exploitant en sous-texte la nostalgie d’un cadre et d’une époque bigrement révolus, où la SA ne paradait pas dans les rues. Le passage le plus atterrant du scénario survient lorsque Marie-Louise demande à Metternich ce qu’il adviendrait si elle refusait l’offre de mariage. « Napoléon déclarera pour la sixième fois la guerre à l’Autriche », explique le ministre, « ce qui signifiera la fin de la dynastie des Habsbourg ! ». Comme on le sait, Napoléon n’a jamais déclaré la guerre à l’Autriche : c’est la Convention à Paris qui ouvrit les hostilités en avril 1792 (Bonaparte était alors un obscur lieutenant stationné à Ajaccio), et les affrontements successifs auxquels fut mêlé l’empire des Habsbourg dans le cadre de la Deuxième, Troisième et Cinquième Coalition ont tous été déclenchés par les coalisés eux-mêmes. Enfin, pourquoi Napoléon aurait-il déclaré la guerre à un pays qu’il venait de vaincre ? (Le refus préalable du tsar Alexandre de lui donner une de ses sœurs en mariage n’eut, bien évidemment, pas la moindre incidence militaire !) Bref, devant l’hénaurmité de ces propos, on est en droit de se demander si le Metternich du film croit vraiment à ce qu’il dit ou si son discours fait partie de ses habituelles manipulations en vue d’aligner un interlocuteur crédule à sa politique. Or, Napoléon est doublement invisible dans le film : il est absent lors de la cérémonie de divorce au début – une contre-vérité (seul son buste le représente à l’écran) – comme aux noces par procuration à Vienne, la brève apparition fantomatique et subjective mise à part. Il est, semble-t-il, l’homme qui rend les femmes en particulier – et les Autrichiens en général – malheureux, et qui fait peur aux petits enfants. Mais en insistant à tout propos sur la diabolisation d’un adversaire « évanescent », en tirant ses descriptions de sources indirectes, émotionnellement biaisées, du qu’en-dira-t-on et des jeux d’adolescents, le film révèle la nature plus fantasmée que réelle du portrait napoléonien. C’est la réaction personnelle des Habsbourg et non la vilénie supposée de leur ennemi qui fait le sujet du film. Les seuls propos non entachés de phobie déformante sont l’énumération – historiquement exacte – que fait Franz des compensations de divorce très généreuses accordées par Napoléon à Joséphine, et de sa tristesse. Enfin, l’absence de toute trace de nationalisme pangermanique porte la signature d’une poignée d’artistes plus lucides qu’il n’y paraît. – IT : Così fini un amore, GB : So Ended a Great Love, ES : Maria Luisa de Austria.
1935® Campo di Maggio (IT) de Giovacchino Forzano. – av. Rose Stradner (Marie-Louise).
1935® Hundert Tage (DE/IT) de Franz Wenzler. – av. Rose Stradner (Marie-Louise).
1937® Conquest (Marie Walewska) (US) de Clarence Brown. – Jean Fenwick (Marie-Louise).
1938® Remontons les Champs-Elysées (FR) de Sacha Guitry. – av. Madeleine Foujane (Marie-Louise).
1941® Madame Sans-Gêne (FR) de Roger Richebé. – av. Geneviève Auger (Marie-Louise).
1941® Háry János (HU) de Frigyes Bán. – av. Kató Bárczy (Marie-Louise).
1951® Napoleone (IT) de Carlo Borghesio. – av. Lilia Silvi (Marie-Louise).
1953® (tv) L’Aiglon / The Eaglet (GB) de Rudolph Cartier. – av. Eileen Peel (Marie-Louise).
1954® Désirée (US) de Henry Koster. – av. Violet Rensing (Marie-Louise).
1954® I cavalieri dell’illusione / L’eterna femmina (IT/FR) de Marc Allégret. – av. Milly Vitale (Marie-Louise).
1959® (tv) Le Véritable Aiglon : Napoléon II (FR) de Stellio Lorenzi. – av. Claude Gensac (Marie-Louise).
1959® Die schöne Lügnerin / La Belle et l’Empereur (DE/FR) d’Axel von Ambesser. – av. Véra Valmont (Marie-Louise).
1961® Napoléon II, l’Aiglon (FR) de Claude Boissol. – av. Marianne Koch (Marie-Louise).
1965® (tv) L’Aiglon (FR) de Pierre Bade. – av. Nadine Alari (Marie-Louise).
1965® Háry János (HU) de Miklós Szinetár. – av. Teri Torday (Marie-Louise).
1966® (tv) Metternich (ES) de Cayetano Luca de Tena. – av. Carmen de la Maza (Marie-Louise).
1966® Der Kongress amüsiert sich (DE/AT) de Géza Radványi. – av. Sieglinde Koch (Marie-Louise).
1974*(tv) Napoleon and Love – 7. Maria-Luisa – 8. Louise – 9. The End of Love (GB) de Derek Bennett (7), Jonathan Alwyn (8) et Reginald Collin (9)
Reginald Collin/Thames Colour Television Production (ITV 16.+23.+30.4.74), 3 x 60 min. – av. IAN HOLM (Napoléon), Lewis Fiander (Klemens Wenzel von Metternich), Susan Wooldridge (Marie-Louise d’Autriche), Adam Harvey (le Roi de Rome), Clifford Rose (François Ier d'Autriche), Billie Whitelaw (Joséphine de Beauharnais), Peter Bowles (Joachim Murat), Janina Faye (Caroline Bonaparte), Sorcha Cusac (Hortense de Beauharnais), Tim Curry (Eugène de Beauharnais), Peter Jeffrey (Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord), John Franklyn-Robbins (Joseph Fouché), Peter Blythe (Michel Duroc), Ronald Hines (Louis-Alexandre Berthier), Gary Waldhorn (Armand de Caulaincourt), Geoffrey Bayldon (le prince Friedrich von Mecklenbourg-Strelitz), Catherine Schell (Maria Walewska), John Welsh (Jean-Nicolas Corvisart), Veronica Lang (Claire de Rémusat), John White (Louis Constant Wairy), Crispin Gillbart (Louis-François Lejeune), Robert Sansom (Dr. Antoine Dubois), Frieda Knorr (Mme de Montesquiou-Fezensac, gouvernante), Antony Webb (Karl Robert von Nesselrode), Jonathan Newth (le tsar Alexandre Ier).
Dans les trois derniers épisodes de la télésérie britannique sur les amours de Napoléon (pour l’analyse globale, cf. p. 25), Marie-Louise tient naturellement le haut du panier, interprétée avec une fine touche d’humour par Susan Wooldridge ; l’actrice, qui en est à son premier engagement (à 22 ans), fera presque toute sa carrière au petit écran, ne tenant que quelques menus rôles au cinéma, par ex. dans Hope and Glory de John Boorman (1987), Tamara Drewe de Stephen Frears (2010) ou The Lady de Luc Besson (2011). Sa Marie-Louise, d’une joliesse sans éclat, est une jeune pimbèche naïve, docile et vertueuse (on lui a ordonné d’obéir en toutes choses, aime-t-elle à répéter), timide en public et dotée d’un léger accent germanique. Les épisodes 8 et 9 détaillent des situations et des échanges jamais illustrés à l’écran, ni avant ni après, ce qui en fait le relatif intérêt.
Suite aux réponses évasives du tsar concernant ses deux sœurs, Napoléon a jeté son dévolu sur la jeune archiduchesse habsbourgeoise (épis. 7). Il se la fait décrire, galope à sa rencontre (fin mars 1810), la trouve « mille fois plus belle » que son portrait et l’embrasse sans plus de formalités dans son carrosse. Elle a faim, elle a froid, elle renifle, se jette sur son assiette à Compiègne, éternue ; qu’importe, l’Empereur la culbute sans plus attendre. Le lendemain, il confie joyeusement à Duroc : « Vous auriez dû épouser une Autrichienne, ce sont les meilleures femmes au monde ! » Un commentaire authentique, comme les détails suivants que relève ironiquement le film : habituée à l’austérité des palais autrichiens, Marie-Louise ne supporte pas les feux de cheminée (« c’est mauvais pour la santé ! ») organisés par son époux perpétuellement frileux mais exige de laisser des bougies allumées, tandis que ce dernier grelotte la nuit en raison des fenêtres ouvertes chez sa femme et ne supporte pas de lumière quand il dort, d’où, très vite, des chambres séparées. Hypochondriaque, sexuellement plutôt alerte et possessive, Marie-Louise réclame tous les soirs son époux au lit ; Napoléon prend la fuite et se réfugie dans son cabinet, préoccupé par la guerre en Espagne ! L’accouchement du Roi de Rome est difficile, Marie-Louise crie à tort et à travers, son époux ordonne de sauver la mère et non l’enfant si la situation l’exigeait. Après la naissance, il charge en secret la gouvernante, Mme Montesquiou, de montrer le nourrisson à Joséphine (que Marie-Louise, jalouse, refuse obstinément de rencontrer). Il chantonne gaiement « Malbrough s’en va-t-en guerre » à l’idée de partir en Russie (détail authentique) : « Quand je reviendrai dans deux mois, notre fils n’aura qu’à tendre le bras, et le monde sera à lui ... » (épis. 8). En 1814, les coalisés marchent sur Paris et Marie-Louise, nommée régente, préside le Conseil. Talleyrand estime qu’elle doit rester dans la capitale pour sauver la dynastie et l’Empire, mais Joseph Bonaparte rappelle que son frère a donné des instructions strictes pour la mettre hors de portée de l’ennemi avec son fils. « Marie-Louise ne suit que celui qui lui donne des ordres », marmonne Talleyrand. L’impératrice est donc obéissante – et Napoléon ne la reverra plus. Elle lui écrit de Rambouillet, où elle séjourne auprès de son père, mais l’Empereur déchu rechigne à croiser son beau-père victorieux et lui dit d’attendre. Il ne lui ordonne pas de le rejoindre à Elbe, puisqu’elle devrait s’établir en Toscane, tout près, si son père l’y autorise. Mais François I er, sourd à ses supplications comme à sa révolte et ses larmes, reste inflexible (« ton mari était un fou insatiable ») et lui interdit dorénavant toute correspondance avec ce parvenu exilé (épis. 9).
1976® (tv) Paganini (IT) de Dante Guardamagna. – av. Giuliana Calandra (Marie-Louise).
1986® Akli Miklós (HU) de György Révész, László Bánk. – av. Marianna Moór (Marie-Louise).
1987® (tv) Napoleon and Josephine (US) de Richard T. Heffron. – av. Isabelle Gardien (Marie-Louise).
2002® (tv) Napoléon (FR/IT/DE) d’Yves Simoneau. – av. Mavie Hörbiger (Marie-Louise).
2002® (tv) Háry János (FR) de Jean-Paul Scarpitta. – av. Anne-Sophie Schmidt (Marie-Louise).
2002® 1809 Andreas Hofer – Die Freiheit des Adlers (AT/E) de Xaver Schwarzenberger. – av. Sarah Jung (Marie-Louise).
2002® (tv) Madame Sans-Gêne (FR) de Philippe de Broca. – av. Julie Delarme (Marie-Louise).