Ia - NAPOLÉON ET L'EUROPE

3. ENFANCE, JEUNESSE ET PREMIERS FAITS D’ARMES (1769 à 1795)

Abel Gance montre son Napoléon (Albert Dieudonné) plongé sur les cartes, prêt à affronter le monde entier (1927).

RAPPEL HISTORIQUE

Né le 15 août 1769 à Ajaccio, en Corse française, Napoleone/Nabulione (« Nabuliò ») di Buonaparte est le deuxième fils de Carlo (Charles) Maria Buonaparte, un avocat au Conseil supérieur de l’île originaire de la petite noblesse toscane (Sarzane) ou génoise, et de Maria Letizia (Laetitia) Ramolino. Il serait descendant de Vincentello d’Istria, comte et vice-roi de Corse au XV e siècle. Ses frères et sœurs sont : Joseph, Lucien, Élisa (épouse Baciocchi), Louis, Pauline (épouse Borghèse), Caroline (épouse Murat) et Jérôme. Enfant turbulent, vif et preste, il quitte la Corse et son école de Jésuites en janvier 1779 pour entrer au collège d’Autun, où il apprend le français. Député de la noblesse de Corse (Louis XVI le reçoit deux fois en audience à Versailles), Charles Bonaparte fait admettre son fils à l’École royale militaire de Brienne-le-Château (Aube) en mai. Napoléon y reste cinq ans. En automne 1784, il intègre l’École militaire de Paris, dans la compagnie des cadets gentilshommes. Reçu sous-lieutenant, il est affecté au régiment d’artillerie de la Fère en garnison à Valence, puis à Auxonne. Lorsque la Révolution éclate en 1789, le lieutenant Bonaparte a tout juste vingt ans. De passage à Paris, il est témoin horrifié de l’assaut des Tuileries en 1792 et du massacre de la Garde suisse. Quelques jours plus tard, Louis XVI signe son brevet de capitaine, un de ses derniers actes publics. Napoléon retourne à plusieurs reprises en Corse, à présent déchirée entre la faction de Pasquale Paoli (monarchiste pro-anglais) et celle des Bonaparte en faveur de l’indépendance de l’île. Napoléon y fait ses premières armes et ses premières expériences politiques. Paoli ayant fait alliance avec l’Angleterre, la maison familiale des Bonaparte est mise à sac et incendiée, et le clan doit quitter l’île précipitamment en juin 1793 pour s’installer à Marseille. La Corse ne voulant plus de lui, Napoléon entre au service de la Révolution française – qui va lui permettre une fulgurante ascension. Capitaine d’artillerie, il est affecté au SIÈGE DE TOULON, occupée par les Anglais et les royalistes (automne 1793). Son plan d’attaque astucieux permet la reprise de la ville et force la flotte britannique à quitter la rade. Il est fait général de brigade le 22 décembre, après avoir prudemment refusé le commandement de l’armée de Paris, et affecté à l’armée d’Italie, dans la région de Nice. Après la chute de Robespierre, son amitié avec le frère de « l’Incorruptible », Augustin, lui vaut d’être brièvement arrêté à Antibes, au Fort carré (juillet 1794). Officier en disgrâce et ayant refusé un autre commandement en Vendée, il est mis en congé, sans solde, le ventre creux. Le 5 octobre 1795 (13 vendémiaire), Barras lui met le pied à l’étrier en lui demandant de sauver la Convention nationale menacée aux Tuileries par une vaste insurrection royaliste. « J’accepte, aurait-il répondu à Barras, mais je vous préviens que l’épée hors du fourreau, je ne l’y remettrai qu’après avoir rétabli l’ordre. » L’opération se clôt par la canonnade de Saint-Roch et la déroute de troupes réactionnaires très supérieures en nombre. En remerciement, le gouvernement nomme le petit artilleur sans emploi commandant de l’armée de l’Intérieur, c’est-à-dire maître militaire de Paris.