Ia - NAPOLÉON ET L'EUROPE

4. LE DIRECTOIRE (1795 à 1799)

Bonaparte (Daniel Gélin) séduit et épouse Joséphine de Beauharnais (Michèle Morgan) (Napoléon de Sacha Guitry, 1954).

RAPPEL HISTORIQUE

Régime républicain modéré succédant à la Convention après l’exécution de Robespierre et la fin de la Terreur, le Directoire est proclamé le 26 octobre 1795. Les quatre ans de ce gouvernement d’inspiration bourgeoise-libérale sont secoués par des poussées et complots tantôt royalistes (la Terreur blanche dans le sud-est, en 1795), tantôt jacobins (la « conjuration des Égaux » en 1796), une grave crise financière et une intense activité militaire. Une partie des directeurs vise un élargissement de la France jusqu’à ses « frontières naturelles », c’est-à-dire jusqu’au Rhin. La mort de Robespierre a sonné comme une libération pour la société française, la jeunesse dorée se fait exubérante (les « Incroyables » et « Merveilleuses »). Bonaparte s’installe à Paris où il rencontre et épouse Joséphine de Beauharnais, amie et ancienne maîtresse de Barras, le 9 mars 1796 (cf. chap. 2.2). Ce mariage lui aurait permis d’obtenir sa promotion de général en chef de la petite armée d’Italie, appelée à ouvrir un simple front de diversion. Affaiblie par l’esprit jacobin, l’armée compte à peine 30 000 hommes sans argent ni vivres, habits ou discipline ; les soldats sont censés camper en pillards dans le pays. Bonaparte électrise son état-major, rompt ses hommes aux exercices et interdit la maraude sous peine de mort. Les succès phénoménaux remportés durant cette première campagne d’Italie (cf. chap. 8.1) – cinq armées autrichiennes battues en un peu plus d’un an, fréquemment à un contre deux, suivis de la paix de Campo-Formio – font qu’en décembre 1797, il est accueilli en héros par le Directoire. Sa popularité est immense. Il est élu membre de l’Institut dans la section des arts mécaniques de la classe des sciences physiques et mathématiques. À la suggestion de Talleyrand, il persuade le Directoire de porter la guerre contre les Anglais en Égypte et de lui confier le commandement de l’expédition (cf. chap. 4.1). L’exécutif, embarrassé par sa renommée, accède sur-le-champ à sa demande, avec l’arrière-pensée de se débarrasser ainsi de l’encombrant trublion. Pendant l’absence de Bonaparte en Orient, le Directoire doit faire face à une deuxième coalition internationale de la Russie, de l’Angleterre et de l’Autriche, menée sur plusieurs fronts et qui se solde par une série de défaites. Bonaparte est de retour à Paris en août 1799. Considéré comme le seul homme apte à rétablir la paix à l’intérieur comme à l’extérieur des frontières, et encadré de Talleyrand, Fouché, Sieyès et Ducos, il renverse le Directoire par le coup d’État militaire du 18-Brumaire.