Ia - NAPOLÉON ET L'EUROPE

5. LE CONSULAT (1799 à 1804)

5.1. De Cadoudal au duc d’Enghien

1909Una congiura sotto Napoleone (IT)
Latium Film, Roma, 415 m. – Des royalistes complotent contre le Premier Consul : scènes tirées du roman Les Compagnons de Jéhu d’Alexandre Dumas (cf. infra, feuilleton de 1966).
1909La Mort du duc d'Enghien en 1804 (FR) d’Albert Capellani
Société Cinématographique des Auteurs et Gens de Lettres (S.C.A.G.L.)-Pathé Frères S.A. (Paris) no. 3154, 310 m./15 min. – av. Georges Grand (Louis Antoine de Bourbon-Condé, duc d'Enghien), Henry Houry (col. Jean Carrié de Boissy), Germaine Dermoz (Charlotte de Rohan-Rochefort), Daniel Mendaille, Charles Lorrain, Paul Capellani, René Leprince, Henri Etiévant.
Synopsis : En août 1803, la police de Napoléon découvre une conspiration ourdie en Grande-Bretagne pour remettre les Bourbons sur le trône dans laquelle le prince de Condé est impliqué. Son petit-fils, duc d’Enghien et prince du sang, enrôlé dans les armées autrichiennes, mais surtout fort occupé à la chasse et à ses amours avec Charlotte de Rohan, n’en fait, semble-t-il, pas partie. Mais un rapport secret affirme le contraire et le Premier Consul fait illégalement enlever le jeune duc à Ettenheim, en territoire badois, par le détachement de dragons du colonel Jean Carrié de Boissy. L’opération, suggérée par Talleyrand, a pour objectif de démoraliser les royalistes opposés au Consulat et contraindre les républicains à reconnaître l’Empire à venir. Le duc est transféré à Strasbourg, puis à Vincennes, où il est condamné à mort pour faits d’armes contre la France et fusillé dans les fosses du château le 21 mars 1804 par un peloton que commande le colonel Savary. Erreur tragique : Napoléon donne un martyr à la cause royaliste, la mort de cet innocent lui aliénera une partie de la noblesse rentrée au pays.
Un scénario tiré de la pièce éponyme de Léon Hennique, mise en scène au Théâtre Antoine en 1888 (selon d’autres sources, le scénario serait d’Abel Gance). Pour échapper à l’esthétique des tableaux, Capellani mêle décors peints en studio et nombreux extérieurs réels, puis crée suspense et pathos à la fin en faisant alterner la lente marche du duc vers son supplice et l’attente angoissée de son amie, Charlotte de Rohan, et de son chien fidèle. – US : The Death of the Duke of Enghien (An Incident in the Reign of Napoleon).
1911Bonaparte et Pichegru – 1804 (FR) de Georges Denola
Société Cinématographique des Auteurs et Gens de Lettres (S.C.A.G.L.)-Pathé Frères S.A. (Paris) (« Série d’Art ») no. 4306, 255 m. – av. GEORGES SAILLARD (Napoléon Bonaparte), Louis Ravet (Jean-Charles Pichegru), Henri Etiévant (Leblanc).
La conspiration royaliste du général Pichegru et de Cadoudal (la « conspiration de l’An XII ») qui prévoit l’assassinat du Premier Consul dès l’arrivée clandestine en France d’un prince de sang royal. Jadis professeur de mathématiques du jeune Napoléon au Collège militaire de Brienne, Pichegru s’est détourné de la Révolution en 1795 et a rejoint les rangs monarchistes en Angleterre. Débarqué clandestinement en Normandie en janvier 1804 il gagne Paris pour voir sa femme et son enfant malade. Il y est livré par un de ses anciens officiers, Leblanc, auquel Bonaparte jette avec colère et mépris le prix du sang, une prime de cent mille francs. Pichegru se suicide dans sa prison du Temple le 6 avril 1804, peu après l’exécution du duc d’Enghien. – DE : Bonaparte und Pichegru, US : Bonaparte and Pichegru.
1912Bonaparte et Cadoudal (FR) de Gérard Bourgeois (?)
Pathé Frères S.A. (Paris) no. 4867, 320 m. – av. CHARLES CASTILLAN (Napoléon Bonaparte), Rolla Norman (Georges Cadoudal), Alexandre, Cécile Guyon, Jean Worms, Andrée Pascal, Jean Dax, Jean Kemm.
Général chouan, maréchal de France à titre posthume, commandant de l’Armée catholique et royale de Bretagne, Georges Cadoudal (1771-1804) est un des principaux chefs de la contre-révolution. Il participe aux trois insurrections de la Chouannerie, refuse l’amnistie promise par Bonaparte, pilote une nouvelle révolte avec le soutien de William Pitt puis prépare en octobre 1803 avec le général Pichegru l’assassinat du Premier Consul. Le film relate son débarquement d’Angleterre, l’invitation généreuse de Bonaparte au Luxembourg ou celui-ci tente vainement de le rallier à sa cause en lui offrant le rang de général, son arrestation à la rue Monsieur-le-Prince où il est reconnu. Cadoudal périt guillotiné avec onze complices le 25 juin 1804. – DE : Bonaparte und Cadoudal.
1912L’Enlèvement de Bonaparte (Comment on savait mourir pour l'honneur) (FR)
Établissements Gaumont S.A. (Paris), 391 m. – Un conspirateur cherche à enlever le Premier Consul, mais une comédienne, la célèbre Mademoiselle George, maîtresse de Napoléon, et Fouché le démasquent. – DE : Verschwörung gegen den Konsul Bonaparte.
1913/14Michele Perrin (Michel Perrin) (IT) d’Eleuterio Rodolfi
S.A. Ambrosio, Torino, 1187 m. – av. Ermete Novelli (Dom Michel Perrin), Gigetta Morano, Alfredo Bertone, Umberto Scalpellini, Ettore Piergiovanni, Ivo Carli, Enzo Fusco, Angelo Pezzaglia.
Synopsis : Michel Perrin, un vieux curé de campagne breton qui enseigne à lire et à écrire aux enfants du village, est brusquement privé de son école par les troupes républicaines qui incendient l’église. Dom Perrin monte à Paris, où il cherche à aider sa nièce qui n’arrive pas à se marier avec son fiancé Bernard faute d’argent. Pour gagner quelques sous, le curé entre alors au service d’un ancien camarade de classe, le ministre de la Police Fouché. Naïf, bon enfant, Dom Perrin ne se rend pas compte qu’il devient un espion chargé de surveiller les milieux royalistes et livre sans s’en douter Bernard à la police, recherché pour conspiration contre le Premier Consul. Resté seul avec les conjurés, il leur fait promettre de ne plus porter atteinte à l’État et les aide à fuir au nom de ses convictions religieuses. Fouché, persuadé de la bonne foi du curé, le laisse retourner en Bretagne après avoir ordonné la reconstruction de sa petite église.
Le script d’Arrigo Frusta se base sur la comédie-vaudeville en deux actes de Mélesville (pseud. d’Anne-Honoré-Joseph Duveyrier) et Charles Duveyrier, créée au Théâtre du Gymnase Dramatique à Paris le 19 février 1834. – US : Michael Perrin - A Spy for a Day (Secret Service), DE : Michel Perrin, der Spion wider Willen.
1935Invitation to the Waltz (Invitation à la valse) (GB) de Paul Merzbach
Walter C. Mycroft/Associated British Picture Corp. Ltd.-British International Pictures, 79 min. – av. Lilian Harvey (Jenny Peachey), Carl Esmond [= Willy Eichberger] (ltn.-col. Carl Kerner), Harold Warrender (Frédéric II, duc de Wurtemberg), ESMÉ PERCY (Napoléon Bonaparte), Wendy Toye (Signora Picci), Richard Bird (le compositeur Carl Maria von Weber), Charles Carson (Signor Lombardi), Eric Stanley (Sir Francis), Alexander Field (George Peachey), Anton Dolin (danseur vedette).
Synopsis : Londres en 1803, Jenny Peachey, une jeune danseuse au Drury Lane Theatre, s’amourache du lieutenant Carl Kerner, l’adjudant du duc de Wurtemberg (qu’elle prend pour le duc lui-même) et commence une carrière internationale aux côtés de son pianiste favori, le compositeur allemand Carl Maria von Weber (très amoureux d’elle). Le 12 mai, le traité d’Amiens entre la France et l’Angleterre est rompu, la guerre reprend le 20 mai. À Venise, Jenny apprend par l’ambassadeur britannique que le duc de Wurtemberg a décidé de ne pas renouveler son alliance avec l’Angleterre contre Napoléon. Bonne patriote, elle renonce à la danse et promet d’inciter le duc à changer d’avis par tous les moyens (y compris par ses charmes), puis arrivée à Stuttgart, réalise un peu tard qu’elle a confondu le duc, obèse, avec son bel adjudant. Jenny est arrêtée comme espionne avec son amoureux Carl et seule l’entrée de Napoléon à Stuttgart, et l’intervention du Premier Consul en personne, sauve le couple de l’exécution.
Une comédie en musique et danse dans la lignée du Congrès s’amuse, produite pour Lilian Harvey (née à Londres, la star possède la double nationalité anglaise et allemande et a quitté provisoirement les ateliers berlinois) et tournée en été 1935 aux studios B. I. P. d’Elstree à Borehamwood. Paul Merzbach, un réalisateur viennois actif en Suède et en Grande-Bretagne, la dirige dans un rôle un peu éloigné de l’image de la « Mädel » coquette et naïve qui fit sa célébrité (elle y chante trop peu et danse trop, maugrée la critique). Le scénario est un pur prétexte à mélanger les valseries de Miss Harvey, le piano du compositeur Carl Maria von Weber (1786-1826) et le Corse tant redouté. Rappelons que le Wurtemberg a été occupé par les Français en 1800, et qu’en mai 1803, le Premier Consul nomme Frédéric II Prince Électeur ; en 1806, celui-ci devient roi sous le nom de Frédéric I er. Sa fille unique épousera Jérôme Bonaparte, alors roi de Westphalie, en 1807. Quant à Napoléon, il ne visitera Stuttgart qu’en avril 1809, en route pour Vienne à la tête de sa Grande Armée.
1936*Anthony Adverse (Anthony Adverse, marchand d’esclaves) (US) de Mervyn LeRoy [et Michael Curtiz]
Henry Blanke, Hal B. Wallis/Warner Bros., 141 min. – av. Fredric March (Anthony Adverse), Olivia de Havilland (Angela Guisseppi, alias la cantatrice Mademoiselle George), Edmund Gwenn (John Bonnyfeather), Claude Rains (Don Luis, marquis de Vincitata), ROLLO LLOYD (Napoléon Bonaparte), Leonard Mudie (Louis-Antoine Fauvelet de Bourrienne), Dennis D’Auburn (Claude François de Méneval), Donald Woods (Vincent Nolte), Anita Louise (Maria Bonnyfeather), Louis Hayward (Denis Moore), Gale Sondergaard (Faith Paleologus), Akim Tamiroff (Carlo Cibo), Ralph Morgan (M. Debrulle, l’imprésario), Pedro de Cordoba (Frère François), Joseph Crehan (cpt. Elisha Jorham), J. Carrol Naish (major Dournet), Steffi Duna (la maîtresse africaine).
Synopsis : En 1775, tandis que son époux plus âgé, le grand d’Espagne Don Luis, est en cure pour sa goutte, Maria Bonnyfeather a une liaison avec Denis Moore, un officier, et tombe enceinte. Don Luis tue l’officier en duel, Maria meurt en couches et le nourrisson est abandonné dans un couvent au Piémont. Dix ans plus tard, l’orphelin, baptisé Anthony Adverse, est récupéré par le clan des Bonnyfeather à Livourne (il ignore que c’est sa famille maternelle). Devenu adulte et doué en affaires, Anthony s’éprend d’Angela, la fille du cuisinier qui a entamé une carrière de cantatrice. Il l’épouse en 1796, tandis que Bonaparte envahit l’Italie, puis doit se rendre au plus vite à La Havane (avant que la flotte française ne bloque le détroit de Gibraltar) pour sauver la fortune des Bonnyfeather, bloquée outre-mer par les hostilités. Sur ordre de Bonaparte, la troupe théâtrale d’Angela se rend à Rome, mais la lettre dans laquelle elle explique son départ précipité s’égare. Se sentant abandonné, Anthony s’embarque pour La Havane, mais comme les affaires périclitent, il gagne l’Afrique où il devient négrier. Rongé d’avidité et de fièvre, il se montre impitoyable et sombre dans la débauche pendant trois ans, jusqu’au jour où, bouleversé par le décès de son protecteur, Frère François, il abandonne la traite d’esclaves. De retour à Livourne en 1803, amer, solitaire, il apprend que son grand-père est mort et que Faith Paleologus, la gouvernante, conspire avec Don Luis pour lui voler son héritage. Il doit gagner Paris au plus vite afin de réclamer son dû devant la justice ; il échappe à un attentat en haute montagne, puis, dégoûté par l’argent, remet toute sa fortune à son vieil ami, Donald Woods, un banquier ruiné. Un imprésario l’aide à retrouver Angela, devenue célèbre dans la capitale sous le nom d’artiste de Mademoiselle George et qui est à présent la maîtresse du Premier Consul. Afin de se débarrasser de cet encombrant rival, Napoléon l’envoie en mission pour une durée indéterminée au Mexique. Angela lui confie leur enfant, un garçon de six ans.
Ces tribulations picaresques d'un aventurier franco-italo-écossais sont le digest d’un redoutable roman-fleuve de 1200 pages signé Hervey Allen (1933), un best-seller mondial traduit en 20 langues dont la transposition à l’écran incombe d’abord au cinéaste William (Wilhelm) Dieterle – à partir d’un script de Sheridan Gibney (The Story of Louis Pasteur de Dieterle, 1937), Milton Krims et Edward Chodorow. Au dernier moment, l’Européen Dieterle doit céder sa place à Mervyn LeRoy, l’influent gendre de Jack Warner, ce qui crée passablement de mauvais sang. La superproduction, un film de prestige budgété à 1,1 million de dollars, implique 98 rôles, 131 décors (d’Anton Grot) et un tournage d’une durée exceptionnelle de 72 jours aux studios de Burbank, à Hastings Ranch, Sherwood Forest, Pasadena Bush Garden et au Vitagraph Theatre (l’opéra de Paris). Toute la crème des usines Warner est de service, Tony Gaudio à la caméra, Erich Wolfgang Korngold compose la musique. LeRoy réutilise les décors miniatures de Port-Royal créés pour Captain Blood l’année précédente. Michael Curtiz est chargé des retakes après le départ de LeRoy, Jack Warner souhaitant un autre commencement. Curtiz filme au défilé de Santa Susana (nord-ouest de Los Angeles) la cavalcade initiale. Détail piquant : il est d'abord question de confier le rôle de Napoléon à ... Humphrey Bogart. On peut rêver.
Pour sa prestation musicale, Olivia de Havilland est doublée par Diana Gaylen. Toutefois, le romancier comme ses adaptateurs ne se sont guère renseignés sur Mademoiselle George (1787-1867) – qui n’était pas une cantatrice italienne, mais une tragédienne française, née Marguerite-Joséphine Weimer à Bayeux. Elle fit carrière à la Comédie-Française, admirée en particulier dans les drames de Racine. En 1802, elle devint effectivement la maîtresse du Premier Consul qui la considérait comme « la plus belle femme d’Europe » (après avoir été l’amie de son frère Lucien Bonaparte), et le resta jusqu’au couronnement, fin 1804 ; en 1808, Talleyrand, dont elle fut passagèrement l’agente secrète, la chargea de séduire également le tsar Alexandre, ce qu’elle fit sans peine... Sans doute a-t-on plutôt pensé à la cantatrice lombarde Giuseppina Grassini (1773-1850), que le Premier Consul entendit à la Scala à Milan en 1800 et dont il fit également sa maîtresse ; il la ramena à Paris où elle fut nommée « Première cantatrice de sa Majesté l’Empereur » en 1806. Toujours coquette, elle devint en 1815 aussi l’amante du duc de Wellington.
Malgré sa durée excessive, son romanesque échevelé et une surcharge kaléidoscopique d’épisodes, malgré des critiques mitigées, le film est un succès public considérable (8 semaines d’exclusivité au Carthay Circle Theatre à Los Angeles, un mois à Broadway) et récolte 4 Oscars en 1937 (Gale Sondergaard, photo, montage, musique) ainsi que trois nominations (meilleur film, décors, assistant-réalisateur). Quoique placé parmi les dix meilleures productions de l’année par le National Board of Review, le film a aujourd’hui vieilli, certains passages traînent, ampoulés et peu crédibles. La mise en scène est désespérement académique, mais Fredric March reste fort convaincant, Claude Rains et Gale Sondergaard font un couple délicieusement diabolique et la musique de Korngold est une de ses meilleures créations pour le cinéma. – IT : Avorio nero, DE : Ein rastloses Leben (tv 1992).
1955The Purple Mask (Le Cavalier au masque) (US) de H. Bruce Humberstone
Howard Christie/Universal-International, 82 min. – av. Tony Curtis (comte René de Travière, le Masque Pourpre), Colleen Miller (Laurette de Latour), Dan O’Herlihy (citoyen Brisquet / Pierre Orsonelli), John Hoyt (M. Rochet, ministre de la Police [= Fouché]), ROBERT CORNTHWAITE (Napoléon Bonaparte), Angela Lansbury (Mme Valentine alias comtesse de Griselle), Gene Barry (cpt. Charles Laverne), Donald Randolph (André Majolin alias marquis de Clamorgan), George Dolenz (Marcel Cadonal, maître d’armes), Paul Cavanagh (duc de Latour), Stephen Bekassy (baron de Morlève), Myrna Hansen (Constance de Voulois), Allison Hayes (Irène de Bournotte), Betty Jane Howarth (Yvonne de Tressy), Carl Milletaire (Edouard), Gene Darcy (vicomte de Morsanne), Robert Hunter (baron de Vivanne), Richard Avonde (Roger), Glase Lohman (Raoul), Diane DuBois (Sabine), Everett Glass (Père Brochard), Adrienne D’Ambricourt (Mme Anaïs), Jean De Briac (comte de Chauvac), Jane Easton (Marie du Pontblanc).
Adaptation très, très, très libre de la pièce en cinq actes Le Chevalier au Masque de Paul Armont et Jean Manoussi, ce petit film de cape et d’épée n’est en fait qu’un démarcage absurde du fameux Mouron Rouge (The Scarlet Pimpernel) de la baronne Orczy dont l’action est déplacée de 1793 sous Robespierre à l’an 1803, « sous le règne de terreur du Consulat » ! Synopsis : Le comte René de Travière, dandy désinvolte, comédien et professeur de danse à Paris, est en réalité le Masque Pourpre, cet aventurier audacieux qui sauve du « rasoir national » tous les royalistes menacés par Napoléon et qui ridiculise le ministre de la Police Rochet. Ce dernier est même enlevé et échangé contre une forte rançon servant à financer la résistance monarchiste. Le Premier Consul récupère son ministre et mobilise son meilleur agent secret, Brisquet, un redoutable bretteur exilé dans le sud de la France, pour piéger l’insaisissable Masque en annonçant l’exécution du chef des royalistes, le duc de Latour, emprisonné à Rouen. La maison de mode Majolin à Paris abrite l’état-major des royalistes ainsi qu’une école d’escrime où une trentaine de jeunes nobles s’exercent sous les ordres de René. La police arrête le modiste Majolin (un marquis) et ses employés au sang bleu. Au pied de la guillotine, René fait désarmer la Garde consulaire par ses élèves (qui se sont déplacés à travers les égouts) et échange les vies de Rochet et de Brisquet, mis à mal par sa rapière, contre un sauf conduit général de tous les condamnés pour l’Angleterre – ce que Napoléon lui accorde.
Créée le 9 avril 1913 au Théâtre Antoine à Paris, avec Georges Saillard en Bonaparte et Firmin Gémier en Fouché, la pièce d’Armont et Manoussi décrit, elle, une tentative d’enlèvement du Premier Consul par des royalistes. Le jeune Hubert de Trévières doit distraire les hommes de Fouché en se faisant passer pour le marquis de Saint-Genest, un conspirateur mystérieux que l’on n’a jamais vu et que la police recherche depuis longtemps. Lors de l’action rocambolesque, Hubert sauve machinalement Napoléon d’un attentat préparé par le vrai Saint-Genest (une femme, la comtesse Valentine de Grisolles). Reconnaissant, le Premier Consul pardonne, embrasse, décore. La pièce a été adaptée aux états-Unis en 1918 par Louise Jordan Miln. Ignorant tout du Consulat, le film ne retient de cette intrigue que quelques coups de théâtre et une pléiade de travestissements. Rappelons que dès 1800, l’ancienne noblesse chassée par la Révolution put regagner de nouveau la France et Napoléon accorda en avril 1802 l’amnistie pour tous les émigrés, sauf ceux qui persistaient dans leur hostilité (la maison des Princes en exil). En faisant allégeance au Consulat, une majorité de la noblesse put ainsi retrouver une existence légale et rentrer en possession d’une fraction importante des biens confisqués dont le gouvernement avait conservé la propriété. Ces faits suffisent à démontrer l’aberration du scénario. Fabriqué sur mesure pour un Tony Curtis au sommet de sa forme d’escrimeur-athlète, ce divertissement est tourné en CinemaScope et Technicolor aux studios Universal (en utilisant pour les égouts de Paris les anciens décors de The Phantom of the Opera, 1925), au ranch de Rowland V. Lee à Chatsworth (la guillotine est installée dans la cour de la forteresse médiévale de The Black Shield of Falworth / Le Chevalier du roi, 1954), et à Bidwell Park (Chico). Errol Flynn devait initialement interpréter René de Travière, mais dut y renoncer à la demande de son médecin. Pour la petite histoire : Albert Dieudonné, l’inoubliable Bonaparte du film d’Abel Gance, joua le Premier Consul dans Le Chevalier au masque au théâtre à Bruxelles en 1913. – BE : Le Masque pourpre, DE, AT : Die purpurrote Maske, IT : La maschera di porpora, ES : La máscara púrpura.
1958(tv) Le Mystérieux Enlèvement du sénateur Clément de Ris (FR) de Stellio Lorenzi
Série « La Caméra explore le temps » (S. Lorenzi, André Castelot, Alain Decaux), Radio-Télévision Française (RTF) (1re Ch. 25.2.58), 79 min. – av. Lucien Nat (Clément de Ris), Blanchette Brunoy (Catherine de Ris), William Sabatier (Anne-Jean Savary), Renaud Mary (Joseph Fouché), Georges Riquier (le préfet), André Valmy (cpt. Filliau), Jean Dalmain (docteur Petit), Léonce Corne, Jean-Jacques Steen, Georges Atlas, Hélène Perdrière, Xavier Renoult (narrateur).
(Introduction d’André Castelot :) « Nous sommes dix mois et demi après que Bonaparte a pris le pouvoir après son coup d’État du 18-Brumaire et quatre mois après la victoire de Marengo. Bonaparte essaie de mettre de l’ordre dans la maison, mais à Paris, selon le mot de Fouché, ‘ il pleut des poignards , tandis qu’en Vendée, la pacification reste très incomplète. La région est infestée de brigands, d’anciens Chouans désœuvrés après le pardon que leur a accordé le Consulat, et regardent avec beaucoup d’envie et même de haine les enrichis du nouveau régime, les nantis qui se sont installés dans leurs châteaux et sur leur terre ... » En septembre 1800, alors qu’il séjourne avec son épouse dans son château de Beauvais en Touraine, le sénateur Dominique Clément de Ris (1750-1827) est enlevé en plein jour par six inconnus qui l’enferment dans un souterrain non loin de Loches. Dix-neuf jours plus tard, d’autres inconnus le libèrent sans explications. Suivie d’un simulacre de procès, cette mystérieuse disparition – qui va donner lieu à tant de conjectures et de fables et qui pourrait avoir eu le vol pour mobile – ne sera jamais vraiment élucidée. Selon des historiens, elle semble avoir été montée de toutes pièces par Fouché afin de récupérer des documents compromettants en cambriolant le château. Fouché, Clément de Ris et Talleyrand auraient planifié l’élimination de Bonaparte si ce dernier avait été défait à Marengo. Fouché fait condamner à mort trois des auteurs présumés malgré des alibis incontestables : Auguste de Canchy, ennemi personnel du ministre de la Police et ancien Chouan, son beau-frère Mauduison et Gaudin, autre Chouan, guillotinés à Angers après un jugement rapide et totalement inique le 23 novembre 1801. Le principal témoin, Clément de Ris, refuse de comparaître : opportuniste, il s’arrange avec tous les régimes. M me Lacroix, dans le château de laquelle la détention a eu lieu, fera plusieurs années de prison. Un des trois juges qui s’est opposé à la condamnation des accusés sera dégradé et persécuté pour le reste de sa vie.
Honoré de Balzac reprendra ce sinistre fait divers dans son roman Une ténébreuse affaire (1841), adapté à la télévision en 1975 par Alain Boudet (cf. p. 123). Une enquête passionnante du team de « La Caméra explore le temps » tournée aux studios des Buttes-Chaumont. Au public de désigner les coupables. – Titre alternatif : La Mystérieuse Disparition du sénateur Clément de Ris.
1958*(tv) L’Exécution du duc d'Enghien (FR) de Stellio Lorenzi
Série « La Caméra explore le temps » (S. Lorenzi, André Castelot, Alain Decaux) no. 14, Radio-Télévision Française (RTF) (1re Ch. 25.3.58), 76 min. – av. WILLIAM SABATIER (Napoléon Bonaparte), Georges Descrières (Louis Antoine de Bourbon-Condé, duc d'Enghien), Henri Cremieux (Hullin), André Valmy (Harel), Roger Carel (Georges Cadoudal), Louis Arbessier (Régis de Cambacérès), Pierre Asso (Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord), Alain Nobis (Anne-Jean Savary), Jean-Roger Caussimon (cpt. Pierre Dautancourt), Katy Vail (princesse Charlotte de Rohan-Rochefort), Anne Caprile (Joséphine de Beauharnais), Albert Rémy (adjudant), Roger Crouzet (Querelle, un Chouan), Robert Le Béal (Pierre-François Réal, conseiller d’État à la Police), Jean Berger (gén. marquis de Thumery), Hubert Buthion (Michel Ordener), Raymond Danjou (Ravier), Roland Ménard (le narrateur).
Un film-enquête dense et solidement charpenté, dialogué par André Castelot et tourné en noir et blanc aux studios des Buttes-Chaumont. Plutôt que de tenter de répondre à l’épineuse question de savoir si un chef d’État a le droit d’éliminer une vie pour sauver la sienne, la fameuse émission du trio Lorenzi-Castelot-Decaux offre une reconstitution la plus précise possible des faits, avec les paroles mêmes prononcées pendant l’interrogatoire et le procès du duc d’Enghien. Aux spectateurs de décider ... Apprenant la profusion de complots dirigés contre sa personne (« Cadoudal et sa bande de tueurs »), le Premier Consul s’indigne contre l’ingratitude des royalistes auxquels il a ouvert les portes de son armée et qu’il a même appelés aux affaires de l’État. Il reproche à Réal, chef de la Police, d’avoir voté jadis la mort du roi, « une grande faute ». Mais il faut frapper de terreur l’adversaire, « il n’y va pas seulement de ma vie, mais de la survie de la République. Si je viens à disparaître, c’est la guerre civile et l’invasion. » « Tuer n’est pas assassiner », dit un pamphlet monarchiste imprimé à Londres. Capturé dans les rues de Paris, Cadoudal avoue, hilare et provocateur, qu’il devait « agir » seulement lorsqu’un « prince de sang » serait arrivé incognito dans la capitale. Les soupçons tombent sur le prince d’Enghien, que Talleyrand suggère de faire enlever. Enghien (Georges Descrières, de la Comédie-Française, le campe avec beaucoup de dignité et de prestance) a cependant refusé tout contact avec « l’assassin Cadoudal » dont il désapprouve les méthodes ; c’est à la pointe de son armée qu’il veut renverser « l’ennemi de la vraie France ». Il est arrêté et fusillé au matin du 21 mars 1804. Fourbu, Réal s’est endormi au lieu d’interroger le prince sur un point précis, comme le lui avait demandé Napoléon, et ce dernier est mis trop tard au courant que d’Enghien avait souhaité le voir. Quant à Savary, responsable de l’opération, il a précipité l’exécution sans en référer à ses supérieurs. « Ils voulaient tuer la Révolution dans ma personne, se justifiera Napoléon par la suite. J’ai dû la défendre et la venger. J’ai dû verser le sang et j’en répendrai peut-être encore, et sans colère, simplement parce que la saignée entre dans les combinaisons de la médecine politique. » Membre du PCF et plutôt indulgent à l’égard de Bonaparte, Lorenzi a confié ce rôle à William Sabatier, respectable, grave, accablé par sa lourde tache et le fardeau du crime d’État. Conclusion : « La nuit de Vincennes est bien l’œuvre de Bonaparte. C’est lui, et lui seul qui, en pleine conscience, a fait du duc d’Enghien ‘de la poussière avant le temps’, selon le mot de Chateaubriand. Le fossé sanglant est maintenant creusé entre les Bourbons et Napoléon. Aux yeux des régicides, le Premier Consul a versé le même sang qu’eux, il est devenu l’un des leurs. Sans craindre de le voir tourner casaque, ils peuvent lui offrir la couronne. Ils ne tarderont pas : moins de huit jours plus tard, ils le supplieront de rendre son ouvrage immortel comme sa gloire, et le corps du malheureux duc d’Enghien servira de marche au nouveau trône » (S. Lorenzi).
1962De ordonnans (Café zonder bier) / L’Ordonnance / The Orderly of Napoleon / At the Drop of a Head (BE) de William S. Edwards, Charles Frank [et Trevor Peacock]
Jack Verdyck, Jacques Kluger/United Continents-Unico Films, 90 min. – av. Bobbejaan Schoepen (Bobbejean), Denise De Weerdt (Francine), Ivonne Lex (Arabella), Roger Coorens (Fred), WILLY VAN HEESVELDE (Napoléon Bonaparte), Bob Löwenstein (un caporal), Jan Matterne (un officier).
Farce musicale flamande financée en grande partie par le chanteur populaire Bobbejean Schoepen : un cow-boy yodleur voyage dans le temps pour devenir l’ordonnance de Napoléon en 1801 ; officier de liaison chargé de transmettre les ordres du Premier Consul à l’état-major, il cumule les gaffes, les bouffonneries et les chansons bébêtes. Ce sommet de cabotinage sans queue ni tête, commencé par l’Américain William S. Edwards, subit plus de deux ans de retard et d’altérations et engloutit la somme extravagante de 8 millions de FB. Enfin terminé (en version flamande et anglaise), il ne restera que trois jours à l’affiche à Anvers.
1964® (tv) I grandi camaleonti (IT) d’Edmo Fenoglio. – av. GIANCARLO SBRAGIA (Napoléon), Raoul Grassilli (Joseph Fouché), Valentina Cortese (Joséphine de Beauharnais). – Les derniers épisodes de cette télésérie de 8 heures (cf. p. 102) traitent de l’attentat de la rue Saint-Nicaise, de Toussaint Louverture et du duc d’Enghien.
1966**(tv) Les Compagnons de Jéhu / Das Geheimnis der weissen Masken (FR/CA/DE) de Michel Drach
André Deroual/ORTF-Société nouvelle Pathé Cinéma-Société Radio Canada-Deutsches Werbefernsehen (ARD) (1re Ch. 21.9.-26.10.66 / ARD 2.9.67), 5 x 55 min. et 1 x 90 min. – av. Yves Lefebvre (Roland de Montrevel, aide de camp de Bonaparte), JOSÉ VARELA (Napoléon Bonaparte), William Sabatier (Georges Cadoudal), Claude Giraud (Morgan alias baron Jacques de Sainte-Hermine, chef des Compagnons), Gilles Pelletier (Montbar alias Hector, comte de Jayat), Michael Münzer (Sir John Tanlay), Yves Barsacq (l’aubergiste Tallien), Claude Farell (Mme Tallien, son épouse), Bernard Fresson (Odilon), Pierre Clémenti (Louis de Rivier, marquis d’Assas), Josée Steiner (Amélie de Montrevel), Jean Daurand (Branche d’Or), Andréa Parisy (la marquise Agathe de Septeuil, espionne de Fouché), Alain Mottet (Toussaint). Hélène Dieudonné (Rosine), Pascal Mazzotti (l’abbé), Georges Claisse (Alfred de Barjols), Bernard Jeantet (Edouard de Montrevel), Bernard Tiphaine (Adler), Daniel Sarky (Du Velay), Jean-Philippe Guiot (Muller), Lucien Hubert (Jacques), Jean-Pierre Darras (Adrien Lebrais, le cocher), Gisèle Casadesus (Louise), Alfred Baillou (Joseph le poète), Jean Saudray (Mord’homme), François Maistre (le président du tribunal), Jacques Ferrière (le commissaire), Edmond Beauchamp (Courtois), Marcel Cuvelier (l’avocat principal), Albert Michel (Jean Picot), Alain Nobis (le procureur), Michel Gilles (le jeune avocat).
Synopsis : En octobre 1799, Bonaparte revient d’Égypte incognito, avec son jeune aide de camp Roland de Montrevel, un noble farouchement républicain. Dans une auberge, au cours d’une halte, ils apprennent que des bandits masqués appelés les Compagnons de Jéhu pillent les diligences et que leur butin va aux généraux royalistes qui veulent rétablir la monarchie. Bonaparte rentre furieux à Paris pour préparer le coup d’État du 18-Brumaire, tandis que Roland se bat en duel contre un noble trop arrogant. Sir John Tanlay, grand admirateur de Bonaparte et protégé de Barras, se propose comme témoin et devient un ami fidèle. Roland le présente à sa mère et à sa sœur Amélie, dans leur château de Noires-Fontaines. En explorant la chartreuse de Seillon, un monastère voisin en ruine, les deux jeunes hommes découvrent le repaire des Compagnons de Jéhu ; Tanlay est grièvement blessé en prenant la fuite. Chargé par Bonaparte d’anéantir les rebelles qui écument la région de Bourg-en-Bresse, Roland ignore que sa propre sœur est secrètement mariée à leur chef, Morgan alias le baron Jacques de Saint-Hermine. Pour ne pas avoir à tuer son beau-frère, Morgan s’installe avec sa troupe en Normandie, non loin de la Vendée où Cadoudal dirige la rébellion des Chouans. Il a fort à faire pour se débarrasser de faux Compagnons de Jéhu, des truands dirigés par Toussaint qui ne se contentent pas d’attaquer les diligences, mais massacrent les voyageurs. Autre Compagnon, Montbar alias le comte de Jayat, tombe dans les rets de la belle et perfide Agathe de Septeuil, une espionne à la solde de Fouché en laquelle Roland reconnaît son ancienne épouse (durant la campagne d’Égypte, elle l’avait trahi au profit des Anglais). Entre-temps, Bonaparte, devenu Premier Consul, envoie Roland négocier avec Cadoudal. Celui-ci refuse : il exige la restauration des Bourbons. Ayant appris qu’Agathe a livré Montbar aux bleus, Cadoudal le fait libérer par ses hommes et ordonne l’exécution de l’espionne, qui était déguisée en religieuse. Roland et les troupes républicaines cernent les Compagnons de Jéhu dans les grottes de la forêt de Cetzeriat ; ils succombent sous le nombre, seuls quatre sont capturés vivants : Morgan, Adler, Montbar et d’Assas. Le procès est perdu d’avance, la guillotine les attend. Amélie leur procure des armes, mais le quatuor meurt lors d’une tentative d’évasion et, apprenant cela, Amélie rend l’âme. Roland se sépare de son ami anglais pour parcourir désormais l’Europe sous la bannière de Napoléon.
Jacques Armand (responsable des Maigret à la télévision) et René Wheeler (scénariste chevronné de Fanfan la Tulipe en 1952 et de Du rififi chez les hommes en 1955) sont parvenus à adapter avec beaucoup d’adresse le roman éponyme d’Alexandre Dumas (1857), un texte touffu qui prend source dans un fait divers de l’époque : sous la Convention, des sympathisants royalistes surnommés les compagnons de Jésus ou de Jéhu, détroussèrent effectivement voyageurs et diligences au nom du Roi, mais l’action de la gendarmerie ne déboucha sur rien de très concluant. Les scénaristes élaguent les multiples digressions du roman et en modifient la fin : chez Dumas, Morgan et Amélie périssent sur l’échafaud tandis que, ayant rejoint Bonaparte à Marengo en juin 1800, Roland tombe en héros sur le champ de bataille après avoir fait sauter un baril de poudre. À l’écran, le résultat offre une succession sans temps morts de complots, de duels, de chevauchées et de guet-apens mise en scène avec panache par le jeune cinéaste Michel Drach (Élise ou la vraie vie, 1970), qui remplace au pied levé Marcel Cravenne. Les duels haletants sont réglés par Claude Carliez. Le grand chef opérateur Michel Kelber, qui a travaillé pour Autant-Lara, Siodmak, Duvivier, L’Herbier, Pabst, Clair, Feyder, Renoir, Nicholas Ray, Sidney Lumet, Robert Parrish, etc., signe une magnifique photo en noir et blanc. Modèle du genre, romantique en diable, ce feuilleton est tourné aux châteaux de Champlâtreux (Val-d’Oise) et de Vincennes, à Senlis, à l’Abbaye des Vaux-le-Cernay, à l’église Notre-Dame de Jouy-le-Moutier et aux ateliers Franstudio à Saint-Maurice.
épisodes : 1. « Les Compagnons de Jéhu » – 2. « Les Masques » – 3. « Jéhu contre Jéhu (Le Cœur et l’Épée) » – 4. « L’Or et le Plomb » – 5. « L’Espionne » – 6. « Les Vivants et les Morts ». En RFA, le feuilleton est projeté en 13 épisodes de 25 minutes sous le titre « Le Secret des Masques Blancs » (traduction) : 1. « Das Duell » – 2. « Das Gespenst » – 3. « Die drei Blinden » – 4. « Das gefährliche Kollier » – 5. « Die falsche Maske » – 6. « Tödlicher Auftrag » – 7. « 200 000 Francs in Gold » – 8. « Die Flucht » – 9. « Die falsche Freundin » – 10. « Die Spionin » – 11. « Gefangen » – 12. « Der Prozess » – 13. « Das Ende des Kampfes ».
1972*(tv) Les Fossés de Vincennes (FR) de Pierre Cardinal
ORTF (2e Ch. 13.1.72), 84 min. – av. Jean-François Poron (Louis Antoine de Bourbon-Condé, duc d'Enghien), Fiona Lewis (Charlotte de Rohan-Rochefort), Jacques Faber (baron Grunstein), Jean-Louis Rolland (ltn. Schmidt), Yvon Lec (baron de Thumery), Michel Paulin (Canone), Hervé Sand (Georges Cadoudal), MAURICE BéNICHOU (la voix de Napoléon), Robert Etcheverry (Joachim Murat), Alain Nobis (Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord), André Dumas (Joseph Fouché), Roger Bontemps (Régis de Cambacères), Jacques Sempey (gén. Charlot), Lucie Arnold (Joséphine de Beauharnais), Albert Simono (Joseph Bonaparte), Jean-Claude Bercq (gén. Anne-Jean Savary).
Georges Cadoudal et une poignée de Chouans débarquent entre Dieppe et le Tréport pour préparer l’assassinat du Premier Consul. Simultanément, des prisonniers torturés révèlent que dans la capitale, plus de 50 comploteurs cherchent à renverser le régime afin de rétablir les Bourbons sur le trône. A Paris, Murat décrète l’état de siège. Pour l’exemple, Bonaparte fait enlever et exécuter le duc d’Enghien, qui vivait depuis 1789 à Eltenheim en Allemagne, non loin de la frontière française. Un téléfilm d’excellente tenue sur la paranoïa qui secoue la France pendant les derniers jours du Consulat, filmé en couleurs et en décors naturels d’après un scénario original de Jean Cau et de Jacques-Francis Rolland.
1974(tv) Cadoudal (FR) de Guy Seligman
ORTF (TF1 27.4.74), 70 min. – av. Claude Brosset (Georges Cadoudal), PHILIPPE ADRIEN (Napoléon Bonaparte), Daisy Amias (Joséphine de Beauharnais), Maurice Bénichou (gén. Anne-Jean Savary), Virginie Billetdoux (Lucrèce Mercier), Marcel Lupovici (Joseph Fouché), Jacques Dhéry (Jean-Charles Pichegru), Jacques Bernard (Thuriot), Pierre Lafont (Pierre-François Réal), Robert Benoit (Jacques Alexandre Law, marquis de Lauriston), Pierre Dios (Burban), Saddy Rebot (Charles d’Hozier), Georges Audoubert (Louis, comte de Provence, dit Monsieur [futur Louis XVIII]), Lucien Camiret (Joseph Picot de Limoëlan), Jean-Jacques Moreau (Guillemot), Hervé Jolly (Bouvet), Claude Mann (Rivière), Jean-Paul Tribout (Querelle).
En juin 1814, tandis que Napoléon est à l’île d’Elbe et Louis XVIII sur le trône, deux anciens amis de Georges Cadoudal ramènent son squelette à Kerleano, où il est né, et évoquent sa vie. Parti servir sous l’étendard chouan à La Roche-Jaquelein, il y est devenu général. Ayant fédéré toutes les provinces de l’Ouest, il songe à épouser Lucrèce Mercier, quand Bonaparte réussit son coup d’État. Tous les généraux de l’Ouest baissent pavillon sauf Cadoudal, 29 ans. Après quelques batailles, il rencontre Bonaparte. L’entrevue des deux chefs, de trempe égale et de tempérament contraire, est houleuse : Bonaparte ne jure que par l’égalité, Cadoudal ne se soucie que de liberté. Il refuse le commandement militaire que lui offre le Premier Consul et regagne sa Bretagne. L’affrontement finit en 1804 avec l’exécution du Chouan, qui a auparavant refusé la grâce que lui accordait l’Empereur. Une dramatique écrite par Jean-François Chiappe.
1975*(tv) Une ténébreuse affaire (FR) d’Alain Boudet
ORTF (TF1 9.7.75), 90 min. – av. Stéphane Bouy (Corentin, l’homme de main de Fouché), Olivier Vilhon (Peyrade, son acolyte), Robert Bazil (Michu, le régisseur des Simeuse), Alain Nobis (le sénateur Malin), Thérèse Liotard (Laurence de Cinq-Cygne), Nita Klein (Marthe, l’épouse de Michu), Jean-Louis Broust (Marie-Paule de Simeuse), Dominique Rollin (Adrien d’Hauteserre), Françoise Lugagne (Mme d’Hauteserre), Henri Deux (Paul-Marie de Simeuse), Patrick Laval (Robert d’Hauteserre), Christian Delanaut (M. d’Hauteserre), Marc Fayolle (l’abbé Goujet), Cadine Constant (Mlle Goujet), Jean-Marie Bernicat (M. de Granville, le juge), Cyrille Brisse (le petit François), Georges Aubert (Violette), Claude Vernier (l’accusateur public), Jean-Marie Robain (le président du tribunal), Eric Deyna (Gothard), Jean Ghis (le domestique).
Synopsis : À la veille de la bataille de Marengo, en juin 1800, Talleyrand, Fouché, Sieyès (le « brelan de prêtres ») et leur bras armé Corentin complotent contre le Premier Consul dont ils prévoient la défaite en Italie. Fouché songe à assassiner Napoléon en faisant porter la responsabilité aux familles légitimistes Simeuse et Hauteserre. À Arcis-sur-Aube, sur le domaine des Hauteserre, le régisseur Michu, pourtant réputé jacobin, préserve les biens de ses anciens maîtres guillotinés sous la Révolution et de leurs héritiers, les jumeaux de Simeuse. Ces jeunes émigrés viennent de rentrer clandestinement en France pour préparer le retour de la royauté avec l’appui des armées étrangères. Leur altière cousine Laurence de Cinq-Cygne, alliée aux ultras royalistes, sert de messagère, soutenue par les deux fils Hauteserre (dont les parents, tuteurs de Laurence, ignorent l’activité subversive). Entre-temps, Napoléon revient victorieux de Marengo et Fouché a perdu l’occasion de prendre le pouvoir ; sa conspiration est éventée. Le sénateur-citoyen Malin a fait transporter sur la terre de Gondreville qu’il accapare (jadis propriété des Simeuse) des documents compromettants pour lui-même et pour Fouché. À l’instigation de Corentin, des hommes masqués de même taille que les Simeuse et les Hauteserre enlèvent Malin et brûlent les documents. Tous les royalistes sont arrêtés, leur procès est truqué, les juges sont manipulés. Michu et sa femme Marthe, qui cachaient en outre le trésor des royalistes, sont condamnés à mort. Abandonnant son arrogance, Laurence se résout à rencontrer elle-même Napoléon juste avant la bataille d’Iéna (octobre 1806) pour demander la grâce de Michu. Napoléon refuse, mais par la suite, il engagera les cousins de Laurence, gagnés à sa cause, dans la Grande Armée. Tout en faisant le deuil de la justice, Laurence reste fascinée par l’Empereur.
Cette triple intrigue, à la fois policière (avec souterrains et trésor royaliste enfoui), amoureuse (entre cousins) et politique repose sur un roman éponyme d’Honoré de Balzac (1841-43), publié en feuilleton et paru en 1846 dans les Scènes de la vie politique, première partie de la Comédie humaine. Pour son roman, Balzac s’inspire d’une affaire célèbre, l’enlèvement jamais clairement élucidé du sénateur Clément de Ris en septembre 1800, mis en relation avec un complot contre le Premier Consul – affaire développée à la télévision en 1958 par Stellio Lorenzi avec Le Mystérieux Enlèvement du sénateur Clément de Ris (cf. supra). Les trois coupables selon Balzac sont Fouché, Talleyrand et Sieyès, ce dernier remplaçant le véritable troisième suspect, à savoir Clément de Ris lui-même (qui était le protecteur du père de Balzac). De Ris est opportunément rebaptisé Malin. Balzac ne peut cacher à la fois son immense admiration pour Napoléon, l’homme du destin, et ses réserves quant à son ambition qui a causé la mort de tant d’innocents. Déjà auteur d’un Sacre de Napoléon en 1967 (cf. p. 153), le téléaste Alain Boudet utilise un fait divers pour symboliser une époque et dénoncer à la fois les mœurs policières douteuses sous le Consulat et l’Empire et les codes sociaux en vigueur. Il escamote toutefois la rencontre finale Laurence-Napoléon, narrée sans être montrée. L’adaptation très habile de Jean-Louis Roncoroni place les (anti-)héros de ce récit immoral dont personne ne sort indemne – Corentin, Michu, Laurence de Cinq-Cygne – dans une lumière ambiguë. Un téléfilm qui sort du lot, réalisé en extérieurs à Tours, au château de Rivau et dans les communes de Léméré, Grillemont et La Chapelle-Blanche-Saint-Martin (Indre-et-Loire).
1978(tv) L’Attentat de la rue Saint-Nicaise (FR) de Victor Vicas
Série « Les Grandes Conjurations », Télécip (FR3 4.11.78), 90 min. – av. Maxence Mailfort (Joseph Picot de Limoëlan), Jean-Paul Zennacker (Pierre Robinault de Saint-Régeant), François Dyrek (François-Joseph Carbon), Jean-François Rémi (Joseph Fouché), HERVÉ JOLLY (Napoléon Bonaparte), Evelyne Dandry (Joséphine de Beauharnais), Didou Kapour (Marie-Antoinette), Georges Werler, Gérard Dessalles.
Une évocation de la « conspiration de la machine infernale » du 24 décembre 1800, écrite et dialoguée par Alain Decaux. Organisée depuis la Bretagne par Georges Cadoudal, avec l’appui de Londres, la conjuration royaliste vise à assassiner le Premier Consul. Elle fait suite à la conspiration ratée dite « des poignards » du 10 octobre, ourdie à l’Opéra par des Jacobins. Les Chouans Carbon, Limoëlan et Saint-Régeant placent une charrette transportant un baril de poudre dans la rue Saint-Nicaise, au nord du Palais des Tuileries, sur la route qui mène à l’Opéra. À 19 heures, détendu mais fatigué, Bonaparte se laisse convaincre à contre-cœur par Joséphine de s’y rendre pour assister à la première représentation en France de l’oratorio Die Schöpfung de Joseph Haydn. Son carrosse est précédé par une escorte de cavaliers de la Garde consulaire. Saint-Régeant allume la mèche quelques secondes trop tard et s’enfuit. La « machine infernale » explose, faisant 22 morts et une centaine de blessés ; 46 maisons sont détruites ou rendues inhabitables. Miraculeusement rescapé, Bonaparte met d’abord la faute sur ses opposants jacobins, car ayant tenté de rallier les royalistes au nouveau gouvernement par une politique de conciliation, il ne peut croire à leur culpabilité. Mais Fouché lui apporte la preuve d’un complot royaliste. Carbon est arrêté et, sous la torture, donne les noms de ses deux complices, qui sont exécutés. L’affaire traumatise l’Hexagone et aboutira à l’exécution sommaire du duc d’Enghien, puis au sacre impérial instaurant une nouvelle légitimité monarchique. – Un film-enquête fabriqué par Victor Vicas, un réalisateur d’origine russe à la filmographie très cosmopolite, actif entre Paris, Berlin, Vienne, Zurich, Athènes, Israël et Hollywood (il débuta avant-guerre comme assistant-caméraman d’Abel Gance).
1983(tv) Celui qui n'avait rien fait : le duc d’Enghien (FR) de Marcelle Tassencourt (th) et Jean-Roger Cadet (tv)
ORTF (TF1 24.5.83), 115 min. – av. Marie-Thérèse Arène (Joséphine de Beauharnais), DOMINIQUE ECONOMIDES (Napoléon Bonaparte), Hervé Bellon (Louis Antoine de Bourbon-Condé, duc d'Enghien), Pierre Le Rumeur (Pierre-François Réal), Pierre Lafont (Anne-Jean Savary), Claude Rio (Etienne-Léon de Lamothe), Marie Grinevald (Charlotte de Rohan-Rochefort), Nicolas Vaude (baron de Grunstein), Etienne Crosnier (Louis-Alexandre Berthier), Didier Lafaye (Régis de Cambacérès), Georges Toussaint (Joseph Fouché), Jacques Ardouin (Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord).
L’ombre de Cadoudal plane comme un danger permanent sur la capitale. Hanté par l’attentat et irrité par les liaisons multiples de son épouse avec les survivants de l’Ancien Régime, le Premier Consul cherche un ennemi à saisir et à condamner pour l’exemple. À quelques kilomètres de la frontière de l’Est, le duc d’Enghien, déçu du refus par l’Angleterre de ses offres de service, vit une aventure intense avec la princesse de Rohan-Rochefort. Il sera l’instrument de la démonstration. – Captation de la pièce éponyme de l’écrivain royaliste Thierry Maulnier, de l’Académie française, créée au Théâtre Montansier de Versailles en février 1983.
1989(tv) Napóleon (HU) d’András Sólyom
Magyar Televizió (MTV 19.6.89), 70 min. – av. RUDOLF PÉTER (Napoléon), Katalin Ladik (Madame Mère, Laetitia Bonaparte-Ramolino), Enikö Tóth (Caroline Bonaparte), Krisztina Szalay (Pauline Bonaparte), Tibor Mertz (Joseph Bonaparte), Gábor Vass (Lucien Bonaparte), Róbert Alföldi (Lajos), János Bán (Roustam Raza, le mamelouk), Rita Jónás (Eugène de Beauharnais), Gyöngyi Somogyi (Hortense de Beauharnais), Jenö Kiss (le prince Camille Borghese), Zoltán Papp (Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord), Róbert Koltai (François-Joseph Talma), Zsuzsa Nyertes (Bianca), Gábor Máté (le cardinal Giovanni Battista Caprara), Péter Dezsényi (Michel Ney), Károly Nemcsák (Joachim Murat), Konrád Quintus (Jean-de-Dieu Soult), Györgyi Kari (Laure Junot), Kati Rák (Brigitte Soult-Grenier), Virág Döry (Louise Aimée Davout), Györgyi Lang (Fanny Sébastiani de La Porta), Attila Hanko (Bourgeois), György Kozma (Louis-Mathieu Molé).
Au camp de Boulogne en été 1804, où se trouve assemblée l’armée des côtes de l’Océan en vue d’un débarquement en Grande-Bretagne. Jeune arriviste cynique et aux dents longues, le Premier Consul débat avec le cardinal Caprara (qui conclut le Concordat de 1801 et sacrera Napoléon roi d’Italie en mai 1805), avec Talleyrand et avec sa famille réunie de l’opportunité politique de se faire couronner empereur à la fin de l’année. La dramatique – filmée dans un décor unique, une vaste tente, avec Rudolf Péter en Napoléon capricieux, jeunet et un peu hystérique – est l’adaptation (par Géza Hegedüs) de la pièce éponyme de Jószef Pogány, parue à Budapest en 1919. Pógany – ou John Pepper – était un politicien, journaliste, critique littéraire marxiste. Fondateur du parti communiste hongrois de Béla Kun en 1919, il s’établit par la suite en Union soviétique, devint commissaire du peuple de l’Internationale communiste et finit exécuté sur ordre de Staline en 1938, lors des grandes purges.
1990*(tv) Napoléon et l’Europe / Napoleon w Europie – 1. Le 18 Brumaire (FR/PL/DE/PT/ES/BE/CA) de Pierre Lary
Télécip-La Sept-France 3-Filmów Telewizyjnych Poltel-Zespol Filmowy « Tor »-3SAT-TVE-RTP (La Sept 5.10.90 / FR3 11.1.91 / 3SAT 21.4.91), 52 min. – av. JEAN-FRANÇOIS STÉVENIN (Napoléon Bonaparte), Jan Novicki (Paul de Barras), Béatrice Agenin (Joséphine de Beauharnais), Jean-Claude Durand (Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord), Bruno Madinier (Lucien Bonaparte), Marian Opania (Jean-Pierre Collot), Jerzy Kamas (Emmanuel-Joseph Sièyes), Hanna Stankowna (Laetitia Bonaparte-Ramolino), Wojciech Wysocki (Fauvelet de Bourienne), Jacques Frantz (Joachim Murat), Krzystof Stroinski (Antoine de Lavalette).
En 1799, le Directoire, dirigé de fait par Barras, est aux abois, en proie aux factions et attaquée aux frontières. La nécessité d’un chef énergique devient évidente. Le 9 octobre (17 Vendémiaire an VIII), revenant d’Égypte, Bonaparte débarque à Fréjus : « Le règne des bavardages est fini. » Il est acclamé par la population et l’inquiétude gagne les gouvernants. À Paris, le jeune général règle ses problèmes conjugaux et répudie en un premier temps Joséphine, qui l’a trompé pendant son absence, puis lui pardonne. Son frère Lucien, député aux Cinq-Cents, et le financier Collot l’incitent à prendre le pouvoir, mais il hésite. Sieyès, un des directeurs, rencontré en présence de Talleyrand, lui annonce que le Conseil des Anciens va le nommer chef de la Garde Nationale, première étape dans un plan de prise de pouvoir : un coup d’État « légal » assorti d’une nouvelle Constitution. Un complot imaginaire annoncé par les Anciens donne le commandement militaire de Paris à Bonaparte et devant l’urgence de la situation, les deux Assemblées sont transférées à Saint-Cloud. Le 18 brumaire, au Conseil des Cinq-Cents, l’émeute menace, aucune preuve d’un complot n’ayant pu être fournie. Bonaparte est considéré comme un factieux, son discours est sifflé,, Lucien démissionne. Bonaparte fait disperser les membres du Conseil par la troupe, le Conseil est dissous, le Consulat établi, dirigé par Bonaparte, Sieyès et Roger Ducot. Barras, le grand perdant, fait d’amers reproches au Corse « qui lui doit tout ».
Premier épisode (entièrement filmé en Pologne) d’une série européenne très instructive de six chapitres : une fine analyse des enjeux et du putsch de Bonaparte qu’interprète Jean-François Stévenin ; celui-ci fait ressortir la brutalité d’un jeune loup, tacticien hors-pair (cf. p. 28).
2011(tv) L’Affaire du duc d’Enghien (1804) (FR) de Ghislain Vidal
Série « Les Procès de l’Histoire », Marc Andréani/Injam Productions-Cinaps Télévision-Toute l’Histoire (Toute l’Histoire 12.10.11), 52 min. – av. Clément Rouault (Louis Antoine de Bourbon-Condé, duc d'Enghien), JONATHAN SALMON (Napoléon Bonaparte), Laurent Richard (Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord), Jacques Poix-Terrier (gén. Anne-Jean Savary), Emeline Bayart (Charlotte de Rohan-Rochefort).
Docu-fiction : à trente-deux ans, le duc d’Enghien, descendant de vingt rois de France, est le principal opposant à Bonaparte. En quoi ce prince du sang fait-il un bouc émissaire idéal, pourquoi son procès est-il pour Napoléon un acte politique indispensable dans sa marche à l’Empire ? Tous les personnages impliqués prennent la parole (en s’adressant au spectateur) pour défendre leur point de vue. Instructif.