Ia - NAPOLÉON ET L'EUROPE

7. PERSONNALITÉS MARQUANTES DU PREMIER EMPIRE

Moitié Casanova, moitié Arsène Lupin, le Vidocq (George Sanders) de A Scandal in Paris a usurpé son nom dans un cimetière.

7.4. Vidocq, voleur devenu policier

Fils de boulanger à Arras, François-Eugène Vidocq (1775-1858) s’engage, après divers larçins, dans l’armée révolutionnaire, se bat à Valmy et à Jemappes (1792), puis déserte et passe à l’ennemi. Durant la Terreur, sous le nom de Rousseau, il commet d’innombrables méfaits. En 1796, il est condamné à huit ans de travaux forcés au bagne de Brest (1798), puis après une évasion, à celui de Toulon (1799), d’où il s’évade à nouveau. En 1809, sous Napoléon, il propose ses services d’indicateur à la police de Paris. Deux ans plus tard, le préfet le place officieusement à la tête de la Brigade de Sûreté, un service de police parallèle dont les membres sont d’anciens repris de justice ou des forçats en rupture de ban et dont le rôle est de s’infiltrer dans le « milieu ». Ses talents de physionomiste, son génie du déguisement et ses méthodes peu orthodoxes mais d’une redoutable efficacité lui procurent autant d’admirateurs que d’ennemis, dans la pègre comme dans les hautes sphères du pouvoir. Il sert Fouché et Savary, puis Louis XVIII et Charles X : les régimes passent, la police demeure. Vidocq quitte le service public en 1832, sous Louis-Philippe. Chassé reconverti en chasseur, père de la police judiciaire et également fondateur de la toute première agence de détective privé au monde (en 1833), Vidocq publie des Mémoires (sans doute pas écrits par lui et apocryphes) qui connaissent un succès retentissant (1828/29) et inspirent notamment Honoré de Balzac pour son personnage de Vautrin, l’ancien truand devenu chef de la police dans La Comédie humaine. Il sert également de modèle à Alexandre Dumas (Jackal dans Les Mohicans de Paris), Edgar Allan Poe (Auguste Dupin dans Double Assassinat dans la rue Morgue), Eugène Sue (Rodolphe de Gerolstein dans Les Mystères de Paris) et Victor Hugo (le tandem Jean Valjean/Javert dans Les Misérables).
1909La Jeunesse de Vidocq ou Comment on devient policier (FR) de Georges Denola (ou Gérard Bourgeois)
Pierre Decourcelle/Pathé Frères S.A. (Paris)-Société cinématographique des auteurs et gens de lettres (SCAGL), 310 m. – av. Harry Baur (François-Eugène Vidocq), Paul Landrin, Andrée Marly, Paul Lack.
Le scénario de Louis Launay et Marc Mario – filmé aux studios SCAGL à Joinville – conte les événements qui conduisirent Vidocq de son évasion du bagne de Brest en 1797 à l’uniforme de policier sous l’Empire. Harry Baur, 29 ans, futur et inoubliable Jean Valjean sous la direction de Raymond Bernard (1934), apparaît içi dans un premier rôle de forçat, au tout début de sa prestigieuse carrière.
1914La Belle Limonadière (FR) d'Albert Capellani et Adrien Caillard
Société cinématographique des auteurs et gens de lettres (SCAGL, Paris)-Pathé Frères, 1606 m./5 bob., 53 min. - av. Guyta Réal et Paule Andral (Angélique Thiébault dite la Belle Limonadière), Jean Jacquinet (Hubert de Saint-Pol alias Vidocq), Henri Bonvalet (Roland, fils de Vidocq), Marie-Louise Derval (Hélène), Charles Mosnier (Jacques Lebrun). - Adaptation de la pièce de Paul Mahalin (1884): le jeune Vidocq a eu un fils illégitime, Roland, avec une célèbre beauté du Premier Empire, la Belle Limonadière qui anime le Café des Milles Colonnes au Palais-Royal. Passé à la police, Vidocq est chargé d'arrêter Roland qui est devenu un assassin, mais ce dernier se suicide, épargnant à son père la peine de le livrer à la guillotine.
1922/23Vidocq (FR) de Jean Kemm [et Henriette Kemm]
Louis Nalpas/Société des Cinéromans (Paris), 10 épisodes/8350 m. – av. René Navarre (François-Eugène Vidocq), Elmire Vautier (Manon-la-Blonde), Rachel Devirys (Yolande/Francine de la Roche Bernard), Genica Missirio (l’Aristo), André Pocalas (Coco Lacour), Jacques Plet (Bibi-la-Grillade), Paulet (M. Henry, chef de la Sûreté), Dolly Davis (Marie-Thérèse de Champtocé), Albert Bras (M. de Champtocé), Georges Deneubourg (baron Pasquier, préfet de police), Géo Laby (Aubin Dermont dit Le Tambour), Maud Fabris (la Chanoinesse).
L’action se déroule entre 1795 et 1815. Vidocq est lieutenant de chasseurs à cheval quand sa femme se laisse séduire par un bandit déguisé en fils de famille, « l’Aristo ». Ses deux enfants, abandonnés sur la route, ont disparu. Vidocq déserte pour les retrouver. Arrêté, condamné au bagne, il s’évade et, sous de multiples déguisements, vit de rapines, toujours flanqué de ses deux lieutenants, Coco Lacour et Bibi-la-Grillade, qui l’aident à identifier la bande de criminels nommés « les Enfants du Soleil », les responsables de la disparition de sa famille. Il retrouve sa femme sous le nom de Manon-la-Blonde, maîtresse du financier Ouvrard. Pour venger les siens, le voleur, le faussaire, le condamné de droit commun offre ses services au baron Pasquier, préfet de police, et se mue en limier le plus redoutable de Paris. Après des années à arpenter les bas-fonds, il parvient à démanteler la bande des « Enfants du Soleil », à tuer leur chef et à retrouver ses fils, l’un mauvais garçon, l’autre musicien et organiste de renom qui sera anobli et épousera la jeune aristocrate dont il est aimé.
René Navarre et Elmire Vautier (sa femme à la ville) sont les têtes d’affiche de ce « grand film à épisodes » tourné aux studios Pathé à Vincennes, en extérieurs à Tarascon (Bouches-du-Rhône) et à Beaucaire (Gard). Son scénario fort rocambolesque (et le roman qui en est tiré) est dû à Arthur Bernède, spécialiste du roman populaire, l’auteur fabuleusement prolixe de Judex et de Belphégor, et ne cherche à aucun moment à illustrer la véritable carrière de Vidocq. Il se contente de broder sur sa légende (le bagnard mi-vengeur mi-malfaiteur qui tourne casaque), illustrée avec soin par le cinéaste alsacien Jean Kemm et son épouse Henriette, fidèle assistante et costumière. Nota bene : en mai 1910, le Théâtre Sarah-Bernhardt à Paris présenta la pièce Vidocq d’Emile Bergerat, avec Jean Kemm dans le rôle-titre.
Episodes : 1. « L’Évasion/Le Forçat évadé » – 2. « Les Enfants du soleil/Manon la Blonde » – 3. « La Truite qui file » – 4. « L’Espionne de Vidocq » – 5. « L’Homme au domino rouge » – 6. « Dans la gueule du loup » – 7. « Le Bandit gentilhomme » – 8. « La Mère douloureuse » – 9. « Vers la lumière » – 10. « La Bataille suprême ».
1938/39Vidocq (FR) de Jacques Daroy
Pierre Chichério/Société de Production du Film Vidocq, 105 min. – av. André Brûlé (François-Eugène Vidocq), Jean Worms (M. Henry, préfet de police), Maurice Lagrenée (Saint-Germain), Nadine Vogel (Annette Desmond), Eliane Pascal (Adèle), Jean Brochard (Fanfan La Grenouille, forçat repenti), René Ferté (Sallembier), Henri Bosc (Chevalier), Jeanne Lion (Mme Desmond), Clary Monthal (la mère de Vidocq), Pierre Clarel (un bagnard).
Synopsis : À Arras. après sept évasions de prisons et de bagnes, Vidocq est condamné à perpétuité pour avoir tué un jeune officier. Mais Vidocq est innocent de ce crime commis par Sallambier, un de ses anciens compagnons de chaînes qui, le prenant pour un mouchard, avait décidé de l’éliminer ; Vidocq s’était baissé à temps et c’est le jeune homme qui reçut le coup mortel. Vidocq s’évade une fois de plus, gagne Paris, retrouve Annette, la sœur de sa prétendue victime, gagne sa confiance, et monte incognito un honnête commerce de tailleur, jusqu’au jour où Sallambier le retrouve et tente de le faire chanter. Le truand le dénonce à la police, mais Vidocq fait la preuve de son innocence en livrant Sallembier et sa bande de malfrats au préfet de police, M. Henry. Impressionné, le ministre Pasquier lui propose de se racheter en travaillant pour la Sûreté. La Grenouille et Annette sont ses premiers auxiliaires. Ensemble ils piègent le redoutable Saint-Germain qui tombe sous les balles de la gendarmerie. Allant de succès en succès, Vidocq est nommé chef de la brigade de Sûreté. Alors qu’il fête sa nomination, sa compagne Annette est blessée par Sallambier, qui s’est évadé de prison. Vidocq le provoque en duel dans un cabaret et le tue.
Une réalisation dont le tournage a été émaillé d’incidents, de contentieux et de retards divers (aux studios des Buttes-Chaumont à La Villette et à Versailles). Le film n’a par ailleurs guère laissé de souvenirs, malgré un scénario assez solide de Daroy et Gilles Darteville, « mêlant un humour discret à une action efficace » (Paul Vecchiali). En vérité, c’est Vidocq qui proposa ses services au préfet, et non l’inverse. M. Henry, Annette, Saint-Germain, Boudin et Sallambier ont tous bel et bien existé et sont mentionnés dans les Mémoires du policier.
1945/46**A Scandal in Paris / Thieves’ Holiday / The Story of Vidocq (Une aventure de Vidocq / Scandale à Paris) (US) de Douglas Sirk
Arnold Pressburger/Arnold Productions Inc.-United Artists Corp., 100 min. – av. George Sanders (François-Eugène Vidocq), Signe Hasso (Thérèse de Pierremont), Akim Tamiroff (émile Vernet), Carole Landis (Loretta Richet), Vladimir Sokoloff (oncle Hugo), Gene Lockhart (Richet, préfet de police), Alma Kruger (marquise de Pierremont), Alan Napier (Houdon de Pierremont, ministre de la police), Jo Ann Marlowe (Mimi de Pierremont), Pedro de Cordoba (le prêtre), Fritz Leiber (le peintre), Skelton Knaggs (cousin Pierre), Fred Nurney (cousin Gabriel), Gisela Werbiseck [= Werbezirk] (tante Ernestine), Marvin Davis (petit Louis), Leona Maricle (la modiste).
Synopsis : Paris en 1805. Vidocq, âgé de 29 ans, est, comme d’habitude, de retour en prison après divers méfaits et évoque sa jeunesse car, né en prison de père inconnu (sic) et d’une mère pauvre (sic), comme ses onze frères et sœurs avant lui (re-sic), il éprouve en ces lieux de « retraite culturelle » – il y a dévoré les Mémoires de Casanova – la nostalgie de son enfance ... Son complice Émile, issu d’une famille de cambrioleurs et de faussaires, l’aide à s’évader une fois de plus. Avec de faux papiers fournis par un cousin, le tandem s’enrôle dans l’armée de Bonaparte pour la campagne d’Égypte (1797). À Marseille, le lieutenant Rousseau alias Vidocq embrasse la belle chanteuse Loretta, fiancée du préfet de police Richet, tout en lui volant sa jarretière ornée de rubis. Deux ans plus tard (il préfère ne pas parler de sa carrière militaire ...), à Paris, Vidocq s’éprend de Thérèse de Pierremont, petite-fille rêveuse d’une marquise et fille du ministre de la Police, Houdon. Ayant dérobé les bijoux de Mme de Pierremont, il les retrouve sans peine dans la serre où il les avait lui-même cachés, suscitant ainsi la vive reconnaissance et l’admiration de Houdon pour son génie de la déduction. Houdon le nomme au poste de Richet qu’il vient de renvoyer pour incompétence. Devenu préfet, Vidocq s’empresse d’installer à la Banque de Paris (qu’il compte dévaliser plus tard) les parents d’Émile, faux détectives. Mais le passé le rattrape : Loretta, mariée à Pichet, veut le reconquérir et fait du chantage. Entre-temps, Thérèse a fait sa propre enquête et découvert le passé peu respectable de son amoureux, qui, pour sa part, à décidé de devenir honnête. Il lui avoue tout, mais, séduite, elle est prête de devenir voleuse à ses côtés. Jaloux, Pichet, déguisé en vendeur d’oiseaux ambulant, tue son épouse volage et se suicide ; Vidocq interdit à ses complices de cambrioler la banque et se débarrasse d’Émile, son mauvais génie qui a tenté de l’assassiner. S’étant confessé auprès des Pierremont, il peut épouser Thérèse et consacrer désormais son existence à l’arrestation des malfaiteurs.
Ce récit des derniers crimes de Vidocq avant de se recycler dans la police appartient à la période américaine plutôt éclectique et moins connue de la carrière de Douglas Sirk, située entre ses mélodrames berlinois d’avant-guerre avec Zarah Leander et les mélos flamboyants des années 1950 à la Universal (All That Heaven Allows/Tout ce que le Ciel permet, A Time to Love and a Time to Die/Le Temps d’aimer et le temps de mourir, Imitation of Life/Mirage de la vie) qui ont fait la célébrité du cinéaste. L’intrigue à proprement parler est inventée de toutes pièces (Vidocq n’est pas né en prison, ses parents étaient des bourgeois aisés et son nom n’est pas un patronyme volé à un mort !) ; il s’agit d’un faux biopic assez éloigné des canons hollywoodiens, en fait très européen dans le ton comme dans la facture, et on ne s’étonnera pas d’apprendre que ce film d’une intelligence pétillante est le préféré de son auteur, un Allemand ayant fui le Troisième Reich. Sirk s’est entouré de George Sanders et d’Akim Tamiroff, les deux interprètes d’un projet inabouti sur un autre charlatan du Vieux Continent, « Cagliostro » (prod. Edward Small/United Artists), et a bouclé son film en automne 1945 aux studios Goldwyn-United Artists sur Santa Monica Blvd. L’équipe technique et les comédiens sont en majorité d’origine européenne, en partie des émigrés, eux aussi : le grand Eugen Schüfftan à la caméra, le musicien Hanns Eisler, Arnold Pressburger (producteur de Fritz Lang et Sternberg), Sanders, Tamiroff, Hasso, Sokoloff, Kruger, etc. Les dialogues brillants d’Ellis St. Joseph empruntent leurs aphorismes à La Rochefoucauld, Saint-Simon, Oscar Wilde. Ils sont admirablement servis par George Sanders, un Vidocq inusité, très éloigné de l’original : élégant, moqueur et distancié ; l’acteur incarne une sorte d’Arsène Lupin ludique et nonchalant, à la verve acidulée, et qui abhorre la violence (contrairement à l’authentique voleur-policier, incarcéré pour ses duels et nombreuses agressions). C’est avec une causticité souriante que Sirk aborde un de ses thèmes favoris : le poids du passé et comment s’en débarrasser, tout en dessinant « une série d’arabesques ironiques ( ...) sur le Bien et le Mal, la double nature de l’homme, la présence de saint Georges et du dragon à l’intérieur de chaque individu » (J. Lourcelles). Une fantaisie raffinée et délicate, dynamisée par un décor quasi surréaliste (le jardin au manège chinois dans le brouillard) et des ruptures de ton qui permettent de passer avec style de la frivolité à la gravité. Bref, avec son troisième film à Hollywood, Sirk signe un petit bijou cinématographique, mais dont le succès est mitigé en Amérique, où le public très premier degré est notoirement peu réceptif à l’ironie. Signalons toutefois une adaptation radiophonique du script réduite à 30 minutes et diffusée dans « The Hedda Hopper Show » (23.11.46) avec Akim Tamiroff. – DE : Ein eleganter Gauner, IT : Uno scandalo a Parigi, ES : Escándalo en París.
1947Le Cavalier de Croix-Mort (Une aventure de Vidocq) (FR) de Lucien Gasnier-Raymond
Charles de Grenier/Simoun-Films, 85 min. – av. Henri Nassiet (François-Eugène Vidocq), Madeleine Robinson (Elisabeth d’Authon/d’Anthar), Yves Vincent (Simon de Chabre), Franck Villard (François d’Authon/d’Anthar), Simone Valère (Lucile), Pierre Sergeol (le boulanger), Suzanne Dantès (Joséphine-Marie), Jean d’Yd (Louis-Antoine), Catherine Kath (Sandrine).
Synopsis : Dans un manoir des alentours de Gap (Hautes-Alpes) vers 1810. Soupçonnant sa femme Elisabeth d’être la maîtresse de Simon de Chabre, François d’Authon blesse ce dernier grièvement. Or, Simon est bien l’amant d’Elisabeth, mais doit épouser Lucile, sa sœur. Cette dernière protège Simon qui rompt avec sa maîtresse. Furieuse, Elisabeth fait enlever son mari par une bande de « chauffeurs » qui le tuent, et accumule des preuves accablantes mais fausses contre son ex-amant. Chargé de l’enquête, Vidocq confond la coupable égarée par la passion après avoir anéanti les « chauffeurs » qui pillaient les fermes de la région et assassinaient leurs propriétaires. – Un petit polar en costumes tiré du roman Le Vinaigre des Quatre Voleurs d’Albert Jean (1944) et filmé aux studios de Boulogne et à Argenton-sur-Creuse (Indre).
1949Der Bagnosträfling [Le Bagnard] (DE) de Gustav Fröhlich
Junge Film-Union Rolf Meyer (Hamburg), 106 min./99 min. - av. Paul Dahlke (Robert de Troissaules), Richard Häussler (Pierre de Troissaules, son frère), Käthe Dorsch (Eugénie, marquise de Troissaules, leur mère), Winnie Markus (Cyprienne, épouse de Robert), Udo Loeptin (Tamboryn), Walter Franck (l'inspecteur Courbet), Paul Hörbiger (Dr. Blanchon, médecin des pauvres), Ida Ehre (Mme Vauquier), Jester Naefe (Nanette), Albert Florath (Livreuil président de la Banque de France), Adrian Hoven (Victor), Peter Mosbacher (Lapin), Joseph Offenbach (Dubois), Karl-Heinz Peters (Martell), Otto Gebühr (Jean), Helmuth Rudolph (ministre de l'Intérieur), Wolfgang Völz.
En 1813, depuis sa défaite à Leipzig, l'armée impériale recule sur tout le continent, la France est ébranlée, le chaos social s'installe. Robert de Troissaules attaque un transport d'or de la Banque Nationale, mais son épouse Cyprienne, qui aime son frère Pierre de Troissaules, le dénonce à la police. Robert est condamné à 15 ans de bagne. Il est déporté et passe bientôt pour mort, tandis que son frère Pierre devient préfet de police. Mais Robert s'évade, ignorant qu'il a été gracié, commet une autre attaque contre un transport d'or et tente de de faire inculper Pierre. Celui-ci lui tend un piège dans la villa maternelle, le fait arrêter et peut enfin épouser Cyprienne.
Un récit d'aventures librement inspiré du personnage de l'ex-forçat Vautrin qui apparaît dans plusieurs romans de La Comédie humaine d'Honoré de Balzac, notamment dans Le Père Goriot, mais aussi dans la pièce de théâtre Vautrin (1820), qui s'inspire, elle, des exploits d'Eugène-François Vidocq. Une des premières productions importantes de l'Allemagne de l'Ouest depuis la guerre, filmée en juin-juillet 1949 aux studios de Hamburg-Bendestorf, dans le village de Bendestorf et à Buxtehude pour la reconstruction d'une rue de Paris ; sortie à Göttingen à la fin août 1949, puis à Berlin-Ouest en février 1950. Film inédit en France, malgré la référence à Balzac. - IT: Mio figlio il forzato, GB: The Prisoner.
1952(tv) Monsieur Vidocq (US) de Robert Mulligan
Série « Suspense » no. 171, Martin Manulis Prod./CBS (CBS 18.11.52), 30 min. – av. Luis Van Rooten (François-Eugène Vidocq), Jacques Aubuchon (M. Henry, préfet de police de Paris), Nigel Green (Mr. Williams, de Scotland Yard), Francis Bethencourt (Jacques, le majordome, alias le marquis de Villiers), Henry Lascoe (George), Diane de Brett (comtesse du Barry), Alfred Leberfeld (le gendarme).
Synopsis : En 1850, Vidocq, chauve et retraité dans son château, est sollicité par la police française et Scotland Yard pour retrouver un précieux miroir ayant appartenu à Louis XIV, volé au National Museum. Vidocq entraîne l’envoyé de la reine Victoria dans les bas-fonds de Paris pour y arrêter le marquis de Villiers (en fait, son propre majordome), responsable du trafic d’objets d’art volés. Mais l’Anglais est plus malin et, après avoir échappé à une tentative d’assassinat et cuisiné le marquis-majordome, découvre que le véritable instigateur des vols est Vidocq lui-même. Le préfet l’arrête, le majordome reprend le château à son compte. – Une dramatique insipide de Victor Wolfson tirée d’une nouvelle de Henry et Dana Lee Thomas et dont le seul intérêt est la présence au générique du jeune Robert Mulligan, qui deviendra un des réalisateurs les plus doués du Hollywood des années 1960/70 (Summer of ‘42).
1960(tv) Vidocq contre Coignard (FR) de Jean Kerchbron
Série « L’Histoire dépasse la fiction », Radio-Télévision Française (RTF) (1re Ch. 25.9.60), 90 min. – av. Jean-Marie Amato (François-Eugène Vidocq), René-Louis Lafforgue (le comte Pontis de Sainte-Hélène alias Jérôme Coignard), Denise Bosc (Rosa Coignard, sa femme), Jacques Eyser (gén. Despinoy), Maxime-Fabert (Marti), Daniel Lecourtois (le préfet), Charles Denner, Pierre Sabbagh (présentation). – Paris en 1817. Vidocq démasque un bagnard évadé qui se faisait passer pour un aristocrate. Un scénario de Henri Noguères filmé en noir et blanc aux studios des Buttes-Chaumont.
1963Δ Le Comte de Monte-Cristo – Deuxième époque (FR/IT) de Claude Autant-Lara. – av. Jean Martinelli (François-Eugène Vidocq, chef de la Sûreté). – Jean Halain adapte Alexandre Dumas en y ajoutant un personnage : En 1839, lors d’une visite surprise chez Henri de Villefort pour sauver la tête d’un de ses meilleurs indics (« il ne faut pas décourager les crapules »), Vidocq fait comprendre à l’arrogant procureur du roi que leur ancien patron, Fouché, tenait des fiches de police sur tout le monde, y compris sur lui. Villefort refuse de l’écouter, mais l’allusion à peine voilée de Vidocq à l’affaire Edmond Dantès de 1815, et les bruits que le chef de la Sûreté fait ensuite circuler à son sujet dans les bas-fonds déstabilise le procureur. Vidocq (que l’aristocratie méprise) assiste amusé au procès au cours duquel Monte-Cristo (Louis Jouvet) anéantit publiquement Villefort, qui bascule dans la folie.
1967(tv) Vidocq (FR/DE) de Marcel Bluwal (épis. 1, 2, 6, 8, 9-11) et Claude Loursais (épis. 3-5, 7, 12, 13)
Roland Gritti, Etienne Laroche/ORTF-Gaumont Télévision International (1re Ch. 7.1.-1.4.67), 13 x 26 min. – av. Bernard Noël (François-Eugène Vidocq), Geneviève Fontanel (Annette), Jacques Seiler (Henri Desfossés), Alain Mottet (l’inspecteur Flambart), Marcel Charvey (cpt. Thierry), Marcel Champel (Grouard), Étienne de Swarte (Herbaut), Serge Gainsbourg (le fou qui voit des espions partout), Jacqueline Danno (Justine), Bernard Musson (le notaire Barloux), Robert Porte (M. de Flochereau), Jacques Alric (Chalembier), Pierre Tornade (Torniflor), Jean-Pierre Moutier (Bornichon), Sacha Briquet (Chambrelaine dit le Marquis), Louis Buguette (Jouraste), Jacques Bodoin (Coco Lafleur), Louis Arbessier (M. Henry, directeur de la police), Philippe Derrez (Anne-Jean-Marie-René Savary, duc de Rovigo, ministre de la Police générale), WILLIAM SABATIER (Napoléon).
Le comédien Bernard Noël, que Marcel Bluwal a déjà dirigé pour le petit écran dans Les 60 000 fusils de Beaumarchais (1966), est l’interprète idéal pour camper un Vidocq remis au goût du jour – c’est-à-dire de l’ORTF et des téléspectateurs de l’ère gaulliste. Les Mémoires de Vidocq, truffés de contre-vérités, d’exagérations auto-promotionnelles et d’épisodes sanguinolents, sont réarrangés ; Georges Neveux, romancier-scénariste à l’origine du projet, se charge de polir ce policier-bagnard au demeurant antipathique, glauque, hâbleur et plein d’aspérités pour en faire un aventurier plus « fréquentable », plus léger, cocasse, astucieux, amoral, irrévérencieux, servi avec une pointe d’humour : « Vidocq transformé en Scaramouche » (Bluwal), entre truculence et désenchantement. Neveux en fait un acteur-né, ce qu’il était, aussi exubérant que peu recommandable. Serge Gainsbourg (qui joue un interné paranoïaque de l’hôpital Bicêtre dans l’épisode 4) chante lui-même la Chanson du forçat du générique dont il a composé la musique : « Qui ne s’est jamais laissé enchaîner/Ne saura jamais c’qu’est la liberté/Moi oui, je le sais/Je suis un évadé ... » Bluwal étant également occupé à deux adaptations de Marivaux, il doit à regret laisser sept épisodes de la série à son confrère Loursais.
Cette première série de modules de 26 minutes se concentre sur les multiples évasions de Vidocq, avec l’appui de ses amis Desfossés et Fil de Fer, et les exploits initiaux de ce bagnard en éternelle rupture de ban dans le Paris du Directoire, du Consulat et du Premier Empire, avant qu’il entre à la police (deux derniers épisodes) sous l’égide de M. Henry. Il finit par épouser sa complice et rédemptrice, Annette, une fille de bonne famille (épis. 10). La majorité des exploits sont inventés par Neveux, qui a également imaginé un policier à la mesure du héros, le commissaire Flambart, froid comme la glace, toujours affairé à lui tendre des pièges que le fuyard déjoue avec malice. Dans les deux derniers épisodes, les deux antagonistes finissent par collaborer sur ordre impérial, l’un devenant officiellement chef de la Sûreté, l’autre inspecteur divisionnaire. Outre le principal intéressé, les seuls personnages historiques apparaissant à l’écran sont le ministre Savary (nommé à la tête de la Police en 1810) et Napoléon, ce dernier uniquement dans l’épisode 13, Le Chapeau de l’Empereur. Dans Le Crime de la mule noire, Vidocq se retrouve dans les griffes d’une société secrète royaliste, les Olympiens, qui complotent pour renverser le régime bonapartiste. Tourné en noir et blanc aux studios de Saint-Maurice et, notamment, dans les sous-sols de l’église Saint-Eustache à Paris, en forêt de Fontainebleau et à Boulogne, Vidocq devient une des plus prestigieuses séries policières de la télévision française. Une suite intitulée Les Nouvelles Aventures de Vidocq est mise en chantier, avec une durée d’une heure par épisode, et en couleurs, mais le décès brutal de Bernard Noël, emporté par un cancer en septembre 1970 à l’âge de 45 ans, modifie la donne. Claude Brasseur le remplace au pied levé.
Épisodes : 1. « Le Mort vivant » – 2. « L’Éternel Évadé » – 3. « Vidocq et les faux témoins » – 4. « Vidocq à Bicêtre » – 5. « Le Crime de la mule noire » – 6. « L’Armée roulante » – 7. « La Baraque aux 36 étoiles » – 8. « Les Olympiens » – 9. « L’Auberge de la Mère Tranquille » – 10. « Le Mariage de Vidocq » – 11. « Le Système du docteur Terrier » – 12. « À vous de jouer, Monsieur Vidocq ! » – 13. « Le Chapeau de l’Empereur ».
1967® Lamiel (FR) de Jean Aurel (d'apr. Stendhal). - av. Christian Barbier (Eugène-François Vidocq).
1971-73*(tv) Les Nouvelles Aventures de Vidocq / Die Abenteuer des Monsieur Vidocq (FR/DE) de Marcel Bluwal
ORTF-Gaumont Télévision International-Télécip-Bavaria (1re Ch. 5.1.-2.3.71 et 29.10.-10.12.73 / ARD 11.9.-20.11.71 et 9.7.-27.8.77), 2 séries de 6 x 56 min. et de 7 x 56 min. – av. Claude Brasseur (François-Eugène Vidocq), Danièle Lebrun (baronne Roxane de Saint-Gély), Marc Dudicourt (l’inspecteur Flambart), Jacques Seiler (Henri Desfossés), Alain MacCoy (marquis de Modène), Walter Buschhoff (le docteur), Marcel Cuvelier (M. Henry, préfet de police), Françoise Giret (Joséphine de Beauharnais), Loleh Bellon (Pauline Borghèse, sœur de Napoléon), Henry Poirier (Anne-Jean-Marie-René Savary, ministre de la Police générale), Robert Party (Joseph Fouché, ministre de la Police générale), Fernand Berset (Louis-Antoine Fauvelet de Bourrienne), Jacques Monod (Louis XVIII), Geneviève Brunet (comtesse Claire de Rémusat), Robert Nogaret (Rouvelart), Jean Dalmain (d’Anglets, préfet de police), Marcel Bluwal (cpt. Lenoir).
Bluwal et Neveux concoctent cette fois carrément deux séries pour donner suite au triomphe cathodique de 1967 (cf. supra), soit 13 épisodes diffusés respectivement en 1971 et en 1973, et en coproduction avec la Bavaria allemande. François Boyer et Pierre Nivollet collaborent à l’adaptation et aux dialogues. Outre Claude Brasseur, virtuose, survolté dans le rôle-titre, l’apport de la couleur et la durée doublée des épisodes, ces nouvelles aventures prennent une tournure différente : Vidocq agit à présent comme chef de la Sûreté, et l’inspecteur Flambart, son ancien ennemi, n’est plus qu’un adjoint bouffon, souffre-douleur aigri et jaloux qui trame sa perte. Exit Annette, l’épouse. Neveux introduit une lutte policière autant qu’amoureuse qui oppose la venimeuse baronne Roxane de Saint-Gély (jouée par Danièle Lebrun, la femme de Bluwal), truande distinguée, escroc politique de haut vol, au plébéien chef de la Sûreté. Les étreintes sado-maso avec cet épigone de Milady ne sont pas sans risques et leurs bandes respectives s’affrontent mortellement dans l’ombre. À chaque coup, Vidocq sauve l’Empire et, accessoirement, son poste à la Sûreté que son statut d’ancien forçat fragilise.
Les enquêtes du fameux policier débutent en 1810 et se prolongent (dans les sept derniers chapitres) pendant les Cent-Jours et la Restauration, jusqu’en 1822. L’intrusion de personnages historiques tels que l’impératrice Joséphine, Pauline Borghese-Bonaparte, Fouché, Savary, Talma, Bourrienne et Louis XVIII pimentent l’intrigue. Ainsi, Vidocq doit-il récupérer des lettres compromettantes pour Pauline, sœur de Napoléon (qu’il séduit au passage), interceptées par Fouché et détenues par la dangeurese baronne. (épis. 1) ; en 1811, le coffre-fort de la banque où a été déposé le Collier Rose de l’impératrice Joséphine a été éventré au profit des Bourbons réfugiés à Londres (épis. 3) ; en 1814, alors que Napoléon est sur l’île d’Elbe, Vidocq démantèle une organisation qui détrousse les émigrés en Bretagne (épis. 5) ; des faussaires royalistes tentent de ruiner la Banque de France (épis. 7) ; Vidocq empêche l’assassinat de l’Empereur, en route pour Waterloo, par des Chouans (épis. 8) ; après le remplacement de Fouché par le monarchiste Decazes, des ultras veulent remplacer le roi Louis XVIII par son frère Charles (épis. 10) ; un réseau bonapartiste prépare le retour en France du jeune Roi de Rome (épis. 12), etc. Ces aventures souvent trépidantes, aux rebondissements inattendus, supérieures à la première série par leur humour libertaire et l’interprétation un brin canaille du couple Brasseur-Lebrun, sont filmées aux studios de la Victorine à Nice, aux studios Bavaria à Munich-Geiselgasteig et en extérieurs à Senlis. À nouveau un succès considérable à l’audimat.
Épisodes (1971) : 1. « La Caisse de fer / Eine Hand wäscht die andere, Hoheit » – 2. « Les Trois Crimes de Vidocq / Lieben Sie Handschellen ? » – 3. « Les Chevaliers de la nuit / Ritter der Nacht » – 4. « Les Chauffeurs du nord / Schmetterlingsjagd » – 5. « Échec à Vidocq / Gardez Madame ! » – 6. « Les Banquiers du crime / Hochwürden sind neu hier ? » – Deuxième série (1973) : 7. « La Bande à Vidocq / Vidocq und seine Leute » – 8. « Les Assassins de l’Empereur / Zwei Kaiser » – 9. « Les Bijoux du Roi / Die Juwelen des Königs » – 10. « Vidocq et l’Archange / Vidocq und der Erzengel » – 11. « Les Deux Colonels / Die beiden Obristen » – 12. « L’Épingle noire / Die schwarze Nadel » – 13. « Vidocq et compagnie / Vidocq und Co. ».
1972(tv) François Vidocq – Räuber und Gendarm (DE) de Georg Marischka
Sator Film-Zweites Deutsches Fernsehen (ZDF 10.9.72), 90 min. – av. Paul Ehrlich (François-Eugène Vidocq), Doris Steinmüller (Annette Vidocq, son épouse et collaboratrice), Ulrich Matschoss (M. Henry, préfet de la Sûreté), Helmut Förnbacher (Pierre Quenard), Roland Skrobek (Honoré de Balzac), Ingeborg Schöner, Ernst von Klipstein.
Dramatique sur le fameux « voleur et gendarme » (titre), d’après une pièce de Peter Dethlefsen et Georg Marischka (1971).
1989(tv) Stopa [=La Piste] (CZ/DE) d’Antonín Moskalyk
Série « Dobrodruzstvi kriminalistiky [Les Aventures de la criminalistique] », épisode 1, saison 1, Ceskoslovenská Televize-Südwestfunk Baden-Baden (SWF)-Westdeutsches Werbefernsehen (WWF), 51 min. – av. Boris Rösner (François-Eugène Vidocq), Ladislav Mrkvicka (Coco), Martin Ruzek (le ministre [Joseph Fouché]), Simone Stasová (Lu), Heinz Schornage (Vallière), Rudolf Hrusínsky (Dubois), Jan Bonaventura (Nortier), Vlastimil Zavrel (Army), Jirí Kvasnicka (Lamard), Zoro Lauring (Beliveau), Pavel Novy (Jauffret), Peter Aczel (le Corse), René Pribil (Fossard), Retr Hübner (Nicolas).
Le premier d’une série de 26 épisodes consacrés aux pionniers de la criminalistique, de Vidocq à Bertillon et Pinkerton : la reconversion de Vidocq, de forçat en policier, son chemin de la criminalité à la criminologie (scénario de Moskalyk et Jan Siki).
2001Vidocq (FR) de Pitof
Dominique Farrugia, Inès Sastre, Olivier Granier/Studio Canal+-RF2K-TF1 Films, 100 min. – av. Gérard Depardieu (François-Eugène Vidocq), Guillaume Canet (Étienne Boisset, son biographe / l’Alchimiste), Moussa Maaskri (le détective Nimier, l’associé de Vidocq), Inès Sastre (Préah), André Dussollier (Lautrennes, préfet de police), Edith Scob (Sylvia), Jean-Pierre Gos (Tauzet), Isabelle Renauld (Marine Lafitte), Jean-Pol Dubois (Louis Belmont), André Penvern (Simon Veraldi), Gilles Arbona (Ernest Lafitte), Jean-Marc Thibault (Leviner), François Chatot (Froissard), Elsa Kikoïne (la muete), Fred Ulysse (le vieux souffleur de verre), Dominique Zardi (le souffleur).
Synopsis : Paris en juillet 1830. Tandis que la rue se soulève contre la monarchie de Charles X, Vidocq, sur le point d’appréhender un individu masqué se faisant appeler « l’Alchimiste », disparaît dans le puits en flammes d’une soufflerie de verre. Un jeune journaliste de province s’affirmant biographe officiel du policier, Étienne Boisset, reprend les investigations de Vidocq et découvre qu’il enquêtait sur un triple meurtre, trois notables foudroyés par un procédé diabolique. Ses recherches dans les bas-fonds, auprès de la courtisane Préah et de l’opiomane Marine, veuve de l’un des disparus, lui apprennent que les notables offraient des vierges à l’Alchimiste afin de rester éternellement jeunes. Vidocq avait découvert le laboratoire du criminel, dont les murs étaient couverts de sang et de lambeaux de chair. Avant d’être terrassé, le détective avait brisé le masque-miroir de l’Alchimiste, conçu à partir du sang des vierges et qui aspirait les âmes des victimes. Dans la soufflerie, Vidocq réapparaît sous les traits d’un souffleur de verre et révèle que l’Alchimiste n’est autre qu’Étienne. Après l’avoir piégé, puis libéré les âmes prisonnières, Vidocq tue l’assassin.
Ce salmigondis mystico-magique et gore est un produit tendance, une sorte de jeu vidéo noyé dans une débauche d’effets visuels tapageurs et de mouvements de caméra trépidants qui étouffent le récit. Il s’agit du tout premier film entièrement tourné en numérique haute définition, écrit par le romancier Jean-Christophe Grangé (auteur de Les Rivières pourpres) et réalisé pour 23 millions d’euros par Pitof (alias Jean-Christophe Comar), concepteur des effets spéciaux de La Cité des enfants perdus et d’autres films de J.-P. Jeunet et Marc Caro. Les extérieurs sont filmés à Bordeaux (quartier Saint-Michel), aux châteaux de Champlâtreux, de Chantilly (Oise) et d’Arnet, à Pontoise, à Paris (Hôtel des Invalides, cimetière du Père Lachaise) et sur les bords du Grand Morin au château de Pommeuse, puis retravaillés de fond en comble par ordinateur. Le résultat, irréel, stylisé, est primé au Festival international du film de Catalogne 2001 (film, réalisateur débutant, bande sonore, effets spéciaux, maquillages), nomination au Grand prix européen du film fantastique à Bruxelles et au festival Fantasporto 2002. Les auteurs du film se sont visiblement fait plaisir, mais le nom de Vidocq dans ce récit relève de l’abus pur et simple, même si, physiquement, Depardieu lui ressemble de manière frappante.
2010(tv) Vidocq – Le Masque et la Plume (FR) d’Alain Choquart
François Aramburu, Pascal Fontanille/Merlin Productions-TF1 (TF1 3.5.10), 100 min. – av. Bruno Madinier (François-Eugène Vidocq), Gérald Laroche (Dominique dit le Corse, son bras droit), Julie Debazac (Dolorès), Arthur Jugnot (Marcelin), Gabrielle Atgier (Sœur Louise), Frédéric van den Driessche (Georges Ségur), Juliet Lemonnier (Anne Ségur, sa fille), Tony Gaultier (la Colère), Bruno Lochet (Larousse), Mathilde Lebrequier (la Plume), Thierry Gibault (inspecteur Lapierre), Gilles-Vincent Kapps (Cabochard), Charlie Dupont (Dumont).
Synopsis : Paris en 1811. Alors que l’insaisissable bande criminelle des « Dandies » enlève Anne, la fille du riche banquier Georges Ségur, et réclame une rançon, Vidocq multiplie les initiatives pour trouver l’argent nécessaire à la création et à l’équipement de sa brigade de police parallèle, la future Sûreté. Devant l’incompétence de la police traditionnelle, le banquier propose à Vidocq de débloquer les fonds dont il a besoin s’il retrouve et libère auparavant sa fille. Vidocq accepte le défi, recrute ses premiers hommes parmi ses amis de la pègre et délivre la jeune héritière des griffes de prédateurs chapeautés. Jaloux, haineux, l’inspecteur Lapierre tente vainement d’infiltrer la nouvelle brigade par ses propres espions. Le mythe naît ...
Dépossédé de sa gouaille, guetté par la lassitude, pris de passion incoercible mais sans espoir pour une accorte nonne (sœur Louise), le Vidocq endimanché de Bruno Madinier n’évoque sans doute « en rien le gredin tempétueux qui s’évada du bagne et rédigea, en son temps, son propre dictionnaire d’argot » (Télérama, 28.4.10), mais il est psychologiquement fort crédible et sans doute plus proche de l’authentique détective que les incarnations précédentes. Le vieux Paris est reconstitué en Indre-et-Loire, à Talcy, Blois, Tours, Villandry et dans l’ancienne tannerie de Château-Renault. Réalisé par le chef opérateur fétiche de Bertrand Tavernier, écrit par Hervé Korian et prévu comme pilote d’une nouvelle série, ce téléfilm de bonne facture restera hélas sans suite, faute d’écho suffisamment positif à l’audimat.
2018* L'Empereur de Paris (FR) de Jean-François Richet
Eric Altmayer, Nicolas Altmayer/Mandarin Films-Gaumont-France 2 Cinéma-France 3 Cinéma-BNP Paribas Pictures-Scope Pictures-CN6 Prod.-Actes prolétariens-120 Films, 110 min. - av. Vincent Cassel (François-Eugène Vidocq), Fabrice Luchini (Joseph Fouché), Olga Kurylenko (la baronne de Giverny), Freya Mavor (Annette), August Diehl (Nathanaël de Wenger), Denis Lavant (Maillard), Patrick Chesnais (Henry, directeur de la Sûreté), William Sciortino (un bagnard), Antoine Lelandais (Fleur d'Épine), Jean-François Richet (le maréchal Ney), MARK SCHNEIDER (Napoléon), Denis Ménochet (l'inspecteur Dubillard), Jérôme Pouly (Courtaud), James Thierrée (Loîc, duc de Neufchâteau), Némo Schiffman (Charles de Neufchâteau).
Après son évasion spectaculaire du plus grand pénitencier de l'Empire en 1805, une galère au large de Toulon, Vidocq se fait passer pour mort, mais il est vite rattrapé par son passé. Pour éviter la prison, il passe un accord avec le chef de la police de Paris: l'aider à combattre la pègre. Ses succès sont immédiats, mais il doit affronter Nathanaël de Wenger, un ancien compagnon d'infortune qui devient son plus redoutable et plus impitoyable ennemi, finalement terrassé dans les catacombes où Vidocq perd plusieurs de ses amis-collaborateurs. - Les aventures de la plus fameuses des balances servie par un réalisateur plus porté sur l'action (assez enlevée) que sur la dialectique: on ferraille à tout bout de champ dans un enchaînement de clichés prévisibles, le tout dans un emballage de grand luxe, avec reconstitutions spectaculaires du Paris de l'époque (avec imagerie numérique), des bas-fonds aux ors de l'Empire. Tournage en automne 2017, notamment dans les châteaux de Vaux-le-Vicomte et Fontainebleau ainsi que dans la cathédrale Saint-Maclou de Pontoise. Une métaphore des rapports sociaux bouleversés par la Révolution et de la difficile stabilisation du régime napoléonien. Cassel est très convaincant, Luchini en Fouché faux-jeton un véritable régal. Dans le rôle du Corse, l'Américain Mark Schneider, très ressemblant; il a déjà campé Napoléon dans divers docu-fictions et à l'occasion de nombreuses reconstitutions historiques en Europe. Une des productions françaises les plus coûteuses de l'année, sortie au Arras Film Festival 2018, mais qui ne parvient pas à amortir son énorme budget. Nominations aux Césars des meilleurs costumes et décors. - US, GB: The Emperor of Paris, DE: Vidocq - Herrscher der Unterwelt, IT: L'Imperatore di Parigi, ES: El emperador de Paris.