Ia - NAPOLÉON ET L'EUROPE
8. NAPOLÉON REDESSINE LA CARTE D’ITALIE
8.5. Naples entre République Parthénopéenne et Monarchie
En 1738, le royaume de Naples a été réuni avec celui de Sicile, devenant le ROYAUME DES DEUXSICILES. Ferdinand IV, de la dynastie des Bourbons d’Espagne, y règne depuis 1759. Naples, la capitale, est la troisième ville d’Europe, dominée surtout par l’énergique reine Marie-Caroline de Habsbourg (1752-1814), fille de l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche et la sœur la plus proche de Marie-Antoinette. La décapitation de cette dernière explique l’hostilité tenace et vengeresse du couple royal envers la France républicaine. Premier ministre et favori de la reine, Sir John Acton aligne la politique napolitaine sur celle de Londres, substituant l’influence de l’Autriche et de la Grande-Bretagne à celle de l’Espagne ; Ferdinand IV entre dans la coalition contre la France en 1798. Sir William Hamilton est ambassadeur de Grande-Bretagne à la cour de Naples de 1764 à 1800, cour où séjourne le contre-amiral Horatio Nelson – qui courtise bientôt son épouse, Lady Emma Hamilton, une amie proche de la reine.
Le 15 février 1798, l’assassinat du général Léonard-Mathurin Duphot par des soldats de l’armée papale donne le prétexte aux troupes françaises d’intervenir dans les États pontificaux. Les patriotes romains fondent une République romaine qui englobe les États pontificaux, le pape Pie VI ayant été sommé par le Directoire de quitter les lieux. En novembre, les Napolitains déclarent la guerre à la France et envahissent Rome avec l’appui des Anglais. Le 11 décembre, le général républicain Jean-Étienne Championnet chasse les Napolitains de Rome et marche sur Naples. Ferdinand IV se replie en Sicile, tandis que Championnet organise à Naples la République parthénopéenne (ou napolitaine), qui va durer cinq mois, de janvier à juin 1799. Réinvesti dans sa capitale par l’armée antijacobine de la Santa Fede du cardinal Fabrizio Ruffo (que soutiennent les flottes russes, anglaises et ottomanes), Ferdinand IV ordonne une épuration sanglante ; près de 120 000 libéraux sont victimes de la répression, des centaines sont massacrés ou passés par les armes, dont l’amiral rebelle Francesco Caracciolo.
En février 1806, le Bourbon perd de nouveau ses États de terre ferme pour avoir violé la neutralité qu’il avait jurée à Napoléon et avoir rejoint la Troisième Coalition (contre l’avis du cardinal Ruffo, qui est destitué). Après la victoire d’Austerlitz, l’Empereur charge Masséna d’envahir le royaume de Naples pour la deuxième fois (14 février) et installe son frère Joseph sur le trône. En 1808, lorsque Joseph est nommé roi d’Espagne, la partie continentale du royaume de Naples est dévolue au maréchal Joachim Murat (1767-1815), beau-frère de Napoléon, marié à Caroline Bonaparte. Murat prend le nom de Joachim Ier, abolit les droits féodaux et seigneuriaux, amnistie les exilés politiques et privilégie les Italiens par rapport aux Français au sein du gouvernement, ce qui accroît sa popularité. Le Bourbon se réfugie à nouveau en Sicile où il maintient son pouvoir. Les tentatives successives de Murat d’envahir la Sicile échouent, l’île étant solidement défendue par la flotte britannique, et, depuis Palerme, Ferdinand IV participe aux coalitions successives contre la France.
Après l’abdication de Napoléon en 1814, Murat conclut une entente hasardeuse avec l’Autriche pour conserver le trône de Naples, malgré les protestations de Ferdinand IV et l’hostilité des autres alliés. Sans illusions quant au soutien de Vienne, Murat se rallie à Napoléon pendant les Cent-Jours et, par la Proclamation de Rimini (30 mars 1815), il s’allie aux nationalistes italiens dans l’espoir de sauver son royaume : il appelle toute la Péninsule à l’insurrection contre le joug autrichien en se présentant comme le porte-drapeau de l’indépendance. Sa proclamation, qui enthousiasme Alessandro Manzoni et les Carbonari, ouvre le débat sur l’unification de l’Italie. Mais la guerre austro-napolitaine, prologue du Risorgimiento à venir, s’achève par la défaite de Murat à Tolentino (3 mai). Murat s’enfuit en Corse, puis est capturé et fusillé par des troupes de Ferdinand IV lors d’une tentative de débarquement à Pizzo, en Calabre (13 octobre).
1909 | ® Il figlio di Nelson e l’uccisione dell’ammiraglio Caracciolo (IT) d’Oreste Mentasti. – L’Italie se remémore l’amiral républicain Francesco Caracciolo (1752-1799), présenté ici comme la victime de Lady Emma Hamilton. En 1793, il commandait l’escadre napolitaine qui participa aux coups de main des Britanniques contre Toulon, mais en 1798, après avoir été humilié par la cour, il se rallia aux révolutionnaires jacobins. Nelson le fait pendre sur ordre de la reine (ce que tait le film) (cf. p. 280). |
1910 | Gioacchino Murat – Dalla locanda al trono (Joachim Murat) (IT) de Giuseppe De Liguoro Milano Films, 276 m./16 tableaux. – av. Giuseppe De Liguoro (Joachim Murat) et la Compagnie du Théâtre de la Scala de Milan. – Les principales étapes de la carrière stupéfiante de Murat, palefrenier et fils d’aubergiste. Coureur de jupons, artilleur, il se distingue sur le champ de bataille, devient maréchal d’Empire, se couvre de gloire à Wagram et épouse Caroline Bonaparte, la sœur de l’Empereur. Napoléon le place sur le trône de Naples (1808), trône qu’il tente vainement de reconquérir après Waterloo. Le peloton d’exécution l’attend ... Au cours du XIX e siècle, Murat, monarque très populaire à Naples, admiré pour sa flamboyance et son goût du panache, devient aux yeux des nationalistes italiens un précurseur malchanceux de Garibaldi, les Carbonari l’ayant même courtisé pour unifier l’Italie. Giuseppe De Liguoro, qui tourne sur les sites historiques, au château de Carimate (Lombardie) et dans le studio milanais de la Via Farini avec 400 figurants pour les batailles (charges de cavalerie), transpose ici sa propre pièce de théâtre, Murat o la fine di un re, créée à Rome en 1901. Plusieurs membres de l’aristocratie lombarde – les familles Visconti, Greppi, Durini, etc. – participent à la reconstitution très élaborée du film, qui sera présenté au deuxième Concours cinématographique de Milan en octobre 1910. – GB : Joachim Murat, from the Tavern to the Throne, ES : Joaquín Murat. |
1912 | Le ultime ore di Murat (Les Dernières Heures de Murat) (IT) Società Italiana Cinès (Roma), 169 m. – av. Amleto Novelli (Joachim Murat). – Battu par les Autrichiens à Tolentino en mai 1815, durant les Cent-Jours, Murat s’établit en Corse à l’annonce de la défaite de Waterloo. Lorsque près de mille partisans l’entourent, il se prend à rêver d’une reconquête de son trône à Naples. Mais en débarquant sur la côte calabraise, début octobre, il se heurte à une population hostile. Il est capturé, incarcéré au château du port du Pizzo et fusillé sur ordre du roi Ferdinand. Il meurt avec bravoure. – GB : Last Hours of Murat, US : How a Brave Man Died, ES : Ultimas horas de Joaquín Murat. |
1912 | Una congiura contro Murat, re di Napoli 1815 / Une conspiration contre Murat, roi de Naples (1815) (IT/FR) Il Film d’Arte Italiana (Roma)-Série d’Art Pathé Frères S.A. (Paris), 665 m. (dont 580 en Pathécolor). – av. Giovanni Pezzinga (Joachim Murat), Fernanda Battiferri (Anna Perugini), Bianca Lorenzoni (Caroline Murat-Bonaparte), Ciro Galvani. En traversant incognito le quartier de Santa Lucia, Murat, roi de Naples, protège Anna, une jeune fleuriste contre l’agression de soldats avinés. Anna s’éprend de son généreux protecteur, puis apprend à qui elle a eu affaire au moment où son père, le conspirateur Perugini, un fleuriste désigné pour détrôner Murat, attente à la vie du souverain. Anna déjoue le complot et obtient de Murat la grâce de son père qui, lui, la renie. Protégée par le capitaine Renzi, qui l’aime, elle entre au service de la reine Caroline comme camériste, mais ne peut dissimuler sa passion pour le roi. Elle refuse d’épouser Renzi et fuit la cour afin de ne pas susciter la jalousie de la reine. Réfugiée dans un monastère, elle surprend une seconde conspiration de son géniteur contre son idole et sauve Murat au prix de sa vie, en lui servant de bouclier contre les balles des assassins. – GB : A Conspiracy Against Murat, ES : Una conspiración contra Murat. |
1914 | Addio felicità ! (IT) d’Enrico Novelli Giano Films, Genova, 1000 m. – av. Edna Novelli, Giuseppe Ciabattini, Luigi Lambertenghi, Flora D’Alteno, Giulietta De Riso. – Obscur mélodrame présenté par la publicité comme un « épisode de la Révolution parthénopéenne de 1799 ». |
1918 | ® Nelson (GB) de Maurice Elvey. – av. Edward O’Neill (Ferdinand IV). |
1919 | ® The Romance of Lady Hamilton (GB) de Bert Haldane. – av. Frank Dane (Ferdinand IV), Maud Yates (Marie-Caroline de Habsbourg). |
1921 | ® Lady Hamilton (DE) de Richard Oswald. – av. Reinhold Schünzel (Ferdinand IV), Else Heims (Marie-Caroline de Habsbourg), Paul Bildt (l’amiral Francesco Caracciolo). |
1929 | ® The Divine Lady (US) de Frank Lloyd. – av. Michael Vavitch (Ferdinand IV), Dorothy Cumming (Marie-Caroline de Habsbourg). |
1931 | A Portuguesa de Nápoles (PT) de Henrique Costa Mello-Castello Branco, 1313 m. – av. Maria Sol / Maria do Céu Foz (Leonor da Fonseca Pimentel), Heloisa Clara, António Pinheiro, Barreto Poeira, Francisco Sena, Rafael Alves, João Sabido. Film muet portugais (vraisemblablement perdu) sur Leonor da Fonseca Pimentel (1752-1799), la « Portugaise de Naples », journaliste jacobine, poétesse, pédagogue, biologiste et fondatrice du journal officiel de la République napolitaine. Accusée de conspirer contre les Bourbons, elle sera exécutée sur la place du Marché à Naples le 20 août 1799. Pour plus de détails, cf. infra : Il resto di niente ! (2004) d’Antonietta De Lillo. |
1941 | ® That Hamilton Woman (Lady Hamilton) (US) d’Alexander Korda. – av. Luis Alberni (Ferdinand IV), Norma Drury (Marie-Caroline de Habsbourg). |
1941 | Le educande di Saint-Cyr [= Les écolières de Saint-Cyr] (IT) de Gennaro Righelli Giorgio Carini/Mediterranea Film, 88 min. – av. Carlo Tamberlani (Joachim Murat, roi de Naples), LUIGI CARINI (Napoléon), Maria Jacobini (Joséphine de Beauharnais), Vanna Vanni (Gisèle Monclair), Silvana Jachino (Gemmina Merian), Maurizio D’Ancora (Renaud Marchand), Elio Steiner (Marcel de St. Hérem), Lola Braccini (la directrice du pensionnat), Enzo Gainotti (le colonel d’Acqueville), Romolo Costa (La Rochelle, préfet de police), Nino Marchesini (Aubry), Olinto Cristina (le marquis de St. Hérem). Synopsis : En 1808, à l’École de cavalerie de Saint-Cyr, qui avoisine le pensionnat de jeunes filles du même nom, deux cadets, Renaud Marchand et Marcel de St. Hérem, sautent le mur pour courtiser Gisèle et Gemmina. Le quatuor est découvert, car ce même jour, Joachim Murat, maréchal, surintendant général de la Cavalerie impériale et roi de Naples, fait une inspection surprise à l’école des officiers tandis que l’impératrice Joséphine visite ses pupilles au pensionnat. C’est le scandale, une punition s’impose. Joséphine et les familles concernées exigent qu’un double mariage soit organisé sur le champ. Le lendemain de l’hymenée forcé (et non consommé), Napoléon promeut Renaud et Marcel au rang d’officiers et les fait transférer à la cour de Murat à Naples, appliquant en cela une maxime personnelle : « En amour, la seule victoire, c’est la fuite. » Gisèle et Gemmina gagnent secrètement Naples avec l’appui de l’impératrice pour reconquérir l’amour des époux déserteurs. Ce qui finit par arriver après divers incidents impliquant la police napolitaine et les faiblesses connues de Murat pour la gent féminine ; le roi fait semblant de tomber sous le charme de ces dames, suscitant la jalousie des deux officiers, puis il laisse repartir en France les deux couples enfin réunis. À l’origine de ce scénario léger, léger, filmé à Cinecittà, on trouve Les Demoiselles de Saint-Cyr, une comédie d’Alexandre Dumas écrite en collaboration avec Leuven et Brunswick-Lhérie (1843), matière qui fera également l’objet de deux opéras-comiques, l’un de Josef Dessauer (Ein Besuch in Saint-Cyr, 1838), l’autre de Cesare Bacchini (Le Damigelle de Saint-Cyr, 1890) et d’un opéra d’Engelbert Humperdinck (Die Heirat wider Willen/Mariage forcé, 1905). Sauf que le vaudeville de Dumas se déroule en 1700 sous Louis XIV et Mme de Maintenon ainsi qu’à la cour de Philippe V d’Espagne (où se terrent les jeunes officiers) ! Le film opte pour l’adaptation théâtrale de l’auteur dramatique Carlo Veneziani (revue pour le cinéma par Alessandro De Stefani), qui transpose l’action en Italie à l’époque napoléonienne. Le cinéma mussolinien ne cache pas sa sympathie pour Murat, futur porte-drapeau de l’indépendance nationale. « Connaissez-vous bien les Italiens ? » demande Napoléon à Murat après lui avoir expliqué comment se comporter avec ses sujets, et celui-ci répond : « Je connais Votre Majesté... » Une manière de souligner la filiation implicite entre le Corse et la Péninsule sous la botte fasciste. Néanmoins, la comédie conserve ses accents d’opérette, genre que le réalisateur Righelli n’ose aborder franchement, de sorte que sa saynète finit par s’enliser dans l’insipide. – ES : Las educandas de Saint-Cyr. |
1942 | Luisa Sanfelice (IT) de Leo Menardi Vittorio Mussolini/Alleanza Cinematografica Italiana, 75 min. – av. Laura Solari (Luisa Sanfelice), Massimo Serato (Ferdinando Ferri), Osvaldo Valenti (Horatio Nelson), Carlo Ninchi (le banquier Gerardo Baccher), Hilde Sessak (Lady Emma Hamilton), Stelo Carnabuci (cav. Andrea Sanfelice), Jole Ferrari (la princesse Clementina), Armando Migliari (Lord Aston), Ada Dondini (Camilla Molinis), Annibale Betrone, Rina De Liguoro. Synopsis : La marquise Luisa Sanfelice, une aristocrate napolitaine, héberge Ferdinando Ferri, un révolutionnaire blessé qui lutte contre l’asservissement du gouvernement de Ferdinand IV aux Anglais et qui est recherché par la police. Elle s’éprend de lui et épouse ses idées, mais Ferri, une fois rétabli, repart au combat en laissant Luisa enceinte. Lors des représailles des Bourbons, elle paie son engagement politique de sa vie : elle meurt sur l’échafaud après avoir mis au monde un enfant, porteur d’espoir. Officiellement, il s’agit d’un sujet concocté par le fils cadet du Duce, Vittorio Mussolini (qui apparaît au générique sous le pseudonyme anagrammatique de Tito Silvio Mursino), matière que l’auteur dramatique Luigi Chiarelli transforme en scénario ; sans doute les auteurs se sont-ils également servis dans le livre de Benedetto Croce sorti à Bari en 1942, Luisa Sanfelice e la congiura dei Baccher. Les perfides Anglais (Nelson et Lady Hamilton), les banquiers opportunistes (les Baccher) et les aristocrates efféminés n’ont évidemment pas le beau rôle dans ce grand mélodrame fasciste aux effets lacrymaux appuyés, tourné à Cinecittà et à Naples (Chiesa del Carmine, Castelnuovo). En fait, dans ses grandes lignes, le scénario se sert tant de l’intrigue popularisée jadis par Alexandre Dumas dans La San Felice (cf. infra, remakes télévisuels de 1966 et 2004) que de l’histoire revue à la lumière du folklore local. On se garde cependant bien de rappeler que l’amant si romantique de la Sanfelice, le juriste et politicien italien Ferdinando Ferri (1767-1857), incarné à l’écran par Massimo Serato (un séduisant jeune premier qui se spécialisera dans les rôles de canailles), fut effectivement un révolutionnaire dans sa jeunesse et dénonça la conjuration antijacobine des banquiers suisses Baccher – mais qu’il s’inféoda aux Bourbons à la Restauration et tourna par la suite plus d’une fois casaque : incarcéré et condamné à l’exil en 1801, il devint en 1806 fonctionnaire de l’administration sous Joseph Bonaparte et Murat, puis termina sa carrière comme dévoué ministre des Finances et président de la Grande Cour des comptes au service des Bourbons. |
1946 | Les Beaux Jours du roi Murat / L’eco de la gloria (Sorridete morte / Sorridete Maestà) (FR/IT) de Théophile Pathé Alexandre Schwartzmann/Pathé Cinéma (Paris)-Dora Film (Torino-Milano), 85 min. – av. Claude Génia (Geneviève de Campredon), Alfred Adam (Joachim Murat, roi de Naples), Tito Gobbi (le prince Castelli / prof. Tonizza), Junie Astor (Caroline Murat-Bonaparte, la reine), Liliane Lombard (la princesse Laetitia Murat), Raymond Cordy (père la Grogne), Charles Deschamps (Morticoli), Mino Doro (Maghellea, chef de la police), Germana Paolieri (comtesse Zicky), Luce Feyrer (Laure de Courlande), Nunzio Filogamo (Martini), Rosetta Cassinis, Vera Lizzi, G. Bozzano. Synopsis : Naples en été 1809, au palais Capodimonte. Peu habile dans les dédales de la politique, Murat règne depuis un an aux côtés de Caroline, la sœur de Napoléon, et la cour s’apprête à célébrer cet anniversaire. Mais la révolte couve dans le royaume, le peuple demande plus de libertés ; le chef des conjurés, le prince Castelli, qui est beau et a une belle voix, s’introduit dans le palais comme ténor sous le nom de Tonizza, et conte fleurette à la jolie Geneviève de Campredon. La nuit de la fête royale, le palais sera pris d’assaut. Martini, le véritable ténor engagé pour les festivités, séquestré par les conspirateurs, parvient toutefois à s’échapper et à alerter la police. Le prince Castelli est arrêté avec ses complices et il serait fusillé, si la malicieuse reine Caroline, Geneviève et le chef de la police lui-même ne fléchissaient le roi Murat. Celui-ci pardonne au prince et bénit publiquement ses fiançailles avec Geneviève, à la grande joie des Napolitains. Neveu des fondateurs Charles et Émile Pathé et directeur du Pathé-Journal durant les années vingt, Théophile Pathé (dont c’est l’unique réalisation) boucle ce divertissement sans prétention aux studios FERT à Turin et en extérieurs à Naples et à Capri. Le mise en scène est maladroite, le scénario (dû à Pathé) a dix ans de retard. La critique descend son film en flammes, le public l’ignore, malgré la prestation du Vénétien Tito Gobbi en aristocrate rebelle, un des plus célèbres barytons de sa génération, future vedette à Salzbourg, Milan et San Francisco. Quant à Alfred Adam, disciple de Louis Jouvet à la scène, scénariste et auteur dramatique (Sylvie et le fantôme), il fait un roi Murat physiquement assez ressemblant, irritable, susceptible, plus à l’aise à diriger une charge de cavalerie que sur un trône assiégé par les intrigants. |
1947 | The Adventures of Casanova / El capitán Casanova (Le Règne de la terreur) (US/MX) de Roberto Galvadon Leonard S. Picker-Eagle-Lion Films Hollywood (Bryan Foy), 83 min. – av. Arturo de Córdova (Giacomo Casanova), Lucille Bremer (Bianca D’Albernasi), John Sutton (comte Julien de Brissac), Turhan Bey (Lorenzo), Fritz Leiber (Bernardo D’Annecci), Georges Tobias (Jacopo), Noreen Nash (Zanetta). Une aventure apocryphe du grand séducteur : En 1796, tandis que Bonaparte affronte les Autrichiens dans le Piémont, Casanova, ses compagnons Felipe et D’Annecci et des partisans siciliens luttent à Palerme contre l’occupant hispano-autrichien et le gouverneur de Brissac, envoyé spécial du roi de Naples, et dont le but secret est de se rendre maître de la Sicile à des fins personnelles. Bien qu’amoureux de la fille du comte, Casanova tue ce dernier, responsable de toutes les exactions contre le peuple, en duel. Un petit film de cape et d’épée un peu tiré par les cheveux, tourné aux studios Churubusco et au château de Chapultepec à Mexico City. En 1796, le véritable Casanova, âgé de 71 ans, avait d’autres préoccupations : syphilitique, grabataire et abhorrant l’idéologie républicaine, il se morfondait en Bohème où il allait mourir deux ans plus tard ! |
1948 | *I pirati di Capri / The Pirates of Capri / Captain Sirocco (Le Pirate de Capri) (IT/US) d’Edgar G. Ulmer et Giuseppe Maria Scotese Victor Pahlen, Niccolò Theodoli/AFA-Industrie Cinematografiche Sociali (ICS)-United Artists, 94 min. – av. Louis Hayward (capitaine Sirocco, alias comte d’Amalfi), Mariella Lotti (comtesse Mercedes de Villalta y Lopez), Massimo Serato (baron von Holstein), Binnie Barnes (Marie-Caroline de Habsbourg, reine de Naples), Eleonora Rossi Drago/Virginia Belmont (Annetta), Alan Curtis (commodore Van Diel), Mikhail Rasumny (Peppino), William Tubbs (Pignatelli), Michel Sorel (Niccolo), Linda Christian, Arianné Ulmer. Synopsis : Automne 1798. Ayant destitué le pape, conquis Rome et investi Capoue, les troupes françaises du général Championnet s’approchent de Naples. Dans la mer Tyrrhénienne, un vaisseau de guerre de la flotte royale napolitaine transportant une importante cargaison d’armes et de munitions est appréhendé par une fausse troupe d’acrobates sous la direction du mystérieux capitaine Sirocco, alias le comte d’Amalfi. Héros du peuple, ce justicier pirate mène une double vie : il est d’une part à la tête d’un groupe de libéraux napolitains sympathisant avec la France révolutionnaire, de l’autre il amuse la cour de la reine Marie-Caroline de Habsbourg – dont il est le favori – par ses poèmes insolents et ses manières affectées. Son ennemi mortel, le baron von Holstein – un Allemand, bien sûr ! – vise le poste de Premier ministre et dirige la police secrète qui fait régner la terreur dans le royaume, torturant et tuant à volonté. Ses efforts pour découvrir l’endroit où sont cachées les armes subtilisées par le pirate en attendant l’insurrection générale n’aboutissent pas, et malgré ses soupçons, il ne parvient pas à piéger et à démasquer Amalfi. Ce dernier ouvre les yeux de la reine ébranlée (elle ne peut plus entendre le mot « peuple » depuis que sa sœur Marie-Antoinette a été exécutée) et la pousse à abdiquer et à s’embarquer pour Palerme avec sa cour. Les Napolitains prennent le palais d’assaut, tandis qu’Amalfi règle ses comptes avec von Holstein lors d’un duel spectaculaire. Affirmer que cette représentation de l’instauration de la République parthénopéenne en janvier 1799 est un peu simplifiée relève de la litote : ici, le roi Ferdinand IV n’existe pas (il est vrai qu’il ne régnait guère, mais quand même ...), pas plus que les Anglais et les Français ; la reine mentionne juste l’avancement de l’Armée de Rome de Championnet au début du film, c’est tout. Mais pourquoi bouder son plaisir devant cette variante sans prétention, plutôt rondement menée du Mouron Rouge ou de Zorro, sans doute le meilleur film à costumes du cinéaste germano-américain Edgar Ulmer ? Ce dernier retourne pour la première fois en Europe après la chute du Reich, sur incitation du producteur américain Victor Pahlen, lui-même soutenu financièrement par le richissime marquis italien Niccolò Theodoli. Ulmer dirige ainsi un des budgets les plus importants de sa carrière aussi bizarre que bigarrée, et sa réalisation, fluide, inventive, n’est pas indigne de celle d’un Michael Curtiz, notamment dans les séquences de combats finaux, aux éclairages fabuleux (ombres portées géantes) et au montage trépidant, le tout soutenu par la musique entraînante du jeune Nino Rota. Le poète-aristocrate rebelle est campé par la vedette sud-africaine Louis Hayward, un ami d’Ulmer qui fut déjà D’Artagnan, le capitaine Blood, Edmond Dantès et le bandit Dick Turpin dans une flopée de petits films de cape et d’épée à Hollywood. Âme damnée du cinéma-bis, le fringuant Massimo Serato dirige la Gestapo napolitaine. Le tournage en Italie prend presque trois mois, à Amalfi, dans le golfe de Salerne, à Tarante (ville apulienne à moitié détruite par les bombardements anglais), au Palazzo Brancaccio à Rome (pour la salle du trône) et à Cinecittà. Dans la version italienne, Eleonora Rossi Drago remplace Virginia Belmont et Giuseppe Maria Scotese signe officiellement la mise en scène (sans y avoir touché), ce qui permet de débloquer des fonds gouvernementaux. Le scénariste Sidney Alexander consignera ses souvenirs du tournage rocambolesque dans un roman, The Celluloid Asylum, paru en 1951. – GB : The Masked Pirate, DE : Piraten von Capri, ES : El pirata de Capri. |
1950 | ® Donne e briganti / Fra Diavolo (IT/FR) de Mario Soldati. – av. Giuseppe Porelli (Ferdinand IV). |
1953 | ® Admiral Ouchakov (Amiral Tempête) (SU) de Mikhail Romm. – av. Sergej Martinson (Ferdinand IV), Ada Voitsik (Marie-Caroline de Habsbourg). |
1959 | Ferdinando I, re di Napoli (IT/FR) de Gianni Franciolini Silvio Clementelli/Titanus Film (Roma)-Société Générale de Cinématographie (Paris), 105 min. – av. Peppino De Filippo (Don Ferdinando Palermo alias Ferdinand I/IV), Titina De Filippo (Titina), Vittorio De Sica (Mgr. Seccano), Marcello Mastroianni (Gennarino), Eduardo De Filippo (Pulcinella), Rosanna Schiaffino (Nannina, sa fille), Aldo Fabrizi (un citoyen), Renato Rascel (Mimi, le cocher), Jacqueline Sassard (Cordelia), Giacomo Furia (Don Ciccillo), Nino Taranto (le ministre Tarantella), Angela Luce (camériste). Synopsis : Naples, en février 1806. Le « roi fainéant » (« il re lazzarone ») Ferdinand IV de Naples – aussi appelé Ferdinand III de Sicile, ou Ferdinand I er des Deux-Siciles (dès 1816) – s’ennuie au palais. Tourmenté par son épouse Marie-Caroline, par son fils capricieux Francesco, par Monseigneur Seccano qui lui promet la béatification, par son ministre Tarantella qui lui porte la poisse, par son cocher Mimi qui lui donne des leçons de politique, le souverain quitte incognito son palais et se mêle au peuple. Dans les tavernes mal famées et les bordels, il porte le nom de Don Ferdinando Palermo. Il recherche le comédien Pulcinella, hostile à son règne et responsable de chansons férocement satiriques. Il s’éprend de sa fille, Nannina, elle-même fiancée au patriote rebelle Gennarino (l’auteur secret des paroles des dites chansons). Nannina rend ce dernier jaloux en flirtant avec Don Palermo. Ayant découvert la double vie du « roi fainéant », deux journalistes anglais sont sur le point de publier un article incendiaire sur la monarchie bourbonnaise. Déguisé, le roi identifie l’auteur des couplets et, accompagné de soldats, s’apprête à arrêter Pulcinella – lorsqu’on apprend que l’armée royale napolitaine a été écrasée par Masséna à Campo Tenese (9 mars) et que les troupes napoléoniennes sont aux portes de Naples ; la reine Marie-Caroline, sous la protection des Anglais, s’est déjà éclipsée en Sicile avec sa cour. Aidé par son cocher, le roi s’enfuit en catastrophe, tandis que la population est en liesse. Joseph Bonaparte monte sur le trône. Une comédie napolitaine en CinemaScope et Eastmancolor filmée aux studios Titanus à Rome et sur place dans la baie de Naples et au palais royal de Caserta, écrite sur mesure pour le trio burlesque Peppino, Titina et Eduardo De Filippo (ce dernier avec le visage caché derrière le masque de Pulcinella) par Pasquale Festa Campanile et Massimo Franciosa. Le résultat est insignifiant, malgré une affiche réunissant en outre De Sica, Mastroianni, Rascel, Fabrizi, Schiaffino, Sassard, etc. De grands comédiens ne font hélas pas un grand film et Gianni Franciolini, un vétéran du cinéma fasciste dont c’est la dernière besogne, laisse ce petit monde s’agiter sans intervenir. Quoique cofinancé par la SGC à Paris, son film est inédit en France. Une rectification : le titre du film induit en erreur, car le véritable Ferdinand I er, roi de Naples, régna de 1458 à 1494, et c’était un Aragonais, non un Bourbon. Le monarque dont il est question ici était officiellement roi de Sicile (péninsulaire) ou des Deux-Siciles, et non de Naples. – GB : Ferdinand of Naples. |
1961 | ® (tv) Fra Diavolo (FR) de Jean Kerchbron. – av. Jacqueline Jefford (Marie-Caroline de Habsbourg). |
1965 | ® (tv) Le Prétendant (FR) de Pierre Badel. – av. Jean Martin (Ferdinand IV), Anne Monnier (Marie-Caroline de Habsbourg). |
1966 | *(tv) Luisa Sanfelice (IT) de Leonardo Cortese Andrea Camilleri/RAI (Programma Nazionale 15.5.-26.6.66), 7 x 60 min. – av. Lydia Alfonsi (Luisa Sanfelice), Giulio Bosetti (Ferdinando Ferri), Mila Vannucci (Eleonora de Fonseca Pimentel), Stefano Satta Flores (Gennaro Baccher), Silvano Tranquilli (Gerardo Baccher), Gerardo Herter (Horatio Nelson), Elisa Cegani (la reine Marie-Caroline de Habsbourg), Guido Alberti (Ferdinand IV, roi de Naples), Vittorio Sanipoli (l’amiral Francesco Caracciolo), Carlo D’Angelo (Mario Pagano), Enzo Turco, Antonella Della Porta, Antonio Casagrande, Aldo Rendine, Elsa Ghiberti, Aldo Bufi Landi. Synopsis : Dame de cour de la reine Marie-Caroline, veuve d’un aristocrate dépensier et vain, la marquise Luisa Sanfelice s’éprend de Ferdinando Ferri, un jeune chef jacobin, en janvier 1799, lorsque Naples est investi par les Français et devient une République. Ferri est à la tête d’une révolte antiroyaliste soutenue par la bourgeoisie cultivée et libérale du pays. Cinq mois plus tard, les Bourbons reprennent le dessus avec l’appui des Anglais, et Luisa, mise aux fers par la police royale, paie son engagement politique de sa vie. Le feuilleton de 7 heures (en noir et blanc) qu’en tire la RAI ne passe pas inaperçu, mobilisant 150 rôles parlants et une centaine de figurants. Le scénario, signé par le romancier Ugo Pirro (scénariste de Le Jardin des Finzi-Contini de Vittorio De Sica en 1970) et Vincenzo Talarico, est basé lointainement sur l’intrigue brossée par Alexandre Dumas, même si celui-ci ne figure pas au générique (en fait, Dumas remplace Ferdinando Ferri par un révolutionnaire fictif, Salvatore Palmieri – cf. 1942 et 2004). Le tournage avec les premières télécaméras électroniques s’effectue au Centro di Produzione RAI à Naples, complété par divers extérieurs en ville. Le rôle-titre revient à Lydia Alfonsi, une actrice émilienne née à Parme, grande interprète au théâtre de Garcia Lorca, O’Neill et Euripide, et dont Mario Soldati disait que c’était « une virtuose de haute volée, une Rubinstein de la récitation » ; la prestation ardente, passionnée de la tragédienne marquera les téléspectateurs pendant des décennies et le feuilleton, qui récolte un succès aussi considérable qu’imprévu, est resté dans les annales de la RAI (rediffusion en 1968). La production a été opportunément mise en chantier au moment où le gouvernement d’Aldo Moro s’allie avec la gauche et où, dans le sein de l’Église catholique, Jean XXIII entame ses réformes : le souffle de contestation qui anime le récit trouve un public particulièrement réceptif. |
1968 | ® Les Amours de Lady Hamilton (FR/DE/IT) de Christian-Jaque. – av. Mario Pisu (Ferdinand IV), Nadja Tiller (Marie-Caroline de Habsbourg), Venantino Venantini (l’amiral Francesco Caracciolo). |
1975 | (tv) Murat – Generale napoleonico, dal 1808 al 1815 re di Napoli / Murat a Napoli (IT) de Silverio Blasi (RAI1 15.-29.6.75), 3 épisodes. – av. Orso Maria Guerrini (Joachim Murat), RAOUL GRASSILLI (Napoléon), Paola Bacci (Caroline Murat-Bonaparte), Mario Feliciani (Fouché), Elisabetta Carta (Pauline Bonaparte), Roldano Lupi (Marzio Mastrilli Di Gallo), Guido Leontini (Trentacapilli), Vittorio Sanipoli (gén. Nunziante), Antonio Casagrande (cpt. Starace), Manlio Guardabassi (Frojo), Aldo Massasso (Giuseppe Zurio), Filippo Attanasio (Achille), Emilio Cappuccio (Pietro Colletta), Mario Laurentino (Masdea), Giuseppe Fortis (Cristoforo Saliceti), Diego Michelotti (Joseph Bonaparte), Gianni Musy (le roi Ferdinand Ier des Deux-Siciles), Roberto Pescara (le ministre Medici), Nicola Del Buono (Eugène de Beauharnais), Pier Luigi Zollo (Matteo Galdi). évocation télévisuelle d’un chef de guerre téméraire, séduisant et vaniteux, un cavalier légendaire dont la fougue électrise ses soldats (la charge de cavalerie à Eylau). Napoléon refuse sa participation à Waterloo, ce qu’il regrettera plus tard. Parallèlement à sa carrière militaire, le film de Blasi se penche sur le rôle capital que joua Murat pour les Napolitains et les thuriféraires de l’unité italienne. |
1982 | ® (tv) I Remember Nelson: Recollections of a Hero’s Life (GB) de Simon Langton. – av. Paolo Bonacelli (Ferdinand IV, roi de Naples), Raf Vallone (l’amiral Francesco Caracciolo). |
1999 | Δ Ferdinando e Carolina (IT/FR) de Lina Wertmüller ; Edwige et Edwin Fenech/Immagine e Cinema-Canal Plus-Medusa, 102 min. – av. Sergio Assisi (Ferdinand IV, roi de Naples), Gabriella Pession (la reine Marie-Caroline de Habsbourg). – Sur son lit de mort, en 1825, le roi Ferdinand, malade, décrépit, essaie d’oublier les étapes sanglantes de son règne en se remémorant son enfance et sa jeunesse insouciantes, suivi d’un mariage politique avec la sœur de Marie-Antoinette. Un film vulgaire et creux dans lequel la cinéaste fait l’impasse sur toute la période entre 1798 et la chute de l’Empire. Seuls quelques flashs de mémoire (têtes décapitées, gorges tranchées) rappellent les ignominies d’un règne aveugle, Ferdinand n’ayant pas hésité, après son retour d’exil et l’exécution de Murat en 1815, à demander à la Sainte-Alliance l’occupation de ses États par l’armée autrichienne pour refuser la Constitution de 1820 et réinstaurer l’absolutisme. |
2003/04 | *(tv) Luisa Sanfelice / La San Felice (IT/FR/DE/ES) de Vittorio et Paolo Taviani RAI Fiction-Pampa Production (Nicolas Traube)-France 2-Victory Media Group-Alquimia Cinema-Ager 3 (Grazia Volpi)-Cattleya (Riccardo Tozzi) (RAI 25.-26.1.04 / FR2 15.5.04), 179 min. – av. Laetitia Casta (Luisa Sanfelice), Adriano Giannini, (gén. Salvatore Palmieri/Salvato Sanfelice), Cecilia Roth (la reine Marie-Caroline de Habsbourg), Emilio Solfrizzi (le roi Ferdinand IV de Naples), Marie Bäumer (Lady Emma Hamilton), Johannes Silberschneider (Lord Horatio Nelson), Lello Arena (Pasquale De Simone), Linda Batista (Eleonora de Fonseca Pimentel), Mariano Rigillo (le chevalier Luciano [Andrea] Sanfelice), Carmelo Gómez (Denis Fabricio, cardinal Ruffo), Jean-Yves Bertelot (gén. Jean-Etienne Championnet), José Angel Egido (dott. Cirillo), Aketza López Totrika (le grand-duc Francesco, fils du roi), Margarita Lozano (Marga, la voyante), Yuri Gugliucci (Michele Sanfelice), Teresa Saponangelo (Assunta), Steffen Wink (Andreas Backer/Baccher), Antonino Iuorio (Fra Pacifico), Roberto Nobile (comte Ascoli), Cristiana Capotondi (Maria Clementina), Lello Giulivo (l’ambassadeur Dominique Joseph Garat), Glauco Onorato (Carramanico). Synopsis : La marquise Luisa Sanfelice, 20 ans, est mariée à un homme âgé, un érudit qui l’entoure d’une grande tendresse et la respecte. Une voyante prédit à la jeune femme mélancolique un avenir bref mais passionné. Émissaire secret du général Championnet chargé de transmettre aux insurgés napolitains des informations sur le renversement du roi Ferdinand IV, Salvatore Palmieri est poignardé devant la demeure de Luisa ; il est laissé pour mort, ses documents sont subtilisés. Luisa le soigne secrètement. Follement éprise de ce brun ténébreux aux yeux verts elle épouse la cause de l’armée républicaine française et des élites de Naples, alliés contre la monarchie des Bourbons. En janvier 1799, Ferdinand IV s’enfuit à Palerme avec sa cour ; Luisa hésite à suivre son mari en exil, une tempête met son navire à mal et elle reste sur place. Quoique mal à l’aise avec les théories révolutionnaires, la douce Italienne devient malgré elle la marraine emblématique de la nouvelle République parthénopéenne lorsqu’elle dénonce le complot du banquier contre-révolutionnaire Baccher (amoureux sans espoir de Luisa) et évite ainsi la mort aux nouveaux dirigeants. Baccher est fusillé, ce sera l’unique (sic) fait de sang d’une utopie politique qui va durer à peine cinq mois. L’Église, représentée par Fra Pacifico, se range du côté des Républicains. En Sicile, la reine Marie-Caroline fulmine tandis qu’en Calabre, sous les auspices du puissant cardinal Ruffo, un sosie du prince Francesco (l’héritier chétif du trône) rassemble une « Sainte Armée » réactionnaire, constituée de brigands, d’illettrés et de fanatiques religieux. Le cardinal proclame que saint Antoine lui serait apparu dans un songe et, crédule, la population rurale se rallie en masse à ses troupes. Les Français quittent Naples d’urgence pour contrer l’offensive austro-russe de Souvorov dans le Milanais. Enceinte de Salvatore, Luisa refuse de les suivre : son enfant naîtra napolitain. En juin 1799, les Bourbons reprennent la cité, Ferdinand IV ordonne une répression sanglante. Le traité d’armistice signé avec le cardinal Ruffo est bafoué par le roi ; on dénombre des milliers de morts. Luisa, dont le roi a refusé la grâce, assiste depuis sa cellule à l’exécution de Salvatore et de ses compagnons. Elle les suit sur l’échafaud sept mois plus tard, le 11 septembre 1800, après avoir mis au monde un fils, Salvato, que le vieux chevalier Sanfelice prend sous sa protection. Épilogue : à l’âge de 18 ans, Salvato lutte aux côtés de Simon Bolivar pour libérer l’Amérique du Sud... C’est le deuxième téléfilm des frères Taviani (après le Résurrection de Tolstoï), zélés défenseurs du genre lyrico-politique à l’écran et stimulés, disent-ils, par la relative méconnaissance de ce « moment sublime » de l’histoire nationale qu’aurait été la République parthénopéenne. La Sanfelice est déjà apparue deux fois à l’écran, en 1942 et en 1966 (cf. supra), aussi les cinéastes cherchent-ils cette fois leur inspiration dans des sources étrangères, en adaptant deux romans fleuves oubliés d’Alexandre Dumas, La San Felice et Emma Lyonna (1864/65), au risque de se perdre dans les dédales d’une profusion d’intrigues parallèles. Le tournage de cette téléfresque cosmopolite est au diapason de la matière traitée : 78 jours avec quelque 500 figurants, à Naples (Castel Sant’Elmo), à Paestum, au palais royal de Caserta, à Benevento, à Palerme (palais royal), au château Orsini-Odescalchi à Bracciano, à Bratislava en Slovaquie (décors du port de Naples, de Mascio Angioino, du palazzo Sanfelice) et à Cinecittà, pour la somme de 15 millions d’euros. Le film est touffu (la première partie traîne un peu), baroque et naïf, mais ne manque pas d’un certain charme feuilletonesque, devenant même émouvant dans les ultimes remous de la tragédie, quand les cinéastes se laissent emporter par la violence des événements : un long plan-séquence détaille les exactions des royalistes (femmes dénudées dans la rue, enfants jetés par la fenêtre, civils attachés et précipités dans les flots), l’exécution d’abord ratée de la San Felice, un spectacle proche de la boucherie, etc. La Française Laetitia Casta, un ancien « top model » initié au cinéma par Patrice Leconte et Raoul Ruiz, ne possède hélas pas l’envergure du rôle-titre, sa prestation, évanescente et falote, manque de conviction. Le couple royal, en revanche, a tendance à voler la vedette aux tourtereaux : Emilio Solfrizzi fait un splendide Ferdinand IV, cynique, brutal et lucide, de son propre aveu plus intéressé à la chasse qu’à sauver son trône, tandis que la reine jouée par Cecilia Roth, déprimée, hantée par des images de guillotine, se réfugie dans les plaisirs saphiques. Mais cela ne suffit pas à captiver le public ; l’audimat en France est très décevant, avec moins de deux millions de téléspectateurs. Quant au fond du récit, tout exaltant et romanesque fût-il, il y a lieu d’y mettre un bémol. Comme à son accoutumée, Dumas s’est approprié l’histoire de Luisa, l’a unie à un mari de trois fois son âge (en vérité, il avait un an de plus qu’elle), bienveillant et compréhensif, puis jetée dans les bras d’un unique grand amour, le rebelle fictif Salvatore Palmieri ; les frères Taviani ont suivi le romancier avec enthousiasme, noircissant les uns, embellissant les autres, faisant de surcroît de leur héroïne une féministe avant l’heure, qui lutte pour les droits de ses sœurs. L’authentique Maria Luisa Fortunata de Molina Sanfelice (1764-1800), d’origine hispano-italienne, épousa son cousin Andrea Sanfelice (1763-1808) à 17 ans. Le mariage fut turbulent, les conjoints vivaient séparés ; tombée enceinte (de père inconnu ?), Luisa fut temporairement punie de cour. Don Andrea était perclus de dettes et dilapidait le patrimoine familial, au point où le roi dut intervenir à la demande de la famille, plaçant les époux Sanfelice sous tutelle et leurs trois enfants dans un collège. En 1794, Don Andrea s’échappa du monastère où il était consigné et enleva sa femme, contrainte par décret royal, elle aussi, de vivre retirée du monde dans divers cloîtres. En 1798, il semble avoir obtenu une charge publique à la régie des douanes, mais lorsque la République Parthénopéenne fut instaurée, Don Andrea était absent, caché chez son frère à Salerne pour échapper à des créditeurs. Il ne revint à Palerme qu’après la mort de sa femme et y finit ses jours dans la misère ... Lorsque sort le film des Taviani, l’idéalisation romantique de la Sanfelice, l’angélisme du portrait de cette « traîtresse à sa patrie » et les libertés prises par Dumas avec l’histoire locale suscitent la colère des Néobourbons de Naples, un cercle monarchiste qui proteste devant les bâtiments de la RAI au nom des « victimes innocentes des Français et des Jacobins ». D’autres voix s’élèvent dans la presse, plus à propos, contre la représentation falsifiée de la Sanfelice et du contexte général du récit : ainsi, malgré toute l’admiration que Benedetto Croce porte aux martyrs napolitains de juin 1799, on note que le célèbre historien, politicien et philosophe antifasciste considère Luisa comme une « femme de peu d’intelligence » dont la condamnation aurait plus été liée à ses frasques sexuelles – partagées entre un mari irresponsable et au moins deux de ses amants, le républicain Francesco Ferri et le royaliste Gerardo Baccher – qu’à un engagement politique (cf. Luisa Sanfelice e la congiura dei Baccher, 1942). Ferri aurait découvert, dissimulé entre les seins de sa maîtresse, un sauf-conduit pour quitter la ville portant le sceau des Bourbons et des Anglais, ce qui aurait entraîné l’arrestation du rival Baccher et de ses amis, et leur exécution – survenue le 13 juin, le jour même de la capitulation de la République devant les troupes de la Santa Fé. Rien de très héroïque. Eleonora Pimentel de Fonseca (cf. infra, Il resto di niente !, 2004) écrivit dans son périodique Il Monitore Napoletano que Luisa avait ainsi sauvé la révolution – un article dithyrambique qui valut à cette dernière la peine de mort. Sur conseil de sa famille, Luisa parvint à retarder son exécution en simulant une grossesse ; le subterfuge ne fut découvert que plusieurs mois après par une commission médicale, raison pour laquelle les monarques dupés refusèrent la grâce. Quant à l’insurrection spontanée des Napolitains, elle pourrait bien n’être qu’un mythe, car en janvier 1799, l’armée royale était défaite. Les souverains s’étaient enfuis, abandonnant la capitale à son sort, et la plèbe furieuse faisait la loi dans les rues. Haïs par le peuple, les Jacobins locaux, en majorité des bourgeois et quelques aristocrates éclairés, se barricadèrent dans le fort de Sant’Elmo. En pénétrant dans la ville, l’armée française de Championnet se heurta à la résistance désespérée de la population napolitaine, les combats firent 8000 morts. Une fois à l’abri des étendards tricolores, les Jacobins sortirent de leur refuge et proclamèrent la République. Une révolution ? |
2004 | Il resto di niente ! (IT) d’Antonietta De Lillo Factory S.r.L., 108 min. – av. Maria de Medeiros (Eleonora de Fonseca Pimentel), Enzo Moscato (Gaetano Filangieri), Rosario Sparno (Gennaro), Imma Villa (Graziella), Luca Nicolaj (Antonio Fonseca Abate), Federico Pacifici (Clemente Fonseca), Raffaele Esposito (dott. Domenico Cirillo), Ciro Di Maio (Vincenzo Russo), Daniele Russo (Giuliano Colonna), Renaud Personnaz (gén. Jacques MacDonald). La révolutionnaire Eleonora de Fonseca Pimentel (1752-1799) est une aristocrate intellectuelle née à Rome mais d’origine portugaise, l’amie et la bibliothécaire de la reine Marie-Caroline de Naples. Despote éclairée, la reine rejette toutefois les idées républicaines d’Eleonora, qui est emprisonnée. Avec l’arrivée des Français, elle devient un personnage politique incontournable. Son exécution pour crimes d’État lors du retour des Bourbons, le 17 août 1799, marque la fin de l’utopie d’une République parthénopéenne à Naples (d’après le roman d’Enzo Striano, 1986, 400 000 exemplaires vendus en Italie). Portugaise elle-même, Maria de Medeiros, petite, volontaire, donne au rôle de la passionaria jacobine une force inespérée. Actrice, réalisatrice et chanteuse (d’expression française), révélée internationalement dans Pulp Fiction de Quentin Tarantino (1994), Maria de Medeiros n’est retournée dans sa patrie qu’en 1974, à l’occasion de la Révolution des Œillets, événement scellant la fin de la dictature de Salazar et dont elle fera un film de fiction en 2000, Capitaines d’avril. C’est dire qu’elle était prédestinée pour ce rôle. Cf. aussi supra, A Portuguesa de Nàpoles (1931). |
2006 | *Fuoco su di me (Tirez au cœur) (IT) de Lamberto Lambertini Sergio Scapagnini, Luciano Stella/Indrapur Cinematografica-Stella Film-RAI Cinema, 100 min. – av. Omar Sharif (prince Nicola), Massimiliano Varrese (Eugenio), Sonali Kulkarni (Graziella), Zoltán Rátóri (Joachim Murat), Susanna Smith (Caroline Bonaparte Murat), Maurizio Donadoni (Aymon), Nicola Di Pinto (majordome), Marc Fiorini (comte Mayer), Markos Keyto (Goya), Giacinto Palmarini (Masseo), Bruno Leone (Burattinaio), Antonella Stefanucci (gouvernante), Giacinto Palmarini (Masseo), Surama De Castro (Camille), Filomena Iavarone (Gioconda), Bruno Marinelli (le ministre). Synopsis : Naples en 1815, pendant les derniers mois du règne de Murat. En flash-back, les triomphes et l’épilogue tragique d’un monarque imposé par Napoléon, mais qui a su enflammer la passion des Napolitains en faveur du rêve – sans doute prématuré – d’une Italie réunifiée. Alors que Napoléon voyait d’un mauvais œil les succès de son beau-frère et maréchal auprès de ses nouveaux sujets et considérait Naples comme une simple province de l’Empire utile à sa politique hégémoniale et militaire, Murat a gagné le cœur d’une population assoiffée de paix et de stabilité : il souhaite régner pour elle seulement. Arrêté par les troupes de l’Ancien Régime en Calabre, il dirige lui-même son peloton d’exécution, ordonnant aux soldats d’épargner son visage (d’où le titre du film). L’histoire est vue à travers les yeux du jeune Eugenio, un officier de la Grande Armée blessé sur le champ de bataille et de retour dans sa ville natale après un long séjour en France. Convalescent, il vit chez son grand-père adoré, le prince Nicola, un sage lettré qui rédige une Chronique napolitaine. À son contact et en le confrontant, il réalise, tantôt fasciné, tantôt confus, la réalité contradictoire de cette capitale européenne ballottée entre idéaux monarchistes, républicains et nationalistes. L’amour intense pour une beauté locale de Procida, Graziella, une fille du peuple qui travaille le corail, et la rencontre avec l’ermite Masseo l’aident à surmonter ses tourments idéologiques et à retrouver son identité. Lambertini (à la fois réalisateur et scénariste) fignole une imagerie romantique très composée, un peu maniérée à la Visconti, avec d’amples mouvements de caméra, mais à l’occasion, son récit – tourné à Naples et à Procida (Santa Margherita, Terra Murata) – s’englue dans des considérations oisives sur la dialectique action/passivité, raison/sentiments, etc. Alors que le jeu de l’interprète du jeune Eugenio laisse à désirer, l’affiche est dominée par deux apports exotiques : la star égyptienne Omar Sharif et la ravissante Indienne Sonali Kulkarni. Au festival de Venise, le film remporte le « Premio Cinema e Cultura del Dialogo della Regione Veneto » et reçoit le prix David di Donatello (décors), avec deux nominations pour costumes et effets visuels. – Titre international : Fire at My Heart, ES : Disparadme ! |
2011 | (vd) Evviva’o Rre. Rievocazione della sbarco, cattura, condanna e fucilazione di Re Gioacchino Murat (IT) de Leonardo Febbraro ReteCalabria (REC), 14 min. – Une évocation vidéo de la capture et de l’exécution de Murat en 1815 à Pizzo di Calabria, avec reconstitutions et acteurs anonymes, dans le cadre des festivités pour le 150 e anniversaire de l’unité de l’Italie (1861-2011). |
2011 | (vd) Il sogno di Gioacchino Murat : l’Italia unita (IT) de Donatello Baglivo Produzione CIAK2000, 5 min. – av. l’Associazone Storico Culturale Capo di Lupo. – Reconstitution vidéo du retour de Murat dans le royaume de Naples et de son exécution. |