Ia - NAPOLÉON ET L'EUROPE
9. NAPOLÉON FACE À L’IRRÉDUCTIBLE ANGLETERRE
9.1. Vingt ans de guerre, sept coalitions et le Blocus continental
1908 | Napoleon and the English Sailor / Napoléon et le marin anglais (GB/FR) d’Alf Collins Établissements Gaumont S.A. (Paris), 149 m./170 m. – av. HERBERT DARNLEY (Napoléon), Arthur Page (le marin). – Synopsis : En 1805, un marin britannique, prisonnier de guerre à Boulogne mais libre de déambuler sur la plage, découvre un tonneau et le transforme secrètement en petite embarcation. Napoléon l’aperçoit du haut d’une falaise, le fait arrêter et lui demande qui est l’objet de sa passion pour vouloir pareillement affronter les flots et risquer sa vie. Le marin répond qu’il est anxieux de revoir sa vieille mère. Ému, l’Empereur ordonne sa libération et son transfert sur un navire anglais après lui avoir remis une pièce d’or. La vieille mère déborde de joie en accueillant son fils qu’elle croyait ne plus jamais revoir. Une retombée cinématographique de l’Entente cordiale franco-anglaise de 1904 ? Outre son historiette sentimentale, ce petit film met en évidence la forte différence existant à cette époque entre le sort des prisonniers de guerre en France et en Angleterre. Alors qu’une majorité de prisonniers français croupissait, couverte de vermine et nourrie irrégulièrement, dans les cachots humides des pontons de Portsmouth (ou leurs homologues espagnols de Cadix), les officiers et soldats anglais en France devaient souscrire un engagement de ne pas s’évader, moyennant quoi ils étaient libres de circuler dans la ville qui leur était assignée et de parcourir un rayon de deux lieues. Certains officiers généraux vivaient dans une liberté quasi complète. Ce régime ne s’appliquait pas aux récalcitrants, à ceux qui avaient tenté de s’évader ou qui étaient poursuivis par la justice, une catégorie qui était enfermée dans les citadelles de Bitche ou de Verdun. – DE : Napoleon und der englische Matrose im Feldlager von Boulogne 1805. |
1912 | His Wife’s Brother / L’Évasion (GB/FR) d’A. E. Coleby Britannia Films-Pathé, 692 ft./190 m. – En 1800, un marin français des équipages de la République s'évade du ponton de Portsmouth où il était emprisonné et se cache chez sa sœur qui avait épousé un fermier anglais avant les hostilités ; son beau-frère égare le peloton de soldats lancé à sa poursuite et assure son retour en France. |
1912 | Beau Brummell (US) de James Young J. Stuart Blackton, Albert A. Smith/Vitagraph Co. of America, 1000 ft./1 bob./17 min. – av. James Young (George Bryan Brummell, dit Beau Brummell), Clara Kimball Young (Helen Ballarat), Charles Chapman (George, prince de Galles), Julia Swayne Gordon (la duchesse), Edwin R. Phillips (Lord Ballarat), étienne Girardot (Isadore, valet de Brummell), Helene Costello, Rex Ingram, James Morrison. La vie et la déchéance du dandy Brummell à la cour du Prince Régent, entre 1796 et 1816, d’après la pièce de Clyde Fitch (1890) et la nouvelle de Booth Tarkington (cf. infra, film de 1954). Avec une fin optimiste : Brummell crève littéralement de faim lorsque survient son ami de toujours, Lord Alvanley, avec des vivres. |
1917 | **Terje Vigen (Terje Vigen) (SE) de Victor Sjöström Charles Magnusson/Svenska Biografteatern, 4 actes/1129 m./56 min. – av. Victor Sjöström (Terje Vigen), Bergliot Husberg (sa femme), August Falck (le Lord), Edith Erastoff (la Lady). Synopsis : En 1809, alors que le Danemark et la Norvège sont ralliés à la cause de Napoléon, Terje Vigen, un marin norvégien affamé de la région de Grimstad, au sud, tente de forcer le blocus des ports scandinaves afin de nourrir sa famille en ramenant en contrebande des vivres du Danemark. Sa barque est interceptée par une corvette anglaise. Enchaîné, Terje passe cinq ans de sa vie dans les geôles anglaises à Fjaere, sur des pontons humides et malsains. Quand il rentre enfin chez lui, en 1814, tous les siens sont morts de faim. Sa maison est occupée par des inconnus. Vieilli et amer, il rumine sa vengeance et vit en solitaire. Pourtant, Terje intervient au risque de sa vie et brave seul la tempête quand un yacht anglais est en péril. Il reconnaît parmi les rescapés du naufrage le capitaine de la corvette qui a détruit sa vie, un Lord flanqué de sa femme et de son enfant. Après avoir envisagé un instant de les noyer, il leur pardonne et retourne à sa solitude. – Considéré comme une étape décisive du cinéma suédois, le film est alors le plus cher produit dans le pays (60 000 couronnes, soit le triple d’un film courant). Son succès international – Terje Vigen sera vendu aux États-Unis et en Union soviétique – et ses éminentes qualités artistiques incitent la Svenska Biograf à orienter désormais sa production vers des sujets plus culturels, mais aussi à investir mieux dans moins de projets. Le scénario de Sjöström et Gustav Molander est tiré d’un célèbre poème d’Henrik Ibsen (1857). Le cinéaste, qui tient également le rôle-titre, choisit de photographier sa ballade épique pour la majeure partie en décors naturels, illustrant avec un sens aigu du paysage et un lyrisme alors rarement vu à l’écran la lutte de l’homme contre les éléments – et contre sa propre Némésis, mais aussi la communion pacifiante avec la nature. Son film a été tourné pendant trois mois en extérieurs à Landsort sur l’île d’Öja et à Lidingö (archipel de Stockholm), où l’on construit des cabanes de pêcheurs à la norvégienne, ainsi que dans les anciens studios Biograf de Kristianstad. La matière semble avoir déjà fait l’objet d’une adaptation par la Deutsche Bioscop GmbH Berlin en 1910. En 1933, Hans Hinrich en fabriquera un remake pour la Deutsche Eidophon-Film GmbH (Berlin) sous le titre de Das Meer ruft, avec Heinrich George, mais l’action en est transposée sur une île de la Baltique pendant la Première Guerre mondiale ; un deuxième remake, norvégien celui-là, est réalisé par Mari Monrad Vistven en 2006 et situé dans un contexte contemporain. – GB, US : A Man There Was. |
1922/23 | Königin Karoline von England (DE) de Rolf Raffé Indra-Film Rolf Raffé (München)-Union Film, 2754 m. – av. Carla Nelsen (Caroline de Braunschweig), Ernst Schrumpf (George III), Charles Willy Kayser (George, prince de Galles, Prince Régent, George IV), Julia Serda (la reine Charlotte d’Angleterre), Erich Kaiser-Titz (Lord Brougham), Emmy Sturm (Lady Jersey). La vie de Caroline de Braunschweig/Brunswick (1768-1821), reine de Grande-Bretagne, d’Irlande et de Hanovre, cousine de George, prince de Galles. Ce dernier est contraint de l’épouser en 1795 après l’annulation de son mariage morganatique avec Maria Anne Fitzherbert. Les époux se détestent mutuellement (elle trouve le prince trop gras). La cour tourne le dos à Caroline qui se retire pendant dix ans à Blackheath, tandis que George retourne auprès de Mrs. Fitzherbert. En 1806/07, le prince ordonne une enquête sur l’infidélité supposée de Caroline. Elle est réhabilitée et s’installe en 1810 à Kensington Palace. À la chute de Napoléon, elle quitte l’Angleterre, visite l’Europe, envisage un temps de rendre visite à Napoléon sur l’île d’Elbe et s’établit en Italie du Nord. George, devenu Régent en 1811, intente neuf ans plus tard un scandaleux procès en adultère à son épouse (d’où elle sortira à nouveau innocentée), lui interdisant même la porte de l’abbaye de Westminster le jour de son couronnement, en 1821. La reine, qui a toujours refusé de divorcer, décède cette même année, des rumeurs d’empoisonnement persistent. Le film donne le point de vue de la princesse allemande sur ce mariage catastrophique, largement ignoré du public britannique. |
1924 | *Beau Brummel (Le Beau Brummel) (US) de Harry Beaumont Warner Bros., 10 473 ft./127 min. – av. John Barrymore (George Bryan Brummell, dit Beau Brummell), Mary Astor (Lady Margery Alvanley), Willard Louis (George, prince de Galles), Carmel Myers (Lady Hester Lucy Stanhope), André de Béranger (Lord Byron), Irene Rich (Frederica Charlotte, duchesse de York), Alec B. Francis (Mortimer), William Humphrey (William Arden, Lord Alvanley), Richard Tucker (Lord Stanhope), Clarissa Selwyn (Mrs. Wertham). Officier de l’armée britannique, Brummell (1778-1840) – qui s’écrit ici avec un seul « l » – se met à mener une vie de débauché quand la femme qu’il aime, Lady Margery, est contrainte d’épouser Lord Alvanley. Il gagne l’amitié du prince de Galles, quitte son régiment de hussards et devient l’indispensable arbitre de la mode, de l’élégance et du bon goût à la cour royale. Mais son insolence et son indiscrétion avec les femmes lui font beaucoup d’ennemis. Il tombe en disgrâce après avoir insulté le Régent (« qui est ce patapouf ? ») et, criblé de dettes, s’enfuit en France où il croupit dans la misère, abandonné de tous, excepté de son valet Mortimer. Sa fierté lui fait refuser l’aide de ses amis, et même de Margery, à présent veuve. Ayant perdu ses esprits, il reçoit dans sa mansarde des invités imaginaires avant de rendre l’âme. En 1923, Harry Warner, patron de la jeune Warner Bros., réussit un coup d’éclat en attirant en Californie John « The Great Profile » Barrymore, le roi du théâtre américain (contre la somme alors astronomique de 100 000 $ par film). L’idole de Broadway tourne le dos à Hamlet pour incarner Beau Brummell sous les sunlights de Sunset Boulevard et devient la plus grande star du studio durant les années vingt, interprétant par la suite le capitaine Ahab, Don Juan, François Villon et le chevalier Des Grieux. Le film est mis en chantier par Sidney Franklin qui, en raison de retards, doit céder sa place à Harry Beaumont, metteur en scène moins talentueux. Le résultat à l’écran est visuellement somptueux (coûts : 343 000 $), porté par le magnétisme de Barrymore, mais un peu statique, répétitif et trop long (le film terminé doit être réduit de 14 à 10 bobines). Le script, tiré de la pièce à succès de Clyde Fitch (1890), imagine un grand amour de Brummell, rôle confié à une débutante de 17 ans, la délicate Mary Astor, qui fait tourner la tête de son illustre partenaire (le cinéphile ne l’a pas oubliée en sirène maléfique de The Maltese Falcon/Le Faucon Maltais aux côtés de Humphrey Bogart). Comme souvent dans ses films ultérieurs, Barrymore prend un plaisir manifeste à détruire son image de « beau », notamment vers la fin, ravagé par l’âge, l’usure et la démence (les jeux de miroirs). Mais Hollywood reste loin de l’authentique Brummell, patronyme écrit ici avec un seul « l » (pour les références historiques concernant le père du dandysme, cf. infra, film de 1954). – IT : Lord Brummell, AT : Beau Brummell – Glück und Ende des englischen Casanova, ES : El árbitro de la elegancia. |
1933 | The Flag / A History of the British Flag (GB) de Mary Field H. Bruce Woolfe/British Instructional Films Ltd., 980 ft. – av. Frank Hubert (le Premier ministre Sir William Pitt). – Court métrage didactique illustrant l’adoption définitive du drapeau britannique (« Union Jack ») en 1801. |
1934 | *The House of Rothschild (La Maison des Rothschild) (US) d’Alfred L. Werker [et Sidney Lanfield] Darryl F. Zanuck, William Goetz, Raymond Griffith/20th Century Pictures (20th Century-Fox), 87 min. – av. George Arliss (Mayer Amschel Rothschild / Nathan Rothschild, son fils aîné), Boris Karloff (comte Ledrantz), Loretta Young (Julie Rothschild), Robert Young (cpt. Fitzroy), C. Aubrey Smith (Arthur Wellesley, duc de Wellington), Alan Mowbray (prince de Metternich), LOU SHAPIRO (Napoléon), Georges Renavent (Talleyrand), Lumsden Hare (George, Prince Régent), Gilbert Emery (Robert Banks Jenkinson, comte de Liverpool, le Premier ministre), Charles E. Evans (comte Karl Robert von Nesselrode, diplomate russe), Murray Kinnell (James Rothschild à Paris), Paul Harvey (Salomon Rothschild à Vienne), Homes Herbert (Rowerth), Arthur Byron (Baring), Helen Westley (Gudula Rothschild), Reginald Owen (Herries), Florence Arliss (Hannah Rothschild), Ivan F. Simpson (Amschel Rothschild à Francfort), Noel Madison (Carl Rothschild à Naples), E. H. Calvert (Lord Chamberlain). Synopis : à Francfort (royaume de Prusse) en 1780, les Juifs ont l’interdiction de faire du commerce, de cultiver la terre ou de quitter leur ghetto, la « Judengasse », après le coucher du soleil. Sur son lit de mort, escroqué et persécuté par les collecteurs d’impôts, le patriarche Mayer Rothschild conseille à ses cinq fils de fonder chacun une banque dans un pays différent, le transport de liquidités par la route faisant l’objet de rapines constantes, opérées avec l’accord tacite des princes et de fonctionnaires corrompus. Il les supplie de travailler à l’unisson afin que leur peuple soit enfin traité avec dignité et respect. Trente-deux ans plus tard, à Londres en 1812, le banquier Nathan Rothschild, l’aîné de la famille, est devenu un ami personnel de Wellington. À la demande de ce dernier, il incite ses frères, banquiers à Vienne, Naples, Paris et Francfort, à financer la Sixième Coalition pour faire chuter Napoléon. Après la victoire des coalisés à Leipzig et la campagne de France, Napoléon est contraint d’abdiquer. Persuadé que les temps changent, Nathan autorise sa fille Julie à épouser un goy, le comte Fitzroy, et, en signe de gratitude, Wellington lui communique une demande secrète d’emprunt de la France de Louis XVIII pour la reconstruction et la stabilité économique du pays ; l’emprunt ferait de la maison Rothschild la plus puissante banque d’Europe. Mais les transactions sont annulées par le comte prussien Ledrantz, un antisémite farouche, ainsi que par Metternich et Talleyrand. Furieux, Nathan rompt les fiançailles de sa fille avec Fitzroy et l’éloigne à Francfort, où il la rejoint dans la vieille demeure familiale de la « Judengasse ». Ledrantz organise des pogroms sanglants contre les Juifs dans toute la Prusse et envisage même l’arrestation de Nathan – mais lorsque Napoléon s’échappe de l’île d’Elbe, Wellington le contraint d’implorer l’aide du banquier et éviter ainsi que ce dernier ne prête de l’argent au Corse. Nathan accepte en échange de la pleine reconnaissance des droits de son peuple, puis accorde la main de Julie à Fitzroy si ce dernier devait revenir vivant de la guerre. La victoire française à Ligny, le 16 juin 1815, sème la panique à la Bourse de Londres ; Nathan manœuvre pour éviter l’effondrement total du stock exchange jusqu’à la victoire de Wellington à Waterloo, deux jours plus tard. En remerciement de ses efforts salutaires pour sauver le crédit britannique pendant les Cent-Jours, il est anobli par la Couronne. Spécialisé dans le biopic et l’interprétation des grandes figures de l’histoire occidentale (Voltaire, Disraeli, Hamilton, plus tard Wellington et Richelieu) au début des années trente, le comédien britannique George Arliss a, en 1931, convaincu la Warner Bros. d’acquérir les droits de Rothschild, une pièce inédite de George Hembert Westley qui se concentre sur le baron Nathan Mayer Rothschild (1777-1836). Lors des guerres napoléoniennes, ce dernier permit aux armées anglaises de financer leurs campagnes avec des pièces d’or et d’argent ; en 1814, il avança 1,2 million de livres au gouvernement anglais, et lors des Cent-Jours, il fournit 9,5 millions de livres et pièces d’or aux armées coalisées. Carl Rothschild à Naples, James à Paris, Salomon à Vienne et Amschel à Francfort le soutenaient. Les frères Warner achètent la pièce, mais la rangent dans un tiroir. La matière devient brûlante avec l’arrivée d’Hitler en 1933 et le début des persécutions dans le Reich. À la veille de sa fusion historique avec la Fox Film, Darryl F. Zanuck, le jeune et dynamique patron des 20th Century Pictures, relève le défi : c’est un des très rares nababs hollywoodiens, sinon le seul, qui n’est pas juif (Zanuck alias Zanugg est originaire des Grisons catholiques, en Suisse). Ses confrères à la pointe de Warner, MGM, Paramount, RKO, Columbia ou Universal fuient les sujets relatifs à l’antisémitisme comme la peste, de crainte qu’ils ne réveillent des démons que trop présents en Amérique même. Pour Zanuck, au contraire, House of Rothschild est le premier jalon d’une filmographie qui s’attaquera souvent, avant et après la guerre, aux problèmes sociaux, raciaux et religieux du pays. (L’antisémitisme sera à nouveau au centre des débats avec Gentleman’s Agreement/Le Mur invisible d’Elia Kazan en 1947.) Scénariste de John Ford, Nunnally Johnson accentue – à la suggestion d’Arliss – le rôle du comte Ledrantz, ambassadeur de Prusse (un personnage fictif), l’antisémite germanique de service magnifiquement campé à l’écran par Boris Karloff, le monstre de Frankenstein : l’allusion à l’Allemagne nazie est sans équivoque. Le film est tourné du 13 décembre 1933 au 2 février 1934 aux studios de Fox Hills, en réutilisant des décors de la fresque Cavalcade (Frank Lloyd, 1933). Sidney Lanfield remplace passagèrement Alfred Werker pendant sa maladie. La scène finale – l’anoblissement par le Prince Régent – est photographiée en Technicolor trichrome (4 minutes) ; précisons à ce propos que le premier baron Rothschild ne fut pas le héros du film, mais son petit-fils Nathan « Natty » Mayer Rothschild, anobli en 1885 par la reine Victoria. Adulé dans les années vingt-trente, le jeu pédant, peu nuancé et théâtral d’Arliss (Oscar pour Disraeli) a aujourd’hui beaucoup vieilli ; par ailleurs, on peut regretter l’absence d’une mise en scène autre que fonctionnelle : homme à tout faire de la Fox, Werker, n’a pas marqué les annales. Mais, en dépit de sa narration terne, de son idéalisation de la dynastie banquière, de ses stéréotypes et ses clichés scénaristiques, le film soulève quelques questions épineuses. On sait que Napoléon, sans doute en politicien habile, libéra les Juifs des ghettos d’Ancône, de Rome, Venise, Vérone et Padoue pendant la campagne d’Italie en 1797, interdisant partout taxes spéciales, bonnets jaunes et brassards distinctifs. Les synagogues en France furent rendues au culte dès le Directoire, la liberté générale de culte fut inscrite dans le Code Civil (1804) et Metternich, consul d’Autriche à Paris, pouvait écrire en 1806 que « tous les Juifs voient en Napoléon leur messie ». L’Empereur leur accorda l’égalité civique et politique dans tous les territoires sous son autorité (y compris le Portugal), malgré de fortes résistances en Allemagne comme dans les milieux catholiques de France, malgré aussi la condamnation sans appel du tsar Alexandre, horrifié à l’idée d’affranchir la communauté hébraïque, cette « menace pour la chrétienté ». Après Waterloo, la discrimination religieuse fut rétablie dans de nombreux pays d’Europe, et le pape Pie VII imposa à nouveau la création de ghettos. Dans le film, les quatre frères de Nathan sont d’emblée enclins à aider financièrement l’Empire français, car, disent-ils, les nations coalisées sont toutes gouvernées par des tyrans, des monarchies de l’Ancien Régime hostiles à leur sang ; en plus, Paris offre un taux d’emprunt deux fois plus haut. Nathan les approuve sur le principe, mais considère néanmoins que l’Europe ne trouvera pas la paix sans la disparition de Napoléon et que seul le silence des canons peut améliorer la situation générale de son peuple. Toutefois, après avoir été écarté sournoisement pour des raisons raciales par Ledrantz et consorts, Nathan hésite un temps à soutenir Napoléon qui, lui, « accorde aux Juifs toutes les libertés » contre la coalition, avant de se décider à utiliser la reconnaissance de ces libertés comme monnaie d’échange. Il est intéressant de constater que le racisme dénoncé par le scénario se niche non pas chez l’adversaire napoléonien, mais dans le camp politique même auquel s’est rallié Rothschild. D’autre part, dans le contexte politique de 1934 vu par le monde anglo-saxon, on peut considérer qu’autant Ledrantz que Napoléon représentent chacun, à tour de rôle, un aspect de la menace hitlérienne : le raciste et le belliqueux. House of Rothschild récolte une nomination (abusive) à l’Oscar à titre de meilleur film de l’année et se positionne en deuxième place sur la liste annuelle de Film Daily pour 1934, signe d’une exploitation couronnée de succès. La bande est distribuée en Italie mussolinienne (à Milan, elle aurait même été acclamée par un public local hostile au nazisme). Quoique programmé au Lord Byron à Paris, le film est interdit par la censure française sous le prétexte qu’il s’agirait d’une « œuvre de propagande en faveur des israélites et que sa projection pourrait causer en France des désordres et un mouvement antisémite » (La Cinématographie française, 24.4.34). Il ne sera vu que six décennies plus tard – à la télévision. Goebbels le fait évidemment interdire dans le Reich, mais va en insérer deux extraits dans l’ignoble film de montage Der ewige Jude (Le Juif éternel) de Fritz Hippler en 1940. Cette même année sortira dans toute l’Europe occupée une réplique de la Ufa au film américain, Die Rothschilds d’Erich Waschneck (cf. infra). – AT : Die Rothschilds, IT : La casa dei Rothschild, ES : La casa de los Rothschild. |
1934/35 | ® The Iron Duke (Le Duc de fer / Wellington) (GB) de Victor Saville. – av. George Arliss (Arthur Wellesley, duc de Wellington). – Wellington, vainqueur de Napoléon à Waterloo et ambassadeur d’Angleterre à la cour de Louis XVIII, pendant les années 1815/16 (cf. p. 608). |
1936 | *Lloyds of London (Le Pacte / Lloyds de Londres) (US) de Henry King Darryl F. Zanuck/20th Century-Fox, 115 min. – av. Tyrone Power (Jonathan Blake), Madeleine Carroll (Lady Elizabeth Stacy), George Sanders (Lord Everett Stacy), John Burton (Lord Horatio Nelson), Hugh Huntley (prince de Galles), Thomas Pogue (Benjamin Franklin), Sir Guy Standing (John Julius Angerstein, directeur de Lloyd’s), Freddie Bartholomew (Jonathan Blake jeune), Douglas Scott (Horatio Nelson jeune), C. Aubrey Smith (Old ‘Q’), Virginia Field (Polly), J. M. Kerrigan (Brook Watson), Una O’Connor (la veuve Blake), Robert Greig (Lord Drayton), Vernon Steele (le peintre Sir Thomas Lawrence), Yorke Sherwood (l’écrivain Dr. Samuel Johnson). Synopsis : Norfolk en 1770. Deux jeunes adolescents, Jonathan Blake et Horatio Nelson, font un pacte : chacun suivra l’autre dans toute action périlleuse. La nuit, ils surprennent des inconnus qui s’apprêtent à escroquer l’assurance en sabordant un navire après en avoir caché la cargaison d’or. Mais Nelson doit partir en mer comme cadet de marine et Blake gagne seul Londres à pied pour avertir la société Lloyd’s. Reconnaissant, le directeur, John Julius Angerstein, l’engage et tandis que son ami Nelson monte en grade dans la marine, Blake devient un coursier ambitieux et inventif, mettant au point un télégraphe par sémaphore qui transmet les nouvelles depuis Calais. Lors des guerres révolutionnaires en France, Blake, de passage à Paris, sauve une compatriote menacée par les Jacobins, Lady Elizabeth Stacy, épouse négligée du puissant Lord Everett Stacy. Elizabeth et Blake se revoient en secret. La compagnie Lloyd’s est éprouvée par la guerre maritime avec la France : de plus en plus de navires sont interceptés et coulés, les primes d’assurance grimpent et menacent l’économie nationale, Angerstein exige que la flotte marchande soit protégée par les militaires. Mais Blake persuade le Parlement de ne pas affaiblir la Royal Navy, seule garante de la survie du pays, et investit sa propre fortune ainsi que celle d’Elizabeth pour garder Lloyd’s à flot. Il prend même le risque de faire courir le bruit (par sémaphore) selon lequel son ami Nelson aurait anéanti la flotte française. Persuadé qu’il s’agit d’une manœuvre mensongère, Lord Stacy envisage de le faire condamner pour haute trahison mais y renonce en apprenant que cela coûterait la fortune de sa femme. Quant il surprend Blake avec Elizabeth, il le blesse grièvement avant de mourir lui-même. Les événements donnent raison à Blake : le 21 octobre 1805, Nelson triomphe de la flotte française à Trafalgar, mais paie la victoire de sa vie. L’Histoire est un peu maltraitée (Jonathan Blake est évidemment un personnage fictif), mais cette fresque divertissante écrite par le scénariste anglais Ernest Pascal ne manque pas de panache et parvient même à rendre intéressante la progression de la légendaire maison d’assurance. Le charisme juvénile de Tyrone Power, 23 ans, n’y est pas pour rien : c’est son premier rôle de star. Le vétéran Henry King (qui le dirigera onze fois) l’a imposé alors que le chef de studio Zanuck et ses « yes-men » misaient sur Don Ameche ; c’est également le premier film à Hollywood du toujours cynique George Sanders qui fait une entrée fracassante dans la galerie des canailles de classe. Budgétée à 850 000 $, c’est la plus coûteuse production Fox de l’année (tournage à Century City, Los Angeles), où Benjamin Franklin croise le peintre Sir Thomas Lawrence qui parle au prince de Galles, lui-même occupé à converser avec le romancier Samuel Johnson après avoir laissé l’amiral Nelson sur le pas de porte ... Cette Grande-Bretagne du passé est un havre de patriotisme encombré d’augustes manoirs et de célébrités historiques. « Comme tout le monde a le mot ‘Angleterre’ à la bouche, on devine immédiatement qu’il s’agit d’un film américain », ironise Graham Greene depuis Londres (The Spectator, 7.5.37). Deux nominations à l’Oscar 1937 (décors et montage), sélectionné au festival de Venise 1937 dans la catégorie du meilleur film étranger. – DE : Signale nach London, AT : Das Herz der Welt, IT : I Lloyds di Londra, ES : Lloyds de Londres. |
1940 | Die Rothschilds – Aktien auf Waterloo (Les Rothschild) (DE) d’Erich Waschneck C. M. Köhn/Universum-Film AG (Ufa), Berlin, 96 min. – av. Erich Ponto (Mayer Amschel Rothschild), Carl Kuhlmann (Nathan Rothschild, son fils à Londres), Albert Lippert (James Rothschild, son fils à Paris), Ludwig Linkmann (Leib Hersch), Herbert Hübner (le banquier Turner), Hilde Weissner (son épouse Sylvia), Albert Florath (le banquier Bearing), Gisela Uhlen (Phyllis, sa fille), Waldemar Leitgeb (Arthur Wellesley, duc de Wellington), Ursula Deinert (Harriette Wilson, sa maîtresse), Hans Leibelt (Louis XVIII), Bernhard Minetti (Fouché, duc d’Otrante), Hubert von Meyerinck (Eugène-François d’Arnauld, baron Vitrolles), Michael Bohnen (Guillaume IX, Prince Électeur de Hesse-Kassel), Walter Franck (John Charles Herries, ministre des finances), Hans Stiebner (Bronstein), Bruno Hübner (Ruthworth), Rudolf Carl (Rubiner), Herbert Wilk (ltn. George Crayton), Herbert Gernot (le banquier Clifford), Theo Shall (le banquier Selfridge). Synopsis : Kassel en 1806. Refusant de se rallier à la Confédération du Rhin, le Prince Électeur de Hesse fuit les troupes napoléoniennes, laissant à son agent juif Mayer Amschel Rothschild la gestion d’une partie de sa fortune, des obligations provenant de la vente de mercenaires allemands à la Couronne d’Angleterre. Rothschild transfère frauduleusement l’argent de Francfort à son fils Nathan à Londres, créant ainsi les fondements de la richesse de la banque Rothschild. Nathan effectue de juteuses transactions avec l’Espagne en guerre via son frère James à Paris, tout en cherchant à s’introduire dans la haute société londonienne, mais il se heurte aux banquiers rivaux sur place, Turner et Bearing, qui le ridiculisent. Sylvia Turner, l’épouse du premier, est liée avec la jeune Phyllis Bearing, la fille du second. Celle-ci aime une jeune officier, George Crayton, qui combat avec Wellington en Espagne et ignore que Phyllis est enceinte de lui. À la veille de Waterloo, le 17 juin 1815, Nathan et ses rivaux anglais spéculent à la bourse pour se remplir les poches. Nathan infiltre divers agents sur place en Belgique et manipule même Crayton dans l’état-major de Wellington pour lui fournir des nouvelles du front avant tout le monde. Ayant appris le premier la victoire des coalisés, il fait circuler la rumeur selon laquelle Wellington et Blücher auraient été battus ; la Bourse de Londres s’effondre et il peut racheter toutes les actions à bas prix. Le clan Rothschild engrange des millions. Bearing succombe à une crise cardiaque ; Turner, endetté, finit en prison et Sylvia obtient sa liberté en vendant toutes ses possessions. Révolté, Crayton émigre avec Phyllis et leur enfant. À Londres (« une filiale de Jérusalem »), Nathan s’entend avec Herries, le commissaire du Trésor d’État, pour placer l’Europe sous leur dépendance, tandis qu’une gigantesque étoile de David en feu se dessine sur la carte de l’Angleterre. Texte final : « Au moment où le tournage de ce film s’achevait, les derniers descendants des Rothschild quittaient l’Europe en fugitifs. Mais la lutte contre leurs acolytes, la ploutocratie britannique, continue... » Une odieuse bande de propagande antisémite et antibritannique – elle sort à la mi-juillet 1940, quinze jours avant le début de la bataille d’Angleterre – qui prend le contrepied du film américain de 1934 (cf. supra) : les banquiers juifs de Londres y sont accusés de bâtir leur empire financier en profitant de la discorde des nations, d’avoir empoché la fortune de Guillaume IX de Hesse-Kassel pour comploter la perte de Napoléon dès 1806 et de s’être enrichis sur le dos de la France. Wellington est présenté comme un hédoniste corrompu et poltron qui s’abstient d’intervenir lorsque la Grande Armée marche sur Berlin ; à Waterloo, le seul vainqueur est, cela va de soi, ce brave Blücher. Le dernier tiers du scénario reprend une affirmation répandue chez les ennemis de la banque juive à partir de 1830, selon laquelle Nathan Rothschild aurait réussi son plus grand coup financier grâce à un délit d’initié et à son réseau d’informateurs. Connaissant l’issue de la bataille deux jours avant l’opinion publique anglaise, il aurait fait courir le bruit de la victoire française pour s’emparer des actions de l’industrie anglaise en forte baisse. Dans son ouvrage controversé The House of Rothschild : Money’s Prophets 1798-1848 (Londres, 1998), Niall Ferguson, professeur d’économie à Harvard et à Oxford, affirme que Nathan Rothschild aurait, en réalité, été pris de court par la victoire rapide de Wellington et se serait retrouvé avec trop d’or sur les bras, avec le risque que le cours du métal jaune baisse rapidement. Il aurait alors acheté le maximum de titres d’emprunts publics du gouvernement britannique, faisant le pari que leur valeur allait augmenter puisque l’aventure des Cent-Jours était terminée. Quand il revendit ses obligations deux ans plus tard, il avait gagné 600 millions de livres et sa famille se profilait comme la maîtresse des finances britanniques. Die Rothschilds est une commande personnelle de Josef Goebbels à la Ufa, une production sortie la même année que Le Juif Suess de Veit Harlan et Le Juif éternel de Fritz Hippler ; le ministre a prudemment interdit à la presse d’utiliser le terme de « propagande » et veut expliquer au peuple allemand la raison d’être de l’évacuation forcée de Juifs autrichiens et tchécoslovaques en Pologne (12.10.39), du port obligatoire de l’étoile de David (23.11.39) et des premières grandes déportations de Juifs allemands à l’est (10.2.40). Tourné en avril 1940 aux studios Carl Froelich à Berlin-Tempelhof et en extérieurs sur les terrains d’Ufastadt à Babelsberg, le film ne parvient toutefois pas à captiver le public, les salles sont presque vides et il disparaît bientôt de l’affiche. C’est une longue et monotone enfilade d’intrigues, l’une plus sordide que l’autre, et le tort que les Rothschild auraient fait au pauvre peuple britannique n’émeut personne dans le Reich. Opération ratée. Le film sera bien sûr interdit par les Alliés en 1945. |
1941 | Δ [épisode] This England / Our Heritage (GB) de David MacDonald ; John Corfield/British National Films Ltd., 82 min. – av. Emlyn Williams (Bill Appleyard), John Clements (John Rookeby), Charles Victor (Josiah Mutch), Constance Cummings (Ann Mutch, sa fille). – Une première et maladroite tentative du cinéma britannique de mobiliser le passé pour chanter l’unité nationale et dépasser les divisions sociales du pays en temps de guerre. Tourné en automne 1940 (pendant le Blitz) aux Rock Studios-British National à Elstree et dans la région de Welwyn, le film retrace la chronique du village de Claverly Down, de la conquête normande (XI e siècle) au présent, en passant par la menace de l’Armada en 1588 et, dans son troisième épisode, à la période critique de 1804. On y confronte Appleyard, un propriétaire terrien ruiné par la mécanisation de l’agriculture, avec Rookeby, un mendiant itinérant ; tous deux oublient leurs différends et se serrent les coudes face à l’invasion annoncée par Napoléon. |
1941/42 | *The Young Mr. Pitt (CH : Le Jeune Monsieur Pitt) (GB/[US]) de Carol Reed Edward Black, Maurice Ostrer/20th Century Productions Ltd. [20th Century-Fox], 118 min. (US : 103 min.) – av. Robert Donat (le Premier ministre Sir William Pitt, et son père, William Pitt l’aîné, comte de Chatham), Robert Morley (Charles James Fox), Phyllis Calvert (Eleanor Eden), John Mills (William Wilberforce), Raymond Lovell (George III), Felix Aylmer (Lord North), Albert Lieven (Talleyrand), Stephen Haggard (Lord Horatio Nelson), Agnes Lauchian (la reine Charlotte), Bromley Davenport (Sir Evan Nepean), HERBERT LOM (Napoléon), Louis Diswarte (Charles Bonaparte), Dalia Black (Maria Letizia Bonaparte), Leo Genn (Georges Jacques Danton), Henry Hewitt (Henry Addington), Frederick Culley (Sir William Farquhar), Max Adrian (Richard Brinsley Sheridan), Jean Cadell (Mrs. Sparry), Alfred Sangster (Lord Grenville, secrétaire des Affaires étrangères), Geoffrey Atkins (William Pitt enfant). Signé par Carol Reed, une des gloires du cinéma britannique d’après-guerre (The Third Man/Le Troisième Homme), ce film se veut clairement une œuvre de propagande anti-allemande dans laquelle Napoléon est identifié à Hitler et le Premier ministre William Pitt (1759-1806) à Winston Churchill. Lors d’une discussion avec le vicomte Castlerosse, biographe de Pitt, Reed a été frappé par le parallélisme historico-politique entre la situation de l'Angleterre en 1800 et les menaces d'invasion du Troisième Reich. Pour les besoins de la démonstration contre l’Allemagne hitlérienne, il maquille sérieusement les faits historiques relatifs à la paix d’Amiens en 1802 et à la reprise des hostilités quatorze mois plus tard. Son équipe de production provient de Gainsborough Pictures, mais le film est financé (pour un million de $) et distribué par la 20th Century-Fox américaine à travers sa filiale britannique ... ce qui explique le prologue (tous les discours de Pitt père et fils sont authentiques, précise un carton) : en 1770 à la Chambre des Lords, à la veille de la guerre d’Indépendance américaine, William Pitt l’aîné, comte de Chatham (dit le Grand Roturier), s’oppose à tout conflit armé contre « nos frères et compatriotes en Amérique ». « Vos efforts seront vains », prophétise-t-il. Puis, s’adressant à son jeune fils : « Viendra un temps où seul un homme résolu pourra nous sauver » (allusion à Churchill). Commentaire en off : « L’aristocratie se grise de vins fins, le pauvre se saoûle au gin de quat’sous. Le voleur de moutons est pendu mais le corrompu s’engraisse. » L’amertume ronge armée, marine et Parlement. L’impopulaire gouvernement de Lord North et de Charles Fox appliquent une politique de l’autruche [allusion limpide à la mollesse de Chamberlain et la dérobade de Munich en 1938] « tandis que le pays se vautre sur l’édredon chamarré d’une insouciante folie ». Il faut que cela change, mais, nommé Premier ministre à vingt-quatre ans, William Pitt le jeune est accueilli au Parlement par des bêlements, le parti de North et Fox l’empêche de prendre la parole. La nuit, il est agressé dans la rue par des sbires de l’opposition ; deux pugilistes, Dan Mendoza et Gentleman Jack, le sauvent. Appuyé par le petit peuple, Pitt provoque des élections législatives qu’il gagne haut la main. Reed met visuellement en parallèle les deux destinées de Pitt et de Napoléon, comme celle de leurs pays respectifs : Pitt a neuf ans en 1769 et au même instant, Charles et Laetizia signent à Ajaccio l’acte de naissance de leur deuxième fils, le petit Napoleone di Buonoparte ; plus tard, on voit le brillant cadet réussir à Brienne ses examens de mathématiques, quelques images de la nuit de Varennes signalent la chute de Louis XVI. Tandis que le paysan anglais aiguise sa faux, le peuple français aiguise ses couteaux. L’Angleterre annonce les débuts de la révolution industrielle (Watt invente la machine à vapeur), tandis que de l’autre côté de la Manche se prépare une révolution sociale et politique que Charles Fox salue avec enthousiasme lorsque tombe la Bastille. « Aujourd’hui, des hommes extrémistes et inhumains s’emparent du pouvoir, s’insurge Pitt, et sous peu nous verrons la liberté des masses servir de prétexte pour asseoir les licences d’une poignée d’individus. » À Londres, Talleyrand (Ribbentrop avant l’heure) sonde la neutralité de la Grande-Bretagne, la France républicaine ayant attaqué et annexé la Savoie et la Belgique « en légitime défense », et s’apprêtant à faire de même avec la Hollande. Pitt déclare la guerre, mais une première déroute à Dunkerque (!) avec la défaite du duc de York à Hondschoote en septembre 1793, les succès de Bonaparte en Italie, suivis de la reddition de l’Autriche, l’affaiblissent politiquement. Son activité débordante à Downing Street le fait renoncer à un mariage avec Eleanor Eden, la fille de Lord Auckland (il se doit de « garder un cœur de pierre jusqu’à la victoire »), et il a laissé s’accumuler une montagne de dettes que ses amis règlent à son insu. Chargé de ratisser la Méditerranée, le contre-amiral Nelson détruit la flotte de Bonaparte à Aboukir. Le Corse, qui qualifie les Anglais de « a stupid, illogical race », offre la paix pour gagner du temps et bâtir en secret une flotte d’invasion. Pitt n’est pas dupe, mais ses forces l’abandonnent et son médecin lui ordonne de cesser toute activité politique. L’opinion publique demande la paix, les deux pays sont épuisés. Ayant exhorté le Parlement à « faire disparaître l’idéologie de Napoléon et les principes qu’il chérit, pour le bien de l’Europe et du monde entier », Pitt offre sa démission après dix-sept ans et se retire dans le Kent, remplacé par Addington qui, lui, croit en les promesses lénifiantes du Premier Consul. En 1804, lorsque Napoléon-Hitler menace l’Angleterre avec 120 000 hommes depuis Boulogne et Calais (« qu’on me libère la Manche pendant six heures et l’affaire sera réglée »), Charles Fox supplie Pitt de revenir, ce que celui-ci fait en sachant que cette décision va précipiter sa propre mort (deux ans plus tard). Pitt transforme le pays en forteresse, organise des milices et charge Nelson d’anéantir la flotte franco-espagnole près de Cadix. Le 21 octobre 1805, la victoire de Trafalgar – préfiguration de la bataille d’Angleterre contre la Luftwaffe de Goering en 1940/41 – fait de Pitt « le sauveur du monde civilisé ». Mais le Premier ministre sait que l’Europe « ne peut être libérée par un seul homme. L’Angleterre s’est libérée elle-même par ses propres moyens, et j’en suis convaincu, elle libérera l’Europe par son exemple. » Fin du film. En réalité, très affecté par l’écrasante victoire de Napoléon à Austerlitz, le 2 décembre 1805, et l’effondrement de la Troisième Coalition qu’il avait contribué à créer (« rangez les cartes de l’Europe, on en aura plus besoin ces dix prochaines années ! », aurait-il déclaré), Pitt, la santé fragilisée par le porto, la goutte et une affection hépatique, mourut d’un ulcère à l’âge de quarante-six ans. D’ailleurs, le film montre Napoléon nerveux à Boulogne tandis que Nelson se bat à Trafalgar ; dans les faits, Napoléon avait renoncé depuis deux mois à ses plans d’invasion et se trouvait alors devant Salzbourg à la pointe de sa Grande Armée. Le tournage aux studios de Shepherd’s Bush (Gaumont-British) et d’Islington (Gainsborough), en extérieurs à Chiltern Hills et dans le Surrey, a commencé en août 1941 sous le titre Pitt the Younger, soit à peine deux mois après l’arrêt des opérations aériennes allemandes. La production très onéreuse – elle compte 142 rôles parlants – fait suite au Lady Hamilton d’Alexander Korda, d’inspiration similaire, mais nettement plus romanesque. Robert Donat, star très appréciée aux États-Unis, porte le film sur ses épaules : un politicien qui n’hésite pas à manipuler les institutions de son pays pour ce qu’il croit être la bonne cause, mais lui sacrifie en même temps son bonheur personnel et sa santé. Décors et costumes sont de Cecil Beaton et le scénario a été concocté par deux futurs réalisateurs, Sidney Gilliat et Charles Launder. Si le film signale d’entrée ce qui lie Londres à Washington, il passe sous silence les traités que Pitt a signés avec la Russie et la Prusse pour combattre les sanguinaires sans-culottes de l’Hexagone, ainsi que l’agitation jacobine à Londres même ; pas un mot non plus des assassins payés par Pitt pour éliminer l’ennemi à Paris. Prévu pour jouer Napoléon, Wilfrid Lawson est remplacé au dernier moment par le Tchèque Herbert Lom qui campe un ogre corse patibulaire, dangereux et ivre de pouvoir (rôle qu'il reprendra en 1956 dans Guerre et Paix de King Vidor). Conscient de transmettre l’attitude « officielle » de son pays en guerre, Reed évite toute flamboyance ou opulence inutiles, colle aux faits avec sobriété et un sens frappant du détail (la reconstitution rigoureuse du House of Commons et de l’appartement de Downing Street), mais il sait aussi parsemer son récit de petites touches d’humour (la vente d’« œufs bon marché pour les élections », le portrait ironique du roi-fermier Georges III). Néanmoins, son film n’échappe pas à un certain statisme, surchargé qu’il est de scènes d’intérieurs et de propos de circonstance. Le Foreign Office se dit enchanté (le film est même projeté à Staline au Kremlin), mais l’accueil public laisse à désirer. – IT : Il nemico di Napoleone, ES : El vencedor de Napoleón. |
1943 | Δ [premier épisode] *Forever and a Day (Et la vie recommence) (US) de René Clair, Edmond Goulding, Frank Lloyd, Victor Saville, Robert Stevenson, Herbert Wilcox ; RKO Radio Pictures, 104 min. – av. Anna Neagle (Susan Trimble-Treachard), Ray Milland (ltn. William Trimble), Claude Rains (Ambrose Pomfret), C. Aubrey Smith (l’amiral Eustace Trimble), Dame May Whitty (Lucy Trimble, son épouse), Claude Alliston (William Barstow, fiancé de Susan), Lumsden Hare (un marin), Kent Smith (Gates Trimble Pomfret), Ruth Warrick (Lesley Trimble), Charles Laughton, Buster Keaton, Ida Lupino, Brian Aherne, Merle Oberon, Victor McLaglen, etc. – Synopsis : durant la Seconde Guerre mondiale, Gates Pomfret est chargé par son oncle américain de vendre leur ancien manoir près de Londres. Il tombe sur Lesley Trimble, une locataire de l’immeuble et lointaine cousine qui s’oppose à la vente. Le couple est surpris par l’aviation allemande et passe la nuit dans un abri anti-aérien. Tandis que les bombes tombent, Susan raconte (flash-back) les 140 ans de l’histoire du manoir, construit par son lointain aïeul, l’amiral Eustace Trimble, en 1804, quand le pays vivait dans la crainte de l’invasion napoléonienne et armait ses navires. Au lendemain de son mariage avec Susan Treachard, le lieutenant de marine William Trimble, l’aîné de la famille, est mobilisé dans la flotte du vice-amiral Nelson. Le jour de la victoire de Trafalgar, qui sauve le pays, Susan met au monde un fils. Mais son époux, comme Nelson, est tué au combat... Un film de propagande à la gloire de « l’indomptable esprit britannique », tourné (pendant 18 mois à partir de mai 1941) dans les studios de la RKO à Hollywood. Réalisateurs (6), scénaristes (22) et artistes (78 vedettes) travaillent gratuitement, à titre de contribution à l’effort de guerre britannique. Chaque réalisateur est également le producteur de son propre épisode. Herbert Wilcox signe l’épisode napoléonien, Frank Lloyd celui du Blitz à Londres. René Clair remplace Alfred Hitchcock, indisponible. Une curiosité. |
1946 | The Curse of the Wraydons / Strangler’s Morgue (GB) de Victor M. Gover J. C. Jones/Gilbert Church Productions-Ambassador Film, 94 min. – av. Tod Slaughter (Philip Wraydon, dit « The Chief »), Bruce Seton (Jack Wraydon, dit « Spring Heeled Jack »), Henry Caine (George Wraydon), Pearl Cameron (Rose Wraydon), Andrew Laurence (George Heeningham), Alan Lawrence (Squire Sedgefield), Lorraine Clewes (Helen Sedgefield), Gabriel Toyne (ltn. Payne), Ben Williams (sgt. John Rickers), Daphne Arthur (Alice Maitland), Barry O’Neill (George Wraydon). Epping Town en 1805. « Notre île est seule face à la menace de Bonaparte sur le continent, et quelques traîtres anglais sont même prêts à vendre leur pays pour de l’argent ... » (commentaire introductif). Après des années d’exil en France, Philip Wraydon rentre en Angleterre où, empli d’une haine féroce pour son pays natal, il sévit à la tête d’un réseau d’espionnage et d’assassins au service de Napoléon. Il périt victime d’une de ses propres machinations infernales qu’il dirigeait contre la famille de son frère. – Nanar fauché et théâtral, bâclé aux Bushey Film Studios (Hertfordshire) d’après la pièce Spring-Heeled Jack, or The Terror of London de l’auteur surréaliste suisse Maurice Sandoz (1928) ; Tod Slaughter s’est fait une petite réputation dans les séries B d’horreur britanniques (il incarne le tueur en série Sweeney Todd en 1936). |
1947 | Mrs. Fitzherbert (GB) de Montgomery Tully British National, 99 min. – av. Peter Graves (George, prince de Galles), Joyce Howard (Maria Fitzherbert, son épouse), Leslie Banks (Charles James Fox), Wanda Rotha (princesse Caroline de Brunswick), Mary Claire (duchesse de Devonshire), Frederick Valk (George III), John Stuart (duc de Bedford), Lily Kann (la reine Charlotte), Julian Dallas (prince William), Barry Morse (George Bryan Brummell, dit Beau Brummell), Kynaston Reeves (Arthur Wellesley, Lord Wellington), Henry Oscar (William Pitt le Jeune), Arthur Dulac (Joseph Haydn), Margaretta Scott (Lady Jersey). Synopsis : En 1785, après avoir menacé de se suicider, le prince de Galles épouse secrètement Maria Anne Fitzherbert (1756-1837), catholique et deux fois veuve, un mariage morganatique que la famille royale refuse de reconnaître. Dépensier, George s’endette jusqu’au cou et son père accepte d’éponger ses dettes faramineuses à condition que le prince renonce à Maria et épouse sa cousine Caroline de Brunswick, ce qu’il fait, la mort dans l’âme, en 1795, quand Lady Jersey lui fait erronément croire que Maria lui est infidèle. Le mariage du prince avec sa cousine est un désastre, et le prince, devenu Régent en 1811 alors que Napoléon domine l’Europe, retourne auprès de Maria. Il mourra en prononçant son nom (le récit est conté en flash-back depuis son lit de mort). Gros mélo historique servi par des interprètes sans relief et tourné aux British National Studios à Elstree, Borehamwood. |
1947/48 | *The First Gentleman (GB) d’Alberto Cavalcanti Joseph Friedman/Columbia British Productions, 111 min. – av. Jean-Pierre Aumont (prince Leopold de Saxe-Cobourg), Joan Hopkins (princesse Charlotte Augusta de Galles, fille du Prince Régent), Cecil Parker (George, prince de Galles), Margaretta Scott (Lady Hertford), Jack Livesey (duc de Kent), Betty Huntley-Wright (princesse Elizabeth), Tom Gill (prince Guillaume d’Orange), Lydia Sherwood (princesse Augusta), Frances Waring (la reine Charlotte), Amy Frank (la reine Caroline de Brunswick), Joan Carol (duchesse de Kent). Synopsis : Jaloux de la popularité de sa fille Charlotte de Galles (1796-1817), héritière du trône, le Prince Régent tente en 1813 de la marier de force au prince d’Orange. Elle rompt ses fiançailles et, après une année et demie de captivité à Windsor Castle, s’enfuit pour épouser l’homme de son cœur, le prince de Saxe-Cobourg, en mai 1816. Elle décède en couches dix-huit mois plus tard, laissant veuf celui qui deviendra Léopold I er, roi de Belgique. Un spectacle soigné mais ennuyeux, malgré la signature prestigieuse de Cavalcanti, l’auteur brésilien de l’inoubliable et cauchemardesque Dead of Night (Au cœur de la nuit) deux ans plus tôt. Tourné d’après la pièce de Norman Ginsbury aux Nettlefold Studios à Walton-on-Thames, à Brighton, Oxshott Heath, Osterley Park, Claremont Hall, Esher et Clandon. La version américaine subit plus de dix minutes de coupes (immoralité et excès du prince de Galles, seins féminins trop exposés, etc.). – US : Affairs of a Rogue, IT : L’impossibile desiderio. |
1950 | The Reluctant Widow (GB) de Bernard Knowles Gordon Wellesley/Two Cities Films, 91 min. – av. Jean Kent (Elinor Rochdale), Guy Rolfe (Lord Edward Carlyon), Paul Dupuis (Lord Louis Nivelle), Lana Morris (Becky), Kathleen Byron (Annette de Chevraux), Scott Forbes (François Cheviot), Peter Hammond (Eustache Cheviot), Andrew Cruikshank (Lord Bedlington), Hector MacGregor (Sir Malcom Torrens). Synopsis : Elinor Rochdale est engagée comme gouvernante à Highnoons Hall, où le cynique Lord Carlyon la persuade d’épouser son cousin dissolu Eustache Cheviot qui agonise des suites d’un étrange accident. Helena hérite d’un lugubre manoir où s’introduisent bientôt, à travers des passages secrets, divers espions français. Elle réalise que son époux défunt était un agent secret à la solde de Napoléon et parvient à s’emparer de documents vitaux pour le gouvernement. Lord Carlyon la débarrasse des intrus et gagne son cœur. Une production modeste, à mi-chemin entre comédie, romance historique à la Jane Austen et bande d’aventures, tournée dans les studios de Denham (Buckinghamshire) et de Pinewood d’après le roman éponyme de Georgette Heyer (La Veuve récalcitrante, 1946). L’auteur désapprouve publiquement l’adaptation cinématographique qu’a fabriquée Bernard Knowles, ancien chef opérateur d’Hitchcock (The 39 Steps) spécialisé dans les mélos à costumes. – IT : Spie di Napoleone, AT : Rächendes Schicksal, US : The Inheritance. |
1951 | El hermoso Brummell (AR) de Julio Saraceni Estudios San Miguel, 92 min. – av. Fidel Pintos (George Bryan Brummell, dit Beau Brummell), Delfy de Ortega, Amaedo Novoa, Susana Campos, Carlos Barbetti, Carlos Enriquez, Julia Sandoval, Lucio Deval, Alberto Terrones, Irma Roy. Pitrerie avec le Fernandel du cinéma argentin : le valet de Brummell se fait passer pour son maître et doit affronter la gent féminine qui l’assaille. |
1953 | *Sea Devils (La Belle Espionne) (US/GB) de Raoul Walsh David E. Rose/Coronado Productions (London)-RKO Radio Pictures, 90 min. – av. Yvonne De Carlo (Drouette), Rock Hudson (Gilliatt), Bryan Forbes (Willie), Maxwell Reed (Rantaine), Jacques Brunius (Joseph Fouché), GÉRARD OURY (Napoléon), Keith Pyott (gén. Latour), Arthur Wontner (baron de Vaudrec). Synopsis : Dans les parages de Guernesey en 1804, Gilliatt et Willie, deux pêcheurs qui s’adonnent à la contrebande de cognac, sont chargés de transporter en France la jolie Drouette. Celle-ci invente une histoire romanesque pour tromper la curiosité et l’assiduité de Gilliatt. En fait, la belle a pris contact sur l’île avec Lethiery, capitaine du port, en vue d’une mission secrète pour le compte de l’Angleterre. Ses deux accompagnateurs remplacent Rantaine, un délateur, dans leur tâche de passeurs. Au château d’Avranches, dans le Cotentin, Drouette usurpe l’identité de la comtesse de Remuset afin de soutirer au général Latour, chef du service d’espionnage français, des informations sur les plans d’invasion napoléoniens et les manœuvres du nouveau commandant de la flotte franco-espagnole, l’amiral Villeneuve. Gilliatt la surprend dans cette fonction et croyant à une trahison, la kidnappe pour la ramener à Lethiery. Rantaine retourne avec elle en France où, au petit matin, Fouché, chef de la Police chargé de la sécurité de l’Empereur, tente vainement de confondre l’espionne. Napoléon est, ce même jour, l’hôte surprise du château. Sur ordre de Lethiery, et après bien des péripéties, Gilliatt et Willie sauvent Drouette des griffes de Fouché malgré la trahison de Rantaine, et le trio regagne l’Angleterre munis des précieux renseignements. Trois traversées de la Manche (pour des raisons opposées) au rythme de la brise, de la mer, et une suite de mensonges à ne plus s’y retrouver : l’audacieux contrebandier tombe d’autant plus amoureux qu’il ne parvient pas à deviner l’identité de la sirène qu’il transporte... Certes, l’intrigue est totalement farfelue, mais néanmoins jouissive grâce à l’entrain survitaminé de Raoul Walsh (qui retourne en France en été 1952 après Captain Horatio Hornblower) et de la sensuelle Yvonne De Carlo. De l’aveu même de Walsh, le film se veut une « improvisation sur le thème de la beauté » de la star à laquelle, en 1957, le cinéaste consacrera un de ses chefs-d’œuvre, Band of Angels (L’Esclave libre). Le titre de travail de ce divertissement parrainé par le milliardaire et chef de la RKO Howard Hughes, Toilers of the Sea, la présence de l’île hugolienne de Guernesey et le patronyme de Gilliatt pourraient faire croire qu’il s’agit d’une très libre adaptation du roman Les Travailleurs de la mer de Victor Hugo (ce qu’affirment aussi certains génériques), mais il n’en est évidemment rien ! A signaler, deux curiosités dans le casting : Gérard Oury, futur réalisateur des plus grands succès populaires de l’Hexagone (La Grande Vadrouille), joue Napoléon, et le surréaliste Brunius (jadis membre du groupe Octobre et assistant de Buñuel) son sinistre chef de la Police. Le tournage en flamboyant Technicolor s’effectue sur les îles anglo-normandes de Guernesey et Jersey, à Concarneau (Finistère), au château de Leeds (Kent) et aux studios de Nettlefold (Walton-on-Thames). – Nota bene : le général Jean-Baptiste Espert de Latour et le sénateur Charles César de Latour-Maubourg ont bien servi sous l’Empire, mais pas dans l’espionnage. – DE : Im Schatten des Korsen, IT : Gli sparvieri dello stretto, ES : Los gavilanes del estrecho, BE : Les Démons de la mer. |
1954 | *Beau Brummell / The Lives and Times of Beau Brummell (Le Beau Brummell) (GB/US) de Curtis Bernhardt Sam Zimbalist/Metro-Goldwyn-Mayer British, 113 min. – av. Stewart Granger (George Bryan Brummell, dit Beau Brummell), Elizabeth Taylor (Lady Patricia Belham), Peter Ustinov (George, prince de Galles), Robert Morley (George III), James Donald (Lord Edwin Mercer), Paul Rogers (Sir William Pitt), Noel Willman (Lord George Gordon Byron), James Hayter (Mortimer), Rosemary Harris (Maria Anne Fitzherbert), Charles Carson (Sir Geoffrey Baker), Peter Bull (Charles James Fox), Ralph Truman (Sir Ralph Sidley), Peter Dyneley (Midger), D. A. Clarke-Smith (Sir John Wyatt). Prologue : « Du temps de Napoléon, de Nelson et de Wellington, de Pitt, de Burke et de Fox, vivait un homme appelé Beau Brummell. Selon Lord Byron, c’était le plus grand homme d’Europe. Brummell était du même avis, et il a failli le démontrer ... » Luxueux, divertissant, séduisant par son casting (Stewart très attachant en dandy et portant admirablement le costume, Liz Taylor aux irrésistibles yeux verts, Ustinov en formidable cabotin, Robert Morley saisi par la folie), le film relate avec une bonne dose de libertés l’ascension de Brummell, de la pauvreté (un fils de valet) à l’idolâtrie de la cour qu’il fascine par son goût, ses audaces vestimentaires, ses mots d’esprit, son insolence et l’admiration sans bornes que lui porte George, le peu affriolant prince de Galles. Brummell s’est fait remarquer en ridiculisant l’uniforme du régiment que le prince avait lui-même dessiné, puis critique en public les divers excès de conduite du rejeton royal. Mais lorsque William Pitt exige du futur roi qu’il mette fin à sa relation inacceptable avec la veuve catholique Maria Anne Fitzherbert, le dandy conseille au prince de ne pas céder face au Premier ministre. Le prince est touché, une amitié naît, Brummell devient son confident et ami. S’étant rendu indispensable, le dandy déclare imprudemment sa flamme à Lady Patricia Belham, promise à Lord Mercer, le conseiller militaire du roi. Quoique sensible à ses avances, l’excentricité de son soupirant la fait hésiter. Brummell révèle au prince que Pitt lui cache l’état de démence du roi Georges III et l’encourage à se faire nommer Prince Régent, ce qui lui permettra de tenir tête au Parlement quant à ses plans de mariage. Surpris en pleine crise de folie, le monarque est déclaré inapte à régner. Mais, persécuté par Pitt qui veut limiter ses pouvoirs, George supporte mal les pressions de sa nouvelle fonction et accuse son ami de toujours d’agir dans son propre intérêt. Intempestif, Brummell se moque de l’obésité du prince, puis refuse de s’excuser. Ruiné, banni de Londres, ignorant fièrement toute offre d’aide de ses amis comme de Lady Patricia, il meurt en exil, mais le Régent, couronné George IV en 1821, lui rend visite dans sa mansarde en France et se réconcilie avec lui sur son lit de mort. Une version ultra-romantique d’après un scénario de Karl Tunberg, lui-même inspiré vaguement de la pièce à succès de Clyde Fitch (1890), et malmené par le Code Hays : la censure américaine (PCA) a exigé l’élimination de toute allusion trop directe au mariage illégal et à la liaison adultérine entre le prince de Galles et Mrs. Fitzherbert. Un rôle taillé sur mesure pour Stewart « Scaramouche » Granger qui fait un irrésistible aventurier, joueur, séducteur et redoutable arbitre des élégances. En fait, l’authentique George Bryan Brummell (1778-1840), dont le père n’était pas un valet, mais un politicien issu de la classe moyenne, bénéficia d’une éducation de gentleman à Eton et à Oxford. Promu capitaine au 10 e Hussards Royaux en 1796, dans le régiment personnel du prince de Galles, il n’en faisait qu’à sa tête, séchait les parades militaires, ignorait les corvées et démissionna lorsque la situation politique sur le continent se « corsa ». Ce départ de l’armée n’altéra pas l’amitié entre le prince et son parasite, mentor ès dandysme, fantaisies ruineuses et débauches, bien au contraire. Brummell rompit avec George en 1811, lorsque celui-ci fut nommé Prince Régent et commença à se détourner de ses compagnons de beuveries. Joueur invétéré, criblé de dettes en raison de son train de vie irresponsable, Brummell dut fuir la Grande-Bretagne en 1816 pour échapper à la prison et s’établit à Calais, puis en 1830 à Caen, où, interné à l’asile du Bon Sauveur, souffrant de syphilis et de démence, il mourut pitoyablement deux ans plus tard. George IV était déjà décédé depuis dix ans... Contrairement à ce qu’imaginent la scène comme l’écran, on ne lui connaît aucune liaison sentimentale avec femme ou homme : grand promoteur de l’hygiène et des bains, le « beau » consacrait quotidiennement des heures à sa toilette et était sans doute trop centré sur sa propre image pour tomber amoureux d’autrui. Transfuge de Hollywood, Curtis (Kurt) Bernhardt, jadis spécialiste inspiré de mélos glamour matinés de « film noir », tourne sa production en octobre 1953 en Eastmancolor aux studios MGM British d’Elstree à Borehamwood, en extérieurs à Brighton, Windsor Castle (salle du trône), Ockwells Manor et Maidenhead (Berkshire), Newmarket (Suffolk). Présenté à la famille royale d’Angleterre (« Royal Film Performance »), le film choque la reine Elizabeth, scandalisée par le portrait qu’il donne du prince de Galles sous les traits caricaturaux d’Ustinov (pourtant un personnage effectivement obèse, futile, égocentrique, capricieux, dépensier, narcissique et incorrigible coureur de jupons !). – DE, AT : Beau Brummell – Rebell und Verführer, IT : Lord Brummell. |
1954 | (tv) Beau Brummell (GB) de Campbell Logan « BBC Sunday-Night Theatre » (BBC 14.3.54), 90 min. – av. Peter Cushing (George Bryan Brummell, dit Beau Brummell), Daphne Slater (Georgiana Seymour), Walter Fitzgerald (George, prince de Galles), Ferdy Mayne (prince Esterhazy), Peter Bathurst (duc de Dorset), Walter Hudd (William Arden, Lord Alvanley), Peter Copley (Mr. « Poodle » Byng), Richard Caldicot (Robinson), David Peel (Lord Chester), Charles Maunsell (Weston, le tailleur), Prunella Scales (Prudence Buckland). – Biographie de Brummell d’après la pièce inédite d’Anatole de Grunwald, avec le jeune Peter Cushing, future star du cinéma fantastique à la Hammer (cf. supra, film de 1954). |
1954 | (tv) William Pitt’s Last Speech to Parliament, 1806 (US) de Sidney Lumet (?) Série « You Are There » no. 68 (CBS 19.9.54), 30 min. – av. Lorne Greene (Sir William Pitt), Wesley Addy (Charles James Fox), E. G. Marshall (George II), Walter Cronkite (présentateur). – Reportage « pris sur le vif » (Pitt décède en janvier 1806 à l’âge de 44 ans). |
1957 | (tv) The Lass of Richmond Hill (GB) de Rudolph Cartier "BBC Sunday-Night Theatre" (BBC 9.6.57). - av. Tony Britton (George, prince de Galles), Annette Carell (la princesse Caroline de Brunswick), Jeanette Sterke (Maria Fitzherbert), George Woodbridge (George III), Margaret Diamond (Lady Jersey), Marius Goring (Richard Brinsley Sheridan), Lucie Mannheim (la reine Charlotte), Rose Power (Ellen), Angus Neill (Jack Smythe), Nicholas Grimshaw (Henry Errington), Graham Leaman (rév. Robert Burt). - La pièce de W. P. Lipscomb: le prince de Galles s'éprend de Maria Fitzherbert et l'épouse malgré l'opposition du roi, son père. |
1959 | (tv) The Infamous John Friend (GB) de Chloe Gibson (BBC1 6.4.-25.5.59), 8 x 30 min. – av. William Lucas (John Friend), Margaret Tyzack (Polly Friend, son épouse), David Peel (François Sauvignac), Pat Pleasance (Susan Marny), Raymond Rollett (Lord Mountstephen), Barry Foster (William North), Manning Wilson (Sir William Pitt), DAVID BARON (Napoléon), Andrikos Adonis (son aide de camp), David Baron (Lord Combleigh), Kathleen Williams (Lady Anne Caven), Margaret Dale (Betty), Bernard Kay (Jack Rangsley), Sally Miles (Sally Rangsley). Synopsis : En 1805, alors que Napoléon prépare l’invasion de l’Angleterre depuis Boulogne, John Friend s’adonne à la contrebande de l’autre côté de la Manche. A Brighton, sa fille adoptive Susan Marny s’éprend du lutteur William North. Friend préférerait la voir épouser le riche Tom Raby mais, beau joueur, il procure à William un poste à l’Amirauté. En vérité, Friend est un agent français qui conspire avec François Sauvignac pour détourner les forces anglaises quand Napoléon déclenchera l’invasion. Susan se doute de quelque chose, mais Friend menace de tuer William si elle parle et subtilise un courrier secret destiné au Premier ministre Pitt. William découvre le vol, ses soupçons se portent d’abord sur le contrebandier Jack Rangsley. Enfin démasqué, Friend se voit incapable de tuer William et prend la fuite avec Sauvignac, tous deux poursuivis par les soldats. Sauvignac s’embarque à temps pour la France tandis que Friend est arrêté, incarcéré et abandonné de tous ses amis sauf de son épouse Polly. Il lui donne des documents prouvant que Susan est la petite-fille légitime de Lord Mountstephen. Ce dernier préside le tribunal militaire qui condamne Friend à mort. Un feuilleton en noir et blanc – qui utilise la symphonie Harold en Italie d’Hector Berlioz comme leitmotiv musical – d’après le roman d’espionnage éponyme de Martha Roscoe Garnett (1909). L’auteure y brosse le portrait d’un homme complexe, sensible, charmant tout en étant un traître et un maître-chanteur, et qui aime tendrement sa femme ; celle-ci se suicidera une semaine après son exécution. |
1961 | (tv) Triton – The Story of a Secret Weapon (GB) de Rex Tucker Rex Tucker/BBCtv (BBC1 4.-25.6.61), 4 x 30 min. – av. William Russell (cpt. Julius Belwether), Francis Matthews (ltn. Simon Lamb), Robert James (Lord Horatio Nelson), Peter Mayock (ltn. Singleton), Ewan MacDuff (l’amiral Hon. John Jervis of St. Vincent), John Lawrence (vice-amiral Graeme), Anthony Sharp (cpt. Sir Home Propham), Selma Vaz Dias (Mme Victor), Kitty Attwood (Clotilde), Leonard Trolley (l’espion), Rudolph Offenbach (sergent français). Synopsis : En 1801, un espion informe l’amiral Lord St. Vincent du danger que représenterait la nouvelle invention mise au point en France par l’ingénieur américain Robert Fulton : une arme secrète capable de détruire un navire sans être vue. Nelson assigne le capitaine Belwether et le lieutenant Lamb, deux officiers de la Royal Navy, pour étudier sur le continent cette formidable mais redoutable invention qui pourrait servir à l’invasion de l’Angleterre. Les deux espions découvrent un sous-marin muni de projectiles-fusées, le « Triton » (en réalité, le « Nautilus »). Le tandem est capturé, parvient à s’évader en ballon et rejoint la base des essais de plongée où il subtilise le sous-marin. Dans leur fuite, ils percutent une frégate britannique et le « Triton » coule, mais les deux officiers sont repêchés. Nelson leur annonce que Napoléon a renvoyé Fulton en Amérique et renoncé à ses inventions. Le vice-amiral anglais et le Premier Consul français estiment tous deux que l’utilisation de pareilles armes pour faire la guerre serait déshonorant (sic). Des scrupules peu vraisemblables en ce qui concerne Napoléon, qui n’avait simplement pas confiance en l’engin de Fulton ni le temps de l’étudier. Nelson réunit ses officiers pour préparer son expédition dans la Baltique et la bataille de Copenhague. – Un feuilleton d’aventures et d’espionnage pour la jeunesse (aujourd’hui perdu), au contenu fictif, fabriqué à peu de frais et presque entièrement en studio. |
1961 | Karolina Rijecka (YU) de Vladimir Pogacic Mladen Todic/Avala Film (Beograd), 88 min. - av. Anne Aubrey (Karolina Belinic), Barry Jones (l'amiral John Leard), Nikola Popovic (le maire Gradonacelnik), Antun Nalis (Andrija Belinic), David Mccallum (Mr. George), Hermina Pipinic (Marija), Janez Vrhovec (Glasnik), Karlo Bulic, Bernard Lajarrige, Derren Nesbitt, Mica Orlovic, Tito Strozzi, Miodrag Popovic-Deba. Pendant la guerre de la Sixième Coalition, le 3 juillet 1813, des navires britanniques s'apprêtent à anéantir la ville portuaire croate de Rijeka, occupée par les troupes de Napoléon; six cent soldats anglais pillent et incendient entrepôts et navires ancrés dans le port. La belle Karolina Belinic (1791-?) décide de sauver la ville de la destruction en allant trouver l'amiral John Leard en robe noire décolletée à bord de son navire. Mais l'amiral reste insensible à ses charmes (selon le film, car les historiens sont moins prudes!) et c'est son mari Andrija qui prend la relève en proposant aux Anglais un commerce alléchant. Karolina peut ensuite négocier une trêve avec eux, sauvant ainsi la cité. Scénario tiré d'un roman de Drago Gervais et filmé en scope couleurs à Rijeka (quartiers de Korzo et Molo Longo). |
1967 | (tv) So war Herr Brummell (DE) de Fritz Umgelter Süddeutscher Rundfunk (ARD 26.12.67), 108 min. – av. Boy Gobert (George Bryan Brummell, dit Beau Brummell), Al Hoosman (Robinson), Hans Mahnke (George III), Edith Heerdegen (la reine Charlotte), Heinrich Schweiger (George, prince de Galles), Hedda Rinneberg (princesse Augusta), Stephan Schwartz (prince William), Heidi Leupolt (duchesse Friederike de York), Karin Eickelbaum (Maria Anne Fitzherbert). – Biographie de Beau Brummell, dandy et confident du Prince Régent, d’après un scénario d’Ernst Penzoldt (cf. supra, film de 1954). |
1968 | (tv) Triton (GB) de Michael Ferguson John McRae/BBCtv (BBC1 30.6.-21.7.68), 4 x 25 min. – av. Jonathan Adams (cpt. Julius Belwether), Paul Grist (ltn. Simon Lamb), Hamilton Dyce (Lord John Jervis, comte de St. Vincent), Douglas Milvain (cpt. Sir Home Popham), Terry Scully (Lord Horatio Nelson), TONY BOYD (Napoléon), Robert Cawdron (Robert Fulton), Kathleen Helme (Mme Victor), Maurice Browning (marquis de Saint-Cloud), John Timberlake (l’espion), Ric Felgate (ltn. Singleton), Hamilton Dyce (l’amiral Hon. John Jervis of St.Vincent), Cyril Cross (sergent français). Une nouvelle version du feuilleton de 1961, d’après le scénario original de Rex Tucker. Episodes : 1. « An Appetite for Espionage » – 2. « Lamb to the Slaughter » – 3. « A Box Full of Water » – 4. « Necessities of the Service ». |
1969 | (tv) Pegasus (GB) de Michael Ferguson John McRae/BBCtv (BBC1 17.11.-8.12.69), 4 x 24 min. – av. Paul Grist (ltn. Simon Lamb), Jonathan Adams (cpt. Julius Belwether), Robert Cawdron (Robert Fulton), Terry Scully (Lord Horatio Nelson), Tony Caunter (Sir William Congreve), Kynaston Reeves (l’amiral Charles Middleton, Lord Badham), Aubrey Danvers-Walker (Sullivan), Rex Rashley (l’ancien amiral), Marcia Bennett, James Haswell (un marin), Carl Conway (un marin), Patricia Gordino, Steve Peters, Ricky Lansing. Feuilleton d’espionnage pour la jeunesse sur les projets d’invasion de l’Angleterre par Napoléon, une suite (perdue) de Triton également imaginée par Rex Tucker et située quatre ans plus tard, en 1805 : Lamb et Belwether sont chargés de combattre les espions français visant à saboter l’arme secrète que Fulton a mise au point pour le gouvernement anglais, un torpedo de deux tonnes chargé d’explosifs. Fulton et l’artilleur Sir William Congreve (1772-1828), inventeur des fusées explosives qui portent son nom, font une démonstration à l’amirauté, mais une bombe placée à l’intérieur du torpedo et visant à tuer Nelson explose dans la salle. Lamb et Belwether, qui sont parvenus à faire évacuer les lieux à temps, piègent l’espion Latouche et son gang à Portsmouth, tandis que Nelson monte à bord du « HMS Victory ». Après Trafalgar, le tandem recherche en vain le sniper qui a abattu le vice-amiral pendant la bataille. – Episodes : 1. « The Safety of This Nation » – 2. « Out of the Frying Pan » – 3. More than Our Lives are Worth » – 4. « Blow Us to Glory ». |
1972 | Lady Caroline Lamb / Peccato d’amore (Lady Caroline) (GB/IT) de Robert Bolt Fernando Ghia/Pulsar Productions (London)-Vides Cinematografica (Roma)-G.E.C.-Angelo EMI Company (Nat Cohen), 123 min. – av. Sarah Miles (Lady Caroline Lamb), Jon Finch (Lord William Lamb, vicomte Melbourne), Richard Chamberlain (Lord George Gordon Byron), Sir Laurence Olivier (Arthur Wellesley, duc de Wellington), John Mills (Canning), Margaret Leighton (Lady Melbourne), Pamela Brown (Lady Bessborough), Ralph Richardson (le Prince Régent, puis George IV), Michael Wilding (Lord Henry Vassall-Fox, baron Holland), Silvia Monti (Miss Milbanke), Fanny Rowe (Lady Elizabeth Fox, baronne Holland). Synopsis : Devonshire House en juin 1805. Enfant gâtée, de santé fragile, capricieuse, excessive et égoïste, Caroline Ponsonby épouse sur un coup de tête Lord William Lamb, de nature modérée et un membre du Parlement à l’avenir prometteur. L’union semble heureuse, mais trop sage aux yeux de Caroline. En mars 1812, lorsqu’elle rencontre le poète romantique Byron, tout bascule, elle s’enflamme et, loin de se cacher, crée le scandale. Byron rompt avec sa maîtresse trop possessive, Caroline fait une spectaculaire tentative de suicide (juillet 1813). Ses éclats publics mettent la carrière politique de son époux en péril. Lorsqu’elle réalise les dégâts commis, elle tente de réintégrer la société avec l’appui du duc de Wellington à Paris, mais celui-ci, vieux tacticien, garde ses distances. Tandis que Lamb, nommé secrétaire d’État en Irlande, s’installe à Dublin Castle, Caroline sombre progressivement dans la folie et meurt seule, le cœur brisé. Auteur dramatique et scénariste, Robert Bolt a écrit son scénario sur mesure pour son épouse Sarah Miles et souhaite que ce soit David Lean – pour lequel il a collaboré sur Lawrence of Arabia, Doctor Zhivago et Ryan’s Daughter – qui le réalise. Lean n’est pas intéressé et Bolt se voit contraint de le porter lui-même à l’écran, son unique tentative dans la réalisation, dotée d’un budget de 1,6 million de £. On tourne en Panavision et Eastmancolor aux studios de Pinewood, à Chatsworth House (Edensor), Brocket Hall (Lemsford), Wilton House (Salisbury), Gorhambury Manor (St. Albans), Somerset House (Londres), Philipps House (Wiltshire), dans l’amphithéâtre à Pompéi et au palais royal de Caserte à Naples (pour la résidence parisienne de Wellington). Cette chronique de la vie mondaine prend de vastes libertés avec l’histoire, ne retenant que la flamme autodestructrice de Lady Caroline (1785-1828) pour Byron. La critique relève le sens visuel (Oswald Morris à la caméra) et les dialogues spirituels de Bolt, mais tance une narration confuse et des portraits stéréotypés (« du sous-Ken Russell », tempête Pauline Kael). Un grave échec public. – DE : Die grosse Liebe der Lady Caroline. |
1973 | (tv) The Melancholy Hussar (GB) de Mike Newell Série « Wessex Tales », Irene Shubik/BBCtv (BBC2 5.12.73), 50 min. – av. Ben Cross (Matthäus Tina), Mary Larkin (Phyllis Grove), Emrys James (Dr. Edward Grove), Richard Kay (Humphrey Gould). – Tourné à Durdle Door (Dorset) d’après la nouvelle The Melancholy Hussar of the German Legion de Thomas Hardy (1890) adaptée par Ken Taylor, cf. film de 1997. |
1975 | (tv) The Fight Against Slavery (GB) de Christopher Ralling BBCtv-Time Life (BBC2 19.3.75), 6 x 55 min. – av. John Castle (rév. John Newton), David Collings (William Wilberforce), Bryan Marshall (William Knibb), Gareth Thomas (Thomas Clarkson), Ronald Lacey (Charles James Fox), Ronald Pickup (Sir William Pitt), John Richmond (Lord Mansfield), Patrick Barr (col. Lawson). La naissance du mouvement abolitionniste au XVIII e s., les sermons du révérend John Newton, l’engagement de Wilberforce et de Clarkson en 1787 et la victoire au Parlement en 1807 (cf. infra, Amazing Grace, 2006). |
1979 | (tv) Prince Regent (GB) de Michael Simpson (épis. 1-3, 5-6) et Michael Hayes (épis. 4, 8) Colin Tucker/BBCtv (BBC1 4.9.-30.10.79), 8 x 50 min. – av. Peter Egan (George, prince de Galles), Nigel Davenport (George III), Susannah York (Maria Anne Fitzherbert), Frances White (la reine Charlotte), Dinah Stabb (Caroline de Brunswick), Keith Barron (Charles James Fox), David Collins (Sir William Pitt le Jeune), Rupert Frazer (prince Leopold), Bosco Hogan (Frederick, duc de York et d’Albany), David Horovitch (ltn. col. Lake), Clive Merrison (Richard Sheridan), Katy Durham-Matthews (la princesse Mary), Chrissy Iddon (Mary Robinson), Robert Hartley (Lord Jersey), John Rowe (Henry Holland), Elisabeth Power (Lady Effingham), John Bott (ltn. col. Hotham), John Richmond (Dr. Jameson), Peter Yapp (rév. Robert Burt), Sam Sewell (Orlando Bridgeman), Malcolm Terris (John Rolle), Celestine Randall (Fanny Burney), Mark Eager (prince Octavius), Pat Nye (Frau Schwellenberg), Caroline Blakiston (Frances, Lady Jersey), Rohan McCullough (Mrs. Siddons), William Moore (Nathaniel Newham, MP), Ralph Nossek (rév. Francis Willis), David Rintoul (Dr. John Willis), Julian Curry (James Harris, Earl of Malmesbury), Hugo De Vernier (Joseph Haydn), Ralph Michael (duc de Brunswick), John Warner (baron Feronce), Barbara Ogilvie (duchesse de Brunswick), Rachel Herbert (Mme de Hertzfeldt), John Dunbar (l’évêque de Canterbury), Peter Bennett (Sir Henry Ryecroft), Murray Head (George Canning), David Pinner (William, duc de Clarence). La vie du Régent, surnommé « le Prince des Plaisirs », de sa 21e année en 1782 à son couronnement en 1821, à l’âge de 58 ans (scénario de Ian et Joan Curteis, livre de John Burke). Forcé à l’inactivité, le prince héritier décide que s’il ne peut faire ce qu’il veut, il veut au moins jouir de ce qu’il peut faire. Désapprouvant son style de vie dissolu et ses dépenses inconsidérées, son père Georges III lui interdit de rejoindre l’armée à Hanovre. Seul son autre fils, Frederick, duc de York, a l’autorisation de revêtir l’uniforme. Le prince de Galles fait la cour à une riche veuve, Maria Fitzherbert, qui le repousse en un premier temps, puis accepte de l’épouser morganatiquement après une tentative de suicide de son amoureux. Ni le roi ni Charles James Fox sont au courant, mais le scandale s’étend et le prince se voit contraint de se marier avec sa cousine, Caroline de Brunswick ; le voilà bigame. Georges III est de plus en plus sujet à des crises de démence. La télésérie veut démontrer que le Prince Régent était moins débauché que las, rongé d’ennui et impatient de reprendre les rênes du royaume que son vieux père refuse de lâcher. La saga royale réduite à un mélange onéreux (coûts : 2,3 millions de $) mais rémunératif de sexe, d’intrigues et de pouvoir. Peter Egan – jeune adonis un peu hermaphrodite – et la séduisante Susannah York dominent la distribution avec un certain brio, mais, perdu dans l’anecdotique et sa ronde pittoresque de têtes couronnées, la série omet de creuser la psychologie de ses protagonistes (elle fait aussi l’impasse sur Beau Brummell). Comme prince de Galles, George s’était mis à la tête de l’opposition « whig », mais il abandonna ensuite le pouvoir aux « tories » et se révéla étroitement conservateur, édictant de nombreuses lois contre la liberté de la presse. Son charme et sa culture lui valurent le surnom de « premier gentleman d’Angleterre », tandis que sa relation désastreuse avec ses proches fit du tort à la Couronne et lui attira le mépris du peuple. Il ne fut ni un guide en temps de crise, ni un modèle pour ses sujets. Il acheva la guerre (ou plutôt ses ministres et généraux) contre Napoléon et, estiment les « whigs » bonapartistes, se conduisit à son égard avec déloyauté, en le déportant à Sainte-Hélène après que l’Empereur fut venu lui demander asile. Son comportement peu reluisant face à son épouse, la reine Caroline de Brunswick (cf. film de 1923) dénote une nature louvoyante et sournoise. Lauréat d’un Bafta Award 1979 pour les maquillages et de 4 nominations (décors, costumes, photo). – Episodes : 1. « Mad for Love » – 2. « Put not Your Trust in Princes » – 3. « The Bride from Brunswick » – 4. « The Trouble with Women » – 5. « Father and Son » – 6. « God Save the King » – 7. « Milk and Honey » – 8. « Defeat and Victory ». |
1987 | (tv) Black Adder the Third (La Vipère noire) (GB) de Mandie Fletcher John Lloyd/BBCtv (BBC 17.9.-22.10.87), 6 x 30 min. – av. Rowan Atkinson (Edmund Blackadder, butler du Prince régent/McAdder, son cousin écossais), Hugh Laurie (George, le Prince Régent), Gertan Kleuber (George III), Stephen Fry (Arthur Wellesley, duc de Wellington), Simon Osborne (William Pitt the Younger), Dominic Martelli (Pitt the even Younger), Lee Cornes (Percy B. Shelley), Steve Steen (Lord George Gordon Byron), Jim Sweeney (Samuel Taylor Coleridge), Robbie Coltrane (Dr. Samuel Johnson), Helen Atkinson-Wood (Mrs. Miggins), Tony Robinson (Baldrick). Parodie & dérision généralisée : d’origine noble mais ruiné, le cynique Blackadder tente de préserver le pays du désastre en servant de butler personnel au Prince Régent, un tyran imbécile, vulgaire et dépensier. Dans le dernier épisode, situé en 1814, le Prince Régent a couché avec les deux nièces de Wellington, et ce dernier ayant un sens de l’honneur particulièrement chatouilleux, le provoque en duel. Le Régent (campé par Hugh Laurie, futur Dr. House) demande à Blackadder de le remplacer à l’épée. Heureusement, Wellington n’est pas d’humeur à se battre, la guerre contre Napoléon l’occupe trop... – Episodes (sur le mode des romans de Jane Austen) : 1. « Dish and Dishonesty » – 2. « Ink and Incapability » – 3. « Nob and Nobility » – 4. « Sense and Senility » – 5. « Amy and Amiability » – 6. « Duel and Duality ». |
1979 | (tv) The Duke of Wellington at Home / The Duke of Wellington at Stratfield Saye (Wellington) (GB) de Hugh David Série « Blue Peter Special Assignment (Une maison, une histoire) » (BBC1 28.1.79), 40 min. – av. Tom Bell (Arthur Wellesley, duc de Wellington), Cheryl Campbell (Catherine, duchesse de Wellington), Alan Penn (Lord Horatio Nelson), Paul Beech (Sir Robert Peel), Olwen Hugues (la reine Victoria), Peter Kenvyn (le prince Albert). – Après la victoire de Waterloo (1815), la nation reconnaissante offre au duc de Wellington une somme lui permettant d’acquérir le domaine de Stratfield Saye. |
1981 | (tv) Smuggler / Tales of the Smuggler / Schmuggler (Les Contrebandiers) (GB/DE/CA) de Dennis Abey, Jim Goddard et Charles Crichton Sidney Cole, Paul Knight/Gatetarn-Harlech Television-ZDF (HTV 5.4.-19.7.81), 13 x 25 min. – av. Oliver Tobias (Jack Vincent), Lesley Dunlop (Sarah Morton), Hywel Williams-Ellis (Honesty Evans), Peter Capell (cpt. König), Robert Addie (Scott-Ponsonby). En 1802, l’aristocrate Jack Vincent, un ancien officier de la Royal Navy injustement licencié et devenu contrebandier sur les côtes de l’Angleterre, se trouve impliqué dans la guerre d’espionnage que se livrent Londres et Paris. Asocial, farouchement indépendant, cet anti-héros est assisté de Sarah et d’un voleur, Evans, pour combattre notamment Scott-Ponsonby, officier de la Navy qui cherche à enrôler de force les adolescents de la région. Série pour la jeunesse. |
1983 | (tv) Bloodline (GB) de David Reynolds Série « Number 10 » no. 7, Margaret Bottomley/London Weekend Television-Yorkshire Television (ITV 27.3.83), 52 min. – av. Jeremy Brett (Sir William Pitt le Jeune, Premier ministre), Daniel Matthews (William Pitt enfant), David Ryall (Charles James Fox), William Simons (Parslow), Charles Stapley (Lord Auckland). Episode d’une série de sept téléfilms sur les Premiers ministres séjournant à 10 Downing Street. Ennemi irréconciliable de Napoléon, William Pitt est tiraillé entre la gouvernance du pays en guerre avec la France, l’aliénation mentale qui sévit dans sa famille et son amour pour la belle Eleanor Eden. |
1994 | Δ The Madness of King George (La Folie du roi Georges) (GB/US) de Nicholas Hytner ; Samuel Goldwyn-Channel 4, 107 min. – av. Nigel Hawthorne (George III), Helen Mirren (la reine Charlotte), Rupert Everett (George, le prince de Galles), Julian Wadham (Sir William Pitt le Jeune), Jim Carter (Charles James Fox). – La pièce d’Alan Bennett dont est tiré le film traite de la détérioration de la santé mentale du roi et des relations conflictuelles que ce dernier eut avec son fils, le prince de Galles, en particulier durant la crise de 1788/89. |
1997 | The Scarlet Tunic (GB) de Stuart St. Paul Scarlet Films-Bigger Picture-Scorpio-Marie Hoy Film & Television, 92 min. – av. Jean-Marc Barr (Matthäus Singer), Emma Fielding (Frances Groves [= Phyllis Grove]), Jack Shepherd (Dr. Edward Grove), Simon Callow (cpt. Fairfax), John Sessions (Humphrey Gould), Lynda Bellingham (Emily Marlowe), Thomas Lockyer (Christoph Singer). Wessex et Dorset, la passion amoureuse mais secrète d'un hussard bavarois, Matthias Singer, enrôlé dans l'armée anglaise pendant les guerres napoléoniennes, pour la fille d’un notaire de province. Stationné dans un régiment royal des York Hussars à la campagne, Singer souffre de solitude et de la nostalgie de son pays occupé par les Français. Mélo tragique tourné dans le Dorset (Bridport, Chideock, Seatown, West Bay), d’après la nouvelle The Melancholy Hussar of the German Legion de Thomas Hardy (1890), déjà filmée pour la télévision par Mike Newell en 1973 (cf. infra). Nominé au Festival du film romantique de Cabourg (réalisation) et au Love Screens Film Festival de Vérone (meilleur film) en 1997. |
2001 | (tv) Stranded (Seuls au bout du monde) (US) de Charles Beeson Dyson Lovell/Hallmark Entertainment-Mat II Productions-RTL (Hallmark Channel 15.6.02), 173 min. (2 parties). – av. Liam Cunningham (David Robinson), Brana Bajic (Lara Robinson), Jesse Spencer (Fritz Robinson), Roger Allam (Thomas Blunt). Un prêtre pacifiste refuse de jurer fidélité à la Couronne britannique. Considéré comme un partisan de Napoléon, il est condamné à une peine de quinze ans de réclusion. Son épouse et ses quatre enfants l’accompagnent en Australie, où il doit être incarcéré, mais en route, le vaisseau fait naufrage et la famille s’installe sur une île déserte. Une version revue et légèrement politisée du roman Les Robinsons suisses de Johann David Wyss, filmée à Krabi, en Thaïlande. |
2002 | (tv) Wellington : The Iron Duke (GB) de Rachel Bell (1), Mary Cranitch (2), Jonathan Hacker (3) Parties : 1. The Making of a Man – 2. A Thirst for Reputation – 3. From Soldier to Statesman Jonathan Hacker, Rachel Bell/Granada Television-BBCtv (BBC2 31.5.+7.6.+14.6.02), 3 x 50 min. – av. James Schumann (Arthur Wellesley, duc de Wellington, 1), John Gunnery (Wellington, 2), Martin Wimbush (Wellington, 3), Georgina Bell (Catherine, dite Kitty Pakenham, 1, son épouse), Zoe Carlton (Kitty, 2), Zoe Treweek, Richard Holmes (présentation). Docu-fiction biographique sur la carrière du soldat et homme politique anglo-irlandais Arthur Wellesley, devenu vicomte (Lord) Wellington en 1809, puis marquis de Wellington en 1812, enfin duc de Wellington en 1814 (le « duc de fer ») en reconnaissance des services rendus à la Couronne pour avoir combattu Napoléon, notamment au Danemark, au Portugal et en Espagne. De ses débuts comme gouverneur de Seringapatam et de Mysore en Inde (1796 à 1805) à son mariage avec Kitty Pakenham en 1806, son rôle au Congrès de Vienne puis à Waterloo (1815) où il écrase Napoléon avec l’appui des Prussiens. Commandant en chef des forces armées de Grande-Bretagne, il est nommé Premier ministre des « tories » en 1828 et défend courageusement la cause des catholiques (et par là des Irlandais) au Parlement. |
2006 | (tv) Beau Brummell : This Charming Man (GB) de Philippa Lowthorpe David Edgar/Flashback Television-BBCtv (BBC4 19.6.06), 78 min. – av. James Purefoy (George Bryan Brummell, dit Beau Brummell), Hugh Bonneville (George, prince de Galles), Philip Davis (Robinson), Elliot Levey (tailleur), Zoe Telford (Julia), Justin Salinger (Richard Meyler), Nicholas Rowe (Lord Charles Manners), Ian Kelly (Lord Robert Manners), Jonathan Aris (marquis de Worcester), Anthony Calf (duc de York), Matthew Rhys (Lord Byron), Rebecca Johnson (la duchesse de York). Tiré de la biographie Beau Brummell : The Ultimate Dandy de Ian Kelly (2005) et tourné à Bath, le scénario de Simon Bent cherche à donner une image véridique de Brummell, contrairement aux films de 1913, 1924 et 1954. On le montre festoyant sans compter dans les pubs de Londres avec le Prince Régent, la jalousie de ce dernier à mesure que la réputation de son protégé croît, l’attirance homosexuelle de Brummell pour Lord Byron qui fâche la cour, sa passion dévorante du jeu, ses dettes considérables qui le poussent même à voler son propre domestique, Robinson. Celui-ci le quitte, Brummell est contraint de s’enfuir en France en 1816. De l’illustration honnête et instructive fignolée par la réalisatrice encensée de The Other Boleyn Girl (tv 2003). |
2006 | *Amazing Grace (GB/US) de Michael Apted Ingenious Film Partners-Lakeshore International, 118 min. – av. Ioan Gruffud (William Wilberforce), Romola Garai (Barbara Wilberforce-Spooner), Benedict Cumberbatch (William Pitt le jeune), Ciaran Hinds (Lord Tarleton), Rufus Sewell (Thomas Clarkson), Youssou N’Dour (Ouladqh Equiano), Michael Gambon (Lord Charles James Fox), Albert Finney (John Newton), Nicholas Farrell (Henry Thornton Wilberforce), Georgie Glen (Hannah More), Stephen Campbell Moore (James Stephen), Toby Jones (William, duc de Clarence). En 1780, l’idéaliste et réformateur évangéliste William Wilberforce (1759-1833), alors âgé de 21 ans, entre dans la Chambre des Communes encouragé par son ami William Pitt, le futur Premier ministre. En 1797, Wilberforce manœuvre pour entrer au Parlement avec l’appui de Thomas Clarkson et susciter l’abolition de la traite négrière, ce qui arrivera finalement en 1807, lorsque sa campagne parlementaire contre le commerce des esclaves durant près de 26 ans aboutira au « Slave Trade Act ». L’abolition de l’esclavage étant associée, dans l’imaginaire public, avec la Révolution française, sa cause est l’objet de constantes attaques des radicaux britanniques, d’un soutien populaire aléatoire et de la rupture avec Pitt qui place ses priorités dans la lutte contre Napoléon. Un biopic intelligent et convaincant (réalisé pour commémorer le bicentenaire de l’abolition) qui est coproduit par Terrence Malick, mais un sujet trop aride pour le spectateur lambda ; en dehors des pays anglo-saxons et d’une poignée de festivals, la carrière du film sera limitée au marché vidéo. Tournage à Oxford, Greenwich, Salisbury, Brentford (Syon House), Hertford (Balls Park), Blandford (Chettle House), Chatham, Gloucester, Folkestone, Isleworth (Osterley Park House), Hampton Court Palace (Surrey) et aux studios d’Elstree à Borehamwood. Lauréat du Christopher Award 2008 à New York (film, réalisation, scénario, production), nominé au Evening Standard British Film Award. |
2015 | (tv) Wellington : The Iron Duke Unmasked (GB) de Richard Sanders R. Sanders /Blakeway Prod. Ltd. (BBC2 10.5.15), 59 min. – av. Richard E. Grant (le duc de Wellington), Selma Brock (Dorothea von Benckendorff, princesse Lieven), Jen Holt (Harriet Arbuthnot), Jennifer Healy (Harriette Wilson), Alex Marx (Arthur, 2 e duc de Wellington), Sinead Mcleod (Catherine Pakenham, duchesse de Wellington), Louisa Sexton (Lady Shelley). Un portrait intime du « duc de fer » (docu-fiction) qui ne cache ni ses faiblesses ni ses doutes, relate l’échec de son mariage, ses liaisons adultérines, sa politique réactionnaire, ses excentricités. Avec Richard E. Grant, le Hudson Lowe de Monsieur N. (cf. page 652) dans le rôle-titre. |
2015 | Δ (tv) Jonathan Strange & Mr. Norrell (US/GB) de Toby Haynes. – av. Richard Dunden (Lord Liverpool), Ronand Vibert (le duc de Wellington). |
2016 | ® To Walk Invisible: The Brontë Sisters (GB) de Sally Wainwright. - av. James Norton (le duc de Wellington), JONATHON CARLEY (Napoléon). |