Ia - NAPOLÉON ET L'EUROPE

9. NAPOLÉON FACE À L’IRRÉDUCTIBLE ANGLETERRE

9.7. « St. Ives » de Robert Louis Stevenson

St. Ives : Being the Adventures of a French Prisoner in England (Saint-Yves ou Le Prisonnier d’Édimbourg), roman inachevé et complété après le décès de l’écrivain par Sir Arthur Thomas Quiller-Coach (1896). – En mai 1813, un capitaine de hussards de Napoléon, le vicomte Anne de Keroual de Saint-Yves, est prisonnier de guerre au château d’Édimbourg, en Écosse, commandé par le major Chevenix. Il parvient à s’évader avec l’aide de la belle Flora Gilchrist et s’embarque, après diverses mésaventures, clandestinement pour les États-Unis, d’où il peut regagner Bordeaux. Son retour en France coïncide avec l’abdication de Napoléon et son exil sur l’île d’Elbe. Keroual épouse Flora et s’établit avec elle à Édimbourg, tandis que son gendre Ronald rejoint le régiment du duc de Wellington, bientôt mobilisé à Waterloo.
1949The Secret of St. Ives (US) de Philip Rosen
Rudolph C. Flothow/Columbia Pictures, 76 min. – av. Richard Ney (Anatole de Keroual, vicomte de Saint-Yves), Vanessa Brown (Flora Gilchrist), Henry Daniell (major Edward Chevenish [Chevenix]), Edgar Barrier (sgt. Carnac), Aubrey Mather (Daniel Romaine), John Goldsworthy (gén. Ordney), Jean Del Val (comte Victor de Saint-Yves), Edgar Barrier (sgt. Carnac), John Dehner (Philippe Couguelat), Douglas Walton (Allan [Alain] de Saint-Yves), Phyllis Morris (Annie Gilchrist).
Synopsis : Prisonnier au château d’Édimbourg avec une poignée de compatriotes (qui creusent un tunnel pendant la nuit), Anatole de Keroual demande à son oncle fortuné établi en Angleterre, le comte Victor de Saint-Yves, de l’aider à organiser sa fuite. Flora Gilchrist, une amie rencontrée jadis en Suisse, intercède en vain pour sa libération auprès du major Chevenish, qui est amoureux de Flora et exige sa main contre la liberté de Keroual. Daniel Romaine transmet à Keroual une grosse somme d’argent de la part de son oncle, mais le captif ignore qu’il s’agit d’un piège monté par son cousin Alain qui veut ainsi éliminer un héritier potentiel du vieux comte. Mis au courant, le major Chevenish décide de faire pendre Keroual, que des codétenus accusent du meurtre d’un prisonnier, Couguelat (une brute tuée en légitime défense). Profitant d’un orage et d’une explosion dans la forteresse, les détenus s’enfuient. à Londres, Keroual rejoint Flora et parvient de justesse à empêcher Allan et Romaine d’empoisonner son oncle, qui vient de modifier son testament. Chevenish survient et ordonne l’exécution du fugitif, mais le sergent Carnac innocente ce dernier au tribunal.
La première adaptation cinématographique du roman inachevé de Stevenson (emporté par une hémorragie cérébrale en 1894) est une série B de la Columbia bâclée aux studios de Gower Street par Phil Rosen, tâcheron plus habitué à diriger Bela Lugosi, les Bowery Boys et le détective chinois Charlie Chan. Quant au script d’Eric Taylor (qui présente un Saint-Yves empressé de rejoindre la Grande Armée, ce qui n’est pas le cas chez Stevenson), il omet la majorité des événements relatés dans le roman.
1955(tv) St. Ives (GB) de Rex Tucker
(BBC1 30.10.-4.12.55), 6 x 35 min. – av. William Russell (Keroual de Saint-Yves), Noëlle Middleton (Flora Gilchrist), Roger Delgado (Gautier), Anthony Sharp (major Chevenix), Carl Bernard (Laclas), Joan Sanderson (Miss Gilchrist), Francis Matthews (Ronald Gilchrist), Douglas Wilmer (Alain de Saint-Yves), James McKechnie (Dalmahoy), Guy Deghy (Goguelat), Gerald Lawson (Clausel), Arthur Young (Daniel Romaine).
Production et adaptation de Rex Tucker. – Episodes : 1. « Lion Rampant » – 2. « à la belle Flora » – 3. « Amersham Place » – 4. « The Two Viscounts » – 5. « The Assembly Ball » – 6. « Journey’s End ».
1960(tv) St. Ives (GB) de Richard West
(BBC1 12.6.-17.7.60), 6 x 25 min. – av. William Russell (Keroual de Saint-Yves), Audrey Nicholson (Flora Gilchrist), Denis Goacher (Alain de Saint-Yves), Leslie Perrins. – Reprise du scénario de Rex Tucker (cf. 1955), interprété à nouveau par William Russell.Episodes : 1. « Lion Rampant » – 2. « à La Bella Flora » – 3. « Amersham Place » – 4. « The Two Viscounts » – 5. « The Assembly Ball » – 6. « Journey’s End ».
1967(tv) St. Ives (GB) de Christopher Barry
Campbell Logan/BBCtv (BBC1 9.4.-14.5.67), 6 x 25 min. – av. David Sumner (Keroual de Saint-Yves), Gay Hamilton (Flora Gilchrist), Julian Somers (Laclas), Dyce Hamilton (Daniel Romaine), Mark Eden (Alain de Saint-Yves), Talfryn Thomas (Clausel), Roy Patrick (Goguelat), David Graham (Gautier), Colin Jeavons (major Chevening), Murray Head (Saladin), Edward Kelsey (Sombref), Kenneth Nash (Rowley), Keneth Orr (Sentry), Cavan Kendall (Ronald Gilchrist). – Reprise du scénario de Rex Tucker (cf. 1955).Episodes : 1. « Lion Rampant » – 2. « Flora » – 3. « Amersham Place » – 4. « The Two Viscounts » – 5. « The Assembly Ball » – 6. « Journey’s End ».
1998*(ciné+tv) St. Ives – All For Love / St. Ives – Alles aus Liebe / Saint-Yves / Robert Louis Stevenson’s St. Ives (IE/GB/DE/FR) de Harry Hook
Jonathan Cavendish, James Mitchell/Icon Entertainment-Tatfilm-Little Bird-Compagnie des Phares et Balises-FR3-Canal Plus-BBCtv-WDR (Canal Plus 22.10.98 / BBC 6.9.99 / West3 22.4.2000), 90 min./83 min. – av. Jean-Marc Barr (vicomte Jacques de Keroual de Saint-Yves), Anna Friel (Flora Gilchrist), Miranda Richardson (Susan Emily Gilchrist), Richard E. Grant (major Farquhar Bollingbroke Chevening), Jason Isaacs (Alain de Keroual de Saint-Yves), Cécile Pallas (Mathilde), Michael Gough (comte de Saint-Yves), Tim Dutton (cpt. François), Chris McHallem (Gautier), Vernon Dobtcheff (col. Bonnefoy), Patrice Melennec (cpt. Robert Couperin).
Synopsis : Paris en 1813. Charmeur, fanfaron et amateur de jupons, le vicomte Jacques de Saint-Yves, capitaine du 3 e régiment de hussards, se bat tous les deux matins en duel contre un autre officier jaloux issu des vestiges de la Grande Armée. Irrité par tant de nonchalance déplacée, le colonel Bonnefoy le dégrade au rang de simple fusilier et l’envoie combattre en France méridionale, à la frontière espagnole. Jacques y est capturé par les Anglais qui le transfèrent à Queensferry Castle, une prison en Écosse tenue par le major Chevening. Il s’y fait remarquer lors d’une visite dominicale par deux jolies Anglaises, Flora Gilchrist (que courtise le major) et sa tante, l’aguichante Susan Gilchrist. Elles apprennent bientôt que le grand-père du prisonnier, le vieux comte de Saint-Yves, vit à vingt milles de là et croit son petit-fils mort. Les parents de Jacques furent tués pendant la Révolution, seul son frère cadet Alain parvint à traverser la Manche et à se réfugier chez le grand-père, un émigré royaliste. En bernant le major Chevening, les dames Gilchrist aident Jacques à s’enfuir, déguisé en prêtre, et à se réfugier dans le manoir familial. L’oncle le reçoit avec joie et déshérite sur le champ Alain, devenu un vaurien criblé de dettes. Mais ce dernier se bat contre son frère, tue accidentellement l’oncle et lance la soldatesque à la poursuite du fugitif, blessé. Flora le soigne en cachette, tandis que Susan drague le major qui, timide, prend la fuite. Lors d’un bal masqué dans un parc, Chevening identifie Jacques qui s’y est glissé pour revoir Flora. Les soldats accourent, les deux hommes luttent dans la nacelle d’un aérostat qui se détache, s’envole et les emporte en France, où la Grande Armée est en train de tirer ses dernières cartouches, en mars 1814. Tandis que Chevening, auquel il a sauvé la vie au-dessus de la Manche, rejoint les siens, Jacques est réintégré dans son régiment de hussards à titre de capitaine. En rendant visite au major anglais aux portes de Paris, Flora et Susan se font enlever par des sbires d’Alain de Saint-Yves qui veut ainsi attirer son frère dans un guet-apens et s’en débarrasser. Jacques le tue en se défendant, la crapule rend l’âme en murmurant « mon frère qui m’a tant manqué ... ». Napoléon abdique, Jacques épouse Flora et Chevening, Susan.
Le scénario prend de très sérieuses libertés avec la trame passablement tarabiscotée de Stevenson (ce qui n’est pas plus mal, car le roman est faible) : Alain, le cousin félon, devient ici le propre frère de Saint-Yves, etc. Harry Hook en tire un film certes modeste, mais rythmé, fort distrayant et plutôt humoristique (il tangue du côté du Brigadier Gérard d’Arthur Conan Doyle), tourné en Irlande du Sud et du Nord, en Allemagne et en France. Du bon cinéma de cape et d’épée, romantique et soutenu par les dialogues pétillants d’Allan Cubitt. Séduisant en diable dans son uniforme de hussard, Jean-Marc Barr est un Franco-Américain révélé dans Le Grand Bleu de Luc Besson ; il a enchaîné avec trois films de Lars von Trier avant de passer lui-même derrière la caméra. L’étonnante Miranda Richardson, nominée deux fois à l’Oscar, fait une Susan délicieusement excentrique à laquelle finit par succomber Richard E. Grant, éternel collet monté (Sir Percy Blakeney dans Le Mouron Rouge à la tv en 1998, le majordome George dans Gosford Park de Robert Altman en 2001 et surtout, en 2003, le magnifique Sir Hudson Lowe dans Monsieur N. – cf. p. 651). – IT : Tutto per amore, ES : Todo por amor.