« William Dieterle. Un humaniste au pays du cinéma »

C.N.R.S. Editions et Cinémathèque Française, Paris 2002, 268 p.

Avec filmographie, bibliographie et index.

« Chacun de ses films est un acte de courage », affirmait Bertolt Brecht en parlant de son compatriote William Dieterle (1893-1972). En une douzaine d'années, ce cinéaste mal aimé des historiens – certainement le plus sous-estimé des réalisateurs germanophones établis aux Etats-Unis – réussit en effet le tour de force de passionner les foules pour une thématique humaniste qui contredisait toutes les normes en usage de l'industrie hollywoodienne. « L'idée d'un film est toujours plus importante que son anecdote », aimait-il à proclamer. Acteur extrêmement populaire, Dieterle quitta volontairement son Allemagne natale, où il n'était pas menacé, pour devenir à Hollywood le porte-drapeau de l'antifascisme. En 1937, il signa l'unique film de fiction américain en faveur de l'Espagne républicaine, Blockade. Entouré d'émigrants comme Max Reinhardt, Franz Werfel, Thomas Mann, Brecht et tant d'autres qu'il soutint aussi financièrement, il devint dans les milieux du cinéma le principal représentant de la vieille Allemagne face à la barbarie nazie : derrière leur façade historique, des films encensés d'Oscars comme The Life of Emile Zola ou Juarez étaient de vibrants appels à la conscience du monde. Après la guerre, victime du maccarthysme, Dieterle devait payer ces audaces de sa carrière. Mais ce serait faire injustice à son talent que de limiter ses mérites au cinéma politique. The Hunchback of Notre Dame (avec Charles Laughton en Quasimodo) ou ce « Faust » américain qu'est The Devil and Daniel Webster harmonisent deux tendances fondamentales de son œuvre : son engagement progressiste et démocrate et sa veine à la fois fantastique et romanesque. On n'oubliera pas non plus les embrasements romantiques de Love Letters ou les rêveries surréalistes de Portrait of Jennie que Luis Buñuel comptait parmi les dix plus beaux films du monde.

Écrits annexes :

« L'homme aux gants blancs : William Dieterle », in : « Travelling » no. 38 (Lausanne), septembre-octobre 1973, pp. 16-31

« Wilhelm (William) Dieterle – Schauspieler, Regisseur », in : « Cinegraph (Lexikon zum deutschsprachigen Film) », Lg. 1, éd. Hans-Michael Bock, Verlag text+kritik, München, Hamburg, 1983, 46 p.

« Filmografie von William Dieterle » (pp. 203-250), in : « William Dieterle. Vom Arbeiterbauernsohn zum Hollywood-Regisseur » de Horst O. Hermanni, The World of Books Ltd., London & Worms 1992, 250 p.

« William Dieterle et la guerre d'Espagne » / « William Dieterle and the Spanish Civil War » (français et anglais), in : « Cinémathèque » (Paris), no. 21, printemps 2002, pp. 72-99

« Ein romantischer Humanist : William Dieterle », in : « Filmpodium im Schiffbau » (Zurich), 24. 10. 2002, pp. 14-19



Edition espagnole :
« William Dieterle Antifascismo y compromiso romántico »
Festival de San Sebastian / Filmoteca Española, Madrid 1994
(traduction par Mercedes Juste), 295 p.

« William Dieterle »
Anthologie du Cinéma (Paris), tome X, no. 95, Editions de l'Avant-Scène, Paris 1979, 32 p.