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b
– la rome impériale
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Hermansen, Weizel, Gylche, Wilhelm Jensen (apôtres).
–
Sous l’apparence d’un Pharisien, Satan excite la jalousie
des prêtres du Temple contre Jésus après la résurrection de
Lazare, et pousse Judas à la trahison. Bouleversé par
Into-
lerance
(1916) de D. W. Griffith, Dreyer utilise un ma-
nuscrit du dramaturge Edgar Höyer (et non pas
Sorrows
of Satan
, le roman anglais de Marie Corelli indiqué au
générique) pour composer un film dans lequel se succèdent
quatre histoires illustrant desseins et manœuvres de Satan
à travers les âges. La première montre le Christ (env. 20
min.), la deuxième se déroule à Séville au XVI
e
siècle sous
l’Inquisition, la troisième pendant la Terreur en France
(exécution de Marie-Antoinette), la dernière en Finlande
menacée par les Bolcheviques en 1918. Dans le prologue,
Dieu maudit le Démon et le condamne à tenter les hu-
mains. Chaque épisode du film se déroule linéairement,
contrairement à la fresque de Griffith dont les quatre ré-
cits sont fragmentés par le montage. A sa sortie (d’abord à
Oslo, puis en 1921 seulement au Danemark), ce deuxième
long métrage de Dreyer, tourné dans les ateliers Nordisk
à Valby (Copenhague), provoque de nombreux remous. Il
est jugé blasphématoire par les luthériens conservateurs –
car c’est Dieu qui pousse le Malin à faire succomber les
hommes – et réactionnaire par la gauche qui ne supporte
pas l’amalgame Satan-révolution. En réalité, Dreyer, pe-
tit-fils d’un pasteur despote et ultrapuritain, juge l’intolé-
rance encore plus haïssable quand elle vient de ceux qui
sont censés incarner la bonne cause : l’Inquisition au nom
de Dieu, la Terreur au nom de la justice sociale, la répres-
sion au nom de la révolution. Il s’agit de dénoncer sans in-
dulgence l’ignorance et l’incompréhension organisée, quelle
qu’en soit la coloration idéologique. Mutilé dans plusieurs
pays, le film révèle Dreyer sur le plan international et pré-
figure thématiquement ses chefs-d’œuvre à venir (
La pas-
sion de Jeanne d’Arc
,
Dies Irae
,
Ordet
, etc.).
Dreyer a caressé toute sa vie le projet de porter à l’écran la
vie du Christ. Le film, parlé en hébreu, a failli se concré-
tiser en 1951 (
*Qui a crucifié Jésus ?
), puis à la veille de
sa mort, en 1967 (
*Jesus fra Nazareth
), produit par G.V.
Baldi. Inspiré des écrits de Solomon Zeitlin, son scénario
réfute l’accusation de déicide contre les Juifs et innocente
Caïphe. Pour Dreyer, le Christ serait victime de l’irréduc-
tible abîme idéologique qui séparait Juifs et Romains (la
cause de l’individu contre la raison d’Etat), et seuls ces der-
niers sont coupables de la crucifixion. Ponce Pilate appa-
raît comme un Gauleiter nazi, insensible au Christ par
manque d’imagination. Jésus est, lui, un homme d’une
puissance peu ordinaire et d’un très fort caractère, mais
avant tout un homme, et comme tel en perpétuelle évolu-
tion. Dans le jardin de Gethsémani, il pousse des cris de
peur et d’horreur à l’idée de quitter ses amis et de mou-
rir, tandis que ses disciples se sont paisiblement endormis
(selon le scénario publié à Copenhague en 1968.)
1921 / 22
Der Galiläer. EinMysterium in fünf Akten /Ein
Passionsspiel
(DE) Dimitri Buchowetzki ; Bernhard
Gotthart-Express-Films Co. Berlin, 1226 m. / 5 ac-
tes / 60 min. – av. Adolph Fassnacht (Jésus-Christ),
Georg Fassnacht (Judas), Elsa Dietler (Marie-Made-
leine), Eva Gühne (Marie), Ernst Hellbach-Kühn (Ponce
Pilate), Ludwig Stiehl (Caïphe), Heinrich Spennrath. –
Célébré pour sa fresque historique sur
Danton
cette même
année, le Russe blanc Buchowetzki est engagé pour filmer
avec un millier de figurants les Jeux de la Passion de Fri-
bourg en Brisgau, que le producteur veut diffuser interna-
tionalement dans l’idée de redorer le blason «moral » de
l’Allemagne après la guerre. Ces « Jeux » s’inspirent de ceux
d’Oberammergau, et le cinéaste reprend à l’écran les inter-
prètes traditionnels de Jésus et de Judas, les frères Fassnacht.
Les acteurs, figés dans des poses théâtrales, sont la faiblesse
du film que Buchowetzki tente vainement de dynamiser
par un montage serré et des angles de caméra très variés.
Un échec public. US :
The Passion Play
.
1921 [
Der Stern von Bethlehem
(DE) Lotte Reiniger, Carl
Koch ; Institut für Kulturforschung, 223 m. –
Anima-
tion
.]
1921
Behold the Man !
(US / FR) Maurice-André Maître,
Spencer Gordon Bennett (épisode moderne) ; Pathé
Exchange-Selwyn, 6 bob. – av. H. O. Pettibone, Sy-
bil Sheridan, Richard Ross, Violet Axelle. –
Refonte du
film Pathé de 1908 et 1914 (US :
Life of Our Savior
)
avec adjonction d’un épisode cadre moderne où une mère
raconte à ses enfants la vie du Christ
.
1922
The Holy Bible in Moving Pictures
(US) Charles
Sheldon ; The Christian Herald Motion Picture Bu-
reau (James Shields)-National Non-Theatrical Motion
Pictures, Inc., New York, 52 bob. –
Dans le but de sup-
planter Hollywood en matière de films religieux et d’impo-
ser une approche « propre » de la Bible, le Christian Herald
lance une production conçue et interprétée par de « bons
chrétiens », prétendument tournée en Palestine. Ces films
sont montrés en dehors des circuits commerciaux. Episodes
filmés : divers chapitres de l’Ancien Testament, Joseph et
Marie, la naissance du Christ.
1923
I. N. R. I. – Ein Film der Menschlichkeit (I. N. R. I.
– Le film de l’Humanité)
(DE) Robert Wiene ; Hans
Neumann Produktion, 2782 m. + 3444 m. – av. Gri-
gori Chmara (Jésus-Christ), Henny Porten (Marie),
Asta Nielsen (Marie-Madeleine), Werner Krauss (Ponce
Grigori Chmara et Henny Porten dans
I.N.R.I.
de R. Wiene (1923)